Les oligo-éléments (suite) L’hypertension artérielle

L’hypertension artérielle se traduit par une hausse de la pression du sang dans les artères au-dessus des chiffres habituellement normaux. La pression artérielle est considérée comme normale à 120/80, mais les chiffres varient en fonction d’une même personne et de situations différentes. Il existe cependant des marges acceptables, c’est à dire qu’une TA est considérée comme normale à 140/90 au cabinet médical et 135/85 en auto-mesure. 

Elle est mesurée en millimètres de mercure. Le premier chiffre appelé systolique correspond à la pression sanguine dans les vaisseaux du corps lorsque le muscle cardiaque se contracte et le second chiffre, appelé diastolique, correspond à la pression sanguine lorsque le muscle cardiaque se détend et se relâche.

Ce qui nous intéresse, ce sont les hausses de la pression artérielle parce que le danger vient de là.

 

On peut retrouver :

– Des maux de tête,

– Des vertiges,

– Des éblouissements,

– Des mouches volantes dans le champ visuel,

– Des sifflements ou bourdonnements dans les oreilles,

– Des tremblements,

– Une hyperexcitabilité neuro-musculaire,

– Mais aussi des symptômes psychiques : agitation, nervosisme, hyperactivité, anxiété, insomnie, aboulie, syndrome anxio-dépressif…

 

Le traitement par oligo-éléments est simple. Il existe des OE prépondérants et d’autres plus secondaires.

 

1) Les oligo-éléments prépondérants :

 

Le MANGANESE :  il est à donner en première intention.

Il peut en évitant les oscillations tensionnelles ramener les chiffres tensionnels à la normale dans 50% des cas.  Il est à utiliser à raison de 3 prises par semaine pendant 2 mois. Sur un terrain allergique, le manganèse est à utiliser une fois par semaine seulement.

 

Le MANGANESE COBALT : il est à associer au Manganèse dans les hypertensions de la ménopause, dans les états spasmophiles, à raison d’une prise tous les deux jours.

 

Le PHOSPHORE : on peut l’utiliser dans toutes les formes cliniques et en particulier en cas de dysthyroïdie ou de spasmophilie.

 

Le COBALT :  il est intéressant dans les formes d’hypertension accompagnées de vertiges, acouphènes, paresthésies…

 

2) Les oligo-éléments secondaires :

 

Cuivre Or Argent : indispensables dans les états anxio-dépressifs

Lithium : dans les états de nervosisme, anxiété, syndromes anxio-dépressifs

Magnésium : en cas de spasmophilie

Zinc : en cas de dysthyroïdie

Zinc/Nickel/Cobalt et/ou Zinc/Cuivre dans toutes les formes liées au stress.

 

Pour conclure, si après le traitement par oligo- éléments, les résultats tensionnels ne sont pas satisfaisants, c’est-à-dire si les chiffres tensionnels restent toujours élevés, mieux vaut consulter son médecin traitant car un traitement par Béta Bloquants s’imposera alors.

 

Dr Rémy

Noé ivre ou l’humiliation d’un patriarche

Tous nous connaissons Noé, patriarche incontournable de la Genèse, qui reçut de Dieu la mission de sauver toutes les créatures du Déluge. Beaucoup oublient en revanche ce qu’il devient après la sortie de l’arche. D’abord reconnaissant envers Dieu, Noé offre un sacrifice en action de grâce. Puis obéissant à l’ordre divin, réitéré, de cultiver la terre, il plante une vigne et produit du vin. Comme tout vigneron, il boit son vin, mais il en boit trop et finit par s’enivrer. S’allongeant sous sa tente, il dévoile alors sa nudité. C’est l’épisode de son ivresse, épisode qui est notamment représenté à la voûte de l’abbatiale de Saint-Savin-sur-Gartempe (XIe siècle, Vienne, Nouvelle Aquitaine).

Noé à Saint-Savin

A Saint-Savin, le cycle de Noé est divisé en deux parties presqu’égales. La première, relatée sur le versant nord de la voûte, retrace le Déluge et s’achève, à l’est, sur la plantation de la vigne de Noé. La seconde, dont le sens de lecture s’inverse et part en direction de l’ouest, traite des évènements qui suivent : Noé boit son vin, puis ivre il est découvert par ses fils, enfin il maudit Cham. Le cycle s’achève par la représentation de la Tour de Babel qui clôt le récit du Déluge.

