Si le père n’est pas là…

           Pour le nouveau-né, le père est d’abord une présence. Il ne sait pas « à quoi sert un papa », mais il devine son rôle et son importance à la sécurité qui émane de lui. Le père apaise les peurs, calme les caprices, les énervements, dissipe les craintes, sème la joie. Il lui suffit pour cela d’apparaître…

Mais il arrive que l’enfant soit privé de la présence de ce papa pourtant si nécessaire à son équilibre. Que ce soit par la mort, le divorce de ses parents, un abandon…ou même un père présent seulement physiquement parce que non impliqué dans son devoir paternel, l’enfant souffre tout autant de ce manque cruel de son père.

Dans le cas de la mort, l’enfant chrétien, quoi que souffrant du vide laissé par son père disparu, sait que son père n’est pas tout à fait absent puisque, étant déjà dans l’éternité il est le plus vivant de la famille. Le défunt a ainsi encore toute sa place, son souvenir reste, les photos témoignent des bons moments passés ensemble, on parle de lui, on se recueille sur sa tombe. Papa n’est plus là à la maison, mais il ne cesse de protéger sa famille, à la manière du bon Dieu, sans secours visible ; et la prière est le moyen de rester bien uni à lui. Et puis, il y a son nom que porte toute la famille, les histoires que raconte la maman pour montrer quel homme était papa et qui engendrent une admiration certaine, parfois au détriment de la mère elle-même, ou du moins pour sa faiblesse de femme. Dans ces conditions on ne s’étonnera pas que leur père vive « parmi eux » comme le maître de famille.

Les enfants de divorcés vivent un arrachement d’autant plus cruel qu’ils sont attachés à leurs deux parents qu’ils voient « en guerre », se justifiant l’un l’autre, se condamnant mutuellement…et il faudrait que les enfants jugent cela et prennent parti pour l’un ou l’autre de leurs deux parents ?! Si le divorce disloque la famille, les enfants en subissent de plein fouet de profonds traumatismes affectifs et psychologiques. Ils ne savent plus si « chez eux » est la maison de papa ou l’appartement de maman. Inconsciemment ils se reprochent de ne pas avoir réussi à empêcher la séparation de leurs parents.

Que dire des cas où l’un ou les deux parents se mettent à vivre avec une autre personne ?! Quel choc pour ces petits qui se retrouvent dans des foyers « décomposés/recomposés » !!! Comment une petite tête d’enfant peut-elle faire face à cela sans dégâts irréversibles ?!…

L’enfant né hors mariage n’est malheureusement pas un fait rare puisqu’en 2014 cela concernait 50% des grossesses en France (41% aux USA)*. Et n’allez pas croire que les milieux catholiques en soient préservés. Il ne s’agit bien sûr pas de juger, surtout si les jeunes filles (ou jeunes gens) ont eu le courage de garder leur enfant, de le faire baptiser et de l’élever, et parfois seules.

Ces enfants, souvent conçus alors que leurs parents ne souhaitaient pas particulièrement se marier, ne sont pas toujours reconnus par leur père et donc élevés sans lui. Parfois les deux parents ont une réelle affection l’un pour l’autre et sont prêts à se marier bien vite, surtout pour « sauver les apparences » aux yeux du monde, sans être vraiment certains de fonder ainsi un foyer solide … La prudence demande de ne pas précipiter les choses et de prendre le temps de bien se connaître pour savoir si l’on peut raisonnablement s’engager dans le mariage durablement.

On dit souvent que ce n’est pas parce qu’on a fait une « bêtise » qu’il faut en faire une deuxième ! Pour être à même de mieux réfléchir à cette question, il est bon que les parents de l’enfant vivent séparés pour faire leur choix plus facilement et librement…mais aussi plus saintement.

