Aimer

Aimer

 L’autre jour, tu m’as demandé comment aimer.

Comme toutes les jeunes filles, ton cœur a soif d’aimer et d’être aimée, en vérité.

Car c’est le secret de la vie, son moteur, ce qui lui donne sa saveur.

C’est aussi, ce qui porte vie, pas d’amour vrai sans vie et pas de vraie vie sans amour.

L’autre jour, tu m’as demandé comment aimer.

L’amour est l’acte fondateur de la Création, purement gratuit

Portant en lui quelque chose de fou et d’inutile à la fois puisque Dieu se suffit à Lui-même.

Mais pourtant Il se donne et se répand à profusion par pur amour,

Dans les êtres, jusqu’à la fin des temps.

Car tel est Son plaisir, par pure joie de donner.

L’autre jour, tu m’as demandé comment aimer.

Aimer comme Dieu aime, c’est se donner, se renoncer pour l’autre,

Se sacrifier car le sacrifice est la mesure de l’amour.

C’est vibrer à ses peines et ses joies, le laisser prendre place, devinant son besoin

Pour entrer dans une autre pensée, tout en étant soi-même,

Sans l’amoindrir ni s’amoindrir soi-même.

L’autre jour, tu m’as demandé comment aimer.

Aimer est le plus grand élan qui soit, celui qui fait les saints, s’il est pour Dieu

Ou les damnés s’il n’est que pour soi…

Car tu peux croire aimer mais te rechercher toi-même

Te griser de mots ou de sentiments mais sans volonté.

Car aimer… c’est vouloir aimer et savoir pardonner

Dans la joie comme dans la peine, dans les jours sombres ou lumineux

Jusqu’à l’oubli de soi, dans cette lente ascension vers le Bien.

L’autre jour, tu m’as demandé comment aimer.

Aimer c’est aussi l’acceptation toute simple de ses limites

Pour se laisser conduire et corriger, et donc savoir recevoir.

C’est avoir un cœur rayonnant et qui même à deux,

Ne se replie pas sur son bonheur

Mais veut y inclure qui souffre au bord du chemin.

Confie-toi à Notre Dame, elle qui a su si bien mieux aimer et…

 Va, tu sauras aimer.

 Jeanne de Thuringe

 

Vivement les vacances

Assis sur un banc aux premiers jours de printemps, les yeux perdus dans le grand ciel bleu, je laisse les premiers rayons de soleil me chatouiller le visage, mon imagination s’envole et les vacances d’été surgissent dans ma pensée…

Je m’y retrouve, en plein après-midi, sous le grand soleil, en train d’escalader la paroi rocheuse des Drus : tout en bas dans la vallée, Chamonix, et, 20 mètres en dessous, sous le ressaut, Paul mon compagnon de cordée.

La vue est ouverte, le spectacle grandiose mais la course ardue. Paul qui ouvrait la voie jusqu’ici m’a laissé en tête ; cela ne lui ressemble pas, mais la fatigue des dernières semaines, le long hiver dans les bureaux parisiens et le manque d’entraînement ont eu raison de sa ténacité naturelle. C’est donc à moi de prendre la tête. Au-dessus un gros surplomb reste à franchir, les prises sont petites et glissantes mais il faut passer car il n’y a pas de possibilité de faire demi-tour et le jour commence déjà à décliner.

Allez, je me lance, une traction, un coup de rein, je ramène les pieds, une deuxième traction et un dernier rétablissement dans une tension de tout mon être vers l‘objectif et me voilà sur la vire accueillante. Un peu plus et nous étions bloqués. Seul l’exercice journalier et l’endurance m’auront permis de nous sortir de ce mauvais pas.

Il en est de même dans la vie et principalement en ce qui concerne le don et la générosité : on ne devient pas généreux et prêt au sacrifice d’un seul coup ! Seuls l’entraînement, l’habitude et la grâce nous permettrons de l’accepter le jour où le Bon Dieu nous le demandera. Et cet entraînement il faut le pratiquer avant qu’il ne soit trop tard. Scoutisme, MJCF, activités paroissiales, et autres associations sont de bons moyens de nous mettre en condition. Ils nous permettront de savoir nous donner le jour où père de famille ou prêtre il faudra nous oublier complètement pour, d’un ultime coup de rein, atteindre la vire abrupte et ramener à nous toute la cordée en péril !

