Marie ma exaucée…

Un ex-voto du passé

À l’intérieur de la chapelle de la Vierge de Fourvière à Lyon, le vingtième ex-voto en comptant du bas sur le deuxième pilier droit arrête le regard : Marie ma exaucée. Comme beaucoup d’autres, il date du Second Empire. Gravée dans le marbre, la faute d’orthographe n’est pas sans en rappeler une autre, tracée avec du sang en 1991, le fameux Omar m’a tuer, et tant d’autres vilénies qui farcissent copies d’élèves, colonnes de journaux, menus de restaurants ou affichettes publicitaires, tant les « ma » pour des « m’a » et les « tuer » pour les « tué », sans compter les « mon » pour les « m’ont » et autres barbarismes sont encore légions au XXIe siècle.

Marie ma exaucée : il y a donc, se dit-on tout d’abord, comme un marqueur de classe ou d’ignorance dans la disparition de l’apostrophe. La faute provient-elle du graveur ou de la commanditaire de cette plaque ? On pourrait s’en tenir là si ne résonnait pas dans l’énoncé une sorte de franchise et de probité qui le rend presque poétique : je ne sais plus quel linguiste rappelait que toute faute individuelle de langage, si choquante soit-elle, est souvent motivée par une signification en partie consciente du sujet qui la commet, à la manière d’un acte manqué. Le regard s’attarde à nouveau sur le propos, au tiers supérieur du pilier : Marie ma exaucée.

On songe que ce ma pourrait aussi bien être un déterminant possessif, et qu’ainsi ce serait fort joli : Marie ma exaucée, comme Marie ma bien-aimée. Dans cet emploi, exaucée serait un participe passé substantivé, juxtaposé au prénom de la Vierge ; évidemment cela contrarie l’intention première de l’ex-voto puisque c’est Marie qui a exaucé le vœu de la personne qui le fit graver. Or Marie sujet ne peut devenir objet du vœu. Mais en même temps, cela renforce le lien de familiarité, d’intimité, voire de dévotion qui s’exprime alors.

En effet, se souvient-on, Marie ne fut-elle pas, elle aussi, exaucée ? Si l’on en croit le splendide Magnificat, nulle personne ne le fut même davantage qu’elle ! La faute nous fait aussitôt passer d’un vœu exaucé, celui de la personne qui commanda l’ex-voto, à un autre, celui de la fille d’Anne et de Joachim.

 

Une faute poétique

Certes, c’est sans compter sur la règle qui veut que devant un nom féminin commençant par une voyelle, pour éviter un hiatus disgracieux, on emploie les formes masculines (mon, ton, son, au lieu de ma, ta, sa : ma femme, mais mon épouse). Il eût donc fallu graver dans ce cas Marie mon exaucée.

Mais la faute, justement, prend un caractère poétique qui commence à me charmer.

J’imagine cette lyonnaise de la deuxième partie du XIXe, une mère de famille à la fois pieuse et bonne-vivante, dans le genre de celles qui faisaient leur marché sur le quai Saint-Antoine et qu’on voit sur les tableaux de petits maîtres régionaux dans certaines brocantes. Longue jupe de coton, corsage à rayures, fichu noué, chaussures entre la sandale et le sabot, dans cette époque où l’on allait encore à pied.

Et puis son garçon soudain saisi d’une mauvaise grippe, ou quelque chose de plus grave encore du côté de l’époux. Alors on se tourne vers Marie ; Marie, Mère de l’esprit de famille, recours dans la douleur, Mère de toutes les grâces, que l’on prie pour les siens. On prie un jour, neuf jours, s’écoulent deux, trois neuvaines… Et voilà que tout finit par s’arranger. Le garçon guérit, le mari se relève… J’imagine les longues visites qui précédèrent l’heureux dénouement, les montées à Fourvière comme disaient alors les petites gens de Vaise ou de Saint-Jean, dans cette chapelle emplie d’histoires de familles murmurées, devant ce haut retable baroque où trône encore cette Vierge en bois vêtue d’étoffes chatoyantes. Je crois l’entrevoir remerciant, repentante et agenouillée dans la fumée des cierges d’antan, son chapelet coulant entre ses doigts, cette femme d’un autre temps devant l’autel.

