Mon fils Renaud a déjà 30 ans et ne se décide pas à se marier. Il reste dans son train-train confortable : son travail, sa voiture, son appartement et de bonnes amies… Se donner ? S’ouvrir à d’autres groupes d’amis ? Pour lui, l’effort n’en vaut pas la peine…
Marc, le mien a mis plusieurs années avant d’accepter sa vocation…
C’est un fait, s’engager à des fiançailles puis au mariage, ou répondre à l’appel de la vocation sacerdotale ou religieuse, est une décision qui va changer le cours de notre vie. Il y a de quoi hésiter, douter, ne pas se sentir capable…
Comment se préparer pour se décider, au bon moment, sans hésitation ni faiblesse ? Le choix décisif nous mettra dans la voie du bonheur, le bonheur de savoir que nous faisons la sainte volonté de Dieu.
Se détacher, se donner, persévérer
Dire « oui, je le veux », nécessite un triple effort : se détacher de son propre confort individualiste pour se donner par amour et pour persévérer dans les joies, les peines et les sacrifices de chaque jour.
Que nous le voulions ou non, l’époque dans laquelle nous vivons nous influence tous. Elle encourage la satisfaction prioritaire des envies individuelles de confort, de consommation, d’indépendance, d’épanouissement égoïste, de loisirs… Sans nous en rendre compte, nous pouvons élever nos enfants comme s’ils devaient faire le bien naturellement ; nous sommes plein de bonnes intentions et de belles paroles, mais ne voulons pas de contrainte, pas d’effort régulier. Alors, nous sommes déçus lorsque le bien ne résulte pas naturellement de cette éducation sans rigueur. André Charlier en indique les conséquences dans sa « lettre aux parents » :
« Vos enfants ne comprendront rien à l’action de la grâce en eux, ils ne l’apercevront même pas car, lorsque la grâce nous demande quelque chose, c’est ordinairement quelque chose qui coûte : alors ils ne sauront pas lui répondre, ou bien répondront par un refus. »
Apprendre à savoir faire un bon choix
Pour savoir faire le grand choix, exigeant et définitif le moment venu, il faut donc s’habituer à, régulièrement, se détacher du confort du quotidien pour se donner à une belle cause. Le choix de faire, chaque année, le pèlerinage de Pentecôte – 3 jours complets – est le moyen idéal pour s’entraîner !
Le pèlerinage est en effet l’image de la vie, dans tous ses aspects : le spirituel, la vie en société dans une atmosphère de chrétienté regroupant des milliers de personnes, avec leur village de toile, la chaleur de l’amitié dans un chapitre, le silence parfois, la monotonie ou l’effort de chaque pas, image des multiples « oui » de chaque jour.
Une heure de pèlerinage, c’est un jour de notre vie, certains plus faciles et joyeux, d’autres plus souffrants, tous pour Dieu et le prochain. Ce sont les joies, les peines et les sacrifices qui s’entremêlent. Peu importe, il faut se donner, il faut marcher, sourire ou pleurer, se ressourcer aussi pour pouvoir continuer. Chaque pas est une preuve d’amour, parfois facile, parfois difficile ; comme les petits gestes qui rendent un ménage heureux ; comme les attentions, le sourire, >>> >>> les paroles ou les prières qui vont marquer une rencontre, toucher un cœur et aider à sa conversion.
Le pèlerinage de Pentecôte est plus complet qu’une retraite, où l’on se retrouve seul hors du monde (retraite cependant nécessaire), plus éducatif qu’un sport même intense qui ne reflète qu’un objectif humain externe à notre être, plus exigeant qu’un pèlerinage à Lourdes qui impose peu d’effort physique.
En faire un rituel annuel, pour se fortifier
La régularité d’une pratique aide à persévérer. En faire un rituel est un moyen éducatif formidable.
Qui n’apprend pas à ses enfants à se brosser les dents chaque soir, à faire son lit chaque jour (même vite fait…), à aller à la messe le dimanche ? Au bout d’un moment, on ne se pose plus la question : le soir, dentifrice, le matin tirer la couette, le dimanche la messe… Un rituel approprié est un rempart contre les tentations, une rampe pour s’aider à monter l’escalier du ciel, un exercice d’assouplissement de notre volonté propre.
Ainsi, prendre l’habitude de faire le pèlerinage de Pentecôte chaque année est formateur pour préparer les grands choix de la vie.
Nous ne nous donnons pas le choix de ne pas répondre, ni l’excuse d’avoir mieux à faire. Nous ne nous exposons pas à la tentation de la faiblesse naturelle, celle qui nous empêche de répondre à l’appel de Notre-Dame.
Décider de faire le pèlerinage, c’est s’entraîner au triple effort : se détacher pour décider puis pour partir sans confort, se donner à Dieu ou aux autres, persévérer pendant 72 heures. C’est découvrir la joie de l’effort accompli, des grâces spirituelles et des amitiés, c’est se fortifier en voyant cette foule immense : nous ne sommes pas seuls !
Le faire chaque année depuis l’âge de 7 ans, c’est, au bout de 14 pèlerinages, en arrivant à l’âge du choix de vie, avoir imité la préparation de Notre Seigneur parti 40 jours au désert avant de démarrer sa vie publique. Quelle meilleure préparation ?
Bienheureux ceux qui ne se posent pas la question « qu’allons-nous faire à la Pentecôte ? » Chez nous la Pentecôte, c’est pour Notre-Dame, c’est la solennité du Saint Esprit dont nous avons tant besoin pour nous éclairer et nous fortifier. Ils nous attendent ! Pas de question sauf en cas d’examen, de naissance, de mariage ou de décès !
S’organiser pour le Bien Commun familial
L’exemplarité des parents aux yeux des adolescents vaut mieux qu’un long discours.
Il est rare que les deux parents puissent venir ensemble : d’abord parce qu’il faut garder les enfants trop jeunes, ensuite parce qu’il faut rester avec ceux qui préparent des examens… Un des deux parents viendra marcher avec les adultes s’il le peut, ou avec l’encadrement des enfants, ou aider à la logistique. Celui qui reste, par le sacrifice qu’il accomplit et parce qu’il est un seul cœur et une seule âme avec son conjoint, n’en réalise pas moins un pèlerinage méritoire>>> >>> pour toute la famille.
Si les enfants doivent aller seuls, nous chercherons des amis pour assurer les trajets avant que l’encadrement des chapitres enfants ou ados ne prenne le relais.
Comment résoudre le problème financier ? Au-delà des efforts d’anticipation, ayons l’humilité de nous faire aider. Sollicitons grands-parents, parrains ou célibataires de notre entourage…Avec l’accord du prêtre, montons une collecte auprès des personnes âgées : elles financeront le pèlerinage de jeunes pèlerins, en échange de prières pour leurs intentions ! Je l’ai vu faire, c’est efficace !
Entraînons-nous à répondre oui à l’appel du pèlerinage, ce oui qui nous prépare à prononcer, le moment venu, le grand oui de notre choix de vie.
« Ami, rejoins-nous sur le chemin,
Portant ton fardeau avec entrain,
Quitte la pauvreté du confort,
Reçois les richesses de l’effort1 ».
Notre-Dame nous rendra au centuple cet effort devenu rituel. Rendez-vous au pèlerinage !
Hervé Lepère