Le mal ou le mystère de l’amour de Dieu

« Et à la neuvième heure Jésus cria d’une voix forte «Héloï, Héloï, Lamà sabacthàni », ce qui signifie « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

          Ces mots de Notre Seigneur au plus fort des souffrances de la Passion mettent en avant l’une des plus graves questions que l’homme se pose : celle de la nature du mal. Qui d’entre nous n’a jamais entendu cette phrase venant d’un ami non croyant : « Si Dieu existe et qu’il est bon, comment peut-il permettre le mal ? », ou cette autre que nous nous disons souvent à nous-même : « Mais qu’ai-je fait au Bon Dieu pour mériter cela ? ». La question du mal est centrale pour l’être humain dans sa quête de sens à donner à sa vie, essayons donc d’y apporter une réponse en dégageant une définition du mal, une raison de son existence et surtout un remède.

Qu’est-ce que le mal ?

Avant d’établir une distinction dans le mal, nous pouvons déjà établir qu’il ne s’agit de rien d’autre que d’une absence de bien. Est bien ce qui correspond à sa nature, ce qui atteint son but propre : le corps humain est « bon » quand il est en pleine santé, la maison est « bonne » quand elle est stable et assure un confort de vie à ses habitants, une loi est bonne quand elle protège le bien commun. Le mal sera que ce corps soit malade, c’est-à-dire privé de santé, que cette maison soit fissurée, que cette loi nuise au bien commun. Ces choses seront « mauvaises » parce que privées de leur fin, de leur raison d’être, parce qu’elles brisent l’ordre propre à chaque être.

Nous pouvons ensuite distinguer deux sortes de mal : le mal sensible et le mal moral. Le mal sensible est la souffrance que nous vivons lorsque nous nous blessons physiquement ou lorsque nous éprouvons de la tristesse. Cette souffrance est liée à notre nature humaine limitée, imparfaite, soumise à la matière. Elle nous permet d’apprendre ce qui est bien pour nous et ce qui nous nuit, elle nous est une sorte de guide dans notre vie. Nous pouvons le constater avec l’exemple de l’enfant qui doit se brûler à la flamme de la bougie pour comprendre que le feu peut être source de danger, ou encore avec la règle d’or « Ne fais pas à autrui ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse », qui sous-entend une volonté d’éviter de faire du mal à autrui parce que l’on connaît soi-même le prix de la souffrance. Cette sorte de mal revêt un caractère « social », guidant l’homme dans ses rapports aux autres mais aussi dans ses rapports avec lui-même en lui faisant sentir dans son être les conséquences de ses excès (boire jusqu’à l’ivresse, manger jusqu’à la maladie, …).

La seconde sorte de mal, le mal moral, établit une relation directement avec Dieu : il s’agit là du péché. On peut certes souligner que voler, mentir, tuer a des conséquences négatives pour la société, mais ce n’est que secondaire car il est directement une rébellion de l’homme contre Dieu, créateur de toutes choses et législateur suprême. Le péché est un refus de la Loi naturelle disposée par Dieu dans chaque être humain, cette Loi qui instinctivement fait comprendre à chacun la bonté ou la malice d’un acte par des sentiments tels que le plaisir ou le remords.

Que ce soit sous l’une ou l’autre forme, le mal semble s’opposer à la finalité de l’homme : le bonheur. Comment donc Dieu, lui qui est la Bonté infinie, peut-il permettre que nous souffrions et que nous l’offensions ?

Pourquoi le mal  ?

Ce « pourquoi » n’est pas une question en l’air car il est le principal obstacle à la venue de la Foi dans beaucoup d’âmes révoltées par cette apparente injustice. En effet, la réponse que nous entendons bien trop souvent est que l’existence du mal est incompatible avec l’existence d’un Dieu bon, ou même d’un Dieu tout court. On se réfugie alors dans le déisme (Dieu nous a créé mais il ne s’occupe pas de nous), dans l’agnosticisme (Dieu existe, mais il ne s’est pas révélé à nous et nous ne pourrons jamais le connaître même imparfaitement), ou encore dans l’athéisme pur. Le mal nous révolte parce que nous ne le comprenons pas, et pourtant il a tout à fait sa place dans l’ordre voulu par Dieu.

En ce qui concerne le mal sensible, nous savons par les Ecritures Saintes qu’il s’agit d’un châtiment voulu par Dieu pour punir Adam et Eve du péché originel. Ceux-ci bénéficiaient de certains dons tels que l’immortalité, l’intégrité (les passions sont soumises à l’intelligence, elle-même soumise à Dieu) et l’impassibilité (Ils ne peuvent pas connaître la souffrance). Ces dons, appelés préternaturels, ont été perdus avec le péché originel et il s’ensuit que tout homme est condamné à connaître la souffrance quotidiennement (« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » / « Tu enfanteras dans la douleur »). Le mal donc apparaît comme un désordre mais il permet de replacer l’homme dans un état de dépendance par rapport à Dieu. La souffrance est le prix à payer pour la faute de nos premiers parents, un moyen de remettre de l’ordre dans la Création : la faute appelle une punition qui remet le coupable à sa place de dépendance envers son supérieur et fait justice à ce dernier. Le mal sensible est donc une bonne chose puisqu’il maintient l’homme dans la considération de sa faiblesse et le pousse vers Dieu.

Que la souffrance soit permise par Dieu comme châtiment pour les péchés des hommes, soit. Mais alors, comment Dieu peut-il laisser l’homme l’offenser ? Comment peut-il laisser l’infiniment petit défier l’infiniment grand ? La réponse en un mot : liberté. La liberté est l’une des preuves de l’amour de Dieu pour nous, car elle sous-entend la faculté de connaître et donc d’aimer également, et donc d’être heureux. Or l’amour cherche naturellement à se diffuser, à se transmettre. Les passionnés le savent, eux qui ont une soif intarissable de partager ce qu’ils aiment, de le faire connaître à leurs amis. Mais aimer n’est pas du seul ressort des passions, il faut aussi une adhésion de la volonté, il faut vouloir aimer, il faut pouvoir choisir d’aimer, et c’est bien là qu’est le problème : je peux choisir d’aimer comme je peux le refuser. Refuser d’aimer Dieu, lui préférer des plaisirs passagers et vains tient plus souvent à l’ignorance et à la faiblesse qu’à de la véritable malice de notre part mais le fait est là : nous offensons délibérément un père qui nous a donné absolument tout ce que nous avons et ce père nous aime tellement qu’il se laisse écarter sans rien dire, ou presque.  Mais dans ce cas pourquoi ceux qui font le mal sont-ils si prospères, si heureux alors que les justes ne cessent de rencontrer les difficultés et la souffrance ? Si Dieu est un père aimant, ne doit-il pas combler ceux qui l’aiment de biens et priver les autres de tout ce qu’ils ont ? N’y a t’il aucune solution au mal ?

