Les apparitions et les reliques de saint Joseph

Il y a une certaine difficulté à parler de saint Joseph. Simple humain désigné par la Sainte Trinité pour être le père putatif de Jésus-Christ, Dieu fait homme ; il se fait remarquer par le silence qui l’entoure dans les récits du Nouveau Testament et de la Tradition. On pourrait presque le considérer comme un personnage de second plan, si Dieu n’avait voulu l’exalter par les diverses apparitions et manifestations qu’il eut, et a encore dans notre monde.

 

Les apparitions de saint Joseph

La différence entre les apparitions de saint  Joseph et celles de la Sainte Vierge est frappante. Ces dernières se comptent par dizaines et sont pour la plupart bien documentées, tandis que les manifestations de saint Joseph sont, en comparaison, peu nombreuses et moins connues. Dans la plupart d’entre elles, saint Joseph est avec Marie et Jésus, ou seulement l’un des deux. Celles où il se manifeste sans eux sont plus rares, et à ce jour seule l’une d’elles est reconnue officiellement par l’Eglise.

 

La première des apparitions communes se produit au IIIème siècle, lors de la messe de consécration du monastère de Ferrière-en-Gâtinais par saint Savinien, la nuit de Noël. Au milieu d’une grande lueur, le célébrant voit la Sainte Famille dans la crèche, environnée des Anges chantant le Gloria. Surnommé par la suite « l’Abbaye de Bethléem », ce lieu verra deux rois francs1 s’y faire couronner, et divers souverains y aller en pèlerinage.

En 1879, la Sainte Famille apparaît à Knock, en Irlande, à une vingtaine de personnes. Nulle parole n’est prononcée, mais plusieurs guérisons miraculeuses sont opérées.

 

La manifestation de la Sainte Famille la plus connue est probablement celle de Fatima, qui eut lieu lors de la dernière apparition, le 13 octobre 1917, lors du « Miracle du Soleil », qui eut lieu devant près de soixante-dix mille témoins.

Moins nombreuses sont les apparitions où saint Joseph est seul. La plus connue est celle de Cotignac, dans le Var, en 1660. Ce village avait déjà connu, en 1519, une apparition de la Sainte Vierge portant l’Enfant-Jésus et entourée de saint Michel et de saint Bernard. C’était devenu un lieu de pèlerinage marial. Le sanctuaire, appelé « Notre-Dame de Grâces », fait mémoire de la parole que Marie y prononça : « Allez dire au clergé et aux Consuls de Cotignac de me bâtir ici même une église, sous le vocable de Notre-Dame de Grâces et qu’on y vienne en procession pour recevoir les dons que je veux y répandre. » Cent quarante ans plus tard, saint Joseph apparaît à un jeune berger assoiffé, du nom de Gaspard Ricard, et lui dit >>>         >>> en provençal : « Je suis Joseph. Soulève ce rocher et tu boiras.» La lourde pierre, que huit hommes parviendront à peine à bouger, couvrait une source où Gaspard put s’abreuver. Sur ce lieu, à moins de quatre kilomètres de celui où apparut Marie, sont bâtis un sanctuaire et un monastère, faisant de Cotignac l’endroit majeur de vénération de la Sainte Famille.

 

Dix ans plus tard, saint Joseph apparaît dans la ville de Kalisz, en Pologne, à un vieil homme malade du nom de Stobienia, qui ne cessait de l’invoquer pour avoir une bonne mort. Saint Joseph lui dit ces mots : « Tu guériras quand tu feras peindre un tableau représentant la Sainte Famille avec l’inscription portant ces mots : « Allez à Joseph.» Tu l’offriras à l’église collégiale de Kalisz.» Ce tableau y est encore exposé, et l’apparition de Kalisz fait en Pologne l’objet d’une   grande vénération, qui eut un renouveau à la fin de la Seconde Guerre Mondiale : en raison d’une menace d’exécution de tous les prisonniers de Dachau, une neuvaine à saint Joseph de Kalisz fut commencée, et se termina le 22 avril. Une semaine plus tard, le 29 avril 1945 à 18h00, une section de reconnaissance de l’armée américaine libéra le camp, trois heures avant le massacre des prisonniers planifié par les autorités du camp. Les prisonniers considérèrent cette libération obtenue grâce à saint Joseph comme miraculeuse.

