La fidélité, l’engagement

Chère Bertille,

          Je te remercie pour ta dernière lettre où tu me fais part de ta difficulté à rencontrer d’autres jeunes filles qui soient fidèles au choix de vie qu’elles semblent pourtant avoir fait.

          Je suis bien consciente, chère Bertille, que c’est un problème que nous rencontrons de plus en plus autour de nous. Je vais essayer de te donner quelques pistes de réflexion concernant la fidélité que nous devons toujours pratiquer : examinons d’abord la signification du mot fidélité, puis comment Dieu Lui-même est fidèle et doit être notre modèle, enfin nous verrons la manière d’être fidèle dans notre vie quotidienne.

  Lorsque l’on prend un engagement, il y a une notion de fidélité à la parole donnée. Le mot fidélité vient du latin fides : la Foi, c’est la force dans la Foi. Cela veut dire que la Fidélité doit être ancrée dans la Foi, mais c’est aussi la confiance, la fidélité, la parole donnée.

Nous pouvons ainsi prendre un peu de hauteur et considérer les choses par rapport à Dieu. Le Bon Dieu est l’être qui ne manque jamais, Il est le premier à être fidèle, nous le voyons dans Son amour pour nous. Il nous est tellement fidèle qu’Il nous a envoyé son propre Fils bien que nous nous soyons détournés de Lui, bien que nous ayons été infidèles. C’est par Dieu et grâce à Dieu que nous pouvons rester fidèles, et cela se manifeste par notre confiance en Dieu.

  Mais à quoi devons-nous être fidèles ? Tout d’abord, nous devons être fidèles à la grâce de notre baptême. Notre parrain et notre marraine ont pris cet engagement pour nous le jour où nous sommes rentrés dans l’Eglise. Mais le jour de la Communion Solennelle, chère Bertille, c’est chacun de nous qui a renouvelé en pleine conscience cet engagement de renoncer à Satan et de s’attacher pour toujours à Jésus-Christ. Et tu sais bien que si l’on compte seulement sur nos propres forces, il n’est pas évident de rester fidèle à cette grâce du baptême. Cette fidélité au Bon Dieu se traduit par tous les actes de la vie quotidienne, et là j’en viens à la fidélité dans le devoir d’état. C’est dans la persévérance au jour le jour, à bien faire nos tâches quotidiennes par amour pour le Bon Dieu que nous renforcerons notre engagement pris auprès de Lui.

  Qu’est-ce que la fidélité dans le devoir d’état ? Eh bien, c’est considérer que tous les actes de notre journée, même les plus minimes, sont grands aux yeux du Bon Dieu s’ils sont faits avec amour : ce peut être en s’appliquant à faire la vaisselle, en privilégiant un moment calme et silencieux, après avoir coupé le téléphone portable, pour étudier les cours, ou encore en faisant le ménage de la chambre.

Cette fidélité dans les petites choses va te préparer à la fidélité dans les grandes choses, car dans une société on a besoin d’élites qui s’engagent, donnent l’exemple et cherchent à élever les autres ! Il faut être prête à répondre à ce que le Bon Dieu veut pour nous, ce peut être des responsabilités auprès d’enfants, dans l’organisation d’un pèlerinage ou que sais-je…, et cela n’est possible que si l’on a déjà pris l’habitude d’être fidèle dans les petites choses.

  Cette habitude prise au jour le jour te permettra par ailleurs de faire les bons choix dans la vie quoi qu’il en coûte : le choix de rester fidèle à la Tradition de l’Eglise, même si les autres membres de la famille ne te suivent pas, le choix de t’habiller en chrétienne que ce soit à la faculté ou à la maison, le choix de fréquenter de bons amis qui t’apporteront du bien et qui te tireront vers le haut.

  Et c’est là qu’il est bon de s’engager dans des œuvres, des mouvements de jeunesse, ou autre. Nous ne sommes pas faits pour vivre seuls. Nous avons le devoir de rayonner et de transmettre ce que nous avons reçu. L’engagement dans ces œuvres est un excellent moyen d’apostolat, et cet engagement pris auprès des hommes n’est que le reflet de l’engagement que nous avons pris auprès de Dieu en choisissant d’être chrétiens. Tu n’as pas le temps ? Tu n’es pas la hauteur ? Mais qui est toujours à la hauteur d’une responsabilité ? Dans tout engagement pris, le Bon Dieu donne la grâce d’état, il ne faut pas avoir peur, mais au contraire une grande confiance. Plus nous aurons conscience de notre faiblesse, plus nous aurons confiance en la force du Bon Dieu, plus nous rayonnerons dans ces œuvres où nous nous sommes engagés. Il n’y aura alors plus de problème de temps, chaque action trouvera naturellement sa place dans la journée.