Le remède au mal

Le grand danger qui nous guette lorsque nous nous interrogeons sur la nature du mal est de le regarder sous un point de vue naturel, humain. Rien d’étonnant alors à ce que nous soyons perdus et doutant de la bonté de Dieu. Comprendre le mal, si tant est que l’on puisse réellement le comprendre, nécessite de regarder au-delà du plan terrestre, de se projeter dans l’éternité.

Nous savons par l’intelligence et par la Foi que chacun de nous sera récompensé ou puni de sa vie terrestre en allant au ciel ou en enfer ; par l’intelligence parce que la vie terrestre est absolument inconcevable sans cette éternité, et par la Foi parce que Notre Seigneur lui-même n’a cessé de nous le dire lorsqu’il était avec nous : « Bienheureux les pauvres, car ils auront le royaume de Dieu », « En vérité je vous le dis, vous pleurerez et vous souffrirez, tandis que le monde se réjouira. Mais votre tristesse sera changée en joie ».

Il est nécessaire qu’il y ait de la souffrance sur Terre pour nous rappeler que nous sommes pécheurs et pour nous élever vers Dieu. Il est nécessaire qu’il y ait de l’injustice et que les hommes de mal triomphent sur Terre pour que les justes grandissent en Foi et en Charité : Notre Seigneur lui-même a dit « Il faut qu’il y ait des scandales ». St Paul nous en donne l’explication : « Il faut qu’il y ait des hérésies parmi vous, afin que les frères qui sont d’une vertu éprouvée soient manifestés parmi vous », et St Thomas d’Aquin ajoute : « Les bons sont en effet incités au bien par les mauvais. S’il n’y avait pas eu les hérétiques, la science des saints, comme celle de St Augustin et de tant d’autres, n’aurait pas brillé dans le monde ». Dieu laisse la Terre à ceux qui le rejettent, car son royaume « n’est pas de ce monde ». Ils paieront le prix de leur infidélité dans l’éternité. A ceux qui le suivent il envoie les embûches et les souffrances sur la Terre pour les purifier, comme on purifie le métal en le faisant passer dans le feu. Mais jamais il ne les abandonne et chacun des actes d’amour qu’ils posent augmente leur part du Ciel. Et en cela nous pouvons reconnaître à quel point est grand l’amour de Dieu pour nous : plus nous rencontrons d’épreuves, plus nous avons l’occasion de gagner en « capital céleste » en renouvelant notre soumission à la volonté de Dieu.

  « Si tous les maux étaient empêchés par Dieu, il manquerait beaucoup de bien dans l’univers. Le lion ne vivrait pas, s’il ne tuait pas certains animaux ; et il n’y aurait pas la patience des martyrs s’il n’y avait la persécution des tyrans ». C’est ainsi que St Thomas d’Aquin résume la question du mal. Depuis le péché originel le mal fait partie de notre lot. Nul ne peut y échapper et la seule attitude digne d’un chrétien est de le supporter comme Notre-Seigneur a supporté sa Croix et de l’offrir comme participation à son œuvre de Salut des âmes. Ainsi le chrétien achète le Ciel pour lui mais également pour les autres, et cela n’a pas de prix :

« Vivre d’amour, C’est essuyer ta face,

C’est obtenir des pécheurs le pardon.

O Dieu d’amour ! Qu’ils rentrent dans ta grâce

Et qu’à jamais ils bénissent ton Nom. »

(Ste Thérèse de l’Enfant Jésus)

              RJ

Inhumation, incinération ou humusation… A vous de choisir!

En ce mois de novembre où l’Eglise nous fait honorer nos morts, une question revient souvent : pourquoi préférer l’inhumation à l’incinération ?

Les principes écologiques nous répètent à qui mieux mieux combien l’incinération préserve notre planète[1] ; nous avons même entendu récemment des nouveautés en la matière qui montrent que le pire est à venir : « Faisons don de notre corps à la terre en faisant de notre dépouille du… compost ! » Cela a pour nom l’humusation : un an après la mort de notre proche ce système nous permettra de récupérer 1 m3 d’humus pour fertiliser notre jardin… On entend parler aussi de liquéfaction par une dissolution du corps dans un bain chimique qui serait transformé en engrais… Jusqu’où irons-nous ? Pour l’instant en France, seules deux solutions sont autorisées par la loi : l’inhumation ou la crémation (nouveau nom donné au mot incinération utilisé davantage pour les déchets…).

Ces quelques lignes vous aideront à argumenter les discussions avec ceux qui, autour de vous, cherchent des réponses.

Penchons-nous tout d’abord sur la pratique de la crémation.

La crémation est un acte d’une rare violence qui réduit le corps du défunt en un peu de cendres. Entouré jusqu’alors des meilleurs soins et affections, ce corps est livré au supplice du feu, dans un four préchauffé à 850°C en soixante-quinze minutes…

Ne veut-on pas par là détourner le sens de la mort et éloigner des hommes les salutaires pensées qui le font réfléchir régulièrement à sa destinée ? Ne veut-on pas nous faire croire par cette destruction que tout s’arrête après la mort ?

63 % des personnes interrogées préféreraient être incinérées qu’enterrées.[2] 

37 % des défunts sont aujourd’hui incinérés ; cette pratique rentre dans les mœurs progressivement avant de parvenir à l’humusation…

Certes l’intention de tous ceux qui se font incinérer aujourd’hui n’est pas de nier la résurrection des corps. Dieu est Tout-Puissant et saura reconstituer les corps pour la résurrection finale ; mais cette pratique ne participe-t-elle pas à la perte de la foi et de l’espérance après la mort en manquant aussi à la charité chrétienne qui réclame le respect dû au corps, temple du Saint-Esprit ? Que répondre à l’argument « tu es poussière et tu retourneras en poussière » ?!

