Est-ce qu’apprendre à être poli, aide à grandir ?

           Si l’on écoute les reproches de nos anciens sur les jeunes d’aujourd’hui, il ressort qu’ils ne sont pas élevés, trop « désinvoltes », vraiment immatures : ils bousculent les vieilles dames au coin de la rue, ne savent pas dire merci, ne vivent que pour leur petit bonheur sans envergure.

  Est-ce qu’une des façons de devenir adulte ne serait donc pas de leur apprendre à être polis, civilisés par un certain savoir-vivre ? Toutes ces contraintes au quotidien quand ils sont petits, deviennent vite des habitudes, puis un véritable souci de gentillesse pour leur entourage, antidote nécessaire à l’égoïsme et au malaise des adolescents.

  La politesse facilite grandement les rapports entre les générations, et est un cadre dans lequel nos enfants peuvent se sentir à l’aise, en sachant tout naturellement dire Bonjour, ou Merci, avec un grand sourire qui fait toute la différence. Elle n’est pas un frein à leur développement, mais plutôt une armature qui leur permet de s’épanouir.

  Et c’est à nous, les parents, de leur inculquer ces principes, une des clefs du bonheur.

 

Apprendre à grandir

           Lorsqu’un soldat est incorporé dans l’armée, il commence par faire ses classes. Il apprend à saluer l’autorité, à distinguer les grades et reconnaître ceux qui les portent, à vivre avec ses camarades, à marcher au pas, à courir – sac au dos et arme en main – à tirer, à faire des manœuvres, etc. Un jour, il est prêt pour partir au combat. Plus la formation est poussée, plus la qualité s’impose : instructeurs exceptionnels, méthodes précises et rigoureuses, candidats triés sur le volet : ainsi en est-il des armées d’élite comme la Légion, les commandos marine ou le GIGN. Ces règles valent pour n’importe quelle profession, qu’il s’agisse, d’un compagnon du devoir, d’un médecin, d’un pilote de ligne, d’un violoniste ou d’un acteur de théâtre.

  Ce qui revient à dire que toute formation requiert quatre éléments : un formateur, un candidat, une finalité, une méthode. D’où quatre questions : qui forme, qui est formé ? comment, et jusqu’où ?

  En éducation, les formateurs sont les parents, celui qui est formé est l’enfant, le but à atteindre est le Ciel et le moyen est l’éducation. Or qu’y a-t-il de plus grand que de faire d’un enfant un saint ? Quel formateur sera assez qualifié pour cette noble et redoutable tâche où une éternité est en jeu ? Ces lignes se borneront à déterminer ce que nous devons faire grandir chez un enfant.

  Tout enfant naît avec cinq talents. C’est un bouquet à cinq fleurs : la piété, l’intelligence, la volonté, la sensibilité artistique et l’aptitude physique. Comment faire grandir ces cinq fleurs selon les âges ? Rappelons tout d’abord quelques grands principes :

– On ne donne que ce que l’on a. Comme une plante, l’enfant grandit aussi haut que son tuteur, mais ne va pas plus loin. Il suit ses courbures torves ou ses limites. Les parents doivent pratiquer ce qu’ils enseignent et alors, il arrive même que parfois, le disciple dépasse le maître.

– Il est important de ne pas adapter l’enfant à nos propres caprices (je veux sortir ce soir chez des amis, donc mon enfant se couchera tard). Ni nous plier à ses caprices (il a faim, il pleure, il veut ou ne veut pas, donc je cède). Il convient que parents et enfants s’adaptent à ce qui est objectivement bon pour l’enfant. L’éducation est une école de renoncement pour les parents, de docilité pour l’enfant. En éduquant, on s’élève. Certes, les deux parents sont à l’œuvre dans l’éducation. Au départ, la mère a un rôle central et le père est davantage en appui. Puis, pour les garçons, les rôles s’inversent : le père prend progressivement une place prépondérante dans l’éducation de son adolescent, tandis que la mère écoute, tempère et conseille.

