La drogue

Saviez-vous que le trafic de cannabis génère en France plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires ? Qu’en 2014, 4,6 millions de personnes en France consommaient du cannabis et 1,4 million de manière régulière[1]. L’enquête européenne Espad (septembre 2016) indiquait que 17 % des lycéens français avaient fumé du cannabis au moins une fois dans le mois contre une moyenne européenne de 7 %.
La drogue se banalise. De plus en plus souvent nos enfants s’y trouvent confrontés ; les forces de l’ordre sont débordées, les proviseurs des lycées ne maîtrisent plus. Ne croyons pas qu’un milieu sera davantage protégé qu’un autre. Nous faisons face à un véritable fléau et c’est notre devoir d’en être informé. Plusieurs articles y seront consacrés. Celui-ci donnera des notions générales ; un colonel de gendarmerie reviendra sur ce sujet dans quelques temps pour donner des conseils pratiques.

 Qu’est-ce qu’une drogue ?
Une drogue est une substance[2] qui crée chez celui qui la consomme un état de dépendance physique ou psychique. Elle modifie la manière de percevoir les choses, de ressentir les émotions, de penser et de se comporter.
Cet état de dépendance -ou toxicomanie- est une aliénation, une privation de liberté, puisque le toxicomane est profondément dépendant de sa drogue.
Les produits en question sont des stupéfiants, des psychotropes, mais il peut s’agir aussi de médicaments dont on fait un usage excessif.
Leurs effets sont variés selon leur type :
« Dépresseurs du système nerveux «  : elles agissent sur le cerveau en ralentissant certaines fonctions ou sensations. Un ralentissement de la fonction respiratoire et l’endormissement sont souvent des effets secondaires de ces drogues.
« Stimulants »: elles accroissent les sensations et certaines fonctions organiques comme le rythme cardiaque ou encore la sensation d’éveil… Leur action « stimulante » est souvent suivie d’un contrecoup avec par exemple des sensations inverses de fatigue et d’irritabilité.
« Hallucinogènes » : elles modifient les perceptions visuelles, auditives et corporelles.
« Stimulants-hallucinogènes » : elles stimulent les sensations et certaines fonctions organiques tout en produisant des distorsions des perceptions, mais de manière moins marquée qu’avec un hallucinogène.
« Perturbateurs »

Les différentes drogues
On peut citer :
– l’héroïne
– la cocaïne
– l’ecstasy (dont le principe actif est le MDMA)
– le cannabis
Aujourd’hui, on y ajoute :
– les psychostimulants
– les benzodiazépines (prescrits comme médicaments)
– l’alcool
– et le tabac.
Attention !
Une campagne de désinformation est en cours pour légaliser l’usage du cannabis, et entraîne la vulgarisation de deux idées fausses:
-« l’alcool et le tabac sont aussi dangereux, voire même pires que les drogues » : soyons clairs : même s’ils sont dangereux à long terme, ils ne causent pas des morts immédiates par « overdose » comme le font les drogues[3]. « Le cannabis est 7 fois plus cancérigène que le tabac[4] »

– « il faut distinguer les drogues douces (comme le cannabis) des drogues dures (cocaïne, héroïne) ».  Ne nous y trompons pas : aucune drogue n’est douce, et le cannabis, même s’il cause moins de morts par overdose, a des effets destructeurs, nous allons le voir tout de suite.

Le cannabis

C’est la drogue la plus consommée en France ; c’est aussi très souvent la « porte d’entrée » vers les autres drogues, nous allons donc en parler plus précisément :

Les adolescents français sont les premiers consommateurs de cannabis en Europe : près de 2 sur 5 déclarent en avoir déjà fumé une fois au cours de la vie, et 1 sur 4 en fume régulièrement[5].

« Cannabis », c’est le nom latin du chanvre, dont on tire une drogue qui se présente sous trois formes :

            – la marijuana, qui est le plus souvent fumée sous forme de « joint », ou avec une pipe. Le cannabis est fumé mélangé à du tabac, et roulé dans du papier à cigarette pour obtenir une cigarette de forme conique. C’est le mode de consommation le plus usité en France (joint, bedo, pétard, spliff, stick, oinj’, techi,). Certains jeunes, recherchant plutôt un effet de « défonce » immédiat, utilisent une pipe à eau (bang ou bong) dans laquelle l’utilisateur insère la « douille ».

            – le haschish, shit ou chichon (même utilisation, souvent coupé avec d’autres substances comme la paraffine, la colle, le cirage… ou le pneu!) C’est la «résine» extraite de la plante commercialisée en barrettes d’environ 3 grammes ou en savonnette d’environ 250 grammes : teneur jusqu’à 27 % de THC.

            – l’huile de haschish, peu répandue en France.

Toutes les préparations de cannabis altèrent le fonctionnement du cerveau. Elles agissent durablement sur le comportement et restent stockées dans l’organisme au minimum 28 jours après une prise.

Parmi plus de 400 produits chimiques que contient le cannabis, se trouve le THC[6],  produit actif principal ; or il faut savoir que depuis les années 1970, la teneur du cannabis en THC s’est fortement accentuée (le taux de THC dans le cannabis était de 0,6 à 4 % dans les années 1970, est en moyenne de 10 à 12% en 2011, et peut atteindre parfois 30 à 35%). C’est comme si on proposait de la vodka à la place du cidre…

Le cannabis augmente le seuil de tolérance à l’alcool et le fumeur a besoin d’alcool fort pour ressentir les effets. C’est ainsi que les fumeurs atteignent souvent le coma éthylique.

Comment agit le cannabis ?

