Deuxième mystère Joyeux

Fruit du Mystère : La charité

La joie remplit nos cœurs lors de la contemplation de ce mystère !
A peine Marie a-t-elle reçu la visite de l’Ange Gabriel qu’elle « s’en va en hâte » entourer sa cousine. Celle que l’on appelait stérile sera bientôt mère malgré son grand âge car rien n’est impossible à Dieu. Il faut partir pour aider, pour soutenir, pour écouter, n’est ce pas là l’une des actions produites par la charité ? Il y a aussi cette joie merveilleuse dans le cœur de Marie qui commence à chanter le Magnificat…
Vous voilà partie, Mère chérie, cheminant par les routes difficiles de ces trente lieues (environ 144 km) ; il vous a bien fallu cinq journées de marche : Esdrelon, Sichem, le puits de Jacob et sans cesse les allégresses du Magnificat montent sur vos lèvres de 15 ans ; vous connaissez parfaitement l’Ecriture Sainte et vous savez ce que tout cela signifie…
J’aime imaginer Elisabeth, rajeunie par sa maternité, bouleversée de sentir son enfant tressaillir en son sein, accourir en voyant sa jeune cousine arriver. Je l’imagine prononçant les mots que nous aimons tant : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de vos entrailles est béni ». Merci chère Sainte Elisabeth pour ces mots dont la douceur sur nos lèvres ne sera jamais épuisée !
Les voici toutes les deux… Et Marie laisse déborder le trop plein de son cœur : elle chante le plus beau chant de la joie chrétienne : Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur. Contemplons la plus grande marque de bonté de puissance et d’amour de Dieu !
Toute la joie de l’Annonciation, il faut la semer à travers le monde, il faut au besoin courir vers les hommes pour la leur dire ! La Vierge a une autre mission mais ce cœur tout pur a besoin, lui aussi, de rompre le silence et de chanter sa joie pour emplir la maison de Zacharie !
La Visitation ! Quelle grande leçon pour notre égoïsme humain, pour nos vies resserrées sur elles-mêmes où nous nous enfermons, toutes absorbées dans notre propre moi, engluées dans nos joies, murées dans nos soucis au lieu de nous ouvrir en pensant aux peines de nos frères.
En vous regardant, ô Marie, courir sur les routes, enflammée par votre bonté joyeuse, je veux faire mon examen de conscience… Est-ce que pour moi, les autres existent vraiment ? Est-ce que je ne me considère pas comme le centre du monde ? Je m’enferme dans ma maison avec mes tendresses personnelles… j’oublie si souvent les autres, ceux que je n’appelle pas mes amis et qui sont pourtant « mes frères ». N’ai-je pas moi aussi une vieille cousine, une voisine (qui n’habite pas à 140 km…), quelqu’un qui attend de moi un regard de bonté ?
O Marie, apprenez moi à sortir de moi-même et de ma propre vie pour regarder dans la direction de mes frères, pour voir la vieille femme solitaire que je croise dans la rue, la petite fille si seule et qui retient une larme, le vieux monsieur croisé à la messe et qui avait l’air si mal en point, le jeune à l’air un peu perdu avec ses écouteurs sur les oreilles mais qui cherchait un regard bienveillant, toutes et tous, mes frères et sœurs que la vie m’a donnés pour compagnons de route.
Et ceux là ont besoin de moi. Ils m’attendent, ils m’appellent de ces appels muets que la vie jette dans le silence… Si je reste lointaine, comme absente, quelque chose leur manquera toujours, il manquera un rouage, petit mais essentiel dans le plan que Dieu avait prévu de toute éternité. « Portez les fardeaux les uns des autres » nous dit Saint Paul… D’autres diront que cela ne nous regarde pas… mais où commence ce qui ne nous regarde pas quand on fait la volonté de Dieu ? Est-ce que cela vous regardait vraiment Marie s’il restait ou non du vin dans les jarres aux noces de Cana ? O divine charité qui pense à tout, même aux plus petites choses ! Vous n’êtes pas seulement allée chez Sainte Elisabeth pour chanter le Magnificat mais vous y êtes restée trois mois pour soulager l’attente de votre cousine âgée. O Marie qui avez si souvent travaillé sans bruit pour le prochain, obtenez moi la grâce de dire avec la ferveur de Jacques Rivière : « Je veux servir, je veux être bon à quelque chose !… », n’attendons pas pour cela les grandes occasions : chaque jour Dieu nous donne une mission, même seule dans notre maison : paix, joie, rosaire égrené au fil de la journée pour les uns et pour les autres… Car c’est de mon cœur surtout que les autres ont besoin. Le monde manquant d’amour est devenu si triste ! Tant de choses auraient pu changer si l’égoïsme n’avait pas régné !
O Marie, qui avez tant aimé les hommes puisque vous étiez remplie de l’amour de Dieu, aidez-moi à donner mon cœur ! Faites que quand les épreuves m’accablent, je les trouve moins lourdes en ouvrant mon cœur aux douleurs des autres. Faites que quand la joie me soulève j’ai le besoin le plus ardent encore de la partager avec les autres, et si mon nid est préservé aidez-moi à donner aux autres la joie de Dieu ! C’est Lui la joie du monde. Il faut d’abord que Jésus vive en moi par sa grâce mais il ne faut pas que je me referme sur mon trésor !

