L’éloge du vouvoiement

    Permettez-nous en cette veille de rentrée de vous offrir un écrit de Jean Raspail, (découvert sur son site : jeanraspail.free.fr) qui provoquera chez vous une discussion passionnante (paru sous le titre « De la tenue »).

Son appréciation sur cette pratique oubliée est essentielle, non seulement en tant qu’apologie de la langue française mais encore  sur l’histoire de notre idiome et surtout sur le respect et l’appel à se dépasser ! Tout cela traité avec la pointe d’humour qui le caractérise. Goûtez plutôt :

S’il existe en français, pour s’adresser à autrui, deux pronoms personnels de la deuxième personne, l’un au singulier, TU, l’autre au pluriel, VOUS, appelé pluriel de politesse, c’est que notre langue se plaît à certaines nuances qui sont les bases de la civilité. Il ne s’agit pas là de codes, de formalisme de classe, de snobisme, de règles mondaines, mais simplement d’usages naturels, qui se perdent et qui faisaient, entre autres, le charme et l’équilibre de la France et le plaisir d’être Français.

Ce plaisir-là s’émousse. On me dira que d’autres motifs plus graves et plus irritants y concourent, d’autres lésions de civilisation, et que c’est considérer les choses par le petit bout de la lorgnette, mais dans ce seul domaine de la civilité, de petites causes peuvent entraîner de grands effets dévastateurs.

La Révolution française, jusqu’à l’avènement du Directoire, savait ce qu’elle faisait en imposant le tutoiement général et en interdisant l’emploi des vocables Monsieur et Madame qui marquaient au moins une déférence réciproque : elle égalisait au plus bas niveau, celui du plus grand dénominateur commun de la familiarité.

Aujourd’hui, ce sont d’abord nos enfants que nous voyons condamnés à être partout tutoyés, comme sous la Révolution. Je ne m’en prends point au tutoiement naturel d’affection et d’intimité (la famille, les amis), ou de solidarité (les copains, les camarades,), mais à celui que leur infligent systématiquement les adultes, comme si l’enfant n’avait pas droit au respect et à la liberté de choisir selon son cœur et ses humeurs qui a, ou qui n’a pas, le loisir de le tutoyer.

D’une façon significative, et qui ne doit rien au hasard, cela commence dès l’école, où plus un instituteur ne prend la peine de vouvoyer (ou voussoyer) un enfant. Au premier jour de classe, l’ex-maître devenu enseignant par banalisation de la fonction et refus de cette sorte de sacerdoce qu’elle représentait autrefois, ne demande plus à l’enfant dont il fait connaissance: « Comment vous appelez-vous ? », ce qui serait au moins du bon français, mais : « C’est quoi, ton nom ? »

Sans que l’enfant en ait conscience, le voilà déjà rabaissé, marqué comme un élément de troupeau. On lui eût dit « vous » d’emblée, ainsi qu’à ses camarades, qu’ils en auraient retiré, tous ensemble, l’impression d’être considérés et appelés à de grands destins, ce qui est faux, naturellement, pour la plus grande partie d’entre eux, mais représente quand même un meilleur départ dans la vie que d’être ravalés dès l’enfance au matricule du tutoiement.

Le jeune élève va être vite conditionné. Dès qu’il saura lire et écrire, ses premiers livres « d’éveil » lui poseront leurs premières questions sous la forme autoritaire du tutoiement : « Dessine ici un arbre, une vache…. » ou encore : « Ecris les noms des fleurs que tu connais… » Ce n’est pas bien méchant, mais c’est ainsi que le pli se prend.

Au catéchisme, devenu catéchèse, l’accueil en TU n’es pas différent, mais ses effets en sont plus marquants, car il s’agit de choses plus graves : c’est l’âme qui se fait tutoyer d’entrée. L’ouvrage « Pierres vivantes » qui fit couler tant d’encre à cause de certaines énormités qu’il contient, distille son enseignement par le biais d’une complicité, et non d’un magistère, que le tutoiement impose à l’enfant.

