Le dépôt confié

Saint Joseph, après Jésus et après Marie, est, du monde entier, l’âme la plus pure et le cœur le plus humble. Aussi le Père et l’Esprit-Saint l’ont-ils choisi comme gardien de l’admirable et unique pureté de Jésus et de Marie. En Egypte, comme à Nazareth, Joseph, le fidèle serviteur a veillé sur le dépôt confié. Puissions-nous veiller avec autant de soin sur toutes les âmes que le Seigneur remet à notre loyauté ! Car pour nous aussi, elles sont un précieux dépôt confié. Quelle faiblesse, si, par négligence, nous le laissions voler ! Quel crime, si nous-mêmes, en une heure de passion ou de faiblesse, nous le dérobions au Seigneur ! Jusque dans l’éternité, sa voix, terrible et douloureuse, retentirait alors dans notre conscience : Rends-moi compte du dépôt que je t’avais confié ! N’as-tu pas laissé ternir par le feu ou la boue l’orient de ce cœur qui ne t’appartenait pas ? As-tu veillé ? As-tu prié ? L’âme de votre enfant est plus précieuse qu’un diamant et c’est Dieu qui vous en demandera compte !

 

R.P. de la Chevasnerie – Le fidèle serviteur

 

Trouver la joie

Occuper son esprit de ce qui porte la joie dans le cœur, ce n’est pas sans doute ce qui flatte la sensualité, la vanité ou l’ambition ; les réflexions sur ces objets ne pourraient qu’exciter des désirs et des désirs toujours inquiétants, tout au plus fournir des ressources à l’intrigue, et l’intrigue ne produit rien moins que la joie ; mais plutôt les craintes, les défiances et les troubles. Tout ce qui flatte les passions vous dégrade ; votre âme, naturellement droite et née avec les sentiments de sa dignité, ne peut jamais trouver sa véritable joie dans ce qui fait sa honte. (…)

Non, une âme tiède et lâche ne possèdera jamais cette joie qui est une manne cachée, réservée à ceux qui ont dompté les passions et surmonté la mollesse. (…)

Comment sans cet amour de Dieu, pourrait-on goûter quelque joie ? Joie superficielle, joie momentanée, joie perfide, qui, en nous mettant dans une espèce d’ivresse, nous fait courir en riant vers l’abîme où nous allons nous précipiter. Le cœur de ceux qui cherchent véritablement le Seigneur, sera toujours dans la joie ; et un cœur parfait possèdera toujours devant lui la joie parfaite.

 

Père de Lombez – Traité de la joie

 

Un seul amour

 

L’âme qui a la parfaite simplicité n’a qu’un amour qui est pour Dieu ; et en cet amour elle n’a qu’une seule prétention, qui est celle de reposer sur la poitrine du Père céleste, et là, comme un enfant, faire sa demeure, laissant entièrement tout le soin de soi-même à son bon Père, sans que jamais plus elle se mette en peine de rien, sinon de se tenir en cette sainte confiance.

 

Saint François de Sales

 

L’oraison – Le silence – La prière – Prier sans relâche

L’oraison

L’oraison est une école où l’âme apprend des choses que ni les livres ni les hommes ne savent dire ; […] c’est le port où elle se réfugie pour échapper aux tempêtes ; c’est la tour où elle monte pour embrasser l’horizon et juger de toutes choses sur le plan de l’éternité ; c’est la table où elle refait ses forces ; c’est le rendez-vous où l’attend Celui qu’elle désire et qu’elle aime ; c’est sa sauvegarde pour atteindre la vie éternelle. L’oraison est à la vie chrétienne ce que la racine est à l’arbre. […] De même l’âme tire de Dieu, par l’oraison, la grâce dont elle a besoin pour croître dans la vertu, résister aux tentations, accomplir les bonnes œuvres. Coupez la racine, et l’arbre meurt. Ôtez l’oraison, il n’y a plus de vie religieuse, mais seulement des gestes extérieurs et de vaines apparences, que n’anime aucun zèle véritable, aucune charité, aucun désir de plaire à Dieu.           

Dom J. de Monléon

Le silence

Le silence… c’est le plus grand plaisir,

le chant le plus parfait, la plus haute prière…

Silence, ami profond qu’on écoute se taire…

Arrêt des boniments. Trêve des éloquences.

Evasion d’entre les paroles. Vacances.

Délassement délicieux. Cerveau guéri

de tous les coups dont il était endolori

par tous les bruits que font les gens qu’on rencontre,

et qui ne cessent de parler pour ou contre… »

Edmond Rostand

La prière

Vous viserez donc à conserver votre foi en faisant acte. Il faut pour cela vous tenir au contact de votre Dieu par un esprit de prière et un esprit sacramentel qui le complète. […] Prière du matin, prière du soir : deux bornes milliaires pour la route accidentée de la vie. Prière d’élan au départ ; prière de repli, de contrôle, d’apaisement et de reprise éventuelle au moment de l’étape.

Ce monde est comme un voile tendu sur l’autre monde : la prière écarte le voile. Ce monde est comme une île loin des rives éternelles : la prière jette le pont. Tandis que le troupeau humain trotte sur la route poudreuse, ne regardant rien au-delà de son nuage lourd […], et le ruban de la route à deux pas, et l’herbe, l’homme de prière respire l’air des hauteurs ; il regarde vers l’horizon ; il songe aux buts derniers où l’action trouve sa raison d’être […], uni au Christ qui nous relie en la sainte société du divin, il rend ses devoirs et attend les divines réponses.

A.D. Sertillanges « Jeunes de France »

Prier sans relâche

L’âme qui a sans cesse en vue la gloire de Dieu et l’honneur de son nom ; qui, dans tout ce qu’elle fait, s’attache à lui plaire ; qui s’efforce d’aimer ce qu’Il aime et de détester ce qu’Il déteste, celle-là accomplit sans aucun doute le précepte de Notre-Seigneur et prie sans relâche.

             Dom J. de Monléon

 

Le pardon vu par les saints

Même si votre prochain commet un acte que vous réprouvez, ne le jugez pas, cherchez-lui une excuse. Pardonnez-lui au moins l’intention si l’acte vous paraît inexcusable.

Saint Bernard

 

Mon Seigneur Jésus, faites-moi la grâce de partager vos humiliations, vos abaissements, avec amour et bonheur. Moi, je les mérite ; vous les avez soufferts sans les mériter, et dans quel excès pour l’amour de moi !

Charles de Foucauld

 

C’est la chose la plus révoltante du monde que, quand Dieu, notre Créateur, souffre tant d’injures de la part de ses créatures au-dedans de lui-même, nous soyons nous-mêmes sensibles parfois à une parole dite en notre absence, et peut-être sans mauvaise intention.

C’est vraiment une grande humilité de se taire, lorsqu’on se voit condamné sans motif ; car on marche bien alors sur les traces de Notre-Seigneur.

Vous cherchez, dites-vous, à vous unir étroitement à Dieu ; vous désirez suivre les conseils du Christ qui a été chargé d’injures et faux témoignages, et vous voulez ne souffrir aucune atteinte dans votre honneur ou votre réputation ! Vous n’arriverez pas à vous rencontrer, car les chemins sont différents.

Sainte Thérèse d’Avila