Histoires des styles

Qui n’a pas un jour visité une brocante ou un vide grenier, perplexe devant les affirmations péremptoires du vendeur assurant que : « Si, si, le meuble est d’époque (mais laquelle…?), vous faites à ce prix-là une très bonne affaire ! »

 Soit dubitatif, vous n’achetez pas, soit vous vous laissez séduire et effectivement vous êtes l’heureux propriétaire d’un bel objet, soit… vous attendez le prochain vide grenier pour le revendre… !

            Voici donc pour vous aider une petite histoire des styles au fil des numéros de Foyers Ardents.

            Au Moyen Age, les objets domestiques étaient surtout pratiques, destinés à remplir leur office. De plus pour la noblesse et pour le roi, ils étaient déplacés au gré des châteaux.

            Nous trouvons donc :

            – des coffres de rangements légèrement sculptés,

            -des tables sous forme de plateaux posés sur des tréteaux (d’où l’expression dresser la table),

            – des bancs ou des tabourets en bois,

            – des lits en bois avec des matelas de paille (les paillasses), de crin ou de laine, fermés par des rideaux pour garder le chaud et l’intimité puisque plusieurs membres de la famille dormaient dans la même pièce.

Les chaises dites cathèdres, inspirées du siège de l’évêque dans la cathédrale, sont en bois avec un haut dossier. Elles sont réservées aux personnages importants et influents. Leur confort est très relatif ; il est juste apporté par un « carreau », simple coussin mis là pour l’occasion.

            Dans la même catégorie nous trouvons la chaire, le banc à dos et le banc à ciel qui sont des sièges nobles. Le dossier en est souvent travaillé, sculpté, voire tendu de tissus précieux.

            Descriptions données par les textes d’époque et représentations sur tableaux nous en donnent une idée puisqu’étant en bois, ils ont tous disparu. Seuls subsistent ceux qui furent fabriqués en métal : le trône de Dagobert et le siège épiscopal de Bayeux.

            Au XVème siècle, la vie devient plus sédentaire. C’est la naissance de la queue d’aronde (assemblages à pièces triangulaires), et des meubles à panneaux avec des cadres assemblés par des tenons et des mortaises. Ceux-ci permettant la dilatation des bois ou leur rétractation selon l’humidité et évitant ainsi les fentes.

            Au début du XVIème siècle, la chaise à bras apparaît, appelée caquetoire sous le règne de François 1er : c’est l’ancêtre du fauteuil moderne. Celui de la chaise s’appelant la chaise à femme sans accotoir. Le musée de la Renaissance à Ecouen en possède de magnifiques exemples.

            Petit à petit l’influence italienne se fait de plus en plus sentir avec frontons, pilastres, têtes d’animaux, et des formes inspirées des ployants de l’antiquité. Cependant les meubles du Moyen-Age subsistent : escabeau, tabouret, coffres. Les coffres de mariage sont richement sculptés avec des symboles d’abondance et de fidélité.

Nous découvrirons dans notre prochain numéro le changement profond qui se fera dans le mobilier à partir du XVIIème siècle.

                                                                                  Jeanne de Thuringe

Développer ses talents

Cet été nous avons appris à regarder pour nous émerveiller et ainsi louer le Créateur par la contemplation. Les affaires d’été rangées, les lieux de vacances quittés, la rentrée nous ramenant son rythme quotidien, pourquoi ne pas garder ces moments de détente et cet amour du Beau que nous nous sommes efforcés de développer.

Aussi une bonne résolution pour nos esprits reposés serait de nous tenir au courant tout au long de l’année des expositions ou concerts autour de chez nous. Sites internet des mairies, office de tourisme, associations locales nous donneront les précieux renseignements.

Nous pouvons aussi développer certains de nos talents connus ou inconnus qui ne demandent qu’à poindre afin de créer du beau et de nous assurer dans ce monde si difficile un  peu de cette vertu d’eutrapélie si nécessaire à l’équilibre familial.

Cours de dessin, de danse, chorale, apprentissage d’un instrument, poèmes, sont autant de talents qui peuvent ensuite être au besoin partagés en famille, évitant l’isolement actuel si fréquent de chacun et offrant des distractions saines qui soudent et créent un véritable esprit de famille loin des activités virtuelles.

Les beaux livres sont aussi l’occasion de découvrir comment lire un tableau. Par exemple le livre « Apprendre à voir la Nativité » de S de Gourcy (cf. Cercle René Bazin) peut tout à fait pendant le temps de l’Avent être une préparation de l’âme à Noël en étant lu en famille ou seul, selon les âges, le dimanche.

