Faire jouer ses enfants !

Les vacances arrivent, Bernard Dupetit retrouve son beau-frère Pierre Dezainés…

  • Mes enfants sont ravis de jouer avec les grands cousins : comment tes enfants ont-ils les idées de tous ces bons jeux ?
  • C’est une question d’habitude !
  • Comment la leur as-tu donnée ?
  • Mes parents et grands-parents m’ont appris plein de choses, je transmets. Je regarde chez mes amis que j’admire, ce qui marche bien. Nous lisons de bons livres sur l’éducation, nous inventons et testons en nous appuyant sur de bons principes !
  • Quel lien entre les principes d’éducation et les jeux ?
  • Tu n’as pas lu le dernier numéro des « Foyers Ardents » ? Je vais te donner des exemples…

Le jeu participe à l’éducation

« A quoi sert l’enfance ? L’enfance sert à jouer et à imiter. Ce n’est pas parce qu’il n’a pas d’expérience qu’un enfant est un enfant, c’est parce qu’il a besoin d’acquérir cette expérience[1]

Nous voulons en façonnant  des âmes, former des hommes ! Forger des caractères, construire des bases solides pour leur vie. Cela se fait par des exercices gradués de volonté et pour ainsi dire des sauts d’obstacles progressifs pour arriver à une certaine puissance dominatrice :

  • la force, mais aussi
  • la domination de soi : tempérament, nerfs, sensibilité, facultés, énergie
  • la domination sur la matière et la nature, en la respectant, par la culture, la science, l’expérience
  • la domination –au sens positif- sur les hommes, pour entraîner au bien commun ou y contribuer, être apôtre.

L’enfant puis l’adolescent doivent devenir forts pour exercer une liberté réelle, la volonté libre de choisir le Bien. Ni une machine qui répète sans réfléchir –jusqu’à l’obstacle qui provoquera sa chute- ni un esclave de la facilité, de ses passions ou de son environnement. Le jeu est un des moyens qui contribue à cette éducation.

Faire jouer ses enfants

J’apprends à mes enfants des jeux de cartes (bataille, crapette, belote ou tarot, patiences ou réussites).

Le samedi, après le café, pendant que je lis une bonne revue, l’un ou l’autre vient s’installer à côté de moi pour faire une maquette : je jette un œil de temps en temps, je conseille pour les étapes difficiles, ou donne un coup de main. J’encourage l’aîné qui bricole un nichoir ou une cabane.

Hier, mon épouse a mis un tablier à la petite Sophie qui jouait ainsi à la vraie dînette : elle a préparé pour la première fois un gâteau au yaourt ! C’était encore mieux que de jouer à la pâte à modeler !

Parfois, j’organise un petit jeu de piste dans le jardin, avec des énigmes ou épreuves à la portée de chacun. Dès qu’ils auront 12 ans, mes aînés sauront m’imiter en organisant ces jeux avec leurs amis ou même leurs petits frères et sœurs.

Les points communs de ces exemples :

  • utiliser la volonté de réussir pour vaincre les difficultés,
  • donner aux enfants la confiance en eux et une autonomie progressive. Papa est à côté, fait autre chose, mais reste disponible pour conseiller si besoin.
  • développer patience, observation, minutie…
  • accepter la difficulté voire même l’échec
  • exercer un petit effort associé à la joie de réussir : on apprend que le travail bien fait donne la joie au travail !

Laisser jouer ses enfants et les encourager.

