Affronter la grossesse pathologique

    En tant que maman confrontée déjà deux fois sur cinq à la grossesse à risques, je voudrais vous en parler aujourd’hui sous l’angle de l’Espérance chrétienne. La grossesse pathologique nécessite un suivi très particulier avec beaucoup de rendez-vous médicaux lourds à supporter physiquement et psychologiquement : les examens sont parfois invasifs et nous avons alors l’impression de n’être plus qu’un numéro entre les mains des médecins, dont on se demande s’ils ont bien toujours entre leurs mains le sens sacré de la VIE.

  Mon propos n’est pas de recenser les épisodes du « livre noir de la gynécologie », ni de vous pousser à accoucher seule chez vous pour être tranquille, ni même de faire une liste des complications qui menacent la vie de la mère et de l’enfant, la plus connue étant la trisomie : cette liste serait pesante et non exhaustive ; de plus, est-ce que les récents progrès de la science et des machines qui nous analysent ne nous forcent pas à aller voir encore plus loin, encore plus près, (tout dépend d’où on se place), alors que finalement nous en ressortons juste un peu plus angoissés ?

Il y a presque 500 ans, Rabelais écrivait : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Cette pensée peut aussi être considérée comme l’amorce de la BIOETHIQUE, cette discipline qui souhaite réconcilier les capacités scientifiques et leur acceptabilité morale. Et Dieu sait qu’aujourd’hui la bioéthique est malmenée : la procréation médicalement assistée (PMA), déjà malheureusement ouverte aux couples hétérosexuels alors que l’Eglise s’est prononcée contre, que le gouvernement souhaite étendre aux couples homosexuels et aux femmes seules, la gestation pour autrui (GPA) où une femme, souvent en manque de ressources, va prêter son corps à une femme infertile riche… Finalement la grossesse à risques est moins risquée que ces nouveaux projets qui nient complètement la famille classique, un papa et une maman avec des enfants, cellule de base de la société.

Le diagnostic prénatal est donc un sujet très controversé : d’un côté il y a la surveillance de la grossesse souhaitable pour la mère et l’enfant, mais de l’autre côté, il y a ce dépistage poussé à l’extrême qui peut servir à « choisir » son enfant ou le supprimer totalement. D’autant plus que certaines pathologies n’ont pas de remède. Accueillir la vie n’est pas toujours facile lorsqu’on apprend que son enfant est malformé ou malade. On vous répétera à l’envi que vous êtes égoïste et que vous allez faire le malheur de cet enfant… Mais qui peut mesurer le bonheur de quelqu’un ? Et qu’est-ce que des souffrances, toujours limitées dans le temps, à côté d’une éternité de bonheur offerte à ces enfants? Nombre de témoignages prouvent qu’ils sont heureux d’avoir eu une chance de vivre et d’être entourés d’amour par leurs parents, qui ont donné la Vie, sans retour possible, dès la conception.

  Il s’agit ici d’encourager celles des jeunes et moins jeunes mamans, qui ne sont pas préparées à affronter ce « parcours du combattant », car d’une part, elles n’ont pas forcément déjà eu de suivi gynécologique qui peut s’avérer une véritable intrusion, d’autre part, c’est une épreuve solitaire sans formation (car l’expérience des uns ne sert pas toujours aux autres) : l’époux, le papa, est là bien sûr pour vous encourager chaque jour, mais il ne peut pas se rendre à tous les rendez-vous avec vous et il n’aura pas comme vous les répercussions ultra-sensibles provoquées par certaines paroles du corps médical. C’est d’ailleurs en ces moments que son solide bon sens apparaît et qu’il peut vraiment aider son épouse à lâcher prise et faire confiance.

Sans oublier de parler ici des autres enfants, aînés de la famille, qui ont besoin d’une maman en pleine forme : celle-ci aurait de bonnes raisons de se concentrer sur son nouveau poussin, ses multiples rendez-vous et de négliger les membres de la fratrie et même son mari, mais le devoir d’état est toujours là, il faut bien l’accomplir malgré les croix qui en jalonnent le chemin. Cela reste un moment difficile où cette maman a vraiment besoin d’aide : que les grands-parents ou les amies n’hésitent pas à prendre le relais et au lieu de s’enquérir sans cesse de la santé de la mère et de l’enfant, continuent de « vivre » avec elle en lui proposant un café ou une séance shopping, cela lui fera plus de bien qu’une énième conversation sur la malformation (éventuelle) de son bébé.

