Joie sans mesure d’être mère

La maternité est la joie de l’épouse 

 Joie du don de Dieu, joie de la possession d’un grand bien. Ayant conçu avec son époux, la mère seule porte en elle. Elle seule, avec le concours général de Dieu, maintient naturellement en vie le fruit de son sein. « Dieu a confié à la femme la mission sacrée et douloureuse, mais aussi source de joie très pure, de la maternité » (Pie XII, Discours aux mères de famille, le 26 octobre 1941).

La maternité est aussi la plénitude de l’épouse. On ne s’épanouit pleinement qu’en réalisant la fin pour laquelle on est fait ; et l’épouse est normalement faite pour être mère. L’épouse, en devenant mère, ressentira cette joie profonde, cette plénitude paisible de la mère chrétienne.

 

La maternité voie de sanctification

Hélas, pourquoi les préoccupations matérielles, les agacements, les colères et les regrets viennent-ils si souvent faire sortir d’elle-même la mère de famille ? C’est qu’elle ne vit pas en profondeur. Son cénacle est profané par des intrus qui chassent son recueillement pacifique ! Elle ne sera sans remous qu’à l’heure où elle aura compris que de tout ce qu’elle doit avoir, rien ne lui manque ; le jour où, sans posséder et sans rien voir d’autre que la volonté de Dieu sur elle, elle trouvera enfin qu’il est bon d’être son enfant. Sa sanctification consiste donc dans l’union intime de son âme avec Dieu. « Je ne vous demande pas de fixer votre pensée sur lui, ni de faire de nombreux raisonnements ou de hautes et savantes considérations. Ce que je vous demande, c’est de porter le regard de votre âme sur lui. Qu’est-ce qui peut vous empêcher de l’élever, ne serait-ce qu’un instant, vers ce Seigneur ? » (Sainte Thérèse d’Avila)

Sainteté dans le devoir accompli dans le sacrifice

Si la mère de famille ne veut pas vivre sans cesse au milieu des angoisses, qu’elle commence par ne pas redouter la Croix. C’est dans ses petites croix quotidiennes, acceptées le cœur grand ouvert, que la mère trouve la joie du devoir accompli ; c’est dans ses efforts sur elle-même qu’elle offre à Dieu tout au long du jour son amour pour chacun des membres de sa famille. Elle sait que rien ne se perd, ici-bas, en matière de sacrifice, ses souffrances seront payées avec tant de surabondance. Elle y trouvera une vraie paix intérieure, celle qui permet de supporter « tous les chagrins et toutes les guerres », car Notre-Seigneur vient s’unir à l’âme qui se renonce, il n’est pas venu enseigner une autre voie de Rédemption que celle du don de soi. A la mère chrétienne il dit : « Je t’associe à ma Rédemption, voilà les faucilles, et voici la moisson, partageons la besogne. Ta générosité mesurera l’ampleur de ta gerbe. Au travail ! »

Mais « quand Jésus entre quelque part, il y entre avec sa croix et ses épines. Il en fait part à ceux qui l’aiment. » (Bossuet). La souffrance est un trésor, non pas en elle-même, mais par ce qu’elle rend possible. Elle est un trésor dans lequel la maternité chrétienne puise abondamment… Car la mère est mère toute sa vie. Celles qui refusent d’entrer pleinement dans le don ne savent pas que toute leur fierté de femme peut en recevoir un formidable élan ! Elles n’y voient que faiblesse et soumission et ne savent pas que ces exigences sont absolues, et que c’est une conquête qu’elles préparent au cœur de leurs enfants !

« Plus une femme est sainte, plus elle est femme » et d’autant plus, en effet, elle devient apte à rayonner autour d’elle cette transparence de son âme, cette présence du Christ qui, à travers elle, appelle tous ceux qui l’entourent à une ascension, à une prière, à des sacrifices que sa vocation sublime de femme soutient et partage spirituellement.

Éloge de l’âme du foyer

Très naturellement, la mère montre sa joie d’être épouse et mère par son humeur égale, sa patience, ses mots réconfortants, affectueux, encourageants. Elle n’a pas besoin de dire « je t’aime » toute la journée comme on le fait aujourd’hui avec excès et parfois superficialité, non, elle le montre dans sa façon d’être, dans son courage à la tâche, dans ses actions comme dans ses regards.

Elle parle à propos, et sait se taire pour écouter. Elle est douce et reposante, on aime à passer un moment auprès d’elle, même sans rien se dire. Si elle est occupée, elle s’arrange pour être disponible.