Il ne s’agit pas de saturer ses enfants d’activités, même ludiques, ni de vouloir tout organiser pour lui. L’enfant doit apprendre à trouver des ressources en lui-même ! Il doit développer aussi :

  • son esprit d’initiative
  • son imagination
  • des projets, seul ou avec d’autres

La pédagogie scoute me donne des idées. Mes aînés, dès qu’ils ont fréquenté les louveteaux ou louvettes, ont eu envie de reproduire certains jeux à la maison ou en vacances : nous les y encourageons jusqu’à les laisser s’organiser seuls

  • jeux de pistes ou olympiades
  • séances de spectacle, sketches ou théâtre pour les grands-parents ou pour une réunion de famille. Nous, les parents y seront des spectateurs toujours positifs !
  • jouer à la maîtresse, jouer à la messe –avec respect- … nous fournirons éventuellement un peu de matériel. Nous observerons le plus discrètement possible pour laisser libre cours à l’imagination….Retiens-toi de rire si ton enfant, d’un air exaspéré, sort de la pièce où il joue, avec une poupée dans les bras pour la gronder parce qu’elle n’est pas sage à la messe ! Ou si la maîtresse du jour demande tel effort à ses élèves… Vous avez transmis quelque chose !

Faire face aux imprévus !

Parfois une dispute éclate. Si elle dure, il faut intervenir. Rappeler les principes (on ne se tape pas, soyons bons joueurs…). Si un parent intervient, il doit aller jusqu’au bout, pour faire respecter sa décision avec la fermeté nécessaire et si possible la douceur. Faire diversion pour dévier les attentions vers la suite du jeu, ou les attirer vers une autre activité, ou encore séparer les belligérants, est souvent plus efficace qu’un sermon répété !

Lors des longs voyages en voiture, après quelques CD, cette tactique de faire diversion pour détourner l’attention de l’inévitable inconfort qui dure est très efficace. La famille peut jouer à « ni oui, ni non », à la devinette (jeu des portraits) ou inventer des jeux d’observation: le premier qui voit une voiture rouge ? puis un chien ? une église ? un homme barbu ?… les compter…c’est inépuisable et fera patienter jusqu’à la pause !

Enfin, pour calmer les enfants, dans la journée ou le soir, je raconte souvent une histoire ou je lis un livre avec toute la nichée autour de moi ou sur mes genoux.

L’enfant est naturellement observateur, sensible, confiant. Développer ses qualités et son caractère par le jeu seront sources de gaité, de joie pour toute sa vie et pour la vôtre !

Hervé Lepère

[1] (1) Edouard Claparède (1873-1940), neurologue et psychologue Suisse, cité dans « Esquisse d’une pédagogie familiale », de François Charmot.

Jouer avec son père; jouer avec ses enfants!

Samedi d’hiver, journée pluvieuse, les enfants ont été sages toute la matinée, mais à 14h…

  • Je ne sais pas quoi faire…On s’ennuie…Il m’embête…

Bernard Contact, le papa, absorbé dans un bon livre, a très envie de répondre :

  • Va jouer ! Laisse-moi tranquille…

Il se ravise, et avec un sourire :

  • Venez, on va jouer ensemble !…
  • Oh oui, papa !….Chouette !…

Bernard se lève et tout en réfléchissant :

  • Que voulez-vous faire ? Aviez-vous commencé quelque chose ?

En l’absence de réponse, il a le choix de jouer avec ses enfants, faire jouer ses enfants ou les encourager à jouer !

Jouer avec ses enfants

Aujourd’hui, Bernard s’assied par terre, dans la chambre avec eux, un bac de cubes (de Kapla ou de Légos) est sorti :

  • Nous allons construire la plus grande tour du monde ! Chacun à son tour met une pièce…

Evidemment, Marie l’aînée trouve que son  frère Louis -4 ans- est bien maladroit, Paul essaie de l’aider discrètement, Louis veut faire comme les grands et se rebelle….

Patatras, la tour finit par s’écrouler….

  • C’est de sa faute…Ouiinnn….
  • Bravo dit le papa, Bernard, en riant… Ce n’est pas grave, recommençons pour aller plus haut cette fois-ci !

