Alerte aux écrans (suite)!

Rappel des différentes parties vues lors de la première partie de cette étude (FA n°18) : L’imagination, saturation de l’imagination par l’écran, un effet destructeur sur la perception du réel.

 L’écran remplace le propre rêve de l’enfant par le rêve organisé

Par l’écran, l’imaginaire de l’enfant subit une invasion de sons et d’images qui le submerge et l’empêche de créer ses propres images. Quand il joue ou qu’il lit, l’enfant crée lui-même son propre « film », ce qui est indispensable à son développement psychologique. L’écran lui enlève cette possibilité. De plus, l’ambiance émotionnelle lui est imposée, alors que dans la lecture, elle est seulement proposée par l’auteur et recréée par l’enfant.

 L’enfant croit davantage à la réalité d’une image mobile que dans ses rêveries provoquées par le récit d’un conte. Il vit intensément le conte véhiculé par l’écran car les messages sont transmis par un triple langage : visuel, verbal, non verbal sonore. L’enfant, naturellement très impressionnable, intègre facilement le message que lui apporte l’écran et s’identifie plus aisément au héros qu’il lui propose. L’identification à des héros multiples peut d’ailleurs être source de perturbations. L’enfant héros est avant tout une création d’adultes dont l’imaginaire diffère totalement de celui de l’enfant à qui il s’adresse.

Le modèle mythique n’aide pas l’enfant, sinon à projeter ses propres frustrations : il forme alors une image dévalorisée de lui-même, de son milieu familial, de sa condition sociale et culturelle. Les véritables joies de l’enfance innocente sont ainsi étouffées par les écrans.

  • L’écran contribue au modelage de l’enfant

Dès son plus jeune âge l’enfant cherche à imiter, il reproduit tout :

-Les modèles sont d’abord ses parents puis le reste de son entourage.

-Au fur et à mesure qu’il grandit, il découvre de nouveaux modèles dans son voisinage, à l’école et dans la société en général.

-A l’âge de raison il sera à même de juger ce qu’il y a de bon et de mauvais dans ces modèles.

Mais l’influence reçue pendant ses toutes premières années pèsera d’une manière décisive. Le rôle primordial dans ce processus revient bien sûr aux parents. Or les écrans se substituent aux parents. C’est un véritable bouleversement des rôles. Bien avant l’école les enfants disposent d’une autre source qui leur permet d’assimiler des ambiances et des conceptions, de se familiariser avec des adultes différents, d’éprouver des émotions nouvelles. Ils sont pris dans de puissants faisceaux d’influences aux âges sensibles de la formation de la personne. Au cours de ce processus de formation se constitue un champ de représentations sociales qui vont permettre à l’enfant de comprendre son environnement, de l’interpréter, de communiquer avec ses semblables et de situer lui-même dans la société.

La constitution de ce champ est un mécanisme évolutif dans lequel les premières représentations résultant de l’identification aux parents et la formation de l’image de soi sont des structurations fondamentales. Dans l’intimité du foyer les écrans influencent considérablement cette structuration en imposant une vision du monde et un mode de vie qui façonnent uniformément adultes et enfants. Aujourd’hui la standardisation de l’homme est évidente et l’humanité y perd beaucoup.

  • Influence de l’écran sur l’intelligence

Parce qu’elles saturent, qu’elles gavent l’imagination, les images fournies par l’écran perturbent le travail naturel de l’intelligence. Il est incontestable que dans un premier temps il y a un élargissement des connaissances mais qui devient stagnation par la suite.

La passivité qui consiste à recevoir une information déjà façonnée ne permet pas le développement ultérieur d’un esprit critique et de recherche personnelle de la connaissance que donne la lecture des livres.

L’écran peut-il donc être un bon outil d’apprentissage ?

L’expérience montre que non. Ceci pour plusieurs raisons :

-Parce qu’elle va vite, qu’à l’image succède l’image, elle ne laisse pas le temps de réfléchir ; les idées ne s’impriment pas durablement car elle ne permet pas de revenir longuement sur un sujet comme on le fait sur les phrases d’un livre.

Les réponses viennent sans que l’enfant n’ait eu le loisir de se poser les questions ; or l’émergence d’une question est le fruit d’une maturation qui est plus utile que la connaissance de la réponse. L’émission ou le jeu sur écran ne tient compte ni du degré de connaissance, ni de la maturité, ni du langage ni de l’expérience individuelle. Elle s’adresse donc soit à la moyenne présumée, soit au niveau le plus bas de l’audience ciblée.

