Halte… au pillage des fruits de mon jardin !

Nous aimons l’été, et nous aimons ses fruits savoureux… Nous ne sommes pas les seuls, les oiseaux s’attaquent aux fruits de nos arbres. Alors, tout en respectant ces volatiles, voici quelques trucs qui pourront les décourager :

Les effaroucheurs visuels :

Epouvantails, papiers aluminium découpés, CD suspendus où se reflétera le soleil…

Les effaroucheurs sonores :

Sacs en plastique que le vent secouera, aluminium léger et rigide (type “moule”), tiges métalliques qui tinteront, boîtes de conserve qui s’entrechoqueront …

Les effaroucheurs olfactifs :

Huile de cade (en pharmacie), boules de naphtaline en bouteilles de plastique coupées et suspendues aux branches, oignon ou ail coupé (à remplacer en cas de pluie), harengs fumés au bout d’une perche de bois (inaccessibles aux chats), bandes répulsives (à acheter dans le commerce).

Le revers de la médaille est l’effet inesthétique, et l’accoutumance rapide des oiseaux à ces subterfuges. Changez donc de ruse régulièrement…

Je le redis : que les championnes de l’organisation n’hésitent pas à partager leurs trésors d’organisation en écrivant au journal. Partageons nos talents …

 

Adoption: Les parents qui t’ont donné la vie et tes parents pour toujours:

Cela regarde chacun de se tourner ou non vers l’adoption d’un enfant. Il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir accueillir dans son foyer un enfant conçu par d’autres, avec les risques héréditaires que cela peut supposer, la crainte de ne pas savoir s’y prendre ou de l’aimer comme son propre enfant. Il faut bien le comprendre et ne pas juger ce qui est bon ou ce qui ne l’est pas lorsqu’il s’agit de notre prochain.

 

  Certains époux sans enfant verront dans l’adoption la réalisation du but premier de leur mariage en partageant leur bonheur familial avec un ou plusieurs enfants orphelins ou abandonnés par leurs parents « biologiques », leur offrant la vie de la grâce par le baptême, et la sécurité d’une famille aimante et stable.

 

  Ces familles sont plus nombreuses qu’on pourrait le penser, et poussent même parfois leur générosité en choisissant des enfants malades ou handicapés. Elles ont appris dans la prière, et dans les signes plus ou moins lisibles de la Providence, que cela leur était demandé, et qu’ils auraient les grâces nécessaires pour mener à bien leur belle mission de parents adoptifs. Nous nous contenterons ici de parler de la nécessité de révéler à l’enfant adopté sa véritable situation.

 

  Pour toute adoption, il y a eu abandon, volontaire ou non, et donc une séparation définitive que les enfants adoptés ne peuvent ignorer. Beaucoup de ces enfants n’ont été adoptés qu’après l’âge de deux ou trois ans. Ils ont passé le début de leur vie dans des hôpitaux, des orphelinats ou des institutions, à moins qu’ils n’aient été confiés à une succession de nourrices différentes. Aucun attachement durable n’a pu se faire mais ils ont accumulé des ruptures. D’autres, heureusement, sont adoptés très jeunes, âgés de quelques semaines ou quelques mois, ou n’ont connu qu’une seule nourrice. Aucun attachement durable n’a alors été vécu.

 

  Quand cela est possible, il est préférable que les parents adoptifs qui vont chercher leur enfant (dans la majorité des cas dans un pays étranger) puissent rester sur place quelque temps, pour apprivoiser cet enfant, mieux connaître ses conditions de vie, ses habitudes, sa façon de se nourrir ou de dormir qui peuvent varier selon les civilisations et les cultures. Cela permettra ensuite de mieux comprendre ses réactions.

 

  Dire la vérité à son enfant sur ses origines n’est pas une question d’âge. La psychologue, Bernadette Lemoine*, préconise de le dire déjà au bébé ou tout jeune enfant, avec des paroles affectueuses et rassurantes : « Tu as un papa et une maman qui t’ont donné la vie. Ils ont accepté que ce soit nous qui te fassions grandir. Nous sommes heureux de te donner tout notre amour. Nous sommes ton papa et ta maman pour toujours. » Si le petit entend parler de son adoption depuis son plus jeune âge, il ne se sentira pas trahi ensuite. Quel choc, en revanche, s’il apprend beaucoup plus tard qu’on lui a caché cette vérité. Comment ne pas se sentir blessé lorsqu’on réalise soudain que ses parents ne sont pas les siens !

