Vacances et vie de famille

Les vacances!… Des semaines, des mois à l’avance, on en rêve…On les prépare, on forme des projets : voyage, promenades, activités diverses que l’on ne peut faire pendant le reste de l’année. C’est le temps d’une détente bien nécessaire, après l’effort de tous ces mois de travail. On goûte un sentiment de liberté : plus de contraintes pour les conduites de classe, ni d’horaires. En contrepartie, on a la charge des enfants toute la journée : il nous revient alors de diriger nous-mêmes l’ensemble de leurs activités.

Les plus petits sont tout heureux de pouvoir, simplement, s’amuser  dans le jardin. Mais au fur et à mesure qu’ils grandiront, ils auront besoin d’activités plus structurées, (camp de louveteaux, scouts ou de la  Croisade Eucharistique…), ou, plus performantes (camps de cadres, universités d’été, randonnées en montagne, voile, musées, séjours linguistiques…).

Dans tous les cas, l’aspect primordial de cette période est incontestablement la possibilité de se retrouver tous ensemble en  famille, parents et enfants, pendant une partie au moins de ce temps de vacances  et de « vivre en famille », tout simplement. Ce peut être un temps d’enrichissement  pour tous et pour chacun : les enfants sont heureux de retrouver leur père, et de sentir la cohésion d’une famille unie : ils en ont un réel besoin ! Cela va du château de sable jusqu’à l’escalade en montagne en passant par les promenades en  vélo, l’observation des fleurs ou des insectes sur le chemin, une crapette ou une partie d’échec…ces activités vécues « avec Papa » ont pour l’enfant- et à tous les âges- une saveur infiniment précieuse, inoubliable.  Pour les  parents, c’est l’occasion d’un contact avec chacun des enfants, sous un jour différent du reste de  l’année.  Ces  moments sont précieux pour nous aider à mieux les connaître…

Attention à la facilité…

L’un des plus gros «  dangers »  des vacances est la facilité engendrée par l’ambiance même des vacances. Ce qui risque d’entraîner un relâchement par rapport aux habitudes du reste de  l’année : par exemple, l’heure du coucher…et du lever, le désordre, le manque de service rendu…on néglige la bonne habitude du chapelet en famille ou même la confession régulière… Soyons bien vigilants à ne pas tomber dans le piège de « tout mettre en vacances », pour nos enfants comme pour nous !

Cette même facilité peut se faire sentir aussi au niveau de l’esprit de consommation : il est si tentant d’offrir à nos enfants une glace, une barbe – à papa, ou encore un tour de manège, chaque fois que l’occasion se présente… Une fois ou deux dans l’été suffisent. Si cela reste exceptionnel, alors les enfants en garderont des souvenirs enchantés.

« L’esprit de pauvreté » est une vertu évangélique, ne l’oublions pas. Déjà, et souvent bien malgré nous, nos enfants baignent dans une société de consommation outrancière : ce n’est sûrement pas cela qui les rendra heureux… mais fortifions-les en leur apprenant à dépasser ces envies d’un moment par une bonne discipline personnelle et familiale.

« Aimez-vous les uns les autres »…

La « vie facile » engendre spontanément l’individualisme, l’égoïsme : chacun cherche      son      propre      avantage.  Les « contraintes » de la vie en commun n’en paraissent alors que plus dérangeantes. Une telle attitude va directement à l’encontre de l’esprit de charité. Que pouvons-nous donc faire, au cours des vacances, pour éveiller et développer, chez nos enfants, l’ouverture du cœur, l’attention aux autres ?

  • Décorer la table pour un repas, soigner la présentation des ..
  • Préparer un petit spectacle tous ensemble pour le 15 août
  • Visiter une personne seule, âgée ou malade
  • Rendre service : oui, mais « avec le sourire ». C’est cela qui fait plaisir. En évitant que ce soit toujours les mêmes qui se lèvent de table ou se retrouvent derrière l’évier… Dans certaines familles on dit que tant que les mamans ne sont pas assises, c’est qu’il y a des choses à faire ! Alors, guettons notre maman avec générosité… !
  • Pour faire réellement plaisir aux autres, il est quelquefois nécessaire de savoir se gêner pour eux : laisser la meilleure place, être poli, renoncer généreusement à sa petite volonté (dans un jeu par exemple). C’est l’apprentissage  du sacrifice, sans lequel il n’y a pas de véritable charité.
  • Vacances actives…

Si nous voulons que les vacances soient réussies, c’est-à-dire « profitables » et bénéfiques pour chacun, il faut non seulement que nos enfants soient sainement occupés, mais que nous sachions où ils sont et ce qu’ils font. Il ne s’agit pas d’être en permanence avec eux, mais il est de notre devoir de savoir ce qu’ils font à tel ou tel moment de la journée. N’hésitons pas, en outre, à « nous investir » dans les activités de nos enfants : partager leurs jeux, vérifier leurs lectures, leurs rencontres, prendre le temps de discuter…etc.