  Ces premiers engagements qui sont parfois temporaires préparent à des engagements définitifs que sont le mariage ou la vie religieuse. Eh oui, à un moment donné, il te faudra suivre la vocation que le Bon Dieu t’a préparée et t’y engager de tout ton cœur et avec amour !

  Voilà chère Bertille, quelques réflexions sur la fidélité à la parole donnée et l’engagement afin qu’elles puissent t’aider tout au long de ce Carême, temps fertile aux résolutions pour la conduite de la vie.

  Bien amicalement,                       

  Anne

Ma mère, apprenez-moi

 O Marie, ma Mère, je vous prie chaque jour et pourtant je vois ma faiblesse. La jeune fille ou la femme que je suis est bien loin de celle que je voudrais être, de celle que vous fûtes. Enseignez-moi votre cohérente simplicité et apprenez-moi à me mettre dans vos pas. Que je puisse Le servir ici-bas et que ceux qui me rencontrent puissent ainsi, à travers moi, avoir une idée de la beauté et de la bonté de Dieu.

 Mon enfant, ma fille, il est important de vouloir n’être rien et de tout attendre de Dieu. Laisse-toi faire, et pour cela, laisse Lui la première place. Aie le cœur rempli de Lui comme tu as le cœur rempli de ton fiancé ou de ton époux. Cherche à Lui plaire comme tu veux plaire à celui que tu aimes et lorsque tu as un doute dans la décision à prendre, tourne-toi vers moi, je te réponds toujours.

C’est ainsi que l’ange Gabriel m’a trouvée et que mon Fiat fut si simple.

Merci ma Mère, montrez-moi et apprenez-moi.

  Mon enfant, ma fille, dans le choix d’un axe de vie, d’une activité, d’une détente, d’une rencontre demande-toi ce qui Lui ferait plaisir et Lui ferait honneur, comme tu voudrais faire honneur à celui que tu aimes. Même dans le silence de ta chambre le matin, après avoir offert ta journée, pour choisir tes vêtements et te préparer, ne L’oublie pas. Avec mon aide, en pensant à moi, tu sauras bien vite ce qui me plaît ou ce que je mettrais si j’étais à ta place.

Merci ma Mère, montrez-moi et apprenez-moi.

Mon enfant, ma fille, sache Le louer dans toutes ses œuvres, sois toi-même une louange à Celui qui nous a tout donné. Lorsque tu as une réponse ou une démarche délicate à faire, ne te précipite pas mais demande-toi ce que j’aurais fait à ta place, je t’éclaire toujours. Que ton cœur soit joyeux et bon envers tous, car miséricordieux. Pleure avec ceux qui pleurent, réjouis-toi avec ceux qui se réjouissent. Donne sans te lasser, cours au-devant des besoins que tu auras devinés. Apporte aux autres la paix et la beauté de Dieu sans les juger mais en les aimant.

C’est ainsi que je partis voir ma cousine Elisabeth et que j’ai pu aussi consoler Zacharie par ma douce présence.

Merci ma Mère, montrez-moi et apprenez-moi.

Mon enfant, ma fille, lorsque le renoncement frappe à ta porte, que la gêne ou les événements viennent contrarier tes projets ou te mettent dans l’incertitude, garde le cœur confiant et paisible en Celui qui peut tout. Ne t’agite pas, ne t’inquiète pas. Il sait ce qu’Il fait, pourquoi et comment. Continue de ton mieux à accomplir ta tâche quotidienne et laisse sa Providence agir. Sois forte au milieu de ceux qui doutent.

C’est ainsi que nous fîmes Joseph et moi lancés sur les routes pour la naissance à Bethléem de mon tout-petit ou sur la  route de l’exil en Egypte. De fait, rien ne nous a manqué.

     Merci ma Mère, montrez-moi et apprenez-moi.

          Mon enfant, ma fille, quand il faut te plier à une règle ou une demande qui ne te plaît guère, que tu juges inopportune, ou que tu ne comprends pas, je suis là pour t’aider à l’accepter avec bonne humeur et humilité. Tu mets ainsi, sans t’en douter, des fleurs à ta couronne et tu apprends à te renoncer. Les fruits en seront toujours beaux.

  C’est ainsi que nous allâmes au Temple offrir au Père son propre Fils et accomplir ma purification alors que je suis l’Immaculée. 

