O BELLE A LA FONTAINE

Interprétation de Jacques Douai (Gaston Tanchon)

 11 décembre 1920 à Douai – 7 août 2004 à Paris

Surnommé « le troubadour des temps modernes », nous lui devons la renaissance de nombreuses chansons médiévales. Dans son domaine, il est une illustration du « savoir transmettre ». Il faut aussi lui reconnaître un intérêt avant tout culturel, spécialement poétique, au détriment de la pure rentabilité. Ce qui est rare dans sa profession.

https://open.spotify.com/search/results/o%20belle%20%C3%A0%20la%20

Ô Belle à la fontaine,
J’ai soif d’un peu de ton eau.
Elle a ri, la hautaine,
Belle et froide comme l’eau.
Chardon, mélilot, menthe,
Par eux la plaine glanez.
Et toi, ma chanson, chante,
Qui sur mon malheur est née.

Chante, chante, fontaine,
Dont ne se flétrit pas l’eau.
J’ai vieilli dans la peine,
Menthe, chardon, mélilot.
Maigres senteurs de terre,
Point tôt fûtes-vous fanées,
Que la belle trop fière,
Dont m’ont vengé les années.

Adieu, beauté hautaine,
Mirée dans l’auge du cœur.
Où j’ai bu tant de peines,
Et tant goûté de langueurs.
Adieu, douleur fidèle,
Par l’âge atteint sans pardon.
J’ai revu les yeux d’elle,
Mélilot, menthe, chardon.

Piangete occhi, piangete

Piangete occhi, piangete

Notre citation pour mars et avril :

«  Tel me chante au matin, qui me drape le soir ;

Lorsque l’ode a dit blanc, l’épigramme dit noir. »

 » L’homme qui souffle le froid et le chaud  »   VIe s.
av. J.-C. Ésope

Piangete occhi, piangete

Pleurons la Passion de Notre-Seigneur

Oratorio pour la semaine sainte -1640 – Lamento de Sainte Marie-Madeleine

  Domenico Mazzocchi (1592-1665)

Domenico Mazzocchi est un compositeur baroque italien, de musiques d’opéras mais aussi  liturgiques (motets et oratorios).

La « lirone », lyre de gambe (9 à 16 cordes) accompagne ce morceau.        

Piangete occhi, piangete,                               Pleurez mes yeux, pleurez,

Non più gli altrui rigori,                                 Non plus pour d’autres souffrances,

O dolor mio,                                                   O ma douleur,

Ma il dolor del mio Dio,                                  Mais pour la douleur de mon Dieu,

Che del mio pianto ha sete.                           Qui de mon pleur a bu.

Piangete occhi, piangete.                               Pleurez mes yeux, pleurez.

Deh, non piangete più la feritate                  Oh, ne pleurez pas pour les souffrances                 

Di terrena beltate,                                         des beautés terrestres,

Piangete la pietà, l’amor di lui                       Pleurez sa bonté, son amour,

Qhe langue, (oh Dio) per cui ?                       Qui languit (Oh mon Dieu, pour qui ?)

Langue perché di mia salute a sete.             Il languit parce qu’il a soif de mon salut

Piangete occhi, piangete.                               Pleurez mes yeux, pleurez.

Non piangete d’Amor l’arco mortale,             Ne pleurez l’arc mortel d’amour

Ma quell’arco vitale                                       mais cette arche de vie

Di quelle braccia aperte,                               de ces bras ouverts,

Arco pietoso, e forte,                                      l’arche salutaire et forte,

Che saettò la morte con ferità,                      que la mort frappe avec cruauté,

onde voi salute avrete.                                  afin que vous puissiez obtenir le salut.

Piangete occhi, piangete.                               Pleurez mes yeux, pleurez.

Non piangete gli strali,                                  Ne pleurez pas les flèches                            

Ond’empio amor terreno                                dont j’ai demandé l’amour terrestre

Già mi trafisse il seno.                                   Qui m’ont déjà traversé la poitrine.

Questi piangete, ohimè, chiodi pungenti      Pleurez celles, hélas, qui comme des ongles griffent

Delle piante innocenti.                                  La plante innocente.

Avventar questi strali                                    Ces flèches sont

Vostre colpe mortali                                       vos fautes mortelles

Voi, voi gli Arcieri siete,                                 Vous, c’est vous qui êtes les archers.

Piangete occhi, piangete.                               Pleurez mes yeux, pleurez.

                                                                       …/…

L’oratorio se poursuit encore pendant plusieurs minutes… mais la place manque pour  reproduire ces paroles in extenso. On peut facilement les retrouver. Mazzocchi s’épanche sur l’amour humain, objet de tant de lamentations, au détriment de l’Amour divin si peu pleuré.