Tout cela semble si bien admis, que c’est un aspect des choses que personne, à ma connaissance n’a jusqu’à présent souligné. On pose pour principe que l’enfant s’y trouve plus à l’aise. C’est sans doute vrai au premier degré. Cette pente-là est facile et semble toute naturelle C’est justement pourquoi l’on devrait s’en méfier…

Car dans cet immense combat de société qui divise le pays depuis déjà longtemps, et qui est loin d’être terminé, quelles que soient ses péripéties politiques, nos enfants sont un enjeu formidable : ils représentent l’avenir. Tout se tient et c’est au nom de l’égalitarisme et de l’uniformité larvée qu’on prive ainsi l’enfant de la déférence élémentaire et du respect qu’on lui doit.

Le tutoiement qui sort de la bouche d’un instituteur, fût-il de l’enseignement privé, et de la plupart de ceux qui font profession de s’occuper des enfants, est d’abord un acte politique, même s’il est inconscient. Cela fait partie du dressage, et cela donne des résultats. Déjà, une bonne partie de la France adulte, et toute la France juvénile, se tutoient, dans un grand dégoulinement de familiarité, qu’on appelle aujourd’hui la CONVIVIALITÉ, mot de cuistre, alibi de cuistre, camouflage de cuistre. De la convivialité à la vulgarité, le pas est vite franchi.

Dans de nombreux milieux du travail, le tutoiement devient un passeport obligatoire, dont on ne saurait se passer sous peine de déviationnisme bourgeois, alors que, chez les compagnons d’autrefois, c’était le vouvoiement qui marquait l’esprit de caste. De CASTE, pas de classe.

Au sein du parti communiste, comme du parti socialiste, dans la « République des camarades », le tutoiement est de rigueur. Seul François Mitterrand y faisait exception lorsqu’il était premier secrétaire de son parti. Il détestait qu’on le tutoie, et allait jusqu’à l’interdire, ce qui montre assez bien, à mon sens, que son socialisme était seulement d’ambition et non de conviction…

Mais, pour le commun des Français, aujourd’hui, il importe de ne pas être FIER, car ce mot-là, justement, par ce qu’il entraîne de dignité et de sentiment élevés, est devenu l’un des nouveaux parias de notre vocabulaire.

Cela peut paraître sympathique, amical, empreint de simplicité. En réalité, ce n’est qu’un piège. Quand les convenances du langage tombent, l’individu perd ses défenses naturelles, rabaissé au plus bas niveau de la civilité. N’a pas d’autre but non plus la destruction de la langue française préparée dans les laboratoires subversifs de l’Education nationale, et dont on mesure déjà les effets…

Pour ma part, j’ai été dressé autrement. Je me souviens de la voix du maître qui tombait de l’estrade : «Raspail! Vous me copierez cent fois…» ou : «Raspail! Sortez!»

J’avais neuf ans. C’était juste avant la guerre, dans une école laïque de village. Plus tard, au lycée (et ce n’est pas pour rien qu’on a cassé certaines façons, là aussi), les professeurs nous donnaient naturellement du MONSIEUR sans la moindre dérision : « Monsieur Raspail, au tableau ! » On se vouvoyait entre condisciples, réservant le tutoiement à un nombre restreint de camarades choisis.

Choisir, tout est là ! Ne rien se laisser imposer sur le plan des usages, ni le tutoiement d’un égal, ni à plus forte raison celui d’un supérieur. (…)

En revanche, on vouvoyait Dieu. Cela nous semblait l’évidence même. La prière scoute chantée commençait ainsi: « Seigneur Jésus, apprenez-moi à être généreux, à Vous servir comme Vous le méritez… » C’est la plus belle prière que je connaisse. Il m’arrive encore de m’en servir. Voit-on comme la musique des mots eût été différente à la seconde personne du singulier, et comme elle parlerait autrement à l’âme: « … A Te servir comme Tu le mérites. » ? C’est sec, cela n’a pas de grandeur, cela ne marque aucune distance, on dirait une formalité. Et cependant, aujourd’hui, c’est ainsi que l’on s’adresse à la Divinité, on lui applique le tutoiement le plus commun en français. Et le reste a capoté en série: la liturgie, le vocabulaire religieux, la musique sacrée, le comportement de la hiérarchie, la laïcisation du clergé, la banalisation du mystère, si l’on s’en tient aux seules lésions apparentes. Dieu est devenu membre du parti socialiste. L’usage est de le tutoyer.