27 % des « utilisateurs » de cette méthode le demandent pour participer ainsi à « sauver la planète ». 31 %[3]  le font afin de ne pas embarrasser leur famille : la mort serait-elle un fardeau qu’il faudrait alléger pour laisser tranquille nos proches ? L’hygiène, l’économie sont aussi invoquées. On sait qu’au moment des grandes épidémies la crémation fut une pratique visant à éviter la contagion ; mais est-ce bien d’actualité ?

Si c’est parfois l’ignorance qui est à l’origine de cette pratique, on ne peut nier que cela devient un acte public ayant une grande force symbolique dans le cœur des hommes, visant à détruire la civilisation chrétienne en laissant croire que tout s’arrête à la sortie du funérarium. Il ne nous reste plus qu’à « faire notre deuil » et l’on oublie que la vie n’est pas terminée, qu’on a le devoir de prier pour nos défunts qui sont peut-être au purgatoire et réclament nos supplications. Cette disparition totale trouble d’ailleurs certains endeuillés qui se plaignent d’avoir l’impression de s’être débarrassé de leur défunt… Il ne restera plus qu’une petite boîte dans « le jardin du souvenir » ou le « colombarium » : doux mots qui veulent faire oublier la violence du feu mais qui font renier en acte les trois vertus théologales de foi, d’espérance et de charité.

Cherchons plutôt à savoir d’où vient cette mise à l’honneur et quels sont les véritables penseurs qui ont abusé les esprits crédules.

La pratique de la crémation devint à la mode en Europe à la toute fin du XIXe siècle quand les sociétés de franc-maçonnerie obtinrent du gouvernement la reconnaissance officielle de ce rite : « Nous devons employer tous les moyens pour répandre l’usage de la crémation. L’Eglise en défendant de brûler les corps, affirme ses droits sur les vivants et les morts, sur le vulgaire, les vieilles croyances aujourd’hui dissipées à la lumière de la science, touchant l’âme spirituelle de la vie future.[4]»

C’est encore une des conséquences de la Révolution dite française qui parvint à changer les esprits à force d’autoriser des actes impies.

 Notre Dame libératrice des âmes du purgatoire-Montligeon

Ne voudrait-on pas faire croire que l’homme doit maîtriser sa mort comme sa vie ? Il se croit maître de tout et voudrait oublier la Toute-Puissance de Dieu, alors les saintes pensées sur notre propre vie éternelle s’échappent en fumée…

 

Pourquoi préférer  l’inhumation ?

L’inhumation est tout d’abord un acte de Foi, Foi en la vie éternelle et dans la résurrection finale à la fin des temps.

C’est le rite qui respecte le mieux ce corps autrefois animé par l’âme chrétienne ; l’Eglise elle-même l’encense et le bénit par respect pour celui qui fut, par son baptême, le temple du Saint-Esprit. Le prêtre accompagne ce corps jusqu’à sa dernière demeure ; en grec cimetière signifie dortoir, lieu où l’on dort en attendant le réveil éternel. C’est un lieu d’Espérance

Ce corps a combattu pour remporter la victoire finale. Il était joint à l’âme pour conquérir le ciel. Ce n’était pas une simple enveloppe et l’Eglise nous dit qu’il participera plus tard au sort éternel heureux ou malheureux de l’âme. Il mérite donc notre respect.

Ensevelir les morts fait partie des miséricordes corporelles ; c’est un acte de charité que nous accompagnons de nos prières pour l’âme de notre défunt.

Par l’inhumation le corps retourne à la poussière, cette dissolution n’atteint pas le principe de la vie car notre âme est immortelle.

Que disent les traditions et l’Eglise du respect dû aux corps de nos défunts ? 

Déjà l’Ancien Testament nous parle de Tobie qui ensevelissait les morts au péril de sa vie. L’Antigone de Sophocle préfère mourir que de laisser son frère sans sépulture. Sous Charlemagne en 789 la crémation est interdite et est un châtiment réservé aux hérétiques. Ce n’est que lors des périodes de décadences que les Romains ont adopté la crémation. Cet usage a été conservé sans interruption et universellement dans l’Eglise.

Le droit Canon[5] stipule qu’« il est interdit à un chrétien de demander à être incinéré et nul n’est tenu de respecter cette volonté. »

Le 19 mai 1886, le Saint Office[6] promulgua un décret interdisant la crémation des corps. Le Pape Pie XI écrit le 19 juin 1926 que la crémation est « un rite barbare, impie et scandaleux, gravement illicite qui répugne non seulement à la piété chrétienne mais à la piété naturelle[7]. »

Dans le code promulgué par le Pape Jean-Paul II en 1983, on trouve cette nouvelle loi, contradictoire avec la tradition constante de l’Eglise : « l’Eglise recommande vivement que soit conservée la pieuse coutume d’ensevelir les corps des défunts ; cependant elle n’interdit pas l’incinération, à moins que celle-ci n’ait été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne[8]. »

            Préférerons-nous obéir à la tradition millénaire ou sacrifier au nouveau dieu de l’écologie par un retour anonyme dans le giron de la Terre-mère ?

            Face à un monde de plus en plus hostile au christianisme et à ses pratiques, ne cédons pas aux forces occultes qui voudraient nous faire perdre de vue la vie éternelle qui n’aura point de fin.              Marguerite-Marie

[1] Argument très discutable  si on compare avec une inhumation en pleine terre.

[2] Le Monde – 4/10/2018

[3] CAIRN Info

[4] Note de Mgr Chollet, archevêque de Cambrai – 1887

[5] Droit canon 1917

[6] Congrégation de la Curie romaine

[7] Actes de Pie XI, T. III

[8] Canon 1176

Vous avez des soucis?

« Le règne de Jésus Christ reçoit sa force et sa forme de l’amour divin : aimer saintement et dans l’ordre, voilà où il se fonde et se résume. Le reste en découle nécessairement : être inviolablement fidèle au devoir, n’attenter en rien au droit d’autrui, mettre les soucis terrestres à leur juste place, donner à l’amour de Dieu la priorité sur tout le reste[1] »

Voilà tout un programme que le Pape Léon XIII, comme un bon père, a établi pour ses enfants. C’est le secret du bonheur.