L’écran spectacularise les événements et les idées : c’est le côté spectaculaire ou sympathique qui frappe, plus que la profondeur des idées. Il s’adresse plus aux sentiments qu’à l’esprit.

A ce sujet, voici ce qu’écrit le professeur Rufo* dans la revue « vie et santé » de mars 1991 : « L’obstacle le plus important est la rupture qui existe entre deux mondes :

-d’une part celui de l’étude, de la réflexion, de la recherche, de la concentration ;

-d’autre part celui des écrans.

Tout est opposé d’une manière remarquable. Et l’étudiant connaît, consciemment ou pas, un mal fou à s’adapter au passage d’un univers à l’autre.

Pire, l’écran exerçant sur lui le pouvoir que l’on sait, va le conduire à attendre une vie « télévisuelle » partout où il vivra son quotidien. L’écran est capable de créer de nouveaux réflexes chez un individu, notamment chez un jeune (…) Le système télévisuel s’articule autour du show, du spectacle (…) L’enfant va attendre qu’autour de lui tout soit présenté en terme de spectacle, faute de quoi rien ne l’accrochera, même s’il s’agit de l’essentiel dans sa vie (…) Le travail de l’examen scolaire se vit sur la base d’un tout autre système, celui de la répétition, celui de la concentration, de l’attention sur un même sujet.

C’est d’ailleurs un fait très actuel : les gens d’aujourd’hui changent de conversation d’une manière étonnante, incapables qu’ils sont devenus de discuter en profondeur sur un sujet, ce qui reste le privilège -pourtant accessible à tous- de peu de personnes. La pensée part dans tous les sens, se ballade, n’arrive pas à se fixer… »

La mentalité contemporaine est ainsi devenue une mentalité inversée : les concepts sont devenus contingents et accessoires.

La voie est ainsi ouverte pour toutes les séductions que le filtre familial aura bien du mal à assumer.

 

 

Fin dans le prochain numéro :

-Comment les écrans nuisent à l’acquisition du langage.

-Vivre en famille sans télévision.

*Pr Rufo, pédopsychiatre, prof. d’université

 

 

Alerte aux écrans !!!

                     Chers amis lecteurs, vous savez comme j’aime conserver les choses belles ou intéressantes dans mes petits trésors…En fouillant un peu dedans récemment, j’y ai retrouvé cette étude que je voudrais partager avec vous. Elle date des années 1990, et n’a pas pris une ride !

                                                                                    Sophie de Lédinghen

 

            Lorsqu’on aborde le problème des écrans, la première réaction des familles est de considérer d’emblée le temps que leurs enfants passent devant un écran, et la moralité de ce qu’ils y regardent. Chers parents, vous avez conscience de ces difficultés de nocivité pour la santé morale et physique de l’usage hors contrôle des écrans, nous traiterons ici d’un aspect beaucoup plus fondamental, celui des effets des écrans sur notre psychisme. Je vous parlerai plutôt du danger de perversion de l’esprit et de l’imagination, moins spectaculaire que la corruption du sens moral, mais beaucoup plus profond.

 L’imagination

 Ce qui passe sur l’écran s’adresse d’abord à l’imagination : elle remplit la tête d’images. Pour mieux comprendre : L’imagination est un sens interne, dont l’organe est le cerveau cognitif, qui conserve les sensations reçues par les sens et les rappelle par les phantasmes. Elle fait partie de notre sensibilité intérieure comme le sens commun, le sens du discernement et la mémoire auxquels elle est étroitement liée. Elle est située entre les sens externes (vue, ouïe, odorat, tact et goût) et l’intelligence. De cette sensibilité intérieure dépendent la vie affective, la vie intellectuelle, l’inspiration créatrice et la construction de notre « moi psychologique ». Disons que l’imagination nourrit notre affectivité, meut nos passions ; elle est pour notre intelligence la source féconde d’objets de connaissance à partir de laquelle vont se former par abstraction les idées, les concepts et contribue ainsi à façonner notre personnalité, notre comportement, notre style… Enfin, l’imagination conserve la sensation en fonction de la mesure où elle est marquée par elle.

