La jeune fille

Chère Bertille,

 

           Je te remercie pour ta dernière lettre : tu t’y plains d’entendre souvent que tout va mal, que la Foi se perd de plus en plus, que les gens n’ont plus le sens du sacré, que s’il y a tant de désordres dans le monde (incendies, guerres, persécutions, mauvaises récoltes de fruits et de légumes…) c’est sans doute que le Bon Dieu est fâché, etc… Loin de te désespérer, et je t’en félicite, tu me demandes comment toi, jeune fille dans le monde, tu peux faire quelque chose.

 

  C’est une excellente question, ma chère Bertille ! A une époque où tout le monde semble se détourner de Dieu, la jeune fille a une place de choix pour ramener l’amour du Bon Dieu dans les cœurs. Saint Pie X disait : « Donnez-moi dix femmes chrétiennes et je referai la chrétienté. » Voyons comment cela peut se faire.

 

  Le Bon Dieu a donné à la femme un cœur rempli de sensibilité et de délicatesse pour aimer et rayonner. Ne dit-on pas que la femme est la reine de son foyer ? La source de cet amour se trouve dans la sainte Eucharistie : c’est en s’unissant à l’amour divin que la jeune fille découvre le sens profond de sa vocation et transmet la Charité de Dieu. Par la sainte Communion, l’âme devient la demeure de la Sainte Trinité, le temple du Saint Esprit. La jeune fille est alors dépositaire d’un grand trésor qu’elle peut transmettre par son attitude, sa joie simple et paisible, sa douceur, sa bonté.

 

  Ma chère Bertille, si tu te laisses conquérir par le cœur de Jésus, Il te transformera et faira croître les vertus qui vont petit à petit changer ton comportement extérieur. Tu as déjà remarqué, je suppose, que nous ne connaissons des gens que ce qu’ils veulent bien nous dire et nous montrer d’eux, et que nous avons vite fait de nous faire une opinion d’autrui à partir de sa tenue vestimentaire, de son comportement en société, de son langage. Notre extérieur traduit donc notre intérieur. Plus tu seras unie au Bon Dieu dans ton fort interne et plus tu auras la volonté de faire rayonner son amour, plus cela paraîtra sur ton extérieur. Saint François de Sales nous dit : « La netteté extérieure représente en quelque façon l’honnêteté intérieure1 ? ». Cette réforme intérieure est la base avant toute autre réforme : « Pour moi, nous dit saint François de Sales, je n’ai jamais pu approuver la méthode de ceux qui, pour réformer l’homme, commencent par l’extérieur, par les contenances, par les habits, par les cheveux. Il me semble, au contraire, qu’il faut commencer par l’intérieur, « Convertissez-vous à moi, dit Dieu, de tout votre cœur. Mon enfant, donne-moi ton cœur » ; car aussi, le cœur étant la source des actions, elles sont telles qu’il est… Quiconque a Jésus-Christ en son cœur, il l’a bientôt après en toutes ses actions extérieures2. » Le père Jean Dominique ajoute : « Le vêtement… est une œuvre d’art. Il a pour but, en effet, d’exprimer avec des moyens matériels, les réalités spirituelles, par le visible, les choses invisibles : « per visibilia ad invisibilia3. »

  Peut-être te demandes-tu comment se manifestent ces changements extérieurs une fois le cœur gagné à Dieu ? Tout d’abord, dis-toi que cela se fait progressivement, tout doucement à la manière du Bon Dieu, via la grâce. Ce changement progressif te conduira petit à petit à notre plus grand modèle, la très Sainte Vierge Marie. Cette Maman que Jésus nous a donnée sur la Croix est toujours prête à nous aider et à nous tirer d’un mauvais pas. Si elle reste bien présente dans ton esprit, elle peut t’aider dans des choix pratiques de la vie quotidienne : la sainte Vierge aimerait-elle cette jupe ou robe que je souhaite acheter ? Est-il bon que je m’habille en homme dans telle ou telle situation ? Comment la sainte Vierge se tiendrait-elle assise dans un fauteuil du salon ? Est-ce que la sainte Vierge emploierait le vocabulaire que j’utilise ?