Cependant aujourd’hui lors des discussions avec les uns ou les autres, on peut constater, que, quelque soit le milieu social ou l’âge de l’interlocuteur, tous, nous avons tendance à nous laisser submerger par nos soucis.

Impossible alors de trouver la liberté d’esprit pour mettre chaque chose à sa place et parvenir à la joie des enfants de Dieu. Joie de s’émerveiller des beautés de la nature, paix donnée par l’amitié avec Dieu, sérénité devant l’avenir comme un enfant abandonné sur l’épaule de son père, bonheur d’appartenir à la grande famille que forme l’Eglise catholique, reconnaissance devant tous les dons reçus….

Non, tout cela échappe de plus en plus aux esprits envahis par l’angoisse de l’avenir, la peur de l’autre, la crainte de perdre, l’amertume vis-à-vis de la société et l’inquiétude pour ses enfants…

Pour faire simple, classons en trois parties les soucis qui se présentent :

A) Ceux qui rongent et qui nous font perdre de vue l’essentiel : Le réchauffement climatique, la pollution,… On dirait qu’on essaie de nous distraire en nous assénant avec force et ténacité ces assertions plus ou moins vérifiées… Certains en ont fait un véritable « dada » et y consacrent toutes leurs conversations ; ils en oublieraient même l’essentiel…

Combien de fois par jour consultons-nous notre téléphone portable, que – par un tour de force extra-ordinaire- nous autorisons à nous communiquer des informations « choisies »qui vont augmenter notre taux de cortisol[2] ?

B) Les considérations sur les mœurs actuelles, et même les questions politiques peuvent nous apparaître comme des questions essentielles et il est bon que ceux qui ont les moyens d’action fassent tout ce qu’il leur est possible mais quand nous sommes impuissants, n’oublions pas que le grand moyen accessible à tous, reste la prière. Dieu nous a montré de multiples fois dans l’histoire de l’humanité les vertus de ce moyen qui apaise le cœur en suppliant Celui qui est le maître de toutes choses.

C) Ceux qui nous touchent personnellement : problèmes personnels, famille, santé, travail, …

            Certains portent réellement une lourde croix : la perte d’un être cher, la maladie ou des épreuves fort douloureuses les accablent. A ceux-là nous ne pouvons que conseiller de pratiquer la dévotion aux Saintes plaies de Notre-Seigneur et de se mettre sous la protection de Notre-Dame avec confiance.

            D’autres se croient vraiment très éprouvés mais ne se rendent pas compte qu’ils se sont fabriqué à eux-mêmes une « croix »…  En effet en recherchant dans un moment de calme, la racine de tous nos soucis, nous nous apercevons que celle-ci se trouve bien souvent en nous-mêmes : nous ressassons comme des slogans des paroles de culpabilité, de manque de confiance, d’esprit vengeur, de regrets…

            – Prenons le temps  de retrouver la paix. C’est en particulier lors d’une bonne retraite[3] que nous pourrons faire un retour sur nous-mêmes en analysant les véritables causes des maux qui nous rongent.  

Avez-vous remarqué combien souvent quand nous analysons notre colère nous nous apercevons que, bien plus que le prochain, c’est nous-mêmes qu’il faudrait accuser ? Car bien souvent c’est nous qui, à l’origine, nous y sommes mal pris… 

Avez-vous noté combien de fois nous nous sommes fait des soucis inutiles en imaginant tant et tant de catastrophes, d’accidents ou de maladies qui pourraient arriver à l’un ou à l’autre, en prêtant tant et tant d’intentions à des gens qui n’en ont pas la moindre idée, en anticipant tant et tant d’événements sans penser que le pire n’arrive pas toujours… Si Dieu prenait au mot les fruits de notre créativité en matière de catastrophes… que d’épreuves !! N’oublions jamais quand « la folle du logis[4] » se met en route de la faire taire immédiatement en récitant lentement un Ave Maria qui nous remettra les idées en place ou la Prière à Saint Michel [5] qui saura éloigner les tentations et les dangers !

            – Ensuite prenons l’habitude de pardonner à tous ceux qui  nous ont blessés : « pardonnez-nous comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés »… Disons-nous vraiment cette prière avec sincérité ? L’être humain est capable de tomber gravement malade rien qu’en ressassant des amertumes…

            – Enfin demandons pardon à Dieu de tout notre cœur et soumettons-nous  à sa divine volonté.

En réalisant avec lucidité cette démarche nous nous exerçons à un véritable esprit de pauvreté : parvenir à nous détacher de notre volonté propre pour adhérer à celle de Dieu. Offrir son avenir à Dieu, non pas en se cachant la tête sous l’aile mais, après avoir fait tout ce que Dieu nous demande, Lui abandonner le reste en s’en détachant. Ne pas se laisser gouverner par nos incohérences mais commencer sa journée par un véritable acte d’abandon et la récitation de la Prière des Apôtres de tout notre cœur.

Mettons de l’ordre dans ces « soucis » pour ne pas perdre de vue l’essentiel et prenons conscience que notre seule véritable préoccupation doit être celle de notre vie éternelle en premier lieu, avec notre époux (se). Prions ensuite pour ceux qui sont sous notre responsabilité directe (enfants) et indirecte (parents, famille, amis, paroisse, voisin, village, collègues, Eglise, pays). Faisons en effet tout ce qui est en notre pouvoir  mais au seul niveau qui nous concerne : prière, sacrifice, exemple, devoir d’état et enfin confions tout  au Sacré-Cœur. Notre-Seigneur a gagné la course de relais : c’est notre secret puisque personne ne le sait plus et c’est ce qui nous aide à garder le sourire au milieu des pires tribulations !

