Aimer l’Eglise en vérité

Pour ne plus savoir ce que veut dire aimer, nombreux sont ceux qui ne savent plus ce que signifie aimer l’Église. Parce qu’ils réduisent l’amour au seul sentiment, il n’est plus alors question que de se sentir en communion avec le pape, communion que certains vous reprocheront de ne pas avoir : « vous êtes contre le pape, donc vous n’aimez pas l’Église ! » Le comble apparaît lorsque ceux-là mêmes qui ainsi vous condamnent si promptement n’hésitent pas à s’affranchir des préceptes et enseignements de l’Église, arguant du primat de la conscience : ils ne réalisent pas combien ils crucifient l’Église !

Les trois premiers commandements l’ont suffisamment enseigné, tout amour authentique se décline en un triptyque : admirer, respecter, et servir jusqu’au don total de soi. Ainsi en va-t-il de l’amour de l’Église.

Aimer l’Église, c’est d’abord adorer la transcendance divine qui la constitue, pour en devenir participants. En tout lieu et à travers tous les temps, L’Église n’a d’autre raison d’être que de transmettre Notre-Seigneur Jésus-Christ à tous les élus de Dieu afin que ceux-ci, engendrés dans l’Église, soient incorporés au Christ par la foi, et ainsi rendus participants du royaume de Dieu. A cette fin, l’Église garde et transmet fidèlement les vérités divines révélées par le Christ, vérités qui comme lui sont les mêmes hier, aujourd’hui et toujours[1]. Transcendant la vie humaine, l’Église transmet donc la foi vive, ou vie de la grâce, véritable participation à la vie filiale qui habite le Verbe éternel de Dieu fait chair. Aimer l’Église, c’est se prosterner devant ces immenses réalités, pour les recevoir à deux genoux. Faut-il détailler quelque peu ?

L’amour authentique de l’Église consiste à recevoir filialement ce que cette Mère et Maîtresse des âmes transmet, quels que soient les temps ; sa Tradition donc. Aussi n’aime-t-il pas l’Église en vérité, celui qui prétend faire évoluer la Vérité éternelle au gré des hommes, plutôt que de faire évoluer les hommes vers la Vérité éternelle. A plus d’une reprise, saint Paul, le grand prédicateur de l’Église, condamne ces derniers[2]. Ainsi donc, la première marque d’un amour authentique de l’Église est la fidélité à l’enseignement pérenne de l’Église. Cette allégeance filiale, saint Paul l’appelle l’obéissance de la foi[3]. Sans elle, il est impossible de plaire à Dieu[4].

  • Aimer l’Église, c’est encore adorer ce qui la vivifie entièrement, à savoir le sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; c’est vouloir tout rassembler à l’ombre bienfaisante de la Croix rédemptrice. Tout restaurer dans le Christ, disait saint Pie X ; et nous pourrions préciser avec saint Paul : tout restaurer dans le Christ crucifié[5]. A l’inverse, celui qui à coup de sagesse humaine tend à rendre vaine la croix du Christ[6] ne peut prétendre aimer l’Église : aux dires de saint Jean, il dissout le Christ, et relève donc de l’antéchrist[7].
  • Aimer l’Église, c’est aussi se prosterner devant le mystère d’Incarnation que Dieu continue en ses ministres, précisément en tant qu’ils nous transmettent l’enseignement pérenne de l’Église et la vie de grâce découlant de la Croix du Christ. Plus que l’amour du pape, des évêques, et des prêtres, il s’agit donc de l’amour de la papauté et de la romanité jusqu’en ses dernières fibres, quelle que soit la faiblesse des pasteurs ; il s’agit de l’amour du Christ représenté par ses vicaires, et non des vicaires lorsque ceux-ci évincent le Christ : seul le Christ est la véritable tête de l’Église.

