L’école est-elle obligatoire dès l’âge de 3 ans ?

Cette nouvelle loi du 31 juillet 2019 a inquiété un bon nombre parmi vous : beaucoup ont cru que la scolarité était obligatoire et se sont empressés d’inscrire leurs tout-petits à l’école du quartier, croyant être répréhensibles s’ils ne le faisaient pas.

Notre revue voudrait éclairer les parents à ce sujet, afin qu’ils prennent leur décision en connaissance de cause et soient au courant de leurs obligations réelles. La liberté des parents éducateurs serait-elle en voie de régression ?

Heureusement il reste encore quelques solutions pour échapper à cette prise en main de l’Etat sur nos enfants… Profitons-en car, s’il y a un lieu où nos tout-petits s’imprègnent d’équilibre, d’amour et de leçons de vie, c’est bien dans le nid  familial !

Une fidèle lectrice nous a envoyé cet article qui éclairera sur la situation juridique en faisant part de son expérience et de son analyse.

Vous avez un enfant né en 2016 et votre école ne prend pas les enfants à partir de cet âge, ou alors vous ne souhaitez pas encore le scolariser : que faire ? Quel est le texte de loi ? Quels sont vos droits et obligations ? Voici quelques précisions pour aider les parents à mieux comprendre la nouvelle réglementation française et notre avis de maman sur la question.

            1/ Le texte de loi (entrée en vigueur le 31/07/2019 pour la rentrée scolaire 2019-20)

                       Les articles L131-1 à L131-13 du Code de l’éducation stipulent que l’instruction est obligatoire pour tous les enfants, français et étrangers, à partir de 3 ans et jusqu’à l’âge de 16 ans révolus. Les parents peuvent choisir de scolariser leur enfant dans un établissement scolaire (public ou privé) ou bien d’assurer eux-mêmes cette instruction. L’instruction dans la famille, parfois appelée école à la maison, doit permettre à l’enfant d’acquérir des connaissances et des compétences déterminées. L’instruction donnée et les progrès de l’enfant sont contrôlés.

            Avant cette loi, l’obligation d’instruction était à partir de l’âge de 6 ans. On avance donc de 3 années, ce qui n’est pas rien, cette obligation légale. A noter qu’il s’agit bien d’instruction (enseignement des savoirs) et non pas de scolarisation (inscription à l’école). L’école à la maison peut donc continuer de se faire à partir de 3 ans et même après 6 ans, uniquement pour les enfants d’une seule et même famille : c’est-à-dire qu’il ne peut y avoir de rassemblement d’enfants issus de plusieurs familles pour faire une classe de petite section par exemple.

            L’école à la maison peut être un choix des parents. Après tout, 3 ans, c’est encore petit. Certains enfants ne sont pas encore propres, d’autres ne sont pas prêts. Parfois, s’il y a un bébé derrière, la maman gardant l’un, garde l’autre aussi sans soucis de trajets à l’école. Dans cette mainmise toujours plus avancée de l’Etat sur nos jeunes enfants, Dieu merci, nous avons encore le choix et les moyens de garder nos petits à la maison. L’éducation est alors réalisée par les parents eux-mêmes ou par une personne de leur choix. Aucun diplôme particulier n’est nécessaire pour assurer l’enseignement. La démarche et les méthodes pédagogiques choisies doivent être présentées à l’inspecteur chargé du contrôle.

Dans le cas assez fréquent où l’école (en général hors-contrat) de vos aînés ne prend pas en charge les enfants de moins de 4 ans, sachez donc que :L’école n’a pas l’obligation d’ouvrir une classe de petite section. C’est une démarche assez lourde de conséquences financières, car la classe des petits doit contenir des toilettes adaptées, un point d’eau, une salle de sieste et tout le matériel habituel en guise de sécurité…

  • Vous-mêmes, parents, n’êtes pas contraints d’inscrire votre enfant ni dans une autre école que celle des aînés, ni même à un cours par correspondance.