Autres familles…autres éducations

Lorsqu’on se retrouve à plusieurs familles chez les grands-parents, ou encore si nos enfants sont invités dans une famille amie, deux cas peuvent se présenter : ou bien ces familles, momentanément réunies, ont la même façon de penser et d’agir, ou bien il  arrive que nous nous trouvions confrontés au problème d’éducations différentes.

Dans le premier cas, il est excellent pour les enfants de voir que, à quelques nuances près, c’est la même chose chez les autres qu’à la maison : on obéit, on met le couvert, on aide à la vaisselle, on dit la prière, etc. Les réactions sont les mêmes dans les cas de dispute, de mensonge, de rapportage…  Et même si elles sont parfois l’occasion de quelques bonnes frictions de caractère, ces retrouvailles entre cousins, d’année en année, sont le plus souvent très enrichissantes.

Mais cependant – surtout dans les familles nombreuses – on ne peut éliminer le problème des différences. Ces rencontres familiales restent nécessaires pour garder « l’esprit de famille ». Mais dans certaines situations, il sera préférable de prévoir de ne pas trop les prolonger pour éviter soit des  heurts, soit que notre patient travail éducatif ne soit détruit par de fâcheux contre- exemples. Patience et charité devront guider notre attitude.

La prière en famille

Il est évident qu’un bon support mutuel entre familles reste toujours souhaitable sur bien des points de la vie quotidienne dont la prière en famille. Le style de prière est particulier à chaque famille. Comment accorder les habitudes de chacun avec leurs différences ?

  • Dans de nombreuses familles on dit le chapelet tous ensemble
  • On peut réciter la prière de l’une ou l’autre famille à tour de rôle
  • Le choix des intentions de prières est aussi un moyen de rapprocher des sensibilités différentes
  • « L’ami secret » : chacun tire un papier portant le nom d’un membre de la famille ; il prie pour lui en secret pendant toute la journée.

Si l’on change de cadre, si l’organisation matérielle des vacances est souvent synonyme de détente, ce n’est pas pour autant que cette période doive être exempte de quelques règles de base qui se résument  en  ces  mots : « vivre sous le regard  de Dieu ». Ceci ne veut pas dire, bien sûr, rester en prière ou en lévitation toute la journée !…Il s’agit plutôt d’imprégner, en quelque sorte, toutes nos actions de la journée de ce sentiment de la Présence du Bon Dieu, de Son regard continuel  sur nous ; ce qui nous amènera tout naturellement à Lui offrir ce que nous faisons, à le faire bien, à y mettre tout notre amour, notre bonne volonté : « Que vous mangiez, que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour  la gloire de Dieu » ( 1 Cor 10,31)

Ainsi, ne manquons aucune occasion de continuellement faire remonter notre cœur, notre pensée, vers le Seigneur qui nous a tout donné. Ce temps des vacances y est particulièrement favorable.

De retour à la maison, c’est le comportement de nos enfants qui nous indiquera la qualité de leurs vacances… seront-ils grincheux, repliés sur eux- mêmes…ou au contraire plus pieux, plus serviables et souriants ? Et cette année, quels fruits voulons-nous voir mûrir à l’arbre de nos vacances?…

Sophie de Lédinghen

L’éducation du respect

Dans le contexte social actuel, le mot et la pratique du « respect » n’ont pas vraiment bonne presse. Les gestes, les attitudes, le vocabulaire, la tenue…toutes ces  manifestations extérieures de respect n’ont que trop tendance à disparaître pour faire place à l’insolence, la désinvolture, l’arrogance… oui, il est bien certain que l’environnement ne nous facilite pas la tâche et nous pousse même à aller à contre-courant car, dans un souci de véritable éducation catholique, nous avons à lutter contre les mauvais exemples que nos enfants voient à l’extérieur.

