Aider à grandir

Vaste programme !

           Le sujet pose à nouveau le rôle des grands-parents dans l’éducation de leurs petits-enfants.

           Nous avons déjà exprimé, dans plusieurs articles précédents que, si les grands-parents pouvaient avoir un rôle, celui-ci devait rester discret, et surtout venir en complément de celui des parents. C’est une affaire délicate car il y a forcément des différences de conception dans la conduite de l’éducation…

  Croître, c’est évidemment apprendre mais c’est aussi – et peut-être surtout – réfléchir, partager, méditer, prendre du recul. On ne grandit pas si on ne médite pas ce qu’on a appris et si on ne le confronte pas à la réalité.

  Il nous semble que la position singulière des grands-parents et les conditions dans lesquelles ils reçoivent leurs petits-enfants leur permettent d’apporter un plus pour les « faire grandir ».

  D’une part, parce qu’ils bénéficient du recul donné par l’expérience et que l’éloignement des contingences immédiates de l’éducation leur offre des opportunités que n’ont pas toujours les parents.

  D’autre part, parce que leur position peut leur permettre une certaine connivence qui peut faciliter le passage de certains messages.

  En effet, bien souvent, la nécessité impose aux parents d’utiles contraintes qui canalisent leur système d’éducation. Dès le retour de l’école, le goûter, les leçons, le dîner… laissent peu de temps pour prendre du recul. Les conversations sont souvent limitées par la nécessité de « s’occuper des petits » ou de respecter les horaires tandis que les conversations avec les professeurs traitent essentiellement du niveau scolaire plutôt que de l’accroissement de la maturité de l’enfant. L’enfant engrange mais n’a pas assez le temps de maturer… Bien entendu, l’enfant progresse quand même car tout est lié mais les priorités sont souvent inversées.

  En revanche, la situation avec les grands-parents se présente différemment. Le temps des vacances présente des situations moins commandées par la nécessité et permet donc de « prendre du temps » pour faire les choses. Les règles de vie sont généralement adaptées et permettent de parler avec les grands dans un esprit de confiance et de liberté, difficile à créer au quotidien par les parents. Dans cet esprit, le recul, le moindre souci de l’immédiat, le changement de milieu, permettront différentes activités et surtout d’utiles conversations qui n’accroîtront peut-être pas significativement le nombre de connaissances des enfants mais les mettront en perspective. Une complicité avec les grands-parents – qui restera respectueuse bien entendu – permettra une pédagogie davantage fondée sur les encouragements que sur la contrainte et pourra participer à transmettre plus facilement un état d’esprit.

  Une fois de plus, nous observons que la position – en deuxième échelon – des grands-parents leur permet de compléter, de perfectionner l’éducation donnée par les parents.

  Pour finir, l’exemple n’étant pas la « meilleure des pédagogies, mais la seule », les grands-parents présentent le modèle de vie achevé et prouvent, par leur exemple, le bien fondé des messages qu’ils transmettent.

 

Des grands-parents

 

La retraite, enfin !

Oups ! la retraite !

           Il y a mille et une manières d’aborder la retraite… Pour certains ce « retrait » de la vie professionnelle constituera une libération leur permettant de se consacrer – enfin ! – à leur passion, pour d’autres, ce sera le grand saut dans le vide, la crainte de l’ennui, la vie en permanence à deux, la déprime, pour d’autres enfin, la possibilité de bénéficier d’un repos « bien mérité ! ».

 

Qu’en penser ?

  Nous ne donnerons pas de recettes ! Chacun a son tempérament, sa santé, sa vie familiale, ses conditions de vie et les situations sont difficilement comparables. Nous nous bornerons donc à énoncer quelques principes de bon sens qu’il nous paraît utile de rappeler. La retraite ne constitue pas la fin de la vie active mais le début d’une nouvelle vie de dévouement, d’engagement et de vie intérieure.

La retraite n’a plus la même signification qu’hier. Autrefois, elle arrivait tard, à un moment où la santé du retraité déclinant, il lui était bien souvent nécessaire de se reposer… Aujourd’hui, à 65 ans, on est encore jeune et on a encore un rôle à jouer dans sa famille et dans son milieu social.

 

  De fait, dans leur famille, les jeunes ou moins jeunes retraités sont souvent, jusqu’à ce que la mort les sépare, le point de stabilité sur lequel les générations suivantes peuvent s’appuyer. Nos jeunes ménages vivent dans un monde « déconstruit », galopent, manquent de recul pour comprendre ce qui se passe et comment ils doivent vivre… Ayons le souci de leur montrer ce qu’est un ménage, un vieux ménage. « L’exemple n’est pas la meilleure des pédagogies, c’est la seule » disait le général de Maud’huy1. Nos « vieux » ménages doivent pouvoir leur montrer un modèle leur donnant envie de continuer à bâtir leur famille.

