Chère Bertille,
Après une journée particulièrement fatigante, je cours attraper le bus, m’engouffre à l’intérieur et me jette sur la première place libre. La chaleur du bus m’envahit doucement, je ferme les yeux et me laisse aller à une douce somnolence, pensant vaguement à la soirée tranquille qui m’attend. Un bruit me sort de ma demi-conscience, j’ouvre les yeux ; le bus est bondé. Mon regard se pose machinalement sur une vielle dame, toute petite, toute fripée, un vrai santon de Provence perdu dans Paris. Elle porte un grand sac bien lourd et se tient debout avec peine.
Te l’avouerais-je ? Mon premier réflexe est de refermer les yeux afin de continuer mon rêve et ainsi de me laisser aller égoïstement à mon confort. Des pensées rapides comme l’éclair m’assaillent : « Cette dame n’a pas vu que tu as ouvert les yeux, tu peux donc les refermer bien tranquillement ; personne ne te reprochera quelque chose. Après tout, tu ne l’as pas vue cette dame ! Et puis, n’étais-tu pas là avant elle ? N’es-tu pas éreintée après une lourde journée? Tu es fatiguée, reste donc assise. Et puis, d’ailleurs, pourquoi serait-ce toi qui devrais bouger ? Il y a bien d’autres gens qui pourraient lui céder leur place… ». Continuer la lecture de « Les mathématiques prises en défaut! »