Sur le chemin du pèlerinage de Pentecôte, avez-vous remarqué certains chapitres enfants chanter ces paroles sur l’air de « Trois jeunes tambours » :
« Des gens les regardaient, mais qui étaient tout tristes…
La joie chrétienne, on l’a par l’sacrifice
Un sacrifice, c’est dur quand on l’avale .
Mais après cela, on dirait que c’est du sucre ! »
Ces paroles sont pleines de vérité : la vraie joie est une première participation au bonheur du ciel et suppose donc un certain oubli de soi pour se tourner vers Dieu ou vers le prochain.
Avez-vous réalisé la leçon que nous donne l’Eglise en classant la Présentation de Jésus au Temple dans les mystères joyeux du chapelet ? Notre-Dame offre son fils unique, elle reçoit la prophétie terrible de saint Siméon : « un glaive de douleur te transpercera le cœur ! » Marie, élevée au Temple et douée de toutes les qualités, connaît parfaitement les prophéties et les psaumes : elle sait que le Messie, son fils, souffrira, qu’il sera comme un agneau mené à l’abattoir qu’il sera rejeté des hommes, que ses os seront comptés… Toute la vie de Marie sera une souffrance, une offrande, et un abandon confiant de savoir qu’un jour, son Fils bien aimé sera mis à mort, au rang des malfaiteurs… Mystère joyeux pourtant ! Voir la beauté de l’instant présent et abandonner le futur à la volonté de Dieu : le secret de la joie. Notre-Dame de Joie et Notre-Dame des sept douleurs tout ensemble !
La joie des enfants de Dieu, une volonté
« Introibo ad altare Dei, ad Deum qui laetificat juventutem meam » ; je m’avancerai jusqu’à l’autel de Dieu, vers Dieu qui réjouit ma jeunesse !
A chaque messe, c’est par trois fois que cette phrase est répétée ! C’est dire son importance.
Il nous faut redevenir de petits enfants pour entrer dans le Royaume des Cieux. L’enfant est naturellement joyeux dans sa jeunesse insouciante et confiante.
La joie est essentielle dans notre vie, elle nous donne l’élan, l’énergie, l’entrain, le bien-être et la bonne humeur. Elle s’oppose à la désolation, la tristesse, le désespoir, le désenchantement, le dégoût, l’ennui…
Réciproquement, l’énergie qui nous a permis d’accomplir un travail, une bonne œuvre, un sacrifice se transformera en joie une fois les obstacles franchis, et même pendant l’effort. Regardez le sourire des grands sportifs !
« La joie s’acquiert. Elle est une attitude de courage. Être joyeux n’est pas une facilité, c’est une volonté1. »
La volonté de faire le bien ou de faire confiance, la volonté de vivre à l’instant présent avec les grâces du présent sans ruminer le passé ni s’inquiéter de l’avenir nous donnera la joie.
Demander la joie
La joie vient avec le sacrifice de soi-même et avec la grâce, aussi est-il souhaitable de la demander et de la vouloir.
« Rendez nos cœurs joyeux pour chanter vos merveilles » prient les louveteaux.
Jean-Sébastien Bach a composé une célèbre cantate pour la fête de la Visitation, titrée « Jésus, que ma joie demeure » (BWV147). Elle commence par une prière : « Jésus, demeure ma joie, la consolation et la sève de mon cœur ! » et continue « Il est la force de ma vie, le plaisir et le soleil de mes yeux, le trésor et le délice de mon âme. Voilà pourquoi je ne laisse pas Jésus hors de mon cœur et de ma vue (…) Serviteur de Satan et des péchés, tu es libéré par l’apparition réconfortante du Christ de ce fardeau et de cette servitude ».
Concrètement, pour obtenir la joie
En tant que père de famille, nous avons des occasions incomparables d’obtenir et d’entretenir notre joie en nous occupant de nos enfants.
Que nous soyons harassés par le travail, préoccupés par les soucis légitimes ou non, notre devoir d’état de nous occuper de nos enfants nous aide à sortir de nous-même, nous oublier et oublier pour donner aux enfants. Essayez en vous donnant à fond, en retrouvant une âme d’enfant !
Racontez une histoire ou une bande dessinée, dès le jeune âge, avec 2 enfants sur vos genoux et un autre à vos côtés. Mettez le ton, exagérez les bruitages, les cris d’animaux, le suspense… et observez les réactions de votre jeune public… Encore papa ! Encore !…
Les jeux de cartes ou de société sont aussi l’occasion d’observer les sentiments et de s’en réjouir : joie de celui qui fait un bon coup ou qui gagne…surtout lorsque papa a mal joué (parfois volontairement). Occasion aussi d’apprendre au perdant à s’oublier et à se satisfaire du fait de jouer, pas seulement du résultat.
Foot, rugby, ping-pong ou volley mais aussi cache-cache, chat perché et tous les jeux de plein air stimulent l’énergie de chacun, et dévoilent les tempéraments… les fonceurs, les magouilleurs, les crieurs, les fédérateurs : « tous ensemble pour battre papa ! »…
Oui, cela peut demander un effort de sortir de soi, mais la récompense est immense dans la joie des enfants, la contribution à leur développement psychologique et physique, sans oublier le sourire de la maman déchargée de ses soucis pour un moment, et heureuse de voir sa famille unie.
Les enfants sont le modèle de la joie, avec leur simplicité. Tous ceux qui s’en occupent en se donnant recevront une part de leur joie : parents, éducateurs, célibataires, religieux…
Souriez !
« Un saint triste est un triste saint » dit l’adage. « La joie intérieure réside au plus intime de l’âme ; on peut aussi bien la posséder dans une obscure prison que dans un palais2 ». Si nous en sommes conscients, et que nous essayons d’en vivre, alors sourions fréquemment !
Se forcer à sourire, lorsqu’on est tenté par la tristesse, aide à voir la situation de manière plus positive et à se souvenir que nous sommes portés par la grâce de Dieu
« Mais qui donc peut vous nuire si vous vous montrez zélés pour le bien3 ? »
Au-delà de nous rendre plus sympathique à notre entourage, le sourire encourage ceux que nous croisons à relever les yeux, voire à nous rendre la pareille. Le sourire, c’est un petit rayon de soleil dans la grisaille des transports en commun, dans les commerces ou les couloirs du bureau.
Peut-être aurez-vous la chance d’entendre comme moi, plusieurs collègues de travail vous dire: « quel est ton secret ? Tu souris tout le temps même dans les périodes difficiles ! »
Le sourire est contagieux ! Le sourire est un témoignage ! Sourions souvent !
Hervé Lepère
1 Abbé Gaston Courtois (1897-1970)
2 Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus
3 1ère épitre de saint Pierre, ch3, le 5ème Dim. ap. Pentecôte