Rayonnons de la vraie joie en esprit de gratitude envers notre Dieu qui nous a tant donné ! « Vis le jour d’aujourd’hui, Dieu te le donne, il est à toi.
Vis le en Lui.[6] » Le démon, quand il a épuisé toutes ses autres armes sans succès envoie l’épreuve du découragement… Alors ne nous laissons par prendre dans ce filet et recourons à la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus :

«  Le Sauveur nous a avertis : A cause des progrès croissants de l’iniquité, la charité d’un grand nombre se refroidira. En présence de tant de maux qui, aujourd’hui plus que jamais, troublent si amèrement les hommes, les familles, les nations, le monde tout entier, où chercher un remède, Frères ? Peut-on trouver une dévotion qui l’emporte sur le culte du Cœur de Jésus, qui réponde plus parfaitement au caractère propre de la foi catholique, qui soit plus apte à subvenir aux besoins actuels de l’Église et du genre humain ? Quelle dévotion plus noble, plus douce, plus salutaire que celle là, dont l’objet est la charité divine elle même ?[7] »

Confiance ! Un jour le Sacré-Cœur reprendra ses droits sur la terre toute entière ! Il viendra juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin.

Espérance Clément

[1]Encyclique «Tametsi futura prospiscientibus » du 1er novembre 1900 Sur Jésus-Christ Rédempteur – Léon XIII

[2] Le cortisol est considéré comme l’hormone du stress.

[3] Calendrier de retraites sur : https://laportelatine.org/activites/retrait/retrait.php

On peut aussi s’adresser au Couvent Saint François, 78 passage de la Marcille 69910 Villiers Morgon

[4]« L’imagination est la folle du logis.» Malebranche

[5] Prière à Saint Michel Archange que vous trouverez sur notre site : https://foyers-ardents.org/dans la rubrique : Les prières des familles catholiques.

[6] https://foyers-ardents.org/category/les-prieres-des-familles-catholiques/

[7] Encyclique Haurietis Aquas du Pape Pie XII sur le Culte du Sacré Cœur de Jésus

Témoignage

« La retraite pour les couples nous paraît très importante, indispensable après quelques années de mariage. Elle n’est pas du tout conçue uniquement pour des couples qui seraient en crise. Elle a pour but premier de remettre les époux devant les grandes réalités et les belles grâces de leur foyer. De leur faire découvrir ou redécouvrir la vérité de la parole de saint Paul : « Ce sacrement est grand, dans le Christ et dans l’Eglise. » 

Ces mots résument parfaitement ce que nous avons vécu en ces quelques jours passés à Enney[1].

Mon époux avait pris l’habitude, depuis notre mariage en 2012, de faire une retraite de St Ignace chaque année ou presque. Quel vertueux mari, me direz-vous ! Oui, mais quel décalage quand il rentrait ! Il était tout plein de belles et bonnes résolutions et évidemment il ne pouvait pas tout me raconter par le menu. De mon côté, je restais platement avec les bébés et je n’avais pas grandi du tout spirituellement. La seule chose que j’avais fait, c’était d’accepter de le laisser partir, et quand il s’agit du lendemain de Noël, ce n’est pas évident.

Donc, nous nous sommes dit qu’il fallait faire une retraite de couple, pour être tous les deux devant le Bon Dieu et en ressortir ensemble sanctifiés.

Bien sûr, ne croyez pas que ce soit facile de partir en retraite de couple, il faut « caser » tous les enfants, (merci aux amis du MCF), prendre une semaine qui n’est pas une semaine de vacances, et le diable n’est que trop heureux de nous ennuyer jusqu’au dernier moment.

En France, Mérigny[2] propose des sessions de foyers, où on peut venir avec son bébé qui est gardé le temps des méditations. A Enney, en Suisse, il s’agit d’un vrai temps de retraite en silence et les couples sont séparés. Nous nous retrouvons aux mêmes endroits (chapelle, salle d’instruction, réfectoire…) mais nous ne sommes pas l’un à côté de l’autre, nous n’échangeons pas nos impressions. Nous réfléchissons seuls pendant nos méditations, nous préparons notre confession sans être dérangés, nous écoutons pendant les repas des textes de Mgr Lefebvre ou de M. l’Abbé François Dantec, qui a beaucoup écrit sur le mariage. Ce silence est très important et très salutaire. C’est un silence qui concerne la voix, mais aussi les yeux et surtout l’imagination. Bien sûr, pas de téléphone ni d’internet et, en guise de récréation, soit un livre pieux, soit la montagne sur laquelle est bâti le grand chalet qui nous accueille. C’est très bon pour l’humilité car finalement le monde continue de tourner sans nous, et nous, nous sommes juste préoccupés du Bon Dieu.

Dès le 2ème jour, on se prépare à la confession, (générale ou non, comme les retraitants le souhaitent) et le 3ème jour, après le repas de midi en silence, les couples se retrouvent durant une heure et demie pour faire le point sur leurs résolutions, d’une part personnelles, car le conjoint peut beaucoup aider à mieux les appréhender, (on est parfois très indulgent sur nos propres défauts et intransigeant sur ceux des autres), d’autre part résolutions conjugales, avec les lumières déjà reçues pendant le début de la retraite, souvent via le prêtre. Ensuite, silence à nouveau, jusqu’après le dîner où nous retrouvons ensemble le prêtre qui va nous écouter et nous aider.

Chaque jour, nous pouvons voir individuellement le prêtre. Pour ma part, j’avais l’impression que tout allait bien dans ma petite vie et que je n’aurais rien à dire. Au final, heureusement qu’on a un temps imparti pour parler, sinon j’y serais encore !

Nous terminons la retraite par un Salut du Saint Sacrement, très profond et recueilli, un vrai cœur à cœur avec Jésus pour lui confier ce temps béni et le remercier. Puis il y a le dernier repas pris en commun avec les autres retraitants.

En ce qui concerne le contenu spirituel et concret, nous n’allons pas vous faire le plan exact des instructions, vous le découvrirez par vous-mêmes quand vous irez sur place.

Avant tout, je veux redire à quel point cette retraite est concrète. Elle a les aspects d’une retraite de St Ignace mais en « plus facile » peut-être, en moins formelle plutôt. Déjà il n’y a pas d’élection, car comme disent les prêtres, c’est déjà fait, nous sommes mariés pour la vie ! Mais surtout les prêtres qui nous parlent, ou ceux que nous écoutons pendant les repas, donnent beaucoup d’exemples vrais, tirés de leur grande expérience des foyers qu’ils ont côtoyés. Bien sûr, le meilleur exemple reste la Sainte Famille, mais nous avons eu vraiment des instructions spécialement axées sur la pratique des sacrements jour après jour, sur la tendresse entre époux et l’amour conjugal, sur les principes d’éducation chrétienne selon les âges. Quand je suis sortie, j’ai dit à mon mari: « C’est fou, j’ai tout compris. » J’avais peur qu’on s’égare dans la Somme Théologique. On s’appuie dessus, mais on reste bien les pieds sur terre.