Trois facteurs vont conditionner cette mesure : la répétition de la sensation, l’émotion qui l’accompagne et la disposition du cerveau. Le premier conditionnement de ce cerveau, c’est l’âge : plus l’imagination est jeune, plus elle est indéterminée et donc malléable. La vue a bien sûr une grande importance pour l’imagination, elle l’enrichit constamment. L’ouïe influence l’imagination par l’intermédiaire des « passions sonores » (bruitages, mots ou musiques).

On comprend pourquoi les passions sont indispensables à la formation des jeunes imaginations- les belles, bonnes et vraies images- puisque c’est grâce à ces images que va se former la réserve mentale des idées, des informations, des références.

  • Saturation de l’imagination par l’écran

Les images produites par l’écran (même si elles étaient toujours belles, bonnes et vraies) ne peuvent parvenir à la formation des jeunes imaginations pour plusieurs raisons. Tout d’abord il s’agit d’images artificielles caractérisées par un manque de stabilité, une variation rapide de brillance, des images sautillantes, spécialement dans les dessins animés.

La structure des images lumineuses intermittentes provoque une hyperstimulation de l’œil et du cerveau qui entraîne une « fascination » des enfants qui les amène à regarder fixement l’écran. Ainsi la télévision ne suscite pas l’attention : elle hypnotise ! (Ce qui entraîne fatigue physique, fatigue visuelle, agitation, altération du sommeil). Ces stimulations finissent par perturber la vigilance diurne et altérer ainsi les capacités d’attention de l’enfant. Cette hyperstimulation est vraiment comparable à une drogue qui entraîne une dépendance.

En second lieu ces images se succèdent si rapidement et en telle abondance qu’elles provoquent une sorte d’indigestion ne permettant pas une véritable assimilation des connaissances. Il y a trop de choses, trop vite.  

Cette indigestion d’images endort l’attention trop sollicitée, si bien que l’attitude ordinaire du téléspectateur est la passivité. Cette passivité a une conséquence redoutable chez l’enfant : elle amollit la volonté ! On a constaté chez les enfants consommateurs de télévision une diminution sévère des capacités de mémorisation et une difficulté pour associer images, idées et paroles…

 L’écran a, pour l’enfant, un effet destructeur sur la perception du réel

Rappelons que la limite entre le réel et l’imaginaire se constitue peu à peu au cours de l’enfance et qu’elle reste floue jusqu’à l’adolescence. Les jeux et films sur écran effacent progressivement la frontière entre le réel et l’irréel et provoquent chez l’enfant un décollement par rapport au monde réel. Même sans violence, la télévision détache l’enfant de la réalité et le rend inapte à mesurer la conséquence de ses actes. Chez l’enfant de moins de six ans en particulier, il existe une difficulté naturelle à distinguer l’actuel du passé, la fiction de la réalité. Pour l’enfant, l’image projetée est vivante et actuelle et il a beaucoup de mal à se situer à une époque passée ou fictive.

C’était sans doute le cas des contes de notre enfance, mais ils commençaient toujours par cette phrase magique : « Il était une fois… ». D’autre part il existait une relation privilégiée entre le parent-conteur et l’enfant, qui n’existe plus avec le film.

Ce flou entre le réel et l’irréel peut favoriser une instabilité émotionnelle et des difficultés relationnelles. Fascinés, les enfants négligent de plus en plus leur cadre de vie réel au profit du cadre imaginaire des écrans. La vie excitante et sensationnelle proposée par les écrans est une tentation permanente d’échapper à la réalité quotidienne.

                                                                                     

La suite dans le prochain numéro :

– L’écran remplace leur propre rêve par le rêve organisé.

– L’écran contribue au modelage de l’enfant.

– Influence de l’écran sur l’intelligence.

 

 

 

 

 

Le détachement matériel

Nous vivons un temps où « les valeurs » vantées publiquement, officiellement, sont celles de la consommation et du confort…Tout nous y pousse ! Ce monde s’oppose à celui de Dieu, il refuse la lumière de l’Evangile. Il recherche sans fin les plaisirs, les honneurs, les richesses matérielles. Or, si nous voulons vivre en enfants de Dieu nous devons renoncer aux convoitises de ce monde. Renoncer à toutes les choses qui nous éloignent ou même, pire, nous séparent de Dieu ! Réalisons-nous suffisamment le danger d’une telle tendance ? pour nous-mêmes d’abord et, plus encore, pour nos enfants ?

