Roland de Roncevaux :au-delà de l’histoire, la légende

Roland de Roncevaux, neveu de l’Empereur Charlemagne, comte de la Marche de Bretagne, mort à Roncevaux le 15 août 778, est probablement l’un des héros médiévaux les plus connus. Associé aux campagnes militaires franques, il est devenu l’incarnation de l’idéal de chevalerie. Encore aujourd’hui, tous se souviennent de son épée Durandal, de son cor, ou de son amitié légendaire avec son frère d’arme, Olivier le sage. Le héros est passé dans l’histoire comme l’archétype du chevalier qui, non seulement bataille avec bravoure, mais surtout sait mourir avec héroïsme, sans avoir jamais failli à son idéal.

 L’évènement historique à l’origine de la légende :

En 777, à la demande de son allié Sulayman, gouverneur musulman de Saragosse, Charlemagne marche sur l’Espagne avec ses armées pour affronter les Maures et mettre un terme à l’expansion de l’Empire d’Al-Andalous. Mais, à son arrivée, Sulayman, ayant été renversé, il trouve Saragosse portes closes. Mécontent, il met à sac Pampelune, ville navarraise dont il rase les murailles. Au terme d’une campagne militaire mitigée, il repart avec ses troupes pour Aix-la-Chapelle, sa capitale. Mais, alors que l’armée passe les Pyrénées, l’arrière-garde, composée d’une grande partie des dignitaires de la cour, tombe dans une embuscade au col de Roncevaux. En représailles du sac de Pampelune, les Vascons, opposés aux Francs pour le contrôle de l’Aquitaine, attaquent les armées de Charlemagne et récupèrent le butin.

Ce qui devait être un retour triomphant se transforme en désastre. Charlemagne perd tragiquement ses plus précieux chevaliers et un nombre considérable de dignitaires de sa cour, dont son propre neveu, Roland. Initialement c’est donc le silence et la honte qui entourent l’épisode. Les Annales des Francs, qui ne tarissent pas d’éloges sur la glorieuse expédition d’Espagne, omettent de le signaler. La Vita Caroli, biographie de l’Empereur, n’en parle que très succinctement. Absent des textes, l’évènement reste pourtant gravé dans les mémoires. C’est ainsi que la Vie de Louis le Pieux, fils et successeur de Charlemagne, rapportera l’évènement par écrit sans préciser les noms des dignitaires disparus « car tous connaissent leurs noms ». Cela ne fait aucun doute, l’embuscade du col de Roncevaux hante les mémoires.

La geste de Roland :

Ce n’est que bien plus tard, au tournant des XIe-XIIe siècles, que la légende du chevalier Roland et de ses frères d’armes est mise par écrit. Et ce n’est pas dans une chronique historique, mais dans une chanson de geste, genre littéraire très prisé à l’époque. Face aux nouveaux périls militaires, la mort tragique du chevalier franc devient glorieuse, épique, pleine d’héroïsme. Dans le contexte de la croisade, l’ennemi n’est plus basque mais sarrazin. Chacun veut alors marcher dans les pas de Charlemagne et poursuivre ce qu’il avait entrepris. L’itinéraire du pèlerinage de Compostelle est lui-même ponctué d’étapes rappelant les exploits militaires des guerriers francs de Charlemagne, notamment la Basilique Saint-Romain de Blaye où Roland aurait été enterré.

Roland devient l’idéal du chevalier chrétien. La trahison dont il est victime, celle de Ganelon, contraste avec sa fidélité envers ses frères d’armes, notamment son ami Olivier, dont il est fiancé à la sœur, Aude. Par sa sagesse, Olivier tempère la témérité de Roland. Paré de toutes les vertus du preux, Roland est tellement populaire que le chevalier, pourtant défait, se retrouve de temps à autres sculpté sur la façade des églises. C’est le cas notamment d’un linteau de la façade de la cathédrale d’Angoulême, où Roland affronte le roi Marsile, qui après avoir été vaincu se réfugie à Saragosse.