Après avoir accompli deux ou trois jeux différents, les enfants contents, continuent à jouer calmement seuls. Bernard passe à ses papiers ou à son bricolage. Il vient de passer un « moment de qualité », témoignage d’affection réciproque avec ses enfants. Il a la joie du devoir accompli dans la bonne humeur. Il a appris sur ses enfants et a avancé dans leur éducation !

Rôle éducatif du jeu

En effet, le jeu se distingue de la distraction, en ce qu’il amène l’enfant à exercer ses facultés physiques et   psychologiques, développer son caractère et des compétences dont il aura besoin plus tard dans sa vocation d’adulte.

En observant l’enfant jouer, l’éducateur pourra plus facilement discerner, diriger ou orienter les tendances profondes de la nature de l’enfant.

Le rôle de l’éducateur sera donc multiple :

  • Découvrir les tendances et tempéraments des enfants
  • Orienter les passions : réprimer les passions dangereuses (orgueil, tricherie, colère,..) et encourager les autres (bienveillance, justice, joie,..)
  • Apprendre à « bien jouer » : seul ou en groupe, en encourageant les jeux actifs pour l’imagination, l’habileté, l’intelligence, les sens, l’échange avec les autres et en évitant les jeux passifs ou violents. Les parents s’assureront de la valeur morale des jeux !
  • Donner de la joie et développer la confiance en soi des enfants.

La vie est faite de réussites et de joies à encourager et partager, d’échecs ou de difficultés à surmonter. Le jeu aussi !

S’adapter aux tempéraments

Au sanguin qui passe de l’excitation du gagnant à la colère du perdant, vous apprendrez à se réjouir pour le vainqueur et à se maîtriser. Vous utiliserez son optimisme communicatif et encouragerez sa persévérance lorsque les difficultés ne se laissent pas franchir du premier coup…

Du bilieux, vous aimerez les talents d’organisateur, en l’encourageant à faire participer tout le monde, sans écraser les plus faibles, à faire preuve de justice et de bienveillance.

Le mélancolique adepte du « je n’y arriverai pas… » sera encouragé et aidé pour qu’il développe sa confiance en lui. Qu’il profite de sa capacité à prendre du recul pour réfléchir à la manière de dompter les difficultés qu’il voit mieux que d’autres !

« Pourquoi jouer plutôt que continuer à rêver ou à lire ? » vous dira le flegmatique… Vous saurez l’attirer par la joie d’être ensemble dans un jeu actif, ou par des jeux d’observation ou d’imagination qui aideront à le tourner vers les autres. Vous lui apprendrez aussi à se choisir de bons chefs dans les jeux collectifs et à ne pas se laisser écraser par une docilité excessive !

S’adapter aux âges

Le père de famille n’hésitera pas à se mettre par terre avec ses jeunes enfants, à adapter les règles et les difficultés pour leur permettre de gagner régulièrement mais pas toujours, et à jouer à leur niveau !

Qui n’a pas ri en jouant à cache-cache avec des petits, derrière les buissons chétifs du jardin de 200m2, qui ont bien de la peine à cacher l’anorak rouge ?

Comment ne pas s’amuser à voir la joie d’un enfant lorsque le papa rate (par un hasard parfois volontaire…) un bon coup à un jeu de mémoire (paires qu’on retourne, 7 familles), de cartes (crapette, barbu, tarot,..), de dames ou d’échecs, de ballon, ou à tout autre jeu de société…

 Les grands seront encouragés à être meneurs du jeu chacun leur tour, ou à conseiller les plus petits.

Même si les jeux où toute la famille peut se retrouver sont sympathiques, il est important de garder des temps de jeu spécifiques pour les grands de manière à garder le contact et à les aider à grandir en stimulant leurs plus grandes capacités.

Si vos aînés prennent parfois votre relais vis-à-vis des plus petits, vous avez transmis quelque chose ! Ne vous étonnez donc pas de voir votre fils de 17 ans, jouer à 4 pattes aux voitures ou aux Playmobil avec son petit frère, ou votre grande fille jouer avec sa sœur cadette de 8 ans plus jeune qu’elle ! Contentez-vous d’observer discrètement pour ne pas décourager ces complicités utiles pour l’avenir !