Naturellement, il y a tous les « à-côtés » qui vous seront reprochés : les méthodes naturelles de régulation des naissances seront remises en cause par des médecins ou des sages-femmes qui n’y connaissent rien, qui vous parleront même d’un planning familial équilibré, quand ce n’est pas l’avortement « thérapeutique », bien sûr, comme si ce terme faisait mieux passer le précédent ! Et une fois de plus on se gaussera de ces gentilles mamans catholiques qui ne veulent rien entendre. C’est pour cela, chères mamans, qu’il faut continuer de vous battre ! Tenez bon ! Soyez fermes dans la Foi.

J’ajoute cependant qu’en France, il existe des aides pour les familles qui sont dans le cas de la grossesse pathologique, même avant d’avoir 3 enfants : via la Caisse d’Allocations Familiales, une aide-ménagère ou une aide pour garder les enfants de moins de 12 ans peut être proposée (paiement en fonction du quotient familial), la mutuelle choisie peut également avoir une action sociale, une sage-femme de la Protection Médicale Infantile du département peut passer gratuitement à domicile si vous avez des difficultés à vous déplacer… Il ne faut pas hésiter à se renseigner pour savoir quels sont vos droits, c’est inutile de les laisser à ceux qui en profitent toujours plus.

  Enceinte de notre 5ème enfant, j’ai détaillé, comme d’habitude au premier rendez-vous, mes précédentes grossesses. Puis, j’ai vu le médecin noter scrupuleusement que notre 4ème enfant était née avec une malformation et ajouter : « vu vos antécédents, Madame, il va falloir faire attention ». Allons bon ! J’étais déjà dans le vif du sujet à 1 mois de grossesse, concernant un nouveau bébé dont personne, à part le Bon Dieu, ne savait s’il allait bien ou mal. Était-ce une grossesse désirée ? Voulais-je prendre le rendez-vous du 4ème mois pour le suivi psychologique ? Heureusement, nous n’avons pas tous la même idée de la « qualité de vie », n’est ce pas, chères mamans ?

Une de mes amies a été également confrontée à ce suivi un peu plus poussé : il s’agissait pour elle d’une malformation du cœur de sa petite fille. Elle a été transférée dans un grand hôpital parisien, où son bébé est né et a été opéré à deux jours de vie. En revenant sur son parcours, elle reconnaît cependant que le corps médical a été bienveillant et encourageant. Par exemple, on ne lui a jamais proposé d’avorter, ce qui est déjà une belle victoire. Son bébé a même été baptisé avant l’opération, dans la chambre de la maternité, pour le plus grand bonheur du personnel soignant. Voilà un magnifique témoignage !

Parfois, tout se termine bien, la malformation évoquée n’existe pas, le bébé naît sans soucis, parfois le diagnostic posé est avéré à la naissance et il y aura donc un suivi médical particulier pour l’enfant, lourde épreuve également du quotidien des familles. Il est tout à fait normal de pleurer, d’être blessée, de souffrir. Mais finalement, quoi qu’il en soit, au moment où vous tenez votre bébé dans vos bras, tout change et tout devient plus lumineux ! Les grâces d’état affluent. La Sainte Vierge se penche sur le berceau avec vous. Et puis, la vie continue… on fait de nouveau confiance à la vie. Notre généraliste incroyant m’avait dit un jour, lors d’un examen classique de notre petite « malade » : « Il ne faut pas la surprotéger, il ne faut pas faire de différences avec les frères et sœurs qui ne comprendraient pas. Oui, C’ETAIT un moment difficile pour vous mais regardez : elle est là et elle grandit ! Allez de l’avant ! ». C’est exactement la phrase dont j’avais besoin. J’ajoute que c’est pendant ou après ce genre d’épreuves qu’il est bon de faire une retraite de couple, afin de confier nos peines au Seigneur et qu’il nous envoie son aide précieuse.

