Rendre possible le choix du bonheur

Mon fils Renaud a déjà 30 ans et ne se décide pas à se marier. Il reste dans son train-train confortable : son travail, sa voiture, son appartement et de bonnes amies… Se donner ? S’ouvrir à d’autres groupes d’amis ? Pour lui, l’effort n’en vaut pas la peine…

Marc, le mien a mis plusieurs années avant d’accepter sa vocation…

  C’est un fait, s’engager à des fiançailles puis au mariage, ou répondre à l’appel de la vocation sacerdotale ou religieuse, est une décision qui va changer le cours de notre vie. Il y a de quoi hésiter, douter, ne pas se sentir capable…

Comment se préparer pour se décider, au bon moment, sans hésitation ni faiblesse ? Le choix décisif nous mettra dans la voie du bonheur, le bonheur de savoir que nous faisons la sainte volonté de Dieu.

 

Se détacher, se donner, persévérer

  Dire « oui, je le veux », nécessite un triple effort : se détacher de son propre confort individualiste pour se donner par amour et pour persévérer dans les joies, les peines et les sacrifices de chaque jour.

  Que nous le voulions ou non, l’époque dans laquelle nous vivons nous influence tous. Elle encourage la satisfaction prioritaire des envies individuelles de confort, de consommation, d’indépendance, d’épanouissement égoïste, de loisirs… Sans nous en rendre compte, nous pouvons élever nos enfants comme s’ils devaient faire le bien naturellement ; nous sommes plein de bonnes intentions et de belles paroles, mais ne voulons pas de contrainte, pas d’effort régulier. Alors, nous sommes déçus lorsque le bien ne résulte pas naturellement de cette éducation sans rigueur. André Charlier en indique les conséquences dans sa « lettre aux parents » :

« Vos enfants ne comprendront rien à l’action de la grâce en eux, ils ne l’apercevront même pas car, lorsque la grâce nous demande quelque chose, c’est ordinairement quelque chose qui coûte : alors ils ne sauront pas lui répondre, ou bien répondront par un refus. »

 

Apprendre à savoir faire un bon choix

  Pour savoir faire le grand choix, exigeant et définitif le moment venu, il faut donc s’habituer à, régulièrement, se détacher du confort du quotidien pour se donner à une belle cause. Le choix de faire, chaque année, le pèlerinage de Pentecôte – 3 jours complets – est le moyen idéal pour s’entraîner !

 

Le pèlerinage est en effet l’image de la vie, dans tous ses aspects : le spirituel, la vie en société dans une atmosphère de chrétienté regroupant des milliers de personnes, avec leur village de toile, la chaleur de l’amitié dans un chapitre, le silence parfois, la monotonie ou l’effort de chaque pas, image des multiples « oui » de chaque jour.

  Une heure de pèlerinage, c’est un jour de notre vie, certains plus faciles et joyeux, d’autres plus souffrants, tous pour Dieu et le prochain. Ce sont les joies, les peines et les sacrifices qui s’entremêlent. Peu importe, il faut se donner, il faut marcher, sourire ou pleurer, se ressourcer aussi pour pouvoir continuer. Chaque pas est une preuve d’amour, parfois facile, parfois difficile ; comme les petits gestes qui rendent un ménage heureux ; comme les attentions, le sourire, >>> >>> les paroles ou les prières qui vont marquer une rencontre, toucher un cœur et aider à sa conversion.

  Le pèlerinage de Pentecôte est plus complet qu’une retraite, où l’on se retrouve seul hors du monde (retraite cependant nécessaire), plus éducatif qu’un sport même intense qui ne reflète qu’un objectif humain externe à notre être, plus exigeant qu’un pèlerinage à Lourdes qui impose peu d’effort physique.

 

En faire un rituel annuel, pour se fortifier

  La régularité d’une pratique aide à persévérer. En faire un rituel est un moyen éducatif formidable.

Qui n’apprend pas à ses enfants à se brosser les dents chaque soir, à faire son lit chaque jour (même vite fait…), à aller à la messe le dimanche ? Au bout d’un moment, on ne se pose plus la question : le soir, dentifrice, le matin tirer la couette, le dimanche la messe… Un rituel approprié est un rempart contre les tentations, une rampe pour s’aider à monter l’escalier du ciel, un exercice d’assouplissement de notre volonté propre.

  Ainsi, prendre l’habitude de faire le pèlerinage de Pentecôte chaque année est formateur pour préparer les grands choix de la vie.