La légende :

Les exploits relatés dans la chanson trouvent un écho dans certains objets, hissés au rang de reliques, en dépit des doutes entourant leur appartenance au chevalier légendaire. Son cor notamment, qui avertit Charlemagne du péril, est revendiqué en plusieurs endroits : il serait conservé dans le trésor de la Basilique Saint-Sernin de Toulouse ou bien à Compostelle. En réalité, il semblerait que certains oliphants fabriqués par la suite aient été dits « de Roland » pour perpétuer sa mémoire et faire raisonner son appel par-delà les montagnes et par-delà le temps.

Son épée Durandal, contenant une dent de saint Pierre, lui est remise par Charlemagne, qui lui-même la reçoit de saint Michel. Pour ne pas qu’elle tombe aux mains des infidèles, Roland blessé à mort essaie d’abord de la briser contre un rocher. Mais c’est le rocher qui se brise ! Il se résigne alors à s’allonger dessus pour que nul sarrazin ne s’en empare. Certains préfèrent dire qu’il s’en remet à l’archange saint Michel et que, l’ayant lancée aussi fort qu’il le put, elle serait miraculeusement venue se planter dans le roc de Rocamadour, à des milliers de kilomètres de Roncevaux. Cette épée est toujours là, rouillée mais bien fixée dans le roc, à quelques mètres de hauteur au-dessus de la chapelle Notre-Dame.

Conclusion :

Roland, par-delà l’histoire et la légende, c’est donc ce héros franc, incarnation de l’homme d’arme tombé vaillamment au combat, qu’après avoir pleuré, beaucoup aspirent à imiter. Pendant toute l’époque médiévale, il inspira les armées françaises. On dit qu’à la bataille de Hastings en 1066, un soldat de Guillaume le Conquérant aurait entonné ce poème lors de la bataille qui l’opposait à Harold. D’autres rapportent que le roi Jean II le Bon, prisonnier des Anglais, soupirait qu’il était inutile de chanter encore Roland puisqu’il n’y en avait plus. Ce à quoi on lui répondit non sans raison qu’il y aurait encore des Roland s’il y avait encore un Charlemagne.

 Une médiéviste

 

Vos plantes préférées vont-elles dépérir cet été ?

 

Les vacances d’été ne sont pas loin, ainsi que l’envol plus ou moins loin du domicile. Certains d’entre nous soupirent en laissant derrière eux des plantes en pot…

Comment passeront-elles l’été, si elles survivent, compte tenu des éventuelles canicules ?

Devenez donc un adepte de l’arrosage au goutte à goutte. Commencez par garder quelques bouteilles d’eau (grand modèle de 1,5 l), puis :

 

– remplissez une bouteille d’eau et refermez son  bouchon ;

– percez un trou dans le bouchon (agrandissez-le si nécessaire).

– retournez la bouteille puis enfoncez le goulot, avec le bouchon, dans la terre (cf. photo ci-contre) ;

– percez ensuite plusieurs trous dans le fond de la bouteille pour faire couler l’eau afin de déclencher le goutte à goutte.

 

C’est facile et cela permet d’apporter à vos plantes la quantité d’eau dont elles ont besoin, sans qu’il soit nécessaire de trouver une bonne âme pour venir arroser à votre place…


N’hésitez surtout pas à partager vos astuces en écrivant au journal !

 

Les oligo-éléments (suite)

Maladies de la vésicule biliaire

Après avoir envisagé le traitement des maladies respiratoires par les oligo-éléments, nous pouvons nous intéresser maintenant aux problèmes digestifs et en particulier aux maladies de la vésicule biliaire.

La vésicule biliaire est un organe situé à droite, dans l’abdomen, sous le foie, et relié au reste de l’appareil digestif par les voies biliaires. Son rôle dans la fonction digestive est de collecter la bile laquelle est fabriquée par les cellules du foie. Sa fonction est d’aider à la digestion des graisses alimentaires.

