L’Eglise expliquée à nos enfants

Chaque dimanche, nous nous rendons à l’église pour assister au Saint Sacrifice de la messe, il s’agit là de l’édifice, de l’endroit où nous allons prier et où se trouve le tabernacle dans lequel repose Jésus. Il n’est pas difficile d’expliquer ce qu’est l’église à un enfant, c’est tout simplement « la maison de Jésus ». Mais un jour nous aurons à lui apprendre ce qu’est l’Eglise, celle qui a une majuscule, et cela sera plus difficile…car, d’une certaine façon, elle ne se voit pas !

 Pour rendre les choses plus concrètes, il nous faudra alors partir des connaissances de l’enfant sur la vie de Notre Seigneur : il sait déjà qui est Jésus et connaît Sa vie chaque année un peu mieux en revivant les événements de l’année liturgique.

Avant sa mort sur la Croix, nous savons que Jésus avait, pendant trois années, enseigné Lui-même ses Apôtres et beaucoup d’autres disciples. Enormément de gens se réunissaient autour de Lui et croyaient en Lui, on le regardait comme un chef : Notre-Seigneur avait fondé l’Eglise. Il s’agit d’une société[1], l’assemblée de ses fidèles, ses amis qui l’écoutent et lui obéissent. Et ainsi Jésus leur apprenait qui était le bon Dieu, son Père, et ce qu’il fallait faire pour aller au Ciel, pour un bonheur éternel auprès de Lui. Jésus était venu sur la terre pour cela : pour conduire nos âmes au Ciel.

Jésus savait que bientôt, lorsqu’Il aurait terminé sa mission sur la terre, Il remonterait au Ciel près de Son Père. Il fallait donc trouver un chef visible pour diriger à sa place tous ses disciples; Il choisit alors Saint Pierre parmi ses Apôtres pour être chef de Son Eglise sur la terre. Et depuis Jésus, après Saint Pierre, il y a toujours eu un nouveau successeur pour devenir le chef de l’Eglise. Nous l’appelons le Pape. Saint Pierre a été le premier Pape. Aujourd’hui le Pape s’appelle François, il est le chef de toute l’Eglise, c’est-à-dire de tous les fidèles baptisés du monde entier. Il représente Jésus sur la terre, son devoir est d’apprendre aux hommes tout ce que Jésus a révélé à Ses Apôtres pour qu’ils aillent, eux aussi, au Ciel.

Comme nous sommes baptisés, nous appartenons nous aussi à l’Eglise. Chaque baptisé est un membre de son corps dont Notre Seigneur est la tête, le chef invisible (le chef visible sur la terre étant le Pape). Depuis toujours, l’Eglise est comme la barque de Saint Pierre qui transporte tous les baptisés et leur transmet les vérités que Jésus avait données aux hommes par le moyen des sacrements (Baptême, Confirmation, Eucharistie…). Il y a bien des tempêtes parfois, mais Jésus veille sur Son Eglise et a dit à Ses Apôtres qu’elle durerait toujours !

L’Eglise est répandue sur toute la terre, alors le Pape, qui habite Rome, la Ville Eternelle, est aidé par d’autres prêtres (le clergé) dont les plus importants sont les cardinaux, puis les évêques et les prêtres qui sont répartis dans le monde entier pour convertir les âmes et leur donner les sacrements, comme l’avaient fait les Apôtres après que Jésus est monté au Ciel, le jour de l’Ascension. Les fidèles que nous sommes obéissent aux prêtres qui eux-mêmes obéissent aux évêques qui sont dirigés par le Pape, et le Pape obéit à Jésus-Christ Lui-même. Nous appartenons donc à une grande chaîne qui nous relie à Jésus-Christ.

Lorsque l’enfant sera plus âgé,  nous pourrons expliquer que dans certaines circonstances[2], le Pape jouit de l’infaillibilité. On dit qu’il parle  ex cathedra. C’est-à-dire qu’il bénéficie d’une assistance particulière du Saint Esprit qui garantit que ce que dit alors le Pape est sans aucune erreur.

Nous devrons également lui expliquer que l’Eglise est Une, Sainte, Catholique et Apostolique et qu’elle réunit trois parties : l’Eglise Militante sur la terre, l’Eglise Souffrante au Purgatoire et l’Eglise Triomphante au Ciel.