  Merci ma Mère, montrez-moi et apprenez-moi.

   Mon enfant, ma fille, lorsque les noirs nuages s’accumulent, que le monde se montre à toi comme un ennemi implacable et sournois, pense à moi. Je suis l’Etoile du Matin. Tu peux avoir le sentiment que Dieu a disparu de ta vie ou ne s’intéresse plus aux hommes avec le déferlement de lois iniques et de haine contre l’Eglise. Mais cela n’est pas vrai, c’est quand Il semble caché qu’Il œuvre en profondeur et quand Il disparaît apparemment, qu’Il se fait tout enseignant et attend notre amour sans faille.

  C’est ainsi que nous le retrouvâmes au Temple après l’avoir cherché dans l’angoisse, tandis qu’Il était aux affaires de son Père.

  Merci ma Mère de m’avoir montré et appris.

                    Jeanne de Thuringe

 

 

 

 

Savoir prêter!

 Comme il est dur de savoir prêter !

Un vieux cahier, un morceau de ruban ou quelque objet de son tiroir à trésors, on y est tellement attaché que, s’en séparer ne serait-ce que quelques minutes, est un vrai crève-cœur !

Certaines personnes sont même tellement possessives qu’elles s’en rendent malades. C’est qu’elles ont un peu de retard : elles n’ont pas appris la joie qu’il y a à prêter, et même à donner, quand elles étaient petites. « Ce que l’on garde pourrit, ce que l’on donne fleurit ! » Le proverbe auvergnat est toujours d’actualité.

Si l’on ne s’entraîne pas à donner dès la plus jeune enfance, comment pourra-t-on sortir de son égoïsme et du matérialisme envahissant, une fois les tendres années passées ?

Il faut savoir se dépouiller de temps en temps pour s’exercer à la pauvreté en esprit, à ce grand détachement qui nous rapproche de Notre-Seigneur dans la crèche ou sur la croix.

Alors n’hésitons pas à exercer nos enfants à donner leurs babioles, avant d’apprendre à se donner plus tard.

 

Comment choisir des chants liturgiques?

          Comme tout métier, celui de compositeur a des règles très précises. On ne compose pas comme une maman qui invente une chansonnette pour endormir son enfant. D’où l’importance d’avoir quelques notions de base avant de choisir ses chants de mariage, de pèlerinage, du dimanche, etc…

Directives des papes du XXe siècle sur le sujet

   Saint Pie X a fixé, dans son motu proprio du 22 novembre 1903 « Tra le Sollecitudini », trois règles pour que la musique puisse être digne de la liturgie, une musique pour la gloire de Dieu. « La musique sacrée, en tant que partie intégrale de la liturgie solennelle, participe à sa fin générale : la gloire de Dieu, la sanctification et l’édification des fidèles.

Il précise ensuite : « la musique sacrée doit donc posséder au plus haut point les qualités propres à la liturgie : la sainteté, l’excellence des formes d’où naît spontanément son autre caractère : l’universalité. »

« Elle doit être sainte, et par suite exclure tout ce qui la rend profane, non seulement en elle-même, mais encore dans la façon dont les exécutants la présentent. »

« Elle doit être un art véritable : s’il en était autrement, elle ne pourrait avoir sur l’esprit des auditeurs l’influence heureuse que l’Église entend exercer en l’admettant dans sa liturgie ».

« Mais elle doit être aussi universelle, en ce sens que s’il est permis à chaque nation d’adopter dans les compositions ecclésiastiques les formes particulières qui constituent d’une certaine façon le caractère propre de sa musique, ces formes seront néanmoins subordonnées aux caractères généraux de la musique sacrée, de manière à ce que personne d’une autre nation ne puisse, à leur audition, éprouver une impression fâcheuse. »

Saint Pie X met en garde contre le style théâtral en vogue à la fin du XIXe siècle qui semble moins propre à accompagner les fonctions du culte. La transposition aux musiques de notre époque que l’on inflige à la majorité du public est facile à imaginer.

Le pape Pie XII, dans son encyclique du 25 décembre 1955 « Musicae sacrae disciplina » a admis la coutume de chanter des cantiques populaires en langue vernaculaire dans la messe solennelle en complément des chants latins tout en précisant les qualités nécessaires :

– être issu dans son origine du chant liturgique lui -même,

– être pleinement conforme à la doctrine de la foi chrétienne, la présentant et l’exposant de façon juste,

– utiliser une langue facile et une musique simple, évitant la prolixité ampoulée et vaine des paroles,

– être court et facile,

– avoir une certaine dignité et gravité religieuse.