– L’enfant requiert une attention de tous les instants. Avec calme et fermeté, la maman se penche sur ce jardin où poussent les ronces et les lys : elle jardine, plante, place un tuteur et met de l’engrais, puis elle arrache, taille, coupe et retranche. C’est une passion, incompatible avec une vie mondaine et agitée qui n’est que la fuite du devoir d’état, de la Croix.

– On distingue quatre étapes chez l’enfant : la petite enfance, le primaire, le collège et le lycée. Chaque étape est très importante et doit être respectée : ce n’est pas en tirant sur les radis qu’ils poussent plus vite, et ce qui est laborieusement obtenu à un âge serait passé sans effort à un autre. Cependant, on peut anticiper ou continuer à travailler un point d’une étape à l’autre. Il n’y a pas de recette, c’est un savoir-faire. Nous donnons les objectifs à atteindre. Un enfant est achevé d’être imprimé à quatre ans dit-on, car les grandes lignes sont dessinées et forment les bases de toute une vie. En primaire, l’enfant apprend les notions fondamentales : distinguer le vrai du faux, s’enflammer pour le bien, fuir le mal. Au collège, l’enfant affine ses vertus personnelles et se corrige de ses défauts : ses efforts visent à perfectionner l’individu. Au lycée, il se tourne vers le bien commun, s’oublie pour servir son prochain. Il se forge un haut idéal et de fortes convictions pour sa vie d’homme qui va bientôt commencer.

– Certes, pas d’illusions. Tout enfant – et donc le vôtre ! – est capable des pires bêtises. Hélas, le péché originel laisse de profondes blessures. Mais, avec la grâce de Dieu et par une bonne éducation, il est aussi capable du meilleur ! N’ayons pas peur d’être exigeants et de viser haut. On se fait une idée trop mesquine de la grandeur d’un enfant. Il a un potentiel immense. On peut être très exigeant et le mener très loin car il aspire aux grandes choses, à un grand idéal, à un grand sacrifice. Trop souvent, nous le rétrécissons à nos courtes vues.

1) La piété

   L’âme est faite pour Dieu, mais cela n’est pas naturel à l’homme. C’est sur les genoux de la maman que se forge la religion, l’amour de Dieu, de Jésus et de sa Mère. Les premiers élans du cœur passent du cœur de la mère à celui de l’enfant.

  Au primaire, il faut donner à l’enfant l’amour de Jésus et Jésus crucifié. L’enfant s’est-il ouvert la main en tombant ? Maman montre les plaies de Jésus et lui fait comprendre, par sa souffrance, ce que Jésus a souffert pour nous. Il embrasse les plaies de Jésus et offre de tout son cœur ses souffrances à Jésus. Il doit apprendre à réciter le chapelet en famille, à bien se tenir durant la prière comme à la messe. Il doit soigneusement être préparé à recevoir les sacrements. Dans l’examen de conscience, la maman forme la conscience de son enfant et lui inculque l’amour du bien et l’horreur du péché : « Je préférerais te voir mourir plutôt que de te voir commettre un seul péché mortel », disait Blanche de Castille au futur saint Louis. Seule une mère héroïquement chrétienne peut prononcer en vérité une telle sentence. Lors de la préparation à la confession, sur un papier que l’enfant lira (avec la formule de conclusion), la maman s’efforcera surtout d’inciter l’enfant à la contrition. La régularité est la clef de la sainteté.

  Au collège, l’enfant doit apprendre à prier seul. Il va visiter le Saint-Sacrement et récite une dizaine de chapelet, des litanies. Il connaît bien son missel et fréquente assidûment un livre de piété. Il choisit un confesseur à qui il ouvre son cœur et son âme, il le prend pour guide et lui est fidèle. Il peut s’engager dans des œuvres qui soutiennent sa piété. Il doit avant tout construire une relation avec le Bon Dieu : le bon Jésus m’écoute, me parle, me conseille et me donne les grâces pour bien faire. C’est souvent à ces jeunes âges que l’appel de Dieu se fait entendre. Encore faut-il l’entendre ! L’adolescent doit se familiariser avec ce cœur à cœur avec Dieu présent dans le Tabernacle. Cette piété, qui aura un rayonnement immense pour toute sa vie d’homme, doit se développer autour de l’amour de la messe, du chemin de Croix, de l’Imitation de Jésus-Christ, et par-dessus tout, de la dévotion à la Sainte Vierge que l’enfant prend pour Mère : il se consacre à Elle, il l’aime et veut être son humble serviteur.