Ce qu’on appelle dyskinésie biliaire est un trouble de la motricité et de la vidange de la vésicule et des voies biliaires. Elle se traduit par des douleurs abdominales au creux épigastrique et à droite, au niveau de l’hypocondre droit ; les douleurs sont parfois très intenses, par crises insupportables, ou parfois une simple pesanteur. Elles surviennent surtout après les repas copieux ou riches en graisses.

Elle est due soit à des lithiases (calculs) dans la vésicule ou les voies biliaires ou bien seulement à une difficulté d’évacuation de la bile.

Les oligo-éléments indiqués pour le traitement sont :

  • Le Manganèse : qui a une action :

– sur la motricité des voies biliaires,

– sur les migraines qui accompagnent souvent la dyskinésie biliaire,

– sur le psychisme hyperactif associé à ces douleurs.

  • Le Manganèse-Cobalt :

C’est un oligo-élément qui traite davantage le terrain de dystonie neuro végétative (anxiété, spasmophilie).

  • Le Phosphore :

Utilisé dans le traitement de la plupart des douleurs digestives.

  • Le Soufre :

Il est indiqué dans la plupart des dyskinésies biliaires qui ont de plus un terrain d’allergie, de migraine, d’intolérance alimentaire.

Traitement de base

– MANGANESE :  1 à 3 prises par semaine pendant 2 à 3 mois.

– SOUFRE :  une prise tous les deux jours pendant 2 à 3 mois.

– PHOSPHORE : une prise tous les deux jours pendant 2 à 3 mois.

Traitement associé :

– MANGANESE-COBALT : une prise deux à trois fois par semaine pendant 3 mois.

Il est bien sûr nécessaire de se faire suivre par un médecin et d’avoir fait une échographie abdominale pour préciser l’état de la vésicule biliaire. En fonction de l’évolution, on peut soit arrêter le traitement au bout de 3 mois, si les symptômes ont disparu soit poursuivre les explorations si les douleurs n’ont pas disparu, et consulter alors un spécialiste de l’appareil digestif.

 

Dr Rémy

 

Bouddhisme, yoga et autres pratiques…

Foyers Ardents a rencontré Marion Dapsance, docteur en anthropologie et auteur de plusieurs livres sur le bouddhisme. (Nous avons conservé le style oral de cet entretien)

 Foyers Ardents : Chère Madame, les nouvelles pratiques d’inspiration asiatique sont à la mode et utilisent un vocabulaire dont la signification nous dépasse (zen, karma, shakras, mandala, etc…).

Tout d’abord, pouvez-vous nous résumer ce qu’est le bouddhisme et son origine ?

Marion Dapsance : Le fameux Bouddha serait le prince Siddhartha Gautama qui aurait vécu au Ve siècle avant Jésus-Christ. Nous n’avons cependant aucune preuve historique de son existence. Le bouddhisme est né dans un milieu d’ascètes qui se sont séparés des hindouistes originaires d’Iran, qui pratiquaient des rituels védiques (liés au feu). Ces ascètes ont inventé ce qu’on a appelé plus tard « le yoga » c’est-à-dire des pratiques corporelles qui étaient initialement des pénitences pour brûler – en référence au feu védique – le mauvais karma, c’est-à-dire les conséquences des mauvaises actions de cette vie et des vies passées.

Pour brûler ce karma, il fallait faire des pratiques de privation et de rejet du corps, par exemple rester les 2 bras en l’air sans jamais les baisser, rester suspendu à des arbres la tête en bas ou rester sur un pied pendant des années ; certains même se coupaient une main, un bras, un pied ou s’arrachaient un œil !

Ensuite différentes écoles bouddhiques ont essaimé en Asie.

Ce que nous appelons « le bouddhisme », c’est (d’après les dernières recherches publiées dans mon livre : Le bouddhisme des bouddhistes1) la secte qui s’est distinguée des autres dans le culte des reliques du Bouddha, dans la vénération d’images » (icônes et statues de divinités particulières qui venaient de l’Inde ancienne) et dans la domestication des démons pour obtenir les pouvoirs de se libérer du cycle des réincarnations. La vie pour eux est considérée comme uniquement négative. Le corps est considéré comme un obstacle et il faut sortir de ce cycle sans fin des morts et des renaissances en découvrant à l’intérieur de soi la conscience pure qui n’est pas non plus l’esprit mais qui est une sorte d’âme éternelle cachée par tout ce qui est matière. Le but est donc de se détacher du corps et de se faire aider en cela par des divinités, par des démons.