  Nous ne nous donnons pas le choix de ne pas répondre, ni l’excuse d’avoir mieux à faire. Nous ne nous exposons pas à la tentation de la faiblesse naturelle, celle qui nous empêche de répondre à l’appel de Notre-Dame.

  Décider de faire le pèlerinage, c’est s’entraîner au triple effort : se détacher pour décider puis pour partir sans confort, se donner à Dieu ou aux autres, persévérer pendant 72 heures. C’est découvrir la joie de l’effort accompli, des grâces spirituelles et des amitiés, c’est se fortifier en voyant cette foule immense : nous ne sommes pas seuls !

  Le faire chaque année depuis l’âge de 7 ans, c’est, au bout de 14 pèlerinages, en arrivant à l’âge du choix de vie, avoir imité la préparation de Notre Seigneur parti 40 jours au désert avant de démarrer sa vie publique. Quelle meilleure préparation ?

  Bienheureux ceux qui ne se posent pas la question « qu’allons-nous faire à la Pentecôte ? » Chez nous la Pentecôte, c’est pour Notre-Dame, c’est la solennité du Saint Esprit dont nous avons tant besoin pour nous éclairer et nous fortifier. Ils nous attendent ! Pas de question sauf en cas d’examen, de naissance, de mariage ou de décès !

 

S’organiser pour le Bien Commun familial

  L’exemplarité des parents aux yeux des adolescents vaut mieux qu’un long discours.

Il est rare que les deux parents puissent venir ensemble : d’abord parce qu’il faut garder les enfants trop jeunes, ensuite parce qu’il faut rester avec ceux qui préparent des examens… Un des deux parents viendra marcher avec les adultes s’il le peut, ou avec l’encadrement des enfants, ou aider à la logistique. Celui qui reste, par le sacrifice qu’il accomplit et parce qu’il est un seul cœur et une seule âme avec son conjoint,   n’en réalise pas moins un pèlerinage méritoire>>>  >>> pour toute la famille.

Si les enfants doivent aller seuls, nous chercherons des amis pour assurer les trajets avant que l’encadrement des chapitres enfants ou ados ne prenne le relais.

 

  Comment résoudre le problème financier ? Au-delà des efforts d’anticipation, ayons l’humilité de nous faire aider. Sollicitons grands-parents, parrains ou célibataires de notre entourage…Avec l’accord du prêtre, montons une collecte auprès des personnes âgées : elles financeront le pèlerinage de jeunes pèlerins, en échange de prières pour leurs intentions ! Je l’ai vu faire, c’est efficace !

  Entraînons-nous à répondre oui à l’appel du pèlerinage, ce oui qui nous prépare à prononcer, le moment venu, le grand oui de notre choix de vie.

 

« Ami, rejoins-nous sur le chemin,

Portant ton fardeau avec entrain,

Quitte la pauvreté du confort,

Reçois les richesses de l’effort1 ».

 

  Notre-Dame nous rendra au centuple cet effort devenu rituel. Rendez-vous au pèlerinage !

 

  Hervé Lepère

 

La confiance en soi par le jeu

           Hugues entre dans la chambre où ses trois aînés sont bruyants… Des cubes en bois sont mélangés avec les animaux de la ferme et les Playmobil. Le désordre n’est propice ni au calme ni au jeu. Au lieu de se fâcher, papa propose :

– Est-ce que je peux jouer avec vous ?

– Oh oui, mais on ne sait pas quoi faire !

– Voulez-vous jouer à faire un village ? L’un prend la ferme, un autre le commerce, un autre le garage ? Ou bien au Far West ?

– Moi, je fais un ranch avec les vaches ! Moi le shérif avec la voiture de police, moi les Indiens…Papa, vous serez le marchand.

 

  C’est parti ! L’enthousiasme est revenu, chacun construit son enclos, les figurines sont partagées… Les Indiens attaquent puis font la paix des braves sous le regard du policier nommé shérif aujourd’hui, l’institutrice appelle tout le monde en classe. De temps en temps, papa lance une idée : et si c’était la fête de la ville ? un ouragan arrive, que faisons-nous ? L’imagination est stimulée. Au bout d’une heure, papa disparaît sans bruit et le jeu continue sans lui toute l’après-midi.

 

L’importance éducative du jeu

  Qu’est-ce que le jeu sinon un effort plus ou moins spontané de la nature en vue d’exercer les puissances dont l’adulte aura un jour à se servir pour réaliser sa vocation d’homme1 ?