Quand il est inhalé, ses effets sont ressentis presque instantanément, car le THC atteint rapidement tous les organes du corps, y compris le cerveau.

Le THC s’attache à des endroits particuliers des cellules nerveuses, dans le corps et dans le cerveau[7], et interrompt leur fonctionnement normal.

Il s’agit -entre autres- des zones du cerveau qui dirigent le plaisir, la mémoire, la pensée, la concentration, le mouvement, la coordination, l’appétit, la douleur, la perception sensorielle, et la perception du temps.

A court terme, il produit une euphorie, une altération de la mémoire, un grand appétit, un rythme cardiaque élevé, une dilatation des vaisseaux sanguins dans les yeux, les rendant rouges et injectés de sang, ainsi que des réactions mentales négatives, une perception distordue, une coordination motrice déficiente.

Et avec le temps, sa consommation provoque :

1 – des difficultés scolaires, puisque la capacité à se concentrer et à retenir les informations est entravée, et la motivation anéantie ; chez les fumeurs de cannabis, la proportion d’élèves ayant de mauvais résultats scolaires, jusqu’à devoir arrêter leurs études, est très grande.

2 – des actes inconsidérés, car le jugement est altéré.

3 – un relâchement dans le soin de soi-même, des changements d’humeur qui peuvent être violents, d’où la détérioration des relations avec les membres de sa famille et ses amis.

4 – des accidents de voiture, car au volant, il altère l’évaluation des distances ; il affecte la vigilance, la concentration, la coordination et le temps  de réaction. Parfois combiné avec l’alcool, il est la cause de beaucoup d’accidents mortels de la route.

5 – l’usage régulier du cannabis est associé à des maladies psychologiques comme la psychose, mais aussi à la dépression, l’anxiété, les pensées suicidaires, et les troubles de la personnalité.

6 – il suscite rapidement une dépendance : les fumeurs de cannabis ont beaucoup de difficultés à s’arrêter quand ils le désirent.

Pourquoi se droguer ?

Si nous interrogeons les jeunes drogués, ils répondent qu’ils ont commencé par curiosité, ou par désir de faire « comme les autres », comme les amis qui leur proposent d’essayer « juste une fois ».

Ce sont les causes les plus courantes ; de plus, pour ceux qui ont des difficultés, c’est un moyen de ne pas penser à leurs problèmes (pendant 3h…), de se sentir mieux, différents, de « planer ».

Après avoir essayé, ils deviennent prisonniers de ce besoin…

En résumé : curiosité, conformisme (ou respect humain), évasion.

C’est le fruit de l’esprit de la société actuelle, avec, à la racine, le refus de Dieu, qui entraîne le refus des lois naturelles.

Petit, « l’enfant roi » a pu se permettre toutes les expériences, ses parents ne voulaient rien lui interdire. Il n’a plus la force d’accepter les exigences de la vie. Il est isolé, soumis à l’hédonisme (philosophie du plaisir) et à l’égoïsme ; il est privé de cette structure de caractère que donne « l’effort surmonté » ; et sa raison et sa volonté sont incapables de résister aux tentations.

Les jeunes n’ont souvent pas la chance de trouver à la maison l’équilibre dont ils ont besoin.

Et c’est aussi, et nous sommes tous concernés, la faiblesse de notre nature humaine, avec les fragilités que nous a laissées le péché originel.

Nous pouvons nous trouver dans une situation où il faudra être capable de dire non, (et cela pourra être difficile) à des relations, à des amis, qui « jouent » avec la drogue sans se rendre compte des risques, ou qui sont, hélas pour eux, déjà tombés sous son emprise.

Pour résister, il est indispensable de :

– garder une bonne distance par rapport aux drogués, même quand nous les côtoyons tous les jours en classe ou à l’université.

– être clair dans sa tête – la drogue est un esclavage- ne jamais pactiser.

Le risque ne disparaît pas avec l’âge, et certains, jeunes ou moins jeunes, qui ont des métiers très exigeants, et travaillent par exemple dans la communication, ou dans des cabinets d’affaire, se droguent pour se dynamiser, « se doper », et tenir le coup ; ils se détruisent pour réussir leur vie professionnelle !

La vigilance et l’équilibre de vie sont essentiels : que ce soient les cigarettes, l’alcool, ou les médicaments ; tout est question de mesure ! Certains remèdes sont utiles mais il faut savoir ne pas en être dépendant. (Attention par exemple aux médicaments qui aident à dormir). Il s’agit d’être soi-même, sans « béquilles », conduit par sa volonté éclairée par la raison.

Pour des parents, la meilleure prévention est de donner une éducation équilibrée, de transmettre la foi et la morale, et de veiller aux amitiés. Il est très important d’entretenir un bon contact avec les enfants, pour pouvoir les mettre en garde de façon réaliste. Un foyer sain et équilibré, avec des parents présents, permet aussi aux jeunes de ne pas chercher ailleurs le bonheur qu’ils ne trouvent pas chez eux.

L’éducation de la volonté aide les enfants à être assez forts et fermes pour résister librement, par eux-mêmes, et avec l’aide de Dieu, à la tentation d’essayer la drogue, et d’en devenir les esclaves.

Anne

[1] Baromètre de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).

[2] Composé chimique, biochimique ou naturel.

[3] Si 7 % des consommateurs de boissons alcoolisées sont des alcooliques, dépendants de leur boisson, 95 % des drogués sont sous la dépendance de leur drogue.

[4]« Enfance sans drogue »

[5] Régulièrement : au moins 10 consommations de cannabis par mois.

[6] delta-9-tetrahydrocannabinol : substance chimique, principal principe actif du cannabis.

[7] on les appelle « récepteurs cannabinoïdes »