Quelques points qui nous ont semblé importants et enrichissants :

La création de la famille

Nous devons aller au Ciel ensemble, l’un ET l’autre, l’un PAR l’autre et pas l’un sans l’autre ou l’un à côté de l’autre. Il nous faut nous attirer l’un par l’autre au Ciel, l’objectif est de rentrer là-haut dans la grande famille de Dieu. Nous devons donc imiter Dieu tout particulièrement par le don : échange des consentements qui est la manifestation de notre amour réciproque, par la vie matrimoniale et par l’œuvre de procréation et d’éducation. Vous connaissez tous, les deux piliers du mariage : la procréation et l’amour mutuel, remède à la concupiscence. Il y a un ordre mais les deux sont très importants.

A partir de là, nous pouvons déjà entrevoir que la famille est la base de la société, que toute l’humanité dérive de ce modèle-là et qu’il faut donc la défendre encore plus aujourd’hui, défendre la vie naissante et aussi défendre le sacrement du mariage, non seulement par son caractère hétérosexuel mais aussi pour son indissolubilité.

La collaboration des époux

L’union fondée sur l’amour mutuel a pour but de combler le nombre des élus au Ciel, d’où procréation et éducation, et cet amour aide les époux à se sanctifier dans la vie commune. Dieu a élevé cette union au rang de sacrement et le signe sensible de ce contrat est l’alliance.

« Femmes, soyez soumises à vos maris… et vous maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise ». On oublie souvent la fin de la phrase et souvent les cœurs féminins regimbent un peu contre le début… Déjà il faut appréhender tout cet enseignement, ensuite en vivre : avoir cette vraie unité de cœur et d’esprit, Dieu a voulu cette union supérieure. Ne faire qu’UN. C’est important de renouveler son consentement tous les jours. Nous avons un but commun : faire notre salut, ensemble. Sans compter que nous sommes les collaborateurs du Christ pour le salut de nos enfants également.

Voyons comment agir au quotidien avec son conjoint : la collaboration entre époux est une science et il faut y travailler en ayant une inviolable fidélité à tous les devoirs de notre état.

L’imitation

L’enfant apprend en voyant ses parents vivre leur mariage au quotidien. L’abbé ajoutait : « on peut être une maman qui prie toute la journée et court partout faire ses bonnes œuvres, mais ce n’est pas cela être une sainte maman. Une sainte maman sait faire la cuisine chez elle tout d’abord ! ». Les premières années sont souvent pleines d’élan et de générosité, ne laissons pas la routine et la tiédeur (conjugale et spirituelle) s’installer ! Il y aura les défauts de l’autre, les petites déceptions, le naturel qui revient au galop, mais soyons bienveillants et charitables. La vie intérieure nous y aidera beaucoup.

Quelques pistes concrètes pour ce thème (ce sont aussi des vertus de la famille chrétienne) :

  • le respect de Dieu et de ses propres parents (respect aussi de la hiérarchie, surtout cléricale et religieuse)
  • l’obéissance prompte et joyeuse (pour se lever le matin par exemple)
  • l’esprit de sacrifice (montrer l’exemple pour internet / la télévision…)
  • l’amour de la pureté (la chair doit être disciplinée – alcool, tabac…)
  • la joie familiale (« Un saint triste est un triste saint »)

Nos abbés ont insisté sur un dernier point qui est l’équilibre : celui du couple, de la famille. Attention à une trop grande rigueur et à un trop grand laxisme.  L’important est que tout le monde puisse s’épanouir sous le regard du Bon Dieu. Ne pas hésiter à encourager ses enfants. Oui, le monde qui nous entoure n’est pas facile, mais ensemble et surtout avec la grâce du Bon Dieu qui aide tous les parents du monde, nous pouvons et nous devons y arriver.

La tendresse entre époux

C’est assez surprenant de la part de prêtres, mais nos prédicateurs ont énormément insisté sur ce point

Ne pas laisser se coucher le soleil sur une colère dans le couple, un malentendu, c’est si important. Déjà pour bien dormir et ensuite pour la construction du foyer. Bien sûr, le couple, ça s’entretient.

Le don total des deux époux est magnifique, c’est une image très lointaine du don de Dieu. Mais il y a aussi toutes les petites attentions, la tendresse, l’affection, les petits riens qui agrémentent les journées. (Ne pas enfoncer l’autre qui rentre d’une journée difficile et a besoin de se reposer un peu, encourager l’épouse qui a passé une grosse journée à faire son ménage…) C’est aussi une manifestation de l’amour du Christ et de sa bonté, dont nous avons une petite idée dans l’Evangile. Tout simplement, cette bonté, cette humanité, cette bénignité de Dieu : tout ce qu’on peut faire par charité envers l’autre est imitation de Jésus-Christ.

                Enfin, il y a ce fameux « devoir de s’asseoir » qui ne devrait justement pas être un devoir, mais un vrai plaisir ! Joie de se retrouver, juste tous les deux sous le regard du Bon Dieu, sans les bébés qui hurlent, s’apprêter, se faire belle pour sortir en amoureux avec son mari, mettre pour une fois les pieds sous la table si on va au restaurant, ou tout simplement préparer un bon petit dîner à la maison, une fois les enfants couchés, prendre ce temps là au moins une fois par mois, pour parler de tout mais surtout pour prendre soin de notre couple. C’est un véritable tremplin pour mieux repartir, avec courage et confiance !

 Que de grâces !

Nous pouvons parler de grâces de la retraite bien sûr, mais celles-ci vont rester personnelles et ne pas se voir automatiquement et immédiatement dès notre sortie. De plus, le diable qui était déjà bien assidu à nous empêcher d’aller en retraite, est de retour après cette parenthèse divine, et il ne perdra pas une minute pour nous mettre des bâtons dans les roues.