Pour qui veut bien lire et s’attarder, il y a tout cela, plus même, dans cette faute.

Le garçon, un compagnon un peu lourdaud qui d’une main rugueuse la grava définitivement, cette faute d’orthographe, dans l’atelier d’un faubourg, songeait probablement à sa belle à lui, sa bien-aimée, une petite Marie du quartier qu’il épouserait bientôt, quand son ciseau passa de « m’a » à « ma »… Marie ma exaucée. Après, c’était trop tard ! Le patron a fermé les yeux en se disant que ce n’était pas si grave, que ça passerait… Il faut imaginer aussi le moment où un prêtre maigre et sérieux finit par découvrir la faute. Au prix que coûtait le marbre, on jugea que ce n’était pas si grave, que le Seigneur, c’est bien connu, ne regarde pas le degré d’instruction de ses ouailles lorsqu’Il juge les intentions. Et on fixa quand même cet objet de reconnaissance parmi les autres, qui demeure, le vingtième en partant du bas sur le deuxième pilier droit, comme le témoignage d’une certaine France que nous aimons.

 

Beauté du français

Toute faute d’orthographe étant, au même titre qu’un trope, un écart, n’est-elle pas aussi, d’une certaine façon, une figure poétique ? Dans ses Études de style, le philologue Léo Spitzer rudoie cette « linguistique behavioriste, antimentaliste, mécaniste, matérialiste, qui voudrait faire du langage ce qu’il n’est pas : un agglomérat sans signification de choses inertes, un matériel verbal mort, des habitudes des paroles automatisées ». Un langage de simple communication, dirait-on à présent, au service de l’IA qui porte bien son nom d’artificiel et n’a pas fini d’abuser les crédules.

Car l’intelligence artificielle ignorera toujours la signification interne que prennent les mots, les figures de style et jusqu’aux fautes d’orthographe de chacun. Quel plaisir, quel réconfort de retrouver ce qu’elle manifeste à travers les époques de la belle polysémie propre à notre langue, sur les piliers bruissants d’autrefois, qui soutiennent, à Lyon, la chapelle de Fourvière.

Avec cet ex-voto insolite, en effet, nous nous trouvons à la croisée d’une prière et d’une mémoire, d’une histoire singulière qui s’efface et d’une civilisation qui perdure, d’un dire aussi beau que maladroit, celui qui témoigne que Marie est la protectrice des familles et la garante du pardon entre les hommes.

 

« Marie, exaucée,

m’a exaucée.

Marie ma exaucée… »

 G. Guindon

 

Troisième station : Jésus tombe pour la première fois.

« Bien vivre n’est rien d’autre qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit, » et comment aimer Dieu si nous ne le connaissons pas ? Aimer Dieu ! Vaste programme ! Et l’aimerons-nous jamais assez ?

La maman pourra ainsi lire ou simplement s’inspirer de ces pensées pour entretenir un dialogue avec ses enfants ; elle l’adaptera à l’âge de chacun mais y trouvera l’inspiration nécessaire pour rendre la présence de Dieu réelle dans le quotidien matériel et froid qui nous entoure. Elle apprendra ainsi à ses enfants, petit à petit, à méditer ; point n’est besoin pour cela de développer tous les points de ce texte si un seul nourrit l’âme de l’enfant lors de ce moment privilégié.

Ainsi, quand les difficultés surgiront, que les épreuves inévitables surviendront, chacun aura acquis l’habitude de retrouver au fond de son cœur Celui qui ne déçoit jamais !

Après la contemplation du Notre Père et de la Salutation angélique, nous vous proposons celle du Chemin de Croix. En effet, sa méditation, source de nombreuses grâces, est un exercice souvent négligé hors du temps du Carême, elle est pourtant source de nombreuses grâces. Une illustration facilitera le recueillement des plus jeunes.

A genoux au pied du crucifix, je fais le silence autour de moi, puis dans mon cœur, afin que vous trouviez la place libre et que vous puissiez y faire votre demeure, ô très sainte Trinité ! Soyez avec moi tout le temps de cette méditation, et restez en mon âme pour toujours.

 

Troisième station : Jésus tombe pour la première fois.