 

Alors comment faire ?

  D’abord, considérer que, à 65 ans2, le temps n’est pas encore venu de se retirer. Il nous reste encore une bonne décennie d’énergie pendant laquelle nous pourrons agir de manière active sur notre famille et notre environnement. Pas d’égoïsme à deux, l’heure du repos n’est pas encore venue !

 

  Dans la famille, donnons toujours l’exemple d’un ménage uni, pieux, actif, tourné vers les autres, prêt à rendre service à l’un ou l’autre pour une naissance, une conduite scolaire, un travail de couture, un coup de fil, une lettre, un déjeuner du dimanche, l’accueil des familles pour les vacances… Nous avons plus de temps, utilisons-le ! Il est même probable que cette résolution nous aidera à trouver ce nouvel équilibre que nécessite la retraite ! Nous connaissons quelques ménages – peu nombreux heureusement – pour lesquels la retraite a constitué une étape douloureuse, dans laquelle il a fallu se réhabituer l’un à l’autre. Quel dommage ! Il s’agissait peut-être de personnes ayant cru trop tôt que le temps du repos et du confort à deux était arrivé !

 

  Il en va de même pour la vie sociale. Nos paroisses, nos conseils municipaux (si nous habitons à la campagne), nos associations, manquent de volontaires dévoués. Nous avons moyen d’y agir pour le bien commun, de mener une action politique au sens propre, de nature à élever notre société. Prenons des responsabilités ! Nous avons certainement une expérience utile à faire fructifier ! Faisons notre devoir et donnons aux générations suivantes l’exemple de l’engagement. Nous y trouverons certainement des ennuis… mais aussi la joie du devoir accompli et, par l’exemple donné, nous continuerons à conduire nos enfants et petits-enfants vers le bien.

 

  Même s’il n’est pas encore temps de se retirer complètement, profitons bien entendu du temps libre supplémentaire dont nous bénéficions pour approfondir notre vie spirituelle. La fin du travail professionnel nous donne certainement le temps de commencer la journée par une méditation, de faire une retraite ! Si nous avons la chance d’habiter près d’une paroisse, nous aurons peut-être le loisir d’aller à la messe en semaine ! Le choix du lieu de repli doit, si possible, tenir compte de ces facteurs. Nous-mêmes et toute notre famille en bénéficieront…

 

Des grands-parents

1 Général commandant une armée pendant la guerre de 1914, 1er commissaire national des scouts de France.

2 Nous avons pris l’âge moyen de départ à la retraite.

 

 

Faut-il être « dans le vent » ?

Chères grands-mères, chers grands-parents,

           Plus le temps passe, plus la présence de notre monde s’impose à l’intérieur de nos maisons. Alors qu’il y a quelques années, les familles disposaient d’une certaine liberté pour s’habiller, se distraire, prier… De plus en plus, la mode s’impose. Le fait n’est pas nouveau ; de fait, il doit exister depuis le péché originel. Ce qui est nouveau, c’est son aspect péremptoire. Chaque année, de nouveaux usages sont imposés à la masse. Il faut avoir tel jeu (électronique), il faut être habillé de telle manière (même chez les petits), il faut avoir vu tel film. Sinon… on est disqualifié, ou pour prendre un mot en vogue « diabolisé ».

  Tant pis si le film est un peu douteux, tans pis si telle mode n’est pas décente, tant pis si tel jeu est abêtissant ! Ce qui compte c’est d’être « dans le vent » ! Et nous y sommes tous sensibles !

  Notre génération, qui a vécu une pression moindre et à qui l’âge peut avoir donné une certaine indifférence à ces choses, voit ces affaires avec une certaine inquiétude, voire avec consternation mais se trouve assez démunie quant aux réponses à apporter. Que faut-il faire ?

  En soi, une mode est neutre. En matière de coquetterie, saint François préconisait d’en faire suffisamment pour ne pas choquer les mondains et pas trop pour ne pas gêner les gens simples… Dans le principe, « in medio stat virtus »… Il n’est donc pas nécessairement mauvais de « faire comme les autres ».