Elle est active pour chacun, sans précipitation car elle est organisée et sait anticiper les événements quotidiens autant que les imprévus. Elle est parfois fantaisiste et aime faire des surprises : un bon petit plat, un achat utile pour améliorer le quotidien, une sortie en famille…

Ce qui émane d’elle est contagieux et donne envie de bien faire, d’être joyeux. Elle ne murmure pas, et ne se fâche que quand c’est important ! Parfois même elle donne un petit baiser pour « donner du courage » à faire quelque chose d’ennuyeux.

Elle veille à ne pas se surmener, à rester régulière à l’ouvrage pour conserver un équilibre nerveux. Elle est capable de remettre à plus tard pour être toute à sa famille. Elle s’occupe de chacun au retour de l’école, et réserve du temps aux aînés après le repas. Elle fait le tour des chambres pour mettre du baume aux cœurs si besoin, fortifier l’un, encourager l’autre, apporter de l’énergie à celui qui en a besoin…ou encore taquiner gentiment pour faire passer un message délicat !

C’est dans sa foi, le chapelet quotidien, l’assistance à la messe, la pratique de la communion fréquente qu’elle trouve la lumière et la force pour tout cela.

« Donnez-moi, Seigneur, la grâce de comprendre et la force de vouloir. Je suis aveugle, lunatique et je me plains parfois, comme le mauvais serviteur vous trouvant dur et sévère. Pourquoi voulez-vous tout avoir, et tout de suite, et de bon cœur ? Ainsi vont mes sots murmures ! 

Seigneur, ne permettez pas qu’on affadisse votre Évangile ; ne tolérez pas que les discours de la mollesse viennent endormir les âmes que vous avez rachetées. Et la grâce qui est en nous est une grâce de force.

L’enchantement, l’ivresse dont vous faites le don à vos disciples, c’est l’ivresse des rudes tâches, c’est la joie de peiner fort, de ne pas s’épargner pour l’amour de vous ! » (Pierre Charles S.J.)

Que chaque mère se souvienne que ce qui se voit n’est rien auprès de ce qui demeure caché en elle. Personne ne peut vouloir pour nous, aimer à notre place, ou vivre en notre nom. Cette magnifique et grande mission de mère qui nous incombe, accomplissons-la joyeusement, de toute notre âme, saintement. « Seigneur, je suis une chose sainte à cause de tout ce que vous avez béni et consacré en moi ».

 

Sophie de Lédinghen

 

Contra spem in spe

Qui peut dire aujourd’hui, sans s’étouffer, que la France est un beau pays ? Que la France de Péguy « mon pays, ma mère, toujours fidèle à sa promesse »,  suscite toujours notre admiration ?

La question invite à une réflexion sur notre amour de la France et particulièrement sur l’enthousiasme que pourrait encore allumer en nous une France tellement défigurée.

A l’évidence le constat est cruel pour la « fille aînée de l’Eglise » : apostasie généralisée, laïcisme revendiqué, constitutionnalisation de l’avortement, lois sociales immorales, politiques dégénérées, système éducatif pervers, art décadent, mœurs dépravées, économie en ruine, désindustrialisation, agriculture à l’abandon, santé en déliquescence… La description ne mérite pas d’être poursuivie, elle ressemble à un cauchemar qui ne mérite pas qu’on s’y attarde, nous le connaissons tous.

Peut-on aimer la France ? Peut-on encore aimer la France aujourd’hui ? Peut-on s’enthousiasmer pour la France ?

Certes, on peut rabâcher les trop célèbres banalités qui pourtant sont bien réelles et qui assurent à notre pays une renommée si méritée : « Tu dois aimer la France, parce que la nature l’a faite belle et parce que l’histoire l’a faite grande » disait Ernest Lavisse2.

Ainsi, de sa littérature et de sa langue : faut-il que nous soyons menacés de la perdre comme le petit Frantz de Daudet pour comprendre son élégance, sa précision et sa mélodie ? La diversité des paysages et des côtes spectaculaires, une architecture infiniment variée depuis l’humble chapelle jusqu’à la majestueuse cathédrale dont l’embrasement fit si peur au monde entier. La rude forteresse du moyen-âge qui tranche avec le distingué château de la Loire, ou encore ses traditions, sa gastronomie, ses vins…

Tout cela est bon et vrai. Assurément, peu de pays allient une géographie, une culture et une histoire aussi équilibrées et aussi généreuses que le nôtre. Ne méprisons pas ces harmonies, elles sont une œuvre qui a été préservée au prix de tant de sacrifices, de larmes et de gloire qu’elle mérite l’admiration et les égards de ses enfants reconnaissants. Malheur aux ingrats !