En raison de l’ivresse, l’inversion du sens de lecture du cycle de Noé à Saint-Savin est souvent comprise comme un signe de la déchéance du patriarche et de l’échec de son alliance avec Dieu. En effet, côté nord le récit du Salut de l’homme dans l’arche de Noé se dirige vers l’est, en direction de l’autel majeur, tandis qu’au sud le sens de lecture repart vers l’ouest pour raconter l’ivresse. Il semblerait donc bien que d’un côté les hommes se rapprochent de l’autel, et donc de Dieu, tandis que de l’autre ils s’en éloignent. Mais en réalité, l’inversion du sens de lecture est plus complexe.

L’exégèse de l’ivresse

Aux yeux de beaucoup, l’épisode marque la déchéance de Noé, signe que l’homme même sauvé par le baptême est toujours pécheur. D’autres exégètes, dont saint Augustin, s’interrogent toutefois sur les raisons de cette ivresse. Sans pour autant justifier l’excès de vin qui conduit Noé à ne plus se maîtriser, certains avancent que Noé est le premier à produire du vin. Il ne pouvait donc pas en connaître les effets. Il découvre l’effet du vin et subit son ivresse plus qu’il ne la recherche. Cette interprétation clémente de l’attitude de Noé tire son origine du texte même de la Vulgate : nudatus est in tabernaculo suo, littéralement « Noé est nu sous sa tente ». La voix passive utilisée pour désigner sa nudité est très claire et ne laisse place à aucun doute. Noé subit une humiliation, il ne s’adonne pas à la débauche.

Ce verset invite également à considérer Noé comme l’image du Christ. La tente, tabernaculum, sous laquelle se repose Noé évoque une autre tente, celle qui, placée sur l’autel, abrite les saintes espèces, et qu’on appelle aujourd’hui le tabernacle. L’ivresse de Noé est de nature sacrificielle, elle préfigure le sacrifice du Christ : Noé, ivre, nu sous sa tente et moqué par son propre fils, est l’image par anticipation du Christ, nu sur la Croix, ivre d’amour pour le genre humain et moqué par son propre peuple.

Suivant cette logique christique, à Saint-Savin, Noé est allongé sur une couche dont les motifs rappellent ceux du marbre, et sous une construction qui, loin de ressembler à une tente de toile, est un édifice comparable à une église. Enfin, le linge que présentent Sem et Japhet pour le recouvrir, particulièrement ouvragé, s’apparente aux linges d’autel. L’ivresse de Noé est ici sacrificielle et son vêtement lui-même établit un parallèle avec le Christ en Croix : Noé à demi-nu, subit l’humiliation de découvrir à son insu la partie la plus intime de son corps, qui est aussi celle par laquelle il a engendré ses fils. Ce faisant il est le reflet inversé du Christ en Croix, uniquement vêtu d’un périzonium par pudeur. L’ivresse de Noé est ici préfiguration de l’humiliation du Christ sur la Croix.

 

L’irrespect de Cham

Même si tous les exégètes rappellent que la vertu de tempérance est de rigueur et qu’en cette posture Noé n’est pas imitable, un autre fautif est désigné dans l’histoire : il s’agit de son fils Cham. Cham, voyant son père ivre et nu, s’en moque et avertit ses frères. Sem et Japhet, au contraire de Cham, adoptent une attitude de respect vis-à-vis de leur père : ils pénètrent sous sa tente à reculons, pour ne pas le voir nu, et le recouvrent d’un linge par respect pour sa pudeur. C’est ce qui est fidèlement représenté à Saint-Savin : tandis que Sem et Japhet s’apprêtent à recouvrir leur père, Cham pointe un index moqueur dans sa direction. Il désigne irrespectueusement la nudité de son père, qui est pourtant la partie de son corps par laquelle il a été engendré.

En apprenant son geste, Noé maudit Cham et sa descendance. Il condamne Canaan, le fils de Cham, à être l’esclave de la descendance de Sem et Japhet. Cham est puni par où il a péché. Son fils est châtié car lui-même a péché par impiété filiale. Il attire la colère de son père, et par là également la colère divine, pour avoir livré au mépris son père humilié.