Tout amour d’admiration s’incarne dans une attitude de respect. A ce dernier aspect peut d’ailleurs se mesurer l’authenticité d’un amour, ici de notre amour pour l’Église. Ainsi, parce qu’elle aime, l’Église développe un culte à l’endroit de ses dogmes. La non incinération ou la vénération des reliques sont par exemple un culte rendu au dogme de la résurrection des corps, tout comme la génuflexion et le respect entourant la communion magnifient le dogme de la présence réelle. Toujours, l’Église a entouré de respect l’exercice de sa piété, fût-elle populaire. Et si l’on en vient au renouvellement non sanglant du sacrifice de la Croix offert quotidiennement sur les autels, alors l’Église démultiplie les marques extérieures d’adoration et de respect, car nulle part son amour n’est plus intense. Indépendamment de toute donnée doctrinale – qui garde son importance première – on ne peut donc dire qu’il relève de l’amour de l’Église de désacraliser la liturgie à coup de danses, de rap ou de guitares, fût-ce en présence du pape. Ils ne sont pas plus amis de l’Église, ceux qui ont méprisé la piété populaire, au point de la faire mourir en nos contrées. Les tristes exemples, hélas, pourraient-être multipliés…

L’admiration comme le respect peuvent rester extérieurs. S’ils sont au fondement de l’amour, ils ne sont pas encore l’amour dans sa plénitude : l’amour engage. Il s’épanouit donc dans le service, jusqu’au don total de soi. « Il n’y pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime[8]». Cela s’applique encore à l’amour de l’Église. Le chrétien n’est pas seulement appelé à recevoir de l’Église, mais à s’y donner ; car il n’est pas seulement appelé à être aimé, mais à aimer. Il s’y donne ordinairement dans la vocation concrète qui est la sienne, de père ou de mère de famille chrétienne par exemple, sans oublier pour autant le service paroissial. Si vivre au quotidien cette vocation réclame courage et don de soi, il en faut bien davantage encore pour continuer à transmettre aux siens cette vie ecclésiale pure de toute compromission avec le monde, malgré les courants dominants qui ont envahi tant de chaires et de sanctuaires ! Ils s’avèrent être les véritables fils aimants de l’Église, ceux qui ainsi persévèrent à temps et à contre temps, en une époque où les hommes, pour ne plus supporter la saine doctrine, se donnent des maîtres à foison [9]. En eux l’Église se perpétue, en leurs foyers apparaîtront les vocations de demain ; pourvu que de tous ces trésors, ils ne se fassent pas les propriétaires arrogants, mais les bénéficiaires pleins de reconnaissance.

Et si pour leur fidélité ils sont persécutés, bienheureux sont-ils. Oui, « Heureux êtes-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.  Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux : c’est ainsi qu’ils ont persécuté les prophètes qui ont été avant vous[10] ».

Abbé  P. de LA ROCQUE


[1] He 13, 8

[2] Ga 1, 6-9 ; Ro 16, 17-18 ; 1 Co 15, 1-3, etc.

[3] Ro 1, 5 ; Ro 16, 26 ; 2 Co 10, 15).

[4] He 11, 6

[5] 1 Co 2, 2.

[6] 1 Co 1, 17

[7]  1 Jn 4, 3

[9] Jn 15, 13  [9] 2 Tm 4, 2-4

[10] Mt 5, 11-12

Les conditions de l’infaillibilité – Les intentions du Souverain Pontife

Il y a quatre conditions bien précises pour que les décisions et actes du pape soient infaillibles:

  1. Que le Pape donne un enseignement (et non une simple discussion) pour toute l’Eglise universelle (et non pour une partie seulement des catholiques, pour les fausses religions ou pour le genre humain dans son ensemble).
  2. Que le Pape use de son autorité de chef suprême de l’Eglise, Vicaire du Christ et successeur de saint Pierre (et non comme porte-parole d’une communauté croyante, ou en vertu de ses opinions personnelles).
  3. Qu’il enseigne une vérité devant être tenue par toute l’Eglise de façon définitive, et qu’il  exprime son intention de définir une doctrine ferme ( notamment en déclarant clairement que ceux qui la refusent n’ont plus la foi catholique).
  4. Qu’il enseigne une doctrine qui concerne la foi ou la morale (et non l’histoire, la géographie ou la météo…).

