Parents – école : une cohérence indispensable  

Lors de conversations récentes, j’ai été frappé que trois amis me rapportent séparément le nombre beaucoup plus important d’enfants qui s’éloignent de la Foi et de la morale catholique chez leurs amis qui avaient choisi des écoles sous contrat, par rapport à ceux qui avaient fait l’effort d’écoles indépendantes (hors contrat). 

La cohérence nécessaire à notre équilibre

La cohérence dans notre vie nous fortifie et nous permet d’aller plus loin ! A l’inverse, que de souffrances et de fragilités lorsque nous sommes en proie à des conflits intérieurs, des conflits d’autorité, des conflits de personnes… La cohérence entre la famille, l’école et l’Eglise est donc fondamentale pour la réussite de l’éducation des enfants et la construction de personnalités équilibrées.

En effet, la Foi doit s’incarner dans notre vie. Le laïcisme, ou l’œcuménisme moderniste de la plupart des écoles sous contrat, va au contraire couper le naturel du surnaturel ; ils introduisent dans l’âme de l’enfant une séparation qui va à l’encontre de la nécessaire unité de l’être humain. Consultez les manuels scolaires modernes pour voir combien ils s’opposent souvent frontalement à la doctrine catholique et aux traditions de la culture française ! 

Ensuite, la neutralité dans l’enseignement n’existe pas. Du fait du contact fréquent et de leur répétition, les opinions de l’enseignant vont marquer les enfants : sélection, analyse, interprétation, commentaires sur tous les sujets abordés en cours, qui en seront imprégnés.

Enfin, l’adolescent se formera en étant familier de références cohérentes, qu’il affrontera parfois, mais en sachant qu’elles sont importantes. Sans références, l’adolescent devient au mieux un libéral, relativisant toutes choses jusqu’à la Vérité même puisque chacun peut se construire ses propres valeurs.

Rien sans effort ou sacrifice

Il peut falloir accepter la séparation pour la pension, ou des kilomètres de trajet, des scolarités qui pourraient être le plus gros budget de la famille… Mais quelles récompenses que ces sacrifices qui contribuent à la cohérence dans l’éducation !

Joie de voir souvent dès les premiers mois dans une bonne école, les enfants s’épanouir, se développer dans un environnement cohérent avec celui de la famille ; dépasser leurs parents en science ou en piété.

Satisfaction plus tard lorsque les jeunes adultes restent fidèles à la Foi et à la Morale, rayonnent dans la société et avec de bons amis, puis s’engagent solidement dans la vocation ou le mariage.

Récompense éternelle au ciel, bonheur de pouvoir dire « j’ai transmis ce que j’ai reçu » et remercier pour les grâces de Dieu qui n’ont pas été vaines. Si l’un des enfants vacille, les fondations posées lui donneront l’occasion de revenir plus facilement dans le droit chemin, le moment venu. 

La cohérence concrète : s’engager jusqu’au bout !

La première résolution essentielle, après avoir choisi une bonne école est de s’abstenir de toute critique à l’extérieur comme devant les enfants. La perfection n’existe pas dans les œuvres humaines ! Souvenons-nous que la médisance est un péché. En se propageant, la critique s’amplifie comme la rumeur… Une critique sur le caractère d’un professeur peut se transformer après deux intermédiaires en « un ami de mon ami n’est pas satisfait de l’école ». Ce qui fera peut-être renoncer des parents hésitants. Selon l’enseignement de saint Thomas d’Aquin, sachons donc voir le bien avant de noter les imperfections ! 

N’abîmons pas chez les enfants la confiance due aux autorités et professeurs ! Veillons plutôt à ce que les priorités, les règles de vie spirituelle, de comportement en famille, de tenue à la maison soient cohérentes avec celles de l’école.

Il y a souvent des difficultés réelles à payer les scolarités, pourtant cela reste un devoir majeur. C’est justice pour que la structure de l’école et les enseignants puissent vivre normalement (certains ont aussi une famille à nourrir !). Voyons ces versements comme un investissement dans ce que nous avons de plus précieux : nos enfants et leur salut éternel. Le retour sur investissement n’est pas immédiat, mais il est réel ! Le Bon Dieu nous récompensera au centuple.