 Composition de lieu

Ecrasé par le poids de sa lourde croix, qui vient approfondir les plaies douloureuses de la flagellation et du couronnement d’épines, Notre-Seigneur s’effondre. Il tombe dans la poussière, sa tête heurte une pierre avant d’être à nouveau frappée par la croix qui tombe au-dessus d’elle, enfonçant un peu plus la sanglante couronne dans sa chair bénie.

 

Corps de la méditation

Quelle humiliation pour Notre-Seigneur, cette première chute ! Lui, le Fils de Dieu, gît à terre, le visage maculé de sang et de poussière. Il n’est plus rien aux yeux des hommes, qui le regardent avec dégoût et mépris. Mon Jésus, je vois bien que votre chute est là pour me rappeler les miennes, ces premières fois où j’ai refusé de vous servir par paresse ou par lâcheté, ou bien parce que je me croyais trop fort ! « Que celui qui est debout prenne garde de tomber, » dit saint Paul (1Cor,X,12) ! À présent je sais que je suis faible et méprisable, et que je ne peux rien sans votre secours.

C’est bien le poids de mes fautes qui vous accable et vous fait ainsi tomber. Et vous vous relevez sans une plainte, sans m’abreuver de reproches, moi qui si souvent cherche des excuses à mes mauvais agissements : le caillou sur la route, le petit frère qui fait trop de bruit, le camarade un peu vif… je cherche à diminuer ma faute en accablant ceux qui m’entourent.

Mais je vous regarde vous relever avec courage, levant les yeux au Ciel vers votre Père afin d’obtenir pour votre nature humaine la force d’aller jusqu’au bout de votre mission. A mon tour je me relève, avec votre grâce, et je veux reprendre avec ardeur le chemin qui mène au ciel. Je veux, comme vous, étreindre à nouveau la croix qui sera l’instrument de mon salut.                         

Colloque

Sainte Vierge Marie, vous étiez vous aussi sur le chemin du Calvaire, voulant accompagner votre Fils béni dans son sacrifice rédempteur. Je vous offre la douleur et l’humiliation de mes premières chutes, afin d’obtenir par votre intercession un plus grand regret de mes fautes et la force de m’en relever. Mon Saint Ange, venez à mon aide, aidez-moi à garder l’innocence de mon baptême ou à la retrouver bien vite auprès du saint tribunal de la Pénitence. « C’est en vous, Seigneur, que j’ai espéré ; je ne serai pas confondu à jamais ; dans votre justice, délivrez-moi. » (Ps XXX ;2)

 

Germaine Thionville

 

Union, respect, amour mutuel, volonté.

 

On mesure l’union d’une famille à sa capacité à traverser ensemble les étapes difficiles.

Clément Auray

Le respect, c’est la douceur de l’ordre, dans la famille, c’est la plus vitale condition du bonheur.    

Eugène Chapus

Ayez un même sentiment, un même amour mutuel, une même âme, une même pensée. Point de disputes, point de vaine gloire. Que chacun, par humilité, regarde les autres comme supérieurs à soi. Ayez en vous les sentiments qui étaient dans le Christ Jésus.

Ph 2,2-5

Les parents indisciplinés ne sont pas, ne peuvent pas être des éducateurs. Ils auraient besoin, dit-on, de conférences pédagogiques. Sans doute pour connaître la vérité. Mais ils ont encore plus besoin de volonté pour accomplir la vérité connue. Ce n’est pas tant la science du devoir qui leur manque que le courage.

Père F. Charmot

 

 

 

 

 

Le soleil du matin

Faisons rayonner dans la maison la clarté de l’optimisme surnaturel. L’optimisme est le soleil du matin : à lui les beaux jours. On ne saurait assez dire l’immensité du bien que l’on fait aux enfants en les habituant à vivre dans une atmosphère de confiance assurée. De tous les climats, il est le seul vraiment sain et réconfortant.

La confiance, comme la défiance, comme le scrupule, comme la peur, se propage d’une âme à l’autre. Il y a de bonnes contagions comme il y en a de mauvaises. Dans une ambiance de tristesse et de découragement, bien loin de préparer les enfants au dur combat de la vie, on en ferait par avance des vaincus. Ils seraient écrasés parce qu’ils auraient l’âme défaitiste. Le pessimisme quotidien est contagieux.         

Père F. Charmot