Les choses ordinaires

Saint Jean Berchmans avait pour devise : « Ne rien faire d’extraordinaire, mais m’acquitter des choses ordinaires avec une perfection extraordinaire. »

Seigneur faites-moi la grâce de mettre en pratique cette sage maxime. Faire les courses, nettoyer, récurer, repasser, est en règle général aussi méritoire que de donner des conférences ou d’enseigner. Ce qui fait toute la valeur de nos actes, c’est l’amour, le courage, la fidélité avec lesquels nous les accomplissons. Il y a souvent plus de mérite à réprimer une parole qu’on a sur les lèvres qu’à s’infliger une discipline sanglante. Supporter un reproche immérité et ne pas se justifier est sans contredit plus pénible que de porter le cilice. Traiter avec patience un homme orgueilleux, un caractère insupportable, est plus méritoire que de dormir sur une planche.

Père Poppe – Sous le regard de Dieu

Intimité divine

L’amour avec lequel nous devons aller à Dieu, ne consiste pas dans le sentiment ; c’est un acte de volonté. « Aimer », c’est vouloir le bien ; aimer Dieu, c’est vouloir du bien à Dieu ». Et quel est-il ce bien, sinon celui que Jésus Lui-même nous a appris à demander au Père céleste : « Que votre nom soit sanctifié ; que votre volonté soit faite »                           

P. Gabriel – Intimité divine

Création, Eglise, Don d’Organes

Lorsque Dieu créa l’homme, il le forma du limon de la terre et insuffla ensuite en lui un souffle de vie ; l’homme fut ensuite placé dans le Paradis terrestre et toute son existence, au commencement, fut de louer Dieu, de le servir en toutes choses et de jouir des biens du Paradis terrestre.

Vint ensuite la perte de l’état originel et l’homme, chassé du Paradis, fut dès lors soumis à la maladie, à la mort et aux autres douleurs et misères de l’existence. Mais Dieu lui promit immédiatement la venue d’un Rédempteur grâce à qui il eut l’espérance d’accéder à une plus grande béatitude encore, celle du ciel.

Voici, résumée très succinctement, la doctrine enseignée par l’Eglise, sur la Création, la Chute et la Rédemption. L’homme est un tout, corps et âme, qui est régénéré par la grâce du baptême. Il ne serait venu à personne l’idée de séparer ces deux parties. Il vit dans ce monde sensible dont il est le chef d’œuvre et c’est à lui que sont soumis les êtres inférieurs.

A cette vision centrale de l’homme dans le monde, est venue se substituer progressivement une vision plus  matérialiste de la question, proposée et installée par la science moderne : composé d’atomes et de molécules, activés par l’énergie cellulaire, représentée par la molécule d’ATP[1], l’homme est aussi composé de tissus et d’organes qu’il va devenir possible de réparer en les changeant si besoin  et, en les remplaçant par un organe prélevé sur un autre corps.

 C’est l’activité à laquelle se livrent régulièrement certains médecins des hôpitaux ou autres structures, avec les intentions les plus généreuses qui soient.

Il y a quelques jours justement, un homme très âgé a été admis aux urgences à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Il ne lui restait que peu de temps à vivre et sa famille était auprès de lui, laquelle ne comprenait pas la situation réelle de leur parent et espérait simplement son rétablissement.

Mais sans attendre cette évolution fatale, dès que la nouvelle fut connue du service, l’équipe de prélèvements d’organes s’est mise en activité et des contacts ont été pris pour prélever au plus tôt les organes qui  fonctionnaient encore normalement, afin de les adresser au centre de recueil le plus proche.

Un neuro chirurgien, interrogé à ce moment-là, sur la pertinence de ce prélèvement, se mit à rire et dit : « Laissez-lui ses organes, il  n’est pas encore mort… » Ce qui freina pour un temps la machinerie installée pour cette préemption.

Ce prélèvement pose des questions morales gravissimes qu’il n’est pas possible de développer en peu de mots. Que l’on sache cependant qu’à l’heure actuelle, tout individu est considéré par la loi française, comme un donneur d’organes potentiel. Et en cas d’accident, un prélèvement pourra être effectué avant même que votre heure ait sonné.

Il n’est pas possible légalement de s’opposer à ce geste, à moins d’avoir fait connaître, de son vivant, à son entourage sa position sur le sujet, à la fois de façon orale et écrite ; mais même cela, n’est plus suffisant car il faut également avoir rempli le formulaire d’inscription au Registre National des Refus.[2]

Moyennant ces précautions, il est probablement possible à l’heure actuelle, d’espérer que la main humaine n’interviendra pas en cas d’accident, à  l’heure de notre mort.  

Dr R. N. Rémy


[1] Adénosine Tri Phosphate.

[2] www.registrenationaldesrefus.fr