Dans un monde qui bouge, pourquoi aurais-je besoin d’une vie intérieure ?

La vie intérieure ? Voici des mots qui paraissent bien difficiles et qui ne présentent aucun attrait…Ce n’est pourtant qu’une réalité toute simple : La vie intérieure c’est la vie de l’âme.

Dieu nous a donné une âme et un corps ; ce dernier ne se laisse que bien rarement oublier : si nous avons faim ou soif, chaud ou froid, si nous sommes blessés, immédiatement nous accourons à son secours. Notre âme, elle, est plus discrète… C’est seulement quand nous entendons la petite voix de la conscience (qui se fait d’ailleurs de plus en plus discrète à mesure que nous n’y portons pas attention…) que nous réagissons. Mais le bruit, les multiples activités, les sollicitations visuelles, olfactives, tactiles et gustatives nous laissent –elles le temps de porter attention à la vie de notre âme ?

« Et alors ?, me direz-vous, Je vis très bien ainsi ! Quels seront les avantages que je retirerai à m’occuper d’elle ?

« L’âme est le siège de la volonté, elle est le creuset où s’élaborent les raisons profondes de nos vouloirs humains. C’est le poste de commandement d’où partent les ordres dont dépendent toutes nos activités[1]. » Si nous ne donnons pas les guides à notre âme, ce sont les sens qui les prendront. C’est comme si nous montions dans une voiture dont les freins ne fonctionnent plus… Nos impulsions nous guident à partir d’impressions, de réflexes gardés, de principes enseignés quand nous étions petits, mais aussi des influences subies, des musiques entendues, des alcools bus… A qui préférerons-nous donner le volant ?

L’harmonie

Avec la vie du corps, l’âme doit réaliser une harmonie. Notre vie actuelle est certes, qu’on le veuille ou non, faite d’activités multiples, de sollicitations extérieures, d’agressions même ! Mais notre âme, en état de grâce (c’est indispensable), si elle est nourrie, parvient à trouver un équilibre. Elle nous permet de ne pas « subir » la vie, de ne pas répondre aux stimuli par des impulsions non raisonnées. Elle « garde la main », sans nous empêcher de vivre mais avec la maitrise des éléments.

Le courage

Reconnaissons qu’il faut un certain courage, parfois même héroïque, pour savoir se replier quelques instants dans le silence au milieu des clameurs assourdissantes et voir clair, pour écouter ses « voix de l’âme ». Mais cela est indispensable à qui veut remplir son devoir « dans la lumière ».

Ce recueillement intérieur (dont l’habitude s’acquiert) permet une mise en adéquation de notre vie habituelle avec le vouloir divin. Notre âme devient un foyer rayonnant qui s’alimente de nos prières, de nos bonnes actions, de notre charité, de nos pieux désirs. Et c’est grâce à ces petits replis intérieurs que nous pourrons maîtriser nos réactions, nos paroles et nos actes. «  Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive [2] » : cet appel du Bon Pasteur tombe dans le silence de l’âme apeurée…

Le monde ne veut plus comprendre… Mais là est pourtant le secret. La paix de l’âme, du devoir accompli, de l’harmonie, n’est-elle pas le plus beau gage de bonheur ?

Acceptons d’abandonner tous ces préjugés qui veulent nous faire croire que nous sommes plus heureux en laissant aux autres le soin de s’occuper de Dieu. Rejetons le respect humain qui nous empêche d’agir en véritable catholique ! Ne nous décourageons jamais car Dieu voit nos plus petits efforts et nous donne la force pour persévérer.

Quelques moyens :

  1. a) Prendre ou reprendre des habitudes de prière. Le 100ème anniversaire de Fatima nous aide à reprendre notre Rosaire. N’oublions jamais d’offrir notre journée à Dieu le matin et de Le remercier le soir. Soyons fidèles à la pratique des trois Ave Maria de Sainte Mecthilde.

