Tintin au pays des soviets

           Nous avions laissé notre reporter convaincu de retourner clandestinement investiguer ce qu’il se passait dans cette « usine de la société moderne ». Il lui fut difficile de retourner dans ce pays avec les restrictions en vigueur liées au Coronavirus, il dû se soumettre bon gré mal gré au test « PCR » abréviation succincte pour un supplice chinois consistant à enfoncer un coton tige, pas très succinct, lui, tout au fond de votre cavité nasale ce qui n’est pas plus confortable pour la cavité que pour le coton tige !

Après une quarantaine en bonne et due forme, notre enquêteur se trouve enfin libre d’aller explorer plus avant cette mystérieuse usine.

 Il réussit à s’y introduire en grimpant dans un camion chargé de matière première et à se cacher entre un morceau de covid et quelques sujets d’inégalités. Il eut tout juste le temps de sauter du camion avant d’être précipité sur les convoyeurs de récupération. C’est alors qu’il put découvrir réellement le cheminement des matières. Après un contrôle qualité initial, les matières à potentiel émotionnel sont conservées et l’une de leurs surfaces subit un traitement qui la rend brillante aux yeux de l’observateur. En effet, cette surface fait particulièrement ressortir le rôle d’une victime et d’un bourreau, la victime représentant implicitement mais systématiquement le camp du Bien, et le bourreau le camp du Mal. Il vit par exemple passer devant lui une image au sujet des catastrophes écologiques, on y voyait un énorme feu de forêt, sur laquelle une étiquette « Forêt Amazonienne » avait était collée, et à coté de laquelle Bolsonaro, le président Brésilien, était photographié l’air sévère et illuminé !

Ce genre de réalisations produit des superpositions d’images très explicites, au coût de fabrication faible car même les matières très anciennes peuvent être utilisées. Cette marchandise donc est celle qui sort en plus grande quantité de l’usine. Extrêmement rentable, elle permet un maximum de profit par l’audience médiatique qu’elle génère de façon systématique. De plus, et c’est pour cela qu’elle est fabriquée, elle engendre une modification progressive des comportements et des consciences en faisant faire très régulièrement au consommateur le court-circuit de sa raison par ses sentiments. Il perd ainsi peu à peu sa capacité d’analyse et ne fonctionne plus que par réaction instinctive et émotionnelle.

Cette gamme de produit est assez variée et certains d’entre eux sont d’une qualité bien supérieure. Pour ceux-là, la matière première en entrée est vraiment sélectionnée avec le plus grand soin. En plus d’être un fait à fort potentiel émotionnel, il doit être suffisamment marquant pour discréditer et décourager tout éventuel opposant et se rapporter aux quelques sujets principaux dont le monde parle.

Prenons l’exemple d’une photo d’un petit migrant mort sur la plage. La charge émotionnelle que comporte ce type de produit est suffisante pour attendrir 80% de la population mondiale, faire passer les sentiments et le ressenti au-dessus de toute analyse rationnelle et faire avancer d’un grand pas la cause, en l’occurrence celle de l’immigration à outrance. De plus, les 20% restants, qui ont su raison garder sur le sujet politique sous-jacent sont considérés comme des monstres sans cœur, indignes d’être écoutés. Ces produits que l’on peut appeler produits de désinformation représentent 40% des parts de marché de cette usine et les clients en sont de plus en plus friands, le marché est donc en pleine expansion.

Perdu dans ses pensées moroses engendrées par l’observation de cette production de masse, notre reporter qui, j’ai oublié de vous le dire, est assez bronzé étant donné ses origines, faillit se faire repérer par un vigile, un grand blond aux yeux bleus avec une matraque et un chien. Il m’a confié un peu plus tard avoir vu sa vie défiler à ce moment-là : il se voyait déjà transformé en produit à valeur émotionnelle du type « un jeune issu de l’immigration en situation de détresse est tabassé à mort par un militant d’extrême droite » mais il réussit à passer in extremis par une porte dérobée et se trouva alors dans un tout autre atelier qui lui fit immédiatement penser à un Scrabble géant.

Quel peut bien être le produit fabriqué dans un tel atelier ? Notre ami a préféré garder secrète cette information pour le moment. Mais je ne suis pas inquiet sur le fait qu’il finisse par nous la révéler bientôt.

 

Antoine

 

 

Son épaule

Cette méditation s’adresse plus particulièrement aux épouses et aux fiancées, comme une louange….