  Au lycée, il s’engage dans des confréries qui sont tournées vers l’apostolat. Il s’initie à l’oraison. Il participe volontiers à la beauté de la Liturgie par les chants et le service de l’autel. Il fait une retraite avant de quitter les bancs de l’école. Il prie, se sacrifie, frappe à la porte du séminaire pour voir si le Bon Dieu le veut là. Il n’a qu’un désir : faire la volonté de Dieu ! La question n’est pas de savoir ce que veut faire un enfant plus tard, mais de savoir ce que Dieu attend de Lui ! « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » ; « Parlez Seigneur, votre serviteur écoute » ; « non pas ma volonté, mais la vôtre ! ».

  Ce point rayonne sur tous les autres, car l’homme est fait pour connaître, louer, honorer et servir Dieu.

2) L’intelligence

   L’intelligence doit se soumettre avec humilité, docilité et amour au vrai. C’est par la façon de vivre de ses parents que l’enfant s’imprègne des notions du vrai et du faux. Ils doivent être intègres et intransigeants. La maman ne cède pas et ne se ment pas à elle-même. L’enfant sent le cachet de l’authenticité, la meilleure garantie de l’amour du vrai.

Offrons tout de suite la part belle à la bibliothèque familiale, puisqu’une grande part de l’éducation de l’intelligence se fera par la lecture. Dans une maison, d’un simple regard on constate où est la place de l’écran, et où est celle de la bibliothèque. Le ton est donné. Les parents veillent à ce qu’il y ait une bonne bibliothèque dans la maison, avec des livres variés qui correspondent aux âges des enfants.

Au début du primaire, en maternelle, il faut se garder d’une formation trop intellectuelle. C’est à cet âge, une fois pour toutes, que l’enfant va intégrer, par le geste, les notions primordiales comme se repérer dans l’espace (ici, là, dessus, dessous) et de temps (avant, maintenant, après). Il doit exécuter son travail scolaire avec assiduité et courage : c’est son premier devoir ! Sur le plan de l’intelligence, il doit former son jugement (vrai/faux), sa conscience (bien/mal), sa prudence (moyens/fin).

  Un point qui a son importance : la montre. L’enfant apprend à lire l’heure, non avec une montre digitale qui ne donne qu’une heure exacte, mais avec une montre à aiguilles qui donne surtout la notion de durée : il visualise et réalise qu’il lui reste vingt minutes avant midi ; à trois heures, nous sommes au milieu de l’après-midi.

  Dans les classes suivantes, l’enfant enrichit son imaginaire, son vocabulaire et sa réflexion par la lecture d’histoires édifiantes – vraies ou vraisemblables. L’amour de la lecture se fait dès le primaire. Qu’on ne s’y trompe pas : le devoir scolaire, loin d’être un pensum, est le moyen privilégié d’éducation par lequel une mère apprend à connaître son enfant. Elle va découvrir ses talents et ses défauts : mon enfant est-il brillant, persévérant, courageux, ou bien dépourvu de mémoire, de concentration, ou de compréhension ? La collaboration avec la maîtresse, qui le connaît par cœur, est le meilleur moyen de bien le cerner et de le faire progresser dans les autres domaines.

Si en primaire, les parents font le travail avec l’enfant, progressivement, il faut le rendre autonome. On vérifie que le travail est bien pris en classe, bien appris, bien compris. Il y a des points clefs de contrôle et de suivi.

