Tapis de parc

Chères amies,

Avec le printemps arrivent de nouvelles idées et une nouvelle énergie créative, nous vous proposons de la mettre à profit pour embellir votre intérieur et prendre soin de vos petits ou de faire un beau cadeau. Nous allons coudre ensemble un tapis de parc-tapis d’éveil, sur mesure si votre parc est carré ou rectangulaire.

https://foyers-ardents.org/wp-content/uploads/2021/05/Tapis-de-parc-tuto.pdf

Bonne couture !

Isabelle et Marie-Hélène

 

Cercle vicieux

           En cours élémentaire, la maîtresse rappelle l’importance du respect des horaires.

Votre maman vous dit certainement qu’il faut venir à table en obéissant au premier appel. C’est pareil à l’école.

Un petit garçon commente : « Oh oui, d’ailleurs hier soir maman s’est mise en pétard contre papa… Elle l’a appelé 3 fois. Il faisait ses jeux à l’ordinateur comme tous les jours. Comme il ne venait toujours pas, on a commencé le dîner sans lui… »

Visiblement ce n’était pas un cas isolé….

La fuite du père, parfois inconsciente

  Tous les pères, à un moment ou un autre, sont attirés par une activité qui peut devenir une dépendance. Que les activités soient bonnes ou mauvaises en soi, presque toutes peuvent entraîner une addiction : les jeux, internet, les réseaux sociaux, le sport, l’alcool voire la drogue ou la pornographie, et même le travail. Il s’agit d’un processus progressif : d’abord des cas ponctuels, puis excessifs avant la dépendance pathologique difficile à traiter.

Cette évolution aboutit à une certaine fuite du père par rapport à sa famille ou son épouse. Souvent inconsciente, c’est une entrée dans un cercle vicieux qui peut faire de gros dégâts.

L’origine est fréquemment compréhensible : la fatigue liée aux jeunes enfants, le souci donné par les adolescents, le vide une fois les grands enfants partis de la maison, l’ambiance entre mari et épouse, le stress professionnel ou simplement la pression de ses responsabilités de chef de famille.

Face à la difficulté qui est réelle, le père croit trouver une solution, un soulagement ou un oubli par un mauvais moyen.

Des circonstances défavorables

  Untel a l’habitude de consulter et traiter ses mels professionnels le soir, le week-end, en vacances. Devant ses enfants, ses amis ou en tête à tête avec son épouse, il a toujours de bonnes raisons. Mes clients (ou mon patron, ou mes collègues) comptent sur moi…je travaille sur des sujets qui ne peuvent pas attendre, c’est important…il faut bien que j’obtienne cette promotion pour notre bien…

De nombreux hommes se réfugient dans un travail acharné à cause d’un complexe d’infériorité qui remonte souvent à l’enfance. Le message reçu par l’enfant était du genre : « tu n’es pas aussi doué que ton frère », « tu ne feras jamais rien de bon dans la vie ». Peu d’encouragements, peu de travail sur les qualités humaines de l’enfant en dehors de celles concernant sa réussite scolaire. Ils ne se sont pas sentis aimés pour eux-mêmes. Le complexe d’infériorité pousse l’adulte à devenir perfectionniste et à vouloir prouver sa valeur aux autres. D’autres hommes, à l’opposé, se réfugient dans la paresse « pourquoi travailler sérieusement ou faire des efforts en famille, puisque je ne suis qu’un bon à rien ? »

Certains ne se méfient pas des addictions, parce qu’ils ont eu l’exemple de leurs parents ou les influences de leurs amis : à famille de fumeurs, enfants fumeurs… de mauvais amis (ou un internet sans dispositif de filtrage) amènent à la pornographie.

La fuite du père est un cercle vicieux. Certains ne se sentent pas capables de participer à l’éducation des enfants et même à leurs soins matériels. Peut-être n’ont-ils pas eu la chance de voir l’entraide de leurs pères et mères dans ces circonstances ? Peut-être sont-ils trop perfectionnistes ou manquent-ils aussi de confiance en eux, en leur épouse et en la Providence ?

Les reproches de l’épouse peuvent aggraver le cercle vicieux : l’homme qui aime sa femme ne veut pas affronter une épouse contrariée. Si cela dure, il se dit qu’il ne réussira jamais à être agréable à son épouse…et fuit le conflit en s’isolant.