 

Les reliques de saint Joseph

Les reliques de saint Joseph sont assez peu connues, et pourtant la Providence nous en a laissé plusieurs, dont la quasi-totalité se trouve en Europe.

 

L’Italie a la chance de détenir trois des reliques de saint Joseph. A Pérouse, dans la cathédrale San Lorenzo, est conservé l’anneau de mariage de saint Joseph. Ce magnifique symbole de l’union de Joseph et de Marie est exposé trois fois l’an, et est gardé précieusement par la Compagnia de Santo Anello de San Guiseppe. Acheté en 985 à un marchand de Jérusalem par un orfèvre de la ville de Chiusi, il est dérobé en 1473 par un moine allemand voulant l’exposer dans son village. Passant par Pérouse, un brouillard miraculeux l’empêche d’aller plus loin, et ne cesse que lorsqu’il se sépare de l’anneau, récupéré par le clergé de la ville.

Plus au Sud, à Naples, se trouve le bâton fleuri de saint Joseph. La tradition nous rapporte que le fleurissement de son bâton permit d’identifier Joseph comme l’époux choisi par Dieu pour Marie, parmi une foule de prétendants. Conservé d’abord au XIIIème siècle dans un couvent du Sussex, en Angleterre, il est dérobé, puis offert en 1795 à la congrégation San Guiseppe dei Nudi (Saint-Joseph-des-Nus) qui en a la garde sur la colline de San Potito.

 

On peut ensuite vénérer à Rome le manteau de saint Joseph, conservé dans la basilique de Sant’Anastasia al Palatino, probablement la plus ancienne église de la ville. Depuis 1600 ans, les fidèles peuvent y admirer ce vêtement du père de Jésus, exposé à côté d’une partie du voile de la Sainte Vierge. Ces reliques ont été apportées par saint Jérôme de Jérusalem à la fin du IVème siècle, et font l’objet d’une protection particulière, ne permettant leur exposition que lors de célébrations exceptionnelles, la dernière datant du 6 janvier 2020.

Deux autres reliques de saint Joseph sont conservées hors d’Italie. La ceinture est exposée à Joinville, en Haute-Marne. Elle a été rapportée de Terre Sainte par le Sire Jean de Joinville, proche compagnon de saint Louis et auteur de la célèbre chronique qui lui est dédiée. Enfin, la dernière grande relique de saint Joseph est vénérée dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle. Il s’agit des chausses du patriarche, ou plutôt des langes de Jésus, puisque c’est dans ce linge que l’Enfant Jésus fut emmailloté à la Nativité. Cette relique fut offerte à l’empereur Charlemagne vers l’an 800, et est constamment exposée à la vénération des fidèles.        >>> 

 

>>> Pour conclure sur ces reliques du saint patriarche, il peut être intéressant de mentionner le célèbre « escalier de saint Joseph » présent dans la chapelle de Lorette, à Santa Fé (Nouveau Mexique). Bâtie en 1873 par les Sœurs de Lorette, cette église souffrait d’un défaut puisque l’on avait oublié lors de la construction de faire un escalier, permettant l’accès à la tribune. Cet oubli constaté, les contraintes techniques étaient telles que nul artisan ne voulut s’engager à réaliser l’ouvrage. Les sœurs commencèrent alors une neuvaine à saint Joseph, pour qu’il les aide à trouver une solution. Le dernier jour de la neuvaine, un charpentier inconnu se présenta, accompagné d’un âne portant pour seuls outils un marteau, une scie et une équerre. L’étranger proposa de réaliser l’escalier tant désiré, à la condition de le laisser seul dans la chapelle tout le temps des travaux. Il y resta entre six et huit mois, et partit en toute discrétion une fois l’ouvrage terminé. Celui-ci tient tout du miracle : l’escalier en colimaçon est composé de trente-trois marches, sans clous ni colle. Il effectue deux tours complets, sans pilier central, faisant reposer l’intégralité de son poids sur la première marche. L’origine du bois est encore inconnue à nos jours, et ne provient en tout cas pas de la région. De toute évidence, il aurait dû s’effondrer à la première utilisation, et pourtant il est toujours debout, depuis cent cinquante ans.