 Hervé Lepère

 Au prochain numéro : faire jouer ses enfants ou les encourager à jouer !

 

Connecté… ou Déconnecté?

Connectés !

Dix cadres discutent de l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale dans un « séminaire » d’entreprise :

8 sur 10 consultent et traitent leurs mels professionnels le week-end…malgré une règle contraire promue par l’entreprise !

Eric Branché, chef de projet : « cela me rassure, je me tiens au courant…je gagne du temps… »

Laurent, ingénieur et même Catherine, responsable des ressources humaines : « je déteste avoir des mels non traités le lundi matin ou quand je rentre de vacances ! Cela me stresse ! »

François : « je n’ai jamais fini le vendredi soir… »

Gilles, le directeur est seul à déconnecter: « C’est une règle que je me suis donnée ! Jamais je ne regarde mes mels le week-end. J’ai les mêmes désagréments que vous : désagréable d’avoir des mels non traités, une pile qui attend ou des imprévus, mais ma famille compte davantage ! Ma seule exception, une fois par an, un appel d’offre important si nous sommes en retard ! »

Tous : « Comment fais-tu ? Et ton chef ? »

Gilles: « Et votre famille quand vous faites vos mels le week-end ? Même si vous regardez vos mels sans y  répondre… êtes-vous présents, sans être repris par vos préoccupations de la semaine ? Croyez mon expérience : les chefs et les clients s’adaptent à mon respect du week-end… Ils préviennent ou téléphonent s’il y a une exception vraiment urgente. »

Que vont apprendre et penser les enfants de Laurent, Eric, Catherine,…. ?

Comment vont-ils accepter que leurs parents leur disent : Ne soyez pas accros à internet et au mel ! Le travail et l’effort, c’est important !… (au point d’en faire pâtir la famille ?)

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Déconnecté !

Autre lieu, autre situation :

Hervé retrouve Philippe Ducalme un ami qu’il n’a pas vu depuis 5 ans….Philippe lui raconte qu’il a changé 3 fois d’entreprise, et connu le  chômage à chaque fois… Malgré ses 5 enfants, son épouse a donc été obligée de reprendre un travail à plein temps, ce qui génère une certaine tension dans le ménage…

  • Tu ne te plaisais pas dans l’entreprise A ?
  • Oh si, mais il fallait travailler un samedi sur deux en été, alors j’en suis parti…
  • Et l’entreprise B ?
  • Mon chef était désagréable et grossier. Le travail n’était pas noble, il fallait un peu tout faire, même le nettoyage. De toute façon les patrons de cette multinationale étaient mondialistes et sûrement francs-maçons…
  • Et maintenant, dans l’entreprise C ?
  • Je ne sais pas si je vais rester…ils ne me demandent pas mon avis sur ce qu’il faut faire…
  • Et toi, écoutes-tu l’avis de ton chef et de tes collègues ?….

Que penseront les enfants de Philippe Ducalme lorsqu’il leur enseignera la nécessité du travail, de l’effort, de l’humilité ?

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Deux devoirs d’état :

Quels points communs entre ces deux situations ?

La même erreur : oublier que l’activité professionnelle, comme la vie familiale sont toutes deux des devoirs d’état.

 « La pénitence du devoir d’état, accompli parfaitement, voilà ce que Notre-Dame réclame. (…) Lorsque Notre-Dame exige la pénitence, elle parle de l’exact accomplissement du devoir d’état. C’est cela la sainteté ! » (Sœur Lucie de Fatima ; in Une Année avec Fatima, p.186)

L’équilibre entre le devoir d’état professionnel et le devoir d’état familial est toujours délicat…

Certains sont tellement impliqués dans leur métier qu’ils ne réalisent plus la gravité de cet avertissement de Pie XII (Radiomessage de Noël 1953) : Notre époque achèvera « son chef d’œuvre monstrueux, en transformant l’homme en un géant du monde physique aux dépens de son esprit réduit à l’état de pygmée du monde surnaturel et éternel ». La suractivité de ces hommes leur fait oublier leur nature : ils admirent leurs propres œuvres au point d’en faire des idoles : « leurs idoles, or et argent ; une œuvre de main d’homme » (Ps. CXIII, 4).