Alors, maintenant qu’il est encore temps de planifier tes vacances cher ami, n’oublie pas d’y inclure une ou deux semaines de dons ou d’activités pour le bien commun. Parmi les activités qui s’offrent à toi, il y en a une particulière qui permet de recevoir et de se remplir en vue de mieux donner, c’est le : « Camp de cadres ». Il te permettra de t’habituer au dépassement de soi et te donnera des conseils et habitudes très utiles au quotidien dans ta vie de chef et responsable catholique, que ce soit aujourd’hui comme chef scout, chef d’équipe ou autre, ou demain comme chef de famille ou cadre en entreprise. Car « ce n’est que après avoir rempli les lieux les plus cachés et les plus hauts, que la source se répand avec violence sur la terre (…) Dieu remplit d’abord l’intérieur, puis se répandant et débordant ensuite, il a visité la terre par sa bonté infinie ; il l’a enivrée, pour ainsi dire, de ses grâces, et l’a enrichie et rendue féconde en toutes sortes de biens. Vous donc faites aussi de même. Soyez plein avant de vous répandre ! »[i]

Alors, au « Camp de cadres[ii] » ou ailleurs fonce, reçois pour donner, et donne en retour, tu recevras toujours plus !

Un nuage passe et le rêve s’achève, les vacances ne sont pas encore là ! Courage encore quelques mois d’efforts et de dons, la lumière est au bout du chemin !

                                                           Charles

[1] Saint Bernard-SERMON 18. Des deux opérations du Saint-Esprit, dont l’une s’appelle effusion et l’autre infusion.

Prochain Camp de cadres du 15 au 30 juillet 2017.
Renseignements sur : campdecadres.com

Quantité ou Qualité

Chère Bertille,

            N’est-il pas de bon ton de nos jours de se vanter d’avoir, grâce aux fameux Réseaux Sociaux tels Facebook, Instagram, tweeter ou je ne sais quel autre compte, des centaines d’amis ?Pourtant, paradoxalement, nos contemporains avouent qu’ils souffrent de plus en plus de solitude.

L’homme n’est pas cependant un loup solitaire. Il est un animal raisonnable et sociable qui a besoin des autres pour avancer le long de la route dans son pèlerinage qui le conduit aux portes de l’éternité. Ne peut-on pas comparer la vie à une course de montagne ? On s’y élance de bon matin pour en conquérir le sommet en empruntant souvent des chemins pentus.

A l’aube de la vie, le chemin est rendu facile grâce au nid familial. L’enfant est entouré de ses parents qui l’aident à grandir et lui apprennent à marcher. Cet apprentissage essentiel se fait dans une atmosphère de douceur et de paix nécessaire au plein épanouissement de l’âme de l´enfant. Mais plus le temps passe cependant et plus les aléas de la vie rendent le chemin escarpé et rude.

Dans cette période cruciale de la vie, les amis prennent toujours plus d’importance pour nous aider à continuer à monter.

Mais qui est l’ami ?

Est-ce celui que tu ajoutes à une liste virtuelle ou qui, toujours à travers ce monde virtuel, te raconte le petit détail de sa vie quotidienne qui ne présente pas grand intérêt, sinon celui d’entretenir sa pathologie nombrilisme ? Est-ce celui qui t’invite à te retrouver dans une fête mondaine entre mille et un « amis” et d’augmenter ainsi le nombre de tes connaissances car cela pose son monde d’avoir un médecin, un architecte, ou un ingénieur dans son carnet d’adresses ?  Est-ce celui qui se sert de toi pour son seul avantage ?  Est-ce celui surtout qui, lorsque la réalité vient frapper à ta porte, s’évanouit dans la nature et disparaît complètement du paysage ? Tu fais alors l’expérience d’une grande solitude…

Non, l’ami n’est pas ce falot aux multiples visages qui ne sait que se rechercher et ne se tourne vers toi que pour sa propre utilité.

Dans le chemin de la vie, l’ami est celui qui te soutient dans ta marche. C’est le bâton indispensable sur lequel tu te reposes.

tu tombes, il te relève ; si tu te blesses, il t’apporte réconfort et force ; si tu succombes à la tentation de rebrousser chemin, il t’oblige à avancer ; si tu t’égares trompée par les passions, il n’hésite pas à te corriger pour te remettre sur le chemin. Aussi n’hésites-tu jamais à lui demander conseil, il connaît si bien tes qualités et tes défauts qu’il saura te conseiller avec doigté.

Au-delà des vicissitudes du moment, il est celui en effet qui toujours t’indique la route à suivre coûte que coûte. Ainsi lorsque s’élève le chemin et que ton souffle se fait plus court lors d’ascensions soudaines et abruptes, l’ami est là, vigilant et encourageant.

Tu peux te permettre de le déranger à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, comme l’Evangile t’invite à le faire d’ailleurs. Il t’accueillera toujours avec affection et prendra le temps de t’écouter avec soin.

L’ami, c’est celui qui parle à ton âme. Aussi la lui ouvres-tu avec bonheur.