Le respect dû à Dieu est la base fondamentale – de là découle ensuite le respect dû aux personnes et aux choses-. Sur lui repose la valeur morale de l’influence que les éducateurs exerceront sur le comportement de l’enfant. C’est dans la mesure où les parents comprendront que l’enfant est un être sacré depuis son baptême, qu’ils le traiteront avec la délicatesse et les précautions qui conviennent aux créatures de Dieu. Ils ne tromperont donc pas sa confiance, et formeront sa conscience en lui apprenant à distinguer le bien du mal sans l’abandonner à ses caprices ou instincts. C’est parce que l’enfant est destiné à  la perfection que nous devons d’abord le respecter.

Ce respect dû à l’enfant ne va pas sans réciprocité, et celui-ci apprendra le respect de lui-même : tenue vestimentaire, effort de bonne tenue et de langage châtié, propreté, rangement… Un enfant qui n’est pas habitué à se respecter lui-même, ni dans son corps, ni dans ses actes, ni dans ses paroles, est un enfant voué d’avance à toutes les déviations et perversions de la nature. C’est surtout en lui rappelant qu’il est une créature de Dieu et en l’habituant à vivre en Sa présence que l’on apprendra à l’enfant le respect de lui-même.

Au respect de soi, l’enfant ajoutera le respect des personnes : ses parents, grands-parents, professeurs, mais aussi frères et sœurs, camarades, s’effacer devant une porte pour laisser passer quelqu’un le premier, aider à porter un panier ou à traverser la rue, laisser sa place dans le métro ou le bus, se lever quand le professeur entre dans la classe … Il respectera en premier lieu les personnes qui sont chargées de son éducation. Les parents exigeront que leur enfant soit toujours respectueux à leur égard. Mais ils l’habitueront aussi à se montrer poli et bienveillant avec tout le monde, riches ou pauvres, savants ou ignorants, vertueux ou pécheurs…Dieu est leur Créateur et Il les aime tous. Par respect du prochain l’enfant ne triche pas aux jeux, respecte le travail de ses camarades, ne prononce pas de paroles blessantes ou injustes.

Parce qu’ils sont créatures de Dieu aussi, l’enfant aura le respect des animaux, mis au service de l’homme. S’il a le droit de les soumettre, voire de les tuer pour sa nourriture ou pour sa défense, il n’a pas celui de le faire par plaisir ou par cruauté. Il en est de même du respect des choses, créations de Dieu ou oeuvres du travail des hommes. L’enfant apprendra à s’en servir sans les détruire ou les abîmer, il ne jettera pas de papiers par terre et respectera la nature, prendra soin de ses vêtements…

Mais tout n’est pas respectable dans la vie, et l’on apprendra à mépriser le mal sous toutes ses formes, en veillant à ne pas confondre le mépris du mal avec le mépris des personnes. C’est là une éducation délicate d’apprendre à respecter les personnes, tout en méprisant le mal qu’elles font !

Savoir se faire respecter fait partie de notre devoir de parents. C’est imposer aux enfants des limites à ne pas dépasser. Ne laissons jamais passer une insolence, un geste agressif, un haussement d’épaules ou des yeux levés au ciel avec un énorme soupir ! Vis-à-vis de qui que ce soit, il faut tout de suite réagir : rectifier et demander des excuses. Deux pièges sont alors à éviter :

  • Soit trop de faiblesse: si on laisse passer une insolence, elle sera vite suivie de beaucoup d’autres, et nous serons vite submergés, dépassés…Il faut tout de suite demander des excuses (tout de suite, pas demain car l’enfant vit dans le présent). La faiblesse des parents dans ce domaine n’est que démission de l’autorité ; cette faiblesse est coupable.
  • Soit trop de dureté : on croit montrer son autorité en criant plus fort que l’enfant…il se taira peut-être, mais la tension est montée : s’il n’a pas demandé pardon et fait la paix avec sincérité, son cœur restera fermé, mal disposé à notre égard…le mal reste et se manifestera de nouveau à la première occasion. Il est capital que l’autorité se fasse respecter. Une autorité qui n’est pas respectée est pratiquement sans influence. Le respect est une sorte de crainte admirative qui prépare et facilite la docilité de l’enfant. Pour faire naître le sentiment du respect, l’autorité ne doit pas encourager des familiarités qui suppriment les distances ; elle doit s’adapter aux besoins de l’enfant sans, pour autant, rien perdre de son « prestige », ce qui n’empêche pas, bien sûr, le rire et la complicité !