Certaines familles créent de petits ensembles instrumentaux s’offrant ainsi une saine récréation le dimanche, et tout simplement sans s’appeler la famille Von Trapp (La mélodie du bonheur), chanter ensemble les chants de notre patrimoine traditionnel de régions ou scouts sont un vrai moment de bonheur. Pour les aimer davantage, faisons si nous le pouvons des recherches historiques qui nous les rendront plus vivants. Danses régionales peuvent aussi être apprises et occasion de bonnes parties de fous rires, tout en se dépensant physiquement.

En fait avoir un temps en famille réservé une fois dans la semaine à l’art, dans son expression ou son histoire, devrait être indispensable pour nous relier au divin et nous détendre tout en enrichissant notre culture.

Il y a aussi ce qui se faisait autrefois à la veillée, et que nous pouvons faire en famille: conter. Conter des histoires pour développer l’imagination des enfants, conter l’histoire de France comme le faisait notre grand-père qui nous l’a rendue si vivante et si vraie, lire des poèmes ou des beaux textes, apprendre à différencier les styles des meubles, ce que nous apprendrons dans les prochains numéros de Foyers Ardents.

                                                                                           Jeanne de Thuringe

Savoir regarder pour s’émerveiller

A l’aube des vacances d’été, occasion de détente et de découvertes, je voudrais non pas vous parler de façon académique de l’art, mais vous aider à regarder ce qui vous entoure pour vous émerveiller et cultiver la vertu d’eutrapélie (Aristote et Saint Thomas d’Aquin) en trouvant ou retrouvant la bonne humeur, car « cet art de la distraction bienvenue, offerte avec cœur, allège l’ombrageuse gravité des actes et des propos. Plus qu’un don ou un talent, il est une vertu offerte à quiconque veut en jouir. Elle est la force des caractères délibérément enjoués, des personnes dont on envie la joie de vivre tandis qu’on sait les épreuves silencieuses qui les marquent[1]. »

Pour cela, l’art, expression physique du beau à travers la création humaine, en s’approchant aussi près que possible de l’harmonie de la Création, nous aide. C’est pourquoi il ne fut jamais si pur, si entraînant vers les hauteurs qu’aux époques les plus chrétiennes, puisqu’il avait pour but la contemplation, même à travers le simple quotidien. Cette contemplation conduisait naturellement à la paix et à la joie. Elle suscitait des âmes joyeuses qui communiquaient la paix.

De nombreux édifices, églises et cloîtres couvrent notre pays.  Entrons dans une église romane et regardons la pureté toute simple des voûtes inspirées essentiellement des basiliques romaines mais aussi des influences byzantines et barbares, (nées à peu près avec l’an mille). Sachons  regarder le travail de la pierre locale, les sculptures, les scènes bibliques (véritable catéchisme), les décors de feuillages, les monstres symbolisant les dangers auxquels l’âme est soumise.

Découvrons les extraordinaires jeux de lumière des vitraux de nos cathédrales et tout le message chrétien du passage des ténèbres vers la Lumière.

Admirons une statue d’une Vierge à l’enfant parfois naïve, flânons ou mieux arrêtons-nous pour prier dans le silence d’un cloître, goûtons cette paix en pensant aux  moines qui s’y sanctifièrent. Emerveillons-nous des jeux du soleil, des senteurs des simples et initions les enfants à ces proportions parfaites, basées sur le nombre d’or[2] que les bâtisseurs d’églises et de cathédrales utilisaient en géométrie pour le respect de l’harmonie.

Il existe des parcours très didactiques pour les enfants et des associations de bénévoles catholiques font visiter, l’été, les trésors de leur région. Ils nous aident à découvrir et à aimer notre patrimoine.

Puis regardons pourquoi notre pays est si harmonieux, rassemblant une diversité géologique et géographique inégalée, avec un habitat des plus typiques et variés. L’homme a construit avec les matériaux locaux, qui ont la couleur du sol. Voilà pourquoi une vieille maison sera toujours bien de chez elle, comme issue de sa terre, dans une totale harmonie que n’ont pas hélas nos constructions modernes. Là où la chaux mêlée au sable local donnait cette union totale avec le paysage, laissait les murs respirer, et rayonnait du charme de la main de l’homme sans raideur, le ciment emprisonne l’humidité et raidit toute l’allure de la bâtisse.

