Les handicapés dans la famille

           S’il est des personnes qui requièrent nos soins et notre charité, pour lesquelles le Bon Dieu nous demande d’exercer ne serait-ce qu’un pâle reflet de son extrême libéralité, par notre patience et une certaine grandeur d’âme, ce sont bien les personnes diminuées par un handicap physique ou mental.

Mais plutôt que de voir combien elles pèsent sur une vie de famille, nous avons choisi d’observer, avec le recul, les immenses bienfaits que cette situation apporte à chaque famille concernée.

Il n’est pas question de minimiser le poids quotidien que représente l’éducation d’un enfant handicapé, physique ou mental, charge qui est d’ailleurs très variable selon les handicapés et les périodes de leurs vies ; ni non plus d’idéaliser ces familles qui ont su surmonter cette croix, portée chrétiennement. Notre propos est plutôt de mettre en éclairage tous les bénéfices naturels et spirituels que l’entourage a pu recevoir de cette situation « anormale » permise par le Créateur.

Nous nous sommes appuyés, entre autres, sur l’expérience de Dominique Thisse, président de la Fondation Sainte Jeanne de Valois, qui travaille sur un livre témoignage à paraître prochainement. Les citations qui jalonnent ce texte, en sont des extraits qu’il a bien voulu nous transmettre en exclusivité. Qu’il en soit vivement remercié !

Le premier des bienfaits amené par la naissance d’un enfant handicapé, c’est la nécessité d’accepter le fait que le Bon Dieu nous envoie un petit être plus faible que les autres, pour lequel nous devrons exercer encore davantage notre responsabilité de parents, en complète soumission à la volonté divine. Ce que nous ne comprenons pas dans l’instant, nous en verrons les fruits plus tard. Cette acceptation est absolument nécessaire de façon naturelle, afin de voir les choses positivement et de surmonter l’angoisse de cette nouvelle, mais spirituellement, c’est de s’en remettre à la Providence et la laisser tenir les rênes d’une situation que l’on ne maîtrise pas.

On ne peut rien prévoir pour l’avenir, et les médecins qui nous aident au jour le jour, ne savent pas non plus comment chaque handicapé va évoluer, tant les formes de handicaps sont nombreuses, et tant leur évolution diffère selon les ambiances familiales. Il faut se mettre dans l’état d’esprit de prendre les choses comme elles viennent, sans se poser de questions, de régler les problèmes quand ils apparaissent, sans se créer de soucis supplémentaires à vouloir anticiper le futur. Bref, le Bon Dieu nous apprend ainsi à vivre dans le présent, en ayant confiance qu’il enverra les grâces nécessaires en temps voulu, ce qui est réellement bien le cas tout au fil des années ! Ces enfants si confiants en nos capacités, nous donnent l’exemple de la profonde et véritable confiance que nous devons avoir en la sollicitude divine.

« Une chose est absolument certaine, c’est que tout dans cette naissance est fait pour rapprocher les parents, mais aussi leurs autres enfants. Les difficultés resserrent les rangs, l’orgueil est rabaissé, l’égoïsme affaibli. »

Quand toute la famille se prend au jeu de veiller sur cet enfant infirme, cette tâche est une véritable école de patience, de générosité, de renoncement : il faut accepter de répéter plusieurs fois la même chose, de montrer et remontrer comment on fait les gestes les plus simples de la vie quotidienne, en ayant parfois l’impression que cela ne sert à rien. Se dévouer à aider quelqu’un qui n’a pas les mêmes capacités que soi, permet de réfléchir et de remercier la Providence qui nous a octroyé un sort plus enviable. « Aussi, par leur maladresse et leur absence d’autonomie, ils (ces enfants) font littéralement se dissoudre l’égoïsme et accepter comme légère la lenteur des tâches mille fois répétées. Ils nous font ordonner l’emploi du temps. Ils suscitent le don de soi. Enfin, par leur absence d’inclination au mal, par leur pureté et leur innocence, ils sont la source d’une contamination du bien. Ecoles de perfection, ils sont les messagers de la grâce et nous inspirent des pensées et des actions vertueuses. »

En effet, la duplicité est compliquée pour ces enfants qui souffrent, ou qui restent avec un esprit d’enfance et de simplicité tout au long de leur vie. C’est pourquoi ils nécessitent d’autant plus d’être traités avec déférence, une extrême gentillesse, seule capable de les faire progresser. Comme ils ont un 6ème sens qui leur permet de capter les atmosphères, dès qu’il y a un conflit ou une agressivité, cela leur devient insupportable, et ils ressentent cela comme une blessure violente à l’harmonie affective dans laquelle ils se complaisent et qui est nécessaire à leur équilibre.

