Le coeur d’une jeune fille française

 Chère Bertille,

           Je sais l’amour que tu as pour ton pays la France. Dans notre société qui tend à se mondialiser, qui veut faire perdre les particularités de chaque nation et du coup les valeurs propres de sa population, il faut tendre encore plus à être de vraies jeunes filles françaises.

Ce qui nous caractérise toutes les deux, c’est notre jeunesse. Si l’on regarde les grandes saintes jeunes filles françaises : sainte Geneviève, sainte Jeanne d’Arc, sainte Odile, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, elles avaient toutes une grande dévotion en Notre-Dame. Notre-Dame a modelé notre pays, la France, par ses multiples apparitions et toujours elle est apparue comme une jeune femme : Lourdes, la Salette, la Rue du Bac, Pontmain…. Par-là elle nous encourage à garder notre esprit de jeunesse. Oui la jeunesse est un état d’esprit et non une période délimitée par l’âge. La vraie jeunesse est d’ordre spirituel. Sous le regard de Dieu nous ne vieillissons pas. Regarde le prêtre, quel que soit son âge, il monte à l’autel de Dieu qui réjouit sa jeunesse : « Introïbo ad altare Dei, ad Deum qui laetificat juventutem meam ».

Si nous voulons rester jeunes, il faut être spirituelles. La jeunesse que tu fréquentes est blasée, triste. Elle a perdu tout sens et tout but à la vie. Pose lui la question : pourquoi vis-tu ? On te répondra : pour gagner de l’argent, pour le plaisir. Quel Idéal ! Un rien peut détruire l’idéal qu’elle essaye de construire chaque jour et qui la rend encore plus triste. Notre Idéal, il faut le placer en Dieu, là est notre trésor. C’est lui qui nous maintiendra jeunes. Le mot « Idéal » est synonyme de vocation, réaliser le plan de Dieu qu’Il a pour chacune d’entre nous.

Pour se construire, la jeunesse a besoin de modèles, c’est pourquoi les mamans prennent soin de raconter aux enfants les beaux exemples de ceux qui se sont dépassés pour Dieu, tels les Saints. Et la lecture de telles vies est toujours enthousiasmante. Le plus bel exemple que la jeune fille peut avoir, est la contemplation et l’admiration de la Sainte Vierge. “Qu’elle se mette à l’école de Marie, qu’elle la regarde, qu’elle la contemple, qu’elle entre en Elle, dans son Cœur, et qu’elle se laisse transformer. Marie a porté Jésus dans son sein. C’est là qu’il a été formé, et c’est là que nous devons retourner pour nous laisser former, pour que le Christ grandisse en nous1.”

A l’image de la Vierge, la jeunesse doit être pure et vraie. Le monde sait qu’en s’attaquant à la pureté, il détruit la jeunesse. Alors il faut construire un rempart encore plus solide. L’être pur n’a pas besoin de se cacher, de se dissimuler, ou de mentir. Les jeunes d’aujourd’hui sont “masqués”. Ils cachent ce qu’ils sont par leur apparence.

Ma chère Bertille, si tu veux construire quelque chose de solide, il faut t’asseoir sur des bases qui ne soient pas superficielles mais profondes. En étant chaque jour là où tu dois être tu seras heureuse.

On peut aussi admirer la disponibilité de la Sainte Vierge, dès sa jeunesse. A 16 ans elle accepte de devenir la mère de Dieu. Quelle responsabilité. Elle n’a pas peur, car elle sait être dans le plan de Dieu. Comme sainte Thérèse : « l’unique chemin, c’est l’abandon du petit enfant qui s’endort sans crainte dans les bras de son père ».

Du fait que nous soyons jeunes filles françaises, nous devons aussi remplir notre rôle. La France est fille aînée de l’Eglise. Elle doit cette place au nombre de saints qu’elle a enfantés, qu’elle a nourris et qu’elle a donnés au monde. Elle le doit aussi à son esprit missionnaire. Quel rayonnement la France a eu sur le monde : Elle possédait plus de la moitié des missionnaires du monde entier. La jeune fille a sa place dans cette œuvre. Sainte Thérèse a bien été nommée patronne des missions du fond de son Carmel. Alors continuons, à notre humble place, de rayonner, soyons missionnaires dans notre pays, afin qu’il retrouve sa Foi d’autrefois et le rayonnement qu’il avait.

Ma chère Bertille, je te souhaite de cultiver cet esprit de jeunesse chrétienne française. Je termine cette lettre par ces mots du futur Pape Pie XII lors de l’inauguration de la Basilique de sainte Thérèse de Lisieux, afin qu’ils t’encouragent chaque jour: « Quand je pense au passé de la France, à sa mission, à ses devoirs présents, au rôle qu’elle peut, qu’elle doit jouer dans l’avenir, en un mot, à la vocation de la France… comme je voudrais crier à tous les fils et filles de France : Soyez fidèles à votre traditionnelle vocation ! Jamais heure n’a été plus grave pour vous en imposer les devoirs, jamais heure n’a été plus belle pour y répondre. Ne laissez passer l’heure, ne laissez pas s’étioler des dons que Dieu a adaptés à la mission qu’il vous confie ; ne les gaspillez pas, ne les profanez pas au service de quelque autre idéal trompeur, inconsistant ou moins noble et moins digne de vous ! »

Anne

1 Le sacerdoce du Cœur, Jo Croissant p.140