Je souhaiterais terminer en évoquant la vertu d’Espérance et le don de Force :

           La vertu théologale d’Espérance nous permet d’attendre avec confiance la grâce de Dieu qu’Il ne manquera pas de nous donner au moment voulu par Lui ; à ne pas confondre avec l’optimisme béat ou même le prévisionnel où nous soupesons les risques et les bénéfices purement humains…

« Espérer, ce n’est pas être sûr du lendemain, c’est avoir confiance aujourd’hui, non pas confiance dans les évènements imprévisibles, mais en Dieu qui les dirige et qui nous aime. « Laissez aux païens, disait Jésus, le tourment de savoir s’ils auront à manger ou de quoi ils se vêtiront demain. » Ils auront beau se mettre martel en tête, leurs préoccupations n’allongeront pas la durée de leur vie d’une minute. Dieu ne vous aurait pas appelés à la vie s’il n’avait pourvu à vos moyens de subsistance. Il y a sur la terre de quoi nourrir et habiller tous les hommes. Que tous soient fidèles à ses commandements et pratiquent la justice, nul ici-bas ne manquera de rien. En ce qui vous concerne, faites consciencieusement votre devoir, donnez-vous bravement à votre tâche et ayez confiance dans votre Père des cieux qui connaît vos besoins. » Et Jésus nous trace notre règle de conduite en une formule devenue proverbiale : « Ne vous inquiétez pas du lendemain. Demain prendra soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. » (Monseigneur Chevrot – Les petites vertus du foyer).

  Le don de Force nous est donné directement par l’Esprit-Saint lors de notre confirmation. Il nous aide au quotidien pour affronter les médecins et les oiseaux de mauvais augure… Il nous raffermit dans notre Foi, dans le fait que nous croyons que toute Vie est sacrée depuis son commencement.

« Le Seigneur Jésus a dit qu’il n’y avait pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. C’est vrai. Mais il y a deux façons de donner sa vie pour Dieu. D’un seul coup, comme Tarsicius, par le martyre. Ou bien, par une générosité de tous les jours à faire très bien, par amour, de toutes petites choses, sans jamais se lasser. Et la seconde façon est peut-être la plus dure. (…) C’est pourquoi nous avons grand besoin que le Saint-Esprit mette en notre âme le don de Force, qui nous attire à Dieu comme l’aimant attire la limaille de fer. Oh ! Si nous pouvions être, simplement, cette petite limaille de fer, comme les saints, tout deviendrait pour nous tellement plus simple ! » (Marie-Dominique Poinsenet – Les sept voiles de mon bateau).

  Alors, chers parents, courage et confiance ! Lorsque l’on choisit de donner la vie, on choisit aussi de s’abandonner. Voici une belle neuvaine à réciter tous en famille autour de votre oratoire pour tous les bébés à naître, qu’il y ait des complications ou non. Saint Pie X a fait de nombreux miracles en ce sens, protégeant des mamans et des bébés condamnés par la science.

  « O Dieu qui, pour défendre la foi catholique et restaurer toutes choses dans le Christ, avez comblé le souverain Pontife Saint Pie X d’une sagesse toute céleste et de la force des apôtres, faites, dans votre bonté, qu’en suivant ses enseignements et ses exemples, nous obtenions les récompenses éternelles et la grâce que nous vous demandons par son intercession. Par le même Jésus-Christ, votre Fils, Notre Seigneur, ainsi soit-il ».  

Agnès Lafargue

 

 

 

Le père

Je te bénis, mon Père qui es dans les cieux, parce que Tu m’as donné un père sur la terre.
Lui dont je tiens mon nom, et mon honneur, et tout exemple de droiture.

Qu’il soit le premier dans ma louange, lui qui est le maître dans la maison, et le chef dans la famille, et le modèle dans mon cœur.

Celui qui est mon guide à mes côtés, et qu’on ne peut pas surpasser en dévouement et en bonté et en noblesse.

Celui que tout le jour on désire revoir quand son labeur le tient absent, et qui partage avec les siens l’intimité des douces veilles !