  Au-delà des bons souvenirs, il restera de ce moment un travail de l’imagination, de la collaboration en équipe et de l’habileté manuelle.

Dans ce jeu, le père aura eu l’occasion d’observer les tempéraments, s’affichant beaucoup plus librement que dans un travail scolaire encadré.

Ce jeu aura aussi manifesté l’amour du père pour les enfants, amour qui n’est pas seulement paroles ou embrassades. Un amour fait d’attention et de présence à l’autre, de volonté de lui faire du bien en respectant sa personnalité pour la faire grandir.

  « Saisir ce que doit être la présence du père auprès de l’enfant réclame de revenir à sa mission. Au père, il revient de développer chez l’enfant sa personnalité propre et sa dimension sociale, autrement dit sa liberté et sa responsabilité. L’action du père sur l’enfant consistera donc à forger sa volonté, tâche qui réclame l’éclairage de l’intelligence. Si l’intimité caractérise la présence maternelle auprès de l’enfant, la complicité caractérise celle du père. Le jeu en sera un moyen privilégié. Entré dans le monde de l’enfant par le biais du jeu, le père pourra, toujours sous forme ludique, le faire progresser dans son propre monde, à savoir celui de l’adulte : quelle fierté que celle de l’enfant qui, sous la conduite de la main paternelle, manie pour la première fois la brouette2 ! »

 

La confiance en soi

  La confiance en soi est le fait de se sentir capable de relever des défis à venir.

  Elle est donc indispensable pour rester en possession de ses moyens face aux difficultés inévitables de la vie. Elle aide à être pertinent dans ses démarches, à s’ouvrir à de nouvelles opportunités, à prendre de bonnes décisions et à oser prendre des risques.

  Comment s’engager pour la vie et être fidèle dans un bon mariage ou dans la vie religieuse sans un minimum de confiance en soi, bien sûr appuyée sur la confiance en Dieu ? Comment réussir dans la vie professionnelle et dans l’éducation des enfants sans cette confiance ? Cette qualité doit donc être travaillée dès le plus jeune âge.

Le jeu construit la confiance en soi

  Réussir un défi, recommencer après un échec, organiser ou simplement participer en groupe à un jeu donne confiance dans ses capacités intellectuelles ou physiques, dans son aptitude aux relations sociales ou à la persévérance.

 

  Selon l’âge, le père organise, suggère ou s’associe aux jeux. Il apprend les constructions en cubes ou en Légo, il participe aux cache-cache ou jeux de ballon. Il aide à démarrer des jeux inventés en s’adaptant au rythme et à l’histoire imaginés par les enfants. Les possibilités sont infinies tant les enfants aiment transposer la vie des adultes. N’hésitez pas à devenir un élève dans le jeu de l’école dont votre fille est la maîtresse, à fournir du matériel pour que les enfants en vacances organisent une kermesse, des concours, des spectacles, un goûter, un pèlerinage dont vous serez le public….

  Pour développer la confiance des enfants en eux, sachez perdre « par hasard » en étant maladroit ou stimulez l’attention du plus jeune. Ma grand-mère, jouant à la crapette, ne pouvait s’empêcher de poser la question à son adversaire étourdi : « tu n’as rien oublié ? », suscitant une attention renouvelée et un coup gagnant…

  Le jardinage, le bricolage ou la cuisine peuvent être présentés de manière ludique (sans abuser du désherbage ou de la vaisselle). Laissez les enfants faire, même s’ils font moins bien que ce que vous aimeriez. Faites faire le premier trou de perceuse dans le garage et pas dans le salon ! Limitez vos commentaires pendant l’action… Une fois l’opération terminée, faites un bilan de manière positive : voyez la bouteille à moitié pleine avant la bouteille à moitié vide ! Saluez toujours en premier ce qui a marché : le trou est fait même s’il n’est pas net, le gâteau est bon même s’il est trop cuit… Et indiquez une ou deux manières concrètes de s’améliorer la prochaine fois. Encouragez !

  L’apprentissage et la confiance sont à ce prix. L’objectif est que l’apprenti dépasse le maître, mais cela mettra plusieurs années ! C’est l’occasion pour les parents de travailler la maîtrise de leurs impatiences ou de leur perfectionnisme.

