Le Roy Englois

Manuscrit de Bayeux, XVe siècle

Chanson composée à la fin de la guerre de Cent Ans pour saluer la victoire de Formigny (18 avril 1450) sur Henri V d’Angleterre et ses troupes qualifiées de « couez » (diables) et de « godon ».

1 – Le roy Englois se faisoit appeler
Le roy de France par s’appellation.
Il a voullu hors du pays mener
Les bons François hors de leur nation.

2 – Or est-il mort à Saint Fiacre en Brie,
Du pays de France ils sont tous deboutez,
Il n’est plus mot de ces Englois couez.
Mauldicte soit trestoute la lignye !

3 – Ils ont chargé l’artellerie sur mer,
Force biscuit et chascun ung bidon,
Et par la mer jusqu’en Bisquaye aller
Pour couronner leur petit roy godon,

4 – Maiz leur effort n’est rien que moquerie ;
Cappitaine Pregent les a si bien frottez
Qu’ils ont esté esters et en mer enfondrez.
Que mauldicte en soit tres toutte la lignye.

 

Montjoie, Saint Denis !

La forêt grouille du bruit des godillots qui piétinent le sous-bois. Des files de garçons s’avancent précautionneusement, espérant que personne ne les entend. Ils prennent possession du fort. Dans les broussailles, une troupe de garçons en culottes courtes observe « l’ennemi ». Le chef de la bande garde ses yeux rivés vers ces fourbes d’Anglais. Lui-même, avec sa troupe de Français, doit rejoindre sainte Jehanne d’Arc et les armées du roi Charles. Mais après leur avoir volé leur ravitaillement lors du dernier « largage de bouffe », voilà que ces foutus Anglais se sont rendus coupables d’avoir volé Joyeuse, l’épée de Charlemagne. Ils ont déposé la précieuse relique dans leur fortin afin de la protéger des Français. Cela ne se fera. La détermination se lit dans le regard du chef des Français. Il récupérera la précieuse relique et la rendra à Jehanne. Dans sa tête, le chef de patrouille compte les Anglais. Ils sont bien une vingtaine. Le perfide ennemi est sur ses gardes, le gros des troupes est entassé dans le fortin, faisant une muraille humaine derrière les palissades de branches. Le visage illuminé, il se retourne et observe ses petits gars tapis derrière lui. Ils ont les mains sales, le visage barbouillé de charbon, certains se sont attachés des feuilles de fougères avec une ficelle pour améliorer leur camouflage. Les mollets et les bras sont striés de griffures de ronces. Tous les visages sont fixés sur lui, attendant son signal. Dans les yeux des garçons, l’aventure brille de mille feux. La grande aventure, celle qui élève les cœurs et emporte tous les sacrifices. Le chef leur sourit. L’heure de la grande bataille a sonné. Il se lève, en hurlant de toutes ses forces. Derrière lui, le sol tremble sous la charge des scouts. Un grand cri résonne sous les arbres : « Montjoie, Saint Denis ! » Des siècles d’héroïsme déferlent dans les pas des petits gars.

Nous connaissons ces cris de guerre qui transportent les cœurs et anéantissent les peurs. Certains résonnent encore entre les pages des livres d’Histoire : le « Deus Vult » des Croisés, le « Semper Fidelis » des Templiers, le « Saint Georges » des Anglais, le « Toulouse » des comtes de Toulouse ou le « Montjoie Notre Dame » des Bourbons !

Beaucoup de familles héritent aussi d’une devise avec leur nom. Ces cris de ralliement sont comme des bannières sous lesquelles on se rassemble pour faire face à l’adversité ou simplement pour afficher son attachement à quelque chose qui nous dépasse : la famille, la patrie, Dieu. Parfois, le simple fait de crier sa devise, même simplement en pensée, raffermit notre volonté vacillante.

