Tarte au citron

Ingrédients pour 6 personnes :

– 1 pâte brisée (encore meilleure faite maison)

– 50g de maïzena

– 30cl d’eau

– 25g de beurre

– zeste râpé (facultatif) et jus de 2 petits citrons

– 2 œufs (jaunes et blancs séparés)

– 170g de sucre en poudre

Préparation :

– Etaler la pâte et tapisser un moule à tarte de 26 cm de diamètre. Faire cuire à blanc environ 15 min au four à 200°C. Laissez refroidir.

– Délayer la maïzena avec un peu d’eau dans une casserole. Ajouter le reste d’eau, le beurre, puis porter doucement à ébullition, tout en tournant. Faire cuire 3 minutes, sans cesser de tourner. Retirer du feu, ajouter le zeste et le jus de citron, les jaunes et 50g de sucre. Verser la préparation sur la pâte.

– Battre les blancs en neige très ferme, puis incorporer le reste de sucre et étaler la préparation sur la pâte refroidie.

Faire cuire environ 1h au four (110°C). La meringue doit être sèche, craquante. Servez chaud ou froid.

Conseils et astuces :

– Pour blanchir une tarte, vous pouvez utiliser des noyaux d’abricot à la place des billes de cuisson ; cela est tout aussi efficace !

– Si vous préférez que la meringue soit molle : il suffit de la cuire moins longtemps.

 

Sixième station : une femme pieuse essuie la face de Jésus.

« Bien vivre n’est rien d’autre qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit, » et comment aimer Dieu si nous ne le connaissons pas ? Aimer Dieu ! Vaste programme ! Et l’aimerons-nous jamais assez ?

La maman pourra lire ou simplement s’inspirer de ces pensées pour entretenir un dialogue avec ses enfants ; elle l’adaptera à l’âge de chacun mais y trouvera l’inspiration nécessaire pour rendre la présence de Dieu réelle dans le quotidien matériel et froid qui nous entoure. Elle apprendra ainsi à ses enfants, petit à petit, à méditer ; point n’est besoin pour cela de développer tous les points de ce texte si un seul nourrit l’âme de l’enfant lors de ce moment privilégié.

Ainsi, quand les difficultés surgiront, que les épreuves inévitables surviendront, chacun aura acquis l’habitude de retrouver au fond de son cœur Celui qui ne déçoit jamais !

Après la contemplation du Notre Père et de la Salutation angélique, nous vous proposons celle du Chemin de Croix. En effet, sa méditation, source de nombreuses grâces, est un exercice souvent négligé hors du temps du Carême, elle est pourtant source de nombreuses grâces. Une illustration facilitera le recueillement des plus jeunes.

 

Sur le chemin du Calvaire, je viens méditer, ô Trinité bénie, aux côtés de ma douce mère Marie, et contempler quelques instants Jésus, le Roi d’Amour, qui veut m’ouvrir les portes du Ciel. Esprit-Saint, éclairez mon cœur et faites-moi vous aimer toujours plus à mesure que je vous connaîtrai mieux.

Sixième station : une femme pieuse essuie la face de Jésus.

Composition de lieu

Attirée par les bruits de la foule qui vocifère, une femme s’approche du convoi des condamnés. A la vue de Jésus souffrant, son cœur s’émeut de pitié, et elle franchit bravement le cercle des soldats afin d’essuyer de son voile le visage de Notre-Seigneur, couvert de poussière, de sang et de crachats.

Corps de la méditation

En ce moment où Notre-Seigneur semble abandonné de tous, le Saint-Esprit suscite une âme généreuse, un secours humain au milieu de sa Passion. Cette sainte femme n’a écouté que son cœur quand elle s’est précipitée, et ne s’est pas inquiétée de ce que penseraient les autres ! Oui, Jésus veut être consolé, et le petit François de Fatima l’avait bien compris, lui qui a offert toutes ses peines et sa maladie pour consoler le cœur de Notre-Seigneur, meurtri par tant de fautes ! Comment puis-je rester indifférent devant tant de souffrances ?