Quand la psychologue reçoit un enfant adopté, elle lui dit : « Tes parents adoptifs sont là pour t’aimer, pour prendre soin de toi, te permettre de grandir, de devenir adulte et de vivre ta vie très heureux. Tes parents selon le sang t’ont fait le merveilleux cadeau de la vie. Tu peux leur dire merci pour cela, et leur en être reconnaissant. » C’est important pour l’enfant de savoir que ses parents biologiques ont fait beaucoup en lui donnant la vie.

  Plus tard on lui expliquera qu’il n’a pas été abandonné parce qu’il était « mauvais ». Au contraire, parce qu’il a beaucoup de prix, celle qui l’a mis au monde l’a confié à des parents adoptifs. Pour des raisons psychologiques, économiques ou politiques (un pays en guerre par exemple), sa mère a pensé qu’il ne lui serait pas possible de le faire grandir. Elle a accepté de transmettre son « trésor » à un papa et une maman qui lui donnerait tout ce dont il aura besoin pour grandir et être heureux.

 

  Il est fréquent que, dans leur prière familiale, les parents adoptifs fassent une place à ces parents qu’ils ne connaissent pas, mais qui continuent de vivre dans un autre pays. Ils remercient Dieu pour le cadeau qu’ils ont reçu de ces personnes inconnues, ce petit garçon ou cette petite fille qui vit désormais chez eux.

 

  Presque toujours, les enfants adoptés désirent un jour connaître leurs origines. C’est compliqué de vivre sans connaître le début de sa vie, ceux qui nous ont précédés, les maillons de la chaîne à laquelle nous appartenons. Mais il est très difficile de trouver les origines d’un enfant adopté. Certains viennent de pays lointains et l’on ne connaît pas toujours les circonstances de l’abandon. Si l’enfant insiste vraiment, et que cela l’empêche d’aller de l’avant, on peut l’accompagner dans son pays d’origine et lui permettre de connaître la terre où il est né, de se familiariser avec la culture dont il est issu, de voir peut-être l’hôpital ou l’orphelinat dans lequel il a vécu au début de sa vie. Mais inutile de faire cette démarche s’il n’en éprouve aucun besoin. Si ce deuil est fait, si l’enfant se sent bien dans sa famille adoptive, il ne faut surtout pas retourner en arrière. Ce qui est fini est fini !

 

  Sans s’alarmer à l’avance, on sera un peu plus vigilant avec des enfants adoptés puisque ces enfants ont rencontré une difficulté majeure dès le début de leur vie. Par exemple, quand la gestation a été difficile (situation de guerre, dénutrition de la maman, violences conjugales ou abandon de la femme enceinte, etc.) nous savons que ce sont des facteurs de fragilisation pour l’enfant. Son « tissu affectif » est plus fragile et craque plus facilement. Certains d’entre eux sont plus vulnérables que la moyenne des enfants, comme le montre souvent leurs réactions face à l’arrivée d’un nouvel enfant dans la famille (biologique ou non). La peur d’être exclu, la volonté d’avoir en exclusivité l’affection de leurs parents les conduisent à des réactions parfois violentes. Les enfants adoptés ont une conscience plus aiguë de la séparation. Chacune d’entre elles, même normale, ouvre à nouveau une blessure dont la cicatrice reste fragile.

 

  « Dans le mot abandon, il y a aussi le mot « don ». On peut considérer que l’enfant abandonné est un don. La grâce des parents adoptifs, et de tous ceux qui les entourent, est de faire fructifier ce don. » (B. Lemoine)

               S. de Lédinghen

 

 

*Bernadette Lemoine « Maman, ne me quitte pas ! Accompagner l’enfant dans les séparations de la vie » Ed. Saint Paul

 

Il était une fois deux femmes

Qui ne s’étaient jamais rencontrées.

L’une dont tu ne te souviens pas,

L’autre que tu appelles « Maman ».

(…)

La première te donna la vie,

La seconde t’apprit comment la vivre.

L’une te donna ses racines,

L’autre t’offrit son nom.

L’une reçut ton premier sourire,

L’autre sécha tes larmes.