Sais-tu que des latinistes font venir le mot latin amicitia, qui signifie amitié en français, de deux mots latins animus et custos qui signifient, eux, âme et gardien ? Laissons à d’autres plus doués que nous de juger de la justesse du raisonnement de ces philologues, il n’en reste pas moins vrai que l’ami est bien ce gardien de l’âme. L’amitié n’est rien d’autre qu’un échange d’âmes qui doit être reçu et vécu comme une grâce extrêmement rare qui remplit l’âme de reconnaissance, de joie et de sérénité.

Qui dit amitié, dit fidélité, invitation à l’oubli de soi et au don de soi. L’ami est en effet celui qui est capable de donner sa vie pour l’autre.

A ce titre, Notre Seigneur n’est-il pas l’Ami parfait qui donne sa vie pour nous sauver et qui tout, au long de notre vie, se rend présent et frappe à la porte de notre cœur pour nous indiquer la marche à suivre ? La vie de la grâce est-elle autre chose qu’une amitié avec Dieu ?

Dans le monde actuel où le virtuel a remplacé le réel, où la quantité a pris le pas sur la qualité, l’amitié est une perle extrêmement rare.

Tu l’auras saisi : l’amitié est du domaine du sacré. La prolifération commerciale de soi-disantes amitiés utilitaires qui font florès sur les Réseaux Sociaux la ravale et la profane en favorisant des échanges superficiels comme seul peut en produire le virtuel qui injurie le réel.

Existe-t-il encore de vrais amis ? Nous vivons à l’ère des copains, à celle de camarades avec qui on profite de la vie.

Nous sommes passés du temps de l’amitié à celui du profit, de l’époque des nobles échanges d’âmes à la jouissance et au plaisir de posséder. L’avoir a pris le pas sur l’être et seul compte désormais le nombre au mépris de la grandeur et de la beauté de l’union des âmes dans leur recherche commune du Vrai.

Revenons au temps de nos Pères et à leur sagesse, tissons avec soin et délicatesse ces liens humains qui permettent à l’amitié d’éclore dans les âmes avides d’aimer et d’être aimées.

Sois cette amie pour tous, peut-être trouveras-tu un jour l’âme sœur. Du moins au crépuscule de ta vie seras-tu prête à Le rencontrer.

AZILIZ

 

Dictons – Citations

Les Saints de Glace : Saint Mamert, Saint Pancrace, Saint Servais

11 mai : Attention, le premier des saints de glace, souvent tu en gardes la trace.

12 mai : Les trois saints, Pancrace, Mamert et Servais, sont bien nommés les saints de glace, Mamert, Servais et Pancrace.

13 mai : Avant Saint-Servais, point d’été, après Saint-Servais, plus de gelée.

Hirondelle aux champs amène joie et printemps.

                                                                                                           Dans une fleur, il y a presque toutes les fleurs. Dans la moindre promenade à la campagne, c’est la nature toute entière qu’on rencontre et tous les sentiers dans l’herbe sont les chemins du Paradis. Rodin

La présence du Père

Les enfants discutent un lundi dans la cour de récréation :

  • Mon papa est génial, on a fait plein de choses avec lui ce week-end. Il a aidé maman et il nous a raconté des histoires !
  • Le mien, il était en week-end avec des copains, il dit qu’il a besoin de se détendre…
  • Papa, à la maison, il fait de l’ordinateur… souvent maman crie pour qu’il vienne dîner et on commence sans lui. Il dit qu’il a beaucoup de travail, mais j’ai vu, il fait aussi des jeux…
  • Le mien, il est tout le temps à la maison, mais on ne fait jamais rien. Il dit qu’il est fatigué et qu’on doit se reposer le week-end.
  • Nous, quand il fait des courses, ou qu’il va à des manifestations, il emmène toujours un petit ou un grand. C’est bien d’être avec lui et de voir comment il fait.
  • Quand je demande à papa de venir jouer avec nous, il n’a jamais le temps, il dit toujours plus tard…et c’est jamais…tu crois qu’il m’aime ?

Le rôle affectif du père

La présence du père est essentielle dans la famille comme signe de son amour et elle est indispensable pour lui permettre de remplir son rôle.

Il est l’image à travers laquelle les enfants découvrent leur Père du ciel. Le Bon Dieu sera-t-Il perçu comme présent,  aimant, ou lointain ?

L’équilibre psychologique et affectif des enfants, des adultes, et leur comportement, sera affecté par la présence et l’amour du père.

L’unité de la famille et l’amour dans le ménage  ont besoin de la présence de chacun envers l’autre, manifestation naturelle de leur amour.

