« Veux-tu devenir ma femme ? »  

Cette phrase, vous rêvez de la prononcer pour de vrai, vous êtes décidé sur l’orientation de votre vie et vous recherchez l’âme sœur, celle qui deviendra la mère de vos enfants.

L’attente est longue, plusieurs jeunes filles vous plaisent, mais vous avez du mal à discerner, comment vous y prendre ? L’ampleur de la tâche vous effraie et surtout personne ne vous a jamais expliqué comment faire, – si ce n’est les films ou les romans -, mais l’ombre d’un doute sur leur réalisme subsiste en votre esprit !

Laissez-moi partager quelques réflexions psychologiques tirées de lectures, d’expériences et de discussions qui, loin d’être exhaustives ou même exactes, pourront peut-être servir de base à vos propres analyses.

Pour faciliter cette libre discussion, je suivrai les différentes étapes qui nous conduisent au mariage, si Dieu le veut.

 

La vie de célibataire indépendant

Rarement considérée, cette étape est pour moi capitale. Avant de pouvoir aimer l’autre, il faut être capable de s’aimer soi-même et pour s’aimer soi-même, il faut s’estimer en toute franchise et honnêteté. Reconnaître ses qualités, mais aussi ses défauts et les accepter comme tels tout en travaillant à s’améliorer et à grandir toujours. Cette connaissance et cette acceptation de soi permettront plus tard de passer avec succès l’épreuve de vérité que sont les fiançailles et d’inspirer suffisamment confiance à l’autre pour qu’il puisse s’engager sans crainte. Si vous n’êtes pas clairvoyant sur vous-même, si vous ne savez pas qui vous êtes et surtout ce que vous voulez, l’engagement sera plus difficile. Il est illusoire et même dangereux de penser que l’autre résoudra vos problèmes. La quête de cette indépendance affective et psychologique pourra être l’objet des années de célibat et considérée comme une préparation indispensable à tout engagement.

Dans le même temps, de saines amitiés masculines et féminines vous permettront de grandir et de développer votre confiance en vous d’une part et de découvrir progressivement « le mystère féminin » d’autre part. De plus, vos engagements au service du bien commun vous habitueront à vous donner généreusement.

 

Choisir !

Cette maturité acquise – plus ou moins rapidement selon le caractère et les circonstances -, vous vous sentez prêt et vous vous demandez quelle sera l’élue de votre cœur. Vous connaissez des filles que vous pourriez envisager d’épouser. Elles répondent aux critères objectifs expliqués dans tous les livres de préparation aux fiançailles et au mariage ainsi qu’à vos propres critères, elles sont belles, pieuses et intelligentes, et déjà vous vous sentez sur le point de tomber amoureux. Mais vient la question ultime : va-t-elle m’aimer ? A t-elle en elle l’étincelle amoureuse à mon endroit ? Serais-je capable de l’aimer vraiment et suffisamment ?

Avant de vous « déclarer » et sous peine de déception, il faut vérifier quelques éléments psychologiques en plus de toutes les considérations naturelles et religieuses habituelles : sommes-nous tous deux indépendants et mûrs affectivement et psychologiquement ? A-t-elle réellement cette étincelle dans les yeux quand elle me parle ou n’est-ce que le fruit de mon imagination, et ne se dit-elle pas qu’avec bonne volonté l’amour viendra en allant ?

Difficile d’évaluer froidement ces éléments quand on est amoureux, d’où l’importance de prendre conseil d’un ou d’une bonne amie. Cela peut parfois permettre d’éviter des désillusions et ruptures douloureuses. Attention, l’ami n’a qu’un rôle de conseil et ce choix libre doit être posé seul devant Dieu.

On trouvera bien sûr autant d’exceptions à ces réflexions qu’il y a de caractères différents dans la nature, mais c’est une première analyse qu’il ne tient qu’à vous d’enrichir de votre observation.

Après un temps de fréquentation plus ou moins long qui vous a permis de vous connaître un peu plus, vous vous êtes finalement déclaré tout tremblant et …

 

Oh, comble du bonheur elle a dit OUI !