Bienheureuse pitié, qui est un prélude à l’amour ! Le voile de sainte Véronique est l’image de mon cœur, quand il veut consoler Notre-Seigneur des outrages sans nombre, et qu’Il accepte de prendre sur Lui un peu de cette boue et de cette humiliation ! Et voilà que Jésus marque du sceau sacré de son adorable face ce pauvre linge ! Voilà comment Dieu récompense ceux qui ne craignent pas d’affronter le monde pour Lui : Il imprime en nos âmes son visage, pour qu’au milieu des difficultés de chaque jour nous puissions l’y contempler… Que suis-je sans la grâce du Bon Dieu ? Je ne suis rien qu’une pauvre créature bien faible, incapable de faire le bien ! Mais quand je me recueille, particulièrement au cours de mes prières, mais aussi au cours de mes activités quotidiennes, si je m’applique à rester bien uni à Notre-Seigneur imprimé dans mon âme, je peux tout !

Colloque

O Jésus, gravez en mon âme vos traits divins que sont l’humilité, l’amour du prochain et la pureté ! Ainsi, je vous ressemblerai, je m’effacerai même, afin que je m’écrie après saint Paul (Galates, II ; 20) : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.» Sainte Vierge Marie, ma tendre Mère, je me jette à vos genoux : aidez-moi à devenir une âme consolatrice, et à garder toujours en mon cœur la Sainte Face de Jésus souffrant. Mon saint Ange, soutenez mes efforts, je vous le demande par les mérites de la Passion de Jésus souffrant pour moi.

Germaine Thionville

 

Avortement, fin de vie, guerre : France, fille aînée de Satan ?

Une décision téméraire

Saint Thomas d’Aquin situe l’origine de la témérité dans « la racine d’orgueil qui refuse de se soumettre à une règle étrangère » (Somme III, 53, 3). Tel est bien le cas de celle du gouvernement français actuel qui, au nom de la laïcité, fait de la loi de Dieu une règle étrangère, et pour tout dire un non-sujet. Le pape Léon XIII le remarquait déjà en son temps : « Rendre l’État complètement étranger à la religion et pouvant administrer les affaires publiques sans davantage tenir compte de Dieu que s’il n’existait pas, voilà une témérité sans exemple, même chez les païens1. »

Saint Thomas explique ailleurs (Somme III, 12, 2) qu’un souverain apostat délivre ses sujets du rapport de suzeraineté et du serment qui les attache à lui. Dans une monarchie catholique, il serait donc légitime pour le peuple de contester une décision du monarque offensant Dieu, puisque ce dernier est une personne identifiable. Qu’en est-il dans une république résolument laïque, comme celle de la France actuelle, qui se réclame non plus d’un roi, mais de la « souveraineté populaire » ?

Car c’est en son nom, sur proposition du gouvernement et du président français et sur la foi de sondages indiquant qu’une majorité de Français le souhaiterait, que le Congrès vient de constitutionnaliser l’avortement, le 4 mars 2024, au nom de la liberté de conscience et du fameux « droit des femmes » en la matière, qui n’est rien d’autre qu’une variante du « respect humain » jadis condamné par les papes.

Un étrange calendrier

Contester la législation sur l’avortement au nom de l’autorité de la vie était jusqu’alors légitime pour tout catholique. D’un droit accordé par la loi, l’IVG est bel et bien devenue un élément de ce qui constitue et définit la France, en lieu et place de ce qui la constituait jadis : sa religion d’état, la morale et la politique qui découlaient naturellement d’elle. Durant la « cérémonie du scellement », quatre jours plus tard, l’actuel président de la République a annoncé son souhait d’inscrire l’IVG dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE, comme si, d’une séquence de communication à une autre, un calendrier préconçu prévoyait que l’exemple hexagonal inspirât d’autres nations, elles aussi jadis catholiques, dans une Europe qui ne le serait plus du tout : La France, désormais fille aînée de Satan ?