Un enfant doit se sentir aimé et soutenu pour prendre confiance en lui et s’épanouir.

L’équilibre entre vie professionnelle et familiale

L’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale peut être difficile, mais il importe qu’une exception temporairement nécessaire ne se transforme pas en habitude…

  • Je dois regarder mes mails le week-end … sinon je suis trop stressé le lundi matin…
  • organisons plutôt un temps approprié le lundi et maîtrisons notre stress ! Nos interlocuteurs et patrons, comprendront vite qu’il ne sert à rien de nous écrire le week-end !
  • Une procession, conférence, manifestation, université d’été: pas pour moi… il faut que je reste avec ma famille.
  • Le père de famille doit jouer son rôle dans la société civile et religieuse. Alternons avec la maman si besoin, et emmenons nos petits ou nos grands. A 12 ou 15 ans, c’est formateur de participer à un chapelet public ou à une manifestation avec son père.
  • Mon épouse aimerait que j’emmène un enfant faire des courses ou bricoler, mais ils me ralentissent !…
  • Même si vous avancez moins vite, pensez plutôt qu’ils seront contents, qu’ils apprendront quelque chose et que vous aurez l’occasion d’un échange personnel.

« Si les nécessités de la vie vous séparent malgré vous de vos enfants au cours de la semaine, souvenez-vous que le dimanche est le jour de Dieu et de la famille réunie sous son regard. Qu’en ce jour au moins vos cœurs s’unissent pour l’édification de vos enfants. Vous trouverez dans cette union les plus douces joies dans le présent et les plus riches espérances pour l’avenir » (Mgr Rouard, in « La Famille Catholique »-M. l’abbé Troadec)

Une présence indispensable

Le papa passe beaucoup moins de temps avec ses enfants que la maman. Ceci est moins vrai évidemment quand la maman travaille…Mais d’une manière générale, la mère est plus souvent auprès des enfants.

Le père connaît des journées fatigantes et difficiles : toujours en action physique ou intellectuelle, il n’a qu’une heure de repos au moment du déjeuner. Quand il rentre le soir à la maison, son souhait de connaître le repos et le silence est bien compréhensible.

Or, quand les enfants sont jeunes, ce n’est pas toujours le cas : une fois la porte ouverte, quel papa n’a pas entendu des cris, des pleurs, des fous-rires, des cavalcades dans l’escalier ?

Quel papa n’a pas trébuché dans une poupée, une petite voiture, un sac de bille ?

Quel papa n’a pas entendu sa femme se plaindre des bêtises des enfants ? Et souhaiter un soutien d’autorité ?

Quelle tentation, alors, d’aller s’enfermer dans sa chambre…ou même, cela arrive, de décider de rentrer plus tard du bureau pour ne pas subir un tel vacarme ?

Et pourtant, c’est à ces instants de la vie familiale que le papa va pouvoir connaître chacun de ses enfants.

Même s’il s’octroie à juste titre quelques moments de repos au salon ou dans sa chambre, ou en parlant avec son épouse, sa présence physique à la maison est primordiale : on sait que papa est là !

Sa présence dans les petits détails de la vie quotidienne sera d’une grande influence pour l’harmonie familiale.

  • Temps d’écoute pour les plus grands pendant que maman s’occupe des plus petits.
  • Temps d’aide pour les plus petits pendant que maman s’occupe des plus grands.
  • Temps d’amusement pendant que maman prépare le dîner (après avoir fait ranger les chambres …).
  • Temps d’éducation pour aider à comprendre les leçons, pour initier au bricolage,…
  • Temps de lecture à haute voix pour les amateurs de belles histoires.
  • Temps de « prendre son temps » avec son épouse et les enfants.
  • Temps de prier en famille lors de la prière du soir que le papa présidera.

Hervé Lepère

« lettre à votre père », sujet de rédaction du 25 avril 1884, à l’école primaire:
Cher père,

Voilà bientôt trois semaines que tu es parti. Ce temps m’a semblé bien long, va. Je trouve toujours qu’il me manque quelque chose. Quand sept heures sonnent, je crois que tu vas revenir pour souper et je t’attends. Tout le monde va bien …mais je ne suis pas tranquille, je voudrais que tu sois là, que tu t’asseyes avec nous au coin du feu où l’on te laisse ta place.

Je voudrais que tu me donnes des conseils pour mes devoirs du soir, je voudrais que tu assistes à la lecture en commun, je voudrais enfin que tu me dises à huit heures, quand je pars :

« Au revoir, Charles, applique-toi bien surtout. »

Dépêche-toi, cher père, tâche de compléter au plus tôt notre famille.

Allons, adieu, je t’aime toujours.

Ton fils affectueux  (Charles PEGUY)