Ce n’est pas parce que cet enfant est né d’une « erreur » que le père sera un mauvais père. S’il s’investit dans son éducation en dépit de l’éloignement, s’il prend intérêt de lui, la mère pourra alors compter sur son soutien auprès d’elle, et, à moins d’un empêchement majeur, ils pourront unir leurs vies dans le mariage. S’il est mieux pour elle et pour son enfant de rester seule, elle aura ce courage de ne pas risquer un foyer de discorde et de souffrances pour toute la famille, ni même de mettre en danger sa foi ou sa santé nerveuse tant que physique.

Être absent, cela ne signifie pas forcément être éloigné physiquement, il y a des pères inexistants dans leur foyer tout en y étant présent ! On les voit distants, distraits, absorbés par d’autres soucis, ou tout simplement égoïstes au point de ne prendre aucune part à l’éducation des enfants qu’ils considèrent même comme « une affaire de femme » ! Il y a de bons pères qui sont marins ou grands voyageurs pour leur profession, mais qui restent présents au foyer par le téléphone et un vrai intérêt à tout ce qui se passe chez eux. Ils sont en communion permanente. Mais le père « absent », alors même qu’il est en présence de sa famille, devient un poids pour tous. Il s’agit-là de plus qu’une défaillance, c’est une démission qui peut provoquer de vraies catastrophes ! La mère s’épuise et s’endurcit, les enfants sont atteints d’exactement les mêmes symptômes que tous ceux qui ont été élevés sans la présence de leur père.

Le père a un rôle structurant dans la construction de la personnalité de l’enfant. Son absence n’entraîne pas systématiquement de carences, mais des études de l’INED dénoncent une délinquance des jeunes en pleine expansion surtout chez les enfants privés de père. Un psychologue est même allé jusqu’à intituler son livre « Père manquant, fils manqué » !

On constate chez ces enfants un manque de confiance en soi (si son père est parti, c’est donc que lui ne vaut pas grand-chose sinon il n’aurait pas été abandonné), échec scolaire, une éternelle insatisfaction qui entraîne : obésité, forte consommation d’alcool et de drogues, blessures par des piercing et tatouages, tendances suicidaires, et, phénomène récent, déviances sexuelles. Les éducateurs et psychologues qualifient l’absence du père comme un problème de santé publique actuellement. A partir de 10 ans l’enfant a pleine conscience de l’absence de son père, et en souffre davantage, parfois jusqu’à la révolte. Alors comment aider et soulager ces enfants ?

Il est clair que la foi et la pratique religieuse préservent nettement des effets secondaires négatifs en représentant une colonne vertébrale de valeurs morales qui soutiennent. Le sens de l’effort, du sacrifice et de la prière y contribue.

Si elle ne peut tout à fait remplacer le père, la mère a moyen de suppléer partiellement à son absence. Elle a les grâces pour cela et se doit d’être autant que possible père et mère à la fois : son enfant lui réclame inconsciemment ce qu’il attendait aussi de son père. Elle se retrouve donc face à un dilemme cruel : ou bien être trop faible, ou bien être trop dure. Allier la tendresse, la douceur, la bonté de la femme, et la fermeté, la justice, le calme de l’homme, est-ce possible, même par grâce ? S’il s’agit d’obtenir obéissance et discipline, la mère y parviendra. Mais s’il s’agit d’une transfusion de virilité cela paraît difficile.

Quelles que soient les situations citées ci-dessus, le manque du père existera toujours chez l’enfant, mais il est en partie possible de « remplacer » l’absent par une autre figure : grand-père, oncle, parrain…qui offre un contre-poids à la figure maternelle et donne à l’enfant le repère masculin dont il a besoin pour grandir. Un dernier conseil serait que l’enfant n’entende pas critiquer ou condamner son père. Même si cela se passe mal entre les deux parents, il y a des choses qui ne regardent pas leur enfant, mais surtout il y a un lien étroit entre l’image de son père et celle qu’il a de Dieu. C’est à travers le père et à l’image du père qu’est essentiellement formée la représentation de Dieu.