 

Peu après la fin de la deuxième guerre mondiale, un jeune homme mourut accidentellement, tué par une mine anti-personnelle laissée par les Allemands. Sa mort causa une grande douleur à ses parents, ses frères et sœurs, à ses amis, à ses scouts et à son aumônier. Gérald était son prénom. Ses proches l’estimaient pour sa grandeur d’âme, sa générosité, son enthousiasme, sa fidélité à servir là où Dieu l’avait placé. On retrouva quelques écrits et pensées dans ses affaires après sa mort, qui témoignèrent de la Charité qui habitait son âme. Dieu révèlera au Jugement Dernier la grandeur de ces nombreuses âmes saintes et cachées aux hommes, qui fleurissent dans les familles vraiment catholiques. Le jeune homme avait une devise qui résumait toute sa vie : « A bloc, avec le sourire, par la grâce de Dieu ». Les mots d’un chrétien, d’un scout, d’un chevalier dans l’âme ! Peut-être ces simples mots étaient-ils la clé de sa vie intérieure ?

L’enthousiasme du chrétien est un mélange d’abandon et de joie. Abandon, car tout ce qui nous arrive est voulu par Dieu. Sa Providence gouverne le monde. Rien n’est laissé au hasard. Dans toutes les situations, Dieu est présent. Alors, sourions ! Sursum Corda !  Et de là, découle la joie. Peu importe les choses d’ici-bas, seules comptent les choses d’en-haut. Peu importe nos états d’âmes et nos petits désagréments, seule compte la gloire de Dieu. Peu importe notre petite personne et nos faiblesses, seul compte le règne de Notre-Seigneur. Alors, que ne crions-nous pas « Montjoie » avec nos aïeux ! Avec Jeanne, osons, « Seigneur Dieu Premier Servi » !

Nous pouvons nous inventer une devise personnelle ou nous en approprier une, dans le secret de notre cœur. Pourquoi pas « A bloc, avec le sourire, par la grâce de Dieu » ? Ou autre chose. « A Dieu, pour toujours ! » ? Demandons à notre Ange Gardien de nous inspirer. Les anges n’ont-ils pas crié avec saint Michel : « Qui est comme Dieu ? »

Quelques mots qui terrasseront nos peurs et nos caprices ! Quelques mots qui nous aideront à nous vider de nous-mêmes pour nous remplir de Dieu. N’est-ce pas cela, l’enthousiasme ?

Montjoie ! Sursum corda !

 

 Louis d’Henriques

 

Unis pour transmettre

Ce don prodigieux d’un bonheur éternel promis par Dieu aux âmes baptisées n’est pas sans certaines conditions, ni seulement une affaire qui concerne l’Au-delà. Elle dépend de notre foi, de notre bonne volonté, de tous les efforts que nous aurons mis en œuvre dans notre vie terrestre pour aimer, honorer et servir Dieu et ainsi mériter d’entrer dans sa gloire éternelle, dans un bonheur parfait et pour l’éternité. C’est donc ici-bas, dans notre vie quotidienne, que nous préparons notre ciel ou notre damnation pour toujours.

Dieu nous demande-t-il alors de nous mettre perpétuellement en prière pour gagner notre salut ? D’une certaine façon, oui et non. Oui, car la vie de tout catholique est entièrement consacrée à Dieu, chacune de ses pensées, paroles ou actions transformant sa vie en une seule et longue prière. « Que vous mangiez ou que vous buviez, quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu.» Et non à la fois, car vivre sous le regard de Dieu ne signifie pas être à genoux tout le jour en prière, ce qui se ferait au détriment de nos devoirs d’état, mais il s’agit plutôt de réserver chaque jour un temps à la prière, et d’accomplir toutes nos actions et devoirs, même les plus ordinaires, le mieux possible pour la plus grande gloire de Dieu.

Que leurs journées s’écoulent sur leur lieu de travail ou dans leur foyer, les époux ont à pratiquer, ensemble et l’un pour l’autre, les vertus chrétiennes qui les aideront à conquérir en famille le but qu’ils se sont fixés, la gloire du ciel.