Ainsi donc, l’Eglise est la grande famille des enfants de Dieu. Et si je lui appartiens, j’ai des devoirs envers elle : je dois bien sûr l’aimer et la servir !

On appelle l’Eglise « notre Sainte Mère » car elle donne la Vie et veille sur nos âmes comme une mère sur ses enfants. Comment ne pas aimer une mère si bonne, si sainte et si vigilante ?!

Pour aimer l’Eglise, les catholiques doivent obéir aux enseignements de Notre-Seigneur en étudiant le catéchisme, en se formant toute leur vie par des bonnes lectures, en observant les commandements et recevant les sacrements. Ils doivent également être fiers d’être membres de l’Eglise, la respecter et la défendre s’ils entendent des gens l’attaquer et remettre en cause les enseignements de Notre-Seigneur, ce qui est grave !

Les membres de l’Eglise doivent également aimer le Pape, puisqu’il est « Jésus sur la terre ». Pour cela il est un devoir de prier en famille pour lui. Il faut montrer aux enfants que le Pape est une personne importante, qui a une lourde responsabilité et que nous devons le soutenir de nos prières. Pour donner ce sens de l’Eglise à l’enfant, on pourra lui montrer une photo du Saint père le Pape, parler de ses déplacements dans les différents pays, recevoir sa bénédiction « Urbi et orbi » le jour de Noël et de Pâques en écoutant les retransmissions directes à la radio, occasion de recevoir les indulgences plénières, et même, si l’occasion se présente, l’emmener à Rome, siège de la Chrétienté, pour qu’il voit où ont vécu tant de papes, et où tant de martyrs ont versé leur sang pour défendre la foi de Jésus-Christ !

Nous avons aussi des devoirs de générosité envers l’Eglise, non seulement en prières, mais aussi en sacrifices, en aumônes (denier du culte, soutien d’œuvres, d’associations qui travaillent pour le règne de Notre-Seigneur sur la terre…), en soutenant les prêtres et les religieux, en faisant de l’apostolat.

Faisons bien comprendre à nos jeunes enfants que nous sommes fiers d’être des catholiques, c’est-à-dire des fils de l’Eglise romaine, membres du Corps mystique du Christ, et de travailler sous l’autorité des pasteurs, à étendre le royaume du Christ.

SL


[1] Mat. 16,18

[2] Cf. notre rubrique : Le saviez-vous, page suivante.

Et se prosternant, ils l’adorèrent

Profitons de ce temps de Noël pour expliquer à nos enfants ce qu’est la prière d’adoration. A des tout-petits de 3 ou 4 ans, il est encore tôt pour « expliquer » ce mystère de l’Incarnation, mais c’est dès maintenant qu’il faut les en faire vivre :

Ce petit enfant couché sur la paille, c’est Jésus, le Fils de Dieu. Il est Dieu, le Roi du Ciel et de la terre…On prendra un air bien solennel pour montrer tout le respect que l’on doit avoir pour ce si petit Bébé. Quand les bergers sont entrés dans l’étable, qu’ont-ils fait d’abord ? Ils se sont mis à genoux devant l’Enfant Jésus pour l’adorer. Et quand les Rois Mages sont arrivés après leur long voyage, qu’ont-ils fait ? Ils virent l’Enfant avec Marie sa mère, et se prosternant, ils l’adorèrent. (Matth.2, 10).

Pourquoi les bergers et les Rois Mages se sont-ils mis à genoux devant le petit Jésus ? Parce qu’ils savent que ce tout petit Enfant, c’est le Fils de Dieu. Nous aussi, nous allons nous prosterner devant Jésus pour L’adorer, parce qu’il est Dieu. On ne peut adorer que Dieu ! (C’est pourquoi on n’emploie ce mot que pour Dieu seul…même pas pour le chocolat ou pour d’autres fantaisies !)

Et comme l’ange de Fatima l’a montré aux petits bergers Lucie, Jacinthe et François, à genoux, nous nous prosternerons la face contre terre. Après un petit temps de silence les enfants pourront répéter : « Jésus je vous adore de tout mon cœur, de toute mon âme. Je crois que vous êtes le Fils de Dieu et je Vous aime par-dessus tout. »

L’adoration est la première attitude de l’homme qui se reconnaît créature devant son Créateur. Les premiers chrétiens l’ont compris, eux qui sont morts par milliers par refus d’adorer idoles ou faux dieux. « L’adoration est le prosternement de l’esprit devant le Roi de gloire (Ps23, 9-10) et le silence respectueux face au Dieu toujours plus grand » (St Augustin).