O Marie, Mère du grand amour, Reine des apôtres faites fructifier en moi la vie de la grâce pour que tout en moi rayonne la joie de Dieu ! Je ne suis pas grand-chose, moi, dans ma simple maison au milieu de ma vie monotone quotidienne, avec les soucis de chaque jour : faire les courses, le ménage, élever mes enfants, petits ou grands, mais partout où je vais il faudrait que ceux qui me croisent sentent la paix et la joie de Dieu !
Aidez-moi à « me lever et partir à la hâte » au devant des petites tâches de l’amour chrétien, au milieu de mon devoir quotidien en chantant avec vous le Magnificat pour toutes les grâces que j’ai reçues !

D’après Paula Hoesl

Eveil à la nature

Le printemps est arrivé, et nos jeunes citadins n’observent que de très loin les métamorphoses quotidiennes de la nature. C’est vrai que les arbres sont loin, les pelouses parfaitement tondues et les fleurs des massifs déjà épanouies avant d’être repiquées.

Comment s’émerveiller des dons du Bon Dieu si l’on ne les voit pas ?

Vous pouvez toujours faire une sortie au jardin public en montrant les différentes étapes de maturité des arbres, des tulipes ou des roses, mais le meilleur moyen est de faire jardiner vos enfants eux-mêmes, les mains dans la terre de leur parcelle de jardinet, si vous avez la chance d’en avoir un. Sarcler, bêcher, arroser avec constance jusqu’à ce que leurs efforts fructifient, leur apprendra la patience et la science de la nature.

Si ce n’est pas le cas et que vous vivez dans un appartement, je vous conseille d’investir dans quelques balconnières que vous garderez d’une année sur l’autre, et qui leur permettront tout aussi bien de faire leurs expériences de semis de laitues pour les uns, de plantes aromatiques pour les autres, de fleurs, plants de tomates ou arbustes à transplanter ou bouturer, si vous avez de la place sur une terrasse. Pour les fleurs à bulbe (narcisses, crocus, jonquilles, tulipes), il faudra que vous prévoyiez de les approvisionner et de les planter à l’automne prochain.

Ce qui lève rapidement et donne des résultats encourageants et si agréables à croquer, ce sont les radis. C’est bien meilleur quand on les a soi-même surveillés et arrosés régulièrement. De même, les lentilles germent rapidement, ainsi que le blé dont on peut consommer les germes pour agrémenter les salades.

Vous trouverez toutes les fournitures en grande surface ou jardinerie, ou directement à la campagne, chez des amis ou grands-parents jardiniers qui vous confieront avec plaisir le surplus de leurs semis ou quelques pieds de fraisiers.

Au prochain long trajet en voiture, n’hésitez pas à faire rechercher par vos enfants le nom des différentes cultures rencontrées et à susciter l’envie de remercier le Bon Dieu pour l’infinie variété des beautés et couleurs de la nature !

La complémentarité

Chers grands-parents,

            Nous avons vu il y a deux mois le rôle essentiel des grands-parents dans la transmission de l’héritage culturel et familial. Cette transmission est essentielle mais doit être complétée par une contribution plus directe à l’éducation en tant que telle.

Dans ce domaine, leur rôle est particulièrement délicat et doit se tenir entre deux excès également nuisibles et épuisants. Les grands-parents absents de l’éducation, considérant que leur rôle est achevé et que, pour leurs petits-enfants, ils n’ont qu’à se taire et à tout supporter. A contrario ceux qui ne supportant pas la moindre imperfection, se croient obligés de tout contrôler et de tout corriger, y-compris à la place des parents.