Au chapitre des habitudes, ou plutôt des attitudes, j’ai conservé celle de vouvoyer aussi les enfants qui ne me sont pas familiers, et d’appeler Monsieur ou Mademoiselle les jeunes gens que je rencontre pour la première fois. La surprise passée, ils me considèrent avec beaucoup plus de sympathie, et j’ai même l’impression qu’ils m’en sont reconnaissants. Nous tenons des conversations de bien meilleure venue, et les voilà qui se mettent à surveiller leur langage, c’est-à-dire à s’exprimer correctement en français, comme si d’avoir été traités avec déférence leur donnait des obligations nouvelles et salutaires. Les négations et les liaisons réapparaissent miraculeusement dans la phrase (je n’ai pas, au lieu de j’ai pas, c’est-t-un au lieu de c’est-h-un, etc.), la prononciation se redresse (je suis pour chuis, je ne sais pas pour chais pas, etc.), le goût de l’élégance verbale ressuscite. Faites vous-même l’essai, vous verrez. La dignité du langage et la dignité de la personne se confondent le plus souvent. Voilà pourquoi l’on parle si mal en ce moment…

Oserai-je avouer ici que mes enfants me vouvoient, et vouvoient également leur mère ?

Cela depuis leur plus jeune âge, et sans aucun traumatisme. Sans vouloir convertir personne à ce qui peut paraître une ostentation, là aussi il faut constater que le langage courant au sein de la famille s’en trouve naturellement affiné. Et même dans les affrontements, qui ne manquent pas, un jour ou l’autre, vers la fin de l’adolescence, d’opposer les enfants à leurs parents, le vouvoiement tempère l’insolence et préserve de bien des blessures. (…)

Dans un tout autre domaine, j’assistais récemment aux obsèques d’un ami cher, Christian, de son prénom, mais il avait aussi un nom, fort joli nom d’ailleurs. Eh bien, le prêtre, qui l’avait jamais vu vivant, qui ne l’avait même jamais vu du tout, le trairait à tu et à toi, selon les piètres dispositions du nouvel office des morts : « Christian, toi qui.. Christian, toi que… Christian, Dieu te… et ta famille… » Exactement comme pour les enfants sans défense ! En vertu de quoi, au nom de quoi, la familiarité doit-elle répandre ses flots visqueux jusque sur les cercueils ? Bossuet tutoyait-il les princes en prononçant leurs oraisons funèbres ? Or chaque défunt est un roi, enfin couronné, et sacré à jamais. Quant au nom patronymique de Christian, celui sans lequel le prénom de baptême n’est rien, il ne fut pas une seule fois prononcé ! Et pourquoi pas la fosse commune obligatoire, dans la même foulée…

Car me frappe tout autant, l’emploi généralisé du prénom seul, en lieu et place du patronyme précédé on non du prénom, et cela dans toutes les circonstances de la vie où il n’est pas nécessaire de présenter une carte d’identité : « C’est quoi, ton nom? Serge. Moi, c’est Jocelyne… » Serge qui ? Jocelyne qui ? Les intéressés eux-mêmes semblent ne plus, s’en soucier. Il y a des dizaines de milliers de Serge, des dizaines de milliers de Jocelyne, alors qu’il n’existe qu’un seul Serge X., qu’une seule Jocelyne Z. Mais on se complaît dans l’anonymat. On y nage à l’aise, on s’y coule avec délices, on n’y fait pas de vague, semblable aux milliers de milliers, on n’éprouve pas le besoin de faire claquer son nom comme un drapeau et de brandir ce drapeau au dessus de la mêlée.

Qu’on se rassure, toutefois. Il nous restera au moins à chacun, le numéro matricule de la Sécurité sociale. Celui-là, on y tient.

J’en connais même qui se battront pour ça…

Jean Raspail

 

Dans un monde qui bouge, pourquoi aurais-je besoin d’une vie intérieure ?

La vie intérieure ? Voici des mots qui paraissent bien difficiles et qui ne présentent aucun attrait…Ce n’est pourtant qu’une réalité toute simple : La vie intérieure c’est la vie de l’âme.