Ce n’est pas tout de « renoncer au mal et aux convoitises de ce monde », saint Paul définit en trois mots le comportement digne d’un « enfant de Dieu », d’un véritable catholique : vivre dans la tempérance, la justice et la piété

Arrêtons-nous sur le premier de ces trois points : la sobriété, la modération, notamment en ce qui concerne l’usage des choses matérielles, c’est-à-dire « vivre en hommes raisonnables », en gardant une maîtrise de soi mais aussi une prudence et une modération dans cet usage des choses créées.

Tournons-nous à présent vers ce petit enfant de la crèche couché sur la paille, le Fils de Dieu lui-même venu nous enseigner comment vivre en vrais enfants de Dieu… Sommes-nous prêts à l’imiter jusqu’à ce dénuement de Bethléem ? Aussi bien, sans aller jusqu’à pareil « extrême », n’avons-nous pas à puiser devant la crèche quelques leçons de simplicité ? Demandons-nous cette grâce de parfait détachement de toutes les choses créées dont la Sainte Famille nous donne l’exemple ?

Bien sûr il y a une consommation normale, juste, légitime, mais elle a des limites : à nous de fixer ces limites, à nous de ne pas les dépasser. Sachons nous faire, sur ces points, une « règle de vie » …et nous y tenir. C’est dans la mesure où nous aurons acquis une bonne maîtrise de nous-mêmes dans la tempérance que nous pourrons mieux les imposer à nos enfants.

Cela ne peut se faire sans un esprit de pénitence et un goût du sacrifice, en sachant accepter de bon cœur les sacrifices imposés ( peu de moyens financiers, une maladie qui prive de loisirs ou contraint à un régime alimentaire contraignant, pas autant d’enfants qu’on aurait souhaités , ou même pas d’enfants du tout parce que la Providence a voulu cet immense sacrifice pour nous…), mais aussi les sacrifices volontaires ( pas de Nutella tous les matins au petit déjeuner, se priver d’acheter un vêtement ou un repas tout fait en prenant le temps de le confectionner soi-même, refuser d’allumer l’ordinateur trop tôt dans la journée tant que l’on n’en a pas un besoin indispensable…).

Nous éduquerons nos enfants à ce détachement matériel :

Vers deux ans, prêter : doucement, l’encourager à prêter ses affaires, à s’en séparer (ce qui est loin d’être spontané à cet âge !). Cela se fera plus par persuasion que par contrainte en mettant en avant le « pour faire plaisir » à l’autre, en restant souple car cela reste du domaine facultatif.

Réparer : nous aurons à cœur de lui apprendre à ne pas abîmer ce qui lui a été prêté, (ou ce qu’il a pris…) ou, sinon de lui faire réparer avant de le rendre (nous le ferons avec lui tout en lui laissant faire lui-même ce dont il est capable).

Vers quatre ans, partager : à partir de trois ou quatre ans, un enfant devient plus disposé à la générosité : il aime faire plaisir aux autres. C’est donc maintenant que l’on peut développer encore cette générosité en reliant les efforts qu’il va faire à l’amour de Jésus : partager avec l’autre, c’est comme si on partageait avec Jésus. Les occasions matérielles ne manquent pas, mais surtout, rien ne sert d’exiger d’eux qu’ils partagent avec les autres ce qu’ils ont envie de garder pour eux si nous-mêmes ne leur en donnons pas l’exemple : maman se prive de dessert car il manque un fruit dans le compotier…papa prête ses outils au voisin…

A six ans et plus, ne pas gaspiller : nous baignons dans une société si poussée à la consommation que, bien souvent, nous n’avons plus conscience des occasions de gaspillage : dans l’alimentation, les vêtements, les fournitures scolaires, le gâchis du papier…A chacun de voir ce qu’il peut améliorer dans sa vie quotidienne pour moins gâcher en vrais enfants gâtés que nous sommes hélas devenus ! Expliquons à nos enfants que tout ce qui est ainsi gaspillé est perdu, alors qu’il pourrait servir à ceux qui n’ont rien…Apprenons-leur à réutiliser un morceau de papier encore vierge, à terminer le pain rassis avant d’entamer la baguette croustillante… accommodons de temps en temps les petits restes qui traînent dans le réfrigérateur, mettons une pièce sur le genou du pantalon troué, ou transformons-le en bermuda ! Nos enfants verront que le détachement matériel n’est pas nécessairement une question de budget, mais surtout un état d’esprit, celui de la pauvreté que nous demande Jésus, de la paille de sa pauvre crèche à son dépouillement sur la croix !