« Prier avant d’agir et pour efficacement agir ne vaut pas seulement dans le cas du dessin général de l’existence, mais pour chaque journée. (…) Au lieu de nous précipiter tout de suite, mettre un intervalle, nous ressaisir, purifier l’intention, élever l’âme vers Dieu[3] »

  1. b) Se former. Reprendre de bons livres de formation : Le Catéchisme du Concile de Trente, ou le bon catéchisme de nos diocèses de France et en lire chaque jour quelques réponses. Trouver un bon guide qui nous évitera de perdre du temps à chercher l’enseignement dont nous avons besoin. Eviter à tous prix de recourir aux fausses sirènes qui tentent plus d’un avec assurance. Ne pas hésiter à prendre quelques jours pour se retirer et faire une bonne retraite. Vous trouverez sur notre site l’adresse de notre aumônier, n’hésitez pas à lui demander conseil.
  2. c) « Dieu premier servi[4]! ». « Ne cherchez pas Dieu au dehors, mais là, en vous, où il habite pour vous, où il vous appelle, vous attend, là où il souffre de vos dissipations et de vos oublis.[5]»

Faire passer l’essentiel avant l’accessoire. Voir le bien commun en priorité (malheureusement on ne peut pas secourir toutes les âmes troublées ou inquiètes). Aimer le sacrifice : « Les sacrifices sont des joyaux que Dieu te donne pour sauver tes frères »[6].

Faisons bon usage de notre liberté : ce grand mot, tellement méconnu. Notre liberté est celle des enfants de Dieu… Parfois Il nous laisse très longtemps jouir de ce que nous croyons être notre liberté (alors que nous la faisons servir à des fins contraires), mais ne nous méprenons pas et n’oublions jamais la parabole des talents[7]

  1. d) Rayonner ! « Si vous avez reçu la vie dans l’Eglise, ce n’est point pour la garder stérile dans vos âmes. Vivre c’est agir. Dieu vous demandera compte, à tous, du salut de vos frères ; rendez-vous chaque jour plus capables de leur communiquer la vie que vous possédez vous-mêmes »[8]

Le temps que vous donnerez à Dieu ne sera pas du temps perdu ; n’est ce pas Lui qui nous accorde chacune des minutes que nous vivons ? Ne serait ce pas un juste retour des choses que de lui offrir quelques uns de ces instants pour l’en remercier, pour réparer les offenses ou pour, tout simplement, lui offrir la joie de rencontrer son enfant dans un cœur à cœur.

Ajustez bien le soc de votre charrue afin que le sillon que vous tracerez dans la vie soit profond et bien droit. Vérifiez les freins de votre voiture et réservez toujours la meilleure place à votre Créateur qui quoique vous vouliez, quoique vous fassiez, vous protège dans sa main paternelle comme l’oiseleur tient l’oiseau sorti du nid.

Connaissez-vous la seule différence entre cet animal si étonnant qu’est l’escargot et la laide limace ? Une coquille, qui paraît dure mais qui craque à la moindre pression ! Vous êtes catholiques ? Soyez en fiers ! Mais pour le rester, il est indispensable de nourrir son âme sinon la carapace ne tiendra pas sous la pression de ceux que vous croyez être vos amis, qui vous proposent « du pain et des jeux » et qui veulent empêcher les hommes d’être ce pour lequel ils ont été crées : des êtres libres, des enfants de Dieu !

Anne

[1] Marcel Rendu.

[2] Saint Marc 8 ; 34-38

[3] Raoul Plus – Rayonner le Christ

[4] Sainte Jeanne d’Arc

[5] Monseigneur Mercier

[6] Jacques d’Arnoux

[7] Saint Matthieu 25 ; 14-30

[8] Saint Pie X

Troisième Mystère Joyeux: La Nativité

Fruit du Mystère : l’esprit de pauvreté

« Elle enfanta son fils premier né, l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire parce que dans l’hôtellerie il n’y avait pas de place pour eux . »[1]

Ces mots évoquent avec une grande simplicité tous les Noëls de toutes les crèches du monde ; mais dépouillons-nous de tout le retentissement de tendresse qui nous touche et contemplons sa réalité : « Il n’y avait pas de place pour eux !… Ainsi donc, Ô Marie dans ce soir où vous arriviez à Bethléem pour exécuter l’ordre d’Hérode, fatiguée par cette route, personne n’a voulu de vous ! Saint Luc ne dit pas qu’il n’y avait plus de place « nulle part » mais bien qu’il n’y en avait plus « pour vous ». On connaît l’importance de chacun des mots de l’Evangile ! Cela aurait pu vous révolter, mais non, vous, Ô Marie vous ne pensiez pas ainsi, vous alliez le cœur en paix, car vous sentiez au-dessus de vous cette main paternelle de Dieu qui n’abandonne jamais !