Nous l’avons dit souvent : c’est en priant nous-mêmes que nous apprenons à nos enfants à prier. La toute première des prières n’est-elle pas l’adoration ? Si nous, parents, avons un sens profond de l’adoration, c’est tout naturellement que nous le transmettrons à nos enfants. A partir du moment où le bon Dieu voit nos efforts pour réellement Le mettre EN PREMIER dans notre vie et dans l’éducation de nos enfants, Il nous donnera toutes les grâces dont nous aurons besoin pour mener à bien cette grande et belle tâche : faire de nos enfants des adorateurs de Dieu !

Cette formation se fait dès les toutes premières années, en habituant le tout petit à vivre en présence de Dieu. Pour cela il suffit de se remettre en esprit devant Dieu, non seulement présent partout, mais aussi au-dedans de nous, et de se rappeler Son immensité, Son grand amour pour nous et Son secours dans tous nos besoins. On apprendra que l’on peut prier Dieu en tous lieux, et l’on admirera toutes ces belles choses qu’Il a créées tout autour de nous : les paysages les animaux, les fleurs…tout cela est l’occasion de faire monter  nos prières vers le Créateur.

 Quand on prie le bon Dieu, cela se fait dans le silence, mais on ne passe pas instantanément de l’agitation à l’immobilité. Prenons le temps nécessaire pour obtenir le calme qui apporte aussitôt détente et repos : l’âme devient alors disponible pour s’élever vers Dieu. N’oublions pas que la bonne tenue est aussi le « silence du corps », et gardons  le « silence des yeux »… quand on prie en famille, comme à la messe, on ne se retourne pas. Il y a là une discipline dont il faut donner progressivement l’habitude à l’enfant (à partir de 2ans et demi ou trois ans), pendant la prière, on « commande à son corps » de ne plus bouger, cela viendra progressivement. Pour cela il faut déjà  avoir donné au jeune enfant des habitudes de respect, de bonne tenue, de maîtrise de soi dans la vie quotidienne

Pendant la prière, et particulièrement la prière d’adoration, les gestes sont importants : signe de croix, génuflexion, savoir se gêner pour Dieu en restant bien à genoux et pas sur les talons. Quand on s’adresse à la Majesté de Dieu on se doit d’avoir une attitude respectueuse, un sens du sacré. C’est cette bonne tenue qui favorisera le recueillement et fera prendre conscience que c’est véritablement à Dieu que nous nous adressons.

Lorsque nous irons à l’église voir la crèche, nous irons d’abord devant le tabernacle prier Jésus, parce qu’au Tabernacle, Jésus est là, vivant. Cette visite à l’église pourra être l’occasion d’apprendre aux plus petits à bien faire une génuflexion, geste d’adoration et de respect.

Pour être solide, la piété doit s’appuyer sur ce mystère de l’Incarnation. Il faut imprimer fortement cette idée que l’Enfant Jésus est Dieu. Cet amour pour Jésus grandira quand l’enfant comprendra pourquoi Il est venu. Plus tard la Rédemption touchera à nouveau son cœur.

Vous verrez alors que vous n’aurez pas perdu votre temps car vous aurez donné à vos enfants le sens de la vie de l’Enfant-Dieu, et développé sa piété envers le Christ depuis le bois de la Crèche jusqu’au bois de la Croix.

SL

Donner c’est aimer

Il est étonnant de voir comme certaines personnes passent leur vie à rendre service, à droite, à gauche, avec discrétion, sans jamais sembler se lasser et gardant le sourire… Mais comment font-elles ? Qu’est ce qui les motive ainsi ?

Cela ne leur tombe pas dessus, un beau jour où elles décident de sortir de leurs petites préoccupations personnelles… Non, je dirais que c’est un état d’esprit qui s’acquiert peu à peu, et avant tout par une éducation qui imprègne l’âme de l’enfant, lui donnant la volonté de se tourner vers son prochain afin de lui ouvrir son cœur en lui donnant un peu de lui-même par un service rendu, un mot aimable , tout simplement un sourire, ou encore tant d’autres choses… car donner, c’est aimer !

