Les femmes

           Il est très courant d’entendre des réflexions étonnantes qui laissent penser que la femme n’a été reconnue qu’après la révolution, que l’Eglise catholique les a rabaissées ou brimées…

C’est mal connaître l’histoire ! Voici comment répond le philosophe et historien W. J. Slattery, dans son dernier livre1 :

 

  « Une pratique subtile mais efficace de l’Eglise, dans ses efforts pour atténuer le « machisme » des hommes, fut l’habitude qu’elle prit, dès les premiers temps, d’élever des femmes autant que des hommes au plus haut rang de sa hiérarchie : les saints canonisés. En effet, des figures féminines comme Marie-Madeleine, Agnès, Cécile, Anastasie, Agathe et Lucie, étaient souvent plus vénérées que beaucoup de saints masculins. Comme le remarqua l’auteur américain Flannery O’Connor : « L’Eglise canonisait les femmes aussi rapidement que les hommes et je suppose qu’elle a fait plus pour libérer les femmes qu’aucune autre force dans l’Histoire. »

 

  Dans l’Empire romain, les femmes de la haute société reconnurent l’impulsion révolutionnaire donnée par le christianisme pour la dignité des femmes, et cela renforça la décision de beaucoup d’entre elles de se convertir à la nouvelle religion, malgré l’ostracisme social que cela impliquait. Certaines d’entre elles eurent très tôt une influence notable dans l’Eglise, se transformant même en directeurs spirituels de quelques-uns des hommes les plus importants de la Chrétienté des premiers siècles. L’Eglise catholique donna également aux femmes une nouvelle liberté dans la recherche de l’accomplissement de soi hors du mariage, quand elle proclama que la consécration virginale était supérieure en dignité à la maternité physique. De cette façon, les femmes acquirent une autonomie qu’aucune autre culture ne connaissait, car elles pouvaient former et gouverner elles-mêmes leurs propres communautés, et jouer un rôle majeur dans le développement de la culture occidentale.

 

  Combien de millions de vies dans le monde ont été transformées par ces religieuses ! Combien d’hôpitaux, d’orphelinats, d’écoles, d’universités, de centres d’accueil des pauvres, des malades et des mourants sont nés des cœurs héroïques de femmes telles que Scholastique, Claire d’Assise, Angèle Mérici, Louise de Marillac, Catherine Macaulay […] ! Et, à la fin de l’histoire, nous saurons quelle puissance surnaturelle a été libérée grâce aux prières et aux pénitences de tant d’héroïnes cloîtrées.

 

  Vers le XIIème siècle, il fut évident qu’au foyer, dans la loi et dans la politique, malgré les faiblesses de la nature humaine blessée, des progrès colossaux avaient été faits. A la maison, les femmes dirigeaient aux côtés de leur mari, à la fois leur famille et leur propriété, et conservaient ce qui leur avait appartenu avant le mariage. Elles étaient également libres de faire un métier, et pratiquaient régulièrement la médecine, s’engageaient dans le commerce et s’impliquèrent dans la politique. D’après l’étude commandée par le roi Louis IX au XIIIème siècle, nous savons que les femmes exerçaient les métiers de professeur, de docteur, de pharmacien, de plâtrier, de teinturier, de copiste, de marchand de sel, de coiffeur, de meunier… et de croisé !

 

  Beaucoup étaient tout aussi cultivées que les hommes, grâce à l’Eglise et à ses abbayes. Quelques unes firent partie des étoiles intellectuelles de l’Europe médiévale : la chanoinesse Hrotsvita, dont l’œuvre écrite influença le développement de la langue et du théâtre allemands ; l’abbesse Herrade de Landsberg, qui rédigea l’encyclopédie Hortus Deliciarum au XIIème siècle ; la compositrice et érudite Hildegarde de Bingen.

