L’air des clochettes

Notre citation pour septembre et octobre : « La cigale ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue… »  Jean de la Fontaine, La Cigale et la Fourmi.

 « L’air des clochettes (aria) »

Acte II – Lakmé (1883) – Léo Delibes (1836-1891)

« L’air des clochettes », morceau de bravoure des soprano coloratur  (soprano dont la voix est la plus aigüe, la plus pure et la plus agile) est l’air le plus célèbre de l’opéra  « Lakmé ». L’héroïne, Lakmé, fille de prêtre brahmane fanatique, chante dans un bazar indien. « La légende de la fille du paria » raconte le  sauvetage d’un étranger par une enfant paria qui fait sonner des clochettes pour détourner les bêtes sauvages du promeneur.

Où va la jeune Indoue,
Fille des Parias,
Quand la lune se joue
Dans les grands mimosas ?
Quand la lune se joue
Dans les grands mimosas ?

Elle court sur la mousse
Et ne se souvient pas
Que partout on repousse
L’enfant des parias.
Elle court sur la mousse,
L’enfant des parias ;
Le long des lauriers roses,
Rêvant de douces choses,
Ah !

Elle passe sans bruit
Et riant à la nuit, à la nuit !


Là-bas dans la forêt plus sombre,
Quel est ce voyageur perdu ?
Autour de lui des yeux brillent dans l’ombre,
Il marche encore au hasard éperdu !
Les fauves rugissent de joie,
Ils vont se jeter sur leur proie
La jeune fille accourt et brave leurs fureurs,
Elle a dans sa main la baguette
Où tinte la clochette, Où tinte la clochette
Des charmeurs.
Ah ! Ah ! Ah !

L’étranger la regarde,
Elle reste éblouie,
Il est plus beau que les Rajahs !
Il rougira s’il sait qu’il doit la vie
A la fille des parias.
Mais lui, l’endormant dans un rêve,
Jusque dans le ciel, il l’enlève,
En lui disant : ta place est là !
C’était Vishnou, fils de Brahma !


Depuis ce jour, au fond des bois,
Le voyageur entend parfois
Le bruit léger de la baguette
Où tinte la clochette,
Où tinte la clochette
Des charmeurs.
Ah ! Ah ! Ah !

Interprétation : Nathalie Dessay

 

 

 

Le choeur des elfes

Notre citation pour juillet et août  : « Le pèlerin qui va gaiement et chante en son voyage

se désennuie et s’allège de la peine du chemin. »  Saint François de Sales

 

« Le Chœur des Elfes »

Le songe d’une nuit d’été – 14 octobre 1843  – Postdam

Félix Mendelssohn

(1809 à Hambourg – 1847 à Leipzig)

 

« Le songe d’une nuit d’été » de Shakespeare est tout d’abord une comédie de cinq actes (écrite entre 1594 et 1595).

Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV, souhaitant faire représenter cette œuvre au nouveau Palais de Postdam, demanda à Mendelsshon, alors directeur de la musique à la Cour de Prusse, de composer une musique de scène pour accompagner la représentation. Cette composition de 1843 comportera onze pièces musicales destinées à être intercalées entre les différentes scènes de la comédie. Mendelssohn y adjoindra  « l’Ouverture » composée en 1826 alors qu’il n’avait que dix-sept ans.

Vous est proposée ici la quatrième pièce de la musique de scène, « Le Chœur des Elfes » (« Bunte Shlangen »), un duo pour sopranes avec chœur qui ouvre l’acte II.

Shakespeare a mis en scène un songe, et le génie de Mendelssohn conforte cette impression avec une musique féérique, aérienne. La légèreté et la fantaisie sont de mise dans cette œuvre qui ne ménage ni la logique ni la simple cohérence.

Place au rêve ! Mais au rêve traité magistralement.

 

Première fée

Vous, serpents tachetés au double dard,

Épineux porcs-épics, ne vous montrez pas.

Lézards, aveugles reptiles, gardez-vous d’être malfaisants,

N’approchez pas de notre reine.