Notre-Seigneur Jésus Lui-même ne nous a-t-Il pas aimés au point de donner Sa vie pour nous, jusqu’à la mort, pour nous sauver ? Y a-t-il plus grand amour que de donner sa vie ?

Ainsi, les époux se donnent-ils l’un à l’autre pour la vie, parce qu’ils s’aiment. Ils aimeront les enfants auxquels ils auront donné la vie…

Mais il ne suffit pas de donner pour aimer… il faut se donner le mal de bien donner, y prendre de la peine…car donner c’est aussi souffrir!

De retour à la maison après sa journée de travail, cet époux ne prend aucune peine auprès de son épouse pour l’aider à coucher les enfants ou débarrasser la table du dîner…c’est qu’il a eu une rude journée, et le soir, comme le dimanche d’ailleurs, sont pour lui des temps de repos ! Son épouse ne viendra s’asseoir auprès de lui que bien plus tard…elle qui n’a pas eu un instant pour se détendre un peu depuis son lever matinal ! Il l’accueille aimablement et reprend sa lecture, estimant aimer convenablement celle qui aurait bien souhaité avoir quelque soutien pour coucher les petits et ranger la cuisine après une si longue journée… Allons monsieur, il faut vous donner un peu de mal pour montrer à votre épouse que vous l’aimez ! Vous auriez dû lui accorder un peu de votre temps, un peu de votre énergie aussi car les enfants ne se sont pas laissés coucher facilement ce soir… un peu d’attention en l’aidant dans la cuisine tout en prenant des nouvelles de sa journée… vous auriez eu une petite joie au cœur en vous asseyant enfin tous les deux pour partager ce moment de repos ! Est-ce aimer que de n’avoir pas su bien donner tout cela ?

Oui, cela coûte de bien se donner entre époux: ne pas se faire de réflexions désagréables, faire preuve de patience, céder au désir de l’autre, ne pas envenimer la conversation… Comme cela demande d’efforts ! Peu importe quand il s’agit de choses secondaires… Aimer pour le bien de notre conjoint est plus fort que tout ! Cela demande aussi beaucoup d’abnégation de faire le choix généreux d’une nombreuse famille, ou, si cela ne nous est pas possible, d’exercer notre générosité en donnant de notre temps auprès d’autres personnes ! Cela coûte encore de restreindre une vie mondaine qui se fait au détriment de la cellule familiale, de faire le choix d’écoles onéreuses car non subventionnées et libres pour un enseignement en adéquation avec nos convictions morales et religieuses…

Oui cela est contraignant encore d’avoir à être exigeant avec ses enfants, de ne pas céder à leurs caprices, de savoir donner tout de suite la fessée méritée alors qu’on était à tout autre chose et qu’on n’avait nulle envie de sévir ! Seulement voilà, nous avons fait le choix d’un bien supérieur pour eux et il faut le leur donner, c’est notre devoir de parents aimants et responsables !

C’est pour cela, chers parents que nous devons transmettre très tôt à nos enfants le sens de donner, de bien donner ! Il me semble qu’il y a deux choses à travailler en parallèle pour cette éducation : faire plaisir à ceux que l’on aime, et  l’esprit de sacrifice.

Un enfant aime ses parents, et il comprend très vite qu’il doit aussi aimer le bon Dieu si bon pour lui. Il n’est pas difficile de lui apprendre à faire plaisir à sa maman ou son papa en obéissant, rangeant sa chambre ou en rendant service… De la même manière fera-t-il plaisir à Jésus en lui donnant un baiser, lui faisant une prière ou lui offrant un sacrifice. Ainsi fera-t-il très vite le lien entre aimer-donner-souffrir, car parce qu’il aime il est capable de donner au prix même d’un effort, jusqu’à ce que cela lui coûte.