S’il manquait une de ces quatre conditions, ce que dit le Pape pourra être vrai, mais ne sera pas infaillible.

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Plusieurs fois au cours de l’année l’Eglise nous fait prier aux Intentions du Souverain Pontife. Mais quelles sont donc ces intentions ? Elles sont définies très précisément par l’Eglise, ce sont :

  • l’exaltation de l’Eglise
  • la propagation de la Foi
  • l’extirpation de l’hérésie
  • la conversion des pécheurs
  • la concorde entre les princes chrétiens
  • les autres biens du peuple chrétien

L’Eglise expliquée à nos enfants

Chaque dimanche, nous nous rendons à l’église pour assister au Saint Sacrifice de la messe, il s’agit là de l’édifice, de l’endroit où nous allons prier et où se trouve le tabernacle dans lequel repose Jésus. Il n’est pas difficile d’expliquer ce qu’est l’église à un enfant, c’est tout simplement « la maison de Jésus ». Mais un jour nous aurons à lui apprendre ce qu’est l’Eglise, celle qui a une majuscule, et cela sera plus difficile…car, d’une certaine façon, elle ne se voit pas !

 Pour rendre les choses plus concrètes, il nous faudra alors partir des connaissances de l’enfant sur la vie de Notre Seigneur : il sait déjà qui est Jésus et connaît Sa vie chaque année un peu mieux en revivant les événements de l’année liturgique.

Avant sa mort sur la Croix, nous savons que Jésus avait, pendant trois années, enseigné Lui-même ses Apôtres et beaucoup d’autres disciples. Enormément de gens se réunissaient autour de Lui et croyaient en Lui, on le regardait comme un chef : Notre-Seigneur avait fondé l’Eglise. Il s’agit d’une société[1], l’assemblée de ses fidèles, ses amis qui l’écoutent et lui obéissent. Et ainsi Jésus leur apprenait qui était le bon Dieu, son Père, et ce qu’il fallait faire pour aller au Ciel, pour un bonheur éternel auprès de Lui. Jésus était venu sur la terre pour cela : pour conduire nos âmes au Ciel.

Jésus savait que bientôt, lorsqu’Il aurait terminé sa mission sur la terre, Il remonterait au Ciel près de Son Père. Il fallait donc trouver un chef visible pour diriger à sa place tous ses disciples; Il choisit alors Saint Pierre parmi ses Apôtres pour être chef de Son Eglise sur la terre. Et depuis Jésus, après Saint Pierre, il y a toujours eu un nouveau successeur pour devenir le chef de l’Eglise. Nous l’appelons le Pape. Saint Pierre a été le premier Pape. Aujourd’hui le Pape s’appelle François, il est le chef de toute l’Eglise, c’est-à-dire de tous les fidèles baptisés du monde entier. Il représente Jésus sur la terre, son devoir est d’apprendre aux hommes tout ce que Jésus a révélé à Ses Apôtres pour qu’ils aillent, eux aussi, au Ciel.

Comme nous sommes baptisés, nous appartenons nous aussi à l’Eglise. Chaque baptisé est un membre de son corps dont Notre Seigneur est la tête, le chef invisible (le chef visible sur la terre étant le Pape). Depuis toujours, l’Eglise est comme la barque de Saint Pierre qui transporte tous les baptisés et leur transmet les vérités que Jésus avait données aux hommes par le moyen des sacrements (Baptême, Confirmation, Eucharistie…). Il y a bien des tempêtes parfois, mais Jésus veille sur Son Eglise et a dit à Ses Apôtres qu’elle durerait toujours !