  Politiquement entre les XIème et XIIIème siècles, des femmes, telles que Blanche de Castille, ont même gouverné des royaumes en tant que régentes. D’autres, comme Héloïse, abbesse du monastère du Paraclet en France, ont gouverné des régions étendues, comprenant villages et paroisses. Il y eut même des domaines monastiques où les hommes et les femmes vivaient dans des monastères séparés dont chacun était dirigé par une femme ; c’était le cas de l’abbaye de Fontevrault. Durant l’ère médiévale, les plus puissants des hommes eux-mêmes pouvaient désirer être guidés par une femme, se fondant sur l’éthos catholique selon lequel les hommes, tout comme les femmes, pouvaient être les instruments de Dieu dans l’histoire. Quand le pape Grégoire XI décida de transférer le gouvernement de l’Eglise de la cité bien protégée d’Avignon vers la sordide et dangereuse ville de Rome, en 1376, ce fut entièrement du fait des exhortations extrêmement directes de Catherine de Sienne, alors âgée de vingt-neuf ans. Et n’oublions pas comment tous les chefs militaires de France s’engagèrent dans la bataille derrière un commandant en chef féminin de dix-sept ans, Jeanne d’Arc. Il était même très fréquent, dans la France médiévale, et ailleurs, que les femmes votent lors des élections : on a gardé la trace d’une femme, Gaillardine de Fréchou qui, lors d’un vote dans sa région des Pyrénées, fut la seule à voter contre une proposition !

 

  Tout au long de l’Antiquité tardive, parallèlement à son [attention pour les] femmes, l’Eglise, toute surnaturelle mais toute terrestre, se soucia également des hommes, notamment de la classe dirigeante, pour mieux les former au mariage. En particulier, en exhortant les chevaliers à une authentique virilité qui requiert la conquête de soi, le catholicisme donna aux hommes une pédagogie destinée à acquérir la force intérieure nécessaire au mariage, par laquelle ils puissent être mieux préparés à aimer les femmes, ardemment et durablement, en les considérant leur égale en dignité.

 

  Enfin, il y avait cette aura de révérence surnaturelle dont l’Eglise entourait la féminité, à travers cette dimension essentielle du catholicisme : la vénération de la Sainte Vierge Marie. En enseignant aux hommes de s’agenouiller en sa présence, l’Eglise les entraînait implicitement à s’agenouiller devant la féminité. Au cours de ces siècles sombres, des hommes ardents, dans les églises romanes, chantaient au coucher du soleil des hymnes d’une magnifique élévation à la Reine du Ciel. »

 

Plongée en eaux profondes

           Les vacances ne sont pas encore si éloignées et peut-être avez-vous encore de bons souvenirs dans la tête. En plein mois d’août, vous étiez sur la côte méditerranéenne et un peu désabusé par la platitude de la mer, le surfeur qui sommeillait en vous en était à regretter les vagues froides mais belles de l’Atlantique. Morne et plate, comme assommée par le soleil, la mer vous a paru pour un instant bien insipide. C’est alors que, voyant flotter le long des rochers un petit drapeau et non loin un tuba émergeant de l’eau, l’idée vous est venue d’aller chausser les palmes à l’instar de ce nageur équipé. Bien décidé à ne pas en rester là, vous voilà harnaché dès le lendemain tel le commandant Cousteau !

 

  Dépasser la première appréhension, réguler votre respiration et palmer en douceur, autant de petits efforts sur vous-même qui sont immédiatement oubliés tant la nouveauté du monde qui s’ouvre à vous vous absorbe. A peine votre masque est-il sous la surface que la lumière change, le bleu turquoise vous fascine, plus un bruit, seule votre respiration vient troubler le silence, le calme est immense. Soudain dans les rayons bleus du soleil qui arrivent à percer, un banc de milliers de poissons vient miroiter tranquillement, vous les approchez, leurs couleurs se dévoilent… Plus loin dans les rochers, une autre tâche rouge sombre attire votre œil. Vainquant votre appréhension, vous prenez une grande inspiration et vous voilà en apnée cinq mètres sous la surface. Les oreilles sifflent et la pression se fait ressentir, mais vous pouvez admirer pendant quelques dizaines de secondes l’étoile de mer qui se cache entre deux rochers. Vous aimeriez rester là à l’observer en détails, mais il faut remonter respirer avant de pouvoir redescendre de nouveau observer les merveilles des fonds marins. Cette fois-ci, ce sont des oursins que vous découvrez par dizaines au creux des rochers.