 FA : Existe-t-il, comme dans le protestantisme, différents bouddhismes ?

MD : Il y a en effet différentes écoles bouddhiques puisqu’il n’y a pas d’autorité centrale qui définirait des dogmes ou une doctrine claire, comme dans l’Eglise catholique. Dans le bouddhisme, selon les tendances, on peut donc trouver une idée et son contraire. Certaines écoles considèrent que l’âme n’existe pas, que les êtres humains n’ont pas d’âme et que l’éveil c’est justement de comprendre que l’homme n’a pas d’âme. D’autres écoles disent au contraire qu’il faut retrouver cette conscience pure – plus ou moins une âme -, qui est en fait divine et que tout le monde possède à l’intérieur de soi.

 FA : Retrouve-t-on une idée principale dans toutes ces philosophies bouddhiques ?

MD : Il  y en a plusieurs parce que le but recherché appelé l’éveil, autrement dit la libération du cycle sans fin des renaissances, n’est pas défini. Cependant on retrouve quelques idées centrales : ce sont les fameuses « quatre nobles vérités2 ».

Ces 4 vérités affirment que :

– le monde est souffrance et illusion,

– la cause de la souffrance est l’ignorance (ignorer que l’on n’existe pas, qu’il n’y a pas d’âme ou que cette âme est obscurcie par les mauvais karma),

– on peut se libérer de cette ignorance,

– il y a un chemin vers la libération que les bouddhistes appellent le noble sentier octuple donc un sentier en 8 étapes.

Le karma régit l’existence, c’est-à-dire que l’être humain et même l’être animal posent des actes entraînant des conséquences qui donnent des sortes de bons points karmiques ou de mauvais points. Plus on obtient de points positifs, plus on aura une renaissance favorable ; à l’inverse plus on acquiert de mauvais points, plus on risque de se réincarner comme un animal sale, misérable. Cette loi du karma est l’un des points importants du bouddhisme.

Une autre idée importante dans le bouddhisme est que le monde est une illusion et par conséquent on ne peut pas se fier au monde, on ne peut pas se fier à ses sens, ni à sa raison, qui, de fait, n’existe pas. L’être humain est prisonnier d’un monde qui est comme un film ; ce film, cette illusion « existe », ou plus exactement apparaît, se manifeste en raison de l’illusion qui réside dans les esprits du fait de l’accumulation du karma. Prendre le monde et le soi comme des réalités tangibles est selon eux la cause de la souffrance. Pour faire disparaître la souffrance, il suffit de prendre conscience que « je » n’existe pas réellement, et le monde non plus.

 FA : Les personnes qui sont attirées par le bouddhisme pensent à la « non-violence », à la « zen attitude », au calme, au bien-être, au refus de la souffrance. Ce n’est pas ce que vous décrivez !

MD : Il faut savoir au départ ce que signifie le mot « zen » : son objet n’est pas du tout de trouver le calme. Au départ la méditation zen avait pour but de voir le Bouddha en la personne même de l’abbé du monastère, alors que dans les versions antérieures du zen et de son ancêtre chinois le chan, il fallait le voir dans les icônes. La discipline très stricte qui entoure ces pratiques de « vision du Bouddha » (darshan) sont à l’opposé de ce que l’on appelle chez nous « zen », c’est-à-dire « détendu », « calme », « cool ». Le zen japonais est tout sauf « cool ». D’autre part, les rituels zen étaient surtout dédiés à la protection de l’empereur, de la nation et de l’ordre moral. Jamais pour le « développement personnel » ou le confort.

FA : Votre livre de 2018 s’appelle : Qu’ont-ils fait du bouddhisme ? Une analyse sans concession du bouddhisme à l’occidentale3. Y-a-t-il alors un bon, un vrai bouddhisme ?