Les critères importants : le texte, la mélodie, l’harmonie et le rythme.

Le texte a toujours été l’objet d’une attention particulière de la part des compositeurs. Ce sont les extraits les plus signifiants de l’écriture sainte qui ont été choisis pour servir de support aux mélodies grégoriennes. Saint Ambroise et saint Thomas avec la messe du Saint Sacrement nous en ont laissé des exemples caractéristiques.

Les compositeurs de la Renaissance font appel aux grands poètes de leur époque : Ronsard, Marot, du Bellay, …

Les classiques continuent de même avec Molière, Racine, Shakespeare, da Ponte, …

Les romantiques allemands puisent chez Heine, Goëthe, Schiller, …Les français iront vers Hugo, Lamartine, Musset, Verlaine, …

Même la chanson populaire a ses poètes qui seront parfois auteurs, compositeurs et interprètes mais il est rare qu’ils parviennent à la même qualité musicale que ceux de la Renaissance.   

A toutes les époques, le compositeur laissera la mélodie jaillir des mots donnant ainsi un surplus de vie au texte. C’est après une étude approfondie du contenu, voire même d’une méditation sur le sujet pour les œuvres religieuses qu’il se mettra au travail.

Quant à l’harmonie élément nécessaire pour l’accompagnement de la mélodie, elle servira, sauf exceptions, de ponctuation par des cadences bien disposées qui n’alourdissent pas le mouvement. Elle apportera parfois un éclairage complémentaire à la mélodie.

Enfin, le rythme, à l’image de la mélodie, émanera le plus souvent du texte. Il ne devra pas déformer son rythme naturel. Les appuis rythmiques forts respecteront l’accentuation particulière propre à chaque langue, cette dernière étant obtenue par une bonne diction.

Quelques exemples :

La bataille de Marignan de Clément Jannequin :

Dans cette chanson de la Renaissance, le compositeur illustre par le rythme et les paroles les échanges guerriers de cette célèbre bataille. https://www.youtube.com/watch?v=B05HMI6bCiY     

Meunier tu dors : cette chanson de métier est à 3 temps avec une levée. Le rythme imite les ailes du moulin qui tournent irrégulièrement au début pour élancer la meule puis régulièrement ensuite.

Ave verum corpus de W. A. Mozart : cette composition respecte le texte et peut nous nous élever à la contemplation du mystère qu’elle évoque par son côté paisible et ses élans mélodiques. https://www.youtube.com/watch?v=6KUDs8KJc_c

Je vous salue Marie de l’abbé J. Louis : la mélodie semble sortir des mots et le rythme musical épouse celui du texte. L’harmonie est très discrète. https://www.youtube.com/watch?v=fmKrpz17hog

Je vous salue Marie de la communauté de l’Emmanuel : la mélodie et l’harmonie sont simples laissant le rythme prendre plus d’importance, affaiblissant le côté spirituel. C’est la recette des chansons de variété modernes. On retrouve un schéma rythmique analogue dans l’accompagnement à la guitare de la chanson « Le pénitencier » chantée par Johnny Halliday.

Le pénitencier de Johnny Halliday : peu de mélodie mais un rythme balancé dans un tempo lent de slow rock.

https://www.youtube.com/watch?v=20KlznuwkBc

La maladie d’amour de Michel Sardou : Le début de cette chanson est l’exemple type de mélodie tirée des accords de l’accompagnement. De plus le rythme est haché et syncopé.

Couronnée d’étoiles de la communauté de l’Emmanuel : la mélodie du refrain est en partie semblable à la chanson de M. Fugain « C’est un beau roman ». L’harmonie et le rythme sont au niveau des chansons à la mode.

C’est un beau roman de Michel Fugain : nous retrouvons ici les mêmes ingrédients que dans « La maladie d’amour ».

Sonate « Au clair de lune » de L. V. Beethoven : la descente par note conjointe à la basse donne un effet langoureux et sensuel. C’est ce qu’utilise ici le compositeur dans les premières mesures. C’est ce que l’on retrouve dans bon nombre de chansons de variété et même dans certains cantiques.

