Pourquoi toujours obéir?

(Cette rubrique offre aux parents une trame de discussion pour aborder avec les plus grands des sujets importants. Le thème est structuré afin qu’aucun des aspects ne soit oublié mais chacun pourra étoffer par des exemples les principes énoncés au fil de la discussion)

 Obéir ! Voici une des premières notions qui nous a été enseignée ! En effet dès la première expérience d’indépendance que l’enfant peut faire, il doit se soumettre aux lois : ne pas toucher ce qui est chaud, ne pas descendre les escaliers seul, etc… Mais c’est aussi une notion  qu’on a très envie d’oublier, car obéir ne nous plaît pas.Depuis le péché originel, nous sommes tous allergiques à l’obéissance.

 Quelques repères :

L’obéissance date de la Création du monde : Dieu a donné des ordres à la lumière « Que la lumière soit ! aux astres, à la terre, aux animaux, et il a créé Adam et Eve, comme couronnement de la création.
Il leur a interdit de goûter le fruit de l’arbre de la « science du bien et du mal ».
Le bien, c’était l’obéissance et la grâce de Dieu, le mal, la désobéissance et la perte des dons qui n’étaient pas dus à l’homme.Le péché originel fut donc la première désobéissance de l’homme.Dieu a dirigé son peuple, par les patriarches (Noé, Abraham) et par les prophètes. Par Moïse, il leur a donné la loi des Dix Commandements. Quand le peuple s’écartait de lui et désobéissait, il a toujours été puni : depuis le déluge, jusqu’à l’exil et la captivité.Quand les temps furent accomplis, Notre Seigneur Jésus-Christ, Dieu, fils de Dieu, s’est incarné, et nous a montré l’obéissance parfaite et la Loi nouvelle de la charité.Puis Il a confié à son Eglise le pouvoir de transmettre la foi et la grâce par les sacrements. Par la voix de Saint Paul, Notre-Seigneur dit explicitement : « Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car cela est juste »


Mais qu’est-ce que l’obéissance ?
Le principe de l’obéissance, c’est donc de se soumettre à Dieu, en se conformant à ses ordres. « Toute autorité vient de Dieu »11

« Est-ce que toute société de créatures dépendantes et inégales par nature n’a pas besoin d’une autorité qui dirige leur activité vers le bien commun et qui impose sa loi ? »12

Jésus lui-même a été obéissant jusqu’à la mort.L’obéissance demande l’humilité.

La fausse liberté.
Le contraire de l’obéissance, c’est la révolte, la rébellion.La liberté est le choix du meilleur moyen en vue d’un bien, alors que l’esprit du monde veut nous faire croire que la liberté est un absolu : « liberté, égalité, fraternité ».Un ordre, un précepte devient un attentat à la liberté.Cette fausse liberté détruit la société : si l’ordre n’est plus le principe de la société, alors l’anarchie règne. La morale devient sentimentale et subjective. Lors de la Révolution de 1968, il était écrit sur les murs ; « il est interdit d’interdire »Si le peuple demeure le détenteur du pouvoir, que devient l’autorité ? une ombre, un mythe ; il n’y a plus de loi proprement dite, il n’y a plus d’obéissance. Aujourd’hui, on ne peut plus exiger que le bien commun soit respecté, ni que les enfants fassent des efforts qui seraient bons pour eux, de peur de les traumatiser.On veut nous faire croire que l’autorité est partagée ; c’est là tout le principe des idées révolutionnaires qui se sont infiltrées dans la société toute entière et à tous les niveaux (collégialité, etc…).

L’autorité consentie.

Les « philosophes » qui se sont penchés sur l’enfance sont parvenus à faire rentrer dans les mentalités une fausse idée qui veut que l’autorité soit consentie. Cette idée imprégnée de l’esprit des lumières a été combattue par Le Pape Saint Pie X dans son encyclique sur les erreurs du Sillon. C’est une perversion de l’idée d’autorité qui, à tous les niveaux n’ose plus commander tant que le consentement de la personne qui doit obéir n’a pas été obtenu. Sans le principe d’autorité, l’enfant risque d’être abandonné à ses caprices ou à ses égoïsmes et devenir inapte à la vie sociale. On sait que beaucoup de troubles, tels que la dépression ou la névrose, trouvent leur explication dans l’absence de l’autorité du père qui aujourd’hui est tellement discutée.On a fait croire aux parents qu’ils seraient de bons éducateurs s’ils expliquaient en permanence, dès le plus jeune âge, tous leurs ordres aux enfants. Ceux-ci prennent alors l’habitude d’obéir, non pas parce que cela leur a été commandé mais parce qu’ils ont compris. Et là il n’y a plus l’application du principe d’autorité.Finalement, nous refusons d’obéir, parce que nous voudrions tous commander !
Et pourtant :

C’est la Vérité qui nous rend libres. Or aimer Dieu, qui est la Vérité, nous donne « l’esprit d’obéissance ».C’est par cet esprit que nous gagnons la vraie liberté : la liberté intérieure du cœur et de la raison éclairés par  la foi.« Si tu veux commander, apprends déjà à obéir ! », cette réalité n’est pas toujours très agréable à entendre, mais elle est tellement exacte ! C’est ainsi que nous construisons l’autorité qui sera la nôtre.En effet notre autorité viendra de la place où Dieu nous mettra, mais avec les compétences et les qualités – et la fermeté du caractère- que nous aurons développées, à tout âge, par l’esprit d’obéissance et avant tout par les grâces d’état que nous recevons.

A qui devons nous obéissance ?