L’Eglise est répandue sur toute la terre, alors le Pape, qui habite Rome, la Ville Eternelle, est aidé par d’autres prêtres (le clergé) dont les plus importants sont les cardinaux, puis les évêques et les prêtres qui sont répartis dans le monde entier pour convertir les âmes et leur donner les sacrements, comme l’avaient fait les Apôtres après que Jésus est monté au Ciel, le jour de l’Ascension. Les fidèles que nous sommes obéissent aux prêtres qui eux-mêmes obéissent aux évêques qui sont dirigés par le Pape, et le Pape obéit à Jésus-Christ Lui-même. Nous appartenons donc à une grande chaîne qui nous relie à Jésus-Christ.

Lorsque l’enfant sera plus âgé,  nous pourrons expliquer que dans certaines circonstances[2], le Pape jouit de l’infaillibilité. On dit qu’il parle  ex cathedra. C’est-à-dire qu’il bénéficie d’une assistance particulière du Saint Esprit qui garantit que ce que dit alors le Pape est sans aucune erreur.

Nous devrons également lui expliquer que l’Eglise est Une, Sainte, Catholique et Apostolique et qu’elle réunit trois parties : l’Eglise Militante sur la terre, l’Eglise Souffrante au Purgatoire et l’Eglise Triomphante au Ciel.

Ainsi donc, l’Eglise est la grande famille des enfants de Dieu. Et si je lui appartiens, j’ai des devoirs envers elle : je dois bien sûr l’aimer et la servir !

On appelle l’Eglise « notre Sainte Mère » car elle donne la Vie et veille sur nos âmes comme une mère sur ses enfants. Comment ne pas aimer une mère si bonne, si sainte et si vigilante ?!

Pour aimer l’Eglise, les catholiques doivent obéir aux enseignements de Notre-Seigneur en étudiant le catéchisme, en se formant toute leur vie par des bonnes lectures, en observant les commandements et recevant les sacrements. Ils doivent également être fiers d’être membres de l’Eglise, la respecter et la défendre s’ils entendent des gens l’attaquer et remettre en cause les enseignements de Notre-Seigneur, ce qui est grave !

Les membres de l’Eglise doivent également aimer le Pape, puisqu’il est « Jésus sur la terre ». Pour cela il est un devoir de prier en famille pour lui. Il faut montrer aux enfants que le Pape est une personne importante, qui a une lourde responsabilité et que nous devons le soutenir de nos prières. Pour donner ce sens de l’Eglise à l’enfant, on pourra lui montrer une photo du Saint père le Pape, parler de ses déplacements dans les différents pays, recevoir sa bénédiction « Urbi et orbi » le jour de Noël et de Pâques en écoutant les retransmissions directes à la radio, occasion de recevoir les indulgences plénières, et même, si l’occasion se présente, l’emmener à Rome, siège de la Chrétienté, pour qu’il voit où ont vécu tant de papes, et où tant de martyrs ont versé leur sang pour défendre la foi de Jésus-Christ !

Nous avons aussi des devoirs de générosité envers l’Eglise, non seulement en prières, mais aussi en sacrifices, en aumônes (denier du culte, soutien d’œuvres, d’associations qui travaillent pour le règne de Notre-Seigneur sur la terre…), en soutenant les prêtres et les religieux, en faisant de l’apostolat.

Faisons bien comprendre à nos jeunes enfants que nous sommes fiers d’être des catholiques, c’est-à-dire des fils de l’Eglise romaine, membres du Corps mystique du Christ, et de travailler sous l’autorité des pasteurs, à étendre le royaume du Christ.

SL


[1] Mat. 16,18

[2] Cf. notre rubrique : Le saviez-vous, page suivante.