C’est là que commencent véritablement les fiançailles, officieuses avant d’être officielles, temps de tests et d’épreuves que vous aurez inévitablement à surmonter à deux et qui vous permettra de vérifier que vous êtes faits l’un pour l’autre pour poser les bases d’un solide foyer chrétien. Temps aussi merveilleux de découverte d’un autre univers et où la vie prend progressivement tout son sens.

Avant tout, durant ces périodes de choix puis de fiançailles, il convient de garder une bonne dose d’abandon à la Providence. « Mon Dieu, si vous voulez cette union, permettez-la, sinon faites qu’elle ne voit pas le jour ». Car mieux vaut une douleur, certes intense, mais passagère, causée par une rupture qu’une vie entière de difficultés et parfois de souffrances au plus intime du foyer parce que l’union n’est pas entière.

Le temps des fiançailles est un moment de vérité qui vous permettra peu à peu de vous révéler l’un à l’autre et de vous ouvrir l’une après l’autre les portes de vos âmes. A chaque porte ouverte, une nouvelle facette de l’autre se dévoilera et votre amour grandira, puis vous apercevrez au loin la porte suivante qu’il faudra aussi ouvrir.

Si une porte résiste et que vous ne trouvez pas la clef, ou que vous n’arrivez pas à l’ouvrir malgré efforts, prières, amour et bienveillance, alors cela cristallisera peut-être toutes les inquiétudes et l’aventure s’arrêtera là tout d’un coup ! Dieu soit loué, que sa volonté soit faite ! Nul n’est en cause, la rupture de fiançailles ne préjuge pas des qualités intrinsèques de l’un et de l’autre des fiancés, mais juste du fait qu’ils ne sont visiblement pas faits pour s’entendre, malgré les mille raisons qui les ont réunis et qui jusque-là semblaient indiquer le contraire. C’est ainsi, mystère de la vie !

A l’inverse, si à chacun des doutes ou inquiétudes de l’autre – qui surgiront très probablement pendant les fiançailles – l’âme sœur trouve le ton qui la rassure et la conforte, alors peu à peu la confiance s’établit et le ciment de l’amour de Dieu aidant, l’amour des fiancés se renforce et peut surmonter les embûches avec toujours davantage d’aisance et de facilité.

Le temps passe, les fiançailles sont l’occasion de définir les grandes orientations du futur foyer, de cimenter l’amitié et de grandir ensemble dans l’amour de Dieu à qui l’on doit confier cette œuvre si importante. Peu à peu, les portes de l’âme et du cœur se sont ouvertes et la date fatidique du OUI définitif qui engage toute la vie est arrivée !

Amis et famille sont présents pour célébrer et témoigner aux yeux de la société de la véracité de cet engagement exclusif. La joie est complète, merci Mon Dieu de nous avoir conduits jusqu’à l’autel !

 

De bonnes et saintes fiançailles sont le socle d’un solide foyer chrétien. Cependant, les efforts ne s’arrêteront pas au mariage et ils n’offriront pas une garantie illimitée pour sa longévité. La fièvre de l’amour des premiers temps demandera à la volonté de prendre le relai pour alimenter par les sacrifices quotidiens le grand feu de l’amour des époux qui ne s’éteint pas. Et inversement, même si parfois les fiançailles ont été un peu chaotiques et que vous êtes maintenant mariés, alors Dieu vous donnera les grâces suffisantes pour former un foyer heureux et uni. La nature est là, mais la grâce surabonde.

Cette grande aventure des fiançailles vaut la peine d’être vécue. Echec ou réussite, elle vous fera grandir et le Bon Dieu récompense toujours tôt ou tard ceux qui sont prêts à s’engager à son service pour rebâtir la société chrétienne. Alors n’ayons pas trop peur de l’échec et si les conditions naturelles, religieuses et psychologiques sont présentes, jetons-nous à l’eau, c’est la meilleure façon d’apprendre à nager !

Arthur Poivressel

 

Au pied de l’autel

Seigneur, au pied de l’autel dans votre église si calme, silencieuse et remplie de votre présence toute aimante, je viens vous confier mon amour naissant.

Vous avez bien voulu mettre sur ma route ce jeune homme qui a su comprendre mon âme, trouvé mon cœur et proposé de me consacrer sa vie. Cet engagement n’est pas un vain mot… Suis-je sûre de pouvoir y répondre en toute liberté, sans l’illusion d’une euphorie de faire comme les autres, d’être soulagée « d’avoir trouvé », ou que sais-je ?