  De proche en proche, de nouvelles merveilles s’offrent à vous et la mer qui vous paraissait si plate et monotone il y a deux jours, vous apparaît sous son vrai regard, comme un monde immense et merveilleux que vous avez pu à peine entrevoir et que vous rêvez de découvrir encore davantage.

  Il en est souvent ainsi dans la vie, de l’étude et des personnes. Si l’on ne se donne pas la peine de rentrer en profondeur et de percer la surface parfois un peu morne et rébarbative de telle matière en cours d’étude ou de telle personne qui nous semble trop effacée, si les quelques efforts nécessaires pour passer au-dessus des apparences nous rebutent, nous pouvons passer à côté de merveilles qui resteront enfouies dans les profondeurs et que nous n’aurons pas pris la peine de découvrir. Cependant, il nous faut tout de même sortir pour respirer, tel le plongeur en apnée qui remonte chercher de l’oxygène avant d’être de nouveau en capacité et en mesure d’apprécier la beauté perçue. Parfois, il nous faut vaincre la peur de plonger plus en profondeur, souvent dans l’inconnu et sans savoir ce que l’on va trouver. Mais les trésors ne sont pas exposés au grand public ou au touriste consommateur qui passe rapidement à la surface sans aller au fond des choses, sans chercher à véritablement connaître les gens et à découvrir le diamant caché en eux.

 

  Quel que soit le sujet ou la personne, prenons garde à nos jugements hâtifs, prenons le temps de « plonger » plutôt que de surfer sur la vague des opinions toutes faites, le jeu en vaut la chandelle et vous découvrirez ainsi les merveilles de la création que le Bon Dieu a répandues dans son univers afin que ceux qui ont des yeux pour voir puissent le contempler. Sur ce, bon cours de maths et n’oubliez pas l’étoile de mer qui s’est cachée derrière l’intégrale triple.

 

Antoine

 

CROISADE DES FAMILLES POUR LE SALUT DE LA CHRETIENTÉ

 

  1. Réciter chaque jour en famille, lors de la prière du soir, la prière à saint Michel de Léon XIII1 et la prière à la Très Sainte Vierge Marie du Père Cestac2.

Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat, soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon. Que Dieu exerce sur lui son empire, nous vous le demandons en suppliant. Et vous, Prince de la Milice Céleste, repoussez en enfer par la force divine Satan et les autres esprits mauvais qui rôdent dans le monde en vue de perdre les âmes. Ainsi soit-il.

 

Auguste Reine des cieux et Maîtresse des Anges, vous qui, avez reçu de Dieu le pouvoir et la mission d’écraser la tête de Satan, nous vous le demandons humblement, envoyez les légions célestes pour que, sous vos ordres, elles poursuivent les démons, les combattent partout, répriment leur audace et les refoulent dans l’abîme. – Qui est comme Dieu ? Ô bonne et tendre Mère, vous serez toujours notre amour et notre espérance. Ô divine Mère, envoyez les saints Anges pour me défendre et repousser loin de moi le cruel ennemi.

Saints Anges et Archanges, défendez-nous, gardez-nous.

 

  1. Offrir chaque jour à Notre-Dame, reine Immaculée, un effort pour la modestie chrétienne particulièrement dans l’habillement (ou dans tout ce qui flatte les sens.)
  2. Réciter une dizaine de son chapelet à cette intention et pour demander la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie.

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1 La prière à saint Michel est une prière d’exorcisme écrite le 13 octobre 1884 par le pape Léon XIII.

2 Le 13 janvier 1864, le père Louis Cestac, accoutumé aux bontés de la Très Sainte Vierge Marie, fut subitement frappé comme d’un rayon de clarté divine. Il vit des démons répandus sur la terre, y causant des ravages inexprimables. En même temps, il eut une vision de la Très Sainte Vierge Marie. Cette bonne Mère lui dit qu’en effet les démons étaient déchaînés dans le monde, et que l’heure était venue de la prier comme Reine des Anges, et de lui demander d’envoyer les légions saintes pour combattre et terrasser les puissances de l’enfer.