 

Chœur des fées

Philomèle, avec mélodie,

Chante-nous une douce berceuse

Que nul trouble, nul charme, nul maléfice

N’approche de notre aimable reine.

Et bonne nuit dormez bien.

 

Seconde fée

Araignées filandières, n’approchez pas :

Loin d’ici fileuses aux longues jambes,

loin d’ici.

Éloignez-vous, noirs escargots.

Ver, ou limaçon, n’offensez pas notre reine.

 

 https://open.spotify.com/album/0BlBHcj4XYdsExqKLx6Wzg?

 

Les nuits d’été de Villanelle

Notre citation pour mai et juin :

« Juge l’oiseau à la plume et au chant, et au parler l’homme bon ou méchant. »

 

Villanelle

Les nuits d’été – Opus 7 – 1843 

Hector Berlioz  1803-1869

Au sens premier, une villanelle est un genre de poésie pastorale dont la musique est inspirée de danses anciennes. Ici, Berlioz compose un ensemble de six mélodies dont la Villanelle est la première, sur des textes de Théophile Gauthier (parus en 1838). Ces mélodies furent d’abord accompagnées seulement par le piano, Berlioz en fera plus tard, en 1856, une version orchestrale. L’interprétation choisie ici est celle de la mezzo-soprano suédoise, Anne Sofie von Otter.

    Quand viendra la saison nouvelle,
Quand auront disparu les froids,
Tous les deux nous irons, ma belle,
Pour cueillir le muguet aux bois.
Sous nos pieds égrenant les perles
Que l’on voit, au matin trembler,
Nous irons écouter les merles
Siffler.

Le printemps est venu, ma belle ;
C’est le mois des amants, béni ;
Et l’oiseau, satinant son aile,
Dit ses vers au rebord du nid.
Oh ! Viens donc sur ce banc de mousse,
Pour parler de nos beaux amours,
Et dis-moi de ta voix si douce :
Toujours !

Loin, bien loin égarant nos courses,
Faisons fuir le lapin caché,
Et le daim, au miroir des sources
Admirant son grand bois penché ;
Puis chez nous, tout heureux, tout aises,
En paniers, enlaçant nos doigts,
Revenons, rapportant des fraises
Des bois.

https://open.spotify.com/album/1j9Bz11PL2MAOCFYI4w6hZ

 

Chant pour le départ des missionnaires

« L’oiseau qui chante ne sait pas si on l’entendra » (proverbe polynésien)

Charles Gounod (Paris 1818 – Saint-Cloud 1893), paroles de l’Abbé Charles Dallet

En ce temps de l’Epiphanie, pourquoi cette évocation de Charles Gounod ? 

En 1843, en début de carrière, Charles Gounod accepte le poste d’organiste et de maître de chapelle de l’église des Missions étrangères de Paris. En 1851, il compose la musique du «Chant pour le départ des missionnaires ». Ce départ en mission était accompagné de la cérémonie suivante : « les partant se tenaient alignés face au public devant le maître autel. Le public pénétrait alors dans le chœur, et chacun venait baiser les pieds des nouveaux missionnaires, puis les embrassait, tandis qu’éclatait le « chant pour le départ des missionnaires », composé par Gounod, organiste de la chapelle. »  Cette cérémonie se tenait dans la chapelle de l’Epiphanie et ce vocable avait été choisi pour sa signification, l’Epiphanie étant la première manifestation de Jésus aux Gentils, ainsi les missionnaires partaient-ils « manifester » Jésus-Christ aux païens.

Charles Gounod prendra l’habit ecclésiastique, s’inscrira au cours de théologie de Saint-Sulpice et écoutera les sermons de Lacordaire à Notre-Dame. Mais après la révolution de 1848, il renonce à sa vocation sacerdotale et quitte son poste des Missions étrangères. La vie de Charles Gounod sera alors un perpétuel tiraillement entre une Foi profonde (animée par une grande connaissance liturgique) et les passions qu’agitera sa sensibilité d’artiste.