 

  Si tu te mets ainsi à l’écoute de la Sainte Vierge, tu seras une jeune fille rayonnante, je dis rayonnante car l’amour de Dieu qui brûlera alors dans ton cœur rayonnera par ton attitude et ton comportement et tu feras un bien immense autour de toi : « La femme par sa manière de se vêtir, prouve à son entourage qu’elle possède une âme spirituelle et une mission très haute qui lui donne des relations privilégiées avec Dieu. Un vêtement est beau quand il prêche la noble vocation de la femme4. » Tu ne te rendras certes pas compte de ce bien qui est fait autour de toi, Dieu seul sait tout le bien qui est fait par une belle âme simple. Je pense que si nous le savions, nous en aurions le vertige. En effet, l’histoire de l’Eglise et la vie des saints sont remplies de ces témoignages de conversion de personnes touchées par la bonne tenue et la joie de jeunes filles chrétiennes.

 

  Alors, ma chère Bertille, sois fière d’être catholique et alors tu œuvreras pour l’Eglise et pour la France !

  Je t’embrasse bien affectueusement,

Anne

1 Aux sources de la joie avec saint François de Sales, Chanoine F. VIDAL, p.76

2 Aux sources de la joie avec saint François de Sales, Chanoine F. VIDAL, p.74

3 D’Eve à Marie La mère chrétienne, Père Jean-Dominique, O.P., p.56

4 D’Eve à Marie La mère chrétienne, Père Jean-Dominique, O.P., p.56

 

Aimer vraiment son enfant

           Comme nous l’avons vu, les enfants sont des êtres sensibles qui communiquent par leurs émotions. Ils ont une capacité étonnante à reconnaître nos sentiments à travers notre conduite. Pour qu’ils se sentent heureux, équilibrés, confiants en eux même et en les autres, un enfant doit sentir qu’il est aimé de ses parents.

 

           Est-ce qu’aimer, c’est serrer sur son cœur et cajoler en disant des mots tendres ? Est-ce encore céder à toutes les demandes, offrir toutes les nouveautés pour qu’il soit toujours satisfait ? Est-ce conserver une certaine rigueur pour l’endurcir au mal et obtenir de lui le maximum de ce qu’il peut faire en toutes choses pour qu’il soit performant plus tard, ou même pour hâter sa sanctification ?

Notre enfant doit avant tout sentir que, pour lui-même, et parce qu’il est enfant de Dieu avant d’être à ses parents, ceux-ci sont prêts à beaucoup d’affection, d’abnégation, de sacrifices pour l’amour de lui. Les parents s’appuieront en partie sur l’utilisation de ce langage émotif de leur enfant pour l’aider à grandir, fortifier son caractère et sa volonté dans un équilibre affectif indispensable. Il y a pour cela plusieurs moyens « de communication affective » :

 

  • Nos regards:

  Les yeux d’un enfant commencent à fixer les objets entre deux et six semaines. Ce qui retient son attention, c’est le visage humain, et plus particulièrement le regard. Dès l’âge de deux mois, ses yeux cherchent d’autres yeux ; l’enfant y cherche ce dont il a besoin : remplir son réservoir émotionnel. Il est difficile de transmettre des émotions à quelqu’un qui ne regarde pas dans les yeux mais constamment ailleurs. N’avons-nous pas tendance à apprécier les gens capables de maintenir un contact visuel agréable avec nous ? Ce contact visuel sera même plus agréable encore lorsqu’il sera accompagné de mots gentils, de sourires. Notre simple regard est très puissant pour exprimer diverses émotions à nos enfants : un encouragement, une admiration, une mise en garde ou critique, une affection ou complicité…

Malheureusement certains parents n’utilisent le contact visuel que lorsque leur enfant leur donne satisfaction et les remplit de fierté. D’autres les regardent dans les yeux principalement quand ils leur parlent, et surtout négativement. Montrer notre affection à un enfant ne devrait pas être contrôlé par le fait que nous sommes satisfaits d’eux ou non.

Que ce soit pour le reprendre ou pour l’encourager, le regard donne à l’enfant des messages de soutien, d’affection continue. Bien souvent un simple regard en dit plus long qu’un grand discours. Laissons parler notre regard, il y trouvera toute la sécurité et la confiance dont il a besoin pour grandir.

 

  • Des gestes de contact physique:

  Ce moyen est très naturel à la mère qui caresse la joue de son tout-petit, le berce doucement contre elle pour le consoler ou l’endormir. Sans prendre constamment son enfant dans ses bras en le couvrant de baisers, il est normal de lui manifester notre amour de parent par des petits gestes comme simplement le prendre par la main, lui passer la main sur la tête. Dans certaines familles on ne s’embrasse pas le matin ou le soir, or ces petits gestes d’affection sont indispensables à l’équilibre de tout enfant. La petite croix que le père tracera doucement sur son front représentera beaucoup pour lui.