Le demi-tour narratif du cycle de Noé à Saint-Savin ne s’explique donc pas par l’attitude de Noé. Au contraire, l’inversion du sens de lecture s’opère sur la question du vin au plus près de l’autel, en écho au vin, consacré avec le pain, lors de la messe. La faute est reportée sur Cham qui, se moquant de son père, provoque sa chute. Le cycle du Déluge s’achève avec l’épisode de la Tour de Babel. Lors de cet épisode s’illustre le géant Nemrod, image de l’orgueil humain, que des traditions apocryphes désignent comme étant non seulement le commanditaire de la Tour de Babel mais aussi le petit-fils de Cham. C’est donc Cham par son geste qui cause ce retour en arrière et l’éloignement de Dieu qu’il signifie. Le respect dû à ses parents prime sur la condamnation de l’ivresse.

Conclusion 

La mémoire de l’épisode est restée dans le langage puisque le plus vieux cépage connu, le « Noah » est nommé précisément en référence à Noé, mais aujourd’hui l’ivresse de Noé est tombée dans l’oubli, non sans raison : la tempérance est vertu de rigueur. Au-delà des considérations exégétiques sur les torts de Noé ou de son fils, cet épisode d’ébriété de la part d’un patriarche de la Genèse nous rappelle avant tout que la piété filiale n’est pas une option. Même un père déchu a droit au respect de ses fils. On pourrait même dire : un père déchu a plus que tout autre besoin du respect et du soutien de ses fils.

 Une médiéviste

 

L’esprit de famille

constituée en tant que communauté de vie et d’amour, la famille reçoit la mission de garder, de révéler et de communiquer l’amour. Le premier échange entre un enfant nouveau-né et ses parents est le plus souvent un échange d’amour d’une intensité inégalée sur cette terre et qui déterminera leur relation pour toujours, sauf regrettable désordre. Nous en avons tous fait l’expérience et pouvons le mesurer.

Or l’amour ne se partage pas mais se multiplie. A l’image de Dieu, les parents aiment leurs enfants d’un amour intégral et les enfants, se sachant aimés, aiment ceux qui sont aimés par ceux qui les aiment d’un même amour, dans un échange incessant. Tous les membres de la famille, chacun selon ses propres dons, ont la grâce et la responsabilité de construire, jour après jour, la communion des personnes, en faisant de la famille une école d’humanité plus complète et plus riche. Il me semble vraiment que l’on trouve ici la raison la plus profonde à ce que l’on pourrait appeler l’esprit de famille.

Aujourd’hui, il est bon de connaître la racine de ce qu’est la famille pour comprendre les enjeux recherchés par sa destruction et les valeurs à maintenir.

La famille souche

Mgr Delassus1 décrit ce qu’était la famille souche et ses avantages. «  L’intérêt que la famille-souche considère comme majeur et qu’elle place avant tous les autres, c’est la conservation du bien patrimonial transmis par les aïeux. La famille est semblable à une ruche, de nouveaux essaims y naissent, en partent, mais la ruche ne doit pas périr. Pour la maintenir, les parents, à chaque génération, associent à leur autorité celui de leurs enfants qu’ils jugent le plus apte à travailler de concert avec eux, puis à continuer après leur mort l’œuvre de la famille. Cet enfant n’est pas de droit l’aîné. Il se prépare de bonne heure aux obligations qui lui sont en quelque sorte imposées par la volonté divine. A l’époque de son mariage, il est institué héritier du foyer et du domaine ; ou plutôt, il en est constitué le dépositaire pour le transmettre, après l’avoir fait valoir, à la génération suivante.

Cette qualité lui impose les charges de chef de la famille. Il a l’obligation d’élever les plus jeunes enfants, de leur donner une éducation en rapport avec la condition de la famille, de les doter et de les établir avec l’épargne réalisée d’année en année par le travail de tous.

Si l’héritier meurt sans enfant, un des membres établis hors du foyer quitte sa maison pour y revenir et remplir les devoirs de chef. Ces devoirs comprennent, en outre de ceux que nous avons dits, l’entretien du foyer et de ses dépendances, la garde du tombeau des ancêtres, la célébration des anniversaires religieux, etc. Tout cela lui impose une existence sévère et frugale dont l’exemple est bien fait pour initier les jeunes générations à la vertu. »

L’organisation de la famille-souche, bonne à la société, est bonne aux individus. Elle distribue équitablement les avantages et les charges entre les membres d’une même génération. A l’héritier, en balance des lourds devoirs, elle confère la considération qui s’attache au foyer des aïeux. Aux membres qui se marient en dehors, elle assure l’appui de la maison-souche avec les charmes de l’indépendance. A ceux qui préfèrent rester au foyer paternel, à ceux qui sont plus fragiles, elle donne la quiétude du célibat avec les joies de la famille. A tous elle ménage, jusqu’à la plus extrême vieillesse, le bonheur de retrouver au foyer paternel les souvenirs de la première enfance.