  Au début du collège, l’enfant apprend à rédiger son agenda, à faire son cartable, à classer les cours, les exercices et les devoirs. Il doit s’adapter à plusieurs professeurs et faire la distinction entre le savoir et la personne de l’enseignant. Il apprend à apprendre seul. Il organise son travail : j’apprends, puis j’applique la leçon par les exercices, enfin je suis prêt pour le devoir. En quatrième, il construit et charpente sa pensée par un travail plus réfléchi et plus copieux. Il préfère la lecture de livres d’Histoire ou d’aventure aux bandes dessinées et aux films. Plus les écrans sont invisibles dans la maison, moins l’enfant les réclame. Les films tuent l’imagination, la réflexion et l’expression. C’est souvent dramatiquement irréversible.

  Au lycée, il plonge dans l’univers de la réflexion, du débat des idées. Il apprend à structurer sa pensée par un raisonnement rigoureux et à argumenter en mobilisant les données acquises par sa culture générale. Il lit des ouvrages conséquents, solidement charpentés et bien écrits. L’Histoire est maîtresse de vie. La biographie pousse à imiter l’exemple des héros et des saints. Un livre à thème philosophique ou qui développe une pensée nourrit la réflexion et les convictions. C’est l’âge où le jeune homme s’enflamme pour un idéal. Ce sont les idées qui mènent le monde, et ceux qui les possèdent savent où ils vont.

3) La volonté ou la formation du caractère

   L’éducation de la volonté apprend le bon usage de la liberté : l’enfant doit devenir un adulte autonome, maître de soi ou maître de rien. Dès les premiers mois naissent les premiers caprices. Il faut être ferme dès le début. Le petit cheval sauvage commence par porter le mors et la selle. Puis il est à la longe et apprend à marcher, tourner, s’arrêter. Enfin il est monté et suit les ordres du cavalier. De même, l’enfant apprend par le sommeil et le repas qu’il a un maître, des limites, des règles et des horaires : c’est le cadre rigoureux dans lequel il s’épanouit.

  En primaire, l’enfant doit apprendre à lutter contre les défauts qui blessent la vertu de justice comme le mensonge, la tricherie, le vol, l’irrespect : il faut être intraitable ! C’est tout l’honnête citoyen qui est en gestation. La maman lui explique la gravité de ces fautes qui, pour n’être souvent que vénielles, mettent en jeu tous les fondements de la vie en société. Elle accompagne son enfant et lui fait rendre l’objet du larcin, avouer ses mensonges et demander pardon aux personnes lésées. Il apprend l’humilité et la docilité par l’obéissance et le respect. Les règles de politesse doivent être très tôt inculquées. L’enfant ne fait que contracter des dettes, car il n’apporte rien que son sourire et sa politesse, et il doit savoir auprès de qui il contracte ses dettes. D’où les formules fondamentales comme « Bonjour Monsieur », « Merci Madame », « S’il vous plaît Monsieur l’abbé », « Pardon Mademoiselle », etc. L’apprentissage de la politesse à cet âge, se résume pour une grande part à la tenue à table, au respect des adultes : on se tait et on se tient bien en leur présence. Il intègre les notions d’ordre, de priorité entre l’essentiel et l’accessoire, en rangeant sa chambre, ses affaires, et surtout en faisant son lit tous les matins.

  Le collégien commence par apprendre l’autonomie : dans ses affaires, son cartable, son agenda. Il joue à des jeux vrais, réels, sains. Puis, en quatrième, il doit travailler les vertus qui forgent son caractère. Souvent, il faut l’aider en provoquant la situation où le caractère est mis en défaut pour que l’enfant réalise qu’il a une faille à régler. Méfions-nous des enfants trop sages. Il faut que l’homme qui sommeille en lui, encore engoncé dans un monceau d’égoïsme, soit mis au monde. Et pour cela, l’adolescent roule au GPL : Générosité, Pureté, Loyauté. La pureté est à préserver au prix de grands combats : un cœur pur est une source transparente comme le cristal, il brille comme une flamme et s’élance comme une épée. Pour l’aider à garder ce trésor, deux vertus auxiliaires sont indispensables : la générosité et la loyauté. Car l’impureté est une forme d’égoïsme. En travaillant la générosité, l’adolescent sort de lui-même, évite l’oisiveté et se tourne vers les autres. Son maître mot : rendre service ! Tous les services, spontanément et avec le sourire ! La loyauté préserve également la pureté car elle évite les situations de duplicité où, se cachant de ses parents par le mensonge et la désobéissance – notamment sur la question des écrans – l’enfant s’expose à la chute. Sur ce sujet, combien de parents ruinent toute leur éducation pour avoir manqué de vigilance sur ce point. La politesse est également très importante, surtout la politesse du cœur qui consiste à se gêner pour ne pas gêner. Deux points à travailler : lutter contre la vulgarité des manières et du langage qui sont les prémices de l’impureté ; respecter les adultes : saluer discrètement, laisser passer devant une porte, proposer ses services, et, à moins d’y être invité, ne pas écouter et ne pas participer à leurs conversations.