C’est dans une complémentarité bien ordonnée que le rôle de chacun pourra être défini. Ce sont les parents qui éduquent. Ce sont eux qui ont reçu de Dieu les grâces d’état propres qui leur permettront d’avoir le discernement et l’énergie au quotidien pour conduire avec équilibre l’éducation de leurs enfants. Le rôle des grands-parents viendra donc « en complément » et ne pourra en aucun cas contrecarrer celui des parents. En revanche, les grands-parents possèdent de réels atouts dans l’expérience, et le recul que leur donne le caractère épisodique de leurs rencontres avec leurs petits-enfants.

Ces deux positions propres aux parents et aux grands-parents les destinent tout naturellement à jouer des rôles complémentaires vis à vis des enfants. Alors que les parents qui ont pour charge, l’éducation dans tous les domaines qu’elle recouvre, se trouvent souvent débordés par la conduite du quotidien avec toutes ses difficultés et imperfections, les grands-parents pourront se concentrer essentiellement sur les grandes orientations.

Face à des parents de bonne volonté, le rôle des grands-parents sera souvent de les rassurer sur leurs capacités à éduquer leurs petits en leur rappelant que le résultat de l’éducation n’est pas toujours immédiat ni exempt d’inquiétudes et qu’ils ont rencontré les mêmes difficultés, connu les mêmes appréhensions… pour un bilan finalement pas si mal !

Le cas peut être beaucoup plus délicat quand les grands-parents doivent intervenir face à des faiblesses évidentes ou même de mauvais principes d’éducation… surtout si cette faiblesse vient de la pièce rapportée… la première règle sera probablement celle de la prudence. En dehors des interventions quotidiennes normales pour conserver l’harmonie familiale (respect des horaires de repas, de la tenue, de la politesse), le grand-parent fera toujours bien de prier le Saint-Esprit avant d’intervenir et souvent même de se taire ! La correction pourra alors se faire d’une manière plus générale au cours d’une conversation, en dehors du « moment de crise », parfois de manière indirecte, mais toujours avec discrétion !

Cette description du rôle des grands-parents peut sembler ne leur laisser qu’un rôle bien ténu caractérisé d’abord par la discrétion. Certains iront même jusqu’à penser qu’ils ne sont pas concernés par l’éducation de leurs petits-enfants ! Quelle erreur ! Comme approbateur et amplificateur de la mission des parents, ce rôle est souvent décisif !

N’oublions pas notre atout principal dans l’aide que nous pourrons apporter à nos enfants pour l’éducation qu’ils ont à conduire : la prière ! Si nos âges ou l’éloignement ne nous permettent plus d’être aussi présents, prions chaque jour pour nos enfants et pour chacun de nos petits-enfants.

Prions saint Joseph, patron des pères de famille et sainte Anne, patronne des grands-mères de nous éclairer dans notre rôle délicat et plein de renoncements. Bon courage à tous !

Des grands-parents

Les devoirs du soir

En réfléchissant à mon prochain article, je suis tombée sur ces lignes qui vous plairont sûrement autant qu’à moi qui les avais précieusement mises de côté dans mes petits trésors à conserver…Ne me demandez pas d’où elles proviennent, ni qui les a écrites, je ne m’en souviens vraiment plus… la vieillesse, certainement ! S’il se trouvait que leur auteur venait à les trouver ici, qu’il soit vivement remercié pour leur justesse et équilibre, preuve d’une riche expérience !

                                               S de Lédinghen

 1 Un bon niveau…et du travail

 De bonnes écoles primaires vraiment catholiques hors contrat, soucieuses de répondre aux demandes des parents, dispensent un enseignement basé sur des programmes classiques. Elles donnent une formation adéquate en vue du passage en écoles secondaires qui attendent ces niveaux-là de leurs nouveaux élèves pour poursuivre leur formation au collège, puis au lycée. Les taux de réussite exceptionnels au Brevet et au Bac, la facilité avec laquelle ces élèves poursuivent leurs études supérieures, témoignent de la qualité de l’enseignement dispensé dans ces écoles tout au long de la scolarité.

