Comment lutter contre la présence, dans nos cuisines, de nos « amis » les insectes ?

L’été est là, avec ses joies venues d’un temps chaud et ensoleillé…

 

Mais une de ses contreparties est le réveil vigoureux de nos amis les insectes, très utiles, mais assez importuns lorsqu’ils s’invitent dans nos cuisines et qu’ils s’introduisent dans les corbeilles de fruits ou de légumes.

Gardez soigneusement vos bouchons de liège (pas ceux qui imitent le liège), et coupez-les. Vous disperserez ces morceaux parmi les fruits et légumes. Les émanations de cette écorce font alors fuir guêpes et moustiques (ou autres).

Vous pouvez aussi essayer cette astuce au pied de vos plantes d’intérieur et des plantations de votre jardin.

N’hésitez surtout pas à partager vos astuces en écrivant au journal !

 

Un moyen privilégié de servir l’Eglise : la formation doctrinale

En mai dernier, Léon XIV a été élu pape. Les réactions n’ont pas manqué ! Les uns ont vu en lui un pape incarnant une rupture avec le précédent pontificat. D’autres, au contraire, assurent qu’il se trouve dans la continuité de son prédécesseur. Les uns voient dans l’élection du pape un espoir pour l’Eglise tandis que d’autres ne veulent plus y croire. Bref, personne n’a le même avis mais tous le donnent !

Ce phénomène est malheureusement le symptôme de notre monde qui n’arrive plus à prendre le temps du recul nécessaire pour juger convenablement des choses. Cette agitation est malheureusement continuelle car notre société de l’information ne cesse d’agiter le monde par ses nouvelles et donc de le déstabiliser. Et l’Eglise n’est pas épargnée par le monde médiatique, loin de là ! Quand les médias ne nous mettent pas en avant des scandales d’hommes d’Eglise, ils nous vantent une Eglise au service de l’homme où l’idée même de Dieu et d’une transcendance sont évacuées. A cela s’ajoutent les blogs et les réseaux sociaux où chacun fait part de ses états d’âme.

Nous pourrions alors tomber dans le découragement, la lassitude en nous disant : « A quoi bon ! » Nous pourrions également tomber dans une sorte d’indifférentisme qui nous laisserait dire : « Tout va mal, je me borne à mon devoir d’état, à mes préoccupations personnelles et advienne que pourra… ». Pire encore, nous pourrions douter de l’Eglise !

Alors que faire ? Nous devons prendre conscience que si les hommes changent, Dieu ne change pas. En effet, Dieu est tel qu’il est. Il a créé et voulu les choses telles qu’elles sont. Les opinions des hommes n’y changent rien. Quoi de mieux alors que de se réapproprier l’enseignement constant de la Rome Eternelle en prenant chaque semaine un temps pour l’étude du catéchisme, des conciles ou encore des encycliques des papes ? Le catéchisme sous forme de questions/réponses1, les conciles et les encycliques permettent de répondre à des interrogations bien précises que nous pouvons nous poser ou que notre entourage (professionnel, par exemple) nous pose sans que nous y ayons les réponses immédiates.

 A une interrogation portant sur les prêts à intérêts, nous pouvons nous reporter à l’encyclique Vix pervenit de Benoit XIV (1745). Pour contrer les erreurs du libéralisme et du socialisme, nous pouvons relire l’encyclique Quanta Cura ou encore le Syllabus de Pie IX (1864) (en étudiant le Syllabus, nous pouvons d’ailleurs remarquer que nous sommes contaminés par des erreurs de notre temps déjà condamnées dans certaines propositions il y a un siècle et demi). Et ainsi pour les sujets qui attendent une réponse approfondie pour nous-même, un ami, une connaissance.

L’étude doctrinale est une lumière et un guide pour nous-même et notre prochain. Elle nous apprend à former un jugement sûr sous l’autorité de l’Eglise, concernant les grandes questions de notre religion, au-delà de l’influence des opinions subjectives qui encombrent l’esprit et le troublent.