 Lorsque Dieu a mis sur notre route celui qui est (ou sera bientôt) le compagnon de nos jours, il nous a donné une épaule sur laquelle nous appuyer pour nous conduire. Si l’homme a besoin de notre délicatesse pour tempérer et affiner la perception des êtres et des choses, la force de la décision lui appartient, et il faut y voir la volonté divine.

C’est aussi pour cela que dans l’ordre spirituel, les monastères de femmes sont (ou étaient) placés près de ceux des hommes.

Il importe donc, lorsque la rudesse ou l’impatience le gagne, que nous n’oublions pas son rôle et sa force, laissant passer l’orage avec patience, continuant d’admirer, plutôt que maugréer, celui qui nous protège de… son épaule.

 

Cette épaule, le Père l’a voulue, en saint Joseph, pour veiller sur la Sainte Famille. Que serait-elle devenue dans ses épreuves, sans son calme et son efficacité ?

Obéissant à la volonté divine avec le bon sens de l’artisan, responsable, les pieds sur terre, il fut celui qui guida Jésus et Marie dans le désert, les nourrit et les protégea.

La sainte Vierge devait être toute confiante en ses décisions et louer le Seigneur de cet homme juste, simple, et bon, qui lui avait été donné.

Il importe donc comme elle, que nous sachions louer notre époux, et aussi devant nos enfants, à cause de son épaule.

 

Aussi ne remettons pas en cause les décisions prises, ne les critiquons pas, comme trop souvent notre esprit féminin y est enclin.

Ne soyons pas une épouse capricieuse voulant faire sa propre volonté, trop sujette au changement de nos humeurs et à notre grande sensibilité, qui sait si bien faire passer ce qu’elle veut…

Avoir une épaule sur laquelle s’appuyer, veut dire aussi la respecter, la faire respecter, et s’y soumettre, surtout si cela coûte un peu car nous aurions tant voulu faire à notre guise…

Un jour, peut-être, certaines verront leur époux s’agenouiller à leur côté, pour un fiat douloureux devant l’épreuve inattendue, réciter le Notre Père et prononcer fortement les mots « Que votre volonté soit faite ».

Louons alors toute la grandeur de son épaule.

 

S’il nous semble, parfois, que sa force le quitte, sous une épreuve ou un souci professionnel, sachons rester présente, mais discrète et prions pour lui, en essayant de lui faire plaisir et de ne pas le contrarier davantage.

Aussi fort soit-il, il reste un homme avec ses faiblesses, ses défauts et ses limites.

Alors à notre tour, soyons la petite épaule dont il a besoin à ce moment-là, sans le brusquer, pour lui redonner courage, et puisons dans les grâces du mariage afin de soutenir son épaule.

Les mois et les années passent avec leurs joies et leurs croix. Peut-être aurons-nous physiquement à le soutenir, à l’entourer de nos soins. N’oublions jamais alors, qu’il reste le socle du foyer. La sagesse de l’âge, malgré les diminutions, n’amoindrit pas le respect et la richesse de celui qui a toujours une épaule à nous offrir, comme aux générations futures.

Rendons toujours grâce à Dieu pour cette épaule qu’Il nous a donnée.

 A mon mari depuis 30 ans

Jeanne de Thuringe

 

 

 

 

Le père de famille

 Chère Bertille,

            Un grand merci pour ta dernière lettre et les nouvelles que tu me donnes ! Tu me dis avoir eu des conversations intéressantes avec ta responsable, tu m’expliques qu’elle est mariée et a deux enfants. La manière de vivre de cette famille fait écho à d’autres situations que tu connais et tu t’interroges sur le rôle du père de famille et comment l’épouse peut l’aider dans sa tâche.

   Il est vrai que, de plus en plus, nous sommes entourés de familles où l’homme et la femme vivent comme s’ils étaient égaux : chacun a son travail, sa voiture, ses collègues, son activité sportive ; ils partagent les tâches : le soin des enfants, les courses, les déplacements pour les enfants, la cuisine. Cela apparaît plus comme la somme de deux vies égoïstes. On se demande alors ce qui peut bien faire l’unité de la famille. Eh bien, ma chère Bertille, dans un foyer catholique, c’est le père de famille qui fait l’unité. Il donne un cadre, il indique le but à suivre, il est garant et protecteur de sa famille.