Détruire la famille : un objectif atteint ?

Le code civil a tué chez nous la famille-souche. Par la liquidation perpétuelle du patrimoine familial qu’il impose, les grandes familles ont été condamnées à s’amoindrir de génération en génération, les familles bourgeoises ont été mises dans l’impossibilité de s’élever et même de se maintenir et les familles ouvrières sont enfermées dans leur condition. Il faut relire ici cette lettre que Napoléon écrivait à son frère Joseph, roi de Naples, le 6 juin 1806, pour comprendre qu’il s’agissait bien de détruire la famille : «  Je veux avoir à Paris cent familles, toutes s’étant élevées avec le trône et restant seules considérables. Ce qui ne sera pas elles, va se disséminer par l’effet du Code civil. Etablissez le code civil à Naples ; tout ce qui ne vous est pas attaché va se détruire en peu d’années, et ce que vous voulez conserver se consolidera. » C’est tout à fait clair. Il n’y a plus chez nous, légalement du moins, que des familles instables. L’esprit et le texte du code civil sont opposés à toute consolidation, à toute perpétuation. Il n’attache à la famille que l’idée d’une société momentanée qui se dissout à la mort d’un des contractants.

Alors même si la famille souche n’a pas disparu du jour au lendemain et que les plus anciens d’entre nous ont pu en voir encore quelques traces au fond des campagnes, il est bien clair que nous n’en vivons plus du tout aujourd’hui et que le modèle a complètement changé. Pour autant, la famille demeure et demeurera jusqu’à la fin des temps tant elle est essentiellement naturelle et il est peu probable que le Bon Dieu permette la fin de l’espèce humaine et son remplacement par l’Homme artificiel.

 « Tes père et mère honoreras afin de vivre longuement2» 

En ce qui concerne les valeurs fondamentales de la famille, après la remise en cause du principe essentiel de l’éducation donnée en priorité par la famille, l’attaque menée contre ce commandement revêt une actualité et une gravité croissantes. Les caractéristiques intrinsèques du troisième et du quatrième âge tiennent naturellement à l’affaiblissement des forces physiques, à la moindre vivacité des facultés spirituelles, à un dépouillement progressif des activités auxquelles ils étaient attachés, aux maladies et aux invalidités qui surviennent, à la perspective des séparations affectives entraînées par le départ vers l’au-delà. Ces caractéristiques attristantes peuvent être transformées par les certitudes de la foi. On peut affirmer que la manière dont une famille et plus largement une civilisation assume le grand âge et la mort comme élément constitutif de la vie, et la manière dont elle aide ses membres âgés à vivre leur mort, sont un critère décisif du respect qu’elle porte à ses membres. Nous n’aborderons pas ici l’abomination de l’euthanasie, signe manifeste du déclin de notre civilisation…

Le soin porté à nos anciens n’est pas quelque chose de facultatif. Nous le leur devons en justice. « Aie soin de ton père, dit saint Ambroise, aie soin de ta mère. Tu as pourvu aux besoins de ta mère, mais tu ne l’as pas payée de ses douleurs ; tu ne l’as pas payée des peines qu’elle a endurées pour toi ; tu ne l’as pas payée de la faim qu’elle a soufferte en se privant de manger ce qui aurait pu te nuire, de boire ce qui aurait pu vicier le lait qu’elle te destinait : c’est pour toi qu’elle a jeûné, pour toi qu’elle a mangé ; c’est pour toi qu’elle n’a pas pris la nourriture de son goût ; pour toi elle a veillé, pour toi elle a pleuré et tu la laisserais dans le besoin ? O mon fils, quel jugement tu te prépares si tu n’as pas soin de ta mère ! A celle à qui tu dois l’existence, tu dois ce que tu possèdes. »

Au niveau spirituel, pensons à l’âme de nos vieux parents qui, se détachant de tout, ont parfois du mal à se tourner vers le Bon Dieu. Il faut prier pour eux, veiller à ce que leurs derniers jours terrestres soient consolés par la réception des sacrements et qu’après leur mort, nos suffrages et le saint sacrifice de la messe les mettent au plus tôt en possession de la gloire du Ciel. Du côté matériel, il est important de penser à l’avenir pendant qu’il est encore temps car réorganiser la vie d’un vieillard qui ne vit que d’habitudes est à peu près impossible.