Je suis sûre que vous avez tout de même pensé au petit berceau que Joseph, avait fabriqué avec tant d’amour de ses propres mains. Il y avait ces toutes petites choses avec lesquelles les mamans occupent les longs mois de l’attente : les couvertures de laine, les petits bonnets de dentelle brodés avec tant d’amour…  Vous aussi, vous aviez tout préparé, et voici que tout est inutile ! Vous n’avez pu emporter que quelques langes pour l’envelopper le plus chaudement possible, mais cette crèche, en plein vent… ni feu, ni eau ni rien de ce qui est nécessaire quand un enfant vient au monde ! Et lui qui avait une maison modeste mais si accueillante, c’est comme le plus dénué de tout qu’il veut faire son entrée dans ce monde.

Pourtant l’Eglise n’a pas choisi de mettre cet événement dans les mystères douloureux, mais dans les heures de joie. Oui, parce que vous serrez contre vous cet adorable Enfant-Dieu et dans la tendresse et l’adoration, vous écoutez les anges chanter autour de vous, vous êtes la plus comblée des créatures, parce que Dieu est là pour vous emplir de ses richesses !

Vierge Marie, faites que je regarde sans cesse vers vous et qu’une telle douceur pénètre en moi rien qu’à vous regarder si paisible et si rayonnante au sein de votre abandon ! Maintenant, pendant cette méditation, tout me semble facile, mais c’est tout à l’heure qu’il me faudra emporter cette dure et émouvante et féconde conviction du bienfait de la pauvreté, c’est quand je ferai la vaisselle, que je reprendrai ces poches déchirées et que je ferai mes comptes…

Vous qui avez compris, faites que je comprenne ce « Bienheureux les pauvres » que Jésus prêche déjà tout petit entre vos bras.

C’est que les biens que je crois posséder, ce sont souvent eux qui me possèdent et si je n’y prends pas garde, ils m’enserreront et m’étoufferont comme le lierre finit par étouffer l’arbre qu’il entoure ! C’est que ces biens risquent de me faire oublier ma vraie situation de voyageur en route vers son éternité, libre de marcher en chantant, sans retourner sans cesse la tête en arrière. Certes mon Dieu vous avez donné à l’homme des biens qu’il ne doit pas mépriser : ce coin de terre, cette maison au toit rouge qui évoque tant de souvenirs et qui semble même enrichir notre personnalité… mais comme vite ces biens là, si on n’y prend pas garde, deviennent des tentacules qui nous étouffent. Cette terrible passion de la possession dont on ne sait plus qui est le possesseur et le possédé et qui nous masque le merveilleux visage de la création, de nos frères et de Dieu. « Donne tout ce que tu as » conseille Jésus au jeune homme riche ; et lui qui préfère garder pour lui renonce à la joie : « Il devient triste » nous dit deux fois l’Evangile.

Cette joie de la pauvreté, je n’ai pas encore su la découvrir. Dans mes privations d’aujourd’hui, je ne vois pas luire le rayon de soleil des béatitudes. C’est que l’on peut avoir la pauvreté sans en avoir l’esprit. Manquer de tout n’est pas une vertu, sinon il y aurait beaucoup de gens vertueux dans le monde ! Le simple fait de désirer les biens dont je suis privée me ligote aussi bien que si je les avais. Comment pourrais-je vivre dans l’allégresse et la légèreté en allant tout droit vers Dieu si je suis lourde de toutes mes envies et que je vis dans l’amertume de tout ce que je n’ai pas ?

Vierge Marie obtenez-moi de me libérer de ce poids qui m’attache à la terre. Si je suis riche, que la richesse ne me retienne pas, et si je suis pauvre, que ce désir de richesse ne me soit pas un poids !