Tous ces gestes doivent être naturels et aisés, sans exagération. Un enfant qui grandit dans un foyer où ces moyens de communication sont employés, sera plus détendu avec lui-même et avec les autres. Il les abordera plus facilement et ne mettra pas mal à l’aise. Ces gestes ne sont pas davantage réservés aux filles : souvenez-vous de l’histoire de Vincent (FA n°29, Vincent, en manque affectif, inquiétait sa maman tant il l’étouffait de sa présence insistante). Un garçon comblé par des contacts physiques et émotifs venant en particulier de son père, s’identifie à lui et se sent plus masculin.

Et lorsque l’enfant grandit et que l’on ne peut plus le prendre par la main ou le « câliner » affectueusement, on adaptera nos gestes à son âge pour lui dire combien on l’aime : une simple bourrade sur l’épaule, une main qui ébouriffe les cheveux ou qui se pose en passant, l’air de rien pour préserver la pudeur des âges délicats. Même si nous sentons notre grand garçon un peu réticent, nous sommes toujours ses parents, et il attend toujours nos marques d’affection.

Chez les filles, ce besoin de contact physique, de tendresse, atteint son paroxysme vers l’âge de 11/12 ans, au moment où sa nature est un peu déstabilisée pour prendre un nouvel équilibre féminin. Elles aussi ont surtout besoin d’être rassurées par les regards et le contact de leur père. Si la jeune fille de 13/15 ans ne se sent pas vraiment aimée en ce qu’elle est devenue, elle sera instable, influençable aux pressions de ses camarades, surtout celles des garçons, et moins capables de conserver les valeurs de ses parents.

 

  • Une « attention concentrée »:

  Lorsqu’un enfant sent qu’il est tout seul avec son père ou sa mère ou qu’il l’a « tout à lui », et qu’en ce moment il est « la personne la plus importante au monde » pour son père ou sa mère, le but de l’attention concentrée est atteint ! Il ne s’agit pas d’une simple gentillesse à donner à son enfant si le temps le permet, c’est un besoin essentiel pour chaque enfant. La façon dont un enfant se perçoit et se sent accepté dans le monde sera déterminée par la façon dont ce besoin est satisfait. Il est merveilleux de voir son enfant heureux, en sécurité, serein, apprécié par ses amis… Mais croyez bien, amis parents, cela ne se fait pas automatiquement ; bien élever un enfant prend du temps : nous devons trouver du temps à passer seul avec chacun de nos enfants ! Il faut exercer des efforts extraordinaires pour voler du temps à des horaires chargés, mais les récompenses sont grandes ! Ce temps ne doit pas nécessairement être long et quotidien, il doit surtout être régulier. Ce sera plus facile pour la mère de s’arrêter entre deux occupations pour prendre chacun de ses enfants un quart d’heure ou 20 minutes dans la semaine en fonction de leurs activités ou au hasard des occasions. Le père (et j’insiste sur l’importance de son rôle affectif !) peut se réserver les week-end pour discuter ou faire une activité avec chacun tour à tour : on emmène l’un faire une course, on profite d’un petit bricolage entre hommes avec un second, on organise un jeu ou un apprentissage avec le plus jeune… Il y a bien des moyens de prendre tout à soi son enfant une fois par semaine et d’en profiter pour provoquer une conversation, s’intéresser à ce qu’il fait, ce qu’il aime, ce dont il rêve… Mais aussi ce qui le chagrine ou l’inquiète ! Il y a tant de bons moments à partager, de messages à faire passer, tant de choses à se dire pour encourager, conseiller en évitant soigneusement le ton du sermon… Et aussi tant de choses à écouter ! Votre enfant a besoin de vous parler, de savoir ce que vous pensez de lui, quoi que ce soit (approbation, reproche, déception, fierté…), mais toujours parce que vous l’aimez et que vous voulez son bien !

 

  On prendra un peu plus de temps avec les adolescents et les jeunes adultes, régulièrement. Peu importe si le téléphone sonne dans ces moments-là ! Et tant pis si le gratin prévu pour le dîner se métamorphose en rapide plat de nouilles ! L’important étant d’être tout l’un à l’autre. Ce n’est que dans ce contexte d’intimité et de détente que les parents développent cette relation spéciale et indélébile dont leur enfant a absolument besoin pour faire face aux réalités de la vie et prendre des engagements sans crainte. Combien voyons-nous aujourd’hui des jeunes fragiles, et même des adultes blessés qui se sentaient mal aimés, négligés étant enfants. Leurs parents les aimaient pourtant beaucoup, mais parce qu’ils ne le « sentaient » pas, ils ne le savaient pas !

