« Ne craignez point, petit troupeau »

           Le monde craque de toutes parts, les pères et les repères sont perdus, nul ne sait où donner de la tête ni à quel saint se vouer. L’inquiétude nous hante et alimente notre quotidien d’homme à courte vue et réaction instantanée via les ondes 3, 4 et 5G. Il semblerait que notre profondeur de champ très vaste dans l’espace se soit fortement réduite dans le temps. Nous nous considérons presque comme les premiers habitants de cette terre ayant oublié les générations qui nous ont précédés. Nous sommes malheureux et nous avons parfois l’impression de vivre les pires moments de l’histoire de l’humanité, certainement la fin du monde est arrivée, c’est pour bientôt car les choses n’ont jamais été aussi mal.

 

  Certes la vie n’est pas toute rose et de nombreuses interrogations subsistent. Mais jetons un œil par-dessus l’épaule de nos parents et regardons les tempêtes que nos pères ont eu à traverser : Mai 68 et la révolution sexuelle, la débâcle et l’exode de juin 1940, l’occupation et le STO, les déportations dans les camps nazis ou soviétiques, l’épidémie de grippe espagnole, 14-18 et la grande boucherie anonyme, 1870 et l’invasion prussienne, les guerres Napoléoniennes et la Bérézina, la Révolution française, la mort du Roi et la guillotine et le génocide vendéen, les guerres de religion et la lèpre du protestantisme, les Invasions des maures, la Guerre de cent ans et l’anarchie au royaume de France, les luttes incessantes du moyen-âge, les invasions Viking, la chute de l’empire romain… Et encore ce n’est qu’un très rapide balayage. Mettons-nous maintenant à la place de nos ancêtres qui ont vécu durant ces évènements et essayons d’imaginer leur vie, leurs angoisses, leurs inquiétudes ! Elles ressemblaient très certainement aux nôtres. Et malgré tout, ils ont vécu et ils sont morts comme nous mourrons, mais surtout ils ont transmis et ils ont réussi à transmettre contre vents et marées, contre assauts et attaques, contre tortures et massacres puisque nous sommes là grâce à eux pour transmettre à notre tour le dépôt de la Foi et de l’amour de Dieu. Et eux sont là-haut pour nous encourager et pour intercéder pour nous. Alors à quoi bon s’inquiéter, pourquoi se ternir la vie ? Parce que nous sommes déçus, parce-que nous commencions à croire aux sirènes consuméristes des lendemains qui chantent. Une vie tranquille et confortable serait notre droit alors qu’eux ont tous souffert et combattu. Et nous ne sommes pas prêt à y renoncer, nous sommes accrochés à notre confort et nous ne voulons pas croire que le bonheur de l’homme n’est pas de ce monde !

 

  Devons-nous pour autant vivre prostrés, vivre cachés, nous résigner dans la crainte et la torpeur en attendant la mort et le paradis puisque le bonheur n’est pas de ce monde ?

  Allons plutôt puiser la joie et l’Espérance à sa source, au sacrifice de la croix, imbibons-nous de l’amour de Notre Seigneur Jésus-Christ, cela commencera déjà à nous rassurer, à nous rasséréner. Que peuvent contre nous les persécutions de nos ennemis puisque Dieu est avec nous ?

 

  Puis cherchons dans l’étude, dans l’histoire et dans la réflexion la conduite à tenir. Les temps nous sont hostiles et les repères habituels se sont évanouis. Et de nombreuses nouvelles questions se posent à nous pour lesquelles il n’existe pas de réponse toute faite. Prenons le temps d’y réfléchir, fuyons les réactions instantanées et à fleur de peau en prenant du recul autant que possible en nous posant la question des conséquences de nos décisions pour notre futur et celui de nos enfants.

  Essayons d’affronter les problèmes en face et au bon moment, sans anticiper des problèmes qui ne se poseront peut-être jamais étant donné la vitesse à laquelle les décisions politiques, les ordres et les contre ordres pleuvent. Mais aussi sans repousser indéfiniment la prise de décision quand celle-ci est nécessaire, car les problèmes non résolus sont source d’inquiétude latente.

 

  Enfin gardons à l’esprit que nous sommes sur la terre pour « louer, honorer et servir Dieu et, par ce moyen, sauver notre âme ». Une bonne retraite peut nous aider à nous en souvenir et à remettre ce but devant nos yeux. Une fois le but en tête, les décisions s’ordonnent naturellement et souvent avec la grâce de Dieu, tout s’éclaire. Enfin, cultivons notre abandon en la Providence, si le Bon Dieu permet que nous soyons dans des situations difficiles et compliquées, il nous envoie aussi les grâces pour en sortir, il nous suffit de les lui demander pour les obtenir !

 

  Alors haut les cœurs, la vie est belle et surtout celle d’un jeune homme chrétien qui a Dieu avec lui.

 

Antoine