Je veux mettre mon cœur au-dessus de ces biens matériels, si périssables et si vite arrachés. Je veux avoir pour trésor l’amour de mes frères et l’amour de Dieu et y trouver la vraie joie que rien ne pourra me prendre : Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » ;

Vierge Marie donnez moi cette joie de Saint François d’Assise qui s’en allait par les routes, vêtu de bure si heureux qu’il était obligé de chanter pour soulager son cœur !

Dieu ne me demande pas de tout quitter effectivement. Je suis prise dans ma vie temporelle et je dois bien m’occuper de subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille mais sans me préoccuper de ce qui peut manquer. Je dois faire comme les passereaux qui cherchent de quoi manger sans s’arrêter de chanter. Ce que j’ai aujourd’hui, mon Dieu, je vous en remercie. J’en userai pour soulager mes frères. J’aurai déjà cette première joie, celle de donner. Oh ! ces « pauvres » riches qui ont tant de choses et ne connaissent pas les plus précieuses joies de la vie !

Vous n’avez rien, Vierge Marie, dans cette étable, mais vous avez Jésus entre vos bras : n’est ce pas la plus émouvante des leçons ! Si mon cœur est rempli d’amertumes de ce que je n’ai pas, comment Dieu trouvera-t-il sa place ? « Dès que nous serons vides de nous-mêmes, Dieu nous remplira de Lui »[2]

C’est Dieu seul qui est la vraie richesse ! Vierge Marie aidez-moi à ne pas faire passer l’accessoire pour l’essentiel. Faites que chaque méditation de ce mystère fasse pénétrer en moi le sens de cette « pauvreté en esprit » qui me libérera de toute attache et me donnera le goût de Dieu qui est la seule richesse. Faites que je montre le visage joyeux d’un de vos enfants qui n’a peur de rien, et surtout pas de l’avenir, car « ceux qui cherchent le Seigneur ne seront privés d’aucun bien »[3].

D’après Paula Hoesl

[1][1] Saint Luc

[2] Saint Vincent de Paul

[3] Psaume 33

Avant d’aller dormir, sous les étoiles…

Rien de tel qu’une claire et chaude nuit de juillet pour faire découvrir à toute la famille les beautés du ciel. Ceci demande une petite étude préalable à partir de livres sur l’astronomie, ou une carte détaillée des astres qui permettra à chacun de retrouver l’étoile du Berger, la Grande Ourse, ou, selon votre situation, les constellations du Bouvier, du Lion, du Cygne, du Taureau, Cassiopée, Pégase, Orion…

Si vous avez une lunette astronomique, elle peut être très utile pour observer en détail les reliefs de la lune, ou essayer de compter précisément les étoiles : on peut en distinguer jusqu’à 2000 ! Si vous pensez poursuivre plus longtemps votre exploration des mystères insondables du système solaire, munissez-vous de tapis de sol sur lesquels vous serez plus confortablement installés pour regarder le ciel sans risquer de torticolis. Vous aurez ainsi tout loisir de vous abîmer dans une contemplation qui deviendra vite méditation.

Comment concevoir une telle immensité, qui n’est elle-même qu’une infime partie de l’infinité céleste, comment expliquer cette organisation si complexe, sans la main de Dieu ? Qui d’autre que Lui pourrait calculer la trajectoire et le mouvement des planètes, des météorites, des galaxies ? Comment ne pas se sentir tout petit face à cette majestueuse démonstration de sa toute-puissance ?

Et quelle gratitude nous devons avoir envers notre Créateur d’avoir agencé ce spectacle permanent à notre seule intention, de nous manifester ainsi quotidiennement l’étendue infinie de ses pouvoirs créateurs et de son amour pour nous !

Ce serait dommage de ne pas profiter pour un soir, de ce spectacle céleste auquel nous ne prêtons habituellement pas attention, et de le faire admirer aux enfants. Et si d’aventure une étoile filante passait, le vœu, ou plutôt la prière que nous pourrions former, serait de toujours garder un peu de l’admiration et de la plénitude de cette nuit étoilée au fond des yeux et de l’âme.