  Suis-je prête à renoncer à tous les autres choix qui auraient pu se présenter, pour me donner à celui-ci, toute ma vie, jusqu’au dernier souffle, avec les joies bien sûr, mais aussi les peines qui ne manqueront pas ?

  Suis-je prête à me renoncer pour lui, parce que votre volonté est suffisamment claire, et à faire de mon mieux pour lui donner le meilleur de moi-même ?

  Suis-je prête à l’accepter comme il est, avec ses richesses et ses faiblesses, sa famille aussi, sans rêver qu’il est parfait, mais à l’épauler et le soutenir de toutes mes forces, de toute ma joie aimante, de toute ma prière ? Est-il celui qui va m’aider à avancer sur le chemin du Ciel, parce que vous avez mis en lui ce qui me manque ?

  Seigneur, un peu de temps a passé et je suis là, à nouveau dans votre église, sûre maintenant de la réponse que je dois donner, parce que Votre Volonté sur moi est bien claire.  

  L’évidence paisible que nos âmes sont destinées à se sanctifier ensemble, la transparence confiante qui est nôtre dans nos échanges, l’approbation de nos parents et de ceux qui nous côtoient, sont une certitude.

 

  Seigneur, nous voilà tous les deux au pied de cet autel où j’étais venue tout vous confier et vous remercier de vos lumières.

  Donnez-nous la grâce d’avoir des fiançailles profondément chrétiennes, qui ne soient pas un égoïsme à deux, un petit bonheur étriqué mais une joie qui rayonne, réchauffe et réconforte ceux que vous mettrez sur notre route.

  Aidez-nous à garder le cœur ouvert et délicat envers ceux qui souffrent ou ont eu des espoirs déçus.

  Apprenez-nous le grand respect l’un de l’autre, la prière ensemble, en attendant celle de nos soirs d’époux.

  Donnez-nous une profonde amitié, ciment de notre amour, afin qu’il ne soit pas une passion aveuglante, elle qui dans notre vieillesse, restera avec la tendresse.

  Aidez-nous à trouver notre joie dans les choses simples, à savoir rendre service ensemble pour les autres. Cela nous aidera à nous voir « sur le terrain » sans fard, nous préparant lorsque, le foyer s’agrandissant (si Vous le voulez), à nous oublier.

  Evitez-nous le tourbillon des rencontres et mondanités, souvent trop fréquentes pendant les fiançailles.

  Aidez-nous à savoir nous parler en toute humilité et bienveillance avec les moyens naturels que vous nous avez donnés, et le détachement de tout ce qui est virtuel ou factice.

  Apprenez-nous à savoir renoncer à nous voir, quand il le faut, pour une cause plus haute, sachant que notre sacrifice portera beaucoup de fruits.

 

  Alors Seigneur, dans quelques mois, au pied de l’autel, notre oui sera fort et prélude à tous ceux de chaque jour de notre vie d’époux.

                  Jeanne de Thuringe

 

Pierre de taille

Bing, Bing, Bing, les éclats de pierre volent sous le ciseau du tailleur. Les coups précis de l’artisan émondent doucement le beau calcaire blanc. Les angles se dessinent puis les formes plus complètes, volutes et arabesques apparaissent. Bing, Bing, Bang, le geste est sûr, les mains fermes sur l’outil mais le travail est lent, chaque coup de burin détache un petit morceau de pierre sans retour possible et doit donc être bien ajusté. Le tailleur a déjà à l’esprit la forme finale qu’il veut obtenir et les différents coups de marteau qu’il devra donner pour d’abord dégrossir puis affiner la pierre. La matière est dure mais ne lui résiste pas. La finesse et la précision de la taille lui permettront de l’encastrer dans la voûte gothique en réparation. Les angles sont complexes. Chaque pierre trouvera exactement sa place et le résultat devra être parfait, car il s’agit de restaurer la voûte de Notre-Dame de Paris. Cette autre pierre plus décorative permettra de restaurer un chapiteau abîmé par l’incendie. Elle est moins critique pour l’assemblage et la tenue du tout, mais plus complexe à tailler car les détails sont multiples. Elle servira non pas à faire tenir la voûte, mais sa beauté sera là pour louer Dieu et manifester l’amour des hommes.