 

Toutes ces apparitions et reliques nous rappellent deux choses importantes sur saint Joseph. Il s’agit tout d’abord de sa très grande humilité : on ne retient presque aucune parole de ses manifestations, et celles-ci se font sans les grands miracles qui accompagnent presque toujours les venues de la Sainte Vierge. On lui connaît peu de sanctuaires, et pourtant sa vénération est grande dans l’Eglise universelle, dont il est le Patron. Ensuite, ses apparitions et reliques sont presque toujours liées, de près ou de loin, à Marie et à Jésus, comme pour mettre en lumière le lien indéfectible qui les unit. Son anneau, ses chausses, son apparition à Cotignac, son escalier miraculeux nous rappellent l’amour de Jésus et de Marie, le dévouement et la fidélité qu’il leur a consacrés durant sa vie et qu’il continue d’incarner au Ciel. De même que Marie s’est tenue sans cesse aux côtés de Jésus, Joseph est resté fidèle en toutes choses, véritable témoignage du service que les hommes sont appelés à remplir pour Dieu, dans le travail de chaque jour et la fidélité de chaque instant.

RJ

 

1 Louis III et Carloman, en 879

2 Dans le Calvados

 

Le vrai sens du travail

Dieu plaça Adam dans le paradis pour qu’il le cultive et le garde. (Gn 2, 15)

Avant même leur désobéissance, tel était l’emploi de nos premiers parents dans le plan de Dieu. C’est dire que si, aujourd’hui, souffrance, pénibilité, maladies, contraintes, discipline, sueur… accompagnent aussi le travail humain, ils ne sont que la sanction de la faute originelle et non le fait du travail lui-même, qui procure aussi bien des joies.

Le travail, pourtant quotidiennement vécu, doit être une réalité bien complexe pour que le Robert y consacre quatre pages du dictionnaire en onze volumes !

Hommes, animaux, machines au travail 

Une des définitions que donne le Robert, « fait de produire un effet utile par son activité », semble expliquer le sens très étroit qu’a pris le mot. En ce sens, une machine travaille ; on attend de la mécanique, des rouages ou des connexions que soit rigoureusement suivi le programme prévu : une machine prenant des initiatives inspire films d’épouvante et de science-fiction !

Nul doute qu’un animal puisse travailler. Mais  a-t-on déjà vu un bœuf tirant une charrue, parvenu en limite de champ, se retourner pour contrôler le parfait alignement du sillon ? Si tel était le cas, sa dépouille, soigneusement embaumée, devrait rejoindre le musée de l’Homme.

Ces exemples conduisent à cerner ce qu’est le travail humain, c’est-à-dire qui correspond à la spécificité de l’homme. La philosophie classique a mis l’accent sur la faculté qu’il a de penser librement, ce qui lui permet de connaître, de juger, d’anticiper, d’agir, de contrôler : l’homme est un « animal raisonnable ». On disait d’un enfant qu’il « n’a pas l’âge de raison », aujourd’hui qu’il est « immature », tant qu’il n’est pas en mesure de prévoir les conséquences, même immédiates, de ses actes : jouer avec le feu, se pencher sur le vide… Par ailleurs, on dit que le fou et le colérique « perdent la raison « , ils ne peuvent plus se contrôler.