L’une t’offrit en adoption,

C’est tout ce qu’elle pouvait faire pour toi.

L’autre pria pour avoir un enfant,

Et Dieu la mena vers toi.

        (Auteur anonyme)

 

Venez à moi, vous tous qui souffrez

           Depuis le premier péché de nos ancêtres, Adam et Eve, la souffrance est notre lot sur terre. Elle prend des formes différentes : souffrances du corps pour les uns – maladie, handicap, stérilité… -, souffrances de l’âme pour les autres, – doute, séparation, passé difficile, inquiétude pour les siens,… Mais qui d’entre nous ne peut se reconnaître dans le portrait de l’un ou l’autre des aimés de Dieu énumérés dans les Béatitudes1 ?

Il y a des natures plus ou moins sensibles, des tempéraments plus vigoureux que d’autres, des personnes qui se confient, d’autres qui gardent tout dans leur cœur, et d’autres qui ont su dépasser leur épreuve en l’offrant à Dieu et en s’unissant à Lui. Cependant rien n’est jamais acquis : un souvenir, une date, un lieu, réveillent les plaies que l’on croyait cicatrisées car la mémoire n’est pas toujours un allié. Et chacun, quel que soit son tempérament a ou aura sa part à offrir sur terre pour participer aux souffrances du Christ.

  Restons confiants, bien unis à Notre-Seigneur : si les épreuves ne sont pas encore venues, quand l’heure sonnera, Dieu enverra son lot de grâces, de consolation et de force pour les supporter. Si elles sont déjà là, puisons dans le trésor de son Cœur miséricordieux et dans celui de sa sainte Mère pour y trouver consolation et paix. Et si elles sont passées, reconnaissons comment Dieu nous a soutenus et profitons de cette « expérience » pour aider ceux qui souffrent car Celui qui sait ce que c’est que de souffrir sera le meilleur soutien de ceux qui sont frappés par l’épreuve.

 

« Et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus2 »

 

-Vous tous qui souffrez dans votre corps, des douleurs parfois crucifiantes, quotidiennes et renouvelées…

– Vous qui voyez l’âge avancer, vos forces disparaître, la dépendance arriver, l’immobilité ou la paralysie vous guetter…

– Vous dont le cœur se serre d’angoisse en soignant un époux malade, un enfant handicapé,…

– Vous qui fermez les yeux d’un père, d’une mère, d’un enfant…

– Vous dont la maison s’est vidée car les cœurs ingrats l’ont délaissée et vous laissent à votre solitude…

– Vous qui luttez pied à pied avec les idées noires qui vous obsèdent et qui combattez contre les tentations de désespoir…

– Vous dont la vie est si compliquée et qui regrettez amèrement le passé que vous avez abîmé sans pouvoir le refaire…

– Vous dont le cœur maternel aimerait tant s’ouvrir pour accueillir la vie et dont le foyer, malgré toutes les prières et les soins, reste vide…

– Vous qui étiez unis pour le meilleur et pour le pire et que la mort a séparés…

– Vous qui tremblez pour l’âme d’un époux, d’un père, d’un enfant qui se perd…

– Vous qui êtes dans des conditions matérielles tellement difficiles que vous ne voyez plus d’issue à vos soucis…

-Vous qui êtes seul pour mourir dans une maison de retraite ou un hôpital où l’on vous refuse la visite des vôtres et même celle du prêtre…

– Vous tous les isolés, les âmes désespérées et lasses, les cœurs froissés et incompris, les esprits inquiets devant l’avenir tellement incertain, vous tous qui souffrez, qui pleurez, qui êtes rongés par les rancœurs, n’oubliez jamais que Dieu vous aime, que son Cœur connaît toutes nos douleurs et qu’Il a longuement prié son Père pour chacun d’entre nous ! « Le lendemain, s’étant levé longtemps avant le jour, Il sortit, gagna un endroit solitaire et là, Il priait3. »

Oui pour vous tous, infirmes et malades du corps et de l’âme, pour chacun de ceux qui pleurent et qui souffrent, le Bon Maître, en ce petit matin encore silencieux a longuement prié.