Au-delà du pessimisme ambiant et des épreuves que l’Eglise traverse à l’intérieur ou à l’extérieur, nous apprenons alors à mieux l’aimer et à davantage apprécier sa prudence et sa sagesse. C’est le meilleur service que nous pouvons lui rendre, mais également à nous-même et à notre prochain.

Laurent

 

1 On pourra prendre par exemple Le catéchisme catholique de la crise dans l’Eglise de M. l’abbé Matthias Gaudron

 

Catholique et Français, toujours !

« Paris, c’est nul. C’est tout gris et tout moche. Il n’y a que du béton et du goudron », affirma vigoureusement le garçon.

« N’importe quoi, rétorqua sa sœur, les joues rougies par la colère, Paris c’est la capitale de la France, avec les plus beaux monuments du monde. Notre-Dame, les Invalides, La Tour Eiffel (…) »

« La Tour Eiffel, ce gros tas de ferraille !?! » ricana son frère.

La discussion est animée. Les enfants ne sont pas loin de s’écharper. Lors d’un passage à Paris, à l’occasion du pèlerinage, le grand frère affirma fortement sa satisfaction de quitter enfin la capitale et son béton pour retrouver sa verte contrée, chez lui. Sa sœur, au contraire, les yeux encore remplis des images des grandes avenues parcourues et de la messe, rétorqua que la vie à la campagne dans l’ouest, c’était chouette pour les vacances, pour contempler les vaches aussi, mais que rien ne pouvait dépasser Paris. De là vint une discussion animée. Chacun des enfants ajouta son grain de sel, se réclamant de Corrèze, d’Alsace, de Paris, de la Vendée… La dispute était sur le point d’éclater mais les parents coupèrent court aux échanges.

De plus en plus, les familles déménagent au cours d’une vie. Cela est particulièrement vrai pour les militaires : ils emmènent femme et enfants, dans leur paquetage, au gré des mutations. Mais de plus en plus aussi, les familles de civils changent de région, pour se rapprocher d’une bonne école, pour quitter la ville, pour prendre un nouveau poste. Ainsi, les familles sont moins enracinées qu’autrefois. Certaines ont la chance d’avoir un point d’ancrage, une vieille maison de famille, transmise sur deux ou trois générations, parfois sur plusieurs siècles. D’autres n’ont plus la vieille maison chargée du souvenir des anciens, mais les enfants gardent dans leur cœur le souvenir et la fierté des origines familiales. Et chaque fois que le nom du village des aïeux, celui de la rivière qui le traverse ou la silhouette des paysages qui l’entourent, surgissent dans leur mémoire, les enfants dispersés éprouvent un doux sentiment joyeux et nostalgique, comme un parfum d’enfance qui apaise le cœur. Mais, dispersés de plus en plus aux quatre coins de France, voire au-delà, les familles du XXIe siècle s’enracinent dans de nouvelles contrées. Les enfants, notamment, en plus de la fierté des origines familiales, s’identifient à leur terre d’adoption. Voilà qu’untel, né à Versailles, se sent presque chez lui dans la Galerie des Glaces. Ou unetelle, née à Carcassonne, ne se défend pas contre la pointe d’accent qui chante parfois dans sa voix. Ainsi, le pays de naissance, celui des vacances, des études ou de la première installation devient parfois une nouvelle petite patrie. Mais une patrie naturelle seulement.