J’ai pu admirer des parents qui sacrifiaient leur train de vie, recouraient sans honte aux banques alimentaires, trocs de vêtements, astuces et entraides entre familles, ainsi qu’aux bourses pour financer les scolarités. Certains ont terminé de payer leurs scolarités plusieurs années après que leur dernier enfant a quitté l’école. Que dire, en revanche, de ceux dont les enfants portaient des vêtements neufs de marques à la mode et qui ne payaient pas leurs factures ? Ces mêmes années, des religieuses se sont contentées plusieurs jours de suite, d’une simple soupe le soir, pour que leurs pensionnaires ne manquent de rien et ne s’aperçoivent pas des difficultés…

Heureusement, plusieurs œuvres ont développé des bourses d’entraide1, qu’il faut penser à solliciter. Que ceux qui en profitent en fassent la publicité autour d’eux, pas seulement pour trouver de nouveaux bénéficiaires, mais surtout de nouveaux généreux donateurs : parrains et marraines, oncles et tantes, grands-parents, jeunes célibataires diplômés dont le salaire dépasse largement les besoins. N’ayant pas encore d’enfants, ils ne pensent pas à donner à ces œuvres, et à bénéficier de l’avantage fiscal s’ils payent des impôts2. Plus il y aura de donateurs, plus les familles seront aidées !

Même si nous payons les scolarités à l’heure, ne prenons pas une mentalité de consommateur américanisé qui négocie tout, commente les défauts des produits ou des employés sur internet et multiplie les réclamations !

 

Participer à la vie de l’école, comme à une vie de famille

L’école catholique est si nécessaire à l’éducation que notre reconnaissance doit aller au-delà de la contribution financière. Nos enfants comprendront la valeur de leur école en voyant leurs parents participer systématiquement aux évènements : spectacles, fêtes religieuses ou kermesses, réunions de formation, rencontres avec les professeurs, ventes diverses, travaux… Même lorsque les dates ne nous arrangent pas.

Apprenons à nos enfants à remercier leurs éducateurs principaux par une petite lettre ou carte postale pendant l’été ou les vacances de Noël.

Les éducateurs qui se dévouent, parfois jour et nuit, apprécieront ces témoignages. Ce sont des hommes et des femmes qui sacrifient leur vie pour nos enfants ! Ils méritent notre attention.

 

Et si ce n’est pas possible ?

Lorsque la scolarité dans une vraie école catholique n’est pas possible, les parents devront redoubler d’efforts pour être disponibles à tout instant pour questionner, écouter, corriger, répondre aux questions, éclairer à la lumière de la foi à transmettre. De même, il y aura encore plus nécessité de mieux sélectionner les fréquentations familiales ou amicales et d’orienter le choix  des enfants vers des activités qui développeront leurs qualités morales et spirituelles.

« Les catholiques ne s’emploieront jamais assez, fût-ce au prix des plus grands sacrifices, à soutenir et à défendre leurs écoles, comme à obtenir des lois justes en matière d’enseignement. Ainsi, tout ce que font les fidèles pour promouvoir et défendre l’école catholique destinée à leurs fils est œuvre proprement religieuse, et partant devient un effort essentiel de l’action catholique (…) Qu’il soit donc proclamé hautement, qu’il soit bien entendu et reconnu par tous que, en procurant l’école catholique à leurs enfants, les catholiques de n’importe quelle nation ne font nullement œuvre politique de parti, mais œuvre religieuse indispensable à la paix de leur conscience ».3 

Le pape Pie XI nous confirme ainsi qu’en choisissant d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, le reste nous sera donné par surcroît !

 

    Hervé Lepère

 

1 MCF Mouvement Catholique des Familles, ADEC, Fondation pour l’Ecole…

2 Ils bénéficient d’une réduction d’impôt de 66% du montant du don. Donner 100€ leur coûte seulement 34 € !

3 Pie XI, encyclique Mediator Dei