« Ces enfants ont une vertu réconciliatrice. Nos filles ne supportent pas les disputes, devant lesquelles elles nous sermonnent ou fondent carrément en larmes, nous donnant honte de nous-mêmes et nous faisant aussitôt cesser celles-ci. Quand chacun va séparément se réfugier un moment auprès d’elles, elles rétablissent spontanément les liens temporairement brisés, messagers silencieux qui ramènent les uns vers les autres les membres de la famille peinant à se pardonner spontanément. Ce sont des êtres d’ordre. A leurs yeux, les disputes sont une transgression de la justice. Ce sont aussi des êtres remplis d’un amour profond pour leurs proches, qu’elles ne veulent pas voir souffrir et encore moins se faire souffrir. Leur influence est si puissante qu’elle agit même sur la profondeur et la sincérité de notre pardon. Si nous n’accordons celui-ci que du bout du cœur ou des lèvres, leur seule présence nous rappelle à l’ordre. Leur droiture et leur innocence nous font considérer comme tromperie à leur égard cette demi-acceptation et, pris de confusion, nous révisons aussitôt notre attitude. »

Ces enfants, qui adultes conservent leur cœur d’enfant, sont une leçon d’humilité permanente pour leur entourage proche, ainsi que pour les personnes que la Providence met sur leur passage :

« A ceux qui se demandent pourquoi le Bon Dieu laisse concevoir des enfants infirmes, à ceux qui ont du mal à comprendre et accepter les souffrances qui en découlent, nos trois filles et leurs congénères apportent une réponse éclatante. De tels êtres sont nécessaires pour le progrès des âmes. Leur caractère apparemment inadapté à un monde qui les rejette majoritairement mais où elles avancent avec insouciance, oblige justement leur entourage à remettre en cause ce monde dans ses aspects peccamineux. Si l’infirmité de leur corps, elle-même issue du péché originel, leur fait une pesanteur qui bride leurs capacités physiques ainsi que leur intelligence, nous sommes nous-mêmes beaucoup plus gravement englués dans nos péchés. Les marques visibles de leur infirmité rappellent à ceux qui les croisent leurs propres faiblesses. Elles les incitent à la pénitence. « Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que je suis infirme. Guérissez-moi, parce que mes os sont ébranlés » (Ps VI, 3) Et encore : « Pitié, Seigneur, guérissez mon âme ; j’ai péché contre vous. » (Ps XL, 2)

De plus, s’il est un domaine où l’exemple a une force considérable, c’est bien celui-ci. Le calme, le naturel et la gaieté des parents et des frères et sœurs font vraiment se poser des questions à l’entourage. Dans un monde où tout va en sens contraire, le cas impressionne. En particulier, on ne peut imaginer de défense plus puissante du caractère sacré de la vie et des bienfaits apportés par une famille chrétienne maintenue envers et contre tout. C’est dire la responsabilité considérable de la famille dans cet apostolat par l’exemple. S’il possède la mobilité nécessaire, en s’abstenant bien évidemment de toute vanité déplacée et s’assurant de ne mettre personne mal à l’aise, il ne faut pas hésiter à emmener son enfant avec soi chez ses amis, ni à aller avec lui faire ses courses. Outre que ces sorties favorisent son éveil, on multiplie pour l’entourage les occasions d’observer le comportement de cet enfant en compagnie des siens et de lui en faire tirer des pensées salutaires. »

« Ces enfants sont une modeste couronne d’épines par les sacrifices qu’ils imposent. Ils sont aussi comme la litanie des Béatitudes par la reconnaissance de l’œuvre de Dieu et des promesses attachées à l’épreuve, promesses à la fois de consolations terrestres et de récompenses célestes, et bien sûr par la contemplation des supériorités résidant chez les humbles de cœur, les doux, les justes, les cœurs purs, les pacifiques, les affligés et les persécutés. Ils sont un antidote parfaitement adapté à la triple concupiscence : détachement d’une chair meurtrie, frein à une vie facile, abaissement de l’orgueil face à un corps et une intelligence diminuée. Au milieu d’une époque caractérisée par la confusion, l’égarement et l’erreur, ils nous permettent, à la manière de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus demandant à Dieu de réordonner ses préférences, d’étalonner nos perceptions et nos jugements en nous aidant à voir vrai et à hiérarchiser nos priorités. Ils sont un remède extraordinairement puissant contre le monde artificiel que s’est fabriqué l’homme oublieux de son Créateur. »

C’est donc une grande œuvre de charité de leur permettre de s’épanouir à l’âge adulte, dans un milieu entièrement cohérent avec l’esprit familial et leur éducation, catholique dans toute l’acception du terme, tant dans les mœurs, que dans l’emploi du temps de tous les jours, qui facilite l’élévation de leur cœur et les besoins de leur âme, si réceptive aux inspirations divines et à la piété. C’est dans cet esprit que la Fondation Sainte Jeanne de Valois a été créée et veut se développer, afin de protéger ces êtres si faibles pour l’homme moderne, mais si forts dans le cœur de Dieu.