Comment voulez-vous que l’enfant respecte la supériorité morale de ses parents si ceux-ci ne pratiquent pas eux-mêmes ce qu’ils exigent de leurs enfants : un père mal rasé avachi dans le canapé, une mère qui arbore une tenue vestimentaire irrespectueuse d’elle-même ou de son entourage, ou qui néglige son devoir d’entretien et d’ordre dans son foyer…Les parents ont bien souvent des attitudes de grands adolescents très « cool », c’est une des maladies actuelles où les générations ne se différencient plus, on se sent soi-disant « plus proches », or cela désoriente profondément les enfants ! Il y a deux générations distinctes qui ont chacune leur place propre dans la famille.

Souvenons-nous que l’on ne respecte que ce que l’on admire, et l’éducateur doit être, une fois encore, irréprochable ! Nos enfants sont nos miroirs, ils se permettront tout ce que nous nous permettons…mais s’interdiront aussi tout ce qu’ils nous voient nous interdire ! Nous restons leurs meilleurs exemples ! Et cet exemple passe inévitablement par nos discours, tout autant que par nos actions, notre aspect extérieur et notre langage.

Demandons bien les grâces dont nous avons besoin pour être respectables nous-mêmes, pour respecter  nos enfants et leur inculquer les valeurs de ce respect. Ainsi aurons-nous la certitude de faire d’eux les adultes que nous voulons qu’ils soient demain…

Sophie de Lédinghen

La colère

L’enfant naît avec son tempérament, son caractère, ses qualités propres…c’est ce que j’appellerais sa « matière première ». Le travail de l’éducation doit passer par là pour pétrir, modeler, façonner jusque dans les détails, lutter contre les défauts et développer ensuite les qualités qui feront de cet enfant un adulte vertueux !

Regardez ce petit Eloi, sa nature est d’être extrêmement colérique : il explose pour un oui ou pour un non…la moindre contrariété le met hors de lui. La scène est alors impressionnante : cela commence par des pleurs, puis des cris en se roulant parfois par terre en se remuant dans tous les sens…il n’hésite pas à frapper son petit frère ou à casser la belle construction qu’il vient de faire, pour « soulager » sa colère. C’est instinctif pour lui !

Si les parents d’Eloi cèdent à ses colères et font ce qu’il désire, ils les renforceront et l’encourageront à hurler davantage pour imposer ses caprices. Si par ailleurs ils perdent leur calme et se mettent eux-mêmes en colère, ils renforceront celle de l’enfant. Dès lors il saura qu’il peut obtenir d’eux ce qu’il veut, n’importe quand, avec une bonne colère.

N’essayez pas de raisonner un enfant en rage ou de l’en distraire avec des paroles. Il n’est plus alors qu’une tempête d’émotions et n’est pas en état d’écouter votre discours raisonnable. Surtout, n’essayez pas de faire passer sa fureur en le menaçant d’une fessée « Tais-toi, ou bientôt tu sauras pourquoi tu pleures ! », ce qui revient à vouloir éteindre un feu avec de l’essence…

Alors, que faire quand votre enfant de deux ans et demi fait une grosse colère ? Comment lui faire comprendre que cela ne sert à rien ? Chaque parent doit trouver le moyen de le calmer et de l’aider à maîtriser sa nature explosive. Certains sauront rester sans rien dire et attendre que la crise se calme d’elle-même ; d’autres diront fermement « Va dans ta chambre, je viendrai te voir dès que tu seras calmé. »

 Dans ces cas-là, la maman d’Eloi le prend calmement par la main, sans lui parler, et le conduit dans la salle de bain où elle lui passe un gant d’eau fraîche sur la figure tout en lui parlant fermement mais paisiblement : « Tu sais comme c’est mal de te mettre en colère. Tu dois être plus fort que ta colère et lui dire de se taire ! Quand il y a quelque chose qui ne va pas, tu viens me voir pour que nous voyons cela ensemble : si tu n’arrives pas à faire ta construction, je peux t’aider ! Si ton petit frère casse ton jeu et que tu ne peux l’empêcher, tu viens me chercher…mais, surtout, tu ne laisses pas venir ces vilaines colères !» Après avoir demandé pardon à sa maman, le petit bonhomme l’embrasse et retourne jouer tout apaisé.