 

Sophie de Lédinghen

 

La suite logique de ce sujet sera d’aborder celui de la discipline, car il y a une vraie relation entre aimer son enfant et la discipline. C’est ce que je vous propose pour la prochaine fois !…

 

La cape

 

           Tracez votre patron puis réalisez votre cape pour l’hiver. 2 mesures suffisent. Les finitions (poche, col, manchons) seront dans le prochain numéro. Prévoyez un lainage souple, ou du tissu polaire, une doublure si le tissu est léger. Comptez 1,60 m pour le 12 ans et 2 m pour une cape  d’adulte au genou pour un tissu en 140.

https://foyers-ardents.org/wp-content/uploads/2021/12/Cape-002.pdf

Atelier couture

 

 

Mais délivrez- nous du mal

           « Bien vivre n’est rien d’autre qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit », et comment aimer Dieu si nous ne le connaissons pas ? Aimer Dieu ! Vaste programme ! Et l’aimerons-nous jamais assez ?

La maman pourra ainsi lire ou simplement s’inspirer de ces pensées pour entretenir un dialogue avec ses enfants ; elle l’adaptera à l’âge de chacun mais y trouvera l’inspiration nécessaire pour rendre la présence de Dieu réelle dans le quotidien matériel et froid qui nous entoure. Elle apprendra ainsi à ses enfants, petit à petit, à méditer ; point n’est besoin pour cela de développer tous les points de ce texte si un seul nourrit l’âme de l’enfant lors de ce moment privilégié.

Ainsi, quand les difficultés surgiront, que les épreuves inévitables surviendront, chacun aura acquis l’habitude de retrouver au fond de son cœur Celui qui ne déçoit jamais !

 

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  La belle prière du Notre Père se termine par ce petit morceau de phrase introduit par un « mais » qui appuie bien son importance, tout comme celui de Notre Dame à Pontmain : « Mais priez mes enfants ». Une fois que j’ai résisté à la tentation avec votre grâce, Seigneur, délivrez-moi du mal ! Afin que je puisse dire, à la suite du grand roi David (Ps 31-9) : « Vous ne m’avez pas livré aux mains de l’ennemi, vous donnez à mes pieds un libre espace ».

 

  Le mal est partout dans le monde, et je le vois bien autour de moi. Ce mot veut dire bien des choses : la maladie, la douleur, le tort causé par quelqu’un… Est-ce de ce mal-ci dont je demande la délivrance ? Le Bon Dieu tire du bien de tous les maux, les tentations comme les tribulations extérieures, telles que la maladie par exemple. Quand sa maman lui suggérait de demander à Jésus de la guérir, la petite Anne de Guigné préférait prier pour les autres, car elle sentait bien qu’en acceptant ses propres souffrances, elle unissait son cœur plus intimement à Jésus crucifié. Elle avait tout compris. La vraie sagesse, c’est de savoir transformer le mal en bien.

  Mais le mal intérieur est plus grave : le péché – il s’agit bien de lui – détruit dans mon âme l’amitié avec le Bon Dieu, et même, en cas de péché mortel, me couperait totalement de lui.  Et c’est ce mal là qui m’entrave, car il m’empêche de monter vers le Bon Dieu, il me rend esclave du démon. C’est bien dans une prison que je m’enferme volontairement quand je pèche, et c’est pour cela que j’ai tant besoin de Vous, ô mon Père ! Donnez-moi votre grâce, qui est la clef de mon cachot ! Je n’oublierai pas de l’accepter, cette grâce, sinon je serai comme un prisonnier qui refuse de prendre les clefs qui lui permettent de se libérer.

  C’est pour cette raison que Jésus s’est fait homme, et qu’il est appelé à juste titre « Sauveur ». Il est venu pour moi, pour me délivrer du péché. Il a été envoyé par son Père, et chaque jour sur l’autel, il s’offre à nouveau en sacrifice afin que je sois délivré du mal. Quelle bonté, et comme Dieu m’aime ! Par le Baptême il m’a sauvé une première fois, et après m’avoir pardonné au saint tribunal de la Pénitence, il s’offre à moi dans la sainte Eucharistie, pour me donner tous les moyens nécessaires pour aller au Ciel. Et bientôt, si ce n’est déjà fait, le Saint-Esprit me comblera de ses dons par la Confirmation. Je suis confondu d’amour et de reconnaissance devant de tels présents de votre part, mon tendre Père ! Et pour les pauvres malades, l’Extrême-Onction viendra apporter le réconfort et les grâces nécessaires pour supporter vaillamment leur peine, et transformer leur souffrance en cri d’espérance. Quels cadeaux merveilleux m’avez-vous fait, mon Sauveur, avant même que je les ai demandés ! Oui, je m’appliquerai dès aujourd’hui à prononcer cette phrase avec application et reconnaissance.