Après douze ans, se former : en plus de la pratique du détachement matériel dans la vie quotidienne, nous les dirigerons vers un apprentissage de la doctrine, au moyen de lectures (comme le catéchisme de St Pie X) et de conversations, meilleurs moyens de leur donner des idées claires et bien fondées.

En apprenant à nos enfants à savoir se contenter du strict nécessaire, sans se plaindre de ce qui leur manque (ou de ce dont ils rêveraient !), sans désirer ou rechercher le « superflu », ils adopteront un style de vie simple et modeste et comprendront que l’on est bien plus par ce que l’on est que par ce que l’on a !

Sophie de Lédinghen

Quels grands-parents pour nos enfants?

Tandis que notre jeune foyer est en plein essor avec des responsabilités familiales et professionnelles de plus en plus importantes ; nos parents ont une vie qui se ralentit physiquement, quoique souvent encore dynamique et généreuse, et leur retraite est proche (si elle n’est pas déjà effective). Nous sommes pleins de projets, encore fougueux dans nos actions et réflexions…eux prennent du recul sur les événements de la vie passée et ont acquis ces forces sécurisantes que l’on nomme « expérience et sagesse » …

Une fois encore nous constatons avec émerveillement cet équilibre que Dieu a bien voulu apporter à chaque famille dans les différentes générations qui la composent. Savons-nous laisser grandir nos enfants en profitant de ces différences ? Quels grands-parents leur donnons-nous ?

En effet, le rôle des grands-parents de nos enfants ne dépend pas seulement d’eux…mais aussi de la place que nous leur accordons ! Alors, sont-ils : nounous, gardiens, repères, obstacles, sécurité, contraintes, câlins, autorité, règles, soutien, équilibre, tradition, savoir… ?!

De nos jours beaucoup de grands-parents sont égoïstes, encore en forme et assez libres pour voyager, voir des amis, faire du sport… ils refusent les contraintes auprès de leurs petits-enfants. De notre côté nous pourrions avoir la tentation de nous appuyer démesurément sur nos parents en leur confiant nos enfants dès la moindre occasion de s’échapper, d’être soulagés…Cela n’est pas un dû, nos parents doivent pouvoir nous dire « non » si la fatigue est là, mais pas par égoïsme.

Même devenus parents, nous avons encore besoin de la présence et des conseils de nos propres parents. Dès la naissance de son enfant, la jeune maman sent le poids d’une responsabilité nouvelle et se tourne vers sa mère qui lui redonne confiance et l’aide à voler de ses propres ailes. S’il n’y a pas ce soutien, elle se sent abandonnée. Les grands-parents doivent être à la hauteur en prouvant le lien d’affection qui les unit à leurs enfants devenus parents à leur tour. Soutien affectif, comme spirituel, matériel et physique.Avec le temps les liens entre grands-parents et petits-enfants se solidifient, de petits rituels s’installent entre eux et la transmission se fait doucement…

Le grand danger serait que les parents prennent ombrage de ce rapprochement grandissant : plus de disponibilité, des activités plus attrayantes, plus de temps à donner, une aisance financière, peuvent entraîner une jalousie des parents qui entrent alors dans une certaine compétition. Il faut refuser d’entrer dans la comparaison mais accepter cette complémentarité. Un grand-père musicien développera une complicité en faisant découvrir le son des instruments et les compositeurs…une grand-mère montrera son potager et entraînera ses petits-enfants à la cueillette des légumes arrivés à maturité…Ils ont un temps que nous n’avons pas et le donnent si bien à nos enfants ! Ils trouvent les bons moyens d’élever leurs esprits et leurs âmes à tout propos…quel soutien dans notre éducation ! Le petit dernier s’est lâché à vélo avec son grand-père…et après ?! les parents doivent prendre du recul.