Cette fois, Eloi est allé plus loin dans sa colère…il a envoyé son gros camion dans la vitre de la chambre qui a volé en éclats ! Le choc a instantanément calmé le petit garçon qui s’est rendu compte de la gravité de son geste. Maman arrive un peu inquiète de savoir si l’enfant s’est blessé et, soulagée, le prend calmement par la main pour qu’il l’écoute en la regardant : «  Je suis vraiment triste de ce que tu viens de faire par colère ! »

Le petit garçon refreine un peu ses sanglots mais se justifie avec énervement. « Viens prendre un verre d’eau dans la cuisine. Crois-tu vraiment que ce qui te contrariait était si grave qu’il fallait casser la vitre ? Tu es bien ridicule de te laisser aller ainsi pour si peu ! » Petit à petit l’enfant se calme et sa maman l’emmène devant le crucifix : «  Nous allons dire une petite prière pour demander pardon à Jésus si triste de te voir en colère, et nous réciterons un Je vous salue Marie pour demander à la Sainte Vierge de t’aider à être bien fort pour t’aider à résister à ce gros défaut. Tu sais, la colère t’entraine vers le mal, et j’ai de la peine de voir que mon petit garçon n’y résiste pas. » Après cette petite prière maman regarde encore Eloi et lui dit : «  Tu comprends que tu as fait une bêtise en cassant la vitre et qu’il est normal que tu sois puni. Ce soir tu seras privé de dessert. Maintenant demande-moi pardon et fais-moi un gros baiser ! »

Peu à peu Eloi arrivera à maîtriser cette colère : elle sera de moins en moins forte, puis moins fréquente, il arrivera à prendre du recul et à se dire que ce qui le contrarie « n’est pas si grave ! », il arrivera à se réjouir d’avoir gagné ces petits combats et même à les offrir à Jésus! Imaginez de quoi pourrait être capable, une fois adulte, un enfant auquel on n’aurait pas appris à réprimer cet instinct ? Imaginez-le seulement au volant d’une voiture alors qu’on vient de lui faire une queue de poisson… !

Ajoutons un mot sur les colères faites en public ou au supermarché….

L’éducation commence à la maison ! ! Si l’enfant apprend à lutter contre ses défauts à la maison, à l’extérieur, une simple parole ou un regard entendu devrait suffire à le reprendre. Si ce n’est pas le cas et que commence un caprice, parlez fermement mais gentiment à votre enfant et qu’il sache que la punition « tombera » à la maison ! Il trouvera juste alors de recevoir la fessée méritée.  Si vous menacez sans jamais mettre à exécution…alors vous perdez la main et c’est votre enfant qui prend le pouvoir !

Nous avons parlé ici de la colère, car c’est un défaut très visible que tout le monde connaît, et qu’il est facile de comprendre que c’est en travaillant son contraire (le calme, le recul, la diversion…) que l’on apprendra à la combattre. Il en est à peu près de même pour tous les défauts : la paresse se combat par le courage, l’orgueil par l’humilité, la gourmandise par la tempérance, etc…

L’éducation demande du courage de la part des parents ; des enfants deviennent tyranniques parce que leurs parents sont faibles. Sachez absolument leur dire « non ! ». N’est-ce pas les préparer à leur vie future que de les préparer à l’adversité ?! Certains parents ont trop peur que leurs enfants ne les aiment pas s’ils leur opposent un refus…mais bien au contraire, leur mettre des barrières les rassure ! Bien sûr, certains enfants ont des caractères forts qui les rendent plus résistants…mais s’ils ont de qui tenir, vous devriez très bien y faire face ! Le but est d’en faire des hommes responsables, avec une conscience droite qui les entraîne sur le chemin du Salut.

Alors, n’oubliez jamais chers parents, si nous ne sommes pas responsables de la « matière première » de nos enfants, nous sommes totalement responsables de ce que nous en faisons !

Sophie de Lédinghen

Parlons de la mort à nos enfants

Parce que nous aimons nos enfants, nous souhaitons pour eux une vie « réussie ». Mais qu’est-ce que « réussir sa vie » ? Est-ce avoir une bonne santé ? Une bonne situation ? Si ce sont des buts bons en soi, légitimes, ce ne sont que des buts partiels …et qui ne se réalisent pas toujours…Et après ?

Au-delà de ces buts temporaires, il y a pour tout homme UN but, un seul, une destinée finale…la seule qu’il importe de ne pas manquer : LA VIE ÉTERNELLE auprès de Dieu. C’est le seul vrai bonheur, celui pour lequel nous sommes faits. Si tel est le but de toute vie humaine, là est également le vrai et seul but de l’éducation : élever nos enfants pour le Ciel ! Nous sommes faits pour le Ciel : Dieu, notre Père, nous y attend, Jésus nous y a préparé une place, voilà ce que nous devons d’abord dire à nos jeunes enfants. C’est à nous de faire naître en eux ce désir du Ciel. Souvenez-vous de la « petite Thérèse »qui, à trois ans, souhaitait de tout son cœur à sa maman de mourir « pour qu’elle puisse aller au Ciel » !