  Mais, que faire dans un monde « anti-Christ » dans lequel tout est fait pour détruire tout sentiment chrétien ? C’est d’autant plus difficile que la nature s’habitue à tout ! « A force de tout voir, on finit par tout supporter, à force de tout supporter, on finit par tout accepter » nous dit saint Augustin. Ce qui devrait nous choquer finit par devenir acceptable par répétition ! Une loi abominable sur l’avortement a été adoptée cet été sans déclencher la moindre réaction. Même nos fidèles catholiques se passionnent plus pour les questions de santé que pour ces affreuses lois !

  Il faut d’abord placer les choses au bon niveau ! « Que Notre-Dame me garde cette grâce, cette réconciliation, non pas avec le temps, mais avec la vie que le Seigneur me demande de vivre en ce temps1 ». Dieu ne nous demande pas d’être en accord avec notre temps. Il nous demande chaque matin de réfléchir à ce que sera notre devoir du jour et de nous examiner chaque soir sur ce que nous aurons fait. La mode ne doit jamais être une référence. Tel jeu stupide – voire pire – doit être banni de notre maison, même si toute la classe le possède ! Telle tenue vestimentaire indécente ou vulgaire doit être bannie de notre maison, même si toute la classe l’a adoptée ! Et il en va de même pour tel film qu’il « faut avoir vu » !

  En la matière, il y a certainement aujourd’hui un devoir grave de prendre ses distances par rapport au monde qui nous entoure. Chacun chez nous, dans la mesure de nos possibilités, bannissons tout ce qui nous éloigne de Dieu, n’acceptons la modernité que dans la mesure où elle n’est pas contraire à la Foi. Nous savons que, dans bien des familles, la paix familiale impose des concessions parfois regrettables. Prenons ces concessions comme des mesures de tolérance pour un bien supérieur et non comme des actes de charité ! Sachons que dans bien des cas, nos « fashion victims2 » se croient libres et qu’elles n’accepteront de se soumettre que lorsqu’elles auront réalisé l’esclavage dans lequel elles se trouvent.

  La bienveillance, l’exemple, une autorité justement acceptée aideront nos « victimes » à saisir peu à peu la juste voie à suivre…

  Prions saint Anne de nous donner l’autorité et la délicatesse pour piloter notre navire au milieu de tous ces écueils…

Des grands-parents

1 Père CALMEL

2 Esclaves de la mode

 

L’imitation de Notre-Dame

Chères grands-mères, chers grands-parents,

 

Quand le cœur dit : Ave Maria.  Satan au loin s’enfuit et tout l’enfer frémit,

Quand le cœur dit : Ave Maria. Le monde paraît petit et la chair a tressailli,

Quand le cœur dit : Ave Maria. La tristesse s’enfuit, l’allégresse sourit,

Quand le cœur dit : Ave Maria. La tiédeur disparaît, et l’amour reparaît,

Quand le cœur dit : Are Maria. La dévotion s’accroît et la componction naît,

Quand le cœur dit : Ave Maria. L’espérance jaillit et la consolation grandit,

Quand le cœur dit : Ave Maria. L’âme entière revit et l’amour s’attendrit…1

 

  En nous donnant sur la Croix la Sainte Vierge comme mère, Notre Seigneur nous a implicitement donné un modèle que nous pouvons et devons suivre.

Pour nos âmes compliquées, cet exemple est difficile à suivre ! Et pourtant, quel meilleur exemple pour nous, grands-mères qui devront – tant que la morale n’est pas en cause – demeurer si souvent sourdes, muettes et aveugles !

« Ne fallait-il pas que je sois aux affaires de mon Père » ; « Elle gardait toutes ces choses et les méditait dans son cœur ». Notre Seigneur explique peu et Marie doit comprendre.

La Vierge nous donne une leçon permanente de simplicité. Plus que chez tout autre, elle est là pour remplir sa mission. Elle l’a acceptée par son « fiat » salvateur et maintenant elle en accepte toutes les épreuves.

  C’est en cherchant à imiter les vertus de Notre-Dame que nous pourrons élever notre âme et celles dont nous avons la charge vers les réalités éternelles auxquelles elles aspirent.

 

Et en quoi pouvons-nous imiter ces vertus ?

  Certainement par la pratique des vertus intérieures que sont l’humilité, la patience, la pureté ; aussi par les vertus extérieures que sont l’effort dans le travail, l’élévation dans la pensée, l’union dans l’oraison mentale et le zèle dans la prière vocale.

Mais nous retiendrons surtout son humilité et son abandon. Dans ses apparitions, notre mère nous demande des choses simples : le chapelet quotidien, le port de la médaille miraculeuse ou d’autres pratiques accessibles à tous.