Sophie de Lédinghen

*Insee 

 

La force dans l’éducation

           Au-delà de la vertu de force qui affermit l’âme dans son désir d’un bien pourtant difficile à atteindre, le don de force nous donne l’assurance d’accéder à ce bien. Voilà qui est fort encourageant pour des parents chrétiens : parmi les dons reçus de l’Esprit Saint le jour de notre Confirmation, se trouve celui de la force ! Nous qui avons tant besoin d’assistance et de soutien providentiels pour la bonne marche de notre famille, nous avons reçu ces secours et oublions bien souvent d’y avoir recours. Car il nous faut les demander encore et toujours à Dieu pour garder en nos âmes ce petit germe de courage et de persévérance qui nous attire immanquablement et sans aucune crainte vers Lui. Voyons comment cette force peut revêtir divers aspects pour nous aider, selon les circonstances et les moments de notre vie, dans notre devoir d’éducateur.

La force héroïque :

  Celle des renonciations, des grands choix pour la sainteté de notre famille, comme par exemple celui d’une famille nombreuse si cela est possible. Ne nous sommes-nous pas mariés pour « peupler le ciel d’élus » ? Voilà bien un premier héroïsme de générosité, surtout aujourd’hui ou l’on vous regarde avec de grands yeux dès vous avez plus de deux enfants !

Cela entraîne bien sûr quelques difficultés : de logement d’abord. Qui dit famille nombreuse, dit grand logement…et de préférence une maison…avec un jardin. Pour l’équilibre de la famille, ne vaudrait-il pas mieux s’installer en province où les loyers sont plus abordables, et la vie plus sereine ? Il est possible que la carrière professionnelle du père de famille en pâtisse un peu… Admirables sont les parents capables de quitter leur région, d’accepter un revenu moins élevé pour le bien-être de leurs enfants !

Se pose ensuite la question du choix des écoles, car nous les voulons catholiques et d’un enseignement solide…serons-nous prêts à faire des kilomètres en voiture, hiver comme été, avec toute la petite troupe, nourrisson compris ?! Le don de force rassure nos âmes, cela pourra se faire ! Et plus tard, mettrons-nous nos enfants en pension ? Si cela est le meilleur choix pour eux, nous les y mettrons ! Admirables, vous dis-je.

La force tenace :

  Elle repose sur différents principes de l’éducation que nous voulons donner, comme ne pas céder aux caprices, mettre notre menace à exécution, ne pas faire « oui » quand on a dit « non » ! Et puis toutes ces petites exigences quotidiennes qui demandent de la persévérance : apprendre à nos enfants à finir ce que l’on a commencé, à ranger ce que l’on a sorti, la régularité, l’exactitude mais aussi leur montrer comment se priver de ce qu’on aime, rendre service, obéir…ces choses que l’on apprend tout petit et pour toute la vie ! Combien de fois faut-il répéter chaque jour, reprendre, corriger, se fâcher alors que souvent l’on est fatigué ?!

La force ferme et affectueuse :

  La mère surtout a des instinct de « couvage » ! Elle serrerait volontiers contre son cœur chacun de ses petits toute la journée si elle s’écoutait ! Mais il faut se retenir pour ne pas amollir les enfants, les laisser se relever lorsqu’ils ne sont pas gravement tombés, ne pas faire à leur place lorsqu’ils en sont capables et ont besoin de cette exigence personnelle…

           Pour son équilibre affectif, l’enfant a besoin de douceur et de fermeté, cela le sécurise. Une mère empêchait toute souffrance à sa fille : « elle aura à souffrir bien assez plus tard ! » disait-elle en la cajolant. En grandissant cette petite devint tyrannique avec sa mère désespérée, la traitant plus bas que terre. On n’avait donné à cette enfant aucun sens du sacrifice ni du moindre effort !

L’affection se traduit de différentes manières en fonction des âges, mais toujours elle est faite d’échanges, de bavardages confiants… oh cela prend du temps, mais c’est aussi du temps gagné par ailleurs ! Combien d’enfants, d’adolescents surtout, se plaignent de ne pas pouvoir parler avec leurs parents : maman est toujours pressée et papa a trop de travail… Il faut prendre ce temps, se rendre disponible et écouter, parler, conseiller, tranquilliser, s’intéresser à leurs études, leurs amis…merveilleuse façon de donner son affection quand est passé l’âge des câlins !