Dieu récompense ceux qui honorent leur père et mère et châtie ceux qui violent le quatrième commandement. « Celui qui aura maudit son père ou sa mère sera puni de mort. » Et « celui qui afflige son père et chasse sa mère est un misérable et un infâme » ou encore « Celui qui maudit son père ou sa mère verra sa lampe s’éteindre au milieu des ténèbres ». Tout le monde connaît l’épisode de l’ivresse de Noé.

Le catéchisme du Concile de Trente nous indique qu’accomplir nos devoirs envers nos pères et mères est pour nous une obligation de tous les instants et ne contredit pas du tout le fait de quitter son père et sa mère et de s’attacher à sa femme. Le terme « quitter » en hébreu se dit « azab », ce qui signifie « laisser derrière, rendre libre, laisser aller, libérer ». Au travers de ces termes, nous comprenons qu’une fois mariés, les époux ne sont plus sous l’autorité de leurs parents, qu’ils se détachent du foyer parental et sont libérés pour désormais vivre leur propre vie. Ils deviennent responsables de leur propre vie, de celle de leur foyer et des enfants que le Bon Dieu leur donnera. Cependant, il ne leur sera pas interdit de recevoir certains conseils de leurs parents si ceux-ci sont bons et non contraires à la morale. Se détacher de la tutelle parentale n’interdit pas de les honorer, nous le comprenons tous.

Nous sommes des héritiers

L’homme est un animal social et un héritier. Cette notion est si universelle qu’elle s’impose à toute personne qui observe honnêtement la réalité. On la trouve reconnue par tous, qu’il s’agisse de la famille ou de la société tout entière : « L’humanité a seule la possibilité de capitaliser ses découvertes, d’ajouter de nouvelles acquisitions à ses acquisitions plus anciennes, si bien que chacun de nous est l’héritier d’une somme immense de dévouements, de sacrifices, d’expériences, de réflexions qui constituent notre patrimoine, fait notre lien avec le passé et avec l’avenir3. »

Si cette vérité s’impose, si elle reste manifestement déposée dans la conscience de tous, c’est qu’elle est une vérité de l’ordre humain. La notion d’héritage est inséparable de la notion d’homme qui, s’il n’est pas héritier, n’est plus qu’une bête, et d’ailleurs la plus bête des bêtes car la plus dépourvue d’instinct. Il serait tout à fait puéril ou malhonnête de se demander si on doit l’admettre. Qu’on le veuille ou non, nous sommes des héritiers.

L’idée en est sans cesse rappelée dans la Sainte Écriture où les bénédictions de Dieu ne sont presque jamais mentionnées sans qu’il soit indiqué qu’elles s’étendent à la famille entière et aux générations qui en découleront. Le mystère de notre destinée lui-même ne s’insère-t-il pas dans les mêmes perspectives ? « Si nous sommes enfants, nous sommes héritiers, héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ4 » et c’est bien pourquoi Il a choisi la famille comme lieu privilégié de cette transmission.

L’honneur de la famille : une valeur à transmettre

Au général allemand qui, pendant la seconde guerre mondiale, occupe son château et lui reproche de ne pas se présenter à lui, le duc de Plessis-Vaudreuil, héros du roman de Jean d’Ormesson ‘Au plaisir de Dieu’, lui présentant tous ses titres acquis par sa famille au cours des siècles, conclut en lui disant : « Depuis neuf siècles, je suis sur les terres et dans la maison de ma famille », s’identifiant totalement, se confondant à sa lignée. Nous sommes héritiers et même bien au-delà.

Il est bien sûr que l’héritier est redevable envers tous ceux qui l’ont précédé, qui lui ont donné ce qu’il est. Ce dû s’exprime par l’honneur rendu à la famille, au nom qu’elle porte et transmet. Il ne suffira pas de reconnaître les vertus de ceux qui nous ont précédés, par la piété filiale ; il faudra surtout songer que d’autres portent ce même nom, aujourd’hui, et le porteront encore demain. Notre famille nous oblige. Qui s’honore, honore les autres à proportion qu’il s’honore lui-même. Il les élève à la hauteur où il a fixé son point d’honneur. Les mœurs d’une famille se vérifient et se mesurent à la rigueur avec laquelle chacun de ses membres précise et respecte son point d’honneur.