  Arrivé en fin de lycée, le jeune homme doit se poser deux questions. Pourquoi moi ? Pourquoi ai-je tout reçu depuis l’enfance, en famille, en paroisse, à l’école, dans des mouvements de jeunesse, contrairement à la plupart de mes contemporains ? Mais surtout, pour en faire quoi ? Dois-je tout garder pour moi, me servir de mes talents pour bien gagner ma vie et jouir de tous les plaisirs ? Évidemment que si le Bon Dieu m’a fait naître dans ce monde qui va si mal et m’a tout donné, alors que tout est à reconstruire, c’est qu’Il me confie une mission : être un chrétien et consacrer tous mes talents pour rebâtir la chrétienté en ce monde apostat, à l’instar de tous les saints et héros qui ont fait et sauvé la Chrétienté. Quel merveilleux idéal ! Ecce – Adsum !

4) La sensibilité artistique

  L’homme n’est pas qu’une âme, ni qu’un corps. A la jonction entre ces deux éléments, il y a la sensibilité qu’il faut éduquer. C’est souvent là, avec le point suivant, que se situe l’équilibre des tempéraments. Avoir une passion, un violon d’Ingres qui sera la consolation aux heures dures, le contrepoids dans l’échec, la fierté dans la vie ! La musique, le théâtre, la peinture forment l’enfant au goût sûr, au sens des nuances, à l’harmonie des proportions. Ils affinent le bon sens, disposent à la mesure et à la pondération.

Dès l’enfance, il est important que l’enfant évolue dans le beau : le choix des couleurs de sa chambre, de ses habits et de ses jouets construit son goût. A la maison, la musique est souvent allumée et verse ses mélodies équilibrées, joyeuses et harmonieuses. Il faut privilégier les compositeurs baroques et classiques, car leur musique, harmonieuse, équilibrée et structurée, adoucit et éduque les mœurs.

  Rapidement, l’enfant a besoin d’apprendre à distinguer, à nuancer. Et cela passe par les sens. Il découvre les sons aigus et graves, forts et doux, il les localise (stéréo). Il reconnaît les couleurs sombres et claires, fondamentales et complémentaires, proches et éloignées. Son toucher appréhende le rugueux et le lisse, le froid et le chaud, le liquide et le solide, etc. Son palais apprend la nuance des goûts salés et sucrés, amers et acides, cela par une nourriture variée. La maman sollicite ses sens en variant les exercices sous forme de jeux et de découvertes. Ce point est très important pour la suite de son éducation. Toutes les erreurs, même philosophiques, proviennent d’un manque de distinction des idées : c’est une forme de grossièreté de l’esprit qui manque de nuance et de jugement.

  Puis, il pratique la musique en jouant d’un instrument, il s’approprie les formes et les couleurs par la peinture et le dessin, il forme son goût par les activités manuelles.

  Au collège, il poursuit sa formation, mais il doit également se produire, exposer aux regards critiques des autres le fruit de son travail. Les applaudissements l’encouragent à poursuivre, il se rend compte que l’art se vit et se partage. Il doit travailler les règles de l’art et se les approprier. A ce stade, l’art est travaillé de façon personnelle, il perfectionne l’individu. L’enfant muscle, assouplit et affermit ses membres, affine ses sens et son goût, s’émerveille à réaliser le beau, se discipline par l’habileté manuelle.