Dieu nous a donné une âme et un corps ; ce dernier ne se laisse que bien rarement oublier : si nous avons faim ou soif, chaud ou froid, si nous sommes blessés, immédiatement nous accourons à son secours. Notre âme, elle, est plus discrète… C’est seulement quand nous entendons la petite voix de la conscience (qui se fait d’ailleurs de plus en plus discrète à mesure que nous n’y portons pas attention…) que nous réagissons. Mais le bruit, les multiples activités, les sollicitations visuelles, olfactives, tactiles et gustatives nous laissent –elles le temps de porter attention à la vie de notre âme ?

« Et alors ?, me direz-vous, Je vis très bien ainsi ! Quels seront les avantages que je retirerai à m’occuper d’elle ?

« L’âme est le siège de la volonté, elle est le creuset où s’élaborent les raisons profondes de nos vouloirs humains. C’est le poste de commandement d’où partent les ordres dont dépendent toutes nos activités[1]. » Si nous ne donnons pas les guides à notre âme, ce sont les sens qui les prendront. C’est comme si nous montions dans une voiture dont les freins ne fonctionnent plus… Nos impulsions nous guident à partir d’impressions, de réflexes gardés, de principes enseignés quand nous étions petits, mais aussi des influences subies, des musiques entendues, des alcools bus… A qui préférerons-nous donner le volant ?

L’harmonie

Avec la vie du corps, l’âme doit réaliser une harmonie. Notre vie actuelle est certes, qu’on le veuille ou non, faite d’activités multiples, de sollicitations extérieures, d’agressions même ! Mais notre âme, en état de grâce (c’est indispensable), si elle est nourrie, parvient à trouver un équilibre. Elle nous permet de ne pas « subir » la vie, de ne pas répondre aux stimuli par des impulsions non raisonnées. Elle « garde la main », sans nous empêcher de vivre mais avec la maitrise des éléments.

Le courage

Reconnaissons qu’il faut un certain courage, parfois même héroïque, pour savoir se replier quelques instants dans le silence au milieu des clameurs assourdissantes et voir clair, pour écouter ses « voix de l’âme ». Mais cela est indispensable à qui veut remplir son devoir « dans la lumière ».

Ce recueillement intérieur (dont l’habitude s’acquiert) permet une mise en adéquation de notre vie habituelle avec le vouloir divin. Notre âme devient un foyer rayonnant qui s’alimente de nos prières, de nos bonnes actions, de notre charité, de nos pieux désirs. Et c’est grâce à ces petits replis intérieurs que nous pourrons maîtriser nos réactions, nos paroles et nos actes. «  Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive [2] » : cet appel du Bon Pasteur tombe dans le silence de l’âme apeurée…

Le monde ne veut plus comprendre… Mais là est pourtant le secret. La paix de l’âme, du devoir accompli, de l’harmonie, n’est-elle pas le plus beau gage de bonheur ?

Acceptons d’abandonner tous ces préjugés qui veulent nous faire croire que nous sommes plus heureux en laissant aux autres le soin de s’occuper de Dieu. Rejetons le respect humain qui nous empêche d’agir en véritable catholique ! Ne nous décourageons jamais car Dieu voit nos plus petits efforts et nous donne la force pour persévérer.

Quelques moyens :

  1. a) Prendre ou reprendre des habitudes de prière. Le 100ème anniversaire de Fatima nous aide à reprendre notre Rosaire. N’oublions jamais d’offrir notre journée à Dieu le matin et de Le remercier le soir. Soyons fidèles à la pratique des trois Ave Maria de Sainte Mecthilde.