 

Seigneur, celui que vous aimez est malade !4 

 

  Quelle que soit l’épreuve qui a frappé, la profondeur de la peine d’une âme souffrante qui s’ouvre à nous est impressionnante. Ces tsunamis qui les ont foudroyés ont bouleversé profondément leur équilibre. Bien souvent le manque de sommeil, le déséquilibre d’une vie compliquée dont la régularité a forcément été perturbée, n’aident pas à prendre le recul nécessaire. Aidons-les déjà à reprendre pied naturellement par de petites actions toutes simples. A Bethsaïde, Jésus prit la main du pauvre aveugle pour le conduire hors du bourg5, loin de l’agitation du monde, vers le calme silencieux qui apaise et qui guérit.

Ecoutons leurs besoins, leur souffrance, laissons-les épancher leur cœur quand elles en ont envie ; et quand elles ne souhaitent pas parler, respectons leur silence et sachons aussi être présents par la prière, montrer notre affection sans nous imposer et dans la discrétion. Cette œuvre de miséricorde n’est pas facile à accomplir, n’oublions jamais d’implorer le Saint-Esprit afin qu’il nous inspire les bons mots. Chaque être humain a sa personnalité, son histoire, chaque âme est délicate comme une fleur et quelles que soient ses apparences elle cache des trésors de désir ou des profondeurs de souffrance que seul un regard vraiment attentif, disponible et aimant peut deviner et comprendre. Imitons notre maître « Sur chacun, Il posait les mains6 » ; faisons-nous « toute à tous7 », comme Jésus, sans faire de reproche, mais en faisant nôtre sa douleur.

Pour compatir vraiment à la souffrance des autres, il faut soi-même avoir souffert, il faut aimer mais surtout s’oublier et ne pas s’écouter. Comme Jésus qui renonça aux consolations de ses amis au jardin des oliviers en s’oubliant pour ne plus songer qu’à leur fatigue : « Dormez maintenant et reposez-vous8

  Les âmes souffrantes ont souvent l’impression qu’elles sont tellement blessées qu’elles n’arrivent plus à prier. Le Père de la Chevasnerie enseigne alors une attitude toute simple et à la portée de tous : « Jésus, je vous offre toute ma journée pour vous faire plaisir. » Pour vous faire plaisir cette douleur, ce médicament à prendre, cette personne à supporter ; pour vous faire plaisir cette inquiétude qui me ronge, ce souci qui m’obsède ; pour vous faire plaisir mon chapelet que je n’arrive même plus à tenir ; pour vous faire plaisir cette angoisse qui m’étreint…

« Tout faire pour plaire au Seigneur Jésus, c’est adopter l’attitude que nous devrions toujours avoir envers Lui, celle des « tout-petits », humbles et confiants9. »

  Enfin malgré la douleur il est important de parvenir à retrouver la paix ; et celle-ci se trouve à trois niveaux :

la paix avec Dieu qui passe en général par le sacrement de confession. N’hésitons pas si cela est nécessaire à demander auparavant un entretien avec le prêtre qui saura nous aider à trouver cette paix de l’âme. Il nous apportera l’aide de Celui que Marthe et Marie font appeler dans leur détresse lors de la mort de leur frère Lazare : Jésus, Lui qui seul, console et fortifie en donnant à notre souffrance sa raison d’être et son immortel espoir de fécondité.

– la paix avec les autres qui passe bien souvent par le pardon. En effet, il semble que cette phrase de l’Evangile soit souvent mal assimilée : « Car si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne pardonnera pas non plus vos offenses10. » Dans les faits, chaque jour, et plusieurs fois par jour dans la prière du « Notre Père », nous reconnaissons que le pardon que nous sollicitons de Dieu est conditionné par celui que nous accordons… N’attendons pas le crépuscule de notre vie pour pardonner, c’est un grand moyen pour retrouver la paix de l’âme !

– la paix avec soi-même, « « Vis le jour d’aujourd’hui, Dieu te le donne, il est à toi. Vis-le en lui. Le jour de demain est à Dieu, il ne t’appartient pas. Ne porte pas sur demain le souci d’aujourd’hui. Demain est à Dieu, remets-le-lui. Le moment présent est une frêle passerelle, si tu le charges des regrets d’hier, de l’inquiétude de demain, la passerelle cède et tu perds pied. Le passé ? Dieu le pardonne. L’avenir ? Dieu le donne. Vis le jour d’aujourd’hui en communion avec lui11 ».

La paix permet de purifier notre cœur et de donner toute sa fécondité à toute souffrance quelle que soit son origine.