 

Amour et soutien mutuel

Partons du principe que nous nous aimons comme Jésus-Christ nous aime, c’est-à-dire au-delà de cette attirance mutuelle, de nos sympathies physiques et morales. Notre amour en sera ennobli, plus solide et durable, parce qu’inconditionnel. Si l’épouse commence à se trouver malheureuse, incomprise… et l’époux délaissé… qu’ils se disent que si leur conjoint a des défauts, ils ont eux-mêmes les leurs, qui déplaisent certainement tout autant à Dieu. Cependant Dieu ne cesse de toujours les aimer, de les supporter, de les prévenir, de leur pardonner. Imitons le Bon Dieu qui nous aime simplement tels que nous sommes. Édifions notre époux par une affection douce et indulgente, opposons des qualités à ses défauts avec générosité, magnanimité. Notre persévérance touchera son âme, sanctifiera la nôtre et attirera des bénédictions sur notre foyer.

Le soutien mutuel passe aussi par une admiration réciproque. Il nous faut non seulement observer, aimer les qualités de notre conjoint, mais aussi savoir le lui dire, lui montrer notre joie d’avoir un mari si prévenant, et notre fierté d’avoir une épouse attentive !

Notre affection aussi doit être visible, de petits gestes tendres, sourires, tous ces petits riens qui réchauffent le cœur et rassurent. Cela n’est pas si simple pour tout le monde, mais un petit effort de temps à autre aura l’effet d’un bien joli cadeau ! Il vous faut savoir, messieurs, que votre épouse a besoin de vos encouragements, remerciements. C’est pour vous qu’elle a tant d’attentions, notamment à la cuisine ou dans sa façon de s’apprêter, sachez la remercier. Ses efforts passent trop souvent inaperçus, elle qui cherche tant à vous faire plaisir, qui guette et ne se lasse jamais de votre affection ! Alors, une petite phrase de gratitude, un petit mot déposé sur la table de nuit si vous êtes un peu timide, ou quelques fleurs feront toujours leur effet !

 

 Et puis, il faut se dépasser l’un pour l’autre, sortir des sentiers battus. Se laisser entraîner dans un jeu de société alors qu’on préfère habituellement se réfugier dans son livre, organiser un menu d’anniversaire avec les enfants en interdisant la cuisine à l’intéressée, composer un joli poème pour dire son admiration et sa reconnaissance…Vous ne manquerez sûrement pas d’idées, car aimer donne des ailes !

 

L’exemple des parents

Pour faire de nos enfants des enfants de Dieu, nous devons les élever pour le Ciel, bien plus que pour la terre. Reconnaissons que c’est surtout la mère qui fait passer les vertus chrétiennes tout droit de son cœur à celui de ses enfants.

Un enfant voit tout, observe et retient les leçons vivantes que lui donnent ses parents. Il s’imprègne de l’ambiance au foyer, pesante ou joyeuse, il la reproduira à son tour. Papa et Maman se parlent-ils gentiment ou s’agacent-ils l’un l’autre ? Il en résultera une sérénité ou une inquiétude dans le cœur du petit. S’il voit ses parents courageux au travail, il sera laborieux ; d’humeur égale ? La sienne sera constante aussi. Les parents ont à travailler à se réformer de jour en jour pour servir de modèles à leurs enfants, leur vie doit être comme un miroir qui manifeste ce qu’ils doivent devenir eux-mêmes. Leur exemple, bien plus que leurs « sermons » s’impriment dans les cœurs. Les parents sont un catéchisme vivant pour cette petite Église que représente leur cellule familiale.

 

Les écueils

Le surmenage, la fatigue peuvent tendre quelques pièges que les parents apprendront à contrôler, voyons, par exemple l’empressement, défaut physique causé par l’état des nerfs. Il provoque une agitation fébrile étourdissante qui empêche toute activité de produire son plein effet. Une personne empressée accomplit une foule de mouvements inutiles, elle se fatigue davantage, gâche son travail. Cette précipitation a un effet instantané d’énervement sur l’entourage. Le mieux serait que l’époux le plus calme des deux prenne la main sur la situation en soulageant la pauvre victime de cet empressement, quitte à l’isoler quelques instants !

 

Cela nous arrive à tous, un cumul soudain de choses à faire en un temps limité, une impression de raz de marée qui nous emporte et dont on ne voit pas l’issue… Il faut alors savoir s’arrêter quelques instants, respirer profondément pour faire retomber la pression, et se remettre entre les mains de la Providence avant de reprendre doucement les choses une à une.