  Chaque pierre est différente, aucune ne ressemble à l’autre, chacune a un rôle particulier et contribue à la grandeur, à la majesté et à la finesse de l’ensemble.

  N’en est-il pas de même de la vie des hommes ? Chaque âme est différente, a un rôle particulier que prévoit Dieu, l’artisan de nos vies qui, de toute éternité, voit l’œuvre accomplie dans son ensemble comme dans le détail. Tous, nous avons une mission sur terre pour contribuer à bâtir la cathédrale de la Chrétienté et aucune n’est identique. Seule, à l’état brut, notre existence n’a pas de sens. Façonnée par Dieu, orientée vers Lui, sanctifiée par la grâce, elle contribue à la beauté de l’œuvre de Dieu.

  Mais nous ne sommes pas des pierres et Dieu nous a laissé la liberté de correspondre volontairement à son œuvre, au plan qu’il a sur notre vie de toute éternité. Nous avons la capacité d’accepter ou non le plan de Dieu sur nos vies. Pour que nous puissions l’aimer réellement, Dieu nous a laissés libres de choisir de l’aimer. Mais à l’instar de la pierre, nous n’avons pas le plan de détail de nos vies, ni de l’ensemble de la cathédrale. Il nous faut dire « oui » à chaque coup de ciseau que la Providence nous envoie. Faire confiance à l’artisan. Dire « oui » sans cesse et ces « oui » permettront au plan de Dieu de s’accomplir et à notre vie d’atteindre sa fin. Nous serons ainsi à notre place, assignée par Dieu de toute éternité dans l’immensité de son Amour.

  N’est-ce pas cela accomplir sa vocation ? Accepter le plan de Dieu sur nos vies. Qui ne se manifeste, la plupart du temps, que par de petits ou de grands coups de burin. Voulons-nous rester une pierre indéterminée sur le bord du chemin mais indépendante, ou préférons-nous nous laisser modeler par le Bon Dieu et avoir le bonheur de contribuer au salut du monde et à la cathédrale de la Chrétienté ?

Antoine

 

A la croisée des chemins

Tu as vingt ans, tu penses que c’est le plus bel âge, âge des grands rêves et des promesses. Oui mais, c’est aussi l’âge des choix qui engageront ta vie. Aussi est-ce plus facile d’avoir trente ans car ces choix seront derrière toi.

           Alors comment vivre tes vingt ans ?

 

           Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, cours-y vite…

  Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, il va filer…

 

  Vas-tu suivre ces vers de Paul Fort en courant après des illusions, parce que le monde te dit que le bonheur est là à portée de main ? Mais quel bonheur nous offre-t-on si facilement ?

  Le bonheur facile, justement, c’est-à-dire celui qui s’offre sans effort, banalisé. Mais il passe bien vite car il n’est pas enraciné dans le temps, et le renoncement.

  Un bonheur sans lendemain qui risque fort de te rendre en fait bien malheureuse pour longtemps, car trop souvent, il prend sa source dans la légèreté quand ce n’est pas dans le péché…

  D’ailleurs le poème se conclut ainsi :

  Saute par-dessus la haie, cours-y vite, il a filé !

 

  Seras-tu vierge folle ou vierge sage ?

 

  Vierge folle qui attache du prix à ce qui brille, ce qui paraît, et se disperse de mille manières ?

  Qui rêve d’un mari parfait selon des critères humains, une belle apparence, une belle situation, un beau nom, ou un bel uniforme. Ou, plus subtilement, qui ne verra que les apparences de piété sans voir le fond de la nature et prendra pour de la modestie ce qui n’est que paresse et refus de faire fructifier ses talents.

  Qui va rêver de fuir peut-être un monde hostile au couvent sans voir que la vie de communauté a ses exigences et qu’il faut un grand réalisme et un grand équilibre affectif pour y rester sa vie durant.

 

  Connais-toi toi-même…

 

  Ton choix de travail et de vie doit se fonder sur une bonne connaissance de toi-même, sans illusions, sans rêves, avec humilité, ce qui ne veut pas dire pusillanimité.