 

Ayez confiance !

 

  Il semble que la souffrance rend la prière toute puissante et le cœur de Notre Père ne peut résister à la vue d’un de ses enfants qui souffre et supplie pour l’un de ses frères. Dieu le Père ne reconnaît-il pas dans cette voix douloureuse qui L’implore, les accents même de son Fils souffrant et priant pour nous ?

Notre Divin Maître si délicat et si bon avec la veuve de Naïm montra pour elle une vraie compassion : « ne pleurez pas12 » ! Ne pleurons pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance.

A travers les plus rudes épreuves de la terre, consolons-nous en songeant que nous sommes les petits enfants de notre Père qui nous aime : du Père dont le Fils a souffert comme nous, qui ne permet nos douleurs que pour nous faire participer à la Rédemption des pauvres âmes qui n’ont pas su le trouver.

Aimons la contemplation des passages de l’Evangile ; on y trouve tant de passages où Notre-Seigneur consolait ou guérissait ! Goûtons les sentiments du Cœur Divin. Entretenons-nous familièrement avec Lui ; parlons-Lui de nous, de nos souffrances mais parlons-Lui aussi de Lui pour Lui ressembler toujours davantage. Ainsi petit à petit nous nous habituerons à Le suivre et il nous deviendra facile de penser, de parler, d’écouter et même de souffrir comme Lui et avec Lui en apprenant à Le contempler et à L’aimer.

  Tournons-nous vers notre maman du ciel, qui, mieux que celle de la terre connaît notre détresse ; elle, la dernière consolatrice de son Divin Fils, Mère des douleurs, Mère à laquelle nous avons été confiés, elle saura consoler tous les cœurs, apaiser tous les désespoirs, encourager les contritions, accueillir les projets, deviner les désirs et les rêves, fortifier les volontés chancelantes et même nous apprendre à aimer notre Croix.

  Et si, la route du Calvaire nous semble bien longue, alors, comme Simon de Cyrène, pour reprendre courage, considérons Jésus qui marche à nos côtés ; son divin regard nous remerciera de notre aide, en nous donnant la force de tenir nous aussi jusqu’au Calvaire…

  Que Notre-Dame des Foyers Ardents veille sur nous tous,

Marguerite-Marie

1 Saint Matthieu – V, 1-12

2 Saint Marc – XXI, 15

3 Saint Marc- I, 35

4 Saint Jean – XI, 3

5 Saint Marc – VIII, 22

6 Saint Luc – IV, 40

7 Toute à tous – Elisabeth Leseur

8 Saint Marc – XIV, 41

9 R.P. de la Chevasnerie – Bienheureux vous tous qui souffrez

10 Saint Matthieu – VI, 14-15

11 Prière trouvée sur une petite sœur assassinée à Alger

12 Saint Luc – VII, 13

 

LA QUESTION DES ENFANTS MORTS SANS BAPTEME

           L’une des plus grandes épreuves que peuvent rencontrer des parents chrétiens est la mort de l’un de leurs enfants et leur souffrance s’accroît encore lorsque celui-ci meurt sans être baptisé, alors qu’il n’y a eu aucune faute de leur part. Il n’est pas rare de rencontrer une douloureuse incompréhension à propos des limbes. Nous voudrions commencer par citer un discours de Pie XII au sujet du devoir de baptiser les enfants avant de définir avec quel degré d’autorité l’Eglise s’exprime sur la question des limbes (II). Sans pouvoir ni vouloir nous démarquer de cette doctrine, il nous semble que des considérations consolantes peuvent être données à ce sujet (III).

 

I – Le discours de Pie XII du 29 octobre 1951

 

  Nous nous tournons vers l’autorité du dernier pape avant le Concile afin d’entendre de sa bouche l’enseignement traditionnel de l’Eglise sur le sort des enfants morts sans baptême et alors qu’ils n’avaient pas encore l’âge de raison. Pie XII l’a notamment rappelé dans son discours à l’occasion du Congrès des sages-femmes catholiques d’Italie, le 29 octobre 1951. Il leur dit qu’elles peuvent avoir le devoir, en cas de nécessité, de conférer elles-mêmes le baptême et il leur explique pourquoi :

« Si ce que nous avons dit jusqu’ici regarde la protection et le soin de la vie naturelle, à bien plus forte raison devons-nous l’appliquer à la vie surnaturelle que le nouveau-né reçoit par le baptême.