Il faut alors être attentif à ce que ce don soit gratuit, sans esprit de retour… Au départ les parents remercient leur enfant et le félicitent. Attention que le don n’attende pas de félicitations systématiques ou de récompense quand l’enfant grandit (on voit souvent cela quand un enfant observe si on l’a bien vu faire sa bonne action…). Il faut savoir remercier, c’est certain, mais il peut arriver qu’il n’y ait aucune félicitation après un service rendu…la vie le prouvera souvent et il ne faut pas se sentir frustré et tomber dans l’orgueil pour autant… c’est justement l’esprit de sacrifice qui communiquera aux âmes la force dans les difficultés de la vie, et dans les épreuves qui ne manqueront pas. Le service est gratuit ! Il est un don du cœur, un acte de générosité pure, il n’y a aucun intérêt personnel à en attendre ! On travaillera ainsi la générosité des enfants en leur demandant des services à la maison, ou les uns pour les autres, avec gentillesse et spontanéité. A ce propos, il est préférable d’éviter les fameuses listes de services avec des tours…qui entraînent des « ce n’est pas à moi de le faire, ce n’est pas mon tour ! » et tuent l’esprit de générosité, et l’initiative d’un service non demandé. Mieux vaut ne pas faire de listes pour éveiller l’attention personnelle aux autres et le service discret, ou, si vous y tenez, une liste de services à rendre (dans la maison ou le jardin…) sur laquelle chacun inscrira son nom en face du service choisi. La maman veillera à ce que les choix tournent en fonction des difficultés et des âges… Par ailleurs elle s’adressera à l’un ou à l’autre pour demander une aide particulière… et parfois même à tout le monde à la fois : vous verrez alors comme le service peut se faire dans une bonne ambiance familiale !

Cet esprit de générosité s’ouvrira peu à peu vers l’extérieur du foyer familial en donnant une pièce et une médaille miraculeuse au pauvre sur le trottoir, un  jouet ou des vêtements aux familles en difficulté, un peu de soutien pour garder les enfants de la voisine ou une visite à une personne seule ou âgée…

A la paroisse les enfants suivront naturellement l’exemple de leurs parents en proposant leur aide au service de messe, ménage de l’église ou participation à la chorale…la famille sera capable de renoncer à un bon week-end bien confortable en petit comité, pour renforcer les rangs d’un pèlerinage et s’époumoner au grand air en lançant prières et cantiques !  Peu à peu ils s’engageront plus intensément en se dévouant dans des mouvements de jeunesse tels que le scoutisme, le MJCF ou d’autres associations où ils pratiqueront pleinement le don d’eux-mêmes.

C’est là une grande responsabilité des parents de transmettre l’esprit du don de soi-même à leurs enfants qui rayonneront autour d’eux en livrant leur cœur au service de leur entourage, dans un esprit de sacrifice pour l’amour du prochain dans lequel ils sauront voir Dieu! Nous ne serons pas surpris alors de voir fleurir autour de nous des familles nombreuses et généreuses….ainsi que de belles vocations religieuses d’âmes prêtes à donner leurs vies pour le service d’autres âmes !

Sophie de Lédinghen

Vacances et vie de famille

Les vacances!… Des semaines, des mois à l’avance, on en rêve…On les prépare, on forme des projets : voyage, promenades, activités diverses que l’on ne peut faire pendant le reste de l’année. C’est le temps d’une détente bien nécessaire, après l’effort de tous ces mois de travail. On goûte un sentiment de liberté : plus de contraintes pour les conduites de classe, ni d’horaires. En contrepartie, on a la charge des enfants toute la journée : il nous revient alors de diriger nous-mêmes l’ensemble de leurs activités.

Les plus petits sont tout heureux de pouvoir, simplement, s’amuser  dans le jardin. Mais au fur et à mesure qu’ils grandiront, ils auront besoin d’activités plus structurées, (camp de louveteaux, scouts ou de la  Croisade Eucharistique…), ou, plus performantes (camps de cadres, universités d’été, randonnées en montagne, voile, musées, séjours linguistiques…).

Dans tous les cas, l’aspect primordial de cette période est incontestablement la possibilité de se retrouver tous ensemble en  famille, parents et enfants, pendant une partie au moins de ce temps de vacances  et de « vivre en famille », tout simplement. Ce peut être un temps d’enrichissement  pour tous et pour chacun : les enfants sont heureux de retrouver leur père, et de sentir la cohésion d’une famille unie : ils en ont un réel besoin ! Cela va du château de sable jusqu’à l’escalade en montagne en passant par les promenades en  vélo, l’observation des fleurs ou des insectes sur le chemin, une crapette ou une partie d’échec…ces activités vécues « avec Papa » ont pour l’enfant- et à tous les âges- une saveur infiniment précieuse, inoubliable.  Pour les  parents, c’est l’occasion d’un contact avec chacun des enfants, sous un jour différent du reste de  l’année.  Ces  moments sont précieux pour nous aider à mieux les connaître…

Attention à la facilité…

L’un des plus gros «  dangers »  des vacances est la facilité engendrée par l’ambiance même des vacances. Ce qui risque d’entraîner un relâchement par rapport aux habitudes du reste de  l’année : par exemple, l’heure du coucher…et du lever, le désordre, le manque de service rendu…on néglige la bonne habitude du chapelet en famille ou même la confession régulière… Soyons bien vigilants à ne pas tomber dans le piège de « tout mettre en vacances », pour nos enfants comme pour nous !