Parfois le découragement nous assaille, nous sommes à bout, recommençons chaque jour… alors nous regardons « chez la voisine » qui a une femme de ménage pour tenir sa maison ; qui, au creux de l’hiver, emmènera sa famille faire du ski ; qui a une belle-mère qui l’aide énormément. Et l’on trouve notre vie triste et monotone… Il est bien connu que l’herbe est plus verte dans le champ d’à côté ! La convoitise est mauvaise, elle détourne les choses de leur vraie fonction. Malheureusement, nous voyons tout ce qui nous entoure comme si nous en étions nous-mêmes le centre ! Puisse Dieu nous apprendre à avoir le regard clair, et nous ferons de toute chose une louange ! Mettons-nous simplement à l’école de Marie.

Qui saura dire la grandeur de notre mariage, où Dieu a mis son œuvre de salut entre les mains du père et de la mère ? Aujourd’hui, Dieu nous regarde dans les yeux et nous demande de nous associer au salut des âmes de notre famille, sommes-nous vraiment décidés à devenir des saints, à posséder Dieu pour l’éternité ? Courage, les grands desseins ne se font pas en un jour !

Nous sommes des héritiers, plus que des héritiers, des continuateurs ; et c’est d’une chose sainte que la garde nous est confiée.

 

Sophie de Lédinghen

 

Douzième station : Jésus meurt sur la Croix

« Bien vivre n’est rien d’autre qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit, » et comment aimer Dieu si nous ne le connaissons pas ? Aimer Dieu ! Vaste programme ! Et l’aimerons-nous jamais assez ?

La maman pourra lire ou simplement s’inspirer de ces pensées pour entretenir un dialogue avec ses enfants ; elle l’adaptera à l’âge de chacun mais y trouvera l’inspiration nécessaire pour rendre la présence de Dieu réelle dans le quotidien matériel et froid qui nous entoure. Elle apprendra ainsi à ses enfants, petit à petit, à méditer ; point n’est besoin pour cela de développer tous les points de ce texte si un seul nourrit l’âme de l’enfant lors de ce moment privilégié.

Ainsi, quand les difficultés surgiront, que les épreuves inévitables surviendront, chacun aura acquis l’habitude de retrouver au fond de son cœur Celui qui ne déçoit jamais !

Après la contemplation du Notre Père et de la Salutation angélique, nous vous proposons celle du Chemin de Croix. En effet, sa méditation, source de nombreuses grâces, est un exercice souvent négligé hors du temps du Carême, elle est pourtant source de nombreuses grâces. Une illustration facilitera le recueillement des plus jeunes.

 

« Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’Homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. Car  Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique. » (Jean III ; 14-16) Au pied du crucifix, je viens plonger dans l’immensité de votre amour, ô Trinité bénie, et méditer sur le grand mystère de la Croix.

 

Douzième station : Jésus meurt sur la Croix

 

Composition de lieu

A la neuvième heure, Jésus, poussant un grand cri, expire. Voilà trois heures que Notre-Seigneur est en croix, entouré de deux malfaiteurs ; depuis midi les ténèbres couvrent la terre, la nature elle-même prend le deuil de son Seigneur, abandonné de tous. A peine reste-t-il quelques femmes à l’écart, et au pied de la croix, saint Jean auprès de Notre-Dame.

 

Corps de la méditation

L’évangile de saint Luc me rapporte ce magnifique échange entre Jésus et le bon larron : tandis que son compagnon insulte Notre-Seigneur, celui qu’on appelle Dismas me donne une grande leçon d’humilité, et en deux phrases résume les actes de Foi, d’Espérance, de Charité et de contrition : « Pour nous c’est justice… Seigneur, souvenez-vous de moi quand vous serez arrivé dans votre royaume. » (Luc XXIII ; 41-42) Qui sommes-nous face au Crucifié, Dieu Tout-Puissant qui choisit le moment de sa mort ? Il quitte ce monde dans un grand cri, un cri de victoire : « Tout est consommé ! » La bataille est gagnée, Satan est vaincu et le Ciel est à nouveau ouvert pour moi. Il a tout compris, ce pauvre homme qui en un instant s’est acquis le Paradis !