            2/ Les démarches

Avant chaque rentrée scolaire, les parents de l’enfant (français domicilié en France) doivent déclarer au maire de leur commune ET au DASEN (directeur académique des services de l’éducation nationale) que l’instruction sera donnée dans la famille.

Pour savoir à qui écrire, vous pouvez vous rendre sur le site www.servicepublic.fr et en cherchant « école à la maison », vous aurez toutes les coordonnées utiles en renseignant simplement votre code postal.

Cette déclaration se fait par écrit, doit être signée par les deux parents et comporter les informations suivantes :

  • Nom, prénom, date de naissance et adresse de l’enfant
  • Noms, prénoms et adresse des parents de l’enfant
  • Adresse où est dispensée l’instruction si elle est différente de celle du domicile.

Si la famille décide d’adopter en cours d’année scolaire cette forme d’instruction, elle dispose de 8 jours pour faire la déclaration. Le DASEN accuse réception de la déclaration et adresse à la famille une attestation d’instruction dans la famille. A noter que cette déclaration doit être renouvelée chaque année.

En revanche, dans le cas de l’enseignement à domicile, et même pour des enfants de 3 à 4 ans, la loi renforce les contrôles :

  • Le contrôle du maire: le maire doit mener une enquête sur l’enfant instruit dans sa famille, dès la 1ère année. Cette enquête est renouvelée tous les 2 ans, jusqu’aux 16 ans de l’enfant. L’objectif de l’enquête est de contrôler les raisons pour lesquelles ce mode d’instruction est choisi par la famille, et s’il est compatible avec l’état de santé et les conditions de la vie de famille. Elle ne concerne pas la qualité de l’instruction qui relève du contrôle pédagogique.
  • Le contrôle de l’académie : Un inspecteur d’académie effectue le contrôle individuel de l’enfant au moins une fois par an. Ce contrôle est effectué à partir du 3ème mois suivant la déclaration d’instruction dans la famille. La famille doit être informée par écrit de l’objet et des modalités de ce contrôle. L’inspecteur contrôle les connaissances et les compétences acquises par l’enfant, lors d’un entretien avec ses parents. Ceux-ci présentent à cette occasion la démarche et les méthodes pédagogiques qu’ils mettent en œuvre, ils ne sont pas obligés de se soumettre au programme de l’éducation nationale. L’enfant effectue ensuite des exercices adaptés à son âge et à son état de santé. L’inspecteur évalue que les connaissances et les compétences correspondent à celles qui sont attendues, en particulier à la fin de chaque cycle d’enseignement. Les résultats sont communiqués aux parents dans un délai de 3 mois.

La famille qui ne transmet pas la déclaration d’instruction dans la famille au maire et au DASEN à la rentrée scolaire risque une amende de 1.500 € et s’expose au risque de perte du droit aux prestations familiales pour cet enfant. Elle ne peut pas s’opposer au contrôle pédagogique.

Nous ajoutons après examen des textes et du « socle commun des connaissances », que les notions à acquérir en petite section sont assez floues… Concrètement, pour un enfant entre 3 et 4 ans, savoir faire des phrases cohérentes et répondre à une question simple, reconnaître les couleurs et les formes, se repérer dans l’espace, coller des gommettes, tenir un crayon ou verser de l’eau dans un récipient, seront les acquisitions attendues par l’inspection.

3/ Notre avis de maman catholique au foyer

            Nous sommes dans la situation où notre école hors-contrat n’a pas les moyens d’ouvrir une classe de petite section : deux enfants déjà scolarisés, deux autres enfants à la maison à temps plein car nous sommes persuadés que c’est chez nous que nos petits sont le mieux : pas de réveil intempestif pour la crèche, des bébés qui dorment bien et longtemps, un rythme très sage en journée où les petits suivent maman partout, jouent avec les pinces à linge quand elle fait sa lessive, sortent en vrac les assiettes en plastique quand elle vide le lave-vaisselle, et font une bonne sieste avant d’aller chercher les « grands » à l’école.