 

La force pleine d’abandon :

 

  La plus difficile, elle nous fait méditer la force de Notre Dame debout au pied de la Croix, impuissante et douloureuse devant la souffrance de son divin Fils. Il n’y a rien de plus insoutenable que de voir souffrir son enfant, que ce soit d’une douleur physique ou morale ! Immanquablement arrivent des épreuves : maladies, accidents, déceptions, échecs, deuils… On voudrait pouvoir prendre sur soi ces douleurs de nos enfants et l’on se sent si impuissant à les soulager. Parfois même on ne peut pas leur en parler pour les aider, leur dire au moins qu’on est là…Il nous faut alors faire un acte d’offrande, tout accepter et abandonner entre les mains de la Providence avec eux et pour eux, dans un grand « fiat » en dépit de nos larmes.

Parfois nous aurons conseillé, mis en garde, et nos enfants auront fait de mauvais choix souvent irrémédiables, dont, la plupart du temps, les fruits ne se font pas attendre… Douloureux chemin de croix qu’il faut alors faire avec eux, sans passion ni colère.

 

  Quant à nous, chers amis, notre foyer est-il école d’énergie ? Nous appuyons-nous sur le don de force pour obtenir de nos enfants que, de temps en temps, et dans quelques-uns de leurs actes, ils répriment leurs caprices et consentent à sacrifier leurs désirs pour installer en eux l’habitude de vouloir le bien ? Et, entre nous, ne savons-nous pas que pour régler la vie de nos enfants, il est quelquefois nécessaire de corriger les dérèglements de la nôtre…alors force et courage !

       Sophie de Lédinghen

 

Le chapelet avec les enfants

           La belle Dame est là, qui regarde Lucie… En la voyant si belle et si douce, la voyante hésite à lui parler. Enfin, la voilà qui se décide à demander à la Dame ce qu’elle désire.

Je désire que vous veniez ici le 13 du mois prochain, que vous récitiez le chapelet tous les jours en l’honneur de Notre Dame du Rosaire pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu’elle seule pourra l’obtenir.

Lucie s’enhardit ensuite à transmettre à la Dame plusieurs demandes de grâces. La vision répond maternellement à chacune, en recommandant toujours le chapelet comme moyen de les obtenir.

Le 13 octobre 1917, la belle Dame annonce qui elle est : 

Je suis Notre-Dame du Rosaire. Je veux que l’on continue toujours à réciter le chapelet tous les jours !

On peut vraiment dire que la Sainte Vierge a encouragé ces trois jeunes enfants de dix, neuf et sept ans à prier le chapelet ! Beaucoup de parents sont réticents, n’osant pas imposer à leurs enfants une « récitation » fastidieuse… Mais le chapelet n’est pas une « récitation ». C’est une contemplation, un voyage que l’on fait au pays de Jésus, à l’époque de Jésus. C’est sérieux parce que c’est vrai. Qui n’aurait pas envie de partir en Terre Sainte auprès de Jésus ? Qui ne préfèrerait être invité dans la crèche de Bethléem le jour de la naissance de Jésus plutôt qu’assister à un banal goûter de Noël ?

Il n’est jamais trop tôt pour faire l’expérience de la joie surnaturelle, et les enfants n’attendent que cela ! Ils sont mystiques par nature. Même votre petit bonhomme, qui vous paraît toujours si distrait et agité dans la prière, n’attend que cela !

Organisez la récitation du chapelet avec vos enfants, prenez le temps de leur expliquer cette prière, dans un langage adapté à leur âge, mais sérieusement (pas comme à des bébés), donnez à chacun un chapelet et expliquez simplement chaque mystère en feuilletant une Bible joliment illustrée. Les mystères joyeux, pour commencer, et vous les verrez impatients de prier !