MD : Il faut savoir que toutes les écoles de bouddhisme pratiquent des rituels qui sont souvent basés sur des principes de magie, c’est-à-dire où l’on se transforme en autre chose que ce qu’on est. Le bouddhisme qu’on appelle tantrique est une religion qui a dominé toute l’Inde et toutes les traditions d’Inde au Moyen-Âge. Dans le tantrisme, on se transforme en divinité et on fait appel à des rituels où on convoque une divinité en l’appelant, en l’invoquant, en répétant son mantra. La divinité prend alors possession du corps de l’adepte qui devient cette divinité et a des pouvoirs surnaturels, supposément des pouvoirs d’omniscience, de voler dans les airs, de se transformer en ce qu’il veut et d’obtenir ce qu’il recherche et notamment le pouvoir d’atteindre l’éveil c’est-à-dire la libération. Fondamentalement, il s’agit de pratiques de possession par des entités préternaturelles : « divinités » ou démons dont on entend s’accaparer les pouvoirs.

Le bouddhisme est aussi, en Asie, un culte des reliques, reliques qui appartiennent, prétend-on, au Bouddha. Par exemple, une tenue de Bouddha est vénérée au Sri Lanka et promenée dans un festival annuel. Remarquons que dans le christianisme on vénère les reliques de celui qui a démontré sa sainteté tandis que dans le bouddhisme, c’est la relique qui fait la sainteté. On brûle le corps du moine bouddhiste sans trop savoir s’il avait des pouvoirs particuliers : si on trouve dans ses cendres des petits galets colorés, alors on considère que ce sont des reliques, donc que cette personne avait des pouvoirs surnaturels ou super humains. Mais ce ne sont pas ces formes-là du bouddhisme asiatique qui ont intéressé les Occidentaux des XIXe et XXe siècles. Pour satisfaire leur désir d’une « meilleure religion » que le >>>           >>> christianisme qu’ils rejetaient, ils ont inventé un « bouddhisme » à leur goût, sur la base de quelques textes philosophiques sanskrits. Ce « bouddhisme » est devenu « rationnel » parce qu’ils ont opéré une sélection drastique entre l’immense matériau de possession, de sorcellerie, de magie, de merveilleux, dont ils se sont débarrassés, et quelques textes de pure philosophie, qu’ils ont conservés et montés en épingle.

FA : Vous avez parlé de mantra ; pouvez-vous nous définir ce mot ?

MD : Un mantra, c’est à la fois l’invocation d’une divinité ou d’un démon. C’est aussi une formule magique, c’est-à-dire une formule qui n’a pas un sens rationnel mais qui produit des effets de transformation donc des effets magiques. C’est enfin une sorte de condensation sonore ou écrite d’une divinité. Chaque divinité a son mantra par lequel on la célèbre et on la vénère.

 FA : On entend souvent dire en entreprise et à la radio « ouvrons les chakras ! ». De quoi s’agit-il ?

MD : Au départ, le chakra c’est la roue d’un char de guerre puis ce mot en est venu à désigner ces fameux centres d’« énergies » (« souffles » et « nectars » pour les Indiens), que l’on aurait le long de la colonne vertébrale dans le corps dit subtil ou imaginal. Mais ce sont aussi et surtout des panthéons, c’est-à-dire des univers de divinité. Chaque chakra est un univers de divinité, univers gouverné par une divinité en particulier, entourée d’autres divinités secondaires. Le yogi ou le pratiquant du bouddhisme tantrique imagine que son corps est empli de divinités et qu’elles sont à l’intérieur de ses chakras, à l’intérieur des roues.

 FA : Que faut-il penser du yoga qui est pratiqué en France sous la forme d’exercices respiratoires, d’étirements et de gymnastique et parfois dans certaines préparations à l’accouchement ? Cela ne ressemble pas à la pratique du yoga telle que vous l’avez définie plus haut. Pouvez-vous nous expliquer ces deux pratiques différentes ?