Mais « qui dit qualité, dit exigence », c’est normal. L’enfant ne pourra pas acquérir un bon niveau sans un travail personnel assidu tant en classe qu’à la maison. Partout, les difficultés de plus en plus marquées dans l’apprentissage des connaissances (manque d’attention, de concentration et de  mémorisation des notions), difficultés souvent liées à l’usage fréquent de la télévision, des jeux électroniques…ont contraint bien des établissements à diminuer la quantité de travail et donc à baisser les niveaux d’exigence.

  1. Le travail…esprit du monde, esprit chrétien.

 Les familles et les écoles ont cependant à lutter contre l’influence du monde moderne hédoniste, ce que l’on appelle la «civilisation des loisirs». Autrefois, dans une vision chrétienne de la vie, le travail était à l’honneur : la vie sociale s’organisait autour des métiers avec les corporations ; la parabole des talents rappelait à chacun ce devoir primordial de «gagner sa vie à la sueur de son front», de «cultiver son jardin» sous le soleil de la grâce, pour mériter le Ciel.

Aujourd’hui, dans l’esprit de nos contemporains, le travail est un moyen, «un mauvais moment à passer»,  souvent une «corvée» pour se procurer, avec le pain de chaque jour, la jouissance des loisirs, des vacances. On travaille pour les loisirs et ceux-ci sont devenus envahissants et chronophages par leur multiplicité et leur complexité : bandes dessinées, jeux vidéo en libre-service à la maison, week-end très chargés en activités diverses et fatigantes, et couchers souvent tardifs. Or il est impossible de concilier «super-loisirs» et «super travail» ; le travail scolaire comme le travail professionnel avec ses contraintes demandent un rythme de vie régulier, ordonné où le repos et une détente équilibrée favorisent le renouvellement des forces. « Dès que l’enfant commence à penser, il faut que le travail lui paraisse comme une belle chose. Puisse-t-il voir et sentir qu’à la maison, on ne le traite jamais en ennemi, en trouble-fête ; on ne le sacrifie pas au plaisir parce qu’il est nécessaire à la grandeur de la vie, à la noblesse de l’âme. Rien n’est plus vil que de ne rien faire ou de faire des riens. Le travail grandit l’homme, nous l’aimons, le vénérons comme une chose sainte : il est source de la prospérité et du vrai bonheur parce qu’il porte en lui sa propre récompense : la sainteté du devoir accompli. » (P Charmot, Esquisse d’une pédagogie familiale) Faire aimer le travail, travail de l’esprit, travail des bras, c’est une des grandes tâches des éducateurs. Partageons avec nos enfants la joie d’une belle page écrite, d’un devoir réussi, d’une poésie bien apprise, bien récitée. Soutenons l’enfant dans ses efforts pour vaincre les difficultés ; éveillons les énergies, les richesses mises en lui par la grâce, pour le stimuler, l’encourager dans son travail !

  1. Le rôle du travail à la maison

 Le but de ce travail est principalement de mémoriser les notions étudiées en classe dans la journée ; après la coupure du trajet et du retour à la maison, l’enfant «repasse» ses leçons, ses tables, accompagnées parfois d’un exercice écrit d’application. De plus, pour certaines matières scolaires qui exigent des exercices répétitifs journaliers, l’école s’appuie sur la famille : ainsi pour les pages de lecture, les exercices de dictée, les opérations. Le travail varie selon les classes : en CP, et en CE, les leçons sont déjà «rabâchées» et quasiment sues en sortant de classe. La mémorisation doit se faire aisément parce que les éléments ont déjà été mis en place dans l’intelligence et la mémoire avec rigueur. En CE2 et surtout en CM1, les leçons plus longues ne sont pas apprises en classe, mais les élèves, rompus aux exercices de mémoire, devraient les assimiler très vite. Par contre, dans ces classes, un exercice plus ardu de vocabulaire ou de raisonnement est parfois demandé aux élèves le soir.