Dans l’ordre présent, il n’y a pas d’autre moyen de communiquer cette vie à l’enfant qui n’a pas encore l’usage de la raison. Et cependant, l’état de grâce, au moment de la mort, est absolument nécessaire au salut. Sans cela, il n’est pas possible d’arriver à la félicité surnaturelle, à la vision béatifique de Dieu. Un acte d’amour peut suffire à l’adulte pour acquérir la grâce sanctifiante et suppléer au manque du baptême. Pour celui qui n’est pas né, ou pour le nouveau-né, cette voie n’est pas encore ouverte. Donc, si l’on considère que la charité envers le prochain impose de l’assister en cas de nécessité, si cette obligation est d’autant plus grave et urgente qu’est plus grand le bien à procurer ou le mal à éviter, et que celui qui est dans le besoin a moins de facilité pour s’aider et se sauver par lui-même, alors il est aisé de comprendre la grande importance de pourvoir au baptême d’un enfant privé de tout usage de la raison et qui se trouve en grave danger ou devant une mort assurée. »

 

  On voit que Pie XII affirme ici de la façon la plus nette que la réception du sacrement de baptême est le seul moyen d’assurer aux enfants morts avant l’âge de raison d’aller au Ciel et, en cela, il est l’écho de toute la tradition ecclésiastique, enseignement consacré par les Conciles et les Pères de l’Eglise.

 

II – Entre un dogme et une simple opinion théologique

 

  Il est de foi qu’une personne humaine, même marquée du seul péché originel, ne peut jouir de la vision béatifique. Il serait cependant excessif de déduire de cette vérité que les enfants morts sans baptême sont certainement privés de la vision béatifique. L’Eglise ne l’a pas fait car elle sait que « Dieu n’a pas enchaîné sa toute-puissance aux sacrements1 ». On ne peut donc « nier la possibilité de voies exceptionnelles connues et voulues de Dieu seul2 ». Dieu nous a laissés dans l’ignorance sur ces possibilités de telle manière que nous devons tout faire pour assurer le sacrement du baptême à tous les enfants sans escompter une action mystérieuse de Dieu qui ne nous a pas été révélée.

 

  La croyance aux limbes pour les enfants morts sans avoir été baptisés n’est donc ni un dogme de foi ni même une conclusion théologique. Elle est cependant une « doctrine communément enseignée et s’imposant à notre adhésion sous peine de faute de témérité3 ». Monseigneur Gaudel, qui a rédigé l’article « Limbes » dans le « Dictionnaire de théologie catholique » exprime, quant à lui, que la croyance aux limbes, sans être un article de foi, s’impose cependant, sous peine de péché grave de témérité, au catholique. On ne peut aucunement se contenter d’y voir donc une simple opinion théologique parmi d’autres.

 

III – Adoucissements

 

  Les prêtres n’ont pas le droit, même dans le bon désir d’adoucir la peine des parents, de prononcer des paroles qui amenuisent ou ébranlent les fondements de cette croyance traditionnelle. Dans l’autre sens, ils ne doivent pas non plus les obliger à exclure de leurs esprits tout espoir de salut pour leurs enfants.

Nous avons trouvé ces propos du Père A. Michel, excellent théologien, qui a combattu courageusement les assauts des théologiens d’avant-garde sur le sujet des limbes, dignes d’être connus :

« Nous ne voyons aucun inconvénient au point de vue de la foi et de la théologie, d’admettre que les parents chrétiens pourront reconnaître dans l’Au-Delà leurs enfants morts sans baptême. La localisation « dans la vie future ne saurait empêcher la communication des pensées par les idées infuses que Dieu accordera tant aux âmes glorifiées qu’aux âmes des enfants incapables de parvenir à la gloire4. »

 

  Voilà ce que dit aussi M. Brides qui fait autorité en Droit Canonique :

« Sans parler des condoléances et même des consolations que le curé ne manquera pas d’exprimer aux parents chrétiens affligés, nous ne blâmerions pas le prêtre (…) qui réciterait des prières avec les parents à la maison et même bénirait le petit cadavre (…) il ne s’agirait que d’une bénédiction « commune » à la fois invocative et déprécative – même sans formule – qui serait comme une supplication adressée au Père pour qu’il lui plaise de ne pas rejeter loin de lui et même d’adopter, dans sa miséricorde, cet enfant qui n’a pu être ici-bas, un authentique temple du Saint-Esprit.