Regarde l’étoile de la communauté de l’Emmanuel : un rythme syncopé et répétitif qui captive, accompagnant une mélodie non signifiante dans le mode mineur le plus répandu et voilà un « tube » dans le goût à la mode. 

https://www.youtube.com/watch?v=6dlCmAWZ8q4

Analyse succincte de trois cantiques à la Sainte Vierge (pour plus de détails, voir sur le site du Centre Grégorien Saint Pie X  https://www.centre-gregorien-saint-pie-x.fr/index.php/chant-gregorien/le-motu-proprio-tra-le-sollecitudini-de-saint-pie-x/130-couronnee-d-etoiles-un-cantique-sacre )

Je vous salue Marie de la communauté de l’Emmanuel 

Le texte est traditionnel. Seule une légère modification, « votre enfant » au lieu de « le fruit de vos entrailles » entraîne un affaiblissement du sens.

La mélodie est en mode de ré et transposée sur mi. C’est un des modes les plus utilisés dans la musique populaire traditionnelle.

L’harmonie est tonale et classique, avec alternance de deux groupes de deux accords, mi m et si m puis sol M et ré M, excepté les mesures 4 et 8 où nous retrouvons la descente des basses et accords typiques de la musique de variété : mi m, ré M, do M et si m. Un seul accord sort de la modalité de la mélodie sur « -cheurs » de « pécheurs » avec présence de la note sensible qui provoque une tension par rapport à l’ensemble qui reste dans la douceur.

Au plan rythmique, les appuis naturels du texte ne sont pas respectés. Ils sont inversés et placés sur les temps faibles imprimant un balancement syncopé fort employé dans la musique de danse moderne (slow rock, rock, …). Le mot « Marie » est abîmé et réduit à la portion faible d’un temps. « Votre enfant » est secoué par une formule rythmique irrégulière.

Couronnée d’étoiles de la communauté de l’Emmanuel 

Le texte est un commentaire de la vision du Chap. 12 de l’Apocalypse augmenté de divers titres donnés à Marie dans les litanies. Il est dans le style d’une narration.

La mélodie du refrain commence par un emprunt à la chanson de Michel Fugain « C’est un beau roman ». Elle est en mode de ré et transposée sur mi. Celle du couplet suit la trame habituelle des chansons de variété en s’appuyant sur les accords de la grille d’accompagnement.

L’harmonie se résume aux trois accords traditionnels avec l’accord de 7ème de dominante posé sur « veur » de « Sauveur » provoquant une tension qui nous fait sortir de la modalité de la mélodie pour nous propulser dans la tonalité mineure plus émotionnelle de la musique classique.

Le rythme du refrain est plutôt naturel et calme favorisant la narration ! mais celui des couplets nous emmène dans un autre univers. Le rythme syncopé devient omniprésent alors que l’on voudrait goûter le texte.

Regarde l’étoile de la communauté de l’Emmanuel 

            Le texte est extrait de la prière de saint Bernard que l’on peut trouver p. 217 du « livre bleu » utilisé pour les exercices de saint Ignace avec modification de l’expression « en la suivant » qui devient « si tu la suis».

           La mélodie est en mode de la mineur naturel. Les couplets sont composés de quatre formules de trois notes « do, ré, mi » puis « ré, mi, fa » deux fois de suite. La mélodie du refrain s’élève sur « la, si, do » avec la même formule répétée six fois. Nous sommes dans le style minimaliste apparu dans les années 60.

            L’harmonie est traditionnelle avec un repos à la dominante toutes les quatre mesures qui crée une tension. Au refrain s’ajoute un retard de la note sensible sur la cadence mais l’accord ne se résout pas ce qui augmente la tension.

            Le rythme syncopé et répétitif fait référence à la musique de danse moderne.

Nous sommes ici aux antipodes des caractères de la liturgie donnés par les papes saint Pie X et Pie XII. On ne peut donc pas parler ici de musique sacrée !

Il est bon de rappeler que les musiques de danse sont incompatibles avec la liturgie et la prière !

Ces chants ont attiré l’attention car ils ont les mêmes composants que la musique que diffusent en permanence la plupart des médias. Nous avons donc tout un travail d’éducation musicale et artistique à réaliser. Soyons-en les agents chacun à notre place.

Certains chants du répertoire, tels que : Je vous salue Marie de l’Ab. J. Louis ; Ô ma Reine de J. Noyon ; Quand vint sur terre de l’Ab. F. X. Moreau ; Ô Vierge Marie de Charles Bordes ; respectaient les directives des papes. De nouvelles compositions peuvent compléter ce répertoire.

Formons-nous un goût à l’école de la liturgie afin de pouvoir vraiment dire avec le psalmiste : « Zelus domus tuae comedit me 1».