« Ma Mère, dit le prêtre, vous qui êtes si bonne, ne pourriez-vous pas les envoyer sans qu’on vous le demande ? – Non, répondit la Très Sainte Vierge, la prière est une condition posée par Dieu même pour l’obtention des grâces – Eh bien ma Mère, reprit le prêtre, voudriez-vous m’enseigner vous-même comment il faut prier ? – Et il reçut de la Très Sainte Vierge Marie la prière : « Auguste Reine ».

« Mon premier devoir, écrit l’abbé Cestac, fut de présenter cette prière à Mgr Lacroix, évêque de Bayonne, qui daigna l’approuver. Ce devoir accompli, j’en fit tirer 500 000 exemplaires, j’eus soin de les envoyer partout ».

Nous ne devons pas oublier de dire que, lors de la première impression, les presses se brisèrent par deux fois.

 

Le féminisme, ou le meilleur ennemi de la femme

           « Les femmes ne seraient pas opprimées s’il n’existait pas un concept de la femme1 ». Se présentant comme seul mouvement défenseur de la femme, le féminisme est aujourd’hui incontournable sur la scène politique aussi bien que civile. On ne peut, sous peine d’être taxé de machisme, « mysoginisme » et obscurantisme, se désintéresser de la cause féminine et remettre en question ce qui fait aujourd’hui le credo de tous les partis : l’égalité des sexes. Mais, il peut sembler pour le moins incongru de chercher à atteindre une quelconque égalité si l’on refuse à la femme, comme l’énonce, entre autres, la féministe Judith Butler, une nature propre. Se pencher sur le féminisme présente alors un intérêt certain, afin de voir un peu plus clair dans ce mouvement multiforme mais omniprésent dans notre monde moderne, mêlé étroitement aux plus profonds bouleversements moraux et politiques des XXème et XXIème siècles. Aussi, aborderons-nous tout d’abord le féminisme en tant que tel, puis son instrumentalisation dans le système révolutionnaire, et enfin la réponse qu’en donne le Magistère de l’Eglise.

 

L’idéologie féministe en bref

 

  La genèse du féminisme remonte, – on n’en sera pas surpris-, au siècle, ô combien obscur, des « Lumières », siècle de la révolte contre Dieu, contre l’Eglise, et contre l’Etat. Partant d’une observation juste, à savoir la place différente et inégale qu’occupent les hommes et les femmes dans la société d’Ancien Régime, les premiers ayant seuls accès aux fonctions de magistrats, d’officiers dans l’armée, les secondes étant confinées au rôle ingrat de mères et d’épouses, Poullain de la Barre s’insurge3 voyant dans cet écart une injustice née d’un préjugé sans fondement : « De tous les préjugés, on n’en a point remarqué de plus propre à ce dessein que celui qu’on a communément sur l’inégalité des deux sexes ». Le préjugé dénoncé ici est le suivant : « les femmes sont faibles, incapables de vivre sans l’homme, inconstantes, irrationnelles ». Elles se trouvent alors en infériorité dans une société naturellement encline à favoriser la force, l’intelligence, la capacité à commander. L’inégalité entre l’homme et la femme n’est donc due qu’à un fait social, et non à un objectif réel. On retrouve là le vieux couplet libéral sur la corruption de l’être humain par la société, et son état de perfection avant la création du premier corps social. Ce dernier, loin d’apporter à l’Homme une perfection, l’aliène et le brime, il ne lui est nullement naturel mais, au contraire, est imposé artificiellement. A la source du féminisme se trouve donc un rejet pur de la société.

  Rousseau, même s’il n’est pas à proprement parler féministe, accentue ce phénomène en attaquant l’ordre social, le mariage, l’éducation, en vue de l’égalité la plus complète entre tous les hommes. L’acte conjugal n’est que l’assouvissement d’un instinct aveugle, « dépourvu de tout sentiment du cœur », l’enfant qui en découle « [n’est] plus rien à la mère sitôt qu’il [peut] se passer d’elle4 » et est son propre éducateur, en bref, personne ne dépend de qui que ce soit puisque tous sont égaux, et de cette égalité découle la liberté universelle.

