Au pied de l’autel

Seigneur, au pied de l’autel dans votre église si calme, silencieuse et remplie de votre présence toute aimante, je viens vous confier mon amour naissant.

Vous avez bien voulu mettre sur ma route ce jeune homme qui a su comprendre mon âme, trouvé mon cœur et proposé de me consacrer sa vie. Cet engagement n’est pas un vain mot… Suis-je sûre de pouvoir y répondre en toute liberté, sans l’illusion d’une euphorie de faire comme les autres, d’être soulagée « d’avoir trouvé », ou que sais-je ?

  Suis-je prête à renoncer à tous les autres choix qui auraient pu se présenter, pour me donner à celui-ci, toute ma vie, jusqu’au dernier souffle, avec les joies bien sûr, mais aussi les peines qui ne manqueront pas ?

  Suis-je prête à me renoncer pour lui, parce que votre volonté est suffisamment claire, et à faire de mon mieux pour lui donner le meilleur de moi-même ?

  Suis-je prête à l’accepter comme il est, avec ses richesses et ses faiblesses, sa famille aussi, sans rêver qu’il est parfait, mais à l’épauler et le soutenir de toutes mes forces, de toute ma joie aimante, de toute ma prière ? Est-il celui qui va m’aider à avancer sur le chemin du Ciel, parce que vous avez mis en lui ce qui me manque ?

  Seigneur, un peu de temps a passé et je suis là, à nouveau dans votre église, sûre maintenant de la réponse que je dois donner, parce que Votre Volonté sur moi est bien claire.  

  L’évidence paisible que nos âmes sont destinées à se sanctifier ensemble, la transparence confiante qui est nôtre dans nos échanges, l’approbation de nos parents et de ceux qui nous côtoient, sont une certitude.

 

  Seigneur, nous voilà tous les deux au pied de cet autel où j’étais venue tout vous confier et vous remercier de vos lumières.

  Donnez-nous la grâce d’avoir des fiançailles profondément chrétiennes, qui ne soient pas un égoïsme à deux, un petit bonheur étriqué mais une joie qui rayonne, réchauffe et réconforte ceux que vous mettrez sur notre route.

  Aidez-nous à garder le cœur ouvert et délicat envers ceux qui souffrent ou ont eu des espoirs déçus.

  Apprenez-nous le grand respect l’un de l’autre, la prière ensemble, en attendant celle de nos soirs d’époux.

  Donnez-nous une profonde amitié, ciment de notre amour, afin qu’il ne soit pas une passion aveuglante, elle qui dans notre vieillesse, restera avec la tendresse.

  Aidez-nous à trouver notre joie dans les choses simples, à savoir rendre service ensemble pour les autres. Cela nous aidera à nous voir « sur le terrain » sans fard, nous préparant lorsque, le foyer s’agrandissant (si Vous le voulez), à nous oublier.

  Evitez-nous le tourbillon des rencontres et mondanités, souvent trop fréquentes pendant les fiançailles.

  Aidez-nous à savoir nous parler en toute humilité et bienveillance avec les moyens naturels que vous nous avez donnés, et le détachement de tout ce qui est virtuel ou factice.

  Apprenez-nous à savoir renoncer à nous voir, quand il le faut, pour une cause plus haute, sachant que notre sacrifice portera beaucoup de fruits.

 

  Alors Seigneur, dans quelques mois, au pied de l’autel, notre oui sera fort et prélude à tous ceux de chaque jour de notre vie d’époux.

                  Jeanne de Thuringe