D’autres oublient le sens du sacrifice et de l’humilité qui est nécessaire dans le travail : « Notre-Seigneur vous a sauvés en souffrant et endurant, et, de même, nous devons faire notre salut en souffrant les injures (NDLR : peu fréquentes dans le travail !), et les contradictions et déplaisirs ; et pourtant, il les faut endurer avec le plus de douceur et de résignation qu’il sera possible, selon la mesure qu’il plaît à Dieu de nous envoyer ».

(St François de Sales).

Un équilibre à travailler

Il s’agit donc d’un équilibre à travailler, ou à corriger si nous penchons d’un côté ou de l’autre…Ecoutons les commentaires souvent discrets, parfois insistants de notre conjoint, de nos bons amis et du prêtre pour détecter le besoin d’ajustement.

Le temps de l’Avent est propice à travailler cet équilibre pour Dieu, pour nous, pour nos enfants et notre famille.

Pour nous y aider, je ne résiste pas à partager avec vous cette prière antique, aperçue au-dessus de l’établi de mon horloger-bijoutier. Elle s’applique à tous : artisans, ingénieurs et ouvriers, administratifs, enseignants, professions de santé, du droit, de la gestion, étudiants…

A lire, méditer et prier !

Hervé Lepère

Prière de l’artisan (XV° siècle et toujours d’actualité)
Apprends-moi, Seigneur, à bien user du temps que tu me donnes pour travailler et à bien l’employer sans rien en perdre. Apprends-moi à tirer profit des erreurs passées sans tomber dans le scrupule qui ronge. Apprends-moi à prévoir le plan sans me tourmenter, à imaginer l’œuvre sans me désoler si elle jaillit autrement. Apprends-moi à unir la hâte et la lenteur, la sérénité et la ferveur, le zèle et la paix. Aide-moi au départ de l’ouvrage, là où je suis le plus faible. Aide-moi au cœur du labeur à tenir serré le fil de l’attention. Et surtout comble Toi-même les vides de mon œuvre.

Seigneur, dans l’œuvre de mes mains, laisse une grâce de Toi pour parler aux autres et un défaut de moi pour me parler à moi-même. Garde en moi, l’espérance de la perfection, sans quoi je perdrais cœur. Garde moi dans l’impuissance de la perfection, sans quoi je me perdrais d’orgueil. Purifie mon regard : quand je fais mal, il n’est pas sûr que ce soit mal et quand je fais bien, il n’est pas sûr que ce soit bien.

Seigneur, ne me laisse jamais oublier que tout savoir est vain sauf là où il y a travail. Et que tout travail est vide sauf là où il y a amour. Et que tout amour est creux qui ne me lie à moi-même et aux autres et à Toi.

Seigneur, enseigne-moi à prier avec mes mains, mes bras et toutes mes forces. Rappelle moi que l’ouvrage de ma main t’appartient et qu’il m’appartient de te le rendre en le donnant. Que si je fais par goût du profit, comme un fruit oublié je pourrirai à l’automne. Que si je fais pour plaire aux autres, comme la fleur de l’herbe je fanerai au soir. Mais si je fais pour l’amour du bien, je demeurerai dans le bien. Et le temps de faire bien et à ta gloire, c’est tout de suite ! Ainsi-soit-il.

Les vacances…ou la vacance du père ?

Après l’effort d’une année scolaire ou professionnelle, les vacances sont un moment privilégié pour :

  • se détendre d’une manière saine
  • renforcer l’union familiale, à travers la disponibilité de chacun et les bons souvenirs des activités communes.