  Apprends un vrai métier, il est loin le temps des dots où la jeune fille restait chez ses parents à attendre… Tu vis dans une époque qui a ses exigences, ne vis pas en arrière…

  Puis, pars sur le terrain à la rencontre de ceux qui ont besoin d’aide, autour de toi. Apprends à sortir de toi-même pour te tester, te mettre en situation et voir ce que tu vaux. Et demande aux aînés, à ceux qui ont ouvert la voie avant toi, de t’aider à te cerner. Ne crains pas les avis désintéressés, aimants car ils voient ton bien. Même s’ils font un peu mal, accepte-les de bon cœur et remercie d’avoir les yeux ouverts.

 

  Celui qui veut bâtir une tour, qu’il commence par s’asseoir et réfléchir

>>>

  >>> Forte, ensuite, de tes rencontres et expériences, réfléchis tranquillement aux opportunités qui se présentent pour savoir si elles te correspondent. Puis si cela est réalisable, renseigne-toi sur les moyens à prendre pour y arriver. Demande, là aussi, conseil et rencontre ceux qui peuvent t’éclairer plus précisément sur ce que tu envisages.

  Ne pense surtout pas que tu vas changer telle situation ou tel jeune homme auquel tu songes. Vivre dans le réel, sans illusions, est le gage de la réussite.

  Ne te précipite pas non plus, et prie pour demander à être éclairée. La retraite est alors un très bon moyen, voire « le moyen » d’y voir clair.

  Une fois que ton âme sera bien fortifiée, laisse toi enfin guider par les évènements que la Providence dirige pour toi…

  Alors sans erreur, tu prendras ton chemin, celui que Dieu t’a tracé.

                  Jeanne de Thuringe

 

La vocation de la femme

Chère Bertille,

            Tu viens de finir la première partie de tes études, tu as passé tes examens avec succès, bravo ! Tu arrives maintenant à la croisée des chemins. Jusqu’à aujourd’hui, tout te semblait tracé, tu as progressé petit à petit dans les différentes classes de la maternelle au lycée, les études supérieures ont suivi tout naturellement, et maintenant que se profile ta vie professionnelle, tu me fais part de ta volonté de faire une retraite spirituelle pour prendre le temps de réfléchir à ta vocation. C’est une excellente idée, je t’en félicite !

  Par cette lettre, permets-moi de te développer ma pensée au sujet de la vocation, pensée façonnée par ma petite expérience de la vie, et mes différentes lectures.

   Tout d’abord, le terme « vocation » vient du latin « vocare : appeler ». Cela signifie que l’on est appelé pour remplir une mission en vue d’un but bien précis. Pour nous qui sommes catholiques, nous savons bien que c’est Dieu qui nous appelle et que le but de notre vie sur la terre est le Ciel. Pour atteindre ce but, le Bon Dieu nous propose différents états de vie qui sont des moyens pour atteindre ce but. Ces derniers sont la vie maritale, la vie religieuse ou le célibat consacré à Dieu. Avant de me demander quel moyen le Bon Dieu veut que je prenne pour me sanctifier, il me semble important de répondre à la question de la vocation de la femme : quelle est ma vocation en tant que femme ? J’y répondrai en m’appuyant sur les écrits du père Jean Dominique : dans la Genèse il est dit : « Et Dieu créa l’homme à son image, Il l’a créé à l’image de Dieu, Il les créa homme et femme2. » « Dire que la femme fut créée, comme l’homme, à l’image de Dieu, c’est donc la voir toute orientée vers Dieu. La mission fondamentale de la femme est donc d’être tournée vers Dieu, d’être une fille de Dieu qui fait la joie de son père, d’être un miroir de Dieu pour la joie de Dieu. Le premier devoir qui est fait à la femme par l’Ecriture est donc celui de la sainteté et de la vie contemplative3. » . Le second devoir est la maternité : « Or celle-ci, qu’elle soit naturelle ou spirituelle, mobilise toutes les qualités de la mère pour la mission si haute de la transmission et du soin de la vie. Tout l’être de la femme y est comme aimanté par l’intérêt d’un autre, par le service d’une destinée qui la dépasse. La vocation à la maternité épanouit la femme en la consacrant à une fin qui lui est extérieure, son enfant. […] La vocation de la femme apparaît, de prime abord, comme un don >>> >>> de soi, parce qu’il est une œuvre d’amour4. » La vocation de la femme est donc double : une vie contemplative et la maternité.