   Le père de famille donne le cadre. En effet, la famille est composée de plusieurs individus qui composent une petite société. Pour que cette dernière fonctionne il faut qu’il y ait un ordre, une hiérarchie, que chacun soit soumis à une seule autorité que le Bon Dieu a confiée au père de famille. C’est ce que nous dit Pie XII dans l’une de ses allocutions aux nouveaux époux : « Maris, vous avez été investis de l’autorité. Dans votre foyer, chacun de vous est le chef, avec toutes les obligations et les responsabilités que ce titre comporte. N’hésitez donc pas à exercer cette autorité ; ne vous soustrayez pas à ces devoirs, ne fuyez pas ces responsabilités. Que l’indolence, la négligence, l’égoïsme et les passe-temps ne vous fassent pas abandonner le gouvernail du navire familial confié à vos mains1.» Et nous, femmes, nous devons en être conscientes, pour laisser à notre mari toute sa place de chef. Cela ne veut pas dire que nous lui sommes inférieures. Nous retrouvons dans cette organisation de la famille la grande Sagesse du Bon Dieu. L’homme et la femme ont été créés de manière à ce qu’ils soient complémentaires : « Dieu a donné à la femme des vertus particulières qui la rendent apte à l’œuvre grandiose de la maternité. Ce sont la délicatesse, la persévérance, l’endurance dans la douleur, le don de soi, une intuition particulière pour deviner la souffrance des plus faibles et une ardente compassion pour la soulager. Mais cette sensibilité très fine risque fort, si elle n’est pas canalisée, de prendre le pas sur la raison […]. Comment se prévenir contre des débordements si naturels sinon, comme l’homme lui-même d’ailleurs, par une conduite ferme, et donc par l’autorité de son mari ? Et la femme est bien à plaindre si celui-ci ne remplit pas sa mission à ses côtés, ou si elle-même s’y soustrait2. »

   Le père de famille indique le but à atteindre, c’est-à-dire le Ciel. Il doit conduire sa famille vers le Bon Dieu. Voici ce que dit le Père Jean-Dominique : « Le père de famille n’est qu’un représentant de Dieu et doit donc user de son autorité au nom, et seulement au nom de Dieu3. » « …parce qu’elle nous est donnée par Jésus-Christ, cette suprême autorité que le père a dans sa famille même, afin de la conduire à la fin pour laquelle Dieu l’a établie. Le nom de père ne convient qu’à Dieu, et Dieu l’a en quelque sorte donné aux mortels pour montrer non seulement le respect dans lequel le père doit être tenu, mais l’autorité suprême qu’il doit exercer dans la famille elle-même4. »

           L’épouse a ici une place très importante et belle, comme nous l’explique le pape Pie XII : « Et vous, épouses, élevez vos cœurs ! Ne vous contentez pas d’accepter et presque subir l’autorité de votre époux, à qui Dieu vous a soumises par les dispositions de la nature et de la grâce. Dans votre sincère soumission, vous devez aimer l’autorité de votre mari, l’aimer avec l’amour respectueux que vous portez à l’autorité même de Notre Seigneur, de qui descend tout pouvoir de chef. […]. Nombre de voix autour de vous vous la représentent, cette sujétion, comme quelque chose d’injuste ; elles vous suggèreront une indépendance plus fière, vous répèteront que vous êtes, en toutes choses, les égales de vos maris et que, sous bien des aspects, vous leur êtes supérieures. Prenez garde à ces paroles de serpent, de tentations, de mensonges, ne devenez pas d’autres Eve, ne vous détournez pas du seul chemin qui puisse vous conduire, même dès ici-bas, au vrai bonheur5.» Le père de famille, aidé de son épouse pourra conduire sa famille à la sainteté en éduquant la volonté de ses enfants et en montrant l’exemple. Il ne doit être inconditionnel que de Dieu.

  Le père est garant et protecteur de sa famille. « Par ailleurs, un aspect de cette autorité revêt de nos jours une particulière importance, c’est le devoir qui incombe au mari de protéger sa femme et ses enfants. Car il est vrai également en ce sens qu’il doit user d’une grande vigilance et d’une force parfois farouche pour éloigner du foyer et des âmes à lui confiées les assauts du démon et du monde. […] Ceci est tellement vrai que Notre Seigneur prend le chef de famille comme modèle pour mettre en garde ses disciples contre l’insouciance : « Sachez le bien, si le père de famille savait à quelle heure le voleur doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison.» Or le voleur le plus dangereux est bien celui des âmes6. »

  Voilà, ma chère Bertille, comment doit être une famille catholique pour être bien unie. Et c’est seulement ainsi qu’elle pourra tendre à la sainteté car elle correspondra au plan divin, chacun y ayant sa place et remplissant de tout son cœur la mission que le Bon Dieu lui a donnée.