Pour autant, l’orgueil n’a pas sa place dans l’honneur. Les auteurs spirituels se sont toujours méfiés de l’honneur. Saint Jean Chrysostome, par exemple, enseigne qu’une bonne réputation durable et l’honneur ne s’acquièrent pas par des grands monuments, par des colonnes, des titres, mais par d’héroïques vertus. Pour l’abbé Berto, « L’honneur consiste précisément à faire de certaines valeurs une raison de vivre, et aussi bien une raison de mourir, c’est-à-dire à tenir ces valeurs pour transcendantes.» Saint Thomas d’Aquin rappelle que « Les démonstrations d’honneur ne sont rien si elles ne sont pas l’hommage rendu à la rectitude d’un homme. C’est pourquoi l’honneur consiste essentiellement dans la valeur intime, dans la droiture de la raison et de la volonté…, l’opinion des hommes n’en est que la constatation accessoire. » Cette droiture de la raison et de la volonté consiste donc à ne vouloir que le vrai et le bien, et finalement le Vrai et le Bien ultime, Dieu.

Je laisserai le dernier mot à Henry Bordeaux. Monsieur Roquevillard, admirable type de père, se voyant dans l’obligation de vendre une partie de ses domaines, répond à ceux qui tâchent de l’en dissuader : «  Dans le plan des choses humaines, il y a un ordre divin qu’il faut respecter. Au-dessus de l’héritage matériel se place l’héritage moral. Ce n’est pas le patrimoine qui fait la famille. C’est la suite des générations qui crée et maintient le patrimoine. La famille dépossédée peut reconstituer le domaine. Quand elle a perdu ses traditions, sa foi, sa solidarité, son honneur, quand elle se réduit à une assemblée d’individus agités d’intérêts contraires, préférant leur destin propre à sa prospérité, elle est un corps vidé de son âme, un cadavre qui sent la mort, et les plus belles propriétés ne lui rendront pas la vie. »

 Jérôme Colas

 

1 L’esprit familial

2 Les 10 Commandements de Dieu selon le Livre du Deutéronome Dt 5, 6-21

3 Ernest Renan

4 Epître de saint Paul aux romains 8:17

 

 

 

Nos parents dans la vieillesse et la maladie

Nos père et mère sont ceux qui nous ont transmis la vie. C’est d’eux que Dieu s’est servi pour nous donner une âme et une intelligence, et nous leur devons la vie de la grâce par les sacrements, l’instruction de la religion et l’éducation de la vraie vie chrétienne.

L’honneur et les égards que nous témoignons à nos père et mère procèdent de l’amour que nous avons pour eux, c’est-à-dire un sentiment sincère et profond de l’âme. Nous les honorons lorsque nous prions pour eux et que nous mettons tout en œuvre pour qu’ils soient aimés de Dieu.

Aimer nos parents d’un amour de charité

Durant notre enfance, nos parents nous ont appris à les respecter, à leur obéir, exactement selon le modèle de l’amour de tout baptisé pour Dieu le Père. Cela nous est devenu naturel, même si notre pauvre nature humaine se cabre parfois, nous aimons nos parents et leur obéissons. Aimer celui qui nous aime est facile.

Parlons plus précisément de nos parents vieillissants, que nos yeux d’adultes découvrent sous un jour plus réaliste qu’au temps de l’enfance, avec leurs qualités, mais aussi quelques défauts de caractère ou de mauvaises habitudes acquises avec le temps. Qui peut se vanter d’être parfait ? N’ai-je pas, moi-même, un certain poids d’imperfections à tirer quotidiennement ? Mais Dieu commande que l’on aime en toute circonstance. Il y a une différence entre l’amour qui est un acte de la nature, et la charité qui est le fait de la grâce. Or ce n’est pas le simple amour que nous commande la loi évangélique, mais l’amour de charité. Et ce n’est que l’amour de charité qui nous mène vers notre fin dernière ; nous pouvons, si nous le voulons, aimer tous les hommes de cet amour qui provient de la nature, mais nous n’en retirerions aucun avantage pour la vie éternelle.

Pour pratiquer l’amour de charité, il nous faut discerner l’homme de ses défauts, aimer l’homme et détester le péché qui est en lui, un peu comme le médecin aime le malade et hait la maladie. L’amour de charité nous demande d’aimer l’autre comme Dieu l’aime.

Grâce à Dieu, nous gardons cet attachement de l’amour naturel pour nos parents, mais avons à enrichir cet amour en les entourant de toute notre affection, de tous nos soins, sans perdre de vue leur bien supérieur en toute chose, à savoir le bonheur du Ciel.