L’instruction obligatoire va maintenant entraîner des inspections à subir dans notre foyer ? Faut-il inscrire une petite fille de 3 ans à un cours par correspondance afin d’avoir un support, afin de lui apprendre plus de choses, afin de ne pas trembler devant l’inspection ? Mais 3 ans c’est bien jeune pour s’astreindre à une vraie concentration… Et il n’est pas question de l’inscrire dans une autre école ! Outre les temps de trajets rallongés, la seule école possible serait publique et avec quel enseignement (l’éducation sexuelle peut-être), quelle maîtresse, quels amis ?… Les aînés qui n’ont pas reçu cette « instruction obligatoire » suivent bien en classe, ne sont pas perdus, font correctement leurs devoirs du soir… alors ?

Alors, chères mamans, il faut bien le reconnaître, la loi est contre vous. Le ministre a abaissé de 6 à 3 ans l’âge de l’instruction « pour une école de la confiance », car il veut lutter contre les inégalités. Quelles inégalités quand vous vous efforcez d’aimer et d’éduquer de la même façon tous vos enfants ? Quand vous savez qu’au fond, aucun ne ressemble à l’autre ?

Dans le texte gouvernemental, vous lisez  que « la scolarité à l’école maternelle joue un rôle crucial dans le développement des jeunes enfants : elle est à la fois le tremplin vers la réussite, le foyer de l’épanouissement des élèves et le creuset de la réduction des inégalités sociales ». Vous voilà perplexe. Vous regardez à nouveau votre petite fille de 3 ans : comme elle est gaie ! La voilà qui chante pour amuser le bébé ; elle connaît toutes ses couleurs ; elle sait attacher seule ses souliers ; à la sortie de la messe elle est très entourée car elle aime aller vers les autres enfants ; cet été, elle est partie seule avec ses grands-parents quelques jours à la montagne. Certes, elle n’est pas scolarisée, mais elle vous semble épanouie et sociable et vous savez que le jour où elle rejoindra ses frères et sœurs à l’école des religieuses, elle sera prête, mûrie, impatiente même… alors que plus tôt elle se serait épuisée à la tâche. Parce que l’instruction obligatoire, cela veut dire aussi que les parents du sous-contrat n’ont plus le choix de mettre leur petit simplement une ou deux matinées par semaine…

On le sait : les principales difficultés liées à l’échec d’un début de scolarisation relèvent dans la majorité des cas d’un rythme trop effréné pour l’élève.

Sur le fond, on l’a compris, l’administration n’aime pas l’école à la maison. Mais l’enjeu en vaut la chandelle et une fois que vous aurez franchi le pas, vous n’entendrez plus parler qu’une fois par an de cette inspection qui d’ailleurs se passera peut-être très bien ! Si cela vous est possible, organisez-vous pour que votre mari soit présent ce jour là car il faudra être disponible pour répondre à l’inspecteur et en même temps veiller sur votre petit monde…

Par ailleurs, nous ajoutons que certaines écoles hors-contrat ont fait le choix d’ouvrir une classe de petite section puisque la demande était très forte, que les finances suivaient, notamment dans les grandes villes, et parce que toutes les mamans n’ont pas forcément le choix, au vu de leur travail, d’un enfant handicapé, ou parce qu’elles ne se sentent pas capables d’accueillir sereinement un inspecteur. Bien sûr, à chacune de distinguer en conscience ce qui conviendra le mieux pour l’enfant et le reste de la famille. Nous voudrions tout de même appuyer sur ce désengagement progressif de la sphère familiale quant à la prise en charge de l’enfant. Tenez-bon, courageuses mamans ! Comprenez qu’à 3 ans, votre enfant est encore si petit, sa meilleure place sera à la maison près de vous, même sans vrai « temps de travail scolaire », il vous regarde et il apprend, tout simplement ! Ne lui volez pas son enfance !  Le Bon Dieu vous enverra les grâces nécessaires et plus encore.