 

  O très doux Jésus, et vous, Maman chérie du Ciel, faites-moi prendre cette résolution, à la suite de saint Dominique Savio : la mort plutôt que le péché. Pendant l’Avent, je m’accrocherai d’une main à mon chapelet, et de l’autre à mon saint ange. Et avec votre grâce, ô mon Père céleste, j’avancerai joyeusement sur le chemin du Ciel, supportant amoureusement toutes les contrariétés qui se mettront en travers de mon chemin, car elles sont autant de marches pour arriver jusqu’à vous.

 

Germaine Thionville

 

Marie, modèle parfait des époux

           Lorsque les saints nous voient pratiquer les vertus qu’ils ont pratiquées eux-mêmes, ils sont portés davantage à prier pour nous. Si donc nous voulons nous assurer de leur part une protection plus sûre et plus abondante, efforçons-nous d’imiter leurs vertus.

 

           Celui qui aime, s’il n’est pas semblable à la personne aimée, cherche à le devenir. « Ô vous donc, nous dit saint Jérôme, qui aimez et honorez Marie, sachez-le bien, c’est en vous efforçant de l’imiter que vous l’aimerez vraiment, et le plus bel hommage que vous puissiez lui offrir, c’est l’imitation de ses vertus. » Marie est la reine des saints ; elle veut que notre âme s’applique à l’imiter. Autrement elle ne pourrait, comme elle le voudrait, enrichir des grâces du ciel une âme dont la conduite est opposée à la sienne : « Mes enfants, nous dit-elle, écoutez-moi : bienheureux ceux qui marchent sur mes pas » (Prov., VIII, 32)

En l’appelant « pleine de grâce » les évangélistes nous font assez entendre qu’elle eut toutes les vertus, et toutes à un degré héroïque. La bienheureuse Vierge Marie a excellé dans toutes les vertus à la fois, et elle s’offre à nous comme le parfait modèle de toutes les vertus. Essayons d’en observer quelques-unes, et de voir comment nous pouvons les mettre en application dans notre vie d’époux.

 

Humilité de Marie

  « L’humilité est le fondement et la gardienne des vertus » (Saint Bernard), sans humilité, en effet, aucune autre vertu ne peut exister, et combien fut grande l’humilité de Marie, première et plus excellente imitatrice de son divin Fils. « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » nous dit-Il. C’est par cette vertu qu’elle mérita d’être exaltée au-dessus de toutes les créatures.

Le premier acte de l’humilité de cœur, c’est d’avoir une basse opinion de soi-même. Marie ne se préféra jamais à personne. Non pas qu’elle se crût une pécheresse, car l’humilité est vérité et Marie savait bien qu’elle n’avait jamais offensé Dieu. Un cœur humble sait reconnaître les faveurs de Dieu afin de s’en humilier davantage. Plus elle se voyait comblée de grâces, plus elle s’humiliait, se rappelant que tout en elle était de Dieu. C’est encore un acte d’humilité de repousser les compliments, les louanges et de les rapporter à Dieu qui a eu la bonté de se servir de nous comme instrument de sa volonté. C’est aussi le propre des humbles d’aimer servir les autres, comme le fit Marie en s’empressant d’aller aider sa cousine Elisabeth pendant trois mois. Les personnes humbles prennent également soin de se tenir à l’écart, comme l’a fait Marie au Cénacle en se tenant en retrait des apôtres. Enfin, l’humilité fait aimer le mépris, et Marie n’a pas craint de paraître sur le Calvaire, devant tous, pour partager le déshonneur de son Fils ; elle n’avait d’autre pensée que de plaire seulement à son Fils !