 

La confiance en soi pour relever la société

  « Nous manquons d’hommes d’initiative. Les hommes d’œuvre qui se dévouent à la régénération de la société, se plaignent amèrement qu’ils ne sont pas secondés. Ils ne peuvent aller de l’avant ; leur temps se passe à remonter le moral de leurs troupes qui se laissent traîner plutôt qu’elles ne marchent. Les jeunes gens qui ont au cœur un grand désir du bien se plaignent qu’on ne les a pas préparés au rôle qu’ils doivent jouer dans le monde3. »

  Les œuvres sociales, civiques ou religieuses sont nombreuses et ont besoin de toutes les compétences. « Pour entreprendre ces œuvres en temps opportun et suivant les nécessités des milieux, il faut déjà beaucoup d’esprit d’initiative, il en faut encore davantage pour les faire vivre autrement que sur le papier ou dans les rapports des Congrès (…) Les éducateurs, sans faire cependant de l’éducation de « casse-cou », peuvent beaucoup pour développer cet esprit d’initiative » chez les jeunes.

 

  Saint Jean Bosco, grand éducateur, obligeait chacun, élèves et encadrants, à participer aux jeux – selon leur choix – à chaque récréation.

En effet, le jeu développe la confiance en soi et l’initiative, il forme le tempérament. Ces qualités sont indispensables au redressement de la société et au progrès de l’Église.

 

  Vous ne perdez pas votre temps à jouer avec vos enfants !

 

Hervé Lepère

1 Traité d’éducation à l’usage des parents (ch.9) – J. Viollet

2 La paternité en crise : analyse et remèdes- Abbé P. de la Rocque in « Le père, bienfaiteur ou dictateur », Vu de Haut N° 26- Colloque de l’Institut Universitaire St Pie X-Novembre 2018

3 Soyez des hommes. F-A Vuillermet-2013

 

Retraité ou inactif ?

           Patrice était un professionnel en vue, avec de grosses responsabilités, des voyages d’affaires variés et un réseau impressionnant entretenu avec talent. A fond dans son travail jusqu’au dernier jour avant sa retraite.

           Un mois après sa retraite, Patrice déprime. Le téléphone, le mel, les réseaux sociaux ne le sollicitent plus comme avant. Un mois plus tard, crise cardiaque… C’est l’heure du repos éternel. « Le pauvre, il n’aura pas profité de sa retraite… » diront ses anciens collègues.

 

L’importance d’une vie équilibrée

  La vie de Patrice n’était remplie que de ses activités professionnelles et mondaines. A sa retraite, elle est devenue vide…

Ce cas extrême mais réel illustre l’intérêt d’avoir, à tout âge, une vie équilibrée entre nos différents devoirs d’état : travail, famille, rôle social ; et de préparer sa retraite le moment venu.

Nous vieillirons comme nous aurons vécu… Le dosage entre les activités changera, mais il sera beaucoup plus difficile de démarrer la récitation du chapelet ou le militantisme le jour de notre retraite si nous n’avons jamais rien fait de ce genre avant ! Nous n’aurons ni le goût, ni le temps, ni le réseau de contacts pour y arriver !

A contrario, si nous avons cherché l’équilibre dans les phases précédentes de notre vie, nous trouverons un nouvel élan et de nouvelles motivations en arrivant à la retraite.

 

Le rôle de la retraite

  Pourquoi utiliser le même mot pour la retraite professionnelle et la retraite spirituelle ?

Peut-être pour montrer que la retraite professionnelle doit aider à se détacher du monde (professionnel avec ses gloires) pour se rapprocher de Dieu, c’est-à-dire consacrer du temps à l’amour de Dieu et à l’amour du prochain, puisqu’ils forment un seul et même commandement.

Pour cela, certains conseillent de partager sa retraite en trois tiers : le service des autres, son conjoint et la famille, des activités que nous aimons et n’avons pas eu le temps de faire jusque-là.

  Autrefois, la retraite était l’âge de la transmission du savoir-faire associé à l’exploitation agricole, au commerce, à la charge ou à l’entreprise familiale. La force physique diminuant, le chef de famille chrétien avait le souci de s’effacer progressivement, tout en partageant son expérience et en enseignant aux plus jeunes, les savoirs et les gestes clés. A l’âge de la retraite, retrouvons cette joie de la transmission et la satisfaction de voir nos « élèves » dépasser leur maître en améliorant ce qu’ils ont reçu et en innovant.

 

Pas de catastrophisme !