Troisième Mystère Glorieux : La descente du Saint-Esprit sur les apôtres

Fruit de ce mystère : Vivre dans l’Esprit

« Je ne vous laisserai pas orphelins, je vous enverrai l’Esprit consolateur !… » De cette promesse, les apôtres ont vécu depuis le jour de l’Ascension. En redescendant du mont des Oliviers où le Christ s’est dérobé à leurs yeux, ils sont venus directement au Cénacle, dans cette chambre haute, témoin pour eux des moments les plus bouleversants ! C’est là que pendant dix jours, ils vont vivre dans un grand silence de recueillement et de prière… première retraite de l’Eglise naissante !… Prière profonde pour préparer à l’Esprit un chemin dans leurs âmes. La Vierge est là. Et voici qu’au matin du dixième jour, alors que, dans Jérusalem en fête, les fidèles montent au Temple pour célébrer la Pentecôte Juive (sept semaines après le deuxième jour de la Pâque) : « tout à coup, il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un grand vent qui souffle avec force et il emplit toute la maison où ils étaient assemblés. Il leur parut des langues de feu qui se posèrent sur chacun d’eux et ils furent tous remplis de l’Esprit ».

Simplicité du récit des apôtres ! On croirait y être… Mais nous ne pouvons pas imaginer ce qu’ils ressentirent quand cet Esprit de lumière et d’amour les envahit ! Vierge Marie, Vous sans doute reviviez ces heures où après le passage de l’ange, ce même Esprit de feu descendit en vous pour accomplir le mystère de votre maternité divine. Vous, l’épouse du Saint Esprit, dans quel silence et quelle adoration l’avez-vous reçu au milieu des autres… Quel envahissement de l’Esprit qui soulève et transforme l’être jusqu’aux racines de lui-même puisque, de ces timides qui perdirent foi et courage au soir du Vendredi saint, Il va faire des apôtres intrépides jusqu’au martyre ! Ils débordent maintenant d’une telle joie et d’un tel zèle que les premiers témoins de cette allégresse mystérieuse les jugeront « ivres de vin nouveau ». Ils sont ivres, mais d’une vie divine qui fermente et semble faire éclater des cœurs trop petits pour la contenir !

Car les juifs sont accourus de toutes parts vers le Cénacle en entendant ce bruit. A cette foule composée de tous ceux qui sont montés à Jérusalem pour la fête, gens de toutes races et de tous pays, les apôtres, emportés par le zèle qui les enflamme se mettent à prêcher le Christ ressuscité ! Et, prodige, voici que tous, à leur stupeur profonde, comprennent ces discours en n’importe quelle langue !

Alors bouleversés, trois mille demandèrent le baptême…

« Si vous ne renaissez pas de l’eau et de l’Esprit, vous n’aurez pas la vie éternelle… »

Il faut qu’en récitant cette dizaine et en contemplant cette ferveur nouvelle des apôtres, je me demande si je vis vraiment de la vie de l’Esprit ?

Il me faut d’abord réaliser sa présence. Je pense au Père qui m’a créée et dont l’infinie puissance éclate dans les beautés de la création. Je pense au Christ qui m’a rachetée, à cause de ce crucifix qui étend ses bras au-dessus de mon lit, à ce Christ que je reçois à la communion ; mais c’est vrai que je pense peu à cet esprit d’amour qui demeure sans cesse en moi, qui m’a été donné pour être le compagnon de ma vie, à chaque minute… N’est-il pas en moi comme ce trésor dont parle l’Evangile, enfoui dans le champ avant qu’on l’ait découvert ? Ne suis-je pas un propriétaire ignorant de sa richesse et qui gémit sur sa pauvreté ? Je marche seule en me plaignant de ma solitude, alors qu’invisible mais présente, au fond de moi, dans ce silence et cet oubli où je l’enferme, vit la réalité adorable de l’Amour ! Et je me plains de ma solitude et je pleure sur l’incompréhension des hommes, et je soupire après une tendresse fidèle alors qu’au fond de moi est l’ami. Et je me plains aussi de l’inefficacité de mes efforts, alors que je n’aurais qu’à tendre la main pour être secourue…