 Le travail ne se vend ni ne s’achète

Pour saisir le sens réel du travail, il faut le dégager de l’économisme et du financiérisme contemporains, qui le réduisent à une marchandise monnayable, aujourd’hui fin ultime de la vie sociale à laquelle est sacrifiée même la vie personnelle et familiale.

Ont été confondus travail et fruit du travail. Certains de ses fruits, biens matériels, ou intellectuels (livres, conseils, musique…) peuvent faire l’objet de transactions rémunérées, mais la caractéristique du travail n’est pas le fait d’une contrepartie financière. Ainsi l’exprime bien l’enfant en train de jouer qui, appelé à table, dit avec sérieux : « Je finis mon travail », ou l’élève qui étudie d’arrache-pied ses cours, ou encore la mère de famille qui, tenant sa maison, exerce cent professions. Et chacun sans aucune rémunération !

Tout dans la nature travaille : le vin, la végétation et même une charpente, pourtant bois mort !

« L’homme est né pour travailler comme l’oiseau pour voler », nous enseigne le Livre de Job.

Le travail, c’est la vie ! Je vais au travail « pour gagner ma vie », mais la vie ne se borne pas aux richesses matérielles ; car la vie « au travail » c’est autant l’amitié, le sentiment d’être utile, le don de soi, les relations de qualité, la confiance, le désir de progresser ou de transmettre, de faire grandir les autres… Le travail peut donc être désintéressé, c’est-à-dire sans contrepartie matérielle. Ainsi, on peut travailler bénévolement. Saint Benoît, patron de l’Europe, fait du travail un des piliers de sa règle. Les œuvres de charité, dont l’Église pourrait à juste titre s’enorgueillir, n’autorisent pas le plus fieffé laïcard à affirmer par exemple que saint Vincent de Paul ou sainte Jeanne Jugan n’ont jamais travaillé ! Autant de réalités qui n’ont pas de prix et qui sont les fruits d’un travail.

Source d’enrichissement personnel, intellectuel, moral, spirituel

C’est alors que le travail prend tout son sens vrai et donc chrétien.

Par le travail, l’homme extériorise ses talents ; il exerce et développe ses facultés : sa mémoire s’enrichit d’expériences ; son intelligence se nourrit de connaissances, ainsi se développe la capacité de jugement ; sa volonté le conduit à découvrir et inventer…

Le travail élève et révèle les potentialités de chacun, il est éducateur.

Selon l’Aquinate, il nous révèle « de plus en plus la fécondité de la nature.1» Il nous fait participant au maintien, à la mise en ordre, au développement de la Création. S’il en était autrement, pense t-on que Notre Seigneur se serait mis à l’école de saint Joseph ?

L’homme, « en travaillant, perfectionne en soi l’image de Dieu2 ».

Le travail humain, servile ou pas, rémunérateur ou non, familial, artistique, commercial, bénévole, industriel, est aussi école de réalisme et d’humilité ; il éduque au sens de la responsabilité personnelle : nous y recevons très vite les multiples conséquences de nos actions, effets de nos forces et de nos faiblesses. C’est là une des caractéristiques éminentes du sens vrai du travail. Ce sont nos œuvres qui nous accompagneront dans l’autre monde, où nous devrons rendre raison de notre administration :

« Tout arbre qui ne portera pas de bons fruits sera jeté au feu.»

Le salut est personnel ; le jugement sera personnel. Aux parents comme aux enfants, aux ouvriers comme aux cadres, aux vieux comme aux jeunes, il sera demandé à chacun des comptes sur l’usage fait des talents reçus et exercés dans le pré où il a plu au divin Pasteur de nous faire paître !

Le travail, contribution au bien commun

« Il n’est pas bon que l’homme soit seul (Gn 2, 18)

Il était possible au Créateur de pourvoir chacun de ce qui lui était nécessaire. Il en est ainsi des animaux, qui, même lorsqu’ils vivent en groupe, sont mus par leur seul instinct.