Dites ce chapelet tous ensemble, calmement, en alternant (garçons et filles, par exemple) la première et la deuxième partie des Ave Maria, et, c’est important, en demandant à chacun de s’imaginer pour chaque dizaine, dans la maison de Marie à Nazareth, le jour de l’Annonciation, ou dans la grotte de Bethléem, ou dans le Temple de Jérusalem, afin d’entrer vraiment dans le grand mystère auquel vous avez la grâce d’être invités et de pouvoir le contempler de près.

Certains parents diront peut-être : une ou deux dizaines, oui, mais peut-on vraiment dire avec les enfants les cinq dizaines d’un chapelet ? Le jour où on leur explique le chapelet, oui certainement, en ayant soin, bien sûr, de faire de bonnes interruptions entre chaque dizaine pour expliquer le mystère suivant, et de chanter (les mystères joyeux doivent être joyeux !). Mais ils sont portés par la prière collective, et c’est facile de le réciter ensuite entièrement.

Après cela, on peut les encourager à réciter librement une dizaine de chapelet dans la cour de récréation, sur le chemin de l’école ou dans leur chambre…dès qu’ils ont un petit moment qu’ils peuvent donner à Jésus et à la Sainte Vierge.

On pourra aussi organiser des « processions », à l’occasion d’une promenade ou d’un petit pèlerinage en famille, pour que les enfants voient qu’on peut aussi continuer à prier en marchant avec les bannières (que l’on aura fabriquées avec eux !) et en chantant.

Les enfants sont très sensibles à la proximité du monde surnaturel : la Sainte Vierge, quand on la prie, est là au milieu de nous et elle nous écoute ; de plus, elle ne vient jamais seule, elle est entourée de milliers d’anges qui nous encouragent et prient avec nous. Eux voient la Sainte Vierge pendant que nous prions, alors demandons-leur de nous aider s’il nous arrive d’avoir des distractions…

Si les enfants disent 9 ou 11 « je vous salue Marie », ils doivent comprendre que ce n’est pas grave…ce qui est important, c’est de les aider à entrer dans cette contemplation du chapelet, de laisser ce monde et ses préoccupations, de faire silence et de se transporter là où sont Jésus et Marie.

Il est parfois étonnant (et très satisfaisant !) de voir certains enfants prier les mains jointes et les yeux fermés, dans un si profond recueillement qu’on a l’impression que les anges du Paradis se sont rendus visibles le temps d’un chapelet… Mais gardons-nous de dire qu’un enfant ne prie pas parce qu’il ne prononce pas les prières. On peut voir l’un ou l’autre fixer une image, sans rien dire, il ne « récite » pas son chapelet…mais qui oserait dire qu’il n’est pas de tout son cœur dans la grande cour de la maison de sainte Elisabeth, tressaillant peut-être lui aussi d’allégresse à la visite de Notre Dame… ?!

Tout ce que l’on reçoit dans l’enfance, et particulièrement sur le plan spirituel, marque beaucoup et pour toujours. Chers parents, aimez le chapelet, faites-le aimer à vos enfants, profitez de ces vacances qui commencent pour prendre l’habitude de le réciter tous ensemble chaque jour, et pourquoi pas avec les grands-parents, oncles et tantes, cousins de tous âges ? Répondez aux demandes instantes de Notre-Dame, il est nécessaire de le prier, il est même urgent de le faire dire aux enfants dont la prière plaît tant à Dieu ! Le chapelet est loin d’être une dévotion secondaire ou facultative, la Vierge de Fatima est venue révéler qu’il est la condition pour obtenir toutes les grâces que nous lui demandons. Oui, elle est Médiatrice de toutes grâces, mais « ce torrent de faveurs qu’elle retient dans son Cœur Immaculé, elle ne veut le déverser sur chacune de nos âmes, de nos familles, de nos patries et sur le monde, qu’en réponse à l’imploration humble et suppliante de nos innombrables chapelets ». Si, comme à Lourdes, elle s’est montrée tenant à la main un chapelet, c’était pour nous montrer qu’il est le meilleur moyen pour gagner son Cœur et obtenir ses grâces. Vous verrez comme elle bénira vos familles où la foi s’affermira jusque dans le cœur de vos enfants.