Sachons nous émerveiller devant un simple outil que l’ouvrier autrefois fabriquait pour son usage personnel, lui donnant une paternité unique et le gardant toute sa vie, compagnon d’heures du labeur dans la peine et la joie du travail réussi. Dans les musées d’art populaire, nous pourrons apprécier et respecter la vie quotidienne locale des anciens, souvent rude.

Et dans les demeures plus ornées, considérons le savoir-faire qui donna à la France son rayonnement culturel à travers l’Europe et au-delà et qui reste encore de nos jours inégalé.

         N’hésitons pas à visiter ce qui est près de chez nous et que le rythme quotidien nous empêche de découvrir. Bien souvent nous connaissons mal nos régions d’habitat.

Alors bonne visite pour aimer toujours davantage notre vieux pays.

                                                                                  Jeanne de Thuringe

 

 

Bibliographie: Vous trouverez dans la collection Gisserot beaucoup de petits guides à des prix abordables sur l’art roman, gothique, les merveilles de chaque région, les symboles rencontrés, une variété de thèmes impressionnants.

Les guides Michelin sont aussi bien documentés sur l’histoire locale et l’art, mais privilégions les éditions anciennes plus fournies.

Les guides bleus, qui hélas n’existent plus, étaient culturellement très intéressants. Si vous en trouvez n’hésitez pas, et complétez les informations pour les horaires de visite avec les offices de tourisme.

[1] Hubert Borde, professeur de philosophie

[2]Le nombre d’or :
La plus ancienne définition, et construction géométrique, de la section d’or remonte au IIIème siècle avant JC et est due au mathématicien grec Euclide,

La décoration des tables

Avec les beaux jours, les invitations entre amis, les cérémonies familiales profanes ou religieuses, de bons repas viendront fêter l’évènement, où chaque cuisinière aura mis tout son cœur pour régaler petits et grands.

Un bon déjeuner (ou un bon dîner) est comme un joli cadeau, l’emballage compte et fait partie de la joie d’être ensemble. Un très bon déjeuner servi sans un certain décor aura moins de goût. Au contraire quelque chose de simple, parce que l’on n’a pas eu beaucoup de temps ou que nous ne sommes pas très douées pour la cuisine, aura une toute autre saveur avec une table bien mise.

            Souvent, il en faut peu pour que cela dégage un air de fête.

Assortir les couleurs de la nappe et des serviettes en papier (moins de travail pour la maîtresse de maison) que l’on trouve facilement à peu de frais. Elles  peuvent être pliées de façon amusante, les petites filles aiment beaucoup le faire.

Bien sûr, nous pouvons utiliser les nappes anciennes que des grands-mères ont pu broder, ou des chemins de table. C’est l’occasion d’apprendre aux enfants à s’émerveiller devant le travail de broderie et de leur apprendre à marier les couleurs et les formes, du moment que le résultat est harmonieux.

Quelques fleurs du jardin piquées dans des verres avec un peu de mousse naturelle ou de fleuriste dans les mêmes tons, auxquelles on rajoute les feuillages que l’on a sous la main, ou du lierre enroulé autour ou dans ces mêmes verres.

Des verres de couleur dans lesquels on met une bougie chauffe-plat font de jolis photophores, qui peuvent aussi garnir le soir les rebords des fenêtres de la maison. Cela lui donne un air de fête la mettant en valeur d’une lumière très douce.

       Si l’on a de jolis bougeoirs, c’est l’occasion de les sortir mais il est possible aussi d’en fabriquer de très simples avec une planche de bois décorée sur laquelle on aura fixé des clous la pointe en l’air pour y enfiler des grosses bougies espacées ou groupées selon les idées.

     Un petit ruban peut venir embellir de simples verres, et une main enfantine tracer les prénoms des invités sur un papier plié.

      Tous ces petits gestes viennent montrer à ceux que l’on reçoit combien ils sont les bienvenus, et la table ainsi dressée avec amour accueillera avec joie petits et grands pour de bons moments inoubliables.

                                                                                                           Jeanne de Thuringe

Petite histoire des arts de la table

Continuons notre petit tour de table… par la vaisselle :

          Si Faïence et porcelaine sont deux sœurs que l’on trouve sur nos tables, sans compter le grès (matériau céramique très dur et résistant) quelle est leur différence ?

Savez-vous que le mot Faïence vient de la ville de Faenza en Italie, célèbre pour ces céramiques ? Continuer la lecture de « Petite histoire des arts de la table »