« Beaucoup de tensions dans les ménages viennent de difficultés de communication. Le temps des vacances est le moment idéal pour y remédier. (…) les époux catholiques sauront prendre le temps de se retrouver à deux pour ranimer la ferveur de leur oui initial. Ce doit être une priorité à s’imposer pour le plus grand bien du foyer. » (« La Famille Catholique »-abbé Troadec).

Un piège commun actuellement est l’individualisme : chacun pour soi. Nous sommes tellement absorbés au cours de l’année par mille et une activités que nous avons facilement tendance, durant les vacances, à rechercher notre propre bien sans voir suffisamment celui de l’ensemble des personnes qui nous entourent.

Un minimum d’organisation et le maintien des principes catholiques sont nécessaires: pendant les vacances, nous continuons à élever nos enfants afin de les conduire vers le Ciel !

Repos ou distraction ?

Le vrai repos, c’est la cessation de toute activité. Chez l’enfant, il se confond pratiquement avec le sommeil. Il doit être préservé malgré la flexibilité plus grande des horaires de vacances.

Outre le repos, les distractions remplissent nos vacances : ce sont des occupations différentes, destinées à faire disparaître la tension qui accompagne le travail.

Confondre les vacances avec le « fare niente » (ne rien faire), c’est vouer l’enfant et l’adolescent à toutes sortes de déviations morales liées à la paresse et à l’imagination.

La présence et l’exemple du père

Les vacances donnent au père l’occasion de participer davantage à la vie de famille. Il s’adaptera aux besoins de chacun : pour les uns des moments de discussion, des mots d’encouragement ou d’affection, pour d’autres des activités faites en commun. Quelle joie de réaliser que nous avons découvert un enfant sous un autre jour !

Les enfants se souviendront de l’exemple donné par leur père pendant ses vacances. Le père qui:

  • aide son épouse dans les charges logistiques (qui ne cessent pas en vacances) ;
  • met une veste ou une cravate pour solenniser la messe du dimanche, et la présence de Dieu dans l’eucharistie ;
  • se dévoue pour quelques travaux d’entretien s’il est reçu chez des parents ou amis ;
  • organise des jeux et randonnées ;
  • se soucie des grands parents ;
  • pense à prier et entraîne sa famille.

Construire de bons souvenirs

Les souvenirs construits pendant l’enfance et l’adolescence seront un ciment de l’unité familiale future.

Que nous ayons la chance de partir dans une autre région, ou que nous restions à la maison, soyons attentifs à changer de rythme et à entreprendre des activités communes:

– randonnées: montagne, forêt ou chemin de douanier ;

  • visites de monuments, villes ou musées, avec une durée adaptée à l’âge des enfants…et un bon goûter à la suite ;
  • jeux collectifs en plein air : cache-cache, jeux de ballon, olympiades;
  • jeux de société le soir ou les jours de pluie, déguisements ou séances de théâtre,…
  • projet en famille : refaire une pièce, remettre en état un jardin, construire une cabane, concours cuisine !
  • petit pèlerinage familial : il existe certainement à 5 km de votre lieu de vacances, une église, un oratoire ou une croix de mission… Une bannière ou une croix improvisées, de la bonne volonté, et voilà le petit chapitre familial parti en chantant pour honorer Notre-Dame ou Notre-Seigneur, remercier pour l’année passée ou offrir la prochaine année !

L’équilibre du calendrier

Regroupons la famille lorsque les époux sont ensemble en vacances. Lorsque les aînés atteignent la grande adolescence, nous pouvons organiser une semaine autour d’un thème attirant pour les grands: visite d’une région de France, circuit de randonnée à pied, en vélo, en bateau…projet familial (fête de famille…).