Lors de la grande procession, comme chaque année, les pèlerins chantèrent à tue-tête le traditionnel « Catholique et Français toujours » ! Les deux mots sont dans le bon ordre : catholique d’abord, Français ensuite. Car avant notre patrie naturelle, notre patrie du Ciel, notre patrie surnaturelle est la plus importante. C’est elle qui nous vivifie véritablement, c’est en elle que vit notre Père du Ciel, c’est d’elle que nous tenons notre héritage par l’intermédiaire du Christ et de son Eglise. Notre patrie de la terre vient après. Oh, il ne faut pas la négliger, cela ne serait pas chrétien. Dieu a voulu les nations, comme il a voulu les familles. Mais il faut considérer notre patrie de la terre à l’aune de celle du Ciel. Nous sommes fiers d’elle quand elle aime Notre Seigneur, porte son étendard, se soumet à ses lois, instaure son règne social. Mais nous devons combattre ses représentants, son influence, ses lois mêmes, si elle venait à prendre l’étendard de Satan contre Dieu. Alors oui, Catholique et Français, d’abord  Catholique, puis Français. D’abord Jésus-Christ, puis nos pères, nos villages, nos pays, notre nation. Et en ce sens, notre première patrie charnelle sur la terre, c’est Rome.

Rome, choisie par Dieu, entre toutes les cités, pour devenir le siège de son Eglise … Notre patrie à nous tous, les Catholiques. Cet été, beaucoup auront la chance d’y péleriner, de pénétrer dans les grandes basiliques par les portes saintes, d’obtenir les indulgences, biens insignes donnés par Dieu aux hommes, par l’intermédiaire de son vicaire. A Rome, le catholique est chez lui. Il doit se sentir chez lui. Comme parfois, dans d’autres cités de la Chrétienté, devant un calvaire ou à l’intérieur d’une cathédrale, il retrouve l’étendard du Christ et la maison du Père, et s’y sent chez lui. Cela est plus vrai encore à Rome, mère de toutes les églises. Alors oui, chantons gaiement « Catholique et Français », toujours ! Catholique romain d’abord, Français ensuite.

 Louis d’Henriques

 

Rome : retour aux sources

La tradition veut que la basilique Saint-Pierre ait été construite sur la tombe du premier pape, mais qu’en était-il réellement ? En 1939, le pape Pie XII, pour répondre à la volonté testamentaire de son prédécesseur, Pie XI, souhaitant être enterré au plus près de saint Pierre, entreprend des fouilles archéologiques sous la basilique. Les fouilles débutent en 1939, et en 1952, Pie XII déclare solennellement que Pierre est là. Cette entreprise se transforme en un véritable retour aux origines de Rome.

Les fouilles de Saint-Pierre de Rome 

Aujourd’hui figée dans l’âge baroque, Rome a connu d’autres visages. Avant la basilique Saint-Pierre, se tenait la basilique constantinienne, déjà sous le vocable de Saint-Pierre, mais érigée sous Constantin, à l’emplacement du cirque de Néron, où d’après la tradition saint Pierre fut crucifié la tête en bas. C’est à cet emplacement également qu’il fut inhumé et où sa tombe fut découverte. Sur le sol est inscrit un très simple AT PETRVM, dépouillé de tout adjectif, sans aucun honneur humain. Pas de sanctus, pas de beatus, pas même d’episcopus, seulement le nom reçu du Christ lui-même par celui qui était appelé à être la première pierre de son église. Aujourd’hui son tombeau est la première fondation de la basilique qui porte son nom. Les fouilles initiées par Pie XII ont démontré que l’actuel autel baroque, réalisé par Le Bernin au XVIe siècle, était érigé au centimètre près dans l’axe de la tombe de saint Pierre.

En 1941, une boîte renfermant des ossements enveloppés dans un tissu pourpre cousu de fil d’or est également retrouvée près de la tombe, dans une niche, à proximité d’un mur rouge érigé sous Constantin. D’abord mise de côté, il faut attendre une deuxième campagne de fouilles, entre 1952 et 1958, pour que soit découverte l’inscription grecque « Pierre est ici » à l’emplacement originel de la boîte. Après quelques analyses, les ossements se révèlent être ceux d’un homme de constitution robuste, ayant vécu au Ie siècle, d’un âge avancé et souffrant d’arthrose, maladie courante chez les pêcheurs. En 1968, Paul VI déclare qu’il s’agit bien des reliques de saint Pierre et les fait replacer près de la tombe.