Partez hérauts de la bonne nouvelle

Voici le jour appelé par vos vœux

Rien désormais n’enchaîne votre zèle

Partez amis que vous êtes heureux

Oh ! qu’ils sont beaux vos pieds missionnaires

Nous les baisons avec un saint transport

Oh ! qu’ils sont beaux sur ces lointaines terres

Où règne l’erreur et la mort

Refrain

Partes amis, adieu pour cette vie

Portez au loin le nom de notre Dieu

Nous nous retrouverons un jour dans la patrie

Adieu frère adieu.

En nous quittant vous demeurez nos frères

Pensez à nous devant Dieu chaque jour

Restons unis dans la sainte prière

Restons unis dans son Divin amour.

Ô Dieu Jésus, notre roi notre maître

Protégez-nous, veillez sur notre sort

A Vous nos cœurs, notre sang, tout notre être

A vous à la vie, à la mort.

https://open.spotify.com/search/Gounod%20Seun

VENI, VENI EMMANUEL

« La maison est à l’envers lorsque la poule chante aussi haut que le coq »

(Noël du Fail (1520-1591), Contes et discours d’Eutrapel (1585)

« VENI, VENI EMMANUEL »

 

       Zoltan Kodaly – (1882 à Kecskemet – 1967 à Budapest)

Hymne de l’Avent qui énumère les sept noms divins chantés par les grandes « Antiennes O » : (« Emmanuel », « Rex Gentium », « Oriens », « Clavis Davidica », « Jesse virgula », « Adonai », « Sapientia »). Les Antiennes O sont ainsi dénommées car elles débutent par l’interjection « ô » adressée à Notre-Seigneur Jésus-Christ.

 

  1. Veni, veni Emmanuel, Viens, viens Emmanuel

Captivum solve Israël,                                          Libère Israël captif

Qui gemit in exilio,                                                    Qui gémit en exil

Privatus Dei Filio.                                                 Privé du Fils de Dieu

 

R/. Gaude ! Gaude !                                                  Réjouis-toi, réjouis-toi,

      Emmanuel nascetur pro te Israël.                                  l’Emmanuel naît pour toi Israël.

 

  1. Veni, veni, Rex gentium, Viens, viens, Roi des Nations,

Veni, redemptor hominum,       Viens, Rédempteur des hommes

Ut salves tuos famulos                  Afin de sauver tes serviteurs

Peccati sibi conscios.                    Qui ont la connaissance de leurs péchés.

 

  1. Veni, veni, o Oriens, Viens, viens ô Orient

Solare nos adveniens ;       Réconforte-nous par ton avènement ;

Noctis depelle nebulas         Repousse les brouillards de la nuit

Dirasque mortis tenebras.     Et les ténèbres sinistres de la mort.

 

  1. Veni, Clavis Davidica, Viens, clef de David,

Regna reclude cælica;                    Ouvre le Royaume des Cieux ;

Fac iter tutum superum   Fraye-nous un chemin sûr vers le Ciel

Et claude vias inferum.               Et ferme les routes de l’Enfer.

 

  1. Veni, o Jesse virgula, Viens, ô racine de Jessé,

Ex hostis tuos ungula,                           Conduis ceux qui sont à toi

De specu tuos tartari                         Hors de la caverne du Tartare

Educ et antro barathri.                       Et de l’antre des Enfers.

 

  1. Veni, veni, Adonai, Viens, viens, Adonaï,

Qui populo in Sinai,      Qui au Sinaï dans la majesté de ta gloire

Legem dedisti vertice,                     As donné au peuple

In majestate gloriæ.                           La loi venue d’en-haut.

 

  1. Veni, o Sapientia, Viens, ô Sagesse,

Quæ hic disponis omnia,        Qui dispose toutes choses ici-bas,

Veni, viam prudentiæ    Viens, afin de nous enseigner le chemin

Ut doceas et gloriæ.                   De la prudence et de la gloire

 

https://open.spotify.com/search/veni%20veni%20emmanuel%20zoltan