Cette même facilité peut se faire sentir aussi au niveau de l’esprit de consommation : il est si tentant d’offrir à nos enfants une glace, une barbe – à papa, ou encore un tour de manège, chaque fois que l’occasion se présente… Une fois ou deux dans l’été suffisent. Si cela reste exceptionnel, alors les enfants en garderont des souvenirs enchantés.

« L’esprit de pauvreté » est une vertu évangélique, ne l’oublions pas. Déjà, et souvent bien malgré nous, nos enfants baignent dans une société de consommation outrancière : ce n’est sûrement pas cela qui les rendra heureux… mais fortifions-les en leur apprenant à dépasser ces envies d’un moment par une bonne discipline personnelle et familiale.

« Aimez-vous les uns les autres »…

La « vie facile » engendre spontanément l’individualisme, l’égoïsme : chacun cherche      son      propre      avantage.  Les « contraintes » de la vie en commun n’en paraissent alors que plus dérangeantes. Une telle attitude va directement à l’encontre de l’esprit de charité. Que pouvons-nous donc faire, au cours des vacances, pour éveiller et développer, chez nos enfants, l’ouverture du cœur, l’attention aux autres ?

  • Décorer la table pour un repas, soigner la présentation des ..
  • Préparer un petit spectacle tous ensemble pour le 15 août
  • Visiter une personne seule, âgée ou malade
  • Rendre service : oui, mais « avec le sourire ». C’est cela qui fait plaisir. En évitant que ce soit toujours les mêmes qui se lèvent de table ou se retrouvent derrière l’évier… Dans certaines familles on dit que tant que les mamans ne sont pas assises, c’est qu’il y a des choses à faire ! Alors, guettons notre maman avec générosité… !
  • Pour faire réellement plaisir aux autres, il est quelquefois nécessaire de savoir se gêner pour eux : laisser la meilleure place, être poli, renoncer généreusement à sa petite volonté (dans un jeu par exemple). C’est l’apprentissage  du sacrifice, sans lequel il n’y a pas de véritable charité.
  • Vacances actives…

Si nous voulons que les vacances soient réussies, c’est-à-dire « profitables » et bénéfiques pour chacun, il faut non seulement que nos enfants soient sainement occupés, mais que nous sachions où ils sont et ce qu’ils font. Il ne s’agit pas d’être en permanence avec eux, mais il est de notre devoir de savoir ce qu’ils font à tel ou tel moment de la journée. N’hésitons pas, en outre, à « nous investir » dans les activités de nos enfants : partager leurs jeux, vérifier leurs lectures, leurs rencontres, prendre le temps de discuter…etc.

Autres familles…autres éducations

Lorsqu’on se retrouve à plusieurs familles chez les grands-parents, ou encore si nos enfants sont invités dans une famille amie, deux cas peuvent se présenter : ou bien ces familles, momentanément réunies, ont la même façon de penser et d’agir, ou bien il  arrive que nous nous trouvions confrontés au problème d’éducations différentes.

Dans le premier cas, il est excellent pour les enfants de voir que, à quelques nuances près, c’est la même chose chez les autres qu’à la maison : on obéit, on met le couvert, on aide à la vaisselle, on dit la prière, etc. Les réactions sont les mêmes dans les cas de dispute, de mensonge, de rapportage…  Et même si elles sont parfois l’occasion de quelques bonnes frictions de caractère, ces retrouvailles entre cousins, d’année en année, sont le plus souvent très enrichissantes.

Mais cependant – surtout dans les familles nombreuses – on ne peut éliminer le problème des différences. Ces rencontres familiales restent nécessaires pour garder « l’esprit de famille ». Mais dans certaines situations, il sera préférable de prévoir de ne pas trop les prolonger pour éviter soit des  heurts, soit que notre patient travail éducatif ne soit détruit par de fâcheux contre- exemples. Patience et charité devront guider notre attitude.