Culpabiliser ne sert à rien, prendre conscience du danger, des circonstances qui y contribuent et avoir envie de changer est essentiel. Chacun doit y contribuer.

Conséquences pour les enfants

  Le dépendant vit dans un monde égocentrique. Il se replie sur lui-même, absorbé par ses peines ou ses plaisirs, ce qui va à l’encontre du don de soi nécessaire à une vie de famille réussie et sanctifiante. Les impacts sont nombreux : sur l’ambiance familiale, sur la qualité de la prière, sur le moral ou la santé, sur l’équilibre de vie.

Les dépendances du père donnent le mauvais exemple aux enfants et peuvent blesser leur personnalité d’une manière qui ne se révèlera que plusieurs années après. 

De nombreuses études se sont penchées sur un cas extrême : l’augmentation des suicides de jeunes1. Au-delà des cas liés à des maladies psychiatriques ou des troubles psychiques aigus, le suicide est l’aboutissement d’un cheminement douloureux mais souterrain. Derrière l’évènement déclencheur final, il existe souvent des mobiles plus profonds. « Dans 50% des cas, le jeune suicidaire appartient à une famille au sein de laquelle il ne peut recevoir la stabilité, la sécurité et la chaleur affective nécessaire à son épanouissement2. »

Sans arriver à cette extrémité, des enfants peuvent changer de comportement à l’école ou à la maison parce qu’ils souffrent de l’attitude de leur père ou de l’ambiance familiale. Soyons attentifs à ces indices !

Rien n’est perdu, tout est possible !

  Si vous lisez cette revue, c’est que vous voulez réussir votre rôle de père et conduire votre famille vers le ciel. Ne souhaitez-vous pas le bonheur et l’épanouissement de vos enfants et de votre épouse ? Malgré vos imperfections, avec vos qualités et avec la grâce de Dieu ? Tout reste possible !

Détectez vos dépendances et leurs impacts négatifs par l’examen de conscience, par les conseils ou les réactions de votre épouse, de vos amis voire de vos enfants est la première étape pour décider d’agir. La motivation doit être profonde : les enfants, l’épouse, l’amour de Dieu, la nécessité de casser le cercle vicieux avec ses souffrances et ses épreuves pour se sentir mieux.

Nous sommes corps et âme : dans toute dépendance, des facteurs physiologiques et physiques (les substances psychoactives et les hormones) se combinent aux facteurs psychologiques (la volonté, le tempérament). Par exemple, la dopamine, hormone du plaisir, est stimulée par la plupart des activités sur écrans, et incite à les prolonger.

Pour s’en sortir, il est donc utile de remplacer la dépendance que l’on fuit, par une activité bénéfique et d’observer les effets positifs qui nous encourageront à nous priver de la dépendance initiale. Ainsi l’excès de smartphone ou d’internet sera mieux combattu en remarquant le plaisir venant des jeux avec les enfants, des discussions, des moments de qualité avec son épouse, de la lecture ou du bricolage…

Il faudra persévérer… le carême, l’avent ou l’été sont des périodes suffisamment longues pour faciliter des changements d’habitudes, éloigner les tentations et réussir un sevrage. La prière et le recours fréquent aux sacrements seront un atout majeur.

Dans tous les cas, bénins ou sévères, l’aide de personnes de confiance, au-delà de son conjoint, est essentielle à la réussite : bons amis, prêtres mais aussi médecins ou associations spécialisées pour les cas difficiles.

  Nous avons tous nos faiblesses, voire des dépendances : les accepter et chercher à s’en corriger sont des occasions d’humilité et de progrès dans la sainteté. Ne nous décourageons pas, le bon Dieu saura nous guider si nous avons confiance en Lui.

 

Hervé Lepère

1 600 suicides de jeunes de moins de 25 ans par an, soit 16% du total des décès de cette tranche d’âge. Source : Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, janvier 2015

2 Revue du Centre Catholique des médecins français N° 54, cité par AFS N° 33

 

Un songe

           Lors des quarante jours que j’ai passé dans le désert, j’ai fait un songe. Ce songe m’est revenu à l’esprit, tandis que seul à Gethsémani, je vivais mon agonie.

           Des démons, que  je connaissais comme Fils de Dieu de toute éternité, menaient une danse infernale autour des âmes.