  Plus proche de nous, Simone de Beauvoir fait figure d’héroïne du féminisme. Son célèbre « On ne naît pas femme, on le devient5 » exprime bien le rejet d’une quelconque nature féminine, et même humaine. Au rebours de l’adage antique « l’Agir suit l’être », Simone de Beauvoir et les féministes proclament que la nature n’est en rien stable, définie, mais bien plutôt le fruit d’un acte continuel, permanent : notre nature ne s’impose pas à nous, c’est nous qui décidons ce que nous sommes. La filiation de cette pensée avec le « Non serviam » de Satan est évidente, et s’inscrit pleinement dans le mouvement révolutionnaire qu’a vécu, et que vit encore notre pays.

 

Féminisme et révolution

 

  Nous venons de voir qu’à la base de l’idéologie féministe se trouve la remise en question de la société comme naturelle à l’homme, car cause d’inégalités. Le système révolutionnaire, même s’il n’en fait pas son cheval de bataille principal, ne peut que s’en faire le défenseur et le promoteur6, puisqu’ils partagent les mêmes modes de pensée. Le libéralisme qui est leur base commune débouche sur une même conséquence : l’absolutisation de l’individu et le rejet de tout ce qui lui est supérieur. Cela se traduit par des actes concrets, à commencer par la suppression de l’institution du mariage, expression par excellence de la soumission de la femme à son homme de mari. La Constitution de 1791, ne considérant plus le mariage que comme un « Contrat civil », est suivie par la loi du 20 septembre 1792, autorisant le divorce en même temps qu’elle supprime les vœux religieux : l’homme étant libre, il est impossible de le priver de cette liberté par un quelconque engagement irrévocable : « On le forcera à être libre ».

  Même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’une mesure féministe, la légalisation du divorce est, dans la stratégie révolutionnaire, le premier pas vers la destruction de la famille, lieu où s’exprimait par excellence la domination de l’homme sur la femme. La législation en 1967 des moyens contraceptifs7, puis de l’avortement en 1975, inscrit dans la loi le slogan féministe « Mon corps, ma propriété », déconnectant l’acte conjugal de la procréation pour en faire principalement un outil de plaisir et d’émancipation de la femme, la rendant moins dépendante de l’homme.

  Ces mesures phares de la « libération de la femme » sont accompagnées d’actions plus discrètes mais primordiales dans la praxis féministe. Parmi elles, la question de l’habillement féminin, anodine pour beaucoup, a grandement participé à brouiller les différences hommes/femmes. Le port du pantalon et de tenues originellement masculines manifeste, à la base, l’opposition au « patriarcat » et à l’inégalité des sexes : « le pantalon féminin s’inscrit dans une dynamique de remise en cause des mythes structurant les deux genres8 », il est « un symbole politique de la lutte pour l’égalité des sexes9 ». Il est à ce propos édifiant de faire le constat suivant : loin d’en faire une question de mode comme une autre, les femmes qui, les premières ont porté le pantalon et en ont fait la promotion, ne sont nulles autres que les grandes militantes du féminisme : Simone de Beauvoir, Françoise Sagan, plus tôt George Sand, Rosa Bonheur… Autant de femmes dont l’attachement aux idéaux de la Révolution et les mœurs dissolues ne sont plus à prouver10. Fidèles à la maxime maçonnique du « Solve et coagula », les féministes et la Révolution s’acharnent à pervertir la femme, en lui ôtant la pudeur et la retenue qui lui sont naturelles, pour en faire, soit un être asexué et androgyne, sur le modèle de la « garçonne », soit un être sexualisé à outrance, débridé et objet de plaisir.