               S. de Lédinghen

 

 

Lorsque l’enfant s’en va…

           Des enfants sont venus. Un, plusieurs… Vous les avez élevés, soignés, servis comme si vous n’aviez que cet intérêt au monde. Ils ont occupé toutes vos pensées, chacune de vos heures du jour, et souvent même celles de la nuit. Ils vous ont fait rire…mais parfois aussi pleurer. Pour eux, vous avez été prêts à tous les sacrifices, à toutes les fatigues…Puis ils partent, l’un après l’autre…qui en études supérieures ou en apprentissage, qui au séminaire ou au couvent. Ils doivent vous quitter et vous rappellent que vous ne les avez pas eus pour vous…que leur chemin doit continuer hors de votre présence pour « grandir » autrement et construire leur propre vie.

  Cette étape de la séparation est aussi grande qu’éprouvante tant pour vous parents, que pour vos enfants qui quittent le nid familial si confortable et organisé, pour une vie plus précaire et encore pleine d’inconnu ! Cette étape douloureuse, il faut bien le dire, sera moins pénible si vous avez su d’abord y préparer vos cœurs et vos âmes…les vôtres, mais aussi ceux de vos enfants.

  Une vie de pension, des camps d’été ou gardes d’enfants vous auront déjà quelque peu « endurcis » à la séparation. Longtemps avant son départ, par vos conversations, vous aurez pris le temps de répondre aux mille questions que votre enfant se pose sur son avenir, ses choix, son futur mode de vie, les habitudes qu’il devra précieusement conserver et les nouvelles qu’il lui faudra adopter. L’air de rien, vous aurez semé des petits cailloux de recommandations et conseils qui, petit à petit, auront imprégné son jeune esprit.

  Nous avons déjà insisté, chers parents, sur l’importance de l’éducation des apprentissages tant dans le quotidien d’une maison que dans celui de la tempérance (confort, écrans, dépenses…), d’une vie spirituelle nourrie et quotidienne, tout cela sera source de tranquillité pour vous comme pour lui !

  Dans sa recherche de logements plusieurs choix s’offrent à vous : chambre chez l’habitant, colocation en appartement…à vous de voir quelles seront les meilleures conditions pour votre enfant et pour son travail. Il est préférable de ne pas le laisser habiter seul la première année, qui est celle où se prennent les habitudes de cette nouvelle vie, ni dans une ville trop éloignée, si possible, pour un retour chaque week-end à la maison. Il vaut mieux proscrire les foyers pour étudiants, sauf cas exceptionnels, car les jeunes d’aujourd’hui (issus de tous milieux) mènent souvent des vies de débauche sans horaires ni restrictions (les fameux jeudi soir…) ! Vous aurez vérifié avec le centre d’études et votre CAF, la possibilité de bourses et d’allocation logement. Notez que le bénéfice de ces allocations avant les 21 ans de l’enfant (ou 20 ans selon les cas), peut réduire les allocations familiales de la famille. Faites le calcul pour connaître la formule la meilleure. Si vous ne connaissez pas la ville où étudiera votre enfant, renseignez-vous sur la localisation des quartiers tranquilles et de ceux qui sont dangereux. L’idéal serait un endroit pratique pour aller en cours, pas trop loin d’une chapelle où il puisse aller à la messe (au moins une fois par semaine en plus du dimanche) et rejoindre quelques jeunes de son âge.