Nos devoirs d’enfants adultes, vis-à-vis de nos parents âgés, sont à la fois affectifs, matériels et spirituels.

Devoirs affectifs 

Où qu’ils soient, nos parents auront besoin d’être visités, entourés très régulièrement, et cela d’autant plus s’il ne reste qu’un seul parent. Vieillir n’est pas toujours chose simple, ni pour nos parents qui perdent peu à peu leurs forces, ni pour nous qui devons composer entre leurs sautes d’humeur et leur entêtement. Parfois nos parents sont mieux enclins à écouter d’autres que leurs propres enfants. Il nous faut alors avoir recours à un peu d’humour, de gentilles taquineries pour désamorcer les tensions, dédramatiser une situation, sans se moquer ni minimiser leurs inquiétudes.

L’âge et la maladie accentuent souvent les traits de personnalité de manière désagréable. Par exemple, une personne irritable se mettra facilement en colère, tandis qu’une personne impatiente deviendra autoritaire et impossible à satisfaire. Malheureusement, les principales victimes des personnes âgées sont leurs proches.

Essayons alors d’identifier la cause de leur agacement : douleurs chroniques, pertes d’amis, troubles de la mémoire… Tâchons de ne pas prendre la colère personnellement, de voir le côté positif des choses tout en prenant du recul sur l’aspect négatif. Prenons quelques instants pour nous aérer, ou pour nous défouler en faisant quelque chose d’autre. Parfois les parents s’en prennent à l’enfant adulte qui leur témoigne le plus de douceur, car ils se sentent en sécurité pour le faire. Ils ne maltraitent pas leur fils ou leur fille, mais expriment plutôt leur frustration en s’en prenant à eux. Essayons alors de leur expliquer gentiment la peine que cela nous fait, et éloignons-nous de la situation pour faire comprendre que certains comportements ne sont pas  acceptables. Souvent, il est efficace de pratiquer la vertu opposée au défaut : colère/douceur, paresse/courage, tristesse/joie.

Devoirs matériels 

Tant que notre parent peut rester seul chez lui, nous veillerons à ses différents besoins matériels (aspects pratiques du logement et des objets, confort, ménage, courses, soutien financier, administratif, rendez-vous médicaux, transport…). Le mieux est, sans aucun doute, de le laisser le plus longtemps possible dans son cadre habituel, avec ses affaires personnelles et ses repères. Mais viendra bien assez vite le manque d’autonomie.

S’il ne peut plus rester seul chez lui, il faudra l’aider à envisager d’autres solutions qui pourraient lui convenir autant qu’au reste de la famille (accueil chez l’un de ses enfants, maison de retraite, hospitalisation…), en s’organisant pour qu’il y ait des visites familiales régulières et pas trop fatigantes, car se sentir entouré des siens est surtout ce qu’il reste comme joie pour le parent âgé.

Devoir spirituel 

La plus grande des charités est, autant que cela nous est possible, le salut de l’âme de nos parents en leur offrant les meilleures conditions en vue d’atteindre leur salut éternel. L’amour du prochain doit toujours avoir pour motif l’amour de Dieu. La joie, la générosité et la paix sont trois moyens pour préparer les âmes.

La bonne humeur est source de joie profonde. Mais la bonne entente est difficile s’il n’y a pas quelqu’un qui répande ou entretienne un climat de bonne humeur, particulièrement quand surviennent les frictions. Il semble que la joie touche l’âme et la prédispose mieux à se tourner vers Dieu. Commençons donc par sourire, par donner nous-mêmes de notre joie chrétienne pour élever l’âme de nos parents âgés, car la joie est contagieuse ! Dans l’épreuve de la maladie ou de la vieillesse, donnons-leur la joie courageuse de l’acceptation dans l’offrande. « Ce que veut l’homme, ce n’est pas une attention vague ; c’est un amour qui le renouvelle1. »

La générosité dont l’effort essentiel est de sortir de soi pour être aux autres. Il y a un arrachement à faire de tout ce qui, dans notre vie, peut nous replier sur nous-même. Donnons donc cet exemple du don de nous-même, sans compter nos heures, pour redresser ou maintenir cette âme qui, bientôt peut-être, se présentera au Tribunal divin ; conduisons-la au prêtre pour une confession régulière, une extrême onction qui redonne force et courage à l’âme autant qu’au corps (même sans être à l’article de la mort). Disons notre chapelet ensemble, ou faisons de temps à autre une petite lecture simple qui stimulera des élans du cœur. « La générosité chrétienne, appuyée sur la vertu de force et s’épanouissant dans la charité, nous porte, dans les grandes et petites circonstances, à rechercher sans éclat, sans retour sur nous-même, avec ardeur et persévérance, le bien et le bonheur des autres2. »  

« La générosité est l’inspiratrice de la délicatesse, des égards et prévenances. Elle est génératrice de confiance, de joie. Rien de grand, ni de fécond ne se réalise sans elle1. »

La paix que l’on surnomme « porte du Ciel » !