Inévitablement les parents s’inspirent des grands- parents dans leur éducation, imitant ce qu’ils ont admiré et rectifiant ce qu’ils pensent améliorer…chacun va puiser dans son héritage d’éducation pour transmettre à son tour les valeurs reçues. Et si nous envions parfois le rôle des grands-parents, considérant que notre rôle à nous est plus difficile, c’est bon signe ! Cela veut dire que nous n’avons pas abdiqué dans notre rôle d’éducateurs et sommes « maîtres à bord », sans que cela empêche de merveilleux moments avec nos enfants. Le reste du temps nous répétons, disons « non », rappelons à l’ordre, mettons en garde…c’est notre rôle. Profitons alors des encouragements de nos parents auprès desquels nous n’hésiterons pas à nous épancher et quérir les fruits de leur expérience qu’ils transmettront avec bienveillance si nous avons su leur laisser leur vraie place auprès de nous, comme auprès de nos enfants.

Puis les grands-parents vieilliront, leur santé déclinera…et peut-être que leur caractère s’aigrira un peu, surtout dans la maladie. L’affection, si elle est solide, demeurera et forcera un respect de nos enfants pour leurs grands-parents diminués et peut-être moins attirants qu’auparavant. Nous mettrons un point d’honneur à leur donner l’exemple en évitant moquerie ou humiliation… (il arrive cependant que quelques situations cocasses autorisent un amusement collectif !).

On encouragera toute la famille à faire en sorte que les grands-parents âgés se préparent le plus saintement possible à rendre leur âme à Dieu. En priant pour eux, bien sûr, mais aussi en ayant avec eux des conversations, des lectures, des prières communes afin de mieux les prédisposer, et en veillant à ne pas les irriter ou contrarier pour des détails matériels sans importance.

Et quand ils ne seront plus auprès de nous, nous resterons unis par la prière, les invoquant dans nos peines ou difficultés, faisant dire des messes pour le repos de leur âme. La date anniversaire de leur décès peut être une bonne occasion de réunion de famille après une messe à leur intention.

Ces merveilleux liens tissés au fil des années seront alors maintenus, même avec l’au-delà, et l’on prendra plaisir à se remémorer ce que les grands-parents nous avaient appris ou ce qu’ils auraient dit ou fait à notre place…ainsi se poursuivra la transmission…

Sophie de Lédinghen

Quoi de mieux que l’amour d’une mère ?!

Comme tous les soirs Jérémie rentre seul de l’école. La plupart de ses camarades retrouvent leur maman au portail de l’école, mais pour lui, il n’y a jamais personne ! Comme tous les soirs il glisse la clé dans la serrure de la porte de l’appartement et se retrouve dans un silence qui l’insupporte : il est seul! Son réflexe quotidien est alors d’allumer la télévision…il ne choisit jamais de regarder un programme particulier, ce qui lui importe, c’est que « ça parle » ! Ses parents étaient un peu ennuyés qu’il allume systématiquement la télévision, alors un jour ils l’ont débranchée…mais Jérémie avait allumé l’aspirateur…et ils se sont dit que la télévision, c’était quand même plus intelligent[1] !

Jérémie a 9 ans, il est ce que l’on appelle un « enfant-clé-au-cou », c’est-à-dire qu’étant donné que ses parents travaillent, il porte au cou un cordon auquel est attachée la clé de chez lui.

Quarante ans plus tard, grâce aux nombreux cours particuliers que lui ont fait donner ses parents, Jérémie est ingénieur dans une grosse entreprise. Il n’a eu ni frère ni sœur car cela aurait entravé la carrière professionnelle de sa mère. Jérémie ne sait pas vraiment ce qu’est une famille mais il s’est marié avec une jeune femme qui avait fait de brillantes études pour être avocate. Ce mariage n’a pas duré longtemps car leurs horaires professionnels ne permettaient pas beaucoup de soirées ensemble, et le week- end, chacun s’adonnait à son sport favori ou retrouvait ses propres amis …ils ont donc divorcé et leur fille Anna, qui a douze ans aujourd’hui, vit une semaine chez son père, puis la semaine suivante chez sa mère. Anna est beaucoup moins seule que l’était son père quand elle rentre de l’école, car elle a un téléphone portable ! Il faut bien reconnaître que, « par les temps qui courent, on ne peut plus laisser un enfant sans téléphone…et c’est beaucoup plus rassurant pour tout le monde de pouvoir être joignable à tout moment ! »

Je vous laisse imaginer quelle sera la vie d’Anna, car, à moins d’un miracle, Anna ne sera jamais tentée de fonder une famille et fera probablement partie de ces femmes célibataires comme on en voit tant aujourd’hui, qui donnent la priorité à leur carrière tout en profitant de leur liberté…réalisant avec quelques regrets, après leurs quarante ans, qu’elles ont préféré parcourir le monde et acheter un joli petit appartement confortable mais sont passées à côté de la maternité…Plus tard ses parents auront économisé de quoi leur permettre un logement chacun dans une bonne maison de retraite de la région, et ils réaliseront avec étonnement que leur fille ne prend jamais la peine de venir leur rendre la moindre visite !