Lorsque le père a dit : c’est vrai, on sait qu’il est loyal, et notre cœur s’épanouit dans la croyance en notre père de la terre et dans la foi en notre Père qui est aux cieux.

Lorsque son bras soutient la démarche vacillante de son fils, on sait que son appui est sûr, et notre cœur se raffermit dans la confiance en notre père de la terre et l’espérance en notre Père qui est aux cieux.

Et lorsque sa tendresse nous embrasse, et nous châtie, et nous soutient, tout notre cœur reçoit la grande chaleur virile de l’amour qui est aux cieux et sur la terre.

Et moi, je te bénis, mon Dieu, lorsque j’étais adolescent et que la crainte était en moi de n’adorer qu’un Dieu pour les enfants et pour les femmes.

Je te bénis pour ce père qui mêlait sa prière à ma prière, et dont le cœur te recevait avec le mien, et qui n’avait pas honte de son Dieu crucifié sous les sarcasmes de la terre !

Un prêtre – 1944

 

Les nuits d’été de Villanelle

Notre citation pour mai et juin :

« Juge l’oiseau à la plume et au chant, et au parler l’homme bon ou méchant. »

 

Villanelle

Les nuits d’été – Opus 7 – 1843 

Hector Berlioz  1803-1869

Au sens premier, une villanelle est un genre de poésie pastorale dont la musique est inspirée de danses anciennes. Ici, Berlioz compose un ensemble de six mélodies dont la Villanelle est la première, sur des textes de Théophile Gauthier (parus en 1838). Ces mélodies furent d’abord accompagnées seulement par le piano, Berlioz en fera plus tard, en 1856, une version orchestrale. L’interprétation choisie ici est celle de la mezzo-soprano suédoise, Anne Sofie von Otter.

    Quand viendra la saison nouvelle,
Quand auront disparu les froids,
Tous les deux nous irons, ma belle,
Pour cueillir le muguet aux bois.
Sous nos pieds égrenant les perles
Que l’on voit, au matin trembler,
Nous irons écouter les merles
Siffler.

Le printemps est venu, ma belle ;
C’est le mois des amants, béni ;
Et l’oiseau, satinant son aile,
Dit ses vers au rebord du nid.
Oh ! Viens donc sur ce banc de mousse,
Pour parler de nos beaux amours,
Et dis-moi de ta voix si douce :
Toujours !

Loin, bien loin égarant nos courses,
Faisons fuir le lapin caché,
Et le daim, au miroir des sources
Admirant son grand bois penché ;
Puis chez nous, tout heureux, tout aises,
En paniers, enlaçant nos doigts,
Revenons, rapportant des fraises
Des bois.

https://open.spotify.com/album/1j9Bz11PL2MAOCFYI4w6hZ

 

Notre Père qui êtes aux cieux

           Qu’elle est belle votre maison, ô mon père du Ciel ! Il n’y en a pas de plus belle ni de plus accueillante sur toute la terre. Comme mon père de la terre s’applique à nous offrir, à Maman, mes frères et sœurs et moi, un foyer confortable à l’abri de la pluie et du vent, vous nous avez préparé là-haut une place où l’on se sentira bien.

Dans l’Evangile, Jésus nous parle souvent du royaume des Cieux, en prenant de nombreuses images. Par elles, je sais que le Ciel est un royaume habité depuis toujours par le Roi des rois, adoré par des myriades d’anges tous plus beaux les uns que les autres. Il y a neuf chœurs qui sont, dans l’ordre de leur perfection, les Séraphins, les Chérubins, les Trônes, les Dominations, les Vertus, les Puissances, les Principautés, Les Archanges et les Anges. Et je suis un enfant de ce Roi, c’est donc un trône qui m’attend ! Et depuis que, le jour du Vendredi Saint, Jésus nous a réouvert les portes de ce Ciel qui était fermées pour moi depuis le péché originel, de nombreux saints de tous âges et de tous pays sont montés dans cette demeure où ils chantent la gloire de Dieu.