Après avoir été trahi par ses amis, après avoir été humilié dans sa nudité et après m’avoir donné son bien le plus cher, sa Mère, au moment où Il expire, Jésus abandonne le dernier bien dont Il ne s’était pas encore défait, la vie terrestre. Et c’est à ce moment précis que sa victoire est complète ! Pauvre malheureux que je suis, moi qui ne sais pas me détacher de mon fol orgueil, quand comprendrai-je que c’est par là qu’il me faudra passer pour entrer au Ciel ; et si je m’y suis refusé, ou que j’ai négligé les sacrifices à l’exemple de mon Sauveur, c’est au Purgatoire que je devrai me purifier de toutes mes affections déréglées ! Le sacrifice est nécessaire, et le Bon Dieu ne demande pas à tout le monde celui de sa vie par le martyre. Mais à la suite de Jésus, Dieu veut que nous nous offrions corps et âme à son service, disposés à toujours lui faire plaisir, sans réserve.

Le plus beau sacrifice d’un enfant, c’est l’obéissance. Obéir, c’est soumettre sa volonté, ses désirs, à ceux d’un autre : Papa et Maman, les professeurs, monsieur l’abbé… Jésus lui-même m’en a donné l’exemple, en obéissant à son Père… « Père, si vous le voulez, éloignez ce calice de moi ; cependant, que ma volonté ne se fasse pas, mais la vôtre. » (Luc XXII ; 42). Oui, ce renoncement est plus difficile qu’un autre, et c’est pour cette raison qu’il mène droit au Ciel. Et c’est à cela que je veux m’appliquer.

 

Colloque

O Jésus crucifié, je veux être au pied de la croix comme saint Jean, le nouveau fils de Marie, arrosé par le sang jaillissant de votre cœur. Le seul chemin qui mène à la victoire est la mort à soi-même, alors je la désire, et je vous supplie de m’aider à tout souffrir plutôt que vous déplaire. Et par avance, j’accepte de votre main le genre de mort qu’il vous plaira de m’envoyer.

 

Germaine Thionville

 

Actualités culturelles

  • France

Issue d’un partenariat entre le musée du Louvre et le groupe Westfield, qui gère 67 centres commerciaux dans 11 pays, l’exposition itinérante « J’habite le Louvre » se fixe comme objectif de démocratiser l’accès à la culture. En effet, le Louvre inaugure une tournée dans six grands centres commerciaux français intitulée « Le Louvre au centre ». Sur un espace de 100 m2, cette exposition gratuite met en scène les reproductions – en 2D ou 3D – de 22 œuvres du musée parisien, le tout accompagné de cartels explicatifs. Représentant les œuvres phares de chaque département du Louvre, ces répliques permettent de tirer parti de l’afflux de visiteurs dans les centres commerciaux pour développer la culture de chacun et, pourquoi pas, donner envie de se rendre au Louvre. L’exposition est accompagnée d’un espace jeu où les visiteurs pourront par exemple jouer à un « Qui est-ce » géant dont chaque personnage est issu d’une œuvre du musée. Bien que ce genre d’exposition n’égale en rien une visite de musée et la confrontation à des chefs-d’œuvre véridiques, l’initiative mérite d’être saluée. Après un passage à Rosny-sous-Bois et à Dijon en mars et avril dernier, la tournée se poursuivra à Lyon (La Part-Dieu) du 5 au 10 mai, à Paris (Forum des Halles) du 5 au 14 juillet avant de se rendre à Rennes (Alma) du 10 au 17 septembre et enfin à Lille (Euralille) du 25 octobre au 1er novembre.