Dès le 11 mars, l’inquiétant « maître des horloges » s’est ensuite empressé d’annoncer un projet sur la fin de vie (renommé aide à mourir) ; trois jours plus tard, alors que la campagne pour les élections européennes se lançait à peine, il affirma, impavide, que la France pourrait envoyer « des troupes » sur le front ukrainien. Le lien le plus évident entre l’avortement, l’euthanasie et la guerre, c’est la culture de mort qui parachève tout projet révolutionnaire, entraînant subrepticement la société entière dans un chaos, et déconstruisant la représentation symbolique que chacun doit se faire de la France. Si la France reste la France en puissance, certes, elle ne doit plus, pour ces gens, exister en acte.

C’est pourquoi le combat catholique est en premier lieu un combat de réparation à la fois morale, intellectuelle et spirituelle : pour relever les « défis civilisationnels du monde contemporain », comme ils disent, on ne pourra encore longtemps se contenter des réflexions et des productions de sociologues, économistes, artistes et philosophes de la déconstruction. Tant que le gouvernement de notre pays sera confié à des hommes qui ignorent ou combattent la théologie véritablement catholique, il est clair que la situation ne pourra que se dégrader.

Une victoire acquise ?

Car c’est de Jésus-Christ seul que la France, à travers ses gouvernants actuels, refuse l’enseignement et l’autorité. En Jésus-Christ seul, la naissance est une promesse de baptême, la vie un combat pour le salut des hommes, la mort une rencontre qu’on ne cherche pas à éviter pour se sentir « digne ». Tout cela découle, hélas, d’une implacable logique : dans leur témérité, ils ont perdu la crainte de déplaire à Dieu. Ils ne voient ni ne ressentent plus, en conséquence, la honte de leurs péchés. Ils se sont départis de la confiance en sa Bonté. Ils se trouvent donc incapables de permettre au pays de bénéficier de ses complaisances en proclamant sa rayonnante Majesté, ni de servir son peuple en appliquant ses lois.

Ils ne peuvent dès lors que nous entraîner collectivement dans la dissolution de l’être et la déconstruction accomplie de la cité catholique, ce qui semble en dernière analyse constituer leurs uniques buts. Aussi, face à cette volonté d’ancrer irréfragablement le pays du côté du seul vice, les catholiques, plus que jamais, ont une parole originale à défendre, un rôle vivifiant à jouer, un rang exemplaire à tenir, pour porter et glorifier la Croix du Seigneur et mener jusqu’au terme son digne combat. « Dignare me laudare te Virgo Sacrata, da mihi virtutem contra hostes tuos2 ! »

Le modèle révolutionnaire aura beau dicter les décisions politiques de notre pays, contaminer ses institutions, s’affirmer à travers les modes et les médias jusqu’à considérer sa victoire déjà acquise, comment pourrait-il pénétrer jusqu’au  corps mystique du Christ qui s’établit en chacun de nous par les mérites du sacrifice de l’Agneau, reconduits en chaque messe ? Et puisque l’Enfer ne prévaudra pas sur l’Église de Jésus-Christ, comment pourrait-il indéfiniment prévaloir non plus sur sa Fille aînée, baptisée à Reims un jour de la Nativité, tant qu’un « petit troupeau », même infime, lui demeurera inconditionnellement fidèle ?

G. Guindon

 

1 Encyclique Inscrutabili Dei Consilio, donnée « sur les maux de la société moderne, leurs causes et leurs remèdes », le 21 avril 1878.

2 « Accueillez ma louange, ô Vierge Sainte, et donnez-moi la force de confondre vos ennemis. » (commun des fêtes de la Vierge Marie)

 

 

L’Eglise et l’Etat, quelle relation ?