Le Roi des Cieux nous a créés pour être heureux. Et le bonheur sans fin, c’est de posséder le Bon Dieu, à la manière d’un tout petit enfant qui s’écrie : « à moi Papa », en le serrant très fort dans ses bras, pour bien marquer l’union forte de son petit cœur qui ne craint pas de tout demander à celui auquel pourtant il doit tout. Aimer et donner sans retour, de façon inconditionnelle. J’ai déjà certainement vu la joie d’un bébé blotti dans les bras de sa maman et qui lui fait un câlin. Cette joie est tout abandonnée : dans ces bras maternels, il ne craint rien ; il ne fait que goûter le bonheur d’être dans les bras de sa maman sans penser ni au passé ni au futur, mais juste à la joie de l’instant présent. Le Ciel c’est aussi cela : le présent de la joie de la possession de Dieu, et cet instant dure éternellement, c’est-à-dire toujours !

Le paradis, c’est un ciel sans les nuages des tentations, sans les orages de mes caprices, et sans la pluie de mes trop nombreuses désobéissances. C’est si dur aujourd’hui, d’obéir… mais là-haut rien de bon ne sera difficile, et nous n’aurons même plus envie de faire le mal ! Comme j’ai hâte d’y être !

Le royaume des cieux est semblable à un trésor enfoui dans un champ, nous dit Jésus. Celui qui le trouve va vendre tout ce qu’il a pour acheter ce champ et posséder ce trésor.  Moi aussi je le veux ce trésor, et je sais où le trouver ! Il est dans le champ de mon humble devoir d’état bien fait, et pour le posséder je dois vendre ma paresse et mon amour-propre, ce « moi je » qui m’empêche d’avancer sur le chemin du Ciel.

Pour être heureux éternellement, il faut d’abord que je me détache de tout ce qui me retient à la terre, sinon je resterai comme un oiseau attaché par un fil à la patte, et qui ne pourra jamais s’envoler. La terre n’est qu’un passage, et notre vraie maison est le Ciel.

           Mon Dieu, j’espère avec une ferme confiance que vous me donnerez votre grâce en ce monde, et si je vous suis fidèle, le bonheur dans votre paradis. Si je suis fidèle ! Vous êtes mon Père aimant et tout-puissant, vous voulez que tous vos enfants vous retrouvent au Ciel. Et pour cela vous nous avez donné comme modèle Jésus, notre frère… qui a passé sa vie à s’oublier lui-même pour ne penser qu’à nous. Sainte Vierge, ma Maman du Ciel, vous qui régnez sur les Anges, venez à mon secours, le Bon Dieu n’a pas envoyé son Fils unique mourir sur la Croix pour me laisser me perdre ! Alors, ma douce maman céleste, enseignez-moi, avec la petite espérance, la belle vertu d’obéissance, celle qui fait des enfants saints et heureux. Saint Ange que Dieu a placé à mes côtés, guidez mes pas et relevez-moi si je tombe, en me rappelant ce qu’est le Ciel, et combien cela vaut la peine de me sacrifier un peu ici-bas pour obtenir la gloire du Ciel ! Tout seul je ne sais rien faire de bien, mais avec la grâce du Bon Dieu et le soutien des bienheureux je peux tout, car ce n’est plus moi qui vit, mais Dieu qui vit en moi. Et à Dieu, rien n’est impossible.

Germaine Thionville

 

Le style des années 1925-1930: « L’art Déco »

           Après la terrible guerre de 1914, la société réagit, comme à l’habituée postérieurement à des périodes très sombres, avec une explosion de jouissance, d’extravagance et de libertinage. Les arts, les modes, le goût et les mœurs sont donc bouleversés pour un temps. L’époque qui nous intéresse en est une parfaite illustration ; elle culmine avec l’Exposition des Arts Décoratifs à Paris en 1925, et va s’assombrir avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933.

  Dans un temps donc relativement court, va se développer une profusion d’idées décoratives utilisant des matériaux luxueux et sans unité.

  C’est ainsi que la plupart des ébénistes et décorateurs des années « folles » cherchent à renouer avec la grande tradition du meuble français, s’inspirant selon les uns ou les autres du Louis XV, du Louis XVI, de la Restauration, tandis que d’autres iront chercher l’inspiration dans l’Afrique noire, l’Asie ou la civilisation américaine. La ligne du style précédent « Modern Style » perdure aussi.