Les vacances sont aussi un temps idéal pour se former, se donner et créer de nouvelles amitiés dans un cadre sain:

  • camps de vacances : louveteaux, scouts et guides, croisade, camps d’aventure comme participant puis, plus âgé, comme animateur ;
  • universités d’été, camps de cadre et sessions de musique ou d’art.
    Ces moyens sont essentiels pour développer la personnalité des enfants. Ils leur montrent que leur famille n’est pas isolée dans la société, mais insérée dans un tissu social et religieux qui reconstruit des îlots de chrétienté. 

Les époux régleront ensemble les visites et invitations familiales de l’été.  Il est excellent de cultiver l’esprit de famille avec les grands parents et cousins qui vivent dans un esprit catholique. Ils seront un soutien dans les joies comme dans les épreuves et, à l’occasion, une pression efficace sur celui qui serait tenté de prendre une mauvaise voie.

Dans notre monde, ce ne sera pas toujours possible. Lorsque les situations religieuses ou morales de notre entourage sont opposées à nos principes d’éducation, il faut en priorité protéger les enfants des mauvais exemples. Le conseil d’un prêtre et la charité aideront alors les époux à trouver des moyens différents, par exemple en privé sans les enfants, de garder le contact et travailler à la conversion des autres.

On juge l’arbre à ses fruits. Les parents peuvent se rendre compte de la qualité des vacances de leurs enfants à leur comportement au retour à la maison….et en tenir compte pour préparer les vacances qui suivront !

Bonnes vacances à tous !

Hervé Lepère

 

La présence du Père

Les enfants discutent un lundi dans la cour de récréation :

  • Mon papa est génial, on a fait plein de choses avec lui ce week-end. Il a aidé maman et il nous a raconté des histoires !
  • Le mien, il était en week-end avec des copains, il dit qu’il a besoin de se détendre…
  • Papa, à la maison, il fait de l’ordinateur… souvent maman crie pour qu’il vienne dîner et on commence sans lui. Il dit qu’il a beaucoup de travail, mais j’ai vu, il fait aussi des jeux…
  • Le mien, il est tout le temps à la maison, mais on ne fait jamais rien. Il dit qu’il est fatigué et qu’on doit se reposer le week-end.
  • Nous, quand il fait des courses, ou qu’il va à des manifestations, il emmène toujours un petit ou un grand. C’est bien d’être avec lui et de voir comment il fait.
  • Quand je demande à papa de venir jouer avec nous, il n’a jamais le temps, il dit toujours plus tard…et c’est jamais…tu crois qu’il m’aime ?

Le rôle affectif du père

La présence du père est essentielle dans la famille comme signe de son amour et elle est indispensable pour lui permettre de remplir son rôle.

Il est l’image à travers laquelle les enfants découvrent leur Père du ciel. Le Bon Dieu sera-t-Il perçu comme présent,  aimant, ou lointain ?

L’équilibre psychologique et affectif des enfants, des adultes, et leur comportement, sera affecté par la présence et l’amour du père.

L’unité de la famille et l’amour dans le ménage  ont besoin de la présence de chacun envers l’autre, manifestation naturelle de leur amour.

Un enfant doit se sentir aimé et soutenu pour prendre confiance en lui et s’épanouir.

L’équilibre entre vie professionnelle et familiale

L’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale peut être difficile, mais il importe qu’une exception temporairement nécessaire ne se transforme pas en habitude…

  • Je dois regarder mes mails le week-end … sinon je suis trop stressé le lundi matin…
  • organisons plutôt un temps approprié le lundi et maîtrisons notre stress ! Nos interlocuteurs et patrons, comprendront vite qu’il ne sert à rien de nous écrire le week-end !
  • Une procession, conférence, manifestation, université d’été: pas pour moi… il faut que je reste avec ma famille.
  • Le père de famille doit jouer son rôle dans la société civile et religieuse. Alternons avec la maman si besoin, et emmenons nos petits ou nos grands. A 12 ou 15 ans, c’est formateur de participer à un chapelet public ou à une manifestation avec son père.
  • Mon épouse aimerait que j’emmène un enfant faire des courses ou bricoler, mais ils me ralentissent !…
  • Même si vous avancez moins vite, pensez plutôt qu’ils seront contents, qu’ils apprendront quelque chose et que vous aurez l’occasion d’un échange personnel.