Le chapelet à genoux

Une remarque tout d’abord très pratique et très concrète me vient : bien sûr, nous disions chaque jour notre chapelet, mais souvent dans les transports, c’est-à-dire assis en allant à l’école ou au travail ou alors le soir, assis sur une chaise devant l’oratoire familial parce que nous sommes fatigués. Rentrés à la maison, nous décidons de garder cette position à genoux qui honore Dieu. Une fois de plus, montrons aussi l’exemple à nos enfants. Bien sûr, à 2 ans et demi, un enfant ne va pas rester à genoux sans broncher et réciter son chapelet médité. Nous avons décidé de dire avec nos 4 petites entre 6 ans et 10 mois, une dizaine de chapelet avec elles. Le secret, c’est de chanter le dernier « je vous salue Marie », elles aiment beaucoup ce moment. Et la Sainte Vierge doit sourire là-haut d’entendre ce chœur qui chante un peu faux…      

La méditation

Pensons aux invités que nous recevons et que nous choyons autant que nous pouvons ; faisons de même avec Dieu, ne le laissons pas tout seul, surtout après L’avoir reçu dans la communion.

Cet aspect de la méditation, nous l’apprenons à la retraite. S’arrêter, réfléchir, prier, adorer Dieu, le remercier pour tous ses bienfaits passés et à venir. Je le répète : nous avons des vies à cent à l’heure, encore plus aujourd’hui avec les progrès techniques, les voyages quasi instantanés, internet où d’un clic vous pouvez acheter la lune. Comme cela fait du bien d’être juste avec le Bon Dieu, et un petit peu son conjoint, de se recentrer sur l’essentiel, d’être dans le silence pour contempler ne serait-ce que la neige qui recouvre le chemin qui mène au chalet. Comme tout nous paraît clair et pur !

L’examen de conscience

Pour nous, l’examen de conscience se résume souvent à celui des enfants ; chaque soir, nous disons tout fort : « est ce que j’ai bien travaillé à l’école, est-ce que je suis venu mettre la table quand maman me l’a demandé… » ? Mais l’examen de conscience des adultes est plus sévère forcément et il faut donc s’y remettre, au quotidien, pour ne rien oublier et avoir une vraie horreur du péché.

On trouve dans le petit livre bleu un petit examen à faire quotidiennement pour se maintenir en componction : d’abord remercier Dieu pour la journée reçue, demander la grâce de reconnaître ses péchés, examiner concrètement ce que j’ai fait dans ma journée (par exemple n’ai-je pas manqué à mon devoir de prière, de charité, d’état), demander pardon à Dieu pour ses péchés (il ne faut ainsi jamais s’endormir sans un acte de contrition) ; enfin prendre des résolutions pratiques pour se corriger et éviter de retomber dans le péché.

L’examen particulier chaque jour permet donc de se corriger sur tel défaut précis en trouvant le moyen concret pour s’en défaire. La pénitence nous y aide puisqu’il s’agit de se priver de quelque chose pour l’amour de Dieu. Avec le ferme propos et en posant des actes renouvelés, on peut devenir meilleur. Et il ne faut pas oublier que plus nous sommes malheureux plus la miséricorde de Dieu se penche vers nous. Pensons à Jésus et ne nous habituons jamais à Dieu fait homme pour nous (pour les païens c’était une folie d’admettre cela !).

Les résolutions

Si tout ce que nous venons de dire vous semble impossible, que vous êtes loin du tableau du couple idéal (du moins c’est ce que vous pensez), que vous avez l’impression d’avoir raté l’éducation de vos enfants, il ne faut pas oublier l’amour infini de Dieu, son infinie Providence.

Faites une bonne retraite de couple si vous le pouvez, écoutez, méditez, adorez le Bon Dieu et prenez des bonnes résolutions bien concrètes pour vous et votre famille. C’est le clou de la retraite, nous en parlons longuement avec le prêtre. Elles nous permettent de nous libérer de certains « esclavages », n’ayons pas peur des mots, sur des points très concrets comme le respect humain, la décence, le bavardage, la paresse, etc… Il y a trois sortes de résolutions : celles concernant la piété (la vie spirituelle), celles concernant l’étude (la formation doctrinale), enfin celles qui relèvent de l’action (devoir d’état mais aussi engagement associatif ou spirituel).

Nous terminerons avec les mots qui achèvent le manuel de M. l’Abbé Delagneau[3] :

                « Retenez quelques mots clés de cette plaquette, qui seront des mots d’ordre pour tous les jours :

                Ordre : Dieu premier servi et chacun à sa place complémentaire,

                Joie de vivre : se donner pour le bien des autres sans craindre le sacrifice de soi

                Equilibre : sur le plan humain et social

                Organisation : pour avoir une vie calme et paisible

                Se démarquer de l’esprit du monde, de ses modes, de ses suggestions, tout en vivant dans le monde.

                Que Dieu vous bénisse et vous assiste ! »

Voilà pour les grandes lignes de cette retraite de couple dont nous rendons grâces NUNC ET SEMPER.

Louis et Agnès Lafargue

[1] Enney : Lieu où se trouve une Maison de retraites spirituelles en Suisse – Domus Dei – Route de la Vudalla 30 – 1667 Enney

[2] Mérigny : Lieu de retraites spirituelles assurées par la Fraternité de la Transfiguration en France – Le Bois – 36220 Mérigny

[3]  Conseils pour réussir une famille chrétienne aujourd´hui  – M. l’abbé Delagneau – Marchons Droit N°124

Aimer l’Eglise en vérité

Pour ne plus savoir ce que veut dire aimer, nombreux sont ceux qui ne savent plus ce que signifie aimer l’Église. Parce qu’ils réduisent l’amour au seul sentiment, il n’est plus alors question que de se sentir en communion avec le pape, communion que certains vous reprocheront de ne pas avoir : « vous êtes contre le pape, donc vous n’aimez pas l’Église ! » Le comble apparaît lorsque ceux-là mêmes qui ainsi vous condamnent si promptement n’hésitent pas à s’affranchir des préceptes et enseignements de l’Église, arguant du primat de la conscience : ils ne réalisent pas combien ils crucifient l’Église !

Les trois premiers commandements l’ont suffisamment enseigné, tout amour authentique se décline en un triptyque : admirer, respecter, et servir jusqu’au don total de soi. Ainsi en va-t-il de l’amour de l’Église.