« Prier avant d’agir et pour efficacement agir ne vaut pas seulement dans le cas du dessin général de l’existence, mais pour chaque journée. (…) Au lieu de nous précipiter tout de suite, mettre un intervalle, nous ressaisir, purifier l’intention, élever l’âme vers Dieu[3] »

  1. b) Se former. Reprendre de bons livres de formation : Le Catéchisme du Concile de Trente, ou le bon catéchisme de nos diocèses de France et en lire chaque jour quelques réponses. Trouver un bon guide qui nous évitera de perdre du temps à chercher l’enseignement dont nous avons besoin. Eviter à tous prix de recourir aux fausses sirènes qui tentent plus d’un avec assurance. Ne pas hésiter à prendre quelques jours pour se retirer et faire une bonne retraite. Vous trouverez sur notre site l’adresse de notre aumônier, n’hésitez pas à lui demander conseil.
  2. c) « Dieu premier servi[4]! ». « Ne cherchez pas Dieu au dehors, mais là, en vous, où il habite pour vous, où il vous appelle, vous attend, là où il souffre de vos dissipations et de vos oublis.[5]»

Faire passer l’essentiel avant l’accessoire. Voir le bien commun en priorité (malheureusement on ne peut pas secourir toutes les âmes troublées ou inquiètes). Aimer le sacrifice : « Les sacrifices sont des joyaux que Dieu te donne pour sauver tes frères »[6].

Faisons bon usage de notre liberté : ce grand mot, tellement méconnu. Notre liberté est celle des enfants de Dieu… Parfois Il nous laisse très longtemps jouir de ce que nous croyons être notre liberté (alors que nous la faisons servir à des fins contraires), mais ne nous méprenons pas et n’oublions jamais la parabole des talents[7]

  1. d) Rayonner ! « Si vous avez reçu la vie dans l’Eglise, ce n’est point pour la garder stérile dans vos âmes. Vivre c’est agir. Dieu vous demandera compte, à tous, du salut de vos frères ; rendez-vous chaque jour plus capables de leur communiquer la vie que vous possédez vous-mêmes »[8]

Le temps que vous donnerez à Dieu ne sera pas du temps perdu ; n’est ce pas Lui qui nous accorde chacune des minutes que nous vivons ? Ne serait ce pas un juste retour des choses que de lui offrir quelques uns de ces instants pour l’en remercier, pour réparer les offenses ou pour, tout simplement, lui offrir la joie de rencontrer son enfant dans un cœur à cœur.

Ajustez bien le soc de votre charrue afin que le sillon que vous tracerez dans la vie soit profond et bien droit. Vérifiez les freins de votre voiture et réservez toujours la meilleure place à votre Créateur qui quoique vous vouliez, quoique vous fassiez, vous protège dans sa main paternelle comme l’oiseleur tient l’oiseau sorti du nid.

Connaissez-vous la seule différence entre cet animal si étonnant qu’est l’escargot et la laide limace ? Une coquille, qui paraît dure mais qui craque à la moindre pression ! Vous êtes catholiques ? Soyez en fiers ! Mais pour le rester, il est indispensable de nourrir son âme sinon la carapace ne tiendra pas sous la pression de ceux que vous croyez être vos amis, qui vous proposent « du pain et des jeux » et qui veulent empêcher les hommes d’être ce pour lequel ils ont été crées : des êtres libres, des enfants de Dieu !

Anne

[1] Marcel Rendu.

[2] Saint Marc 8 ; 34-38

[3] Raoul Plus – Rayonner le Christ

[4] Sainte Jeanne d’Arc

[5] Monseigneur Mercier

[6] Jacques d’Arnoux

[7] Saint Matthieu 25 ; 14-30

[8] Saint Pie X

La drogue

Saviez-vous que le trafic de cannabis génère en France plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires ? Qu’en 2014, 4,6 millions de personnes en France consommaient du cannabis et 1,4 million de manière régulière[1]. L’enquête européenne Espad (septembre 2016) indiquait que 17 % des lycéens français avaient fumé du cannabis au moins une fois dans le mois contre une moyenne européenne de 7 %.
La drogue se banalise. De plus en plus souvent nos enfants s’y trouvent confrontés ; les forces de l’ordre sont débordées, les proviseurs des lycées ne maîtrisent plus. Ne croyons pas qu’un milieu sera davantage protégé qu’un autre. Nous faisons face à un véritable fléau et c’est notre devoir d’en être informé. Plusieurs articles y seront consacrés. Celui-ci donnera des notions générales ; un colonel de gendarmerie reviendra sur ce sujet dans quelques temps pour donner des conseils pratiques.