« Si les nécessités de la vie vous séparent malgré vous de vos enfants au cours de la semaine, souvenez-vous que le dimanche est le jour de Dieu et de la famille réunie sous son regard. Qu’en ce jour au moins vos cœurs s’unissent pour l’édification de vos enfants. Vous trouverez dans cette union les plus douces joies dans le présent et les plus riches espérances pour l’avenir » (Mgr Rouard, in « La Famille Catholique »-M. l’abbé Troadec)

Une présence indispensable

Le papa passe beaucoup moins de temps avec ses enfants que la maman. Ceci est moins vrai évidemment quand la maman travaille…Mais d’une manière générale, la mère est plus souvent auprès des enfants.

Le père connaît des journées fatigantes et difficiles : toujours en action physique ou intellectuelle, il n’a qu’une heure de repos au moment du déjeuner. Quand il rentre le soir à la maison, son souhait de connaître le repos et le silence est bien compréhensible.

Or, quand les enfants sont jeunes, ce n’est pas toujours le cas : une fois la porte ouverte, quel papa n’a pas entendu des cris, des pleurs, des fous-rires, des cavalcades dans l’escalier ?

Quel papa n’a pas trébuché dans une poupée, une petite voiture, un sac de bille ?

Quel papa n’a pas entendu sa femme se plaindre des bêtises des enfants ? Et souhaiter un soutien d’autorité ?

Quelle tentation, alors, d’aller s’enfermer dans sa chambre…ou même, cela arrive, de décider de rentrer plus tard du bureau pour ne pas subir un tel vacarme ?

Et pourtant, c’est à ces instants de la vie familiale que le papa va pouvoir connaître chacun de ses enfants.

Même s’il s’octroie à juste titre quelques moments de repos au salon ou dans sa chambre, ou en parlant avec son épouse, sa présence physique à la maison est primordiale : on sait que papa est là !

Sa présence dans les petits détails de la vie quotidienne sera d’une grande influence pour l’harmonie familiale.

  • Temps d’écoute pour les plus grands pendant que maman s’occupe des plus petits.
  • Temps d’aide pour les plus petits pendant que maman s’occupe des plus grands.
  • Temps d’amusement pendant que maman prépare le dîner (après avoir fait ranger les chambres …).
  • Temps d’éducation pour aider à comprendre les leçons, pour initier au bricolage,…
  • Temps de lecture à haute voix pour les amateurs de belles histoires.
  • Temps de « prendre son temps » avec son épouse et les enfants.
  • Temps de prier en famille lors de la prière du soir que le papa présidera.

Hervé Lepère

« lettre à votre père », sujet de rédaction du 25 avril 1884, à l’école primaire:
Cher père,

Voilà bientôt trois semaines que tu es parti. Ce temps m’a semblé bien long, va. Je trouve toujours qu’il me manque quelque chose. Quand sept heures sonnent, je crois que tu vas revenir pour souper et je t’attends. Tout le monde va bien …mais je ne suis pas tranquille, je voudrais que tu sois là, que tu t’asseyes avec nous au coin du feu où l’on te laisse ta place.

Je voudrais que tu me donnes des conseils pour mes devoirs du soir, je voudrais que tu assistes à la lecture en commun, je voudrais enfin que tu me dises à huit heures, quand je pars :

« Au revoir, Charles, applique-toi bien surtout. »

Dépêche-toi, cher père, tâche de compléter au plus tôt notre famille.

Allons, adieu, je t’aime toujours.

Ton fils affectueux  (Charles PEGUY)