 

           Leurs noms étaient étranges : le chef s’appelait Facebook, je crus comprendre « Face de bouc », puis Instagram, Twitter, Snapchat, Tiktok, Pinterest. Ils permettaient de transmettre des informations au monde entier et leur action se faisaient sur des engins tout aussi étranges avec une seule pression de doigt.

  Commençait alors une série d’images en couleurs accompagnées de textes souvent rédigés dans des langues appauvries.

  Ces images étaient parfois celles de beaux paysages mais le plus souvent de personnes dans des tenues ou des pauses qui me faisaient, comme homme, penser à celles des orgies romaines dont j’avais eu connaissance à Jérusalem, et comme Dieu, je savais qu’elles étaient causes de ma Passion.

  Facebook, WhatsApp, Instagram, Twitter, Snapchat, Tiktok, Pinterest…

 

  Je voyais des âmes baptisées dans l’Eglise que j’avais fondée, oublier trop souvent l’éternité heureuse à laquelle je les appelais pour se laisser happer par ces démons…

  Jeunes gens et jeunes filles racontaient sans pudeur ce qu’ils faisaient ou pensaient, souvent en cachette de leurs parents, se mettant en avant. D’autres se précipitaient, pour regarder ce qui se passait sur ces petites machines comme à travers un trou de serrure. Les uns se rêvaient en héros, les autres qu’ils vivaient leurs aventures avec eux.

  Le temps passé était parfois considérable, au détriment de la prière où je les attendais comme un rendez-vous d’amour quotidien, de la culture, du travail manuel, ou du simple repos du corps et de l’esprit.

  Et toujours ce tourbillon incessant de petites fenêtres qui s’ouvraient et se refermaient, les unes après les autres, m’enserrant dans une danse sans fin.

  Facebook, WhatsApp, Instagram, Twitter, Snapchat, Tiktok, Pinterest…

 

  Mon Père avait donné à l’homme des yeux pour admirer Sa Création, une bouche pour parler et chanter, des oreilles pour écouter. Mais presque tous alors, préféraient se servir de ces petites machines, qui mettaient une barrière si peu naturelle entre les hommes et faisaient le jeu de l’adversaire.

  Ils ne prenaient plus le temps de se recueillir dans le silence et ce tourbillon ressemblait étrangement à celui des damnés, qui n’ont pas un instant de paix.

  La diffusion de petites phrases assassines sur un « soi-disant ami », grâce à la vitesse de propagation et l’écho à large échelle permise par ces petites fenêtres, ruinait bien plus sûrement sa réputation que les commères les plus efficaces…

  Facebook, WhatsApp, Instagram, Twitter, Snapchat, Tiktok, Pinterest…

 

  Puis je vis ce phénomène continuer dans les familles, même proches de moi, avec de jeunes mères plus occupées par ces prétendues informations que par leurs enfants, et les pères oublieux de leur rôle.

Plus le temps pour tenir la maison, lire et prier, se promener avec leurs enfants, jouer avec eux, leur parler, les écouter au sortir de l’école. L’information apportée par ce petit engin qui s’appelait « smartphone » (encore un nom étrange), qu’elle soit juste ou fausse, était plus importante que ces petits que je leur avais confiés. Comment cela était-il possible ? Ma Mère avait tant penché son beau visage vers moi, toute attentive, et mon père adoptif tant éveillé mon esprit et guidé mes mains…

Certains préféraient aussi, tout en parlant avec l’entourage, s’occuper de la petite machine. Elle réussissait alors ce tour de force de rendre tout à la fois présents les absents, et absents les présents. Elle devenait d’ailleurs, au fil du temps, de plus en plus séduisante, légère et facile, indispensable, grâce aux nouveaux démons…

Facebook, WhatsApp, Instagram, Twitter, Snapchat, Tiktok, Pinterest, smartphone…

 

Tous les péchés s’y donnaient rendez-vous : luxure, envie, orgueil, curiosité, mensonges, étalés au grand jour comme autant de fiertés. Je voyais les esprits enchaînés et incapables de réfléchir par eux-mêmes ; une information en chassait une autre, frappait les esprits qui s’échauffaient ou s’enthousiasmaient sans recul, sans réflexion. Chacun se faisait centre du monde.