MD : Différencions le Hatha yoga du yoga pratiqué aujourd’hui en Europe.

– le Hatha Yoga a pour but de permettre au yogi, donc aux pratiquants, d’atteindre l’immortalité ; le but de ce yoga c’est d’avoir un corps immortel, un corps divin. Les rituels pratiqués utilisent sang et sécrétions corporelles ; nous ne les décrirons pas davantage ici.

– Le « yoga » qu’on nous propose aujourd’hui en Occident est un mélange de pratiques dans lesquelles on trouve essentiellement de la gymnastique suédoise et des méthodes de gymnastique qui ont été développées à la fin du XIXe et début du XXe siècle quand les États européens ont pensé qu’il fallait que leur population soit forte et résistante et quand les Anglais répandirent ces pratiques en Inde. Plusieurs « gourous » (maîtres) indiens ont repris ces méthodes de culture physique et y ont adjoint du hatha yoga plus traditionnel, donc en lien avec des pratiques sexuelles d’union avec des « divinités ».

 FA : Le catholique peut-il pratiquer sans danger ce « yoga » en le séparant de toute idée de religion ?

MD : La réponse est évidemment non. Qu’il se mette plutôt aux pilates, à la gymnastique, à la barre au sol, à la danse… Les possibilités sont nombreuses.

             FA : De grandes entreprises, des consultants et You Tube promeuvent des séances de « méditation en pleine conscience » ou de « méditation anti-stress ». Ont-elles un rapport avec le bouddhisme ? Sont-elles comparables à la méditation pratiquée par le catholique ?

MD : L’origine de la méditation bouddhique, qu’on appelle chez nous pleine conscience est, comme le yoga, un mélange de tradition indienne médiévale et de tradition du sud-est asiatique où l’esprit doit passer en revue le corps pour se focaliser sur la respiration en vue d’atteindre la libération du samsara (cycle des morts et des renaissances). Dans les traditions bouddhiques indiennes qui sont supposées être les plus pures on trouve en réalité des « méditations sur l’impur » ou sur « l’abject » où l’on se visualise soi-même comme un sac de substances dégoûtantes et comme un cadavre en devenir. Cette méditation n’a donc rien à voir avec la méditation catholique qui a pour but de se rapprocher de Dieu.

FA : Que pensez-vous des mandalas, ces coloriages « zen », pour enfants et adultes ?

MD : Un mandala à l’origine est une représentation symbolique de l’univers en peinture, en sable ou en différents matériaux centrée sur le Mont Mérou qui est supposé être le centre de l’univers. C’est aussi un panthéon, et également une aire rituelle, un cercle magique, que le pratiquant trace sur le sol avant de commencer ses rituels. C’est exactement ce que font les sorciers quand ils pratiquent la magie. On ne peut que déconseiller la fréquentation de ces pratiques inspirées de la magie et on se demande donc quel intérêt l’occidental trouve à colorier des mandalas… Pourquoi ne pas plutôt colorier des vitraux de cathédrales ?

 FA : Puisque c’est le thème de ce numéro, qu’est-ce que le mot « amitié » représente pour un bouddhiste ?

MD : L’amour, l’amitié, la charité sont les grands absents du bouddhisme. Il y a certes « la compassion », mais elle reste surtout abstraite. Les rituels du mahayana (« grand véhicule ») mentionnent que le pratiquant « souhaite que tous les êtres parviennent à l’éveil », ce qui paraît un peu court.

 Merci Madame, d’avoir éclairé pour nous ce monde mal connu en Occident et dont les pratiques tentent de se répandre « en douceur ».

 

 

 

 

Un bien précieux

Sais-tu qu’il existe un bien rare et précieux entre tous, qui ne s’achète pas mais qui se donne et se reçoit, un bien qui, s’il est absent d’une vie, la rend bien triste et terne malgré tous les talents et toutes les richesses ?

C’est l’amitié véritable.

 La sagesse antique d’Aristote la donne comme la plus grande des trois formes d’amitié : l’amitié intéressée, l’amitié agréable, et l’amitié véritable.