           Vous aurez discuté d’un budget, même s’il a droit à une bourse, pour l’aider à être économe. Apprenez-lui à bien noter ses dépenses sur un carnet ou un fichier Excel, afin de mieux évaluer ses besoins mensuels ou hebdomadaires (loyer, transports, nourriture, fournitures scolaires…). En l’emmenant faire des courses montrez-lui comment lire les prix, les promotions, comparer les prix au kilo, les quantités, et apprenez-lui à n’acheter que l’indispensable…

  Si vous n’êtes pas allés visiter son futur logement avec votre étudiant, allez au moins l’aider à s’y installer. C’est important que vous puissiez l’imaginer ensuite, et en discuter avec lui ; et lui sera ravi que vous connaissiez son nouveau « chez lui » ! Ne l’abreuvez pas d’une liste sans fin de précautions et conseils en tous genres ! Montrez-lui plutôt qu’il a votre confiance et que vous êtes fiers de pouvoir la lui accorder. Les conseils de dernières minutes ne valent rien !  Vous aurez depuis longtemps fait vos recommandations pour sa vie temporelle comme spirituelle…

  Ensuite, gardez le contact ! Téléphonez-vous régulièrement, pas forcément longtemps mais restez bien présents, bien au courant, surtout la première année. Ecoutez les mots qu’il vous dit…mais écoutez aussi ce que vous dit sa voix : est-elle paisible, posée, joyeuse ? ou plutôt inquiète, tendue, nerveuse, agacée ?

  Il y a un tel fossé entre chez vous et sa vie d’étudiant, dans laquelle il doit prendre souvent sur lui pour faire face, qu’il a vraiment besoin de rentrer souvent pour se ressourcer « à la maison » ! Avec les années il prendra davantage d’indépendance et son propre rythme. Lorsqu’il rentre, laissez-le un peu respirer et se détendre…avant de pouvoir trouver un petit moment de conversation seul à seul. Observez-le : est-il amaigri ? Pâle ? Défiguré par un teint qui trahit une mauvaise alimentation ? Ses ongles sont-ils soignés…ou particulièrement rongés ? Vous regarde-t-il dans les yeux ? Son rire est-il franc et joyeux ? Au premier coup d’œil une mère voit toutes ces choses-là !

  Lorsque votre enfant est au loin, il reste pourtant près de vous. Sa chambre à la maison est vide, mais il est bien présent dans chacune de vos pensées. Votre prière ne faiblit pas pour lui…comme pour chacun de ceux de vos « petits » déjà partis ! Priez, chers parents, priez sans cesse ! Vous êtes leur garde-fou, leur paratonnerre…dans l’ombre et le secret. Et grandissez avec eux en offrant votre sacrifice de détachement, tout en partageant avec eux la joie de cette nouvelle « promotion sociale » !

               

S. de Lédinghen

 

 

 

Alerte aux écrans (suite et fin)

La télévision n’aide pas non plus à l’acquisition du langage :

Tout d’abord puisqu’il est inutile de nommer ce que l’on voit, ensuite parce que le langage demande le passage du concret à l’abstrait. Les images données toutes faites par l’écran risquent de « fossiliser » les possibilités d’abstraction de l’enfant. De plus le langage télévisuel est un langage direct, il n’y a jamais de phrases en style indirect ; les temps sont simples, on n’emploie presque jamais le subjonctif : l’enfant se bloque dans un langage très simple qui lui permet tout juste de dire à peu près ce qu’il a à dire.

Le problème est grave car il semble bien que l’enfant doive acquérir les formes complexes, la structure de son expression future avant l’âge de six ans. On rencontre en effet fréquemment des adultes dont le vocabulaire est extrêmement limité, réduit à environ deux cents mots et quelques onomatopées. De plus leur langage est hésitant, abrégé (sympa, ado, sécu…), maladroit. La mémoire bourrée de représentations devient inapte à retenir les articulations des plus simples raisonnements. Les enfants ont une très grande difficulté à écrire quelques lignes de leur composition, à comprendre un texte extrêmement court, à passer du concret à l’abstrait. On aboutit donc à un analphabétisme fonctionnel : les enfants savent lire et écrire, mais ne savent pas utiliser leurs facultés.