A.-C. de Bussy

Projet Sainte Jeanne de Valois : « Maison Saint Raphaël », dans le Pas-de-Calais.

 

La Fondation Sainte Jeanne de Valois, œuvre catholique de compassion fondée par des pères et des mères de famille confrontés au handicap, vise à offrir en France pour des personnes adultes atteintes de différents handicaps un maillage de lieux de vie à taille humaine, gérés comme des maisons familiales, à proximité géographique des familles en maintenant des liens étroits avec celles-ci. Après une première maison de dix pensionnaires fonctionnant avec un plein succès depuis trois ans dans l’Indre, elle a pour objectif d’ouvrir deux nouvelles maisons similaires dans le Pas-de-Calais et dans les Côtes d’Armor.

BP 50973  75829 PARIS Cedex 17

Téléphone : 01-75-50-84-86     

Site             : http://www.jeanne-de-valois.fr

Courriel      : contact@jeanne-de-valois.fr

 

 

 

 

S’aimer pour l’amour de Dieu

           « C’est par la qualité du cœur que nous valons, non par une sensibilité de surface, mais par l’aptitude à un grand amour, désintéressé, pur et fidèle. C’est là ce qui nous permet de dépasser l’égoïsme, c’est là ce qui nous introduit à une vie supérieure, c’est là ce qui finalement nous accorde à Dieu. »

Oh comme nous devrions faire nôtre cette belle pensée de Madeleine Daniélou !

Depuis le baptême, notre âme a soif de grandeur, elle aspire à Dieu et à tout ce qui lui ressemble…recherchant la perfection qu’elle s’efforce d’imiter à sa petite mesure. « La grandeur de l’âme consiste dans sa vertu » nous dit saint Augustin. Oui, c’est bien en travaillant les vertus chrétiennes que nous tendrons le mieux vers cet idéal, que nous deviendrons des saints pour l’amour de Dieu !

Dans le mariage, si notre amour mutuel est pur, loyal, si chacun se retrouve riche des beautés de l’autre, ajoutées aux siennes, vivant pour Dieu, alors cet amour ne sera pas de ceux qui périssent ! « Nous avons beaucoup à faire ensemble. Je crois fermement que c’est ensemble que nous arriverons à une meilleure connaissance de Dieu, et à vivre mieux dans son amour… J’ai demandé à Jésus de faire de notre foyer un Béthanie où il vivrait en ami au milieu de nous. Et je sais que déjà il aime notre foyer et veut nous réunir » écrivait le jeune Gérard de Cathelineau à sa fiancée. Forts de cette vie « ensemble », ne sommes-nous pas prêts librement, totalement, à concevoir cette vie commune sous la forme la plus sainte, la plus sacrifiée ?

Cela commence par une grande confiance car nous avons foi en le guide choisi : Notre-Seigneur. Ainsi, dès le départ nous acceptons les épreuves, les souffrances, tout ce qu’il a déjà prévu pour nous… et même la mort que nous ne craignons pas.

Notre amour est désintéressé, il ne pense qu’au bien de notre conjoint, gratuitement, quels qu’en soient les avantages, les honneurs, les conséquences. Il n’est ni envieux, ni critique, ni indélicat que ce soit en pensée, en parole ou en acte !

 « Affection qui trouve parfois chez nous tant d’écho de reconnaissance, de respect, d’élan, de retenue admirable et franche… 1»

Dans la vie de tous les jours, nous travaillerons notre volonté en ayant le goût du difficile (parce qu’il sanctifie davantage), la maîtrise des passions, la générosité d’âme en rendant les choses difficiles, aimables, désirables, leur ôtant leur austérité. Rien n’est plus beau que d’accomplir ces choses difficiles avec élégance et sans retour sur soi-même : aucune vulgarité, rancune, arrière-pensée…un don de soi total.