Nous vous souhaitons bon courage pour cette nouvelle année scolaire et nous prions pour vous.                                     Agnès Lafargue

 

Gérer son budget

Chère Bertille,

      Félicitations d’avoir trouvé ce travail cet été ! Je suis bien contente pour toi ! Qu’est-ce que cela te fait d’avoir reçu ton premier salaire ? Tu as peut-être l’impression de passer un cap, de rentrer un peu dans la vie active.

     Voir son compte bancaire se remplir a un côté excitant, mille projets viennent à l’esprit : telle jupe que tu as vue en magasin et que tu souhaites acheter, tel voyage que tu aimerais entreprendre avec des amis, telle activité à laquelle tu aimerais t’inscrire !

     Depuis que tu es en appartement pour suivre tes études, tu t’es rendue compte qu’il y a des dépenses qui reviennent chaque mois : le loyer, les charges avec l’eau et l’électricité, les courses alimentaires, l’essence à mettre dans la voiture quand tu pars en stage, chez tes parents ou chez des amies…

     Tu me disais l’autre jour que ce n’est pas toujours facile d’organiser son budget, c’est vrai, et les fins de mois sont parfois difficiles. Voici ce qui peut t’aider : faire la somme des dépenses qui reviennent chaque mois, cela te permet de savoir de quoi tu dois disposer au minimum. Ensuite il est bon de mettre un peu d’argent de côté en cas d’imprévu : une panne de voiture, une fuite d’eau… Cela te permettra d’appréhender chaque mois plus sereinement.

     Cet argent que tu as gagné cet été te permet justement de compléter ce que te donne la bourse étudiante, d’équilibrer le budget de chacun des mois à venir et de mettre un peu d’argent de côté. C’est ce que l’on appelle l’économie.

     Je me suis rendue compte que cette manière de gérer son argent développe des talents et fait fructifier des vertus.

     En effet l’esprit d’économie développe la créativité et l’imagination. Si un jour tu souhaites modifier ou améliorer la décoration de ton appartement et que ton budget ne te permet pas de faire de nouvelles dépenses, si ce qui est en magasin est trop cher, qu’à cela ne tienne ! L’imagination se met en branle et tu verras qu’elle fera éclore de merveilleuses idées ! Un morceau de ruban au fond de ta boîte à couture, un vieux cadre au bas de ton armoire, un reste de pot de peinture et voilà qu’un nouvel objet de décoration germe dans ton esprit !  Il en est de même pour les menus, j’en ai déjà fait l’expérience. Tu n’imagines pas le nombre de recettes improbables que l’on peut faire avec ce qui nous reste dans le placard ou dans le réfrigérateur !     D’autre part l’esprit d’économie nous permet de travailler la patience et l’acceptation des petites croix. Lorsque tu as repéré un vêtement qui te plait beaucoup, mais qui est cher, cette vertu va t’aider à attendre les soldes pour pouvoir l’acheter, et la petite croix qui l’accompagne sera d’accepter de ne pas avoir tout de suite ce qui te fait plaisir. Pour l’avoir vécu, ma chère Bertille, je sais que ce n’est pas toujours facile, mais ce sont de petites victoires que tu remportes sur toi-même et qui te préparent à d’autres sacrifices que le Bon Dieu te demandera au cours de la vie et que tu n’auras pas choisis.

     Il me semble aussi que l’esprit d’économie permet de travailler la vertu de justice. La justice étant de donner à chacun ce qui lui est dû. Cela permet d’identifier une hiérarchie dans les dépenses. En effet, il est juste que tu doives à ton propriétaire le loyer de ton appartement. Il serait malhonnête et injuste de t’offrir un grand voyage et de ne pas pouvoir payer ton loyer. De même il est important que tu te nourrisses correctement afin de pouvoir bien suivre tes études. Il serait désordonné que ton armoire déborde de vêtements et que tu ne manges pas à ta faim car tu n’as pas de quoi faire tes courses alimentaires.