C’est Dieu le principe de l’obéissance, c’est donc à Lui que nous obéissons à travers nos supérieurs.« La loi n’est pas autre chose qu’un commandement de la droite raison porté par la puissance légitime, en vue du bien général. Mais il n’y a de vraie et légitime puissance que celle qui émane de Dieu, souverain Seigneur et Maître de toutes choses, Lequel seul peut investir l’homme d’une autorité de commandement sur les autres hommes ».

L’autorité appartient donc à:

– l’Eglise et la Tradition de celle-ci par l’ensemble de ses enseignements infaillibles.

– Dans chaque famille, par le père, puis par la mère.
– Par délégation de ceux-ci au professeur, au chef scout, etc…
– Et à ceux qui par leurs responsabilités détiennent une autorité, depuis le président de la République jusqu’au chef d’entreprise.
La désobéissance apparente.
« Mais, si les lois de l’État sont en contradiction ouverte avec la loi divine, si elles renferment des dispositions préjudiciables à l’Église ou des prescriptions contraires aux devoirs imposés par la religion, si elles violent dans le Pontife Suprême l’autorité de Jésus-Christ, dans tous ces cas, il y a obligation de résister et obéir serait un crime dont les conséquences retomberaient sur l’État lui-même ».
Il est plus facile d’obéir quand on a confiance dans la personne dont nous dépendons. Mais l’obéissance n’exige pas la confiance. Nous devons avoir le respect de l’autorité qui parle.Ce qui compte avant tout, c’est de rechercher la volonté de Dieu, à travers l’ordre reçu, parfois contestable, mais en gardant le principe : « l’obéissance est due tant que l’ordre donné n’offense pas la foi ni les mœurs ». Il est donc essentiel d’être attentifs à ce qui nous est ordonné, en portant s’il le faut un jugement sur cet ordre, mais sans chercher à imaginer les intentions de celui qui commande.Les inférieurs sont tenus d’obéir à leurs supérieurs seulement dans les choses pour lesquelles ils leur sont soumis, et pour lesquelles les supérieurs ne sont pas en opposition avec l’ordre d’une puissance plus élevée »
L’autorité doit être éclairée par le Saint Esprit et s’exercer en conformité avec la justice. Elle ne doit pas être abusive. « Et vous pères, n’exaspérez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les avertissant selon le Seigneur. »
Et si je ne veux plus obéir ?
Les conséquences ne se font en général pas attendre longtemps car Dieu a basé toute sa création sur des lois. La désobéissance se paye toujours…
Si vous voulez sortir en chemise par -5°C, si vous ne voulez manger que des sucreries, si vous conduisez à gauche (en France), si vous vous droguez, si … c’est bien vous qui payerez les conséquences de vos actes…
Mais cela va plus loin car il ne faut pas oublier les conséquences vis-à-vis de Dieu et celles envers le prochain :1) vis-à-vis de Dieu :
Nous commettons une offense envers le Dieu qui nous a créé. « Que les pauvres pécheurs sont ingrats en offensant un Dieu si bon et un Père si tendre. Outrager un Dieu qui nous a créés et qui ne nous a fait que du bien, c’est le comble de l’ingratitude. Les animaux n’oublient pas le bien qu’on leur fait et les chrétiens oublient la bonté d’un Dieu qui les aime tant. » disait le Saint Curé d’Ars.
2) envers le prochain   – par l’exemple donné tout d’abord : Un enfant qui refuse d’obéir à ses parents montre à ses frères et sœurs que c’est possible et remet en question une autorité que chacun croyait indiscutable jusqu’à ce jour. Et même si l’ordre pouvait être discutable, celui qui a obéi sans discuter gagnera davantage de mérites aux yeux de Dieu que s’il a fait un acte plus positif par désobéissance. « On ne doit pas faire un bien en se rendant coupable d’une faute » par le bien qui n’aura pas été fait là où Dieu nous a placé pour le servir.
Alors l’obéissance ?
Nous n’aimons pas trop obéir, mais l’amour de Dieu change tout ! « En obéissant humblement à la voix d’un autre, nous triomphons nous-mêmes de notre cœur »
L’obéissance -voulue- rétablit l’ordre, en nous d’abord (comme enfants de Dieu), et autour de nous. Elle nous forme, nous fortifie et nous arme pour  exercer l’autorité qui nous est peut-être déjà donnée ou qui nous sera un jour, confiée.
Certes, obéir n’est pas chose facile mais : « Notre-Seigneur  n’a pas annoncé pour la société future le règne d’une félicité idéale, d’où la souffrance serait bannie ; mais, par ses leçons et par ses exemples, il a tracé le chemin du bonheur possible sur terre et du bonheur parfait au ciel : la voie royale de la croix. »

Anne

[1] Livre de la Genèse 1,3

[2] Epitre aux Ephésiens 6.1

[3] Epitre aux Romains 13,1-7

[4]– 13 Lettre encyclique « Notre Charge apostolique » Saint Pie X, 25 août 1910

 [6]  Lettre encyclique Sapientiae Christianae du 10 janvier 1890 Sur les principaux devoirs des chrétiens – Léon XIII

[7] Lettre encyclique Sapientiae Christianae du 10 janvier 1890. Sur les principaux devoirs des chrétiens – Léon XIII

[8] Saint Thomas ; Somme théologique ; q.114, a.4

[9] Epitre de Saint Paul aux Ephésiens. 6,4.

[10] Saint Thomas ; Somme théologique q.114, a.3

[11] Saint Thomas ; Somme théologique q.114, a.1

[12] Encyclique Notre charge Apostolique du 25 août 1910 Sur « le Sillon » – Saint Pie X