 Qu’est-ce qu’une drogue ?
Une drogue est une substance[2] qui crée chez celui qui la consomme un état de dépendance physique ou psychique. Elle modifie la manière de percevoir les choses, de ressentir les émotions, de penser et de se comporter.
Cet état de dépendance -ou toxicomanie- est une aliénation, une privation de liberté, puisque le toxicomane est profondément dépendant de sa drogue.
Les produits en question sont des stupéfiants, des psychotropes, mais il peut s’agir aussi de médicaments dont on fait un usage excessif.
Leurs effets sont variés selon leur type :
« Dépresseurs du système nerveux «  : elles agissent sur le cerveau en ralentissant certaines fonctions ou sensations. Un ralentissement de la fonction respiratoire et l’endormissement sont souvent des effets secondaires de ces drogues.
« Stimulants »: elles accroissent les sensations et certaines fonctions organiques comme le rythme cardiaque ou encore la sensation d’éveil… Leur action « stimulante » est souvent suivie d’un contrecoup avec par exemple des sensations inverses de fatigue et d’irritabilité.
« Hallucinogènes » : elles modifient les perceptions visuelles, auditives et corporelles.
« Stimulants-hallucinogènes » : elles stimulent les sensations et certaines fonctions organiques tout en produisant des distorsions des perceptions, mais de manière moins marquée qu’avec un hallucinogène.
« Perturbateurs »

Les différentes drogues
On peut citer :
– l’héroïne
– la cocaïne
– l’ecstasy (dont le principe actif est le MDMA)
– le cannabis
Aujourd’hui, on y ajoute :
– les psychostimulants
– les benzodiazépines (prescrits comme médicaments)
– l’alcool
– et le tabac.
Attention !
Une campagne de désinformation est en cours pour légaliser l’usage du cannabis, et entraîne la vulgarisation de deux idées fausses:
-« l’alcool et le tabac sont aussi dangereux, voire même pires que les drogues » : soyons clairs : même s’ils sont dangereux à long terme, ils ne causent pas des morts immédiates par « overdose » comme le font les drogues[3]. « Le cannabis est 7 fois plus cancérigène que le tabac[4] »

– « il faut distinguer les drogues douces (comme le cannabis) des drogues dures (cocaïne, héroïne) ».  Ne nous y trompons pas : aucune drogue n’est douce, et le cannabis, même s’il cause moins de morts par overdose, a des effets destructeurs, nous allons le voir tout de suite.

Le cannabis

C’est la drogue la plus consommée en France ; c’est aussi très souvent la « porte d’entrée » vers les autres drogues, nous allons donc en parler plus précisément :

Les adolescents français sont les premiers consommateurs de cannabis en Europe : près de 2 sur 5 déclarent en avoir déjà fumé une fois au cours de la vie, et 1 sur 4 en fume régulièrement[5].

« Cannabis », c’est le nom latin du chanvre, dont on tire une drogue qui se présente sous trois formes :

            – la marijuana, qui est le plus souvent fumée sous forme de « joint », ou avec une pipe. Le cannabis est fumé mélangé à du tabac, et roulé dans du papier à cigarette pour obtenir une cigarette de forme conique. C’est le mode de consommation le plus usité en France (joint, bedo, pétard, spliff, stick, oinj’, techi,). Certains jeunes, recherchant plutôt un effet de « défonce » immédiat, utilisent une pipe à eau (bang ou bong) dans laquelle l’utilisateur insère la « douille ».

            – le haschish, shit ou chichon (même utilisation, souvent coupé avec d’autres substances comme la paraffine, la colle, le cirage… ou le pneu!) C’est la «résine» extraite de la plante commercialisée en barrettes d’environ 3 grammes ou en savonnette d’environ 250 grammes : teneur jusqu’à 27 % de THC.

            – l’huile de haschish, peu répandue en France.

Toutes les préparations de cannabis altèrent le fonctionnement du cerveau. Elles agissent durablement sur le comportement et restent stockées dans l’organisme au minimum 28 jours après une prise.