S’interroger aujourd’hui sur la relation entre l’Eglise et l’Etat peut sembler incongru, tant la question paraît faire consensus : ne sont-ce pas deux choses complètement séparées ? Ne faut-il pas, pour que tous deux soient efficaces dans leur domaine, qu’ils soient indépendants l’un de l’autre ? Le système « Eglise libre dans un Etat libre » n’a-t-il pas permis d’éviter les problèmes d’ingérence des religieux dans la vie civile, et celle des politiques dans la vie religieuse ? Essayons de discerner plus précisément les rapports qui doivent animer ces deux entités.

Leur nature

S’interroger sur l’Etat et l’Eglise revient à s’interroger en premier lieu sur la notion d’autorité, puisque c’est leur relation en tant qu’autorité politique pour l’une, et religieuse pour l’autre, qui fait débat. Ce terme vient du latin « Augere, auctus », qui signifie augmenter, grandir. L’autorité a donc pur but de faire grandir les sujets qui lui sont confiés, de les rendre meilleurs. On est assez loin de la conception moderne d’un pouvoir froid, coercitif, parfois oppresseur, toujours limitant notre liberté. Elle se définit plus précisément par rapport à la société qui est objet : un père de famille, un chef d’Etat et un religieux n’ont ainsi pas la même autorité, les sociétés dont ils sont les responsables ayant des natures et des buts différents. Quelle que soit sa forme, « l’autorité a pour mission de mener la société à sa fin1 », et use des moyens à sa disposition pour atteindre ce bien commun.

Le but de l’Etat dépend donc du but de la société qu’il anime, et donc de ses citoyens.

L’homme est un animal social, composé d’une âme et d’un corps. La société a pour fin de l’aider à satisfaire ses besoins matériels, par une relation d’échange : l’individu seul ne peut en effet pas assouvir tous ses besoins. Mais la société vise également à satisfaire ses besoins spirituels, et à lui permettre de vivre en paix et en accord avec ses voisins. Cela implique l’apprentissage des vertus morales, condition sine qua non à l’harmonie en société. Le but de l’Etat est le Bien Commun, ou fin de la Cité, qui est le bonheur des hommes, et pour ce faire il cherche la vertu et la prospérité de ses membres. Il assure le « vivre » et le « bien vivre ».

Pour ce qui est de l’Eglise, sa mission est de mener les hommes au Ciel, et pour cela de répandre la Foi, d’enseigner la parole de Dieu et de la défendre contre les erreurs, et d’administrer les sacrements. Son pouvoir est donc d’ordre spirituel. Tout comme l’Etat, l’Eglise est une société « parfaite », c’est-à-dire disposant en elle-même des moyens d’atteindre sa fin. Cependant, son but est supérieur à celui de l’Etat, puisque lié directement à la fin surnaturelle de l’homme, à savoir la contemplation de Dieu. Son action va également porter sur des aspects de la vie politique de l’homme, puisqu’elle se doit de transcender la simple vertu naturelle en une vertu surnaturelle, par l’action de la grâce qu’elle dispense. L’Etat seul ne peut en effet donner à l’homme les moyens d’atteindre le Ciel, ces moyens n’ayant été donnés qu’à l’Eglise : « Allez enseigner toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et Saint-Esprit, et leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé2 ». Il y a donc hiérarchie entre l’autorité politique et l’autorité religieuse, du fait de leurs natures et de leurs buts respectifs, inégaux en importance.