 

Anne

1  Pie XII DISCOURS AUX JEUNES ÉPOUX – 10 septembre 1941

2 Père Jean-Dominique, Le père de famille. p.34

3 Père Jean-Dominique, Le père de famille. p.32

4 Saint Pie X Lamento ne piu – 27 octobre 1907

5 Pie XII DISCOURS AUX JEUNES ÉPOUX – 10 septembre 1941

6 Père Jean-Dominique, Le père de famille. p.48-49

 

 

 

Tintin au pays des soviets

           T’évader, profiter, déconnecter, te ressourcer, penser à ton bien être, voilà certainement le programme de tes vacances, ou du moins le programme qu’ont établi pour toi les agences de voyage, centres de vacances et autres médias vacanciers qui ne nous laissent d’ailleurs jamais vraiment en vacances. En effet, dès ton retour à la vie active, le conditionnement de la rentrée reprend son cours, il te faut, maintenant que tu t’es pleinement ressourcé, combattre les inégalités sociales, protéger l’environnement, respecter les mesures de distanciation, mettre ton masque et surtout penser comme tout le monde pour être certain d’aller tous ensemble vers une société plus juste, et pour cela plus « inclusive » et plus égalitaire.

  Les lendemains chantent toujours autant, mais le présent de moins en moins. Un siècle a passé depuis la révolution soviétique, les formes ont changé, se sont faites tour à tour plus violentes puis plus insidieuses, mais la méthode et le but restent toujours le même. Etablir un monde sans Dieu par la Révolution, qui est fondamentalement l’Inversion, faire passer le Bien pour mal et le Mal pour bien. Le tout savamment mélangé pour y perdre même les plus clairvoyants.

  Nous essayerons progressivement dans les numéros à venir de découvrir et d’analyser ensemble cette méthode dans le but, non pas de s’apitoyer et de baisser les bras, mais d’être conscient des pièges qui nous sont tendus pour pouvoir y résister à notre mesure et surtout tenter de transmettre intact l’héritage que nous avons reçu. Pour cela, nous avons envoyé notre reporter au pays des Soviets et je vais vous livrer ses découvertes en exclusivité.

 

  Peu après la frontière de ce pays si merveilleux à en croire les guides touristiques, son attention a été retenue par de grands bâtiments sur lesquels était inscrit en rouge le titre suivant « USINE DE LA SOCIETE MODERNE » en dessous, en petites lettres vertes, était pompeusement écrit : « Ici nous fabriquons un Monde Meilleur ». Interloqué il voulut en savoir plus ! C’est là qu’il s’aperçut, après quelques recherches, que ces bâtiments, qui servaient à la fois de fondation et d’abri à cette usine, n’étaient pas très récents puisqu’ils dataient du Péché des anges, du Non Serviam, la révolte du Mal contre le bien, et je ne vous cache pas qu’il m’a confié que cette construction était plus que décrépie, les murs se lézardant en de nombreux endroits et des inscriptions nauséabondes datant pour certaines de plusieurs siècles recouvrant les briques un peu partout. Je lui dis d’abandonner ses recherches car cela ne me paraissait pas être l’avenir, mais il m’apprit alors que les méthodes développées à l’intérieur étaient directement inspirées du « Lean Manufacturing » le plus moderne et même de l’Industrie 4.0 permettant une efficacité industrielle jamais atteinte jusqu’à ce jour !

           Notre reporter a donc commencé son enquête en observant discrètement les camions de matières premières à l’entrée de l’usine. Il fut très surpris de trouver deux types de matériaux, certains étaient naturels : l’épuisement des ressources, le réchauffement climatique (celui-ci arrivait en très grosse quantité) et d’autres étaient des matières chimiques déjà transformées ; il réussit à distinguer un peu de coronavirus, une nouvelle matière en pleine expansion, et d’autres traditionnellement utilisées comme les guerres au Moyen-Orient, l’immigration, les inégalités…

  Que peut-on bien fabriquer avec tout cela ?

  C’est ce qu’allait découvrir notre enquêteur quand une bouffée d’une odeur particulièrement nauséabonde lui fit prendre la fuite et lui donner envie subitement de « se ressourcer », ce qu’il fit en jetant un regard vers le soleil qui se couchait à l’horizon.