  Hélas, je vis aussi certains de mes prêtres séduits, sous couvert d’efficacité, par ces démons, se disperser sur ces petites machines. Leur ministère n’en était ni amélioré ni facilité, bien au contraire, les prières faites à la va-vite ou les âmes laissées de côté. Ils étaient trop occupés ! Pourtant y renoncer leur auraient valu tant de grâces pour elles…

  Je vis enfin ces jeunes gens que j’appelais au sacerdoce mais qui me préféraient ces petits engins dont ils ne pouvaient plus se défaire… Combien restaient chez eux, vocations avortées par un esclavage voulu, alors que je leur demandais de libérer les âmes…

Facebook, WhatsApp, Instagram, Twitter, Snapchat, Tiktok, Pinterest, smartphone…

 

  Non ce n’était pas un songe, c’était bien la triste réalité des âmes vingt siècles après ma Passion, et mon agonie était là, généreuse, offerte. J’acceptais tout de grand cœur, pour les libérer de cet esclavage.

J’en vis alors certaines réagir, renoncer, éclairer les autres, sortir de tourbillon qui ne les rendaient pas paisibles et quitter Facebook, WhatsApp, Instagram, Twitter, Snapchat, Tiktok, Pinterest, smartphone.

Elles retrouvèrent et développèrent la paix, la bonté, la douceur, la joie, l’humilité, l’intelligence, la liberté, et mon Père put agir en elles pour les faire grandir.

                  Jeanne de Thuringe

 

Restaurer une maison ancienne: Les huisseries (1)

Abordons maintenant la question des huisseries, de manière à terminer la partie qui correspond au « clos et couvert » d’un bâtiment, c’est à dire : murs, toits, portes et fenêtres.

Nous commencerons par la porte et aborderons la prochaine fois les fenêtres, pour ne pas être trop long, car leur histoire et leur aspect sont importants.

  Au tout début la porte, qui donnait accès au logement comme à l’écurie, était un seul panneau ou « vantail », faite de planches jointives et larges. Une plinthe, facile à changer, préservait le bas du pourrissement dû à la pluie.

  Soit deux grosses traverses maintenaient ces planches, soit comme en Jura, Alsace, Bretagne ou Midi, il existait deux lits de planches : les extérieures verticales et les intérieures horizontales ; cela peut encore se faire sur des portes de granges ou communs pour garder cet aspect rustique. C’était extrêmement solide car peu déformable.

  Il n’y a alors pas de dormant (partie de bois fixée sur la maçonnerie) et la porte « bat » directement sur la maçonnerie.

  Sur les granges ou caves extérieures ou chais (régions vinicoles) le principe est le même mais souvent avec deux vantaux.

  Les portes d’entrée plus récentes sont composées dans les demeures un peu soignées, de deux vantaux. Parfois deux moitiés si l’ouverture est assez large, parfois un tiers/deux tiers, le deuxième tiers étant l’ouvrant habituel, avec très souvent une imposte en haut pour donner de la lumière.

  Les modèles varient selon la position sociale de celui qui a fait construire sa maison, et les régions.

  Si vous devez donc changer votre porte ou en installer une, observez celles des maisons anciennes, qui sont d’origine, vous ne ferez pas d’erreur. Si vous le pouvez, privilégiez un bois d’œuvre bien sec, avec votre menuisier, même si cela est de plus en plus difficile à trouver.

Ne mettez pas de portes en PVC : avec le recul, il vieillit mal dans le temps et ne trompe pas l’œil longtemps.

  Vous pouvez installer un heurtoir sur la porte ou une cloche extérieure pour garder l’aspect authentique plutôt qu’une sonnette électrique, qui de surcroît peut tomber en panne…

    Certaines portes ont encore des montants arrondis tournant dans des pierres trouées, ou pièces de bois comme la photo ci-contre.

Les fermetures étaient anciennement le plus souvent avec un taquet en bois pour les granges ou étables, tandis que sur les portes d’entrée, nous trouvons targette, loqueteau, loquet que l’on peut actionner des deux côtés et serrure enfin.

Enfin si vous désirez vraiment garder un aspect ancien à votre porte, n’y ajoutez pas de seuil en aluminium pour l’étanchéité et acceptez les courants d’air… Au besoin faites un boudin de porte à placer devant quand l’air est trop froid.