En outre, aucune prohibition positive ne s’oppose à ce que le prêtre pousse la sympathie jusqu’à prendre part in nigris au cortège funèbre qui conduise le petit cadavre jusqu’au lieu de la sépulture. Cet enterrement n’a rien de « civil » ou « d’antireligieux » ; il est simplement (…) non ecclésiastique parce que la loi de l’Eglise l’impose tel. Rien n’empêche non plus le prêtre de réciter avec l’assistance une dernière prière devant la tombe, par exemple le Notre Père, afin de demander pour les parents désolés le courage et la résignation chrétienne5. »

Conclusion

 

  Voilà comment Monseigneur Besson, qui fut évêque de Nîmes a décrit les limbes des enfants morts sans baptême :

« Laissez monter vers Dieu, du fond du royaume invisible où règnent ces petits enfants l’hymne qu’ils chantent avec les bégaiements de leur langue imparfaite, à la gloire de leur créateur (…) ils adorent Dieu dans la clarté étincelante de ses ouvrages (…) Ils louent Dieu et ils lui rendent grâce d’avoir garanti leur innocence personnelle en les livrant à une mort prématurée. Ils se félicitent de n’avoir pas connu la malice et les dangers de ces péchés qui perdent tant d’âmes tombées d’une si grande chute, parce qu’elles étaient réservées à une si grande gloire6. »

Père Joseph

 

1 Mgr Gaume : “Traité du Saint-Esprit” Ed. Gaume Frères et Dupuy 1864, tome I p. 107

2 A. Michel “Ami du Clergé” 1951, p. 101

3 Ibidem p. 99

4 A. Michel : “Ami du Clergé” 1954, p. 584

5 M. Brides “A. C. “ 1952, p. 63

6 Abbé Jules Corblet “Histoire du sacrement de baptême” Tremblay 1881, tome I, pp. 164 et 165

 

 

Foyers sans enfants

           En abordant ce sujet si douloureux et sensible, nous tenons vivement à nous adresser à ceux de nos lecteurs qui pourraient s’être cru oubliés jusqu’ici, mais que nous ne voulons laisser sans consolation ni soutien dans leurs lourdes peines. Si toutefois une phrase ou une autre manquait de délicatesse, nous les prions du fond du cœur de bien vouloir excuser une maladresse aussi redoutée qu’involontaire de notre part. Qu’ils sachent que nous les portons affectueusement, eux et leurs chagrins, dans notre prière quotidienne.

 

  C’est d’abord avec un dépit enfantin, puis avec sérieux, avec inquiétude, avec angoisse, enfin avec désespoir que, de mois en mois, la jeune femme voit son espoir déçu.

Il faut supporter la pitié des uns, l’inconscient égoïsme des autres, le mépris des bien-pensants mal élevés qui vous prêtent de mauvaises intentions… Mais surtout le cœur se brise à la pensée de ne jamais tenir dans ses bras un tout-petit en se disant « il est à nous ! » ; à la pensée de ne jamais voir un enfant se jeter dans nos bras en appelant « Maman ! ».

On se dit qu’il y a tant de familles où l’on ne veut pas d’enfants, où l’on s’occupe mal d’eux, où ils sont malheureux ! On ressent le sentiment profond d’un désordre, d’une mauvaise répartition…

 

  L’enfant, nous le sentons bien, est le fruit vivant de l’amour des époux, nous-mêmes revivant ! Quelle souffrance de ne pas pouvoir offrir à celui ou celle que l’on aime le fruit d’un amour mutuel, le descendant, l’héritier. Car pour l’homme plus que pour la femme, la peine se double d’une humiliation : sa grande dignité est de devenir chef d’une nouvelle lignée. Sa femme s’afflige de voir son mari frustré de cette dignité (peut-être par « sa faute » à elle), qu’il ne connaisse jamais le plus grand de tous les sentiments humains : la paternité ! L’Église, dans sa liturgie, nous présente les enfants comme une bénédiction. Alors un doute s’installe dans la pensée des époux. Dieu les aurait-il voulus ailleurs ? Ont-ils manqué de générosité pour suivre un autre appel ? Ah oui, que de serrements de cœur, de désespoir dans cette simple phrase : « Nous n’aurons pas d’enfant ! »