Qui dit don total, dit capacité d’un entier pardon. Il est parfois bien difficile de se montrer magnanime, et celui qui l’est véritablement, pardonne sans aucune aigreur intérieure, il excuse ceux qui le peinent avec compréhension. Les êtres capables de pardon sont vraiment des pacifiques ! Et le pardon, quand il est entier, purifie l’atmosphère, redécouvre les êtres, recrée la tendresse…N’oublions pas non plus la grandeur de celui qui se tait alors qu’on l’accuse injustement ou interprète faussement une attitude ou une parole. On pourrait l’accuser d’être lâche…Jésus a-t-il été lâche en ne répondant pas à Hérode ?! Traitons de même notre époux ainsi que tout notre entourage, et souvenons-nous que Dieu aura envers nous cette même mesure que nous aurons eue envers les autres.

Cet amour conjugal, que nous protégeons comme un trésor, nous ne pourrons le garder pour nous, tout naturellement il rayonnera dans notre famille, car il est communicatif ! Nos enfants seront imprégnés par la joie, et l’entente paisible et généreuse de leurs parents.

Amour fait de communion de pensée, de dévouement, d’harmonie, de compréhension, de prières ferventes et confiantes, d’une tendre affection qui ne cherchent qu’à se conformer au plan de Dieu.

« Nous serons riches d’amour, de générosité, de gaieté, nous aurons table ouverte à qui cognera, nous serons vraiment dans le royaume, le nôtre, et ce sera aussi le domaine de Dieu…1»

Ainsi comme toujours celui qui donne de la joie a plus de bonheur que celui qui en reçoit !

Inévitablement, cet amour conjugal vécu dans l’amour de Dieu rayonnera aussi à l’extérieur de notre foyer, répandant une joie paisible, entraînant par un exemple non ostentatoire et pur de tout orgueil ou intérêt personnel.

« Il y a l’apostolat par l’action, par la souffrance, par la prière. Il y a aussi l’amour des époux qui est, en soi, un apostolat. Mais il faut que ce soit un authentique amour. » (François Varillon)

Soyons assurés, par ailleurs, que cet apostolat aura de profondes répercussions sur notre vie intérieure elle-même, mais aussi sur notre vie conjugale et personnelle. Il nous incitera à un très grand effort de sanctification. Il nous formera à la patience, au détachement, à l’amour pur du prochain. Il nous apportera aussi les grandes et petites croix sans lesquelles une union vraiment intime avec Notre-Seigneur ne serait guère possible ! Ainsi le mariage est vraiment un entrainement réciproque à la sainteté.

Si les époux poursuivent côte à côte le même idéal, une harmonie parfaitement accordée émanera de leur vie tout entière. Le mariage est une chose si simple, si belle quand il y a union d’amitié…accord des volontés et des intelligences…quand deux cœurs tendent vers un même but, Dieu seul !

S. de Lédinghen

1 « Un officier français, Gérard de Cathelineau » Michel Gasnier, op (Nouvelles Editions Latines)

 

Le sac à tarte

Chères amies,

Les beaux jours semblent arriver, nous avons préparé une cousette de circonstance : un sac pour emporter vos tartes en pique-nique ou chez les amis pour le barbecue.

La réalisation est vraiment simple, peut-être que certaines de vos demoiselles seront heureuses de s’initier à la couture !

https://foyers-ardents.org/wp-content/uploads/2020/05/FA-21-sac-à-tarte-tuto.pdf

Nous vous souhaitons de passer un bon moment avec nos amies les aiguilles !

Isabelle et Marie-Hélène

 

La noblesse d’âme

Ayant eu la grâce de croiser des femmes à la noblesse d’âme si rare et si belle, sœurs admirables dans le monde ou le cloître, je voudrais t’en dire la beauté.

           Noblesse d’âme : deux sœurs, issues d’une illustre famille de France, étaient la simplicité même. Leur humilité était d’autant plus remarquable, que leur nom était grand. Le secret résidait en une éducation où Dieu était premier, Sa Volonté recherchée naturellement, pour tout guider. L’intime compréhension de l’exemple comme vocation, sans affectation.

  Noblesse d’âme n’était pas s’enorgueillir d’une histoire glorieuse au service du royaume, mais tenir leur place d’épouse et de mère, ouvrant leur porte au solitaire. Trouver normal que celui-ci ne puisse leur rendre le bien offert, mais lui proposer, à son tour de donner généreusement aux autres ce qu’il avait reçu.

  Noblesse d’âme de ne pas rendre le mal pour le mal quand cela arrivait, mais au contraire, de continuer à faire le bien prévu, gardant son cœur bien haut pour dominer ses passions.