François

1 Ps 68, verset 10 : « Le zèle de votre maison me dévore ». C’est-à-dire le zèle de la maison du Seigneur et non celui de nos occupations et nos goûts personnels.

La cohérence

Chers grands-parents,

« Faites ce que je dis, pas ce que je fais » ainsi caricature-t-on les mauvais éducateurs qui n’ayant pas d’idéal affirmé, sont incapables de mettre en cohérence leurs convictions et leur vie.

Nous ne sommes certainement pas tous de bons pédagogues, cependant, nous, parents, grands-parents, avons reçu du créateur la noble fonction d’éducateurs, c’est-à-dire de conduire nos ménages et nos enfants sur la voie du ciel. Pour cela, l’essentiel est d’accorder nos vies, à ce que nous croyons. Par cela, moyennant une pédagogie réfléchie, nous transmettrons à nos petits ce que nous sommes.

Pour cela, nous devons avoir un élément structurant pour tout ce que nous sommes et transmettrons, un idéal.

« Un Idéal, c’est une affirmation, c’est un acte de foi, c’est une position en face de la vie. C’est un point de départ et un point d’arrivée. Un Idéal, mais c’est, à chaque instant une vue panoramique et grandiose de la vie qui peut se résumer parfois et se symboliser pour chacun par un geste ou un mot »1.

L’homme ou la femme d’idéal n’aura aucun mal à être, c’est-à-dire à mettre tous ses actes en cohérence avec sa pensée. Pour le catholique, cela consistera à destiner tous les moyens à l’accomplissement de notre idéal suprême, – être des saints – On est bien loin du monde actuel que décrivait déjà si bien Aldous Huxley en 1932 dans « le meilleur des mondes » et que nous citions déjà dans un article précédent.

« En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté »2.

Certes, l’intelligence que Dieu nous a donnée doit nous permettre d’adapter les moyens. Dans notre monde ultra connecté, si les objectifs de l’éducation restent les mêmes qu’autrefois, on ne communique plus comme on le faisait il y a 50 ans ! Certes ! Mais l’objectif doit être le même et doit être ce qui structure notre agir…

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le monde matérialiste, dans lequel nous vivons n’est pas sans cohérence ! Il est ordonné au matérialisme et par là même il est anti-Christ. On est parfois surpris de voir à quel point toutes les évolutions dites « sociétales » mode, morale, institutions évoluent au niveau mondial de manière cohérente vers un éloignement de la morale chrétienne, un refus de la soumission à la loi du Christ. C’est pourtant clair ! Un idéal matérialiste produira forcément un refus du sacrifice, une évolution sans limites vers l’esprit de jouissance, un refus de tout interdit et par là même à une évolution diamétralement opposée à la société chrétienne.

Cultivons donc l’inverse dans nos familles. Conscients de ce qu’est notre société, de l’obligation que nous avons de vivre en son sein, cultivons les vertus qui nous permettent de rester fidèles à notre idéal chrétien. Vivons dans le monde mais ne composons pas avec lui ! « Il est malaisé de composer avec le monde sans se laisser décomposer par le monde » disait Gustave Thibon.

Autant l’« idéal » matérialiste entraîne de facto aux défauts signalés plus haut, autant l’idéal chrétien entraînera dans nos familles les vertus contraires, prière, dévouement, décence, travail, acceptation des épreuves, fidélité à l’héritage familial se structureront autour de la volonté de tous de mener la meilleure vie chrétienne possible, le désir de sainteté.

Le rôle des grands-parents est là essentiel. Avec le recul qui caractérise leur position, ils devront aider leurs ménages à garder le cap. Autant on pourra être indulgent sur des erreurs ou de petites dérives, autant il sera essentiel de corriger de manière adaptée tout ce qui nuirait à la pratique de la vie chrétienne de la famille. Ce qui est secondaire est secondaire mais ce qui est important doit être considéré avec sérieux même si cela doit occasionner des frictions ! « Oui, tous ceux qui veulent vivre dans le Christ avec piété seront persécutés » dit Saint Paul à Timothée. Etonnons-nous si nous ne rencontrons pas un minimum d’opposition externe voire interne dans la mise en cohérence de notre vie familiale avec notre foi !

Prions saint Joachin et sainte Anne, patrons des grands-parents de nous éclairer dans notre rôle délicat et plein de renoncements qui peut avoir une telle importance pour nos petits. Bon courage à tous !

Des grands-parents

1 Texte d’un chasseur du 1er bataillon de choc, Alsace, novembre 1944.

2 Le meilleur des mondes 1932