Dieu en a disposé autrement pour les hommes.  

Notre-Seigneur, par la plume de sainte Catherine de Sienne3, docteur de l’Église, explique ce qui anime l’activité de l’homme :

« (…) Telles sont les vertus – et bien d’autres encore qui ne se peuvent raconter – qu’engendre l’amour du prochain. Il est entre elles des différences et je ne les donne pas toutes également à chacun. J’en donne une à celui-ci, une autre à celui-là… II en est plusieurs que je distribue de telle manière, tantôt à l’un, tantôt à l’autre, qu’elles apparaissent comme étant la vertu capitale en regard des autres. À l’un, c’est la charité ; à l’autre, la justice ; à celui-ci, l’humilité ; à celui -là, une foi vive ; à quelques-uns la prudence, ou la tempérance, ou la patience ; à certains, la force. Ces vertus et bien d’autres, je les dépose dans l’âme à des degrés divers chez beaucoup de créatures. Il en est ainsi de plusieurs dons et grâces de vertu, ou d’autres qualités spirituelles et temporelles.

Quant aux biens temporels, pour les choses nécessaires à la vie humaine, je les ai distribués avec la plus grande inégalité, et je n’ai pas voulu que chacun possédât tout ce qui lui était nécessaire pour que les hommes aient ainsi l’occasion, par nécessité, de pratiquer la charité les uns envers les autres. Il était en mon pouvoir de doter les hommes de tout ce qui leur était nécessaire pour le corps et pour l’âme ; mais j’ai voulu qu’ils eussent besoin les uns des autres et qu’ils fussent mes ministres pour la distribution des grâces et des libéralités qu’ils ont reçues de moi, Qu’il le veuille ou non, l’homme ne peut ainsi échapper à cette nécessité de pratiquer l’acte de charité ; il est vrai que, s’il n’est pas accompli pour l’amour de moi, cet acte n’a plus aucune valeur surnaturelle. Tu vois donc que c’est pour leur faire pratiquer la vertu de charité que je les ai faits mes ministres, que je les ai placés en des états différents et des conditions inégales. »

La diversité des talents de toute nature est un gage de complémentarité et de cohésion sociale pour autant que les hommes, êtres libres, y ordonnent leur activité. Ils sont à l’égard des autres, des « ministres de Dieu » pour la distribution des >>> >>> biens qu’ils ont reçus ou acquis. Talents, savoir, savoir-faire, savoir-être de chacun sont au service de tous.

Ainsi, par notre activité laborieuse, contribuons-nous au bien commun de la société, héritiers que nous sommes et débiteurs dont toute notre vie ne suffira pas pour éponger notre dette ? En favorisant la communication des biens temporels et spirituels, le travail est service tourné au profit des autres et de la société.

 

Si beaucoup considèrent le travail – essentiel de l’activité humaine – comme une malédiction dont il faut « se libérer », le catholicisme, bien au-delà du simple moyen de pourvoir aux nécessités matérielles, l’a mis au rang de dignité, d’honneur, et en a fait un outil de perfectionnement de l’être. Ainsi, l’Église se plaît à le célébrer en la personne de saint Joseph.

Charles Péguy, évoquant des ouvriers qu’il avait connus, écrivait :

Ils disent que travailler c’est prier, et ils ne croient pas si bien dire.

Tant leur travail est une prière, et l’atelier, un oratoire4

 L’office divin étant la partie la plus noble du travail d’un moine bénédictin, saint Benoît aurait pu donner comme devise à sa fondation le seul mot d’ordre « Labora ». Mais dans sa sainteté il a voulu distinguer l’activité exclusivement tournée vers Dieu de celle passant par les hommes.

Yann Le Coz5

 

1 Saint Thomas d’Aquin (S.T. I, Q 102 art 4)

2 Pie XII, Message de Noël (1955)

3 Dialogue (VII, 10-12)

4 Charles Péguy, L’argent.

5 De l’Action Familiale et Scolaire, https://www.a-f-s.org

 

Ô saint Joseph, apprenez-nous !