  « De toute façon, dans 30 ans, il n’est pas certain que nous ayons une retraite ! » diront les jeunes. Notez que c’est déjà ce qui se disait il y a 30 ans…

« La réforme des retraites, une urgence », « la retraite à 67 ans »… Les journaux et les politiques focalisent l’attention sur le nombre de trimestres, l’âge légal, les régimes spéciaux…Tous sujets intéressants mais anxiogènes et exclusivement matérialistes qui pourraient nous détourner du sens chrétien de la vie et des vrais enjeux.

La réussite de notre vie, et de notre retraite, ne se mesure pas à la taille de notre compte en banque ou de notre pension de retraite… Bien sûr, certains auront plus de difficultés que d’autres, mais nous croyons à la Providence. La Charité chrétienne qui s’exerce dans les familles et les paroisses complèteront, si besoin, les nombreux dispositifs d’aide officiels.

N’oublions pas non plus que le système de retraite par répartition que nous connaissons aujourd’hui n’a été mis en place qu’en 1945 ! D’autres systèmes d’entraide ou de capitalisation existaient avant la guerre et pourraient exister demain.

Puisque nous ne pouvons pas prédire l’évolution politique de ces systèmes, vivons avec les grâces de l’instant présent et pratiquons néanmoins une gestion prudente de notre argent, avec un minimum d’anticipation du long terme1. Ainsi ceux qui le peuvent, n’hésiteront pas à devenir propriétaire de leur logement. Il sera une sécurité pour la famille puis pour les jours de la retraite !

 

Mode d’emploi des retraités

  Pour les enfants, les associations, les paroisses, les retraités sont une mine d’or à condition de respecter quelques règles de bon sens.

Ne confondons pas grands-parents et baby-sitters, sauf coups durs temporaires ! Même si les grands-parents sont contents de soulager leurs enfants, leur rôle ne doit pas être uniquement utilitaire. Nous pouvons leur confier des travaux qui les occupent, mais ne leur ajoutons pas de soucis ou de responsabilités qui devraient rester nôtres. Le 4ème commandement reste « honore ton père et ta mère » et non pas « utilise-les sans restriction ».

Au-delà de rendre des services ponctuels, il est bon que les retraités s’engagent dans une ou plusieurs activités.

Cet engagement doit être assez explicite pour éviter les malentendus : le retraité s’engage pour une œuvre de manière régulière, et ne disparaît pas 6 mois sans prévenir parce qu’il fait un séjour improvisé à l’étranger… L’œuvre qu’il a choisie compte sur lui !

Les plus anciens feront attention à ne pas monopoliser les postes à vie, à accepter les idées innovantes des jeunes et à préparer la relève le moment venu.

La collaboration entre actifs et retraités dans le militantisme est l’occasion de retrouver l’esprit de chrétienté dans le brassage des générations, collaborant ensemble à la même œuvre et alliant la fougue de la jeunesse et la sagesse de l’expérience.

Les actifs devront accepter un rythme peut-être plus lent et une manière de faire différente de la part des anciens.

Certains retraités auront besoin d’être sollicités. Ils ne se proposeront pas spontanément parce qu’ils auront peur de s’imposer et de manquer d’humilité, ou qu’ils se sentiront inutiles. N’hésitons pas à insister et à leur proposer un « CDD » dans une association ou une bonne œuvre.

  Chaque retraité peut mettre à profit de nombreux talents visibles ou cachés qu’il a exercés pendant sa vie professionnelle : habileté des mains, sens de l’organisation, réseau de relations, techniques financières, juridiques, informatiques, ressources humaines et psychologie, pédagogie, art… Soyons en tous conscients !

 

  La parabole des talents à faire fructifier s’applique jusqu’à notre dernière heure !

Après la promesse du printemps de la vie – la jeunesse -, après l’épanouissement et la force de l’été – la maturité -, vient la beauté admirable de l’automne – la retraite -, avant le froid de l’hiver de la vieillesse. L’automne est une saison où l’on peut récolter de multiples fruits, construire et cultiver encore, planter pour l’avenir, profiter de la douceur de l’été indien…Sachons admirer la sagesse de Dieu qui conduit notre vie comme les saisons !

 

Hervé Lepère

 

Tu seras un bon mari, mon fils !

           Les quatre enfants jouent dans la chambre, tout à coup, une dispute commence… Le ton monte. Marie se met à crier et à pleurer. Papa arrive donc :

– Qu’est-ce qu’il y a ? Arrêtez de crier !

– Pierre m’a tapé et il m’a tiré les cheveux.