Aidons nos parents à gagner cette paix qui apporte la sérénité aux âmes saintes. Il nous faut tout mettre en œuvre pour que leur âme soit dans les meilleures dispositions possibles au moment de paraître devant Dieu. Que tout soit non seulement en ordre par le sacrement de pénitence et une contrition aussi parfaite que possible (et cela se prépare doucement, sérieusement, avant la venue du prêtre), mais aussi par le pardon. Comment pourrait entrer au ciel une âme qui n’a pas pardonné, qui n’a pas fait la paix avec ses semblables ? Il faut absolument encourager nos parents à pardonner tout grief, toute injustice ou insulte, qu’ils en soient auteurs ou victimes. On pourra proposer une visite ou un appel téléphonique pour encourager à un pardon mutuel sincère et définitif, tout parti s’en sortira bien soulagé ! Disposons-les enfin avec douceur à sacrifier à l’amour de Dieu leurs attaches, leurs défauts de caractère, leur amour propre et toutes leurs passions passées.

Et nous, encore loin du grand âge, quels vieux parents serons-nous pour nos enfants ou notre entourage ?

La vie conjugale a, pour nous, époux catholiques, le grand avantage d’avoir à travailler quotidiennement les vertus chrétiennes. Pour l’amour de Dieu, et l’un pour l’autre, nous combattons pour désherber nos défauts, éradiquer nos germes de vices afin de plaire à Dieu en favorisant l’humilité, la patience, le respect, nous rendant plus agréables l’un à l’autre. Nous essayons, chaque jour, de travailler sur nous-mêmes pour progresser ensemble, avec certes quelques chutes régulières, mais, nous encourageant l’un l’autre, nous nous relevons inlassablement pour avancer encore.

Autre chose qui nous motive aussi, c’est l’exemple que nous donnons à nos enfants. Évitons de râler, de critiquer notre prochain. Tâchons de traiter les autres comme nous aimerions qu’ils nous traitent, faisons preuve de discrétion, d’humilité ou de courage persévérant selon les situations. Prions ensemble, acceptons la volonté de la Providence avec patience et résignation… Le Bon Dieu ne nous demande rien d’impossible, acceptons de voir vieillir nos parents en leur apportant tout ce que nous pouvons jusqu’au bout de leur vie terrestre, et travaillons à être des vieillards les moins pénibles possible pour le bien supérieur de tous.

A notre fin sur terre, du haut du Ciel, nos parents sauront nous encourager dans les difficultés, et nous remercier de toute l’affection et des attentions dont nous les aurons honorés.

Sophie de Lédinghen

 

1 Etienne du Bus de Warnaffe

2 M. Migneaux – Pour faire de nos garçons des hommes de caractère

 

 

L’épluchage des marrons (châtaignes), une corvée ?

 Vous rentrez de forêt, ravie, avec une belle moisson de châtaignes, destinées à de succulents desserts… mais vous savez aussi le travail que représente l’épluchage, et le temps que cela prendra…

Afin de faciliter ce travail :

– Fendez la coque de la châtaigne ;

– Mettez de l’eau à bouillir dans une marmite à l’échelle de la quantité de châtaignes à faire cuire ;

– Placez vos châtaignes dans un sac à congélation et ensuite au congélateur. Le temps passé au congélateur est à calculer avec soin, il s’agit de laisser le sac jusqu’à l’extrême limite qui précède la congélation réelle (c’est-à-dire refroidir très fortement les châtaignes sans les congeler…)

– Pendant ce temps, l’eau est devenue bouillante et vous allez alors retirer les châtaignes du sac et les plonger dans cette eau ;

– Vous pourrez constater alors que la coque, les filaments et le duvet de la châtaigne se détachent naturellement. Le tour est joué !

N’hésitez surtout pas à partager vos astuces en écrivant au journal !