       Tu vois, ma chère Bertille, il y a un ordre en chaque chose. C’est important de régler d’abord ce que l’on doit avant d’acheter un plaisir qui n’est pas nécessaire. Cette règle te sera très utile si un jour tu as des enfants, leur scolarité coûtera cher, il faut y penser. C’est un sacrifice, certes, mais qui vaudra la peine même si, à cause de cela ta famille n’aura pas les moyens de s’offrir des vacances, de louer un gîte. L’éducation de tes enfants ne sera – t- elle pas plus importante que des vacances éphémères au bord de la plage ? Là encore ton imagination sera bien utile pour organiser de belles vacances toutes simples en famille !

Ce premier salaire que tu viens de recevoir est une très bonne expérience de la vie, il va te permettre de réfléchir sur la priorité de tes dépenses pour cette année, d’anticiper en cas d’imprévu, et pourquoi pas, de mettre un peu de côté pour un projet qui te tient à cœur, ne m’as-tu pas dit que tu souhaitais voir « Le lac des Cygnes » de Tchaïkovski à l’opéra ?

       Cette habitude d’économie que tu vas prendre petit à petit te servira toute ta vie, notamment si tu deviens épouse et mère, car ton mari saura qu’il peut compter sur toi en ce qui concerne le budget familial, et les vertus que tu auras développées apporteront joie et harmonie dans ton foyer !

       Je te souhaite une très bonne année scolaire et te dis à très bientôt !

 Je t’embrasse,                                               

Anne

La force dans les petits détails

Bien Chère Bertille,

            Les vacances ont une fin. La rentrée approche ou peut-être est-elle déjà faite ? La routine de la vie quotidienne va reprendre et, justement avant que les mauvaises habitudes nous rattrapent c’est l’heure des résolutions. Cet été, j’ai eu le plaisir pendant quelques jours de m’occuper des enfants lors d’une réunion de famille. Ils étaient nombreux et de tous les âges. J’ai pu ainsi avoir rapidement un aperçu sur la jeunesse actuelle.

            Ce que j’aime chez les jeunes c’est leur enthousiasme pour jouer. Si tu voyais l’énergie qu’ils avaient pour se battre contre l’équipe adverse lors de grand jeux. Ils n’avaient pas peur des égratignures, des coups, des roulades par terre. Tout était bon pour sauver le trésor. Si la jeunesse mettait cette même ardeur pour défendre notre Foi, notre Trésor, le démon serait un peu moins maître sur cette terre !

            La défense de la Foi ne nécessite pas un champ de bataille comme il y en a eu à certaines époques. Notre champ de bataille à nous c’est notre vie quotidienne. Ce que j’ai souvent constaté c’est la générosité chez les jeunes filles pour commencer certaines tâches, mais aussi le manque de force pour aller jusqu’au bout du travail bien fait. La suite du programme, le manque d’énergie, la lassitude du travail pénible commencé, font bâcler rapidement le travail commencé. Les jeunes, et tout particulièrement les jeunes filles, doivent apprendre à bien faire leur travail même si c’est dans l’ombre et que personne ne le verra sauf Dieu et la petite fourmi. C’est le travail de la future épouse, et il faut s’y préparer chaque jour. Si le cœur n’y est pas, dis-toi que tu prépares la joie future de ton foyer : mari, enfants.

            Regarde la Sainte Vierge à Nazareth, elle a toujours su dire oui à toutes les petites choses et lorsque l’ange Gabriel lui demanda d’être Mère de Dieu, elle sut dire FIAT, que votre Volonté soit faite. La persévérance dans les petites choses mène à la persévérance dans les grandes.

            Dans la vie quotidienne c’est pareil, il faut prendre cette habitude d’aller jusqu’au bout de ce que l’on commence : un devoir en cours bien fait jusqu’au bout, le ménage jusqu’au petit détail que l’on ne voit pas, la lecture d’un livre en entier, bien ranger les affaires et non tout mettre dans un panier et « on rangera ça plus tard », faire son lit le matin… Souvent on fait du cache misère. Un auteur dit : « Péguy admirera un jour sa mère, rempailleuse de chaises, parce qu’elle rempaillait celles-ci à la perfection. 