« Oh, papa, vous allez faire des travaux ? » La mine réjouie du petit garçon arrache un sourire à son père. Ses yeux pétillent de joie à l’idée qu’aujourd’hui, avec papa, il va pouvoir jouer avec quelques outils. Oh, il ne lui faut pas grand-chose pour être comblé, à trois ans : un petit grattoir pour ôter les morceaux de tapisserie récalcitrants sur le mur, une vieille éponge imbibée d’eau tiède pour dissoudre la colle et arracher le papier peint, un marteau pour détacher les anciennes plinthes, un tournevis qui demandera toute sa concentration pour rester docilement dans la tête de vis et tourner sans récriminer. En fait, tous les enfants aiment ces journées de travaux dans la maison. Chacun, selon son âge, en fera plus ou moins. Petit à petit, à force de patience, leur aide devient véritablement efficace. Leurs petits travaux deviennent une vraie réalisation, qui, une fois achevée, les rend fiers. Peinture, papier peint, manutention de meubles, corvées de bois, potager, ou plus humblement, coups de balais, aide à la cuisine… Les petites mains s’activent dans la maison et les petits cœurs goûtent la joie du travail bien fait.

Car oui, à l’école de leurs parents et maîtres, l’impatience des enfants à faire, souvent trop vite, laisse peu à peu la place à la joie d’avoir bien fait. Les enfants apprennent la docilité pour imiter le bon geste, la patience pour essayer à nouveau après l’échec, l’humilité pour comprendre que derrière les choses qui se voient se trouvent toujours des tâches plus ingrates, invisibles. Et même, qu’il n’existe pas de beauté dans un travail sans qu’il n’y ait, nécessairement, une tâche, un effort invisible, un sacrifice, un don caché derrière ce qu’on voit. Ce qui attire l’œil n’est véritablement achevé que si l’artisan, celui qui a réalisé l’œuvre, y a mis tout ou partie de son cœur.

Ô saint Joseph, apprenez-nous la charité ! Enseignez-nous, vous qui guidâtes les mains du Sauveur sur le rabot. Une œuvre d’art sans charité n’a aucune valeur aux yeux de Dieu. Mais la plus petite chose, faite avec la plus grande Charité, résonne dans l’éternité par-dessus les siècles. Ainsi, du parfum jeté sur les pieds de Jésus par sainte Marie-Madeleine, ainsi, du bâton sec arrosé par l’obéissance de sainte Rita, puis fleuri et porteur de fruit par sa charité. Ainsi du petit geste, humble, fait dans le secret de Dieu, par amour, qui claquera comme un étendard éclatant sur les parvis célestes au jour du jugement dernier. Ce qui n’est pas fait avec le cœur n’a pas de valeur.

Ô saint Joseph, apprenez-nous la patience ! Vous qui eûtes le plus pur des élèves, apprenez-nous à sans cesse recommencer. A ne pas rester sur un échec, mais toujours, à essayer à nouveau. Puis, à ne jamais se satisfaire du médiocre, mais à toujours chercher à faire mieux, à force d’entraînement. Dans nos œuvres manuelles comme dans nos œuvres intellectuelles et spirituelles. Que nos méditations soient de plus en plus profondes, que nos travaux manuels soient toujours plus aboutis, qu’au bureau comme à la maison, nous ne nous lassions jamais de faire mieux que la fois précédente. Par le travail, l’homme a le pouvoir, reçu de Dieu, de parfaire la Création. Pouvoir immense, qui confère au travailleur une noblesse qui oblige.