O Marie, mère de ma vie intérieure, apprenez-moi à rentrer en moi-même, au long de mes journées si pleines de la dispersion de mes tâches multiples. Apprenez-moi à ne pas me « noyer » dans toutes mes besognes, à préserver ces minutes de recueillement où, descendant au fond de moi-même, derrière les agitations stériles et cette marée mouvante et contradictoire de ma vie, je trouverai le silence où la présence de l’Esprit sera vivante…

Vivre de l’Esprit, c’est avoir l’intelligence des choses divines. L’Esprit seul, si je vis en Lui, me donnera la lumière pour discerner ce qui est du Christ et ce qui est du monde, et Lui seul me donnera la force de préférer l’Un à l’autre… Vierge Marie, ce n’est pas facile de résister à tout ce qui entraîne vers la facilité, la vie de jouissance, le besoin de dominer les autres. Ce n’est pas facile d’admettre ce mystère des Béatitudes qui semble brimer la nature humaine… Et pourtant si l’Esprit est vivant en moi je saurai que « les premiers sont les derniers dans le Royaume de Dieu. »

Vierge Marie, ces choses-là, je ne les sais que du bout des lèvres et c’est pourquoi, au milieu des incroyants qui m’observent, au lieu de rendre témoignage à l’Esprit qui habite en moi, j’ai été souvent un de ceux qui obscurcissent sa Lumière !

Vivre de l’Esprit, enfin, c’est avoir le sens de la prière… Offrande de tout l’Etre et non pas ce vain bavardage où, sous prétexte de simplicité, s’étalent tous mes petits désirs matériels ou sentimentaux… Ah que je ne confonde pas la simplicité et la confiance filiale avec l’esprit de marchandage et l’égoïsme inconscient qui ramène tout à soi… que je ne prétende pas forcer Dieu à vouloir ce que je veux moi-même… but secret de tant de supplications et de neuvaines !

Vierge Marie, prier, ne serait-ce pas parfois me taire pour écouter monter en moi cette grande voix de l’Esprit qui sait mieux que moi ce qu’il faut demander au Père : non pas ce que j’aime mais ce qu’Il aime, le « pain de chaque jour », sans doute mais plus encore, en moi et dans les autres, le triomphe du bien sur le mal et le péché. « Que Votre règne arrive… que Votre volonté soit faite ». Prier pour accepter cette volonté quoi qu’il en coûte, pour qu’en me relevant, je n’ai pas l’inquiétude et l’angoisse de me demander si j’ai été entendue, mais cette paix profonde de sentir que, quoi qu’il arrive, j’ai déjà été exaucée puisque je ne demande que l’accomplissement de la volonté de Dieu ! Ainsi ma prière ne resserrera pas le monde à mes propres dimensions mais étendra au contraire mon âme aux dimensions du monde.

Vierge Marie, faites que, me dépouillant de mon esprit propre je vive enfin, à votre exemple, dans l’Esprit de Dieu. Obtenez-moi les grâces de cette pentecôte unique et sans cesse renouvelée pour que moi aussi, je sois transformée, jour après jour, par la docilité que je veux mettre désormais à vivre avec l’Hôte de mon âme pour écouter ses conseils et implorer sans cesse son secours !

D’après Paula Hoesl

Promenade en famille

En ce début de printemps, quelle joie de retrouver les premières fleurs rescapées du froid de l’hiver, perce-neiges, crocus, primevères, narcisses, jonquilles ! Certains camélias fleurissent déjà. Le petit duvet d’herbe tendre qui commence à recouvrir le sol nous donne un avant-goût de ce renouveau printanier.

Une bonne promenade en forêt ou dans un parc, sous les premières lueurs du frais soleil de ce printemps renaissant, va donner à toute la famille l’occasion de s’émerveiller de la résurrection, tous les ans renouvelée, de Dame nature. Bien plus qu’une dose de Vitamine D, ce grand bol d’air vif et léger nous redonnera de l’énergie par la contemplation de cette éternelle jeunesse, bienveillante prodigalité de notre Créateur.