Jésus peut, de la même manière, admirer le labeur quotidien de Marie. Celle-ci est vraiment la femme forte et courageuse dont parle l’Ecriture. Elle ne bâcle rien, ne se débarrasse de rien. Elle sait qu’il n’est aucune œuvre petite et méprisable, à cause de la Majesté de Celui qui les accomplit en nous. Elle aime donc le travail achevé. » Mais se pose-t-on la question : que ferait la Ste Vierge ? « Ces tâches de chaque jour, les faisons-nous bien, avec sérieux, sans rechigner sur la besogne, avec fini, mettant notre point d’honneur à parfaire les moindres choses ? »

            La seule façon pour tenir dans le temps c’est d’utiliser  la vertu de force, et cette vertu de force nous l’obtenons en nous donnant à Notre-Dame. Donne-toi généreusement au Cœur de Marie, chère Bertille : Corps, âme, biens extérieurs, biens intérieurs. C’est un dépouillement universel : « Oh l’heureux dénuement ! Oh le riche appauvrissement ! Elle peut donner à notre pauvre corps plus de force et plus de santé[1] » le dépouillement procure la richesse éternelle.  « Heureux enfants de notre bonne Mère, voyez dans quel état de merveilleuse et douce dépendance nous pouvons nous placer à l’égard de Marie. Nous pouvons tout, absolument tout lui donner. Mais sachez bien que plus vous donnerez, et plus vous vous enrichirez.[2] »

            Sur ces bonnes paroles, ma chère Bertille, je te souhaite d’être généreuse. Le monde nous attire vers l’indépendance et nous devons contrecarrer par la dépendance. Le remède c’est le Cœur de Marie. Apprends à le connaître et tu y découvriras des ressources intarissables. Je te souhaite bon courage et sois forte. Je t’embrasse bien affectueusement,

Maïwenn

[1] Jean Ladame

[2] Père Giraud

Carpe Diem

Que vient faire ici cette morale épicurienne connue pour être orientée vers la recherche du plaisir immédiat ?

Pourtant elle a un sens ou du moins une traduction Catholique : « Vis le jour d’aujourd’hui ».

Le temps des études et de la jeunesse est une période transitoire par nature où nous avons besoin de nous projeter dans l’avenir pour nous orienter et trouver la motivation dans les études parfois longues et pénibles. La perspective de l’autonomie financière, l’idée de pouvoir fonder une famille dans un avenir plus ou moins proche sont des moteurs à ne pas négliger. Cela nous permet année après année, d’évoluer, de commencer à bâtir un projet professionnel et de nous fait vivre à la cadence des stages, vacances, semestres à l’étranger… dans le mouvement et le changement perpétuel qui sont parfois très formateurs car ils nous obligent à savoir nous adapter facilement aux circonstances de la vie, mais qui, d’un autre côté, peuvent entraîner une certaine instabilité et l’illusion permanente des lendemains qui chantent.

Le bac en poche, c’est l’attente un peu fébrile pendant tout l’été de la « liberté » étudiante de la première année. A peine la rentrée arrivée et les premières habitudes prises, viennent les vacances avec les amis. Pendant ces vacances, on parle des prochains voyages à l’étranger qui nous maintiennent en haleine pendant tout le semestre.