   Maintenant vient la question des moyens. Quel est le moyen que le Bon Dieu souhaite que j’utilise pour atteindre le but, le Ciel ? Trois grands choix se présentent : la vie maritale, la vie religieuse, le célibat consacré à Dieu. Même si l’état de vie religieuse est plus parfait que l’état de vie maritale ou le célibat consacré à Dieu, si ce n’est pas le moyen que le Bon Dieu veut pour moi, il sera plus difficile de m’y sanctifier. Ces choix sont importants, il faut demander au Bon Dieu la grâce de discernement et la vertu de Prudence pour découvrir le plan de Dieu sur nous, puis les vertus de Force et de Persévérance pour prendre le moyen que le Bon Dieu nous donne dans sa grande miséricorde pour notre sanctification. Pour que ces vertus agissent, il faut une disposition de l’âme, la rendant attentive à la grâce et ayant l’habitude de faire silence pour écouter le Bon Dieu. Ainsi, cette étape de la vie où nous avons un choix important à faire se prépare depuis longtemps, depuis l’enfance. Cette préparation se fait par la réception fréquente des sacrements et par une habitude de vie, notamment pour préparer cette mission de la maternité tant naturelle que spirituelle : « la maternité ne laisse aucune place à la rêverie, au sentimentalisme et à l’égoïsme. Elle est un oubli de soi de tous les instants. C’est pourquoi la jeune fille fera bien de s’initier très tôt à cette loi de la générosité, en particulier par les œuvres de la miséricorde spirituelle (œuvre d’éducation, catéchisme, apostolat), et corporelle (soins des petits, des vieillards et des pauvres), et d’apprendre à y trouver sa joie5. »

   La vie religieuse, la vie maritale ou le célibat consacré à Dieu ne sont pas le but de la vie, ce sont des moyens que le Bon Dieu nous donne pour atteindre notre fin qui est le Ciel. Ce moyen, il faut savoir le choisir avec discernement. Une fois ce moyen identifié, il nous reste une longue route pour atteindre notre but car ces moyens peuvent prendre différents aspects : le célibat est un moyen d’accomplir sa vocation seulement s’il est consacré à Dieu, c’est-à-dire vécu comme un don de soi, une maternité spirituelle, il peut être temporaire (attente d’un mariage) ou définitif (décision prise soit très tôt dans la vie d’adulte, ce qui est rare mais possible dans les vocations particulières, soit, le plus souvent, plus tard, lorsque l’opportunité d’un mariage ne s’est pas présentée); la vie maritale peut être très différente d’un foyer à un autre : il est possible de ne pas avoir d’enfants, d’être mère d’une famille nombreuse, d’être veuve très tôt avec des enfants en bas âge, d’être une maman malade… ; quant à la vie religieuse, elle peut aussi prendre différents aspects : on peut être une religieuse contemplative et cloîtrée, consacrée à l’éducation des enfants, supérieure générale d’une congrégation, sœur tourière, ou fondatrice d’un nouveau couvent… Tant que nous gardons cette disposition de l’âme à être docile au Bon Dieu, nous sommes sûres d’accomplir notre vocation et d’atteindre le but qui est le Ciel.

   Voici, ma chère Bertille, le fruit de ma réflexion. J’espère qu’elle te sera bien utile et te permettra d’accomplir ta vocation de femme.   

                Anne

 

1 Le mot « vocation » est ici employé dans un sens large qui englobe toutes les formes de vie auxquelles Dieu nous appelle.

2 Genèse, I-27

3 Père Jean-Dominique, O.P., D’Eve à Marie, la mère chrétienne, éditions du Saint Nom, 2008, p 9-10

4 Père Jean-Dominique, O.P., D’Eve à Marie, la mère chrétienne, éditions du Saint Nom, 2008, p 11-12

5 Père Jean-Dominique, O.P., D’Eve à Marie, la mère chrétienne, éditions du Saint Nom, 2008, p 12