Cependant, notre enthousiasme n’est-il pas cimenté par l’arrimage irréversible de la France à son vrai Roi comme un navire sur son ancre ? Ainsi parle Gustave Thibon: « Une des constances de l’histoire de France, c’est que sa vitalité et sa grandeur ont toujours été intiment liées à sa fidélité au Christ3 ».

Avant les devoirs envers la nature et la terre des pères, s’impose la fidélité au Dieu rédempteur. La France Lui est indéfectiblement liée par son baptême, par ses saints et par la foi de son peuple.

Il y a quelques années, un ancien ministre de l’intérieur se permettait de fanfaronner: « Il y a un moment où l’Etat doit s’imposer et dire que la loi est au-dessus de la foi4 ».

Qui pourrait, qui oserait rester froidement et négligemment détaché devant de telles menaces faites à la France et à ses enfants ? Tout au contraire, l’enthousiasme – au sens propre : inspiration par Dieu – est stimulé, attisé et comme dynamisé par la provocation. La fidélité et la ferveur des enfants de France répondent par la voix du poète: « Tous les prosternements du monde ne valent pas le bel agenouillement droit d’un homme libre. Toutes les soumissions, tous les accablements du monde ne valent pas une belle prière, bien droite agenouillée, de ces hommes libres-là 5».

Mais laissons à saint Pie X le soin d’illuminer notre enthousiasme et notre espérance :

« Un jour viendra, et Nous espérons qu’il n’est pas très éloigné, où la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée d’une lumière céleste et entendra une voix qui lui répétera : « Ma fille, pourquoi me persécutes-tu ? » Et sur sa réponse : « Qui es-tu, Seigneur ? », la voix répliquera : « Je suis Jésus que tu persécutes. Il t’est dur de regimber contre l’aiguillon, parce que, dans ton obstination, tu te ruines toi-même. » Et elle, tremblante et étonnée, dira : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » Et Lui : « Lève-toi, lave tes souillures qui t’ont défigurée, réveille dans ton sein tes sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille aînée de l’Eglise, nation prédestinée, vase d’élection, va porter, comme par le passé, mon nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre. » Ainsi soit-il !   6»

 

Bizerbouec

1 Espérant contre toute espérance (Saint Paul, Romains, 4,18.)

2 Lavisse, Histoire de France, cours moyen 1e et 2e années.

3 G. Thibon, Propos d’avant-hier pour après-demain.

4 G. Darmanin : Interview sur CNEWS à propos du projet de loi contre le séparatisme (Fev.2021)

5 C. Péguy, Le mystère des saints innocents.

6 Saint Pie X : Fin de l’allocution consistoriale du 29 novembre 1911.

 

 

Peut-on se passer d’enthousiasme ?

 

Si nous étudions nos relations avec nos proches ou même nos connaissances plus lointaines, nous en arrivons vite à la conclusion que la vie est beaucoup plus légère et tonique au contact de personnes enthousiastes.

Certaines peuvent sûrement être un peu fatigantes tant leur activité et leur volubilité sont envahissantes, mais le côté toujours positif de ces caractères, un certain enjouement et une façon dynamique de prendre la vie, peuvent se révéler des moteurs extrêmement puissants. 

Car l’enthousiasme entraîne, et s’il n’est pas vaine agitation, s’il ne s’accompagne pas d’un caractère velléitaire, il peut aider à soulever des montagnes. 

Certes, toutes les personnalités ne sont pas aussi naturellement prédisposées à ce type de réaction, mais la volonté d’être toujours partant, toujours positif, toujours généreux, peut se cultiver. 

Alors, chez nous aussi et chez nos enfants, bravons la déprime, le cynisme et le repli sur soi, et osons l’enthousiasme ! 

 

 

Etendre le règne du Christ-Roi

Y a-t-il un grand homme d’action qui n’ait pas fait preuve d’un bel enthousiasme ? 

Bien sûr, nous avons tous en tête les grands explorateurs, chefs de guerre, conquérants, inventeurs, ou entrepreneurs fondateurs de sociétés. 

Mais en prenant des exemples plus religieux, comment un saint Bernard a-t-il pu convaincre tous ces preux chevaliers de quitter leurs terres et partir en Croisade au-delà des mers ? 

Comment une sainte Thérèse d’Avila put-elle fonder tant de monastères, parcourir tant de kilomètres, tout en produisant tous ses écrits, durant sa seule existence ? 

Comment un saint Vincent de Paul a-t-il été capable de réaliser tant d’œuvres diverses ? 

Comment un saint François-Xavier a-t-il pu convertir et baptiser autant d’âmes durant seulement 11 années de vie missionnaire ? 

Comment tous ces grands catholiques ont-ils pu réussir à étendre le règne du Christ ? 