  Au lycée, il intègre un ensemble. En effet, prenons ce brillant violoniste qui connaît par cœur son instrument, ses gammes et sa partition. Il doit maintenant jouer dans un orchestre, et doit non seulement trouver sa place parmi les siens, mais être en harmonie avec les altos et les violoncelles, sous la baguette d’un chef d’orchestre, en vue de l’exécution d’une œuvre, notamment lors d’un concert. Il découvre que, dans la vie, il faut s’accorder (avoir le même but et les mêmes méthodes), progresser au même rythme, et s’exprimer en nuances pour laisser la place à chacun, sinon c’est la cacophonie. Les perfections individuelles sont harmonieusement mises au service d’un ensemble qui les dépasse. Et il découvre le rôle particulier du chef : mener et unifier des talents variés en vue d’un bien commun. Ainsi il apprend, dans le concret, toutes les règles de la philosophie politique.

5) L’aptitude physique

   Le corps est un don de Dieu, le bon serviteur de notre âme. Il doit être respecté, lavé, nourri, vêtu, reposé, développé pour devenir robuste et souple.

  La propreté est primordiale. Le nourrisson doit être régulièrement lavé et changé. Son odorat se développe très vite. Il doit sentir bon.

  Si le nourrisson a besoin de chaleur, dès le primaire, l’enfant peut s’habituer à avoir un peu froid, surtout dans la chambre où il dort. Il doit courir, car cet âge déborde de vie. Le sommeil est la base de tout. Il doit beaucoup dormir et faire des siestes jusqu’à un âge avancé, cela prépare son équilibre mental et ses facultés de concentration. S’il n’a pas d’horaires de coucher et de lever, il se dérègle, ne dort plus ou mal. Les repas sont à heures fixes, l’enfant doit finir son assiette. Ces règles, acquises, sont capitales pour la suite.

  En primaire, il doit manger de tout pour élargir son goût et apprendre le sens des nuances. Par l’éducation physique, l’enfant domestique et maîtrise son corps : il trouve l’équilibre dans ses mouvements, apprend à monter un escalier, à sauter dans un rond, à enjamber une corde. Rapidement, il apprend à être propre, à se laver et se changer seul. En fin de primaire, il commence les jeux collectifs où il apprend à respecter des règles simples et à être bon camarade ; car voulez-vous connaître un enfant ? Regardez-le jouer : dans le jeu, il se livre tout entier et les passions se déchaînent. La surveillance active est très importante car le jeu est un grand moyen d’éduquer le caractère.

  Le collégien apprend à s’habiller, à avoir de l’allure, de la tenue, du maintien. Il adapte son vêtement à l’activité, aux lieux et aux personnes fréquentées. Il évite deux excès : la négligence et la coquetterie. Sa devise : sobre et de bon goût. L’activité physique, la gymnastique, vise à développer, charpenter, assouplir et muscler son corps. On vise une perfection personnelle : la vitesse, l’endurance, le cardio, la respiration, les performances et l’adresse par les sauts, les lancers, etc.

Comme pour les arts, au lycée, le jeune homme met ses talents au service des autres. Il fait partie d’une équipe, et son but est de la faire gagner et non de jouer « perso ». Il s’oublie : seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.

  Chaque génération a le grave devoir de recevoir, d’intégrer et de transmettre ce savoir-faire : faire grandir les cinq talents que le Bon Dieu a offerts à chaque homme à sa naissance. Chaque petite graine, parvenue à maturité, devient à son tour un arbre où les oiseaux du Ciel viennent y faire leur nid. Toute sa vie d’adulte, la nouvelle génération puisera, comme dans un trésor, dans cette belle et vaste éducation reçue. De même qu’on ne transmet que ce que l’on a reçu, il faut aussi transmettre intégralement ce qu’on a reçu et ne pas croire qu’on fera différemment ou mieux que nos anciens. Commençons par faire comme eux, aussi bien qu’eux, et ce sera déjà presque parfait. Ce patrimoine reçu et transmis a fait les héros et les saints. Ce qui n’est pas transmis est perdu, nous le voyons depuis des décennies. A nous de relever la chrétienté !