Voici les temps de travail prévus par les établissements sérieux en primaire :

15 min en CP, 15 à 30 min en CE1, 30 à 45 min en CE2, 45 à 60 min en CM. Dans les pensionnats primaires, les élèves terminent leur travail en une heure d’étude. Si les enfants dépassent trop largement ces durées préconisées, il y a bien lieu de revoir soit la quantité de travail demandé, soit la façon de travailler de l’enfant : celui-ci a peut-être tendance à la nonchalance ou à la rêverie ; ou bien il a de mauvaises méthodes de travail. Les capacités personnelles d’acquisition de chaque enfant infèrent aussi sur ce temps de travail. Les parents devraient signaler  à l’institutrice si l’enfant passe systématiquement beaucoup trop de temps sur son travail car il y a un risque de fatigue, d’usure nerveuse, de découragement. Deux excès sont à éviter de la part des parents : juger les devoirs inutiles ou trop lourds ; exiger toujours plus et ajouter quantité d’exercices… Avant le travail, un bon quart d’heure de détente est nécessaire pour l’équilibre nerveux en arrivant à la maison, surtout après un long trajet. Après le travail, une vie équilibrée, une bonne détente, des occupations matérielles sont nécessaires : le R.P. Charmot fait remarquer que les enfants réfléchis et rêveurs ont besoin d’appliquer leur intelligence à des travaux matériels pour garder leur équilibre ; c’est alors le moment d’aider Papa dans les activités de bricolage, ou Maman dans ses innombrables activités domestiques. Les plus petits ont besoin de jouer plus longtemps que les grands : après un temps de détente adapté à leur âge, il est normal que les enfants aident à la marche générale de la maison par de petites responsabilités : ce cadre robuste donnera la santé, l’équilibre nerveux et les saines habitudes de l’esprit et de la volonté.

                                     SL

A SUIVRE……

Dans le prochain numéro : un cadre et des méthodes de travail ; manières de procéder.

L’apprentissage de la pudeur

La pudeur est une vertu ignorée ou déformée aujourd’hui. On l’assimile trop souvent à la pudibonderie, au mépris de son propre corps, ou au reflet d’un esprit étroit ! Or la pudeur exalte et respecte le corps, qui n’est rien d’autre que l’enveloppe de l’âme et le temple du Saint-Esprit. L’être humain est tout simplement appelé à la dignité d’enfant de Dieu.

Comment initier nos enfants à la pudeur ?

La pudeur se nourrit de la pureté ; tout l’ensemble de l’éducation de nos tout-petits doit être dirigée vers la pureté du cœur. De très bonne heure cela commence par un état d’esprit d’indéfectible attachement à Dieu, et ceci dans les moindres détails de notre vie. Habituons nos jeunes enfants à vivre en présence de Dieu, c’est cette présence qui les soutiendra dans leurs efforts pour bien faire toute chose. Dieu voit tout ! Ces habitudes, prises dès la petite enfance, formeront le soubassement de la formation à la pureté. En outre il n’y a pas de pureté sans maîtrise de soi : «ou l’homme commande à ses passions et obtient la paix, ou il se laisse asservir par elles, et devient malheureux.» Cela veut dire que nous devons donner à nos enfants le sens de l’effort et du sacrifice, le goût de la mortification personnelle.

Quelques exemples concrets :

֎        dans la fermeté des gestes et de la tenue, la politesse, la courtoisie, le langage… Attention au laisser-aller dans la manière de se tenir (la démarche, ne pas se vautrer sur le canapé). Les petites (et jeunes) filles seront attentives à s’asseoir les genoux serrés et éviteront de se mettre « en tailleur » surtout si elles sont en jupe… (Lorsqu’elles sont en chemise de nuit, mieux vaut leur mettre un sous-vêtement).

֎ savoir supporter le chaud, le froid sans se lamenter ou rechercher de confort. Eviter la mollesse ou de se plaindre lorsque l’on a mal…

֎ lutter contre la gourmandise : ne pas toujours prendre ce qu’il y a de meilleur, ne pas manger entre les repas, et même manger ce que l’on n’aime pas sans rien dire. Savoir se priver.

֎ le courage au travail… Aller jusqu’au bout dans un effort physique comme lors d’un pèlerinage ou dans le jardinage…travailler la persévérance.

Pour conserver la pureté, nous disposons de moyens naturels et surnaturels.