C’est par la force de leur exemple, par leur Foi, par le recours aux sacrements, par leur humilité et leur conformité à la volonté de Dieu et aux inspirations du Saint-Esprit, mais aussi (et ils n’avaient pas d’autre chargé de communication) par la flamme de leur enthousiasme pour l’amour divin, seule source d’admiration et d’enthousiasme authentique. 

 

 

Pas de chance ? Quelle chance !

Il est 21h vendredi soir gare du Nord, Jean vient de manquer le train qui devait l’amener, le temps d’un week-end, faire du bateau avec des amis sur la côte normande, c’était le dernier train de la journée ! « C’est le RER qui était bloqué, encore un abruti qui a coincé les portes.» Jean sombre dans la morosité, c’est toujours comme cela, pour une fois qu’il pouvait faire du bateau. Il n’a jamais de chance de toutes les façons et cela tombe toujours sur lui ! Il met ses mains dans les poches, reprend le RER et s’enferme tout le week-end dans son appartement à ruminer son malheur pendant que ses amis voguent sur les eaux tourmentées de la Manche.

Pierre lui aussi devait se rendre à ce week-end, mais il venait en voiture depuis Angers et sa voiture vient de tomber en panne sur l’autoroute, fumée blanche, joint de culasse HS, dépanneuse et garagiste, et bonjour la facture ! Le week-end en bateau tombe à l’eau ! Il a de la chance, cela aurait pu se produire le week-end dernier alors qu’il se rendait dans le sud au mariage de son frère. C’était un super mariage d’ailleurs, il y a rencontré du monde et notamment une chic fille qui habite Angers aussi. Tiens au fait, vu que le week-end bateau est annulé, pourquoi ne pas l’inviter ce soir à prendre un verre avec des amis, ce sera l’occasion de faire plus ample connaissance…?

Ainsi va la vie, injuste me direz-vous ! Mais quelle différence entre la poisse de Jean et la chance de Pierre. Dans les faits, aucune ou presque, en réalité, uniquement la réaction de l’un ou l’autre envers des évènements contraires et contrariants, envers les petites épreuves de la vie.

L’un a pris l’habitude de voir le verre à moitié plein, de s’estimer heureux avec ce qu’il a et ce que la Providence lui envoie, l’autre est focalisé sur ce qui ne se passe pas bien, sur la difficulté de sa vie et le poids de ses épreuves.

Quelle différence cela fait-il ?

Pierre est capable face à un évènement contraire d’essayer de trouver une solution, s’il n’y en a pas, de tirer parti de cet évènement pour aller de l’avant et essayer autre chose. Très vite il a trouvé comment occuper intelligemment son week-end et comment progresser dans la vie. Il a revu Germaine plusieurs fois et quelques mois après ils se fiançaient.

Jean reste bloqué, obnubilé par la difficulté ou la contrariété, il la rumine, ce qui le rend incapable de lever la tête et de regarder à côté pour tirer partie des opportunités que lui offre la Providence. S’il avait levé les yeux, il aurait vu dans le métro cette affiche de concert gratuit à Notre-Dame nouvellement restaurée, il y serait allé et aurait pu s’émerveiller devant la pureté des voix d’enfants qui emplissaient le vaisseau millénaire éclatant de blancheur. Cela lui aurait peut-être donné envie de reprendre le chant qu’il pratiquait étant enfant. Il serait rentré dans ce chœur déjà renommé à Paris et y aurait rencontré Juliette qui aurait pu devenir sa femme. Mais non, il rumine encore car son RER a été retardé par un « #&$!# » qui, c’est certain, n’a fait cela que pour l’empêcher de faire ce week-end.

Pierre a vraiment toujours de la chance, même quand il n’en a pas, et en plus, il gagne des grâces et des mérites pour le Ciel car il se laisse porter par la Providence et accueille avec joie et gratitude les petites épreuves qu’elle lui envoie, légèrement et « facilement » il se dirige vers le Ciel. Quelle chance !

Jean a vraiment toujours la poisse, il en devient triste, mais qu’a-t-il fait au Bon Dieu ? Il récrimine et marmonne, il en vient à perdre l’espérance et petit à petit, c’est même sa foi qui faiblit. C’est vraiment la double peine. De pas de chance en mal chance il en vient à trainer vers l’Enfer les mains dans les poches, c’est vraiment pas de chance !

Sommes-nous plutôt Pierre ou sommes-nous plutôt Jean ? Certainement tous un peu des deux même si notre tempérament nous pousse naturellement plus vers l’une ou l’autre de ces caricatures peintes pour l’occasion. Mais sachons si besoin nous réveiller et redresser la barre pour saisir notre chance et reprendre la vie du bon côté !

Antoine