  L’ornementation est très riche avec une imagination soucieuse de raffinement et de renouvellement, tellement « surajoutée » parfois que cela se démode très vite. Cette production trop capricieuse finira par bloquer durablement l’imagination des créateurs.

  Les lignes courbes et sinueuses demeurent mais les meubles subissent aussi l’influence des peintres cubistes ou abstraits, et des architectes fonctionnels qui donnent une nouvelle importance aux volumes géométriques. Formes et ornements sont donc souvent assez désaccordés.

  Les bois exotiques sont utilisés de préférence aux bois locaux, plutôt foncés comme l’ébène ou le macassar. Palissandre, amboine jaune ou rosé et acajou ont aussi cours. Les bois de placage seront le sycomore, le citronnier, le bois de rose, mais l’ivoire, très en faveur, est également utilisé en marqueterie.

  Le bronze doré, le cuivre, l’argent sont employés généreusement et le fer forgé, très travaillé, remplace souvent le bois dans les piètements de console ou de table.

  Le cuir recouvre les sièges mais aussi plateaux de table et pieds gainés. Les soieries de grand luxe prennent le pas sur la tapisserie ou les tissus brodés.

  Les tables sont en ébène, palissandre, noyer ou acajou. Rondes, rectangulaires ou ovales, avec une ceinture large, leur piètement s’efforce d’être gracieux, souvent droit ou incliné, peu galbé.

  Les bureaux sont grands avec des pieds droits ou galbés, avec des entrées de serrure et poignées dans les métaux énoncés ci-dessus. Les tiroirs, de chaque côté sont importants et parfois revêtus de cuir. Les armoires s’inspirent des formes Louis XV et sont souvent très ornées, garnies à l’intérieur de miroirs ainsi que de tiroirs parfois gainés de cuir, et de jeux de tablettes. Elles sont en noyer ou palissandre, comme les commodes.

Ces dernières suivent davantage le style Louis XVI ou les commodes anglaises du XIXème. Les pieds sont plutôt droits, avec deux ou trois tiroirs superposés dont l’intérieur est souvent lui aussi, gainé de cuir ou de tissu. L’ornementation est raffinée, à plat avec incrustation, marqueterie, ou bronzes légèrement en saillie.

Le confort va être le grand souci pour la création des sièges avec divers essais de forme de dossiers, d’assise, de rembourrage, de revêtement qui ne seront pas forcément toujours réussis.

  Le dossier des chaises est assez bas, ajouré, voire réduit à un cadre vide et les pieds sont minces souvent inclinés ou galbés. Les chaises peuvent aussi s’inspirer de meubles régionaux et être assez rustiques.

  Les fauteuils sont eux aussi, relativement bas, montés sur ressorts, avec parfois une garniture faite de deux étages de ressorts pour plus de confort. Leur forme est souvent assez lourde, la recherche du confort étant importante. C’est le triomphe du fauteuil club, en cuir, inspiré des modèles anglais. Il est garni d’un coussin de cuir, très arrondi avec des bras volumineux.

  Les canapés prennent de plus en plus de place, entièrement capitonnés de cuir selon le modèle anglais avec des tissus aux couleurs claires et contrastées avec des formes géométriques.

  Beaucoup de coussins prennent place sur les canapés, les fauteuils, les lits. A damiers noirs et blancs, thèmes cubistes, bouquets de fleurs aux couleurs très contrastées, ils sont un élément phare de la décoration, qui perdure encore.

  Pour avoir une bonne idée de l’esprit « Art Déco », il est intéressant d’aller visiter à Paris le pavillon des Arts décoratifs à la Porte Dorée, construit pour l’Exposition de 1925. Il est une parfaite illustration de son époque, tant par l’architecture et ses sculptures de façade que les peintures intérieures qui évoquent les cinq continents.

  Nous terminons ainsi cette histoire des styles, puisque pour ce qui est contemporain, à part certaines créations de designers sans grande harmonie, nous sommes dans une assez grande pauvreté artistique.

  D’autres sujets, liés à l’art ou la restauration de notre patrimoine feront l’objet de nos prochains articles dans cette rubrique d’histoire de l’art.

Jeanne de Thuringe