Une subordination

Eglise et Etat cherchent donc tous deux le bonheur de l’homme, mais la société politique ne peut lui donner les moyens spirituels dont seule l’Eglise dispose, moyens nécessaires pour atteindre la fin ultime de l’humanité. Il s’ensuit donc une supériorité du pouvoir religieux sur le pouvoir temporel. Mais est-ce dire que cette supériorité est absolue et entraîne une soumission totale du temporel au spirituel ? Non, puisque l’Etat a indépendance sur nombre d’aspects de la vie politique qui ne dépendent pas de l’action de l’Eglise. Saint Thomas use de l’analogie entre le corps et l’âme : « Le pouvoir séculier est soumis au pouvoir spirituel comme le corps à l’âme3.» Il est bien plus aisé de faire des saints dans une Cité où règnent la concorde, la prospérité et la justice, que dans un pays en proie à l’anarchie, à la misère et à la débauche. Et il est également plus facile au Prince de faire respecter la Loi si celle-ci s’appuie sur la vertu de Justice et que l’Eglise la soutient. Eglise et Etat collaborent dans toutes les questions politiques qui touchent au spirituel, ce qu’on appelle le « domaine mixte ». S’y retrouvent la Justice, l’Education… Dans ces domaines, l’action de l’Etat est soumise au contrôle de l’Eglise, puisque ces questions touchent de près ou de loin à la fin spirituelle de l’homme.

Du côté de l’Eglise, son action est indépendante de celle de l’Etat. Ce dernier n’a pas son mot à dire dans les questions de Foi, de morale, ou de tout autre sujet touchant à la vie de l’Eglise en tant que société spirituelle. Cependant, cela ne signifie pas que l’Etat ne puisse défendre son bon droit face à de possibles excès de la part de prélats : un religieux ne peut arguer de son statut de représentant de l’Eglise, pour contredire le Prince sur des questions purement politiques. Il peut certes conseiller, mais pas interdire tant que le spirituel n’est pas en jeu, et il serait du devoir du Prince de s’opposer à cette ingérence.

L’Eglise avec l’Etat, l’Etat sans l’Eglise

L’histoire de notre pays nous permet de considérer ce qu’il advient lorsque Eglise et Etat travaillent de concert, et lorsqu’ils sont séparés.  Il s’agit des époques du Moyen-Age chrétien, ou de la chrétienté, et de la Révolution. Le pape Léon XIII décrit la première en ces termes : « Il fut un temps où la philosophie de l’Evangile gouvernait les Etats. […] Alors le sacerdoce et l’empire étaient unis dans une heureuse concorde et l’amical échange de bons offices. Organisée de la sorte, la société civile donna des fruits supérieurs à toute attente, dont la mémoire subsiste et subsistera, consignée qu’elle est dans d’innombrables documents […] ». Conscients que la vie sur terre n’est que temporaire et n’a de sens que dans la perspective du Ciel, nos ancêtres faisaient de la vie politique un moyen de servir Dieu et de se rapprocher de Lui. Les gouvernants étaient également conscients de ces vérités, même s’ils n’étaient pas à l’abri de chercher des intérêts purement temporels. Cette époque vit s’épanouir des trésors incommensurables de vertus, des saints en foule innombrables, et des signes encore omniprésents de la dévotion de ses peuples. L’union n’était pas parfaite, bien des exemples prouvent l’existence de conflits de ci, de là, mais l’esprit général était imprégné de cette union du temporel et du spirituel. Cette union n’est pas étrangère à l’exceptionnel rayonnement de l’Europe chrétienne sur le monde entier. Mais les Etats, abusés par les sirènes des faux prophètes des Lumières, ont fini par se détourner de leur mission, pour s’attacher à leur pouvoir et à leur indépendance, privant l’homme de la voie royale qui lui avait été tracée vers le Ciel.

La Révolution consomme le divorce. Les Droits de l’Homme viennent remplacer les droits de Dieu sur les sociétés, et faire du citoyen la nouvelle divinité. L’Eglise est alors honnie, puisque prônant un ordre opposé à celui de la jouissance temporelle. Les églises sont fermées, les prêtres pourchassés et mis à mort, les fidèles bannis. C’est une forme extrême de ce que peut donner la désunion entre l’Eglise et l’Etat, si on ne la retrouve pas partout où il y a eu séparation, la fin est restée plus ou moins la même : en refusant à l’Eglise sa primauté et son rôle organisateur, l’Etat s’est lui-même empêché d’atteindre sa fin, et l’a remplacée par des mirages qui ne peuvent mener l’homme qu’à sa perte. Une simple cohabitation ne peut exister après cette séparation : l’Etat cherche immanquablement à mettre la main sur l’Eglise ou à la détruire, selon qu’elle peut lui permettre d’atteindre une certaine paix civile, ou qu’elle vient s’opposer à sa volonté de domination sans partage. Mais sans l’Eglise, l’Etat n’est plus qu’un corps sans âme.