« Viens, ma fille, dit un jour la Sainte Vierge Marie à sainte Brigitte, et cache-toi sous mon manteau ; ce manteau, c’est mon humilité […] Un manteau ne réchauffe pas si on ne le porte pas ; ainsi, pour tirer avantage de mon humilité, il faut qu’on la porte, non seulement dans ses pensées, mais encore dans ses œuvres. Par conséquent, ma fille, revêts-toi de mon humilité. »

 

Charité de Marie envers le prochain

  « Que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère. » Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais personne qui surpasse Marie en amour pour Dieu ; de même il n’y aura jamais personne qui la surpasse en charité envers le prochain. Le Christ qui est la charité même, a rempli sa sainte Mère d’une immense charité envers tous ceux qui recourent à elle. Pendant sa vie sur la terre, elle était si débordante de charité qu’elle secourait les nécessiteux sans en être sollicitée. C’est ce qu’elle fit aux noces de Cana, et en se rendant en toute hâte chez sa cousine Elisabeth, mais la preuve la plus grande qu’elle nous a donnée de sa charité, ce fut d’offrir son Fils à la mort pour notre salut.

  Sommes-nous capables, nous-mêmes, de tant aimer Dieu que nous pourrions nous donner sans compter à notre prochain, qu’il soit pauvre, malade, connu ou inconnu, proche ou lointain, au détriment de notre petit emploi du temps bien réglé ? Irions-nous jusqu’à offrir à Dieu, de tout notre cœur, un de nos enfants, notre époux s’Il nous demandait le sacrifice de leur vie ? Ou même s’Il voulait en prendre un à son service dans les ordres ou au couvent ? Il est certain que la charité dont nous aurons usé envers Dieu et le prochain sera la mesure dont Notre Seigneur et Notre Dame useront envers nous.

 

Chasteté de Marie

  Depuis que les sens, par suite du péché d’Adam, sont en état de révolte contre la raison, la chasteté est pour les hommes la vertu la plus difficile. Dieu nous a donné en Marie le plus parfait modèle de chasteté. La première qui, sans le conseil et l’exemple de personne, a offert sa virginité au Seigneur. « Comme le lys entre les épines, ainsi est celle que j’aime entre les filles de Sion. » « La beauté de Marie animait tous ceux qui la contemplaient à l’amour et à la pratique de la vertu » dit saint Thomas. Et saint Jérôme pense que si saint Joseph demeura vierge, il le dut à la compagnie de Marie. Si l’on ne prend Marie pour modèle et protectrice, rares sont les victoires sur ce vice, car on ne prend pas les moyens de triompher (le jeûne, la fuite des occasions, la prière). La bienheureuse Vierge révéla elle-même à sainte Elisabeth de Hongrie qu’elle n’eut aucune vertu sans beaucoup de travail et sans une oraison continuelle. Marie qui est toute pure aime la pureté, aussi ne peut-elle souffrir les impudiques. Réfugions-nous dans la pensée de Notre-Dame en choisissant notre « garde-robe », si je pense être correcte pour moi-même, le suis-je également pour les autres lorsque je marche, me penche ou m’assois ?

 

Patience de Marie

  On appelle cette terre « vallée de larmes » parce qu’elle est un lieu de mérite. Nous y sommes placés pour souffrir, afin de mériter, par la patience, le bonheur du Ciel. Marie est le modèle de toutes les vertus, mais particulièrement de celle de la patience. Sa vie ne fut qu’un constant exercice de patience. La compassion qu’elle éprouva des souffrances du Sauveur, dès l’instant où elle devint sa mère, suffit de faire de Marie une martyre de patience : « la Mère crucifiée du divin Crucifié ». Sa présence sur le Calvaire nous fait assez comprendre combien grande et sublime fut la patience de la Sainte Vierge. C’est par les mérites de sa patience qu’elle devint notre mère, en nous enfantant à la vie de la grâce. Efforçons-nous donc à imiter la patience de Marie, c’est elle qui fait les saints en nous faisant supporter en paix les croix qui nous viennent directement de Dieu, comme la maladie, la pauvreté, et celles qui nous viennent des hommes : les injures, les persécutions… Quel trésor nous vaudra dans le ciel toute peine supportée pour Dieu !

 

  On pourrait encore parler infiniment de bien d’autres vertus de Marie : sa Foi, sa pauvreté, son obéissance, son espérance… Disons avec saint Ambroise que « la vie de Marie fut si parfaite, qu’elle renferme à elle seule la règle de toutes les vies. Que la vie de Marie soit donc devant nos yeux comme un tableau où resplendit la perfection de la vertu. Elle nous offre l’exemple à suivre en toute notre conduite. Nous y apprendrons ce que nous devons corriger, ce que nous devons faire, ce à quoi il faut nous attacher1.    

                    Sophie de Lédinghen

 

1 « Les gloires de Marie » de saint Alphonse de Liguori.