Parmi plus de 400 produits chimiques que contient le cannabis, se trouve le THC[6],  produit actif principal ; or il faut savoir que depuis les années 1970, la teneur du cannabis en THC s’est fortement accentuée (le taux de THC dans le cannabis était de 0,6 à 4 % dans les années 1970, est en moyenne de 10 à 12% en 2011, et peut atteindre parfois 30 à 35%). C’est comme si on proposait de la vodka à la place du cidre…

Le cannabis augmente le seuil de tolérance à l’alcool et le fumeur a besoin d’alcool fort pour ressentir les effets. C’est ainsi que les fumeurs atteignent souvent le coma éthylique.

Comment agit le cannabis ?

Quand il est inhalé, ses effets sont ressentis presque instantanément, car le THC atteint rapidement tous les organes du corps, y compris le cerveau.

Le THC s’attache à des endroits particuliers des cellules nerveuses, dans le corps et dans le cerveau[7], et interrompt leur fonctionnement normal.

Il s’agit -entre autres- des zones du cerveau qui dirigent le plaisir, la mémoire, la pensée, la concentration, le mouvement, la coordination, l’appétit, la douleur, la perception sensorielle, et la perception du temps.

A court terme, il produit une euphorie, une altération de la mémoire, un grand appétit, un rythme cardiaque élevé, une dilatation des vaisseaux sanguins dans les yeux, les rendant rouges et injectés de sang, ainsi que des réactions mentales négatives, une perception distordue, une coordination motrice déficiente.

Et avec le temps, sa consommation provoque :

1 – des difficultés scolaires, puisque la capacité à se concentrer et à retenir les informations est entravée, et la motivation anéantie ; chez les fumeurs de cannabis, la proportion d’élèves ayant de mauvais résultats scolaires, jusqu’à devoir arrêter leurs études, est très grande.

2 – des actes inconsidérés, car le jugement est altéré.

3 – un relâchement dans le soin de soi-même, des changements d’humeur qui peuvent être violents, d’où la détérioration des relations avec les membres de sa famille et ses amis.

4 – des accidents de voiture, car au volant, il altère l’évaluation des distances ; il affecte la vigilance, la concentration, la coordination et le temps  de réaction. Parfois combiné avec l’alcool, il est la cause de beaucoup d’accidents mortels de la route.

5 – l’usage régulier du cannabis est associé à des maladies psychologiques comme la psychose, mais aussi à la dépression, l’anxiété, les pensées suicidaires, et les troubles de la personnalité.

6 – il suscite rapidement une dépendance : les fumeurs de cannabis ont beaucoup de difficultés à s’arrêter quand ils le désirent.

Pourquoi se droguer ?

Si nous interrogeons les jeunes drogués, ils répondent qu’ils ont commencé par curiosité, ou par désir de faire « comme les autres », comme les amis qui leur proposent d’essayer « juste une fois ».

Ce sont les causes les plus courantes ; de plus, pour ceux qui ont des difficultés, c’est un moyen de ne pas penser à leurs problèmes (pendant 3h…), de se sentir mieux, différents, de « planer ».

Après avoir essayé, ils deviennent prisonniers de ce besoin…

En résumé : curiosité, conformisme (ou respect humain), évasion.

C’est le fruit de l’esprit de la société actuelle, avec, à la racine, le refus de Dieu, qui entraîne le refus des lois naturelles.

Petit, « l’enfant roi » a pu se permettre toutes les expériences, ses parents ne voulaient rien lui interdire. Il n’a plus la force d’accepter les exigences de la vie. Il est isolé, soumis à l’hédonisme (philosophie du plaisir) et à l’égoïsme ; il est privé de cette structure de caractère que donne « l’effort surmonté » ; et sa raison et sa volonté sont incapables de résister aux tentations.

Les jeunes n’ont souvent pas la chance de trouver à la maison l’équilibre dont ils ont besoin.

Et c’est aussi, et nous sommes tous concernés, la faiblesse de notre nature humaine, avec les fragilités que nous a laissées le péché originel.

Nous pouvons nous trouver dans une situation où il faudra être capable de dire non, (et cela pourra être difficile) à des relations, à des amis, qui « jouent » avec la drogue sans se rendre compte des risques, ou qui sont, hélas pour eux, déjà tombés sous son emprise.