La prière en famille

Il est évident qu’un bon support mutuel entre familles reste toujours souhaitable sur bien des points de la vie quotidienne dont la prière en famille. Le style de prière est particulier à chaque famille. Comment accorder les habitudes de chacun avec leurs différences ?

  • Dans de nombreuses familles on dit le chapelet tous ensemble
  • On peut réciter la prière de l’une ou l’autre famille à tour de rôle
  • Le choix des intentions de prières est aussi un moyen de rapprocher des sensibilités différentes
  • « L’ami secret » : chacun tire un papier portant le nom d’un membre de la famille ; il prie pour lui en secret pendant toute la journée.

Si l’on change de cadre, si l’organisation matérielle des vacances est souvent synonyme de détente, ce n’est pas pour autant que cette période doive être exempte de quelques règles de base qui se résument  en  ces  mots : « vivre sous le regard  de Dieu ». Ceci ne veut pas dire, bien sûr, rester en prière ou en lévitation toute la journée !…Il s’agit plutôt d’imprégner, en quelque sorte, toutes nos actions de la journée de ce sentiment de la Présence du Bon Dieu, de Son regard continuel  sur nous ; ce qui nous amènera tout naturellement à Lui offrir ce que nous faisons, à le faire bien, à y mettre tout notre amour, notre bonne volonté : « Que vous mangiez, que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour  la gloire de Dieu » ( 1 Cor 10,31)

Ainsi, ne manquons aucune occasion de continuellement faire remonter notre cœur, notre pensée, vers le Seigneur qui nous a tout donné. Ce temps des vacances y est particulièrement favorable.

De retour à la maison, c’est le comportement de nos enfants qui nous indiquera la qualité de leurs vacances… seront-ils grincheux, repliés sur eux- mêmes…ou au contraire plus pieux, plus serviables et souriants ? Et cette année, quels fruits voulons-nous voir mûrir à l’arbre de nos vacances?…

Sophie de Lédinghen

L’éducation du respect

Dans le contexte social actuel, le mot et la pratique du « respect » n’ont pas vraiment bonne presse. Les gestes, les attitudes, le vocabulaire, la tenue…toutes ces  manifestations extérieures de respect n’ont que trop tendance à disparaître pour faire place à l’insolence, la désinvolture, l’arrogance… oui, il est bien certain que l’environnement ne nous facilite pas la tâche et nous pousse même à aller à contre-courant car, dans un souci de véritable éducation catholique, nous avons à lutter contre les mauvais exemples que nos enfants voient à l’extérieur.

Le respect dû à Dieu est la base fondamentale – de là découle ensuite le respect dû aux personnes et aux choses-. Sur lui repose la valeur morale de l’influence que les éducateurs exerceront sur le comportement de l’enfant. C’est dans la mesure où les parents comprendront que l’enfant est un être sacré depuis son baptême, qu’ils le traiteront avec la délicatesse et les précautions qui conviennent aux créatures de Dieu. Ils ne tromperont donc pas sa confiance, et formeront sa conscience en lui apprenant à distinguer le bien du mal sans l’abandonner à ses caprices ou instincts. C’est parce que l’enfant est destiné à  la perfection que nous devons d’abord le respecter.

Ce respect dû à l’enfant ne va pas sans réciprocité, et celui-ci apprendra le respect de lui-même : tenue vestimentaire, effort de bonne tenue et de langage châtié, propreté, rangement… Un enfant qui n’est pas habitué à se respecter lui-même, ni dans son corps, ni dans ses actes, ni dans ses paroles, est un enfant voué d’avance à toutes les déviations et perversions de la nature. C’est surtout en lui rappelant qu’il est une créature de Dieu et en l’habituant à vivre en Sa présence que l’on apprendra à l’enfant le respect de lui-même.