Si tu prends contact habituellement d’un air faussement aimable, recherchant un avantage matériel ou un service, et dans ce but, ne te soucie qu’apparemment de l’autre, c’est l’amitié intéressée mais

Ce n’est pas l’amitié véritable.

 Si tu es heureuse de passer un bon moment avec tel ou tel pour une détente ou une activité commune, un groupe d’amis qui peut-être n’existera plus quand les difficultés surviendront, et ne durera que le temps des études ou des loisirs communs, c’est l’amitié agréable, souvent superficielle mais 

Ce n’est pas l’amitié véritable.

 

Un bien précieux comme l’amitié commence parfois doucement, les rencontres dans diverses circonstances permettant le temps de se connaître, ou au contraire se faisant assez vite, deux âmes s’étant reconnues.

Le seul critère est celui des fruits que nous laisse chaque rencontre, avec un parfum de bonté qui dans son sillage, nous a rendus meilleurs. Se sentir grandi, enrichi et ennobli au contact de l’autre, toujours et sans illusion,

C’est l’amitié véritable.

 Se retrouver comme l’on s’est quitté, quel que soit le temps écoulé, dans une totale confiance, sans crainte de la réaction de l’ami ou de son humeur, avec une simplicité toujours présente pour être totalement nous-même, sans faux-semblant, sans détour, savoir ouvrir son âme avec ses faiblesses et ses doutes sur des sujets difficiles,

Pouvoir appeler à l’aide dans la détresse physique, morale, spirituelle, ou au contraire répondre à ses appels sans faire attendre, en se gênant s’il le faut,

Comprendre aussi avec patience qu’il ne puisse à un moment nous aider, sans lui en vouloir,

C’est l’amitié véritable.

Être capable d’entendre une parole forte, dans notre intérêt, même douloureuse mais nécessaire pour éviter des erreurs ou grandir dans la vertu,

Et remercier d’être remis sur la bonne route, car le véritable ami veut notre vrai bien.

Savoir dire cette même parole avec clarté et délicatesse sans craindre de perdre l’autre, faisant fi alors des conséquences que cela aurait pour nous.

Lors des incompréhensions, se remettre en cause et demander pardon, savoir pardonner très vite et s’il faut en reparler, le faire avec humour et humilité, sans ressentiment,

C’est l’amitié véritable.

 Ne pas s’étonner des défauts, des faiblesses, des chutes aussi, car se rappelant notre propre misère et vouloir toujours, toujours aider, soutenir, être présent, quoiqu’il en coûte.

Être prêt à tendre la main quand bien même notre ami serait tombé très bas, sans le juger, mais en le relevant avec patience,

Garder au fond de notre cœur les confidences, ne jamais trahir un secret, et fermer nos oreilles aux critiques d’autrui sans écoute complaisante, en voulant au contraire défendre sa réputation,

C’est l’amitié véritable.

 Comprendre un éloignement passager, sans amertume même si la souffrance est là et se réjouir, sans remarque, du contact retrouvé.

Garder sa porte toujours ouverte, et s’efforcer de deviner les besoins ou les peines.

Uniquement si cela est nécessaire pour un plus grand bien, savoir se quitter sans la lâcheté des moyens de communication interposés qui font écran au courage et à la loyauté, mais expliquer face à face ce qui coûte, par respect de ce que fut l’amitié.

C’est l’amitié véritable.

Enfin, lorsque l’ami quitte ce monde, ne pas l’oublier, faisant fi des serments de fidélité et de soutien sans prier pour lui.

Mais le remettre par nos sacrifices et nos prières dans les mains toutes miséricordieuses du Véritable Ami, et lui demander, au nom de l’amitié, d’intercéder pour nous, afin qu’ensemble nous nous réjouissions sans cesse dans le bonheur sans fin,

C’est l’amitié véritable.

 Jeanne de Thuringe

 

N.B : pour les besoins du texte le mot ami est pris ici dans son concept même, sans connotation masculine spécifique..