Les préconisations gouvernementales actuelles sont à tout étanchéifier et calfeutrer pour ensuite installer des VMC… Laisser l’air circuler dans une maison est très important, tant pour son entretien que notre santé, et autant garder la VMC naturelle… De plus, cela aguerrit un peu les caractères que de ne pas être dans un cocon…

  Il faut parfois lutter contre certains artisans, « formatés » qui ne connaissent pas assez le bâti ancien pour ne pas se faire imposer la manière moderne de travailler. N’oubliez pas que le maître d’œuvre c’est vous !

                    Jeanne de Thuringe

 

Le pouvoir de l’Etat et le droit de l’Eglise en temps d’épidémie

           L’épidémie récente a conduit l’État républicain à décréter de telles restrictions (de déplacements, de rassemblements, etc.) que les français ont été empêchés de remplir leurs devoirs de chrétiens de nombreux dimanches et fêtes au cours de l’année écoulée. Avec les multiples confinements qui se sont succédés, les messes ont été interdites pendant de longs mois, tout comme les sacrements de mariage et de baptême et bien d’autres cérémonies religieuses. Ainsi le culte public rendu à Dieu a été supprimé au nom d’un impératif de santé publique. Les catholiques se sont alors trouvés face à un dilemme : soit obéir à l’État qui s’est donné pour mission de protéger par tous les moyens la santé des français, soit respecter les commandements de l’Église nécessaires pour faire son salut et désobéir par conséquent aux lois civiles en assistant par exemple à des messes clandestines. Comment résoudre ce dilemme ? L’État a-t-il le droit d’imposer aux citoyens des lois qui s’opposent directement aux commandements de l’Église ?

  Pour répondre à cette question, il est nécessaire de comprendre en premier lieu pourquoi l’État poursuit cette mission de santé publique qui l’a conduit à subordonner toute vie sociale à des impératifs sanitaires et si cette mission est légitime au regard du bien commun. Depuis la proclamation des Droits de l’Homme et du Citoyen le 26 août 1789, l’extension illimitée des droits individuels, inspirée par la philosophie libérale, est promue par notre système politique. L’homme moderne exige ainsi que toute la société soit intégralement orientée vers la maximisation de son bien-être personnel. Des organismes supranationaux comme l’OMS ont d’ailleurs transformé la définition même de la santé présentant celle-ci comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité1 ». Une conséquence directe de cette extension des droits s’est donc fait sentir très tôt dans le domaine du soin. Un médecin écrivait récemment que « l’aléa, le hasard et la mort devinrent trois variables inadmissibles de l’existence. La santé devenue un dû et le bien-être un bien inaliénable, plus question d’en admettre le prix, une date de péremption ou qu’un imprévu puisse y mettre fin2.» Le chef de l’État n’a-t-il pas déclaré le 12 mars 2020 qu’il fallait lutter contre le virus « quoi qu’il en coûte » ? Le philosophe Olivier Rey constatait quant à lui que l’INSEE avait fait disparaître de ses statistiques annuelles sur les causes de mortalité des français la cause « mort de vieillesse », mentionnant que l’on meurt nécessairement d’une pathologie identifiable, ce qui sous-entend que celle-ci aurait pu être prise en charge et qu’il revient au système hospitalier de nous guérir de tout, y compris des maladies liées à la dégénérescence du corps qui survient inéluctablement à un certain âge. Il n’est alors pas étonnant que la politique de santé de l’État de prendre en charge tout le monde (et de confiner le pays en fonction du nombre de lits de réanimation occupés dans les hôpitaux) trouve sa justification dans ce désir ancré dans l’esprit de nos contemporains de se soustraire à la peur de la mort et de tout ce qui peut y conduire. Cette justification se trouve en plus renforcée par les conditions de vie modernes : la mondialisation provoque depuis plus d’un siècle la circulation quotidienne de millions de personnes et de biens dans le monde entier, multipliant ainsi les risques de véhiculer très rapidement avec eux toutes sortes de virus d’un bout à l’autre de la planète. 