 

Féminisme chrétien

 

  Aux dires des féministes et des révolutionnaires, eux seuls se sont intéressés au sort de la femme. C’est oublier près de deux mille ans d’œuvre civilisatrice de l’Eglise, qui par l’esprit de l’évangile, a toujours cherché à adoucir ce qu’il pouvait y avoir de trop rude dans les mœurs des peuples. Le Magistère rappelle qu’il existe un ordre naturel, loin des idéologies de l’homme. De par leurs différences psychologiques et physiques, homme et femme n’ont pas la même mission dans la vie de famille. L’homme possède la force et est doué d’un jugement plus général, d’une vision plus abstraite des choses, lui permettant de décider et d’agir plus facilement en visant le bien commun de la famille. Autant de traits de caractères que l’on attend instinctivement d’un chef. De son côté, la femme est naturellement plus attentive et patiente, plus apte à voir les détails qui échappent à l’œil masculin. Elle est donc plus compétente dans l’éducation des petits enfants, plus capable de gérer la maison et de conseiller l’homme dans la direction de la famille en lui faisant voir certaines conséquences inaperçues. Cette hiérarchie naturelle n’entraîne pas pour autant un asservissement de la femme à l’homme, celui-ci devant s’appuyer sur elle pour assurer sa tâche de chef de famille. La femme est une aide, et non un instrument de son mari. Tous deux sont complémentaires.

  C’est la grande erreur des modernes que de considérer que la soumission de la femme à l’homme dans la vie de famille est une déchéance, une autre forme d’esclavage, alors qu’il est tellement beau, noble et nécessaire pour elle de se dévouer à l’éducation des petits et à la vie de la famille. Sans elle, la maison n’est rien moins qu’un foyer sans âme : « N’est-ce pas une vérité que c’est la femme qui fait le foyer et qui en a le soin, et que jamais l’homme ne saurait la remplacer dans cette tâche ? (…) attirez-la hors de sa famille (…), le foyer cessera pratiquement d’exister et il se changera en un refuge précaire de quelques heures11 ». Cette mission est d’autant plus belle qu’elle demande à la femme une force, un esprit de sacrifice et un dévouement de chaque instant, lui méritant ce magnifique éloge de Dieu lui-même par la bouche de l’auteur sacré : « Une femme forte, qui la trouvera ? Elle est plus précieuse que les perles, le cœur de son mari a confiance en elle (…)12 ».

  Mais cette mission ne peut s’accomplir en complète indépendance, en séparant la femme de l’homme. Son accomplissement se trouve dans la maternité, dans la vie de famille et donc passe par la soumission à son mari — lequel est aussi fait pour la vie de famille. Combien de femmes, arrivées au sommet d’une carrière brillante et exemplaire, regrettent d’avoir consacré toute leur énergie à un patron indifférent ou à une cause stérile, plutôt que d’avoir donné la vie et l’être à une nouvelle génération d’enfants ! « La femme sera sauvée par la maternité », déclare solennellement saint Paul13, que celle-ci soit physique ou spirituelle (enseignement,…). Malheur à celui qui voudrait l’en séparer ! En corrompant la mère, il corrompt les enfants, et appelle sur lui la vengeance de Dieu. A sa mort, il sera jugé par toutes ces mères et tous ces petits qu’il aura voulu éloigner du Sauveur.

  « Femmes, soyez des hommes ! », clame le féminisme. Fondamentalement, l’erreur de cette idéologie néfaste est de refuser à la femme sa mission propre, et de la vouloir l’égale de l’homme dont elle est le complément. Elle est dès lors vouée à n’être qu’une créature sans cesse changeante et incomplète, car privée de sa raison d’être et soumise au diktat capricieux d’une caste de révoltés et de dégénérés. Rendre à la femme sa grandeur passe par la restauration de ce lien qui la rattache à l’homme, sans lequel elle ne peut exercer son rôle dans la société : « Femmes, soyez soumises à vos maris », enseigne saint Paul. Mais il ajoute également, et ces mots sont lourds de sens : « Maris, aimez vos épouses, tout comme le Christ aime l’Eglise et s’est livré pour elle14. »

 

Un animateur du MJCF

 

 

1 Judith Butler

2 Il n’est bien évidemment pas question ici de faire un exposé exhaustif, du fait de l’ampleur du sujet. Afin d’approfondir la question, nous conseillons la lecture de l’ouvrage D’Eve à Marie du Père Jean-Dominique, O.P., et la lettre sur le féminisme de Monsieur l’abbé de Cacqueray (La Porte Latine, Gender).