« La télévision entrave tant qu’elle peut le jeu normal de la conceptualisation et du jugement, qui empêche « l’homo sapiens » de se former dans l’enfant et qui ne fait succéder à l’enfance que l’infantilisme. Nos contemporains n’ont pas le sens du vrai, parce que, au fond, ils ne sont jamais devenus des hommes. Ce sont des avortons intellectuels. » (Abbé Berto, ND de Joie)

C’est peut-être là que réside l’effet le plus pervers de la télévision : les images qu’elle accumule avec force paralysent l’exercice normal de l’intelligence et empêche de trouver-ou même de chercher- la lumière de la vérité.

Cette analyse très succincte peut paraître sévère et susciter doutes ou même refus. Que chacun fasse le bilan des centaines d’heures passées devant un récepteur et réfléchisse à ce qu’il a acquis dans tel ou tel domaine…Il y a loin de la coupe aux lèvres !

Alors que faire ?

Considérer l’écran comme un spectacle. Or l’être humain n’est pas fait pour aller au spectacle tous les jours. On peut donc le regarder très occasionnellement. Et pour le jeune enfant cela doit rester très exceptionnel. Il faut alors toujours lui préciser s’il s’agit de fiction ou de réalité.

Vivre en famille sans télévision ? (Témoignage d’une mère de famille)

Mais oui, cela existe ! Peut-être même plus souvent qu’on ne pourrait le croire.

Pourquoi se passer de télévision ? Il faut bien répondre à cette question quand on voit l’étonnement que cela suscite autour de nous. Même si nous rencontrons la compréhension d’un nombre croissant de personnes, reconnaissons que, dans l’esprit du plus grand nombre, la télévision est devenue « obligatoire ». N’est-ce pas plutôt un luxe, un loisir parmi d’autres ? Je n’ai jamais vu personne blâmé parce qu’il ne va pas au cinéma, au théâtre, au concert, dans les musées ou parce qu’il ne lit pas, n’écoute pas de musique, etc. Pourquoi, la télévision connaît-elle ce traitement à part ? N’est-ce pas un étrange esclavage que nous subissons en famille ? Pourquoi ne pas comprendre que d’autres désirent faire un choix différent ? Si juste après notre mariage, nous n’avons pas jugé nécessaire d’acquérir un poste de télévision, avant le réfrigérateur ou le lave-linge, comme on peut le constater dans nombre de familles* (dont le budget ne permet pas de tout acheter en même temps) c’est bien parce que, nous sentant faibles, nous voulions nous préserver. Et si, aujourd’hui, nous n’avons toujours pas franchi le pas, c’est pour préserver également nos enfants.

Aurions-nous peur ? Notre sentiment est que si la télévision trônait au milieu du salon, le ver serait dans le fruit. Même si on pense savoir maîtriser le temps d’écoute et le type d’émission, la tentation demeure. Lorsque les enfants sont intenables, ce qui arrive quelquefois, quelle mère de famille à bout de patience n’allume pas la télévision pour obtenir un peu de calme ?

Et, que fait-on du temps gagné ?

Nous avons le temps de nous parler, les repas peuvent se prolonger sans devoir s’aligner sur l’heure d’un programme. En rentrant de classe les enfants trouvent le temps de jouer, de préférence avec leur mère ou leur père les jours où ils ne vont pas en classe. A la campagne, tout est plus facile, car il suffit d’ouvrir la porte donnant sur le jardin pour découvrir mille sujets d’intérêt. En ville cela demande plus d’organisation et donc plus de disponibilité de la part des parents. Les plus grands peuvent lire ou découvrir des jeux de société.

Déplorons qu’en France aujourd’hui, beaucoup de tout petits enfants grandissent devant un récepteur allumé en permanence !

 

  Que dire aujourd’hui de tous ces jeunes mariés qui démarrent leur vie de ménage avec chacun leur propre ordinateur portable (et téléphone !) ?! Ils ont, bien souvent, déjà pris de mauvaises habitudes de « dépendance » et d’indépendance… Quelle volonté et quel courage énergique il leur faut alors pour faire le choix de s’en détacher le plus possible pour le bien de leurs âmes et celui de leur famille !

SL