Subir ou servir

Victor Lexemple parle avec son fils, 12 ans:

  • La semaine prochaine, tu viendras avec moi à la manifestation !
  • Une manif ?… comme les grands ?
  • Tu as grandi, tu es confirmé, tu peux aider à défendre la loi de Dieu et à faire revenir la chrétienté en France. Les catholiques doivent se battre pour avoir de bonnes lois.
  • Je sais, en janvier, nous avons été tous ensemble à une veillée de prière dans la rue. C’est pour la même chose ?
  • Cela continuera tant que le monde ne sera pas redevenu chrétien : notre devoir est de servir, comme Sainte Jeanne d’Arc, toute notre vie : « les hommes d’armes batailleront, et Dieu donnera la victoire ».
  • Grand’père me dit souvent cette citation ! Et il dit aussi « à la fin, mon Cœur Immaculé triomphera ! »
  • Ton grand’père est un exemple ! A plus de 80 ans, il ne rate jamais une procession, une veillée de prière, ni une manifestation ! Nous pouvons bien faire un effort nous aussi !

Victor Lexemple a raison : il faut initier les enfants dès leur jeunesse aux différentes formes d’engagement d’un catholique dans la société.

 Le devoir de l’engagement catholique.

 La famille est comme une pierre de taille : le chef de famille doit en prendre soin et l’embellir. Mais la plus belle pierre de taille ne trouve sa finalité que dans le mur de la cathédrale ou de la cité !La famille est une « société imparfaite » qui a besoin de l’Etat et de l’Eglise pour pouvoir atteindre ses fins naturelles et surnaturelles. La société civile et l’Eglise sont composées de familles et ont à leur tour besoin de leur contribution !

L’Eglise rappelle donc régulièrement le devoir des laïcs à s’engager au service de l’Eglise (paroisse, chorale, écoles, œuvres) et de la Cité (associations civiques et culturelles, quartiers, communes ou davantage pour ceux qui ont des talents particuliers).

Les laïcs doivent œuvrer pour « la formation de meilleures structures économiques, politiques, juridiques et sociales » mais aussi « veiller à ce que rien ne vienne  léser les intérêts de la vraie religion » et « intervenir par tout moyen licite, pour que la législation sur la famille, les normes pour une plus équitable distribution de la richesse et pour l’éducation de la jeunesse, et toutes dispositions qui touchent le champ de la Foi et de la morale, soient mises à exécution selon les postulats de la pensée chrétienne et l’enseignement de l’Eglise » (Pie XII, allocution aux comités civiques, 14/04/1953).

Bien sûr, l’action temporelle des laïcs doit être réglée par la vertu de prudence, dont le rôle propre est de « faire dériver les conclusions particulières, c’est-à-dire les actions pratiques, des règles morales universelles » (J. Madiran)

S’engager dans des œuvres visibles.

Dès le jeune âge, il est souhaitable d’emmener les enfants aux veillées de prières pour des intentions politiques telles que celles pour la protection des écoles libres, ou la défense de la vie ; ainsi qu’aux processions (Fête-Dieu, 15 Août,…). Même si la famille prie à ces intentions à la maison, l’exemple de l’effort des parents pour sortir de chez eux marquera les esprits. Un des parents emmènera les plus grands pendant que l’autre gardera les petits à la maison.

Dès 7 ans, les enfants feront avec profit des pèlerinages adaptés. En particulier, le pèlerinage de Pentecôte est une occasion unique d’un temps fort spirituel annuel, dans un esprit familial et l’enthousiasme du nombre. Si le pèlerinage devient un thème des jeux de vos enfants, vous avez réussi quelque chose !

Dès 12-13 ans, le jeune adolescent participera à des manifestations publiques telles que le Rosaire dans les cathédrales (contre l’avortement, la PMA/GPA, l’euthanasie), les prières publiques de SOS Tout-Petits, ou celles organisées contre des spectacles blasphématoires (films, théâtres). N’ayons pas peur des injures ou de l’intimidation des éventuels contre-manifestants ! Elles nous associent aux souffrances de Notre Seigneur pendant sa Passion. La prière exercée dans ces circonstances a une valeur encore plus grande ! Nous connaissons des contre manifestants ou des passants récemment convertis à la suite de tels chapelets publics ! C’est bien avant son bac que le jeune doit prendre conscience, en étant accompagné par des adultes, de la réalité de l’opposition entre la Cité Catholique et l’esprit du monde condamné dans l’Evangile ; et de l’importance du témoignage en public.