3 In De l’égalité des deux sexes (1673),

4 Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes

5 In Le Deuxième Sexe

6 Tout en s’autorisant à le réprimer s’il devient trop envahissant : se rapporter à l’exécution en 1793 de Olympe de Gouges, rédactrice de la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », présentée comme pionnière du féminisme.

7 Loi Neuwirth

8 Histoire politique du pantalon, Christine Bard

9 Ibid.

10 Pour une étude plus approfondie sur le sujet de l’habillement dans la stratégie révolutionnaire, se référer à l’article « Du genre vestimentaire au Gender », 1er oct.2012, La Porte Latine, P. Joseph d’Avallon.

11 Pie XII, Allocution aux jeunes époux

12 Epître de la messe d’une sainte femme, Prov. 31, 10

13 1 Tim. 2, 15

14 1 Pe. 3,1

 

 

Lamento de Pénélope

Notre citation pour novembre et décembre :  

« Je ne sais ni jouer de vieux airs populaires,

Ni même retenir par cœur une prière.
Mais ce qu’on peut chanter pour se sentir meilleur,

Je l’ai chanté, Seigneur. »

Maurice Carême, prière du poète

 

Lamento de Pénélope

Le retour d‘Ulysse dans sa patrie

Opéra en cinq actes (1641) acte 1, scène 1

Illustration lyrique de la fidélité de Pénélope à son époux, un chef-d’œuvre de Monteverdi, redécouvert en 1924

Di misera Regina non terminati

mai dolenti affanni !
L’aspettato non giunge, e pur fuggono gli anni.
La serie del penar è lunga, ahi troppo.
A chi vive in angoscie il tempo è zoppo.
Fallacissima speme,

speranze non più verdi, ma canute,
all’invecchiato male non promette

più pace o salute.
Scorsero quattro lustri dal memorabil giorno
in cui con sue rapine
il superbo Troiano chiamò

 l’alta sua Patria alle ruine.
A ragion arse Troia, poiché l’amor impuro,
ch’è un delitto di foco, si purga con le fiamme.
Ma ben contro ragione, per l’altrui fallo
condannata innocente, de l’altrui colpe sono
l’afflitta penitente.
Ulisse accorto e saggio,
tu che punir gl’adùlteri ti vanti,
aguzzi l’armi e susciti le fiammeper vendicar

gl’errori d’una profuga greca,

 e ‘n tanto lasci la tua casta consorte
fra nemici rivali
in dubbio de l’honore, in forse a morte.
Ogni partenza attende desïato ritorno,
tu sol del tuo tornar perdesti il giorno.

 

 

Les douleurs d’une reine infortunée ne connaissent pas de fin !

Celui que j’attends ne vient pas et les années s’enfuient.

Trop longs et trop nombreux se succèdent mes chagrins et le temps dure à une âme angoissée.

Espoir trop fallacieux, verte espérance qui a pâli,

vous n’apportez plus à celle qui a vieilli paix ou salut.

Quatre lustres se sont écoulés depuis le jour mémorable où par un enlèvement, l’orgueilleux Troyen provoqua la ruine de sa patrie.

L’incendie de Troie ne fut que justice puisque l’amour impur, crime d’ardeur, se purge lui-même dans les flammes.

Mais quelle injustice que, dans mon innocence, je sois, par la faute d’une autre, condamnée à être la pénitente !

Ulysse prudent et sage, toi qui te vantes de punir l’adultère, toi qui vas jusqu’à déclarer une guerre acharnée pour venger les errements d’une grecque fugitive,

Tu abandonnes ton épouse fidèle au milieu des ennemis, au danger de son honneur et même de sa vie !

Tout départ comporte un retour désiré, mais toi seul as perdu de vue le jour de ton retour.