  Alors, quelle solution ? S’enfoncer de plus en plus dans la tristesse ? Devenir jaloux, envieux, ne plus supporter la vue des joies familiales ? Souffrir d’un complexe d’infériorité et ne plus voir ni parents, ni amis ? se durcir le cœur ? s’installer dans l’égoïsme ? Parfois le ménage se désunit, s’exaspère de cette solitude à deux, de ces forces inemployées…

 

  Ce n’est que lentement, après avoir bien refusé son épreuve, que l’âme chrétienne se relève et découvre qu’au pied de sa croix, le fruit surnaturel a mûri et qu’il y a autre chose de beaucoup plus grand dans sa vie. Il apparaît alors combien son attitude négative de laissé pour compte et de vie gâchée était fausse, et que dans la pensée de Dieu, cette épreuve constituait un appel, une vocation. Et l’on comprend que dans ce monde athée qui ne reconnaît plus sa souveraineté, l’on doit témoigner que Dieu est le maître.

« Lui qui dispose, dans sa création, les ombres et les lumières, les grandes étendues stériles à côté des plaines fécondes, a mis, près des foyers peuplés, des foyers déserts, où l’homme et la femme, agenouillés devant lui, le reconnaissent comme Maître de la vie, digne d’une même adoration pour le don ou le refus qu’il nous fait de sa fécondité […] Peu importe l’ordre de mission que chacun reçoit : la seule chose essentielle, au jour de notre Annonciation, est d’être dans l’attitude de la Vierge et de prononcer le Fiat total et plein d’amour. »

Cette adhésion de l’âme est féconde, ce foyer béni par Dieu au jour de notre mariage, privé de cette fécondité visible que sont les enfants, connaîtra, par le sacrifice accepté, une fécondité spirituelle, et donnera par son Fiat le Christ aux âmes. Cela se fera à la condition de garder sans raideur ni durcissement le cœur paternel et maternel que Dieu nous a donné, et le porter aux autres.

 

  L’Église, la Société, les pères et mères de famille ont bien besoin des « foyers sans enfant » ! Il faut soutenir le ministère des prêtres en se dévouant dans les différents services proposés dans une paroisse, défendre le règne du Christ dans la cité en s’engageant, s’instruisant, s’opposant à tout ce qui lui est contraire. Il faut permettre au jeune ménage chargé d’enfants de souffler un peu, aux foyers amis de trouver chez eux un peu de chaleur à la lumière d’une conversation. Ces « foyers sans enfant », s’ils en ont la force, seront particulièrement au service des enfants. Ceux de la famille que l’on confie pour leur santé ou leur travail et dont ils deviennent un peu le père et la mère pendant quelques jours. Ceux des amis que l’on emmènera en vacances et qui transformeront la maison en ruche bourdonnante, dans une saine atmosphère familiale où chacun prend ses habitudes.

 

  Bien sûr, ces enfants d’occasion vont et viennent, toujours repris par leurs parents, et l’on se retrouve de nouveau seuls, au coin du feu, dans la maison vide, la main dans la main, et avec émotion, on sent que le seul don humain qui nous soit totalement fait, c’est nous-mêmes, l’un pour l’autre. Car pour que l’épreuve ne brise pas cet amour mutuel, il aura fallu approfondir, plus que d’autres, notre intimité, garder l’ardeur de notre tendresse, chercher à notre foyer des raisons et des buts solides. Pour la plupart le ciment de l’amour est l’enfant ; le ciment, pour les époux sans enfant, est leur épreuve commune, leurs échanges de tous ordres facilités par une vie plus calme, leurs essais de dépassement, leur rayonnement à l’extérieur de chez eux dans le service et le don d’eux-mêmes.

 

  Par l’absence d’enfant au foyer, le Bon Dieu demande une plus grande vie de prière, et peut-être même, quel courage alors, priera-t-on pour soutenir les familles ayant de nombreux enfants. Prière aussi pour rester plus souvent près de Lui et de pouvoir enfin lui dire avec l’Apôtre : « Je me réjouis maintenant de mes souffrances pour vous, et ce qui manque à la Passion du Christ, je l’achève dans ma chair pour son corps qui est l’Église ».

S. de Lédinghen