« Qui aime bien, châtie bien ! »

           Après quelques décennies où l’on n’a plus parlé ni du péché, ni du démon, ni de l’enfer, et où les psychologues ont largement dénoncé les traumatismes dus aux sanctions, voilà qu’aujourd’hui, ils découvrent que l’absence de sanctions, elle aussi, peut être traumatisante, et qu’elle pourrait bien être un facteur de délinquance, les enfants étant privés des repères dont ils auraient tant besoin !

 

  Nous élevons nos enfants pour les conduire vers leur vie éternelle. Notre rôle de parents est de leur montrer le chemin qui mène à Dieu tout en les écartant des obstacles qui les en détournent. Mais leur apprendre à faire le bien et à éviter le mal n’est pas si facile. Nous avons constamment à choisir entre deux voies : l’une douce et plus facile, sans contraintes et l’autre, à l’inverse, dans un effort constant contre le péché, ce qui suppose d’apprendre à réprimer ses mauvaises tendances pour s’en libérer.

  C’est dans ce choix que Dieu nous a créés libres, Il ne nous impose rien, mais nous donne sa grâce pour nous lancer sur la voie qui mène à Lui : celle qui sera faite d’efforts, de combats contre les défauts pour accéder à la vraie liberté. Tout ceci devra être entrepris très tôt, les mauvaises tendances existent, ne disparaîtront pas toutes seules, mais seulement sous l’effet de contraintes fermes, patientes et régulières.

  Voilà la raison d’être d’une bonne discipline, de règles claires et précises, de punitions justes, le tout destiné à contrecarrer, dès le jeune âge, l’inclination au mal qui vient du péché originel.

  Tout ce travail sera facilité si l’enfant sait que ses parents agissent pour son bien, et qu’il est heureux et confiant de se savoir aimé d’eux.

C’est aux parents de définir pour leurs enfants ce qui est « permis » et ce qui est « défendu » (avant 4 ans) ; puis, après 4 ans, ce qui est « bien » et ce qui est « mal ». Bien sûr, il faudra d’abord annoncer « le règlement » que les parents veilleront à appliquer. C’est là, qu’au besoin, on aura recours à des sanctions appropriées.

 

  La sanction est là pour amener l’enfant au bien. Si l’on veut qu’elle porte, elle doit être indiscutable : « ce qui est dit est dit, on ne revient pas dessus ». Ce point est fondamental en éducation et nécessite de ne pas parler à la légère et de réfléchir avant d’établir la règle à respecter, la sanction qui y correspond, tout en la dosant :

– en fonction de l’âge, de la maturité, des capacités d’un enfant.

– en fonction de la gravité objective du mal. Il est beaucoup moins grave de casser un vase de cristal par maladresse, qu’un verre de cuisine par colère !

On ne sévira pas de la même manière si l’enfant a menti ou désobéi gravement, ou s’il a simplement fait une tache sur sa chemise.

 

  Pour qu’une sanction soit bonne, surtout dans le cas d’une punition, elle doit être :

 

Effective :

  On avait annoncé une punition en cas de désobéissance, il faut maintenant passer à l’acte. C’est « automatique », papa ou maman l’avait dit. L’enfant, perpétuellement menacé de punitions qui n’arrivent jamais, n’en fera toujours qu’à sa tête. Sans parler d’une perte de confiance en ce que disent ses parents, et d’un manque de respect en leur parole s’ils ne la tiennent pas.

En revanche, celui qui sait à quoi il s’expose très certainement, trouvera un frein à sa désobéissance.

 

Juste :

  La punition doit :

– être conforme à la raison

– être proportionnée à ce qui a été fait

– tenir compte du degré de responsabilité de l’enfant (un tout petit peut faire une grosse bêtise, mais du fait de son jeune âge, il reste inconscient du mal qu’il a pu faire…)

 

  Il faut trouver le bon équilibre entre un excès de sévérité, et une attitude « laxiste » où on laisse tout passer… Attention aussi à faire la différence entre « erreur » et « faute » ; une faute doit être punie. Punir pour une simple erreur, ou une maladresse, serait une injustice.

Le but d’une sanction est d’amener l’enfant à vivre selon la « justice » (sainteté) : obéir dès qu’on l’appelle, dire la vérité, se maîtriser, retenir le mot méchant, etc. Il ne faut donc pas qu’il puisse croire que vous l’avez puni, non parce qu’il le méritait, mais parce que vous étiez en colère.

 

  Il est conforme à la justice que le tort soit réparé. Pour être réellement éducative, la punition doit donc avoir ce caractère de réparation.

– pour un vol : la restitution de l’objet

– pour un mensonge, la rectification de ce qui a été dit

– pour une dispute ou un mot méchant : la réconciliation

 

  S’il l’a vraiment méritée, l’enfant accepte très bien d’être grondé, il sait qu’il mérite une punition et peut comprendre que c’est pour son bien. Si cette réparation n’est pas faite, il ressentira inconsciemment comme un manque : il n’a pas eu les repères dont il a besoin et qu’il attend de ses parents. Ces règles sont aussi valables lorsqu’il s’agit d’une récompense : elle doit rester proportionnée à ce qui l’a mérité, ni trop, ni trop peu.

 

Calme :

  Si l’on punit un enfant sous l’effet de la colère, la punition devient excessive, disproportionnée : elle perd alors toute son efficacité ! Si nous punissons un enfant, c’est parce que nous l’aimons et que nous voulons son « vrai » bien. L’enfant doit le savoir, il ne s’y trompe pas. La punition portera d’autant plus qu’elle sera donnée en toute objectivité, calmement, « à froid ». Cela n’empêche pas d’avoir parfois à hausser le ton, mais que cela reste conscient, contrôlé.

 

Immédiate :

  L’enfant vit dans l’instant présent, il est donc nécessaire de ne pas laisser de délai entre le fait et la sanction. « Tu as désobéi, tu es puni » : on administre la sanction, c’est dans l’ordre, et après, c’est fini, on n’en parle plus. On essuie les larmes et on s’embrasse : l’enfant retrouve la paix d’une bonne conscience et son sens de la justice est satisfait !

 

  Dieu a créé l’homme par amour. Il l’a d’abord créé pour sa gloire, et pour le rendre heureux. C’est en Dieu, en lui seul qu’il faut chercher ce bonheur, en lui seul qu’on peut le trouver. Notre vocation, ce à quoi nous sommes appelés, nous et nos enfants, c’est la sainteté : nous devons la désirer et prendre les moyens pour y arriver. Voilà dans quel sens nous devons élever nos enfants, voilà l’exemple qu’ils doivent avoir devant eux pour pouvoir, à leur tour, avancer vers le bon Dieu.

Oui, donnons-leur une éducation fondée sur l’Amour !           

Sophie de Lédinghen

 

Inspiré de « Éduquer pour le bonheur. La formation morale de l’enfant » (Monique Berger)