L’amour de Marie nous apprend la simplicité et l’abandon. Nous sommes grands-parents, par notre attitude, transmettons ces vertus permettant de supporter toutes choses contraires, avec charité, avec grande patience et grande humilité.

  L’avenir est sombre, les âmes avides de vertu s’inquiètent ? Montrons par notre attitude que notre seul souci doit être celui de faire notre devoir de chrétiens. Même si nous sommes légitimement inquiets, notre esprit ne devra pas d’abord se soucier de la fin de la crise mais plutôt de rester fidèles en étant  des témoins de Dieu et de sa loi.

 

  Comme notre Mère, gardons ces choses dans notre cœur et méditons-les. N’ayons pour seul critère de réflexion et de décision que notre salut et celui des nôtres. Disons notre chapelet et faisons de notre mieux.

 

  Nul doute que, si nous nous abandonnons courageusement, sainte Anne et notre Mère du ciel nous guideront au port !

 

Des grands-parents

1 L’imitation de la Bienheureuse Vierge Marie, Thomas A. Kempis

 

Faire bon accueil à la croix

Chers grands-parents

           Dans un numéro précédent, nous avons traité de la souffrance, nous aurions presque envie de reproduire le même article pour consoler les foyers sans enfant. Quelle épreuve, pour un jeune ménage qui s’est marié pour faire la volonté de Dieu de constater que la procréation, première fin du mariage selon le commandement de Dieu, ne s’accomplit pas chez eux. Après l’espérance viendra le doute, l’inquiétude puis peut-être le refus d’accepter l’épreuve… Que devons-nous faire, nous grands-parents qui, par définition, n’avons pas connu cette épreuve ?

 

  Comme toujours, devant la Croix, devant la Croix des autres, nous sommes démunis.

Nous avons pourtant la réponse dans l’Image du Christ acceptant sa Croix pour notre Salut et nous demandant d’être « d’autres Christ » et nous savons que, si aucune solution médicale n’est trouvée, il faudra que notre jeune ménage accepte cette épreuve et transforme cette Croix en une nouvelle fécondité spirituelle.

Mais qu’il est difficile de faire passer ce message sans maladresse !

 

  Dans un précédent article, nous conseillions aux grands parents de savoir accompagner l’épreuve de leurs ménages par la compassion, le soulagement puis l’explication. Il nous semble que dans ce cas précis, notre attitude ne devra probablement pas différer.

Nous devrons d’abord compatir et conseiller.

 

  Peut-être existe-t-il une solution médicale à cette épreuve ? Accompagnons cette tentative de prières, de messes aux âmes du purgatoire (par exemple), de pèlerinages ou que sais-je ! Peut-être Dieu daignera-t-il exaucer nos prières dans le sens que nous désirons ? Montrons à quel point nous partageons la douleur de nos jeunes et voyons ce qui peut être fait !

 

  Consoler ! Notre jeune ménage se trouve être l’exception au milieu de ses amis qui, mariés au même moment voire après, voient venir les enfants, changent de préoccupations, inscrivent leurs petits à l’école, construisent une vie sociale autour d’eux tandis qu’eux, petit à petit, se trouvent isolés, pensent à leur épreuve tandis que les autres ne savent plus comment les aborder. Ils se trouvent « de facto » exclus de la vie sociale construite autour de la sortie de l’école. Comment ne pas sombrer dans la tristesse ? Consolons-les, tout en les encourageant à offrir leur épreuve et à espérer, donnons-leur des conseils de bon sens ! Montrons-leur notre affection, soyons délicats – surtout si d’autres de nos ménages voient leurs familles croître – encourageons-les à changer d’air, peut-être voyager, faire une retraite, se donner des projets, se dévouer. Dans tous les cas, ne les laissons pas s’enfermer dans leur tristesse. Le jeune âge est celui des projets !

 

  Puis, quand le temps sera venu, montrons-leur quelle fécondité peut apporter leur épreuve. Si leur vie sociale ne vient pas de la sortie des classes, peut-être pourra-t-elle venir de la participation aux œuvres de la paroisse. Une autre fécondité les attend, magnifiée par l’épreuve. « Fais bon accueil à la croix que t’envoie le Ciel ; essaie d’en comprendre le prix : tu trouveras en elle ton bonheur » nous dit le père de Smet1.

  Prions sainte Anne de nous conseiller dans ce rôle délicat !

Une grand-mère

 

1 Jésuite Missionnaire des peuples Amérindiens au milieu du XIXème siècle.