En conclusion, Eglise et Etat cherchent tous deux à assurer le bonheur de l’homme, mais doivent pour ce faire collaborer en respectant le rôle de chacun. Etant directement en charge du bonheur spirituel de l’homme, l’Eglise est supérieure à l’Etat qu’elle guide à la lumière de la Foi et de la Morale. Unis, ils parviennent à un état d’harmonie propice à la croissance des vertus naturelles et morales de l’humanité. Séparés, l’Etat devient inévitablement un aveugle tentant plus ou moins violemment d’atteindre un but chimérique et voué à l’échec, qu’il nommera Liberté, Egalité, Fraternité, victoire du prolétariat ou enrichissement sans fin. Le bonheur de l’homme sur terre n’est possible que dans l’union du politique et du religieux, que dans le règne du Christ Roi. Sans cela, les efforts des nations séparées de Dieu seront vains et sources de souffrances innombrables : « S’il n’est pas temps pour Jésus-Christ de régner, alors n’est pas temps pour les Etats de durer4

 

RJ

 

 

Pour découvrir et approfondir :

  1. Jean-Dominique, Sept leçons de politique, ed. du Saint Nom

Savoir et Servir n°72, La Laïcité : quand César se fait Dieu, ed. du MJCF

Jean Ousset, Pour qu’Il règne, ed. DMM

P.T. de Saint Just, La royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ d’après le Cardinal Pie, ed. ESR

 

 

La dame du bon conseil

S’il ne s’agissait à la maison que de se partager la besogne, et d’y agir chacun de son côté, selon les nécessités de la vie familiale (la femme se réservant l’entretien de la maison et l’éducation des enfants, et le mari ne se consacrant qu’aux affaires administratives et financières), le problème serait très simplifié. Tellement simplifié que nous voyons la nature, sans l’aide de la vertu, tendre spontanément à cette solution qui va de soi. Ce serait une collaboration, mais ni intime ni sacrée. Ce genre de vie, divergente, à deux, ne suffit pas. Il n’est pas bon que l’homme soit seul à côté de la femme.

Si, à l’opposé de ce système de la division dans la communauté de vie, on recommandait à la femme de participer aux affaires de l’homme et, réciproquement à l’homme de coopérer aux tâches de sa femme, on aboutirait plutôt à la confusion qu’à l’union… Quoi que l’on puisse en dire aujourd’hui !

Pour que la collaboration soit pratique, il est nécessaire qu’elle soit spirituelle. Car la participation de l’esprit, autrement dit de la vie de l’âme, à toutes les tâches de l’homme, est une chose possible et facile. La fonction spirituelle est double : donner de la lumière, donner de la chaleur. D’abord action sur l’intelligence pour l’éclairer ; puis action sur la volonté pour l’animer. Cette influence rappelle le rayonnement qu’eut la très Sainte Vierge dans la primitive Église. La Vierge, épouse modèle, épouse par excellence, éclairait et animait les Apôtres. Elle était l’âme de tout l’apostolat.

Quand on essaie de se représenter sous quelle forme précise la Sainte Vierge, pendant ses vingt ou vingt-cinq années que Jésus la laissa sur la terre, exerça ce ministère d’illuminatrice des âmes, on ne la voit ni agitée, ni affairée, ni prêchant, ni voyageant, ni occupée aux œuvres extérieures, mais on se la figure seulement comme une présence continuée du Christ. Lampe toujours éclairée au sein du premier cénacle. On la trouvait, en effet, toujours à Jérusalem, dans sa demeure, tranquille et fidèle au poste. Elle était surtout pour les Apôtres, pour Jean en particulier, Notre Dame du Bon Conseil. Elle inspirait à en toutes leurs ardeurs le véritable esprit de l’Évangile.