Aimer l’Église, c’est d’abord adorer la transcendance divine qui la constitue, pour en devenir participants. En tout lieu et à travers tous les temps, L’Église n’a d’autre raison d’être que de transmettre Notre-Seigneur Jésus-Christ à tous les élus de Dieu afin que ceux-ci, engendrés dans l’Église, soient incorporés au Christ par la foi, et ainsi rendus participants du royaume de Dieu. A cette fin, l’Église garde et transmet fidèlement les vérités divines révélées par le Christ, vérités qui comme lui sont les mêmes hier, aujourd’hui et toujours[1]. Transcendant la vie humaine, l’Église transmet donc la foi vive, ou vie de la grâce, véritable participation à la vie filiale qui habite le Verbe éternel de Dieu fait chair. Aimer l’Église, c’est se prosterner devant ces immenses réalités, pour les recevoir à deux genoux. Faut-il détailler quelque peu ?

L’amour authentique de l’Église consiste à recevoir filialement ce que cette Mère et Maîtresse des âmes transmet, quels que soient les temps ; sa Tradition donc. Aussi n’aime-t-il pas l’Église en vérité, celui qui prétend faire évoluer la Vérité éternelle au gré des hommes, plutôt que de faire évoluer les hommes vers la Vérité éternelle. A plus d’une reprise, saint Paul, le grand prédicateur de l’Église, condamne ces derniers[2]. Ainsi donc, la première marque d’un amour authentique de l’Église est la fidélité à l’enseignement pérenne de l’Église. Cette allégeance filiale, saint Paul l’appelle l’obéissance de la foi[3]. Sans elle, il est impossible de plaire à Dieu[4].

  • Aimer l’Église, c’est encore adorer ce qui la vivifie entièrement, à savoir le sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; c’est vouloir tout rassembler à l’ombre bienfaisante de la Croix rédemptrice. Tout restaurer dans le Christ, disait saint Pie X ; et nous pourrions préciser avec saint Paul : tout restaurer dans le Christ crucifié[5]. A l’inverse, celui qui à coup de sagesse humaine tend à rendre vaine la croix du Christ[6] ne peut prétendre aimer l’Église : aux dires de saint Jean, il dissout le Christ, et relève donc de l’antéchrist[7].
  • Aimer l’Église, c’est aussi se prosterner devant le mystère d’Incarnation que Dieu continue en ses ministres, précisément en tant qu’ils nous transmettent l’enseignement pérenne de l’Église et la vie de grâce découlant de la Croix du Christ. Plus que l’amour du pape, des évêques, et des prêtres, il s’agit donc de l’amour de la papauté et de la romanité jusqu’en ses dernières fibres, quelle que soit la faiblesse des pasteurs ; il s’agit de l’amour du Christ représenté par ses vicaires, et non des vicaires lorsque ceux-ci évincent le Christ : seul le Christ est la véritable tête de l’Église.

Tout amour d’admiration s’incarne dans une attitude de respect. A ce dernier aspect peut d’ailleurs se mesurer l’authenticité d’un amour, ici de notre amour pour l’Église. Ainsi, parce qu’elle aime, l’Église développe un culte à l’endroit de ses dogmes. La non incinération ou la vénération des reliques sont par exemple un culte rendu au dogme de la résurrection des corps, tout comme la génuflexion et le respect entourant la communion magnifient le dogme de la présence réelle. Toujours, l’Église a entouré de respect l’exercice de sa piété, fût-elle populaire. Et si l’on en vient au renouvellement non sanglant du sacrifice de la Croix offert quotidiennement sur les autels, alors l’Église démultiplie les marques extérieures d’adoration et de respect, car nulle part son amour n’est plus intense. Indépendamment de toute donnée doctrinale – qui garde son importance première – on ne peut donc dire qu’il relève de l’amour de l’Église de désacraliser la liturgie à coup de danses, de rap ou de guitares, fût-ce en présence du pape. Ils ne sont pas plus amis de l’Église, ceux qui ont méprisé la piété populaire, au point de la faire mourir en nos contrées. Les tristes exemples, hélas, pourraient-être multipliés…

L’admiration comme le respect peuvent rester extérieurs. S’ils sont au fondement de l’amour, ils ne sont pas encore l’amour dans sa plénitude : l’amour engage. Il s’épanouit donc dans le service, jusqu’au don total de soi. « Il n’y pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime[8]». Cela s’applique encore à l’amour de l’Église. Le chrétien n’est pas seulement appelé à recevoir de l’Église, mais à s’y donner ; car il n’est pas seulement appelé à être aimé, mais à aimer. Il s’y donne ordinairement dans la vocation concrète qui est la sienne, de père ou de mère de famille chrétienne par exemple, sans oublier pour autant le service paroissial. Si vivre au quotidien cette vocation réclame courage et don de soi, il en faut bien davantage encore pour continuer à transmettre aux siens cette vie ecclésiale pure de toute compromission avec le monde, malgré les courants dominants qui ont envahi tant de chaires et de sanctuaires ! Ils s’avèrent être les véritables fils aimants de l’Église, ceux qui ainsi persévèrent à temps et à contre temps, en une époque où les hommes, pour ne plus supporter la saine doctrine, se donnent des maîtres à foison [9]. En eux l’Église se perpétue, en leurs foyers apparaîtront les vocations de demain ; pourvu que de tous ces trésors, ils ne se fassent pas les propriétaires arrogants, mais les bénéficiaires pleins de reconnaissance.

Et si pour leur fidélité ils sont persécutés, bienheureux sont-ils. Oui, « Heureux êtes-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.  Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux : c’est ainsi qu’ils ont persécuté les prophètes qui ont été avant vous[10] ».

Abbé  P. de LA ROCQUE


[1] He 13, 8

[2] Ga 1, 6-9 ; Ro 16, 17-18 ; 1 Co 15, 1-3, etc.

[3] Ro 1, 5 ; Ro 16, 26 ; 2 Co 10, 15).

[4] He 11, 6

[5] 1 Co 2, 2.

[6] 1 Co 1, 17

[7]  1 Jn 4, 3

[9] Jn 15, 13  [9] 2 Tm 4, 2-4

[10] Mt 5, 11-12