Ils doivent savoir que nous ne sommes sur cette terre que « de passage », que cette entrée au Ciel n’est pas un dû, elle se mérite…elle peut aussi, hélas se manquer…Nous leur donnerons la notion du péché qui est ce qui peut nous séparer de Dieu. Nous assurerons une bonne formation morale en les corrigeant, sachant qu’il est plus facile d’arracher les petites mauvaises herbes que les grandes aux racines profondes…on ne peut rentrer au Ciel qu’avec une âme parfaitement pure.

Mais pour aller au Ciel il faudra d’abord mourir. Cette idée de la mort répugne instinctivement à notre nature humaine, et c’est normal : Dieu nous a créés pour l’immortalité, la mort n’est qu’une conséquence du péché. Notre vision chrétienne de la mort n’est ni une fin, ni une catastrophe, mais « l’entrée dans la Vie » : c’est ainsi que la voient les Saints, « le jour de notre naissance au Ciel ».

Le bon Dieu nous appellera quand Il le voudra, on ne sait pas quand. C’est pour cela qu’il faut être toujours bien prêt, en état de grâce. Il ne voudra auprès de Lui que ceux qui L’auront aimé et se seront appliqués à ressembler à Son Fils Jésus. Les autres, Il n’en voudra pas :

  • Si nous avons fait le Bien, nous irons avec Lui au Ciel.
  • Si nous avons aimé Jésus juste un peu, sans beaucoup lutter contre nos défauts, nous irons d’abord au Purgatoire, où notre âme va se purifier pour pouvoir entrer ensuite au Ciel.
  • Mais si nous avons refusé d’écouter Jésus, nous ne sommes pas de Ses amis et Il nous rejettera dehors, en Enfer où nous serons malheureux pour toujours.

Les enfants ont un grand sens de la justice. Que les bons soient récompensés, les méchants punis, c’est normal. Il n’y a donc aucune difficulté pour leur en parler.

Présentée de cette manière, nous nous apercevrons que les enfants « absorbent » cette réalité de la mort sans gros problème, passant sans peine du naturel au surnaturel. Ils ont seulement besoin d’affirmations simples et nettes.

Le plus souvent, c’est un événement familial qui nous donnera l’occasion d’en parler de façon plus approfondie. Ils réaliseront que l’âme s’est retirée du corps de la personne qu’ils ont connue et aimée. Ce corps est inerte mais l’âme vit pour toujours dans l’Éternité. Nous devons prier pour qu’elle aille bien vite au Ciel car nous ne savons pas où elle se trouve…

Si l’enfant a déjà toutes ces notions chrétiennes de la mort dont nous venons de parler, il surmontera son chagrin de la perte d’un être cher.

Emmenons nos enfants porter des fleurs au cimetière…faisons-leur remarquer que les Croix qui sont sur les tombes expriment toutes la confiance en Dieu, et l’espérance d’être un jour auprès de Lui. Ils seront réconfortés de nos certitudes et témoins de nos prières pour nos défunts ; ils seront aussi étonnés d’apprendre que ceux-ci ne nous abandonnent pas ; et rassurés de voir que nous avons su dépasser les moments douloureux. Ils veulent entendre que comme la nuit fait place au matin, la mort ouvre la porte à la lumière.

Les adolescents sentent que la solitude est la compagne inséparable de la mort… A nous de leur montrer qu’un chrétien n’est jamais seul. Qu’il est un disciple qui sait se nourrir de la force de l’Eucharistie. Ils seront rassurés d’entendre que lorsque le chrétien aborde la dernière ligne droite de sa vie, l’Eglise l’encourage à recevoir le sacrement des malades. En l’associant au Christ, ce sacrement rompt sa solitude et l’aide dans son dernier combat.

Un autre moyen de familiariser nos enfants avec l’idée de la mort sera de leur parler de saints morts enfants ou encore jeunes : Saint Dominique Savio, Saint Louis de Gonzague, Sainte Agnès ou encore cette petite Anne de Guigné qui n’osait pas dire à sa maman, pour ne pas lui faire de peine, qu’elle avait tant envie de mourir ! Ces exemples seront la meilleure formation pour leur donner envie d’aller au Ciel, eux aussi …

                                                                                              Sophie de Lédinghen

 

Bienheureux les cœurs purs

Dans un monde qui ressemble plus à Sodome et Gomorrhe qu’à Nazareth, nous nous devons d’être très vigilants pour ne pas nous affadir en finissant par trouver normal ce qui ne l’est pas. Il nous faut par tous les moyens et même souvent par de grands sacrifices, nous préserver et aider ceux qui nous sont confiés, à garder un œil pur !