Moyens naturels

  1. Eviter l’oisiveté : veiller à ce que les enfants soient toujours occupés (travail, jeu, lecture, bricolage…) N’hésitons pas à jouer avec eux depuis les châteaux de sable jusqu’au jeu d’échec en fonction des âges ! Partager leurs jeux et leurs activités est un «don de soi», c’est le meilleur cadeau que vous puissiez faire à vos enfants et dont ils garderont les meilleurs souvenirs !
  2. Vigilance et fuite des « occasions à risque », mauvais livres ou revues, films douteux, mauvaises fréquentations ou conversations… (« Je fuis pour ne pas être vaincu » disait St Jérôme). Nous ne pouvons pas être toujours avec les enfants, mais il nous appartient d’aller de temps en temps vérifier leurs activités, ce qui se fait, ce qui se dit… Il est impératif de baigner séparément les garçons et les filles, surtout à partir de 2 ou 3 ans. Habituons-les à ne pas sortir nus de la salle de bain…on aura prévu le pyjama avant le bain.
  3. Le Vêtement est destiné à couvrir ce qui doit être couvert. Une personne devient indécente quand elle expose des parties de son corps qui doivent normalement rester cachées. L’impudique fait violence à son prochain en provoquant en lui le scandale ou l’excitation des sens… Les « raccourcissements» et «moulages » actuels sont inconciliables avec la simple dignité humaine et, plus encore, avec notre dignité de baptisés. C’est ainsi que le vêtement témoigne de notre respect du corps. Il doit être sobre et simple, ce qui n’exclut pas son bon goût ni son élégance ! Les personnes impudiques peuvent difficilement réclamer des autres un regard digne sur elles–mêmes. «  Le corps n’est pas étranger à l’âme. Voilà pourquoi, en Mère attentive, l’Eglise nous enseigne que la pudeur est la prudence de la chasteté. » (Pie XII)

Ne nous contentons cependant pas d’une apparence décente, qui, comme chacun sait, peut être trompeuse… La véritable pudeur puise ses fondements dans la pureté intérieure, et la garde du cœur…et de la vue.

Moyens surnaturels

  1. La prière et les sacrements.
  • La prière régulière, personnelle ou en famille, est une aide puissante dans toutes les circonstances. Tout particulièrement dans le combat de la pureté.
  • La prière des parents pour leurs enfants, petits et grands…Confions-les à leurs anges gardiens, à leur bonne Mère du Ciel.
  • La prière de l’enfant lui-même. Soutenons-le afin qu’il y soit fidèle. Qu’il fasse chaque soir et chaque matin la pratique des 3 « je vous salue… »[1] pour rester pur.
  1. Notre exemple…est plus important que tous nos discours.

Pensons à tout ce qui pourrait heurter les yeux, la sensibilité toute neuve de nos enfants… N’hésitons pas à proscrire certaines revues, catalogues. Ayons grand soin des films que nous les laissons regarder. Mieux, regardons-les avec eux pour commenter ensuite ce qui  aura été vu, et ainsi former leur jugement. Quant à la télévision, vous conviendrez avec moi qu’elle n’a pas sa place dans nos foyers. Ayons également un contrôle sévère de l’usage des portables et ordinateurs… nous aurons l’occasion d’en reparler.

Que penser de cette pratique, de plus en plus répandue, qui consiste à se montrer nu à ses enfants, à prendre son bain ensemble, etc… ? La pudeur est un voile posé sur l’intimité conjugale. Cette intimité est sacrée par le mariage et ne concerne en rien nos enfants. Ceux-ci ont besoin d’être respectés comme personnes indépendantes de leurs parents : ils n’ont pas à être projetés dans l’intimité de leurs parents. Cette tendance actuelle au « naturisme familial » est issue en droite ligne  du naturalisme, selon lequel la nature serait bonne en elle-même, sans tenir compte des déviations dues au péché originel…

L’éducation de la pudeur serait aisée, ou presque, si l’enfant pouvait être maintenu à l’abri des dangers, malheureusement ce n’est pas possible, ni souhaitable.

« Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du mal » (Jn 17,15)

C’est donc un combat qu’il nous faut mener, ne perdant jamais de vue que le but de notre existence est de louer Dieu pour l’éternité. Que vos enfants soient forts de vos enseignements ! S’il y a une vilaine affiche, détournons ensemble le regard ; si des gens se tiennent mal, regardons plutôt ce bébé ou cet oiseau…Cela deviendra peu à peu un réflexe et une vraie force. Ne laissons pas entrer de choses laides dans le cœur de nos enfants par les yeux, les conversations, les gestes. Apprenons-leur à fuir le mal, à venir nous trouver s’ils se posent des questions. Et répondons-leur en quelques mots, avec simplicité et douceur.

C’est ainsi que les parents devraient enseigner la pudeur à leurs enfants

Sophie de Ledinghen

[1] Pratique révélée par Notre-Dame à Sainte Mechtilde.