Ô saint Joseph, apprenez-nous l’humilité ! Vous qui demeurâtes caché dans l’ombre du Fils de Dieu, enseignez-nous une plus grande humilité, qui nous fera rechercher uniquement l’agrément de Dieu et non celui des hommes. L’authentique goût du travail bien fait comble de joie notre cœur quand nous offrons nos travaux pour la gloire de Dieu, peu importe l’opinion des hommes, peu importe même qu’un seul homme connaisse notre œuvre tant que Dieu la considère. Ainsi en est-il des pierres et poutres de Notre-Dame de Paris, dans des endroits inaccessibles, et pourtant, travaillées avec soin, parfois décorées d’une frise ou d’un autre ornement ouvragé. L’homme du XXe siècle s’étonne :  pourquoi mettre de la beauté là où aucun œil humain ne peut accéder ? Tout simplement parce que l’ouvrier est véritablement chrétien lorsqu’il œuvre pour Dieu d’abord, indépendamment du regard des hommes. Que la pierre soit sur le tympan admiré des pèlerins ou sur le faîte d’un arc de la voûte, elle doit être faite avec le même soin, car Dieu voit les deux.

Ô saint Joseph, apprenez-nous à donner du cœur à l’ouvrage, à patiemment chercher à toujours faire mieux, à ne travailler que pour la gloire de Dieu. Ainsi, nous pourrons enseigner à nos enfants ce goût du travail chrétien, celui qui bâtit jadis les cathédrales de nos villes, celui qui recopia les textes sacrés à la lumière d’une bougie, celui qui défricha les forêts et draina les marais autour des abbayes. Un père qui n’emmènerait pas ses garçons et ses filles travailler avec lui, dans la maison ou au jardin, manquerait à son devoir d’éducateur. Car le travail que nous faisons avec nos mains et notre tête, sur cette terre, à la manière de saint Joseph, est l’image du travail que nous faisons dans notre âme pour édifier la cathédrale de notre sanctification, éternelle, toute offerte à la gloire de Dieu.

 Louis d’Henriques

 

Ouvrir-fermer-ouvrir-fermer : un outil pour apprendre à devenir un grand !

Chères couturières,

Comment s’entraîner à lacer ses chaussures sans être plié en deux, empêtré entre ses genoux et son écharpe ? Et apprendre à fermer ses boutons de chemise sans voir le bouton du col ?

Nous vous proposons un patron de jeu pédagogique, à réaliser pour vos enfants ou ceux de votre entourage. Réalisez cette planche d’apprentissage des moyens de fermeture, en y glissant pour terminer une plaque de carton fort, un grand livre ou bien un tableau/ardoise d’enfant. Les petits seront heureux d’apprendre à faire comme les grands et ce sera, nous l’espérons, un peu plus de facilité avant de partir pour la messe ou pour l’école !

https://foyers-ardents.org/wp-content/uploads/2025/03/2025_02_28_Outil-fermetures_fiche-site.pdf

Bonne couture !

Atelier couture

https://foyers-ardents.org/category/patrons-de-couture/

 

Saint Joseph, nos voix t’implorent

Saint Joseph, nos voix t’implorent

Les petits chanteurs de Mont-Royal (Montréal, Canada)

Paroles d’Henry Thomas Smart

Saint Joseph nos voix t’implorent

En ce jour trois fois heureux

Où ton nom comme une aurore

Resplendit au front des Cieux :

Tu fus grand sur cette terre,

Toi que nul n’invoque en vain !

Toi que Dieu choisit pour Père

De Jésus, l’enfant divin.

 

Tu vécus toujours sans tache,

Et sans te lasser jamais.

Tu remplis ton humble tâche

Dans l’amour et dans la paix!

Loin du monde et de ses alarmes,

Tu passas sans un regret.

Et ta main séchait ses larmes,

Quand Jésus enfant pleurait.

 

Saint Joseph, parfait modèle

Des vertus que Dieu prescrit,

Toi qui fus toujours fidèle

À l’amour divin du Christ,

Fais-nous vivre sans souillures,

Et, fermant un jour nos yeux,

Que ta main pieuse et sûre,

Guide enfin notre âme aux Cieux !

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