Saint Pierre était donc là, bien qu’invisible depuis des siècles. D’un point de vue historique, cela n’a rien d’étonnant. Dans l’Empire romain, interdiction formelle était faite de déplacer un corps, sous peine de mort. Les premiers chrétiens ont donc tout simplement construit leurs premières basiliques au-dessus des tombes des martyrs, eux-mêmes parfois inhumés sur les lieux de leur martyre. C’est la raison pour laquelle une basilique se dresse au-dessus de la plupart des catacombes de Rome.

Les catacombes 

Souvent décrites à tort dans les romans comme le refuge des premiers chrétiens pour échapper aux persécutions, les catacombes n’avaient en réalité rien de secret. Les autorités romaines connaissaient parfaitement leur emplacement, personne n’y était donc à l’abri. Par ailleurs, les lieux de culte chrétiens étaient connus. Les nobles romains convertis, telle la famille des CAECILIUS, accueillaient les cérémonies dans leur propre maison. Ils étaient considérés par les autorités romaines comme responsables de tout ce qui advenait lors des cérémonies. Par la suite, leur nom sera parfois associé aux premières basiliques chrétiennes, érigées à l’emplacement de leurs demeures.

Les catacombes sont en réalité des cimetières souterrains qui n’avaient pas vocation à accueillir des cérémonies, excepté les prières pour les morts comme cela se fait encore dans nos cimetières. Chacun venait y ensevelir ses défunts et se recueillir sur leurs tombes. Même si beaucoup de chrétiens des premiers temps y sont enterrés, elles n’ont a priori aucun lien direct avec les persécutions. Il en existait également pour les juifs, tandis que les plus anciennes furent creusées pour des païens. Les chrétiens se distinguaient toutefois de leurs contemporains par la pratique de l’inhumation, et non de la crémation, raison pour laquelle la plupart des tombes sont celles de chrétiens.

Enfin, la loi romaine exigeait d’être enseveli en dehors des murs de la ville, pour des questions d’hygiène, ce qui explique leur localisation en périphérie, hors les murs. Beaucoup de chrétiens formulaient le souhait d’y être inhumés pour reposer ad sanctos, au plus près des martyrs. Un cimetière existait donc en surface et, pour rentabiliser l’espace, on creusait le sol pour y installer le plus de tombes possibles.

Le premier art chrétien 

C’est dans les catacombes qu’émerge le premier art chrétien, qui est donc initialement un art funéraire. Le long des galeries sont creusées des niches rectangulaires, les loculi, où les corps étaient déposés. Ces niches étaient recouvertes par une plaque de marbre, de terre cuite ou de bois sur laquelle étaient gravés les noms des défunts accompagnés parfois du chrisme, du signe du poisson, de l’encre, d’une colombe ou d’autres motifs évoquant sa foi ou sa vie. Les galeries mènent également à des cubicula, chambres funéraires réservées aux plus aisés et faisant office de caveau familial. Certaines niches, nommées arcosolium, sont des tombeaux plus vastes et plus soignés qui pouvaient être peints.

Parmi les scènes peintes les plus connues des catacombes on pense évidemment au bon pasteur ou à des thématiques liées à la mort comme la résurrection de Lazare. En réalité tout un répertoire iconographique se développe progressivement car il s’agit d’affirmer la foi chrétienne, qui est une foi en la Résurrection. On retrouve donc l’arche de Noé, Jonas avalé par le poisson, le sacrifice d’Isaac mais aussi la Cène, l’Adoration des Mages, le baptême du Christ ou encore la Traditio Legis et Clavium, transmission des clefs à saint Pierre par le Christ lui-même. Ancien et Nouveau Testament, et parfois même vies des saints, sont représentés sur les murs des Catacombes dès les IVe-Ve siècles.