 

Les grands-parents, fédérateurs de la famille

 

L’unité familiale ; « qu’ils restent unis dans la vie » … que peut-on souhaiter de mieux !

 C’est elle qui, dans les coups durs rassemblera la famille au lieu de la disperser. On me dit que dans beaucoup de familles même les cercueils ne suffisent plus à créer l’unité ! Quelle terrible tristesse !

 Nous avons pourtant envie de parer l’unité familiale des mêmes vertus que la charité ! « Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout ! » Bien entendu, dans ce cas, le « tout » doit demeurer subordonné à la vérité !

 C’est cette unité qui rend fort, qui permet de partager et maintenir nos convictions dans un monde difficile ! Il est naturel que les ménages prennent leur envol ! C’est nécessaire à leur épanouissement… Même si, dans le passé, les familles restaient groupées autour des anciens, cela n’est probablement plus possible aujourd’hui. Les contraintes professionnelles des uns, les goûts des autres, le besoin d’indépendance entraînent souvent un éloignement géographique de nos ménages… Cette séparation géographique est normalement compensée par les liens naturels du sang, l’affection, le souci les uns des autres et si c’est possible, la communauté de pensée. Il faut bien entendu cultiver ces liens naturels… mais il faut y ajouter ce que j’ose appeler de la « méthode ».

 L’unité ne se décrète pas.

Soit, grâce au charisme ou à la vertu de l’un ou l’autre, elle existe déjà spontanément, dans ce cas, il faut l’entretenir. Soit elle est distendue et il ne faut pas perdre une occasion de la créer ou de la resserrer.

Comment créer l’unité ? Vaste programme !

Ce rôle revient très naturellement aux grands parents qui sont le point commun entre tous leurs descendants. Parmi les multiples actions favorisant l’unité familiale, nous en citerons deux qui nous paraissent essentielles.

Les grands-parents seront d’abord le lien entre tous les ménages[1], ceux qui transmettent les nouvelles ! Avec discrétion bien sûr ! Les grands-parents sont aussi ceux à qui on peut confier des secrets ! Mais, dès qu’une nouvelle peut permettre de susciter la charité fraternelle, joie ou tristesse dans l’un ou l’autre des ménages : naissance, première communion, anniversaire, souci qui peut être diffusé : maladie, deuil, tristesse quelle qu’elle soit, intention de prière etc. la grand-mère ne doit pas hésiter à prendre son téléphone ou son « texto » pour diffuser les nouvelles à tous les enfants. La seule question à se poser avant sera de savoir si cette nouvelle est de nature à favoriser la vertu ou est nécessaire… Transmises avec délicatesse et accord au moins tacite des intéressés (on s’interdira absolument tout ce qui peut ressembler à de la médisance ou des potins inutiles… Les grands-mères restent des femmes !) ces nouvelles permettront à l’unité et l’harmonie familiale de se développer.

D’autre part, les grands-parents créent des événements. Ils sont souvent le centre des réunions de famille, anniversaires de mariage, première communion, anniversaire d’un petit … Leur présence doit réjouir les familles et les petits cadeaux qu’ils apportent ravir les heureux bénéficiaires. Ces événements seront d’ailleurs l’occasion pour les grands-mères, de raconter aux absents les heureux événements. A ces événements familiaux, les grands-parents peuvent ajouter des activités réunissant tout ou partie des enfants. J’ai connu une famille où les grands-parents organisaient occasionnellement des soirées au théâtre suivies d’un bon dîner chez l’un ou chez l’autre. Le Puy du fou, une visite intéressante, un pèlerinage familial sur la tombe d’un grand-père mort à la guerre sont autant d’activités unissant la famille dans un cadre qui élève. Plus prosaïquement, ce pourrait être un chantier en commun… pendant que les hommes tronçonnent, les enfants ramassent et les femmes préparent un bon déjeuner ! Que de souvenirs communs en perspective. Le côté matériel des choses donnant à chacun l’impression d’avoir participé à la construction de la famille ! Tout cela dans une bonne ambiance dans laquelle on comprendra avec complaisance l’absence du beau-frère peu manuel !