Or voici bien le titre que le mari doit spontanément donner à sa femme : Ma dame du bon conseil.  Dieu porte à l’homme un secours quotidien en sa femme, « un asile sacré que l’inviolabilité du mariage défend contre tous les assauts, avec plus de force que tous les remparts, c’est l’asile que l’épouse chrétienne peut donner dans l’intimité de son amour1. » Il suffit pour cela que l’épouse vive elle-même profondément de cet esprit et qu’elle le fasse respirer constamment par celui qui l’approche dans l’intimité de son foyer. 

« L’homme souffre du métier qui le surmène et qui le courbe vers la matière sans arrêt… Il souffre de ne pas être aussi rempli d’idéal qu’il le voudrait ; il souffre d’être en proie partout à la rivalité, farouche quoique polie, des âmes livrées à toutes les laideurs des péchés capitaux ; il souffre d’être déçu par des amitiés […], de ne pas trouver dans les livres la manne du Ciel dont il voudrait se nourrir… » En un mot, il a besoin de respirer, comme une poitrine oppressée, le bon air de la montagne, l’atmosphère du surnaturel.

Mais voici maintenant son désir le plus sincère : ce bon air d’en haut, il compte le trouver dans l’intimité de sa femme, parce qu’il ne peut le trouver vraiment que là.  « Elle est la dame du bon conseil, parole vivante et pénétrante, qui sait dire ce qu’il faut dire, cet ineffable nécessaire que l’esprit attend et réclame. Elle a le tact, l’opportunité, la délicatesse. »

Pour pénétrer son époux de cet esprit supérieur, il faut nécessairement qu’elle vive elle-même dans un monde supérieur, au-dessus du terre à terre, des mesquineries, de l’amour-propre, des timidités, des vues étroites, égoïstes qui, loin de favoriser le bonheur, condamnent au contraire toute la famille à la souffrance vaine. Comment vivra-t-elle à ce niveau si elle ne prend pas l’habitude de tout juger du point de vue de Dieu ?

C’est ainsi que Pierre Dupouey, officier de marine, voit sa femme comme la présence de Dieu en son foyer :                                   

30 novembre 1914

« En dehors du devoir et des choses divines, je n’ai besoin que de toi (ou plutôt, j’ai besoin de toi, parce que tu fais partie des choses divines de ma vie) parce que c’est le Bon Dieu qui t’y a fait entrer, parce que tu es, sous mon toit, sa bénédiction vivante et efficace… Depuis que je t’ai reçue de Dieu, j’ai compris ce qu’était la Providence… »

19 décembre 1914

« En revenant des tranchées, je trouve trois lettres bénies, je veux dire : pleines pour moi de bénédictions, de joie, de paix, de réconfort. Je te remercie de me continuer ainsi de loin l’intimité de ton cœur… et de me permettre, du fond de mes tanières, de partager les chères pensées que Dieu lui inspire. Cette union de pensées et de désirs, qui a été la bénédiction et la force de notre cher mariage, continue de loin à me soutenir, à me fortifier, à me montrer l’excellence de mon devoir. Dans la patiente fidélité de ton cœur, mieux que partout ailleurs, je goûte ce bel ordre français et catholique que Dieu me demande de défendre. »

 

Il n’est pas étonnant que, dans l’absence, le plus grand désir de cet époux soit de retourner auprès de celle qui le spiritualise par sa présence. Il sait que sa force est là, dans l’intimité du foyer.

Ainsi, toute épouse chrétienne, avec une inaltérable confiance en la Providence, devrait aujourd’hui plus que jamais panser et guérir les blessures morales de son mari, en illuminant son âme de pensées idéales de foi chrétienne, et en soutenant sa volonté d’un courage surnaturel.

 

Sophie de Lédinghen