– C’est Marie qui a commencé, elle m’a pris mon jouet et elle ne veut plus jouer avec nous.

 

  Après avoir dit quelques mots de réprimande et séparé les belligérants dans deux chambres, papa revient voir Pierre :

– Un garçon ne frappe jamais une fille même avec une fleur ! Même si elle a tort.

 

Respecter

  Ce principe de nos grands-parents reste d’actualité, et constitue un des premiers pas dans l’apprentissage du respect dû aux femmes.

  A l’adolescence, le papa sera attentif à ce que les garçons continuent à respecter leur mère en parole et en acte. Parfois, ils devront s’excuser pour une parole déplacée ou réparer leur désobéissance par un service rendu à leur mère. Plus tard, les garçons apprendront à ne pas se moquer des jeunes filles qui, certains jours, ne veulent pas sauter dans la piscine avec tous les autres ou restent réservées au milieu de l’excitation ambiante.

  La mère qui a donné la vie, le premier grand bien de l’enfant, ne cesse de renouveler son don chaque jour spécialement pendant l’enfance. Elle mérite donc respect, reconnaissance et affection. Chaque jeune fille est une mère en puissance et mérite aussi un respect spécifique.

 

Admirer

  Le papa saisira les occasions de mettre en valeur les qualités de son épouse devant ses enfants. Qualités de générosité, d’attention, d’organisation ou de créativité, de psychologie ou de courage, de profondeur et de sagesse, de pureté, de piété et de simplicité… Il saura aussi témoigner son amour à son épouse par des mots, des gestes ou des moments d’attention particuliers et réguliers. Si le père a pris l’habitude d’observer et d’entretenir son admiration pour son épouse, s’il le lui dit régulièrement, les enfants comprendront la valeur de l’admiration dans un ménage.

  Parvenu à l’âge de se marier, le jeune homme saura mieux choisir ses amies et sa future épouse. Il faudra choisir entre deux attirances. Telle jeune fille est brillante en société, elle est belle, elle a du succès et je brille avec elle. Telle autre a du charme et des qualités humaines mais reste modeste. Laquelle sera la meilleure mère pour mes enfants ? Laquelle m’aidera à aller au ciel avec eux ? Avec laquelle formerons-nous un ménage qui s’entraidera à progresser ensemble vers la sainteté et pas seulement à briller dans de belles compagnies mondaines ? Future mère ou femme objet ? Celle que j’admire saura me tirer vers le haut !

 

Comprendre les différences et écouter

  Il s’agit de grandir dans la complémentarité voulue par Dieu pour construire un foyer stable et heureux. L’éducation aide à faire découvrir cette complémentarité psychologique entre l’homme et la femme au-delà des différences physiologiques.

« Deviens un homme, mon fils ! » Sachons donner une éducation virile, développer le courage et l’autonomie des garçons, mais sans « machisme » ni esprit de supériorité. L’esprit de service, de chevalerie est une qualité à travailler.

  Une relation de confiance entre le fils et sa mère, les encouragements de la mère pour les bonnes actions de ses fils presque adultes, aideront à préparer la future relation d’un homme avec son épouse. Devenu fiancé puis époux, le jeune homme saura partager ses joies et ses peines, ses convictions et ses doutes, demander pardon et/ou conseil à son épouse.

  Jésus, Dieu supérieur à tous, a bien écouté les conseils de Marie, sa mère aux noces de Cana… Saint Joseph prenait certainement conseil auprès de sa sainte épouse, sauf lorsqu’une apparition céleste donnait des instructions spécifiques, ce qui ne nous arrivera probablement pas…

 

Aimer, c’est donner !

  « Deux caractères brillent par-dessus tout dans le mariage : unité et indissolubilité dit le catéchisme, disons d’une manière plus frappante fermeté et générosité. (…) Générosité. L’Église a toujours compris le mariage comme un don mutuel, comme la négation de l’égoïsme. Il est vrai que le mariage n’est pas un renoncement au bonheur, mais ce bonheur doit être de faire le bonheur de l’autre. Vous vous abandonnez l’un l’autre, vous vous confiez l’un à l’autre. (…) Là encore, pour qui connaît notre pente à l’égoïsme, notre tendance à nous replier sur nous-mêmes, à vivre en nous et pour nous, il y a ici du surhumain, quelque chose qui dépasse la nature. Ici encore, d’une manière ou d’une autre, il faut que Dieu intervienne. Sans Dieu, il ne peut y avoir de mariage selon Dieu. » (Abbé Berto)

  Apprendre à donner, à se donner, pour faire plaisir, c’est une leçon de bonheur si elle est répétée dès le jeune âge et entretenue tout au long de sa vie.