Seule la Crucifixion est la grande absente. Le supplice du Christ, particulièrement humiliant, était réservé aux pires des scélérats. Il était très difficile pour les premiers chrétiens de le représenter ainsi. Aussi il faudra attendre un certain temps pour qu’apparaissent des représentations de la Croix. Dans les catacombes, le Christ est évoqué soit par le Chrisme (Superposition du Chi et du Rho, les deux premières lettres grecques de Christos), soit par le signe du poisson (Ichthus en grec, acronyme pour dire « Jésus Christ fils de Dieu Sauveur »)

Conclusion 

Par la suite, les catacombes et la basilique Saint-Pierre deviennent des lieux de pèlerinages. Les chrétiens médiévaux venaient y rendre hommage aux martyrs des premiers siècles comme en attestent encore les monnaies de différentes époques et différents pays, retrouvées près de la tombe de saint Pierre, ou certains graffitis. Parmi ceux-ci on trouve de nombreuses invocations adressées aux saints Pierre et Paul en grec ou en latin, laissées dans la Memoria Apostolica dans les catacombes de Saint-Sébastien. À l’époque, à Rome comme dans la plupart des lieux de pèlerinages, l’usage était de laisser quelque chose, un présent ou un graffiti pour laisser une trace de son passage. Ces ex-voto d’un autre temps nous rappellent aujourd’hui l’histoire millénaire de Rome.

 

Une médiéviste

 

Rome éternelle

La foi dans la Rome éternelle repose sur le fait que, si l’homme est mortel et pécheur en son individualité, l’humanité dans son ensemble a été rachetée sur la Croix par les souffrances du Fils Rédempteur de Dieu, Jésus-Christ, le nouvel Adam. Chaque membre de cette humanité pècheresse peut ainsi devenir, sur terre, membre de l’Église militante en recevant le baptême et l’Enseignement du Christ ; en renonçant librement au péché, il permet à la grâce sanctifiante de l’épargner de toutes ses conséquences et peut espérer devenir au Ciel membre de la Jérusalem Céleste, l’Église triomphante.

Rome, capitale de l’Empire au temps de Jésus, fut choisie par Lui pour devenir l’épicentre de la religion chrétienne, et son évêque pour devenir le successeur de Pierre, chef de l’Église tout entière en tant que vicaire du Christ. 

 

Comment l’infaillibilité de l’Église, instituée par Dieu Lui-même, peut-elle se transférer à un homme faillible par nature, puisqu’il est blessé par le péché originel comme les autres ? C’est la question qui se pose alors à la raison.

Pour tout catholique, le pape doit incarner de son mieux un triple exemple :

– En tant que fils singulier d’Adam, chargé de l’histoire personnelle qui en fait un homme comme un autre, il lui faut témoigner de l’humilité du pécheur repenti. C’est pourquoi on lui remet le célèbre « anneau du pécheur » qui lui est propre, puisqu’il est détruit ou brisé à sa mort.

– En tant qu’évêque de Rome, il se distingue des autres évêques du monde, en recevant la férule crucifère, bâton liturgique qui marque la primauté de Pierre et toute l’autorité qui est la sienne, en tant que guide et chef de l’Église militante.

– En tant que vicaire infaillible du Christ, il lui revient de conserver intact le dépôt de la foi. C’est pourquoi il reçoit [recevait] la tiare, afin de signifier d’une triple couronne son pouvoir temporel, spirituel et moral. Désigné à tous comme vicaire du Christ, il devient le représentant élu, successeur de l’apôtre qu’Il avait Lui-même désigné parmi les Douze. Le fait que Paul VI ait déposé cette tiare est bien au cœur de l’ébranlement de l’Église que traverse le monde moderne, tempête devant laquelle chaque catholique a nécessité de se souvenir que les « portes de l’Enfer ne prévaudront pas sur elle ».

De cette primauté indiscutable, le pape tire ce qui fonde sa qualité.