Les grands-parents doivent donc avoir un rôle important dans l’unité familiale. La transmission des nouvelles, les activités communes bien organisées sont des facteurs de cette qualité essentielle à toute bonne famille. Les circonstances matérielles conduiront à des solutions différentes (maison de famille, région touristique, proximité d’un lieu de pèlerinage…) Tout cela ne doit pas être laissé au hasard et c’est le génie des grands-parents de trouver les idées qui permettront naturellement aux familles de se regrouper, au moins en esprit.

Prions sainte Anne, patronne des grands-mères de nous aider à cultiver cette unité !

Des grands-parents

 

[1] Malgré l’irruption de multiples moyens de communication – qui peuvent être bien utilisés – au service de l’unité familiale (watt’s app, SMS…) et qui font parfois que tout monde est au courant avant les grands-parents, ceux-ci ne doivent pas renoncer à leur rôle fédérateur. La qualité de l’information, dans laquelle la bienveillance sera première, la distinguera du flot de nouvelles plus ou moins utile qui circulent …

Les devoirs du soir (suite)

Continuons les explications commencées dans notre dernier numéro, destinées à vous aider à prendre en main avec sérénité les devoirs du soir.

 Un cadre et des méthodes de travail:

Pour être bien accompli, le travail à la maison exige des conditions propices que la vie moderne rend difficiles, hélas, avec son bruit permanent, son stress, ses longs trajets en voiture. Cependant, il est possible d’organiser sa maison en foyer d’activité laborieuse : pour cela, il est nécessaire d’imposer aux enfants, dès le bas âge, des contraintes, un règlement précis et fixe où l’improvisation et le laisser-aller n’ont pas place. C’est la règle d’or : installer un rituel « devoirs du soir » avec heure, lieu et durée identiques chaque jour.

Etre présent et montrer de l’intérêt pour les études de nos enfants avec une curiosité affectueuse.

La présence de l’adulte est garante de l’organisation et offre un cadre sécurisant qui nourrit la confiance de l’enfant. Il doit l’aider à surmonter les difficultés, sans entraver son autonomie. L’adulte n’est pas là pour prendre la place mais pour « accompagner vers une prise d’autonomie ».

S’intéresser, c’est se rendre disponible pour redevenir enfant, (partager ses émotions, ses chagrins, ses joies, ses regrets), pour élever l’enfance à sa maturité. Les enfants sont encouragés par notre enthousiasme ; si nous vénérons le travail, comme une chose sanctifiante[1], si nous aimons ces minutes de labeur quotidien, nos enfants le sentiront et n’auront pas envie de s’en débarrasser le plus vite possible car ils le prendront à cœur. Cette disponibilité, cette attention rendront les études de nos enfants très fructueuses tant au point de vue scolaire qu’au point de vue psychologique.

Bien au courant des progrès de l’enfant, les parents pourront proposer une application pratique ; une recette de cuisine, des recherches de vocabulaire dans le dictionnaire en dehors des « devoirs » proprement dits, des visites qui compléteront les acquis scolaires et leur ouvriront d’autres horizons…

Organiser un horaire régulier :

Fixer l’heure du début du travail, le temps pour l’accomplir. Ainsi l’enfant acquerra l’habitude de travailler à heure fixe en quittant aussitôt ses autres occupations quand l’heure de l’étude arrive.

Il est important aussi  de fixer la durée du travail pour éviter le « vite-fait mal-fait » de celui qui va expédier son travail pour s’en débarrasser, mais aussi pour que l’enfant ne traîne pas et ne perde pas son temps en jeux et rêveries…il y a des enfants qui passent 3 ou 4 heures là où d’autres ont terminé en 1 heure ! Bien sûr, chaque enfant a son rythme de travail (il est nécessaire de laisser à l’enfant le temps de réfléchir en évitant le « dépêche-toi ») : l’usage d’un réveil peut s’avérer utile pour certains dès le CE2 : l’enfant apprend ainsi à s’auto discipliner et à « gérer le temps ».