Les nombreuses privations imposées par l’État ne sont pas nouvelles en soi. Les historiens nous rappellent par exemple que le « couvre-feu » existait déjà au Moyen-Âge (il était alors le « signal de retraite qu’on donne dans les villes de guerre pour se coucher ») et qu’il est même devenu la norme dans l’ensemble des villes occidentales du XIVème au XVIIIème siècle : « les chartes de coutumes et les ordonnances de police fourmillent d’interdictions de circuler de la tombée de la nuit au lever du jour. Elle est à la fois une mesure préventive contre les incendies qui menacent les maisons en bois, de régulation des horaires de travail et de sûreté publique3 ». Mais ce qui est radicalement différent à notre époque, c’est que le couvre-feu imposé par les pouvoirs publics est d’un genre nouveau : « ni mesure militaire, ni disposition chrétienne visant à instaurer une alternance claire entre travail et repos, il relève d’une police sanitaire déployée dans le contexte très spécifique de la pandémie de Covid-19 qui, faut-il le rappeler, reste pour l’heure la moins « faucheuse » de l’histoire de l’humanité4 ». Les politiques de santé et les mesures d’hygiène publique n’étaient certes pas inconnues au Moyen-Âge : le Roi de France Jean II le Bon avait par exemple tenté de réagir aux suites de la Peste noire en promulguant en 1352 une ordonnance établissant pour le royaume des règles sanitaires afin d’éviter une nouvelle hécatombe, comme celle interdisant aux habitants de préparer par eux -mêmes tout médicament « à cause du péril de mort et de l’empirement de la maladie, car il n’est pas vraisemblable qu’ils connaissent le remède juste ». L’existence d’une politique de l’État en matière de santé publique n’est donc pas en elle-même illégitime au regard de la poursuite du bien commun.

  Ce qui change depuis la Révolution, c’est que cette politique ne recherche plus le bien de la société mais celui de chaque individu (quitte à enfermer ceux qui sont bien portants), qu’elle est disproportionnée par rapport à la gravité de l’épidémie actuelle mais que, de plus, elle n’est pas menée en coordination avec l’Église comme par le passé mais contre elle. Au temps de Jean II le Bon, le Pape Clément VI avait lui aussi décidé d’un ensemble de mesures d’urgence : il avait fait ouvrir de nouveaux cimetières, construire des logements individuels isolés pour les pestiférés et établir un rapport quotidien sur le nombre des morts. Le Professeur d’histoire du droit Cyrille Dounot explique qu’il a toujours existé un « droit canonique de l’urgence, adaptant les règles liturgiques aux nécessités, [qui] n’est pas sans rappeler l’existence d’un droit propre aux temps d’épidémie, lors de pestes en particulier, dont s’approchent certaines dispositions étatiques actuelles5 ». La différence entre l’action de l’État et celle de l’Église est que cette dernière va pouvoir utiliser les sacrements et les prières comme remèdes aux désolations dont sont affligés les chrétiens car les prêtres et les évêques « ne sont pas moins chargés de la santé et du salut du peuple » que l’État. Et l’Église a toujours affirmé qu’en aucun cas le peuple ne pouvait être privé des sacrements, y compris si les clercs doivent les administrer au péril de leur vie. C’est malheureusement tout l’inverse aujourd’hui : la hiérarchie de l’Église n’a plus recours à son droit canonique de l’urgence et s’en remet à l’État qui, de son côté, n’a de toute façon pas l’intention de coordonner son action avec elle et préfère ramener le culte catholique à des restrictions identiques à celle d’un vulgaire commerce.

  Dans ces circonstances, les chrétiens n’ont d’autres choix que de réitérer le geste courageux d’Antigone qui défia le pouvoir de Créon pour enterrer son frère Polynice. Face aux lois illégitimes d’un État qui prétend que « la loi de la République est supérieure à la loi de Dieu6 », les catholiques doivent rappeler à nouveau que « Dieu est Roi des nations » et que « les sociétés politiques ne peuvent sans crime se conduire comme si Dieu n’existait en aucune manière, ou se passer de la religion comme étrangère et inutile7. »

Louis Lafargue

 

1 Préambule à la Constitution de l’Organisation mondiale de la Santé du 22 juillet 1946.

2 Stéphane Velut, L’hôpital, une nouvelle industrie, Collection « Tracts », Gallimard, 2020.

3 Arnaud Exbalin, Le couvre-feu permanent : une histoire longue du confinement nocturne, The Conversation.

4 Une étude récente de l’IRSAN a montré que la surmortalité liée au coronavirus en France pour l’année 2020 n’est que de 3,72% pour l’ensemble de la population.

5 Cyrille Dounot, Le droit canonique en temps d’épidémie, L’Homme Nouveau, 13 avril 2020

6 Déclaration du Ministre de l’Intérieur du 1er février 2021.

7 Léon XIII, encyclique Immortale Dei du 1er novembre 1885.