  « Aimer, c’est vouloir le Bien » dit la théologie. Vouloir Dieu, souverain Bien. Vouloir le Bien de son conjoint puis de sa famille et de son prochain. Le fiancé se préparera spécialement à écouter, donner, offrir le meilleur de lui-même pour être heureux avec sa future épouse. Il devra parfois combattre ses inclinations masculines à prendre et posséder.

  Régulièrement le week-end, en vacances, et pendant les grossesses, pour soulager son épouse, le père de famille n’hésitera pas à prendre en charge des tâches fatigantes : vaisselle, conduites, aspirateur, courses… Il saura aussi donner du temps, des compliments et de l’attention à son épouse.

« Les maris ne disent plus assez et ne montrent plus assez à leur femme qu’ils les aiment. S’il ne manifeste plus à sa femme son amour, ce n’est pas parce qu’il ne l’aime plus ; c’est parce qu’il ne comprend pas qu’une femme ne peut vivre sans un amour manifesté. Une des conditions fondamentales du bonheur de l’épouse (et donc du bonheur en famille) est que les maris, au cours de toute leur vie conjugale, et non pas seulement au départ, veillent à demeurer quelque peu « fiancés » ». (La vie conjugale au fil des jours- Pierre Dufoyer)

 

  Prions Notre-Dame de nous éclairer pour être des exemples pour nos fils et leur apprendre à devenir de bons maris – si c’est la vocation à laquelle ils sont appelés ou de bons conseillers s’ils sont appelés au sacerdoce. Notre Dame est la mère du bel amour – du pur amour- de la crainte de Dieu, de la science – de l’éducation et de la connaissance de Dieu-, et de la Sainte Espérance, toujours « positive » et confiante en Dieu en toutes circonstances. Elle saura nous guider et les guider !

Hervé Lepère

 

Toujours joyeux et souriant

           Sur le chemin du pèlerinage de Pentecôte, avez-vous remarqué certains chapitres enfants chanter ces paroles sur l’air de « Trois jeunes tambours » :

« Des gens les regardaient, mais qui étaient tout tristes…

La joie chrétienne, on l’a par l’sacrifice

Un sacrifice, c’est dur quand on l’avale .

Mais après cela, on dirait que c’est du sucre ! »

  Ces paroles sont pleines de vérité : la vraie joie est une première participation au bonheur du ciel et suppose donc un certain oubli de soi pour se tourner vers Dieu ou vers le prochain.

Avez-vous réalisé la leçon que nous donne l’Eglise en classant la Présentation de Jésus au Temple dans les mystères joyeux du chapelet ? Notre-Dame offre son fils unique, elle reçoit la prophétie terrible de saint Siméon : « un glaive de douleur te transpercera le cœur ! » Marie, élevée au Temple et douée de toutes les qualités, connaît parfaitement les prophéties et les psaumes : elle sait que le Messie, son fils, souffrira, qu’il sera comme un agneau mené à l’abattoir qu’il sera rejeté des hommes, que ses os seront comptés… Toute la vie de Marie sera une souffrance, une offrande, et un abandon confiant de savoir qu’un jour, son Fils bien aimé sera mis à mort, au rang des malfaiteurs… Mystère joyeux pourtant ! Voir la beauté de l’instant présent et abandonner le futur à la volonté de Dieu : le secret de la joie. Notre-Dame de Joie et Notre-Dame des sept douleurs tout ensemble !

La joie des enfants de Dieu, une volonté

  « Introibo ad altare Dei, ad Deum qui laetificat juventutem meam » ; je m’avancerai jusqu’à l’autel de Dieu, vers Dieu qui réjouit ma jeunesse !

A chaque messe, c’est par trois fois que cette phrase est répétée ! C’est dire son importance.

Il nous faut redevenir de petits enfants pour entrer dans le Royaume des Cieux. L’enfant est naturellement joyeux dans sa jeunesse insouciante et confiante.

La joie est essentielle dans notre vie, elle nous donne l’élan, l’énergie, l’entrain, le bien-être et la bonne humeur. Elle s’oppose à la désolation, la tristesse, le désespoir, le désenchantement, le dégoût, l’ennui…

Réciproquement, l’énergie qui nous a permis d’accomplir un travail, une bonne œuvre, un sacrifice se transformera en joie une fois les obstacles franchis, et même pendant l’effort. Regardez le sourire des grands sportifs !