   Je le mis alors en garde d’aller plus loin dans son enquête car je craignais que cela ne le plonge en un découragement total et dans une crainte paralysante. Il me confia après réflexion que malgré cette odeur, il souhaitait retourner inspecter cette usine de plus près, et que, quel que soit ce qu’il y trouvait, fût-ce le plus grand mal, cela ne pourrait jamais lui ôter sa capacité de contempler la beauté que le Bon Dieu avait mis dans le monde et qui lui permettait d’espérer et de se rapprocher de lui. A cette condition, je le laissais donc repartir en voyage. Il n’est pas encore rentré, mais j’espère bien pouvoir vous livrer la suite de ses découvertes au prochain numéro.

 

Antoine

 

 

Force et patience dans les petites choses

 Bien chère Bertille,

 Ça y est la rentrée approche à grands pas, et j’ai senti dans ta dernière lettre une certaine lassitude, et un peu de découragement à l’idée de reprendre les études.

 Je voudrais donc t’encourager à la patience, à la persévérance, à la pratique de la vertu de Force. La jeune fille chrétienne en a bien besoin. Le monde extérieur attire avec ses plaisirs, ses réjouissances, ses facilités. Il sait susciter nos sens, pour nous détourner de cette intériorité qui nous rapproche de Dieu. Mais tu le sais tout ce qui s’acquière facilement ne procure pas une joie durable. La vie chrétienne est un combat. Certains auteurs parlent du combat spirituel. Il y a une part de lutte et une part de défense. Soit tu attaques les puissances extérieures, soit tu essaies de ne pas te laisser vaincre par elles. Les deux font partie de la vie chrétienne. Mais il peut être bon, parfois, de commencer par se fortifier avant de se lancer dans la bataille.

 

  Une âme munie de la vertu de Force supporte ou « enjoint à la sensibilité d’endurer les peines de la vie ». Elle doit se caractériser par la fermeté sereine et par son calme imperturbable. Tu as des convictions que tes parents t’ont transmises. La vertu de Force va t’aider à les mettre en pratique. Par exemple, tenir en toutes circonstances la modestie dans le vêtement, malgré les réflexions que l’on peut te faire à la Fac. Ne pas avoir peur de montrer ou de dire que tu es chrétienne parce que tu ne manges pas de viande le vendredi. Refuser une soirée avec des personnes de ta promo, car tu sais qu’elle va se terminer en débauche. Je pense que tu as de multiples exemples en tête à mettre en pratique pour affirmer tes convictions de jeune fille chrétienne. Au fur et à mesure que tu poseras les actes, la vertu de Force va grandir en toi et viendra le moment où partir à la bataille ne te fera plus peur. Ton âme se sera fortifiée dans la répétition persévérante des petites choses.

 Comme on ne corrige pas un enfant en cinq minutes, de même il faut être patient avec soi-même. « La patience est la gardienne de toutes les vertus » dit saint Grégoire. Saint Jacques ajoute même « qu’elle achève la perfection ». La vertu de patience qui est une vertu annexe à celle de la Force, accompagne souvent les plus grandes vertus et se fait souvent le signe tangible de leur vitalité. « Savoir attendre sans fièvre le bien auquel on aspire n’exige pas un moindre effort que d’endurer le mal dont on est frappé1 ». La patience n’est pas que dans l’épreuve ou la souffrance. Elle peut être aussi dans l’attente d’un bien.

La vie de la femme est faite de beaucoup d’attente : attente de sa vocation. Dans le mariage, attente durant 9 mois de l’enfant, attente de son mari le soir, attente auprès de l’enfant malade, attente de l’enfant qui rentre de pension… La femme doit donc savoir faire preuve de patience, une patience purificatrice, sainte, afin que ces attentes soient riches et fructueuses en grâces pour elles et ceux qui l’entourent.

 

Ma chère Bertille, je t’invite à t’exercer à cette belle vertu de la patience, si nécessaire pour toute ta vie. Va puiser au pied de l’autel, au Sacrifice de la Croix à la Messe, les forces pour pratiquer cette belle vertu. Seul Notre-Seigneur, qui a été doux comme un agneau, pourra te combler de grâces. Répétons chaque jour cet exercice de patience dans les petites actions, afin que le moment venu, elle te soit facile à pratiquer. Sois assurée de mes plus vifs encouragements.

 A très bientôt,    

Anne

1 P. Sineux, Initiation à la théologie de Saint Thomas d’Aquin