 

Le 30 mai 1862, alors âgé de 47 ans, saint Jean Bosco reçut du Ciel un rêve célèbre, qu’on nomma par la suite les Trois Blancheurs :

 « J’ai vu une grande bataille sur la mer : le navire de Pierre, piloté par le Pape et escorté de bateaux de moindre importance, devait soutenir l’assaut de beaucoup d’autres bâtiments qui lui livraient bataille. Le vent contraire et la mer agitée semblaient favoriser les ennemis. Mais au milieu de la mer, j’ai vu émerger deux colonnes très hautes : sur la première, une grande Hostie : l’Eucharistie et sur l’autre (plus basse) une statue de la Vierge Immaculée. Le navire du Pape n’avait aucun moyen humain de défense. C’était une sorte de souffle qui provenait de ces deux colonnes, qui défendait le navire et réparait aussitôt tous les dégâts. Une première fois, le pape est gravement blessé, mais ensuite il se relève ; puis une seconde fois… et cette fois il meurt tandis que les ennemis exultent. Le nouveau pape, élu immédiatement après, reprend la barre et réussit à atteindre les deux colonnes, y accrochant avec deux chaînes le navire, qui est sauvé, tandis que les bateaux ennemis fuient, se détruisent réciproquement, et coulent. »

Existe-t-il plus belle allégorie de la Rome éternelle et de l’infaillibilité de l’Église, laquelle ne put se forger autrement que dans le sang de ses innombrables martyrs et l’irréductibilité de leur foi ? 

Par la volonté du Seigneur Lui-même, Rome devint ainsi le berceau de la civilisation chrétienne : mais cela ne s’accomplit pas sans douleur. Aujourd’hui, tout pèlerin partant à la rencontre de ce glorieux passé ne peut, de sanctuaire en sanctuaire, que ressentir intacte la trace de ces siècles d’histoire et de catholicité, que rien ne pourra arracher de la mémoire des fidèles, ni réformer en profondeur.

Si saint Paul et saint Pierre se trouvent si étroitement associés par la liturgie, c’est qu’ils l’ont tout d’abord été dans l’emprisonnement, la persécution et la douloureuse fondation de l’Eglise de Rome. À propos des chaînes que l’un et l’autre eurent à subir, saint Jean Chrysostome a dit : « Être enchaîné pour Jésus-Christ, c’est plus glorieux que d’être apôtre, que d’être docteur, que d’être évangéliste1. »

Tandis que l’un finit décapité, l’autre fut crucifié à l’envers. L’apôtre des Gentils lança un jour aux Corinthiens cette sentence, si intelligemment énigmatique, si subtilement contemporaine :

« Nous sommes accablés de toute manière mais non écrasés, nous connaissons l’inquiétude, mais non le désespoir, nous sommes pourchassés, mais non dépassés, nous sommes terrassés, mais non anéantis. Nous promenons sans cesse en notre corps la mort de Jésus afin que la vie de Jésus se manifeste elle aussi en notre chair mortelle2… » 

 

On connaît la célèbre scène rapportée dans les Actes de Pierre, honorée dans une petite église de la Via Appia, et qui inspira en 1905 le best-seller mondial de Sienkiewicz : Pierre, fuyant les persécutions de Néron, fut soudainement arrêté net par une vision du Seigneur à qui il demanda, stupéfait : « Domine, quo vadis ? »,  « Seigneur où vas-tu ? » Jésus lui répondit simplement « Venio Romam iterum crucifigi », « Je vais à Rome me faire crucifier de nouveau ».

Le premier pape de l’Église comprit alors qu’il devait rebrousser chemin pour y affronter son martyre. Et c’est ainsi que Rome devint ville éternelle…

G. Guindon

 

1 Homélie 8 sur Éphésiens, 1-5. Eloge des chaînes. — Captivité de saint Paul.

2 Corinthiens, 4, 8-11