Puis c’est l’attente du passage à l’année supérieure, de l’intégration dans tel ou tel master ou école qui paraît-il « est géniale », après quoi, la recherche du stage où enfin on va gagner sa vie pendant quelques mois, et vivement la fin des études, pour gagner de l’argent et faire de nombreux voyages ou plutôt, si Dieu veut, fonder une famille et trouver le bonheur tant attendu depuis toujours…

Oui ayons des beaux projets et de grandes aspirations, mais n’oublions pas de saisir le bonheur qui passe et que Dieu nous donne à l’instant présent. Ne soyons pas d’éternels insatisfaits en quête de lendemains plus beaux et de jours meilleurs. Sachons accepter et mettons-nous dans la disposition d’esprit d’apprécier et de trouver la joie dans chaque instant que nous envoie la Providence et nous serons beaucoup plus heureux et détendus dans les mains du Bon Dieu. Après tout, ces beaux projets que nous avons, c’est lui qui les permettra et nous y guidera, alors faisons confiance. Ayons cet esprit de pauvreté et d’abandon qui nous rendra vraiment heureux.

Charles

A notre place

     Il est difficile d’être à notre place, juste avec le devoir d’état monotone, répétitif, lassant.

     Nous voudrions tout posséder : 

     Un foyer heureux, un cercle d’amis présents, une réputation flatteuse, une position honorable, une honnête aisance, la reconnaissance de nos talents.

     Nous voudrions être une référence par les conseils avisés, admirées pour nos qualités intérieures, notre adresse manuelle, notre sens artistique ou notre élégance.

     Être au courant des dernières nouvelles et tout comprendre,

     Avoir raison en tout mais sans nous mettre en porte à faux avec le monde,

     Avancer en vertu, si possible sans la croix

     Sommes-nous alors pauvres en esprit ?

 

     Ce qui est visible dans la jeunesse, au fur et à mesure de l’âge se dissimule et si nous n’y prenons pas garde, enfle de façon cachée comme un abcès. Nous savons en effet de mieux en mieux masquer, dire ou paraître ce que les autres attendent de nous.

     De plus l’expérience acquise nous donne, à nos yeux, le droit de dominer, de juger.

     A celui ou celle qui ne partage pas notre point de vue, nous opposons nos besoins, notre âge, notre expérience, notre fonction, notre état, parfois jusqu’à l’impatience ou la colère.

     Comment alors être pauvre en esprit ?

 

     En regardant les saintes femmes tout à leur service du Maître, nous avons la réponse. Celle du service humble et caché dans le silence et la simplicité.

     Avec leur modeste besogne: nourriture, gite, entretien des tuniques déchirées, soins des pieds abîmés par les longues marches, elles recevaient dans leurs âmes l’enseignement et la douceur du Maître.

     Toutes à leur tâche, l’Evangile ne rapporte pas qu’elles se querellaient pour la première place comme les apôtres et Marthe avait compris comment joindre la prière et la contemplation à son activité.

     Elle qui avait tant souffert avec Lazare des désordres de Marie-

     Madeleine, jetant le déshonneur sur leur famille et faisant craindre pour son salut, avait accepté humblement que sa sœur l’ait dépassée en vie intérieure et s’était désormais mise à son école sans cesser d’être efficace.

     Marthe avait eu la grâce de la pauvreté du cœur.

 

     Ces femmes, pauvres d’elles-mêmes, accompagnaient les disciples de leurs soins attentifs et délicats, restant à leur place dans la prière, sans donner leur avis sur ce qu’il convenait de faire.

     Mendiantes de Dieu, elles recueillaient toute la journée les grâces du Divin Cœur et avec la Vierge Marie, apprenaient à méditer en repassant tout dans leur cœur.

     Sans respect humain et sans peur, elles ont tout donné, fait fi de leur réputation, seules sur le chemin du Calvaire pour s’y tenir avec la Vierge Marie, après que Véronique eut essuyé avec une immense compassion le visage du Sauveur.

     Quelle récompense leur fut-il donnée de cette humble fidélité sans inquiétude pour elles-mêmes ?

     La Sainte Face imprimée sur le linge, et d’être les premiers témoins de la Résurrection.

     A s’être totalement oubliées, par pur amour, elles ont été comblées bien au-delà de ce qu’elles auraient pu imaginer, car justement elles n’attendaient rien.

     Heureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux est à eux.

                                                En la fête de Sainte Marthe, 29 juillet

                                                                       Jeanne de Thuringe