Comment en voyant les publicités quotidiennement, en écoutant les « chansons » actuelles, en voyant tout simplement les gens vivre… comment ne pas (sans adopter la politique de l’autruche en se cachant la tête sous l’aile) se poser des questions déstabilisantes ! La loi divine est-elle trop dure pour certains ? La nature doit-elle être contrainte ?

Seuls ceux qui ont reçu une solide formation familiale, spirituelle peuvent répondre à ces questions. Seuls ceux-ci pourront garder la paix au milieu de cette épreuve et aider ceux qui les entourent à conserver un cœur pur sans accepter l’inacceptable. Prions pour que ceux qui n’ont pas eu cette grâce reçoivent la lumière et que ceux qui l’ont eue sachent résister à toutes ces tentations si faciles.

Pour « tenir bon » quelques conseils sont nécessaires. Selon les situations, ils paraîtront évidents à certains mais seront de véritables efforts pour d’autres. Le combat pour garder la pureté des sens et du cœur est une véritable guerre à mener, il nous faut connaître l’ennemi et prendre les moyens adaptés.

Donnons ici quelques pistes de réflexion …

Le combat des sens :

– Toutes ces publicités, ces « clips » qui nous agressent dans les salles d’attente mais aussi les publicités qui jaillissent « comme un diable du fond de sa boîte[1] » sur nos portables, tablettes et autres objets connectés… ,le comportement sans pudeur de certaines personnes dans les gares ou dans la rue… tout est fait pour banaliser ce que nous voudrions bannir.

– Très tôt apprenons à nos enfants à détourner le regard des publicités agressives. Notre perspicacité attentive nous apprendra à aider celui dont le regard s’y attarde à détourner aussitôt le regard.

– On évitera de s’attarder dans les lieux réputés difficiles ; il faudra même veiller à changer notre itinéraire si une route nous y fait passer quotidiennement.

– On veillera à ce que les lieux choisis pour les vacances soient sains afin que les tenues ne soient pas des motifs de curiosités pour certains tempéraments plus susceptibles d’être blessés.

– L’ouïe est agressée par ces « chansons » qui n’en ont que le nom : « Du latin cantĭo, une chanson est ce qui se chante, c’est-à-dire, tout ce qui produit des sons mélodieux. Il s’agit d’une composition en vers ou faite de telle manière qu’elle puisse être mise en musique[2] ». On remarquera qu’elle se chante et que les sons doivent être mélodieux. On les entend dans tous les magasins, souvent elles incitent à la violence ou à la débauche ; rares sont celles qui ont gardé une fraîcheur digne d’intérêt.

On veillera à donner une éducation musicale aux enfants pour les amener à découvrir les différentes mélodies et leur faire sentir la portée harmonieuse d’une œuvre ou d’une autre en établissant une comparaison entre différents morceaux (il n’est pas besoin de grandes connaissances pour comparer la mélodie de Bach et celle de Stromae…)

– Dans la vie quotidienne, les nouveaux moyens de communication sont l’occasion de relâcher notre vigilance.

Ces « sms » envoyés comme des balles de ping-pong entre jeunes ne sont-ils pas parfois aussi « juste corrects » ? Etes-vous sûrs qu’ils soient toujours convenables ? Posez à vos adolescents ces quelques questions : vous diriez-vous la même chose quand vous vous rencontrez ? Ecririez-vous ces phrases à cet (te) ami(e) si vous deviez lui envoyer une lettre?  Ces messages pourraient-ils tous être lus par  vos parents sans rougir ?

Ces familiarités rendues possibles par la facilité des nouveaux moyens de communication sont autant de moyens de faire tomber facilement vers des pratiques qui, sans être classées comme peccamineuses, sont dangereuses si on veut garder une pureté de cœur intacte. Enseignons donc à nos enfants un « langage sms » correct et adoptons-le nous-mêmes car rien ne vaut l’exemple donné.

– Ces réseaux sociaux qui inquiètent même les psychologues…

On prend conscience du mal-être profond de certains jeunes à la lecture de ces lignes, mais sommes-nous sûrs que nos enfants en sont protégés?

« D’après les retours des utilisateurs de réseaux sociaux entre 14 et 24 ans, Instagram et Snapchat sont les pires applications en matière de bien-être et de santé mentale. En cause : le culte de l’image (souvent retouchée) et l’impression de ne pas bénéficier d’une vie aussi animée que celle d’autrui.