Ne pas se montrer mesquines ou rancunières quand d’autres étaient injustes ou indélicates, et ne pas s’étonner d’être traitées parfois sans égards. Accepter de ne pas être comprises et parfois soupçonnées à tort, sans vouloir se justifier ou s’expliquer. Ne pas chercher à se faire justice soi-même, et savoir obéir sans comprendre, avec docilité, à l’autorité, en tout ce qui n’est pas péché.

Reconnaître ses fautes sans dissimuler ni prétexter et en accepter paisiblement les conséquences sans les rejeter sur les autres. Demander pardon et repartir le cœur léger pour continuer à aimer.

  Noblesse d’âme de ne pas penser tout savoir, mais donner son temps et ses talents joyeusement au service du bien commun, avec générosité et simplicité. S’efforcer de faire de son mieux, à sa place, et acquérir les compétences nécessaires, sans jamais se mettre en avant.

Ne chercher nul avantage, même de façon détournée, mais se renoncer paisiblement.

  Rester digne au milieu de l’affolement et au besoin sacrifier sa vie comme la duchesse d’Alençon dans le feu du bazar de la Charité.

  Noblesse d’âme de la moniale, attentive aux grands comme aux petits, au sourire toujours présent, sans jamais montrer ni son ennui, ni le temps donné sur sa charge. Ne pas faire sentir ce qui avait été reçu par l’éducation ou la grâce, que l’on découvrait au hasard, avec l’admiration profonde de cette humilité. Taire et pardonner le mal, digne au milieu des vicissitudes et des attaques. S’oublier sans cesse, sans le montrer.

           Noblesse d’âme de ne pas se laisser envahir par la réaction première, inhérente à notre nature blessée, mais offrir un visage serein qui puise sa force d’un regard levé vers le Ciel, car voyant La Main Divine dans tout événement.

Prier et mériter pour ceux qui nous blessent, sans s’étonner de leur fragilité, comme de la nôtre et repartir après avoir pardonné, sans dépit, sans amertume, sur le chemin.

  Noblesse d’âme, qui ne se découvrira pleinement qu’au Ciel. Combien d’actes apparemment insignifiants, se montreront alors parés de cette belle vertu. Que Notre Seigneur nous la donne et la fasse grandir en nous, à son Image et à celle de sa Mère.

 

Jeanne de Thuringe

 

 

 

Les rogations

Lundi, mardi et mercredi des Rogations

 Au Vème siècle, des calamités de tout genre étaient venues désoler l’Eglise de Vienne récemment conquise par les Burgondes. Des tremblements de terre, des incendies, des phénomènes effrayants agitaient les populations, comme autant de signes de la colère divine. Saint Mamert, évêque du lieu, désirant relever le courage de son peuple, en le portant à s’adresser à Dieu dont la justice avait besoin d’être apaisée, prescrivit trois jours d’expiation durant lesquels les fidèles se livreraient aux œuvres de la pénitence, et marcheraient en procession en chantant des psaumes. Les trois jours qui précèdent l’Ascension furent choisis pour l’accomplissement de cette pieuse résolution. Sans s’en douter, le saint évêque de Vienne jetait ainsi les fondements d’une institution que l’Église entière allait adopter en 811 sous le pape Léon III.

La Procession était alors formée du clergé et du peuple de plusieurs églises d’un rang secondaire, qui marchaient sous la croix d’une église principale dont le clergé présidait la fonction. Tout le monde, clercs et laïcs, marchait nu-pieds. On chantait les Litanies, des Psaumes, des Antiennes, et l’on se rendait à quelque basilique désignée pour la Station, où l’on célébrait le saint Sacrifice. Tels étaient à l’origine, et tels ont été longtemps les rites observés pour les Rogations.

Ces prières (rogare signifie prier) ont pour but d’éloigner de nous les fléaux qui sont les conséquences du péché et d’attirer les bénédictions de la miséricorde divine sur les champs et les cultures, mais aussi sur toutes les entreprises des hommes, sur leur vie matérielle et spirituelle. Elles sont complétées par une Messe spéciale, prière confiante qui s’appuie sur la promesse du Seigneur : « Demandez et vous recevrez ».

On ne saurait trop estimer les Litanies des Saints, à cause de leur puissance et de leur efficacité. L’Église y a recours dans toutes les grandes occasions, comme à un moyen de se rendre Dieu propice, en faisant un appel à la cour céleste tout entière.

Si l’on ne peut prendre part aux Processions des Rogations, que l’on récite du moins ces Litanies en union avec la sainte Église : on aura ainsi part aux avantages d’une si sainte institution, et on contribuera à obtenir les grâces que la chrétienté sollicite de toutes parts en ces trois jours ; enfin on aura fait acte de catholique.