R.P. Louis

 

Ce que Marie veut, Dieu le veut !

           Qu’il faut donc d’abnégation, de force et de doigté aux parents d’aujourd’hui pour conduire leurs enfants sur les chemins de la vertu alors que tant d’influences contraires ne cessent de les pousser sur les pentes de la facilité et du péché. Nous ne nous étendrons pas : oui, le monde est corrompu et le régime de persécution contre le christianisme est le véritable visage de la République et de la gouvernance mondialiste.

  Comment espérer encore, dans ces conditions toujours plus difficiles, préserver les âmes de nos petits de ces puanteurs qui saturent l’atmosphère et dont les relents mortels s’infiltrent jusqu’au dedans de nos écoles, de nos foyers, de nos chapelles ? Pour ne pas se laisser emporter par le flot incessant et violent des tentations qui menace de submerger complètement cette génération, il faudrait une rare vertu. Mais n’est-ce point rêver d’attendre d’elle un héroïsme dont la nôtre ne lui a pas donné l’exemple ? Alors, la déperdition de la ferveur, la submersion de la foi, la victoire de la cathophobie sont-elles une fatalité ?

  A Dieu ne plaise que nous laissions la désespérance entamer nos âmes ! Accusons le découragement comme étant notre pire ennemi. Si ce démon est parvenu à corroder notre courage à quelque moment de notre vie, c’est le signe avéré, dans une guerre de tous les instants, que nous avons davantage compté sur nos forces que sur la grâce divine. Telle est la véritable origine de nos lassitudes, du grignotement de nos ardeurs et de nos redditions. Lorsque, par la miséricorde de Dieu, nous prenons conscience des terrains spirituels que nous avons désertés et de nos enthousiasmes essoufflés, prenons garde que notre abattement spirituel n’augmente encore si nous n’identifions pas l’unique racine de notre racornissement : nous nous sommes éloignés de Dieu. Dans ces périodes de fragilisation, Satan nous guette et met en œuvre sa machinerie pour que nous ne revenions pas à une meilleure prière.

  Ne le laissons pas nous claustrer en nous-mêmes ! Ne tardons pas ; ne biaisons pas. Nous avons perdu assez de temps comme cela. C’est à Dieu qu’il faut aller. C’est de lui seul que nous espérons tout redressement, celui de notre âme, celui de notre famille, celui de la France, celui de l’Église. Il n’est que son souffle pour ranimer nos braises. Jamais nous ne croirons, jamais nous n’espérerons trop ! Notre unique parole, une fois jeté de notre cheval d’orgueil, doit être de demander au Seigneur ce qu’il veut que nous fassions.

  Dans son infinie compréhension de sa créature humaine, Il nous invite à tourner vers Notre-Dame notre cœur de convalescent. A Cana, la très sainte Vierge Marie, en désignant son Fils, avait dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu’Il vous dira ». Et Dieu nous exhorte avec les mêmes mots en indiquant sa Mère : « Faites tout ce qu’Elle vous dira ». Aller à Dieu, certainement, sans aucune crainte de se tromper, en nous jetant dans les bras de Marie.

  Mes chers amis, veuillez encore lire ces quelques phrases ! Si, véritablement, nous savions aller à notre Mère du Ciel comme le petit enfant va à sa maman, la tournure de notre vie serait changée. Nous expérimenterions l’extraordinaire puissance de Marie. Il s’agit de s’accoutumer à vivre calmement avec le ferme désir intérieur d’accomplir notre devoir d’état sous son regard aimant. Au lieu d’obéir à ses envies, à ses caprices, à ses choix humains, habituons-nous, comme l’enfant qui cherche à faire plaisir à sa mère, à nous demander ce qu’elle veut que nous pensions, que nous disions ou que nous fassions, de quelle manière et dans quel ordre les choses doivent se succéder dans nos journées.