Se former dans un esprit catholique 

« Pour donner à cette action, une plus grande efficacité, il est indispensable d’étudier et de faire connaître toujours davantage les problèmes sociaux à la lumière de la doctrine de l’Eglise » (Pie XI, Divini Redemptoris, 1937)

C’est le moment de vous inscrire, ou d’inscrire vos grands enfants, à une activité appropriée cet été ! Universités d’été, congrès des familles, camp de cadres, camps itinérants… plusieurs formules existent selon les âges et les goûts. Au-delà de la formation, elles offrent toutes de vrais temps de détente et l’occasion de développer des amitiés solides ! La plupart offrent également des rendez-vous réguliers pendant l’année scolaire.

Apprendre à sortir du confort et se donner.

 Si le foyer doit être le havre de paix où se construit l’esprit de famille, et où chacun se ressource, il ne doit devenir ni un cocon de mollesse ni un ghetto assiégé. Les personnalités de nos enfants, et les nôtres ont besoin de rayonner et se confronter au monde pour se développer. Le levain doit être mis dans la pâte pour la faire lever.

Le scoutisme, dès 6-7 ans, et les mouvements de jeunes (croisade eucharistique, chorale, étudiants, jeunes professionnels, jeunes ménages,…) offrent le mélange idéal d’activités et d’amitiés pour apprendre à sortir de son confort et se donner au service de la société et de l’Eglise, avant de prendre éventuellement d’autres engagements dans des milieux professionnels ou civiques moins protégés.

Ces activités exercées en milieu catholique, seront un complément vital aux activités sportives ou artistiques malheureusement souvent exercées en milieu athée.

Nous sommes la jeunesse de Dieu !

Plutôt que de nous épancher sur les malheurs qui touchent la France, l’Église, nos familles, nos écoles, soyons de ceux qui cherchent à reconstruire et à entraîner nos enfants, afin de forger l’avenir que nous souhaitons leur laisser en héritage !

Hervé Lepère

 

L’esprit d’initiative

On se plaint que beaucoup de jeunes gens de nos écoles soient perdus pour l’armée catholique dès leur entrée dans le monde. A qui la faute ?

Ces défections, si douloureuses parfois, ont des causes multiples,….mais quelques fois, ne pouvons-nous pas nous dire que si nous avions orienté ces jeunes gens vers un autre idéal que le succès de carrière, si nous les avions entraînés vers les œuvres, ils auraient peut-être été fidèles aux principes que nous leur avions inculqués. Nous ne leur avons pas assez montré que leur vie de collège n’est que l’apprentissage de leur vie d’homme ; qu’entre ces deux vies, en apparence si différentes, il n’y a pas une solution de continuité, mais une harmonie admirable, puisque la seconde n’est que le développement rationnel de la première.

On objectera sans doute que cette préparation au rôle social peut distraire les élèves de leurs études ; que nous n’avons pas le droit de sacrifier le présent à un problématique avenir ; qu’il y a beaucoup à redouter pour les jeunes gens de cette extériorisation ?

Tout d’abord vous ne sacrifiez pas le présent puisque vous l’employez à la préparation de l’avenir. N’est-ce pas votre but ? La conscience du rôle qu’ils auront à remplir un jour dans la société, loin d’être pour vos élèves un obstacle au travail, sera, je l’ai remarqué souvent, un encouragement, un stimulant à l’étude. (…)

Quant à vous, jeunes gens, qui soit aux Universités, soit dans les affaires, êtes maîtres de votre temps et de vos actes, votre devoir est de développer chaque jour d’avantage cet esprit d’initiative, afin d’être capables de prendre une part prépondérante dans l’activité du monde moderne, afin de ne pas vous laisser embrigader sous toutes les bannières, afin d’être les premiers et les plus actifs dans l’œuvre de la régénération sociale et religieuse.

Selon vos moyens et vos forces, donnez-vous généreusement aux œuvres ; n’attendez pas que d’autres commencent. Soyez entreprenants tout en restant prudents. Entraînés par votre foi ardente, entrez dans la voie que vous trace l’Eglise : elle est belle et large. Guidés par elle, vous pouvez, sans courir le danger de tomber dans de téméraires nouveautés, être utiles intellectuellement et moralement à vos frères, tout en travaillant au perfectionnement et à l’achèvement de votre formation.

Soyez des Hommes ! Fr. Ferdinand-Antonin Vuillermet, Ed. Parthénon-2013