Pour résister, il est indispensable de :

– garder une bonne distance par rapport aux drogués, même quand nous les côtoyons tous les jours en classe ou à l’université.

– être clair dans sa tête – la drogue est un esclavage- ne jamais pactiser.

Le risque ne disparaît pas avec l’âge, et certains, jeunes ou moins jeunes, qui ont des métiers très exigeants, et travaillent par exemple dans la communication, ou dans des cabinets d’affaire, se droguent pour se dynamiser, « se doper », et tenir le coup ; ils se détruisent pour réussir leur vie professionnelle !

La vigilance et l’équilibre de vie sont essentiels : que ce soient les cigarettes, l’alcool, ou les médicaments ; tout est question de mesure ! Certains remèdes sont utiles mais il faut savoir ne pas en être dépendant. (Attention par exemple aux médicaments qui aident à dormir). Il s’agit d’être soi-même, sans « béquilles », conduit par sa volonté éclairée par la raison.

Pour des parents, la meilleure prévention est de donner une éducation équilibrée, de transmettre la foi et la morale, et de veiller aux amitiés. Il est très important d’entretenir un bon contact avec les enfants, pour pouvoir les mettre en garde de façon réaliste. Un foyer sain et équilibré, avec des parents présents, permet aussi aux jeunes de ne pas chercher ailleurs le bonheur qu’ils ne trouvent pas chez eux.

L’éducation de la volonté aide les enfants à être assez forts et fermes pour résister librement, par eux-mêmes, et avec l’aide de Dieu, à la tentation d’essayer la drogue, et d’en devenir les esclaves.

Anne

[1] Baromètre de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).

[2] Composé chimique, biochimique ou naturel.

[3] Si 7 % des consommateurs de boissons alcoolisées sont des alcooliques, dépendants de leur boisson, 95 % des drogués sont sous la dépendance de leur drogue.

[4]« Enfance sans drogue »

[5] Régulièrement : au moins 10 consommations de cannabis par mois.

[6] delta-9-tetrahydrocannabinol : substance chimique, principal principe actif du cannabis.

[7] on les appelle « récepteurs cannabinoïdes »

Pourquoi toujours obéir?

(Cette rubrique offre aux parents une trame de discussion pour aborder avec les plus grands des sujets importants. Le thème est structuré afin qu’aucun des aspects ne soit oublié mais chacun pourra étoffer par des exemples les principes énoncés au fil de la discussion)

 Obéir ! Voici une des premières notions qui nous a été enseignée ! En effet dès la première expérience d’indépendance que l’enfant peut faire, il doit se soumettre aux lois : ne pas toucher ce qui est chaud, ne pas descendre les escaliers seul, etc… Mais c’est aussi une notion  qu’on a très envie d’oublier, car obéir ne nous plaît pas.Depuis le péché originel, nous sommes tous allergiques à l’obéissance. Continuer la lecture de « Pourquoi toujours obéir? »

Il n’y a que la charité qui compte…

« IL N’Y A QUE LA CHARITÉ QUI COMPTE, LES PRINCIPES NE COMPTENT PAS »

(Cette rubrique offre aux parents une trame de discussion pour aborder avec les plus grands, des sujets importants.)

Cette phrase me touche, et elle me heurte.

Elle me touche, parce que je voudrais parfaitement vivre dans la charité, et l’exercer envers tous ceux qui l’entourent.

Elle me heurte parce que je sens combien je suis parfois incertain ou tiraillé : comment faire du bien, à mes proches, à tous sans compromettre la Vérité ?

Comment vivre dans la charité, ici, en ce moment, si les principes sont secondaires, si la loi de l’Evangile – les commandements – ne me guident pas ?

Dans toutes mes relations, je risque de me trouver devant ce dilemme :

– soit taire ce que je crois, en tolérant, voire approuvant l’erreur ou le mal.

– soit m’énerver en disant tout ce que je pense au risque de blesser ou braquer.

Je ne veux  pas de ce choix entre deux maux : une charité de faiblesse -fausse charité- et des principes qui blessent ; je veux vivre et agir à la lumière du Vrai et du Bien. Continuer la lecture de « Il n’y a que la charité qui compte… »