 

  • Montbéliard (France, Doubs)

Construit entre 1601 et 1607, le temple de Montbéliard est le plus ancien temple protestant de France. Suite à la découverte de décors architecturaux en trompe-l’œil sous l’enduit des murs (2019), une campagne de restauration a été lancée (2021) pour remettre à neuf cet édifice classé. En mars dernier, une déclaration d’envergure a été faite par les archéologues de l’Inrap présents sur le chantier : des tranchées effectuées dans le temple en vue de l’installation d’un nouveau chauffage ont permis la mise au jour de vestiges d’une église médiévale ! Les sources évoquent en effet la présence de l’église Saint-Martin, détruite en 1603 alors que les murs du temple étaient déjà en partie élevés ; d’après les fouilles, l’église aurait été construite au XIe ou XIIe siècle et la restauration de 1490-1491 évoquée par les textes aurait pour origine un incendie (des traces d’incendie ont en effet été décelées sur les ruines). Cette découverte majeure permet de se repencher sur l’histoire du comté de Montbéliard qui fut une possession des ducs de Wurtemberg jusqu’en 1793 ; protestant, le duc Frédéric II fait de la religion luthérienne la religion officielle du comté de Montbéliard en 1588 ; suite à cette ordonnance, l’église Saint-Martin fut transformée en lieu de culte protestant. Devenu trop petit, le temple fut remplacé par l’édifice actuel au début du XVIIe siècle.

 

  • Saint-Malo (France)

Les travaux de rénovation de l’hôtel Jersey à Saint-Malo ont révélé bien des surprises ! En effet, lors de la réfection du sol de l’entrée du bâtiment, les ouvriers ont découvert une splendide mosaïque art-déco dissimulée sous une moquette. Aux couleurs bleue et ocre, cette œuvre évoque des motifs marins de vagues et de coquillages, qui ne sont pas sans rappeler l’œuvre d’Isidore Odorico (1893-1945) ; la paternité de l’œuvre est rapidement confirmée par un spécialiste d’Odorico, ce qui conforte les tenanciers de l’hôtel dans leur volonté de conserver la mosaïque. Venu d’Italie pour participer au chantier de l’Opéra Garnier, le père d’Isidore Odorico était lui-même mosaïste et installa son entreprise à Rennes où il importa son art. Suivant les traces de son père, Isidore Odorico se passionne lui aussi pour la mosaïque et collabore avec de nombreux artistes travaillant dans le Grand Ouest ; on trouve parmi ses réalisations les plus connues la Maison Bleue d’Angers. Aucune date précise n’est encore retenue pour l’œuvre de Saint-Malo, mais une page de journal retrouvée à proximité et datant de 1927, laisse supposer qu’elle a pu être réalisée à ce moment-là.

 

  • Schleswig (Allemagne)

C’est au siège des archives de l’Etat fédéral du Schleswig-Holstein, au nord de l’Allemagne, que l’on a retrouvé des fragments de la tapisserie de Bayeux, parmi les biens de l’archéologue Karl Schlabow (1891-1984). Spécialiste de l’archéologie textile, Karl Schlabow était aussi membre de l’Ahnenerbe, à savoir un centre de recherches pluridisciplinaires nazi créé par Himmler en 1935 ; le but premier de cette organisation scientifique confidentielle était d’expérimenter de nouveaux traitements médicaux (dans des conditions souvent inhumaines) et d’étudier l’histoire, l’archéologie et l’anthropologie afin de découvrir les origines de la race aryenne. La tapisserie de Bayeux attirait l’attention des nazis à double titre : elle pouvait d’une part constituer un outil de propagande en faveur de l’expansion nazie en établissant une analogie avec les conquêtes de Guillaume le Conquérant ; d’autre part, certains nazis estimant que la « pureté » aryenne trouvait ses origines dans les peuples scandinaves, le parallèle avec un guerrier descendant des Vikings devenait intéressant. Quoiqu’il en soit, Karl Schlabow fut envoyé en 1941 en Normandie pour étudier de plus près la fameuse tapisserie : au vu de ce que l’on a retrouvé aux archives de Schleswig, il paraît évident qu’il n’a pas seulement observé l’œuvre mais qu’il est bel et bien reparti avec des échantillons. Le fait qu’il s’agisse de morceaux de lin sans broderie permet d’affirmer que l’on a affaire à des parcelles issues de l’arrière de la tapisserie ; quant à la provenance des fragments, elle ne fait aucun doute, l’archéologue ayant pris soin de la noter ! Ces éléments devraient être restitués à la France dans le courant de l’année.