Créer une atmosphère de travail faite de silence et de discipline :

Le silence seul permet à l’enfant de se concentrer sur ses devoirs. Il est nécessaire d’éloigner les petits bruyants ou agités afin de permettre aux grands de travailler dans le calme. L’enfant ne doit pas parler d’autre chose tout en travaillant parce qu’on ne peut pas faire deux choses à la fois. Certains enfants ne peuvent se concentrer dans l’agitation et le bruit.

Une discipline stricte : on ne se lève pas tant que le travail n’est pas achevé pour jouer, grignoter…On apprend d’abord les leçons puis on fait la lecture et les exercices ou la dictée sur une table aussi vide que possible (on peut y placer une image pieuse dont la vue encouragera l’enfant).

Porter une vigilance attentive :

Elle ne se substitue pas à l’enfant mais le responsabilise peu à peu afin qu’il devienne autonome en CM2.

C’est à l’enfant d’ouvrir son cartable, de présenter ses livres, ses cahiers… Si nous le faisons à sa place, nous le rendons passif et cette passivité tournera en habitude. Après son travail, l’enfant range lui-même ses cahiers et livres dans son cartable ; il vérifie son matériel, taille des crayons pour le lendemain : il forme ainsi sa volonté et son sens des responsabilités.

Il importe de guider le jeune enfant en s’assurant qu’il a compris puis de le laisser faire seul peu à peu pour le rendre autonome. Laisser réfléchir l’enfant : pratiquement, ne pas apporter les réponses aux problèmes, mais lui apprendre à se poser les bonnes questions pour avancer dans son raisonnement et y répondre seul. On peut lui poser quelques questions pour provoquer cette réflexion, mais si nous intervenons à la moindre demande, ou difficulté, il ne peut s’habituer à l’effort. Ce n’est pas en lui enlevant les obstacles qu’il apprendra à les franchir. Les obstacles sont toujours source d’apprentissage. Si l’enfant affirme ne pas comprendre, obligeons-le à relire et à réfléchir de nouveau en faisant appel aux directives de la maîtresse ; il arrive que les enfants ne soient pas attentifs en classe parce qu’ils savent qu’à la maison, leurs parents réexpliquent toujours tout, ou pensent pour eux. Il y a une paresse ou un moindre effort qui s’installe alors. Si les parents sont souvent obligés de réexpliquer, il est nécessaire d’alerter la maîtresse.

S’il y a une difficulté particulière, un rendez-vous avec l’institutrice sera le bienvenu. L’enfant doit sentir cette harmonie entre sa famille et l’école à ce sujet. Des conseils mutuels peuvent être échangés.

Surmonter les crises :
Certains soirs, l’étape des devoirs tourne à la crise : la nature volage et capricieuse des enfants prend le dessus. Il faut savoir fermer les livres, passer à autre chose pour y revenir plus tard ou le lendemain.

Dans ces difficultés, il faut savoir passer le relais à un autre adulte. Le simple changement de personne ramène parfois, comme par enchantement, l’ordre et le calme.

            Voilà donc des points bien précis à mettre en application. Je sais combien des parents consciencieux ont besoin d’exemples concrets et aiment à être guidés dans leur éducation. Nous verrons en détail, dans le prochain numéro, les manières pratiques de procéder pour vous aider dès la rentrée.

            A l’aube des vacances scolaires, permettez-moi de revenir sur le fait qu’il vous faut parvenir à donner le goût du travail à vos enfants.  Les devoirs de vacances seront l’occasion de montrer aux enfants votre joie de les aider à mieux comprendre certains points qui sont restés pour eux une énigme, de leur montrer les applications pratiques au quotidien des connaissances acquises. Sachez faire de ce travail exigé un bon moment et  que l’enfant  n’imagine pas que, pour vous aussi, c’est le pensum obligatoire que l’école aurait bien pu vous éviter…

            En attendant je vous souhaite de bonnes vacances, bien reposantes !

 Sophie de Lédinghen

[1] Remarquons que le travail est un châtiment dû à la faute de nos premiers parents. Avant le péché originel, Adam et Eve œuvraient mais ne travaillaient pas au sens strict car « le travail » n’avait alors aucun caractère pénible.