Bien sûr que cette histoire est caricaturale, quoi que fondée sur des faits réels ! Ne dira-t-on jamais assez combien la présence d’une mère à la maison est capitale pour l’équilibre d’un enfant, pour celui aussi de toute la famille ?

Tout le monde est d’accord pour affirmer que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants…mais alors pourquoi ne s’étonne-t-on pas de voir tant de tout jeunes enfants confiés à des mains étrangères dans des crèches ou au domicile de nourrices agréées ?! Ce sont ces personnes qui recueilleront les premiers mots, qui consoleront les premiers chagrins et bobos de ces petits, c’est dans leurs bras qu’ils se réfugieront en cas de crainte…les enfants s’attachent à la personne qui s’occupe d’eux dans la journée, ils lui donnent toute leur confiance mais, on pourra trouver la meilleure des assistantes maternelles, celle-ci ne vaudra jamais l’amour d’une maman ! Une maman prend le temps de cajoler doucement, de chanter, de raconter, de rire, de s’émerveiller devant son tout-petit… elle a plus de patience pour son propre enfant, elle sait d’instinct ce qu’il a quand il pleure, ce que veut dire chaque expression de son petit visage. Elle est heureuse de l’aider à progresser et le stimule dans ses jeux comme dans son langage. Non, rien ne vaut l’amour d’une mère !

Qui a oublié son retour d’école, quand la bonne odeur du gratin du soir embaume la maison, et que maman, les traits un peu tirés par ses activités de la journée, n’a pas perdu pour autant son bon sourire accueillant ?! Qui ne se souvient pas de ce moment chaleureux où l’on prend son tour pour raconter sa journée, alors que maman s’assoit pour mieux écouter chacun vider son petit sac d’histoires très importantes?! Qu’il faisait bon ensuite de constater qu’une fois de plus la « baguette magique » de maman avait mis de l’ordre dans toute la maison et que l’on pouvait se plonger dans nos livres de classe, heureux de la présence de notre maman !

 Et puis maman, l’air de rien, raconte aussi sa journée, la voisine en peine qu’elle a consolée, ce sourire qu’elle a donné à un monsieur revêche au supermarché, les progrès du petit frère…Les enfants voient comme maman se donne du mal pour tous, ils lui sont reconnaissants et l’admirent, ils savent remercier de ce qu’elle a fait de bon ou de joli !

Il faut bien comprendre qu’une mère retenue à l’extérieur par un travail, non seulement se prive de ces joies simples auprès de ses enfants, mais qu’elle les prive eux-mêmes de l’équilibre qu’elle seule sait leur apporter. Cela peut avoir un retentissement sur toute leur vie, c’est ensuite un manque immense, difficile à compenser dans leur personnalité même. N’oublions pas que si l’éducation met la maman au service de sa famille, elle consiste également à rendre ses enfants autonomes, en leur transmettant le savoir des affaires quotidiennes dans une maison autant que celui de l’esprit. C’est avec sa maman que l’on apprend les rudiments d’une cuisine simple, du repassage, des astuces pour l’entretien de la maison ou du jardin…aussi bien que la rédaction d’une lettre de remerciement !

Entre deux choix, choisissez le bon ! Que fait la ménagère qui veut faire un dessert familial ? Imposera-t-elle une recette sans sucre parce qu’elle est au régime ?  Non : elle examinera ce qui conviendra et plaira le mieux à toute sa famille.

C’est le bien commun qui prime sur le bien particulier. Si une maman a la tentation de travailler à l’extérieur pour sa satisfaction personnelle ou pour des raisons superflues, qu’elle recherche avant tout, avec honnêteté, ce qu’il y a de meilleur pour sa famille toute entière…

SL

[1] Ce détail s’est réellement passé dans les années 80 aux Etats-Unis !