Au respect de soi, l’enfant ajoutera le respect des personnes : ses parents, grands-parents, professeurs, mais aussi frères et sœurs, camarades, s’effacer devant une porte pour laisser passer quelqu’un le premier, aider à porter un panier ou à traverser la rue, laisser sa place dans le métro ou le bus, se lever quand le professeur entre dans la classe … Il respectera en premier lieu les personnes qui sont chargées de son éducation. Les parents exigeront que leur enfant soit toujours respectueux à leur égard. Mais ils l’habitueront aussi à se montrer poli et bienveillant avec tout le monde, riches ou pauvres, savants ou ignorants, vertueux ou pécheurs…Dieu est leur Créateur et Il les aime tous. Par respect du prochain l’enfant ne triche pas aux jeux, respecte le travail de ses camarades, ne prononce pas de paroles blessantes ou injustes.

Parce qu’ils sont créatures de Dieu aussi, l’enfant aura le respect des animaux, mis au service de l’homme. S’il a le droit de les soumettre, voire de les tuer pour sa nourriture ou pour sa défense, il n’a pas celui de le faire par plaisir ou par cruauté. Il en est de même du respect des choses, créations de Dieu ou oeuvres du travail des hommes. L’enfant apprendra à s’en servir sans les détruire ou les abîmer, il ne jettera pas de papiers par terre et respectera la nature, prendra soin de ses vêtements…

Mais tout n’est pas respectable dans la vie, et l’on apprendra à mépriser le mal sous toutes ses formes, en veillant à ne pas confondre le mépris du mal avec le mépris des personnes. C’est là une éducation délicate d’apprendre à respecter les personnes, tout en méprisant le mal qu’elles font !

Savoir se faire respecter fait partie de notre devoir de parents. C’est imposer aux enfants des limites à ne pas dépasser. Ne laissons jamais passer une insolence, un geste agressif, un haussement d’épaules ou des yeux levés au ciel avec un énorme soupir ! Vis-à-vis de qui que ce soit, il faut tout de suite réagir : rectifier et demander des excuses. Deux pièges sont alors à éviter :

  • Soit trop de faiblesse: si on laisse passer une insolence, elle sera vite suivie de beaucoup d’autres, et nous serons vite submergés, dépassés…Il faut tout de suite demander des excuses (tout de suite, pas demain car l’enfant vit dans le présent). La faiblesse des parents dans ce domaine n’est que démission de l’autorité ; cette faiblesse est coupable.
  • Soit trop de dureté : on croit montrer son autorité en criant plus fort que l’enfant…il se taira peut-être, mais la tension est montée : s’il n’a pas demandé pardon et fait la paix avec sincérité, son cœur restera fermé, mal disposé à notre égard…le mal reste et se manifestera de nouveau à la première occasion. Il est capital que l’autorité se fasse respecter. Une autorité qui n’est pas respectée est pratiquement sans influence. Le respect est une sorte de crainte admirative qui prépare et facilite la docilité de l’enfant. Pour faire naître le sentiment du respect, l’autorité ne doit pas encourager des familiarités qui suppriment les distances ; elle doit s’adapter aux besoins de l’enfant sans, pour autant, rien perdre de son « prestige », ce qui n’empêche pas, bien sûr, le rire et la complicité !

Comment voulez-vous que l’enfant respecte la supériorité morale de ses parents si ceux-ci ne pratiquent pas eux-mêmes ce qu’ils exigent de leurs enfants : un père mal rasé avachi dans le canapé, une mère qui arbore une tenue vestimentaire irrespectueuse d’elle-même ou de son entourage, ou qui néglige son devoir d’entretien et d’ordre dans son foyer…Les parents ont bien souvent des attitudes de grands adolescents très « cool », c’est une des maladies actuelles où les générations ne se différencient plus, on se sent soi-disant « plus proches », or cela désoriente profondément les enfants ! Il y a deux générations distinctes qui ont chacune leur place propre dans la famille.

Souvenons-nous que l’on ne respecte que ce que l’on admire, et l’éducateur doit être, une fois encore, irréprochable ! Nos enfants sont nos miroirs, ils se permettront tout ce que nous nous permettons…mais s’interdiront aussi tout ce qu’ils nous voient nous interdire ! Nous restons leurs meilleurs exemples ! Et cet exemple passe inévitablement par nos discours, tout autant que par nos actions, notre aspect extérieur et notre langage.

Demandons bien les grâces dont nous avons besoin pour être respectables nous-mêmes, pour respecter  nos enfants et leur inculquer les valeurs de ce respect. Ainsi aurons-nous la certitude de faire d’eux les adultes que nous voulons qu’ils soient demain…

Sophie de Lédinghen