L’étude cite le témoignage de plusieurs sondés, dont l’une qui affirme : «  Instagram amène facilement les filles et les femmes à penser que leurs corps sont loin d’être suffisamment beaux puisque les gens utilisent des filtres et modifient leurs photos pour paraître « parfaits ». » Une autre témoigne ainsi : « Cela a augmenté mon niveau d’anxiété […] Je m’inquiète toujours de savoir ce que les autres pensent de mes publications et de mes photos. [3] »

Certains me diront qu’ils ne les utilisent qu’occasionnellement, mais même dans ce cas ne participe-t-on pas à banaliser dans nos familles des méthodes qui sont porteuses de germes dangereux ?

– Personne n’ignore que tout ce qui est envoyé sur les différentes sortes de « murs » qui existent n’est en rien confidentiel. Est-ce que votre enfant y pense quand il y raconte sa dernière soirée ? Etes-vous vraiment enchantés que toutes vos activités, qu’elles soient familiales, privées et personnelles deviennent publiques ?  Ne nous cachons pas la vue : en moyenne, en 2017, les 13-19 ans passent plus de 15 heures par semaine sur internet et plus de 28 heures sur leur téléphone portable[4]. Ayons conscience que même si nous nous rendons compte que l’impureté de tous ces réseaux est un danger, nous sommes encore très loin d’avoir fait le tour de leur nocivité.

Il est à craindre que l’envahissement impur de la société nous fasse perdre petit à petit tous les repères  et les freins qui retenaient autrefois les plus faibles.

Alors résistons ! Mais non pas en nous durcissant et en nous enfermant dans un bunker ! Non ! Nous avons un rôle à jouer pour témoigner que la pureté est source de joie et de paix.

Et si, nos enfants malgré nous et malgré eux vivent dans ce monde impur, il faut qu’en premier lieu, ils aient reçu l’enseignement adéquat et que chez eux ils soient préservés de toute insanité. Que si ordinateurs et portables entrent chez vous, qu’ils soient bridés pour éviter (au maximum) de recevoir ce qui pollue l’âme. Il n’y a pas d’âge pour être perturbé par des vidéos pernicieuses, il n’y a pas d’état de vie qui ne le permette. Il n’y a pas de films « bons » pour les adultes s’ils sont à proscrire pour les enfants. N’hésitez pas à demander aux prêtres, confesseurs, ce qu’ils en pensent. Ils savent plus que quiconque le dégât que cela engendre sur les âmes.

La Rome de Néron n’était pas bien pire que la société d’aujourd’hui et les jeunes chrétiens n’étaient pas non plus protégés mais Saint Paul ordonnait pourtant : « Que la fornication, et toute impureté, ou l’avarice ne soient pas même nommées parmi vous, comme il convient à des saints; non plus que ce qui est déshonnête, les propos insensés, les paroles bouffonnes, toutes choses qui sont malséantes; qu’on entende plutôt des actions de grâces. Car, sachez-le bien, aucun fornicateur, aucun impudique, aucun avare, ce qui est une idolâtrie, n’a d’héritage dans le royaume du Christ et de Dieu[5]. »

Tout enfant a besoin d’une admiration et d’une confiance entière envers ses parents.

S’ils se permettent une quelconque plaisanterie de goût douteux, un langage obscène ou s’ils avouent regarder des films impurs, l’enfant perdra non seulement la confiance envers ses parents mais aussi la piété filiale.

Il en va de notre devoir de parents de préserver autant que faire se peut notre pureté et celle de nos enfants car «  malheur à l’homme par qui le scandale arrive[6]». Il ne s’agit pas de se cacher la vue, mais bien d’apprendre à vivre sans être touchés par cette ambiance malsaine.

N’oublions pas de prendre le temps de parler avec nos enfants, de provoquer des discussions pour les aider et les soutenir dans ce monde difficile… mais nous le savons, le Bien triomphera du mal !

En cette période de rentrée, demandons au Saint Esprit les grâces pour voir ce qui doit être émondé de notre éducation et prions Notre-Dame des Foyers Ardents de nous donner un amour de la pureté qui nous ouvre les portes du ciel.

                                                           MT

[1] Poésie de Paul Géraldy

[2] Le Dico des définitions

[3] Numerama ; Alexis Orsini 22 mai 2017

[4] Source : Statista ; le portail des statistiques

[5] Epitre aux Ephésiens Chapitre 5

[6] Saint Matthieu Chap.18