  Peu à peu, toute notre volonté se trouvera modifiée car nous aspirerons seulement à accomplir la volonté de notre Mère. Et elle, infiniment touchée de nos petits efforts et de notre affection filiale, nous transportera, bien au-delà de tout ce que nous pouvions imaginer, dans l’embrasement d’amour de son cœur.

  N’est-ce point ce qui s’appelle « se mettre à l’école de Marie » ? Elle seule est l’unique mère parfaite et universelle ; elle seule est donc l’unique éducatrice de telle manière qu’aucune éducation chrétienne n’est possible sans elle. Au contraire, plus Marie est comprise et voulue comme éducatrice dans une existence, plus elle élèvera vers les cimes ceux qui se seront livrés et soumis à son éducation.

  Chers époux, vous vous apercevez que vous vous êtes attiédis et vous pensez avec nostalgie à votre ferveur de naguère ? Ou vous aspirez désormais à vous mouvoir dans une vie plus parfaite ? Chers parents, vous êtes soucieux d’un enfant qui tourne mal ou vous en pleurez un autre qui a oublié le chemin de l’église ? Ou vous vous demandez tout simplement comment les éduquer mieux que vous ne l’avez fait jusqu’ici ? Allez à Marie. Mettez-vous à son école. Habitez Nazareth, comme Jésus et Joseph et demeurez là, partout où vous êtes, simplement attentifs à répondre à ses attentes. Votre humble persévérance vous amènera à faire tout ce qu’elle vous dira et vous verrez mieux que de l’eau transformée en vin.

R. P. Joseph

 

La jupe réversible

Chères amies,

           Pour confectionner la jupe réversible, il faut prévoir un tissu de 1,30 m x 1,40 m (pour une taille 40) dans deux tissus souples, assez légers. A cela, ajoutez 10 cm de velcro ou 8 boutons pression.

Plan de montage du patron téléchargeable:

Patron:https://foyers-ardents.org/patron-jupe-reversible-fa/

Réalisation : https://foyers-ardents.org/wp-content/uploads/2022/03/Explications-Jupe-reversible.pdf

Bonne couture !

 

Atelier couture

 

 

Apprendre à grandir

Chers amis,

           Conquérir le ciel ! Voici l’objectif de chaque âme bien née qui veut, jusqu’à son dernier soupir, grandir pour se conformer toujours davantage au plan de Dieu sur elle.

           C’est donc là un objectif personnel mais c’est aussi le devoir de tout parent chrétien que de vouloir donner le meilleur à ses enfants en les faisant grandir selon des principes établis. Point n’est besoin d’inventer de nouvelles méthodes : l’expérience de nos chroniqueurs vous permettra de faire le point et de fixer des objectifs.

  Selon le vieil adage : « Chacun ne peut donner que ce qu’il a » ; il s’agit donc d’examiner ce qu’on a reçu, ce que l’on transmet et ce qui doit encore progresser en nous, en vue, non pas d’une réussite personnelle, mais toujours dans l’objectif du ciel. En effet, quand on a charge d’âmes, il ne s’agit plus de « naviguer à vue » et d’adapter le gouvernail au gré du vent et des vagues mais bien d’avoir un plan d’éducation qui est naturellement fondé sur les valeurs reçues et acquises.

  Le Carême1 qui arrive à grand pas nous fournira sans doute l’occasion de faire le point, seul et à deux, pour établir un bilan personnel et familial toujours fructueux. Ce sera peut-être aussi l’occasion – en cette année anniversaire de saint Ignace de Loyola – de faire une retraite spirituelle, essentielle pour examiner notre vie sous le regard de Dieu.

  En cette époque envahie par le bruit incessant, par les informations parfois vraies mais souvent fausses, par l’envahissement de notre cerveau de messages en tous genres venant polluer jusque notre table familiale, notre promenade dominicale ou notre soirée au coin du feu, recentrons-nous sur l’essentiel : nos âmes et celles qui nous ont été confiées. C’est ainsi que nous hâterons le règne du Christ-Roi !

  En ces temps difficiles, nous vous souhaitons un très saint Carême qui nous mènera à la joie de la Résurrection !

Bien amicalement,

Marie du Tertre