  « La joie s’acquiert. Elle est une attitude de courage. Être joyeux n’est pas une facilité, c’est une volonté1. »

  La volonté de faire le bien ou de faire confiance, la volonté de vivre à l’instant présent avec les grâces du présent sans ruminer le passé ni s’inquiéter de l’avenir nous donnera la joie.

Demander la joie

  La joie vient avec le sacrifice de soi-même et avec la grâce, aussi est-il souhaitable de la demander et de la vouloir.

« Rendez nos cœurs joyeux pour chanter vos merveilles » prient les louveteaux.

Jean-Sébastien Bach a composé une célèbre cantate pour la fête de la Visitation, titrée « Jésus, que ma joie demeure » (BWV147).  Elle commence par une prière : « Jésus, demeure ma joie, la consolation et la sève de mon cœur ! » et continue « Il est la force de ma vie, le plaisir et le soleil de mes yeux, le trésor et le délice de mon âme. Voilà pourquoi je ne laisse pas Jésus hors de mon cœur et de ma vue (…) Serviteur de Satan et des péchés, tu es libéré par l’apparition réconfortante du Christ de ce fardeau et de cette servitude ».

Concrètement, pour obtenir la joie

  En tant que père de famille, nous avons des occasions incomparables d’obtenir et d’entretenir notre joie en nous occupant de nos enfants.

Que nous soyons harassés par le travail, préoccupés par les soucis légitimes ou non, notre devoir d’état de nous occuper de nos enfants nous aide à sortir de nous-même, nous oublier et oublier pour donner aux enfants. Essayez en vous donnant à fond, en retrouvant une âme d’enfant !

Racontez une histoire ou une bande dessinée, dès le jeune âge, avec 2 enfants sur vos genoux et un autre à vos côtés. Mettez le ton, exagérez les bruitages, les cris d’animaux, le suspense… et observez les réactions de votre jeune public… Encore papa ! Encore !…

Les jeux de cartes ou de société sont aussi l’occasion d’observer les sentiments et de s’en réjouir : joie de celui qui fait un bon coup ou qui gagne…surtout lorsque papa a mal joué (parfois volontairement). Occasion aussi d’apprendre au perdant à s’oublier et à se satisfaire du fait de jouer, pas seulement du résultat.

Foot, rugby, ping-pong ou volley mais aussi cache-cache, chat perché et tous les jeux de plein air stimulent l’énergie de chacun, et dévoilent les tempéraments… les fonceurs, les magouilleurs, les crieurs, les fédérateurs : « tous ensemble pour battre papa ! »…

  Oui, cela peut demander un effort de sortir de soi, mais la récompense est immense dans la joie des enfants, la contribution à leur développement psychologique et physique, sans oublier le sourire de la maman déchargée de ses soucis pour un moment, et heureuse de voir sa famille unie.

Les enfants sont le modèle de la joie, avec leur simplicité. Tous ceux qui s’en occupent en se donnant recevront une part de leur joie : parents, éducateurs, célibataires, religieux…

Souriez !

  « Un saint triste est un triste saint » dit l’adage. « La joie intérieure réside au plus intime de l’âme ; on peut aussi bien la posséder dans une obscure prison que dans un palais2 ». Si nous en sommes conscients, et que nous essayons d’en vivre, alors sourions fréquemment !

Se forcer à sourire, lorsqu’on est tenté par la tristesse, aide à voir la situation de manière plus positive et à se souvenir que nous sommes portés par la grâce de Dieu

« Mais qui donc peut vous nuire si vous vous montrez zélés pour le bien3 ? »

  Au-delà de nous rendre plus sympathique à notre entourage, le sourire encourage ceux que nous croisons à relever les yeux, voire à nous rendre la pareille. Le sourire, c’est un petit rayon de soleil dans la grisaille des transports en commun, dans les commerces ou les couloirs du bureau.

  Peut-être aurez-vous la chance d’entendre comme moi, plusieurs collègues de travail vous dire: « quel est ton secret ? Tu souris tout le temps même dans les périodes difficiles ! »  

  Le sourire est contagieux ! Le sourire est un témoignage ! Sourions souvent !

Hervé Lepère

1 Abbé Gaston Courtois (1897-1970)

2 Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus

3 1ère épitre de saint Pierre, ch3, le 5ème Dim. ap. Pentecôte