Revêtu de la croix

           Fermez les yeux et imaginez. Noël 1247. La grande nef de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. On devine les piliers dans l’obscurité qui portent la grande voûte de pierres, invisible, mais on la sent envelopper l’édifice de sa lourde chape jetée dans les hauteurs. Elle caresse le ciel. Au-dessus, les grandes tours qui transpercent le ciel comme la lance transperça la Victime parfaite sur la Croix pour répandre son précieux sang sur le monde. Les chevaliers et barons se présentent à l’appel du roi saint Louis. Des chanoines leur donnent un grand manteau, comme le veut la tradition : le roi offre une lourde cape de fourrure de vair à tous ses barons et officiers de cour. Les hommes d’épée la revêtent en silence, puis s’avancent dans la nef. Le roi porte la même cape, comme ses hommes, serviteur parmi ses serviteurs. Les psaumes des matines enveloppent l’assemblée, chant éternel, c’est la prière de l’Eglise qui honore Dieu et lui fait pencher la tête sur la misère de l’humanité. Le temps semble suspendu. Avec les laudes, le soleil levant pénètre dans le grand vaisseau de pierres, teinté des couleurs des immenses vitraux qui chantent le saint peuple de Dieu. La lumière découvre les piliers, les chapiteaux, les voûtes, les arceaux… et dévoile la croix cousue de fils d’or sur les capes des chevaliers. Le roi l’a faite coudre sur l’épaule droite des manteaux qu’il a donnés. Personne n’ose l’enlever, personne n’ose se dédire. La croix fait le croisé. Le soleil de la vigile s’était couché sur une armée de chevaliers, le soleil de la Nativité se lève sur une armée de croisés.

 

  Ainsi sont les hommes : il faut des signes extérieurs pour exprimer les grandes choses et l’œuvre de la grâce. Là est toute la sagesse de Dieu. Les sacrements sont des signes sensibles qui donnent la grâce. Sans ces signes, nous ne croirions pas. Nous avons besoin de toucher et de voir pour sonder l’insondable, pour nous attacher un idéal de vie. Un croisé sans la Croix portée sur sa tunique ? Un moine sans robe et scapulaire ? Une religieuse sans voile et rosaire pendu à sa ceinture ? Une église sans cloche ? Impensable ! Tout doit être incarné, sans quoi tout reste trop abstrait, intouchable, inatteignable. Dieu Lui-même s’est fait homme pour que nous puissions Le voir et Le toucher, et même Le manger. Mais les laïcs seraient-ils exclus de cette règle ? Non, bien sûr que non. Un catholique doit porter la grâce dans toute sa tenue : ses paroles, ses attitudes et ses vêtements, il doit refléter modestie, politesse, charité, douceur, humilité et beauté de Dieu.

 

  Nous vivons une époque fascinante : un catholique qui reste profondément catholique en 2021 est un croisé dans son âme. Certes, nous ne portons pas d’épée ni n’avons de puissants destriers lancés sur les sables du Levant, mais nous portons notre foi comme un étendard dans le vent, à la face des hommes, pour la gloire de Dieu. Sans âme de combattant, nous serions emportés par les flots de notre société déchristianisée. Comme le croisé porte la croix, le catholique en 2021 porte sa Foi, non pas sous le boisseau, mais comme une torche crevant les ténèbres. S’il est plus difficile de rester fidèle à notre époque, il est d’autant plus facile de devenir un saint. Maintenir est déjà héroïque. Comme cela est enthousiasmant ! Nous sommes des croisés, les derniers Justes qui empêchent les foudres de Dieu de faire pleuvoir le feu et la cendre sur la France. C’est comme cela qu’il faut vivre notre Foi aujourd’hui : comme une croisade, la quête de la sainteté dans un monde livré à Satan. Cette croisade passe par le vêtement, reflet de notre âme régénérée par la grâce sanctifiante.

 

  Dans cette croisade, le père de famille a une place particulière. Comme le roi revêtit ses barons de la Croix, le père de famille a une responsabilité pour que ses enfants aiment et revêtent l’attitude du chrétien. Dieu jugera les chefs plus lourdement que tous les autres. Ainsi, si le père démissionne et ferme les yeux sur les attitudes et tenues de ses garçons et filles, Dieu lui demandera des comptes. Messieurs, un peu de courage ! Ne battez pas en retraite ! Votre fille descend un matin avec une tenue scandaleuse ? Renvoyez-la se rhabiller. Vos filles ne sont pas des tas de chair à vendre au marché, même si elles sont jolies. Elles sont des enfants de Dieu avec une âme qui a coûté le prix du sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, des âmes destinées à contempler Dieu dans l’éternité. Votre fils se présente pour la messe du dimanche mal rasé et en tee-shirt ? Renvoyez-le se raser et passer au moins une chemise, mieux, une cravate ! Il n’est pas une de ces idoles masculines actuelles, féminisées et pleurnichardes. Non, il est un fils de Dieu, destiné au courage et au sacrifice, au commandement et au don de soi pour devenir un saint, un réceptacle vivant de la gloire de Dieu pour la faire briller sur les hommes et la cité. Va-t-on en croisade sans la Croix ? Pouvons-nous être profondément chrétien si nous nous accommodons avec l’immodestie et la vulgarité ? Non !

 

  Pères de famille, endossez votre rôle de chef. N’attendez pas l’adolescence, veillez dès l’enfance à la bonne tenue de la famille : les bonnes habitudes, comme les mauvaises, se prennent tôt. Faites-le avec amour et douceur. Interdire ne suffit pas. Il ne fera que susciter incompréhension et révolte à l’adolescence. Il faut d’abord encourager et complimenter. Quand votre femme et vos filles sont joliment et décemment habillées, dites-leur qu’elles sont belles ! Car c’est tout simplement vrai. Veillez à ce qu’elles aient de jolies choses à mettre. Nous n’empaquetons pas nos filles dans des sacs de jute pour pommes de terre, et nous n’étalons pas leur chair à la vue de tous, au milieu se trouve une ligne de crête sur laquelle marchent toutes les filles et les femmes qui rayonnent de la beauté des grandes âmes. Sortez votre carte bleue s’il le faut ! Il existe beaucoup de possibilités aujourd’hui de trouver des vêtements, même à petit budget : couture, seconde main, braderies, ou sur internet, etc. Enfin, le plus important, quand votre femme et vos filles sont jolies, dites-le leur !

 

  Pères de famille, rappelez-vous : Dieu est notre père à tous, et vos enfants se feront une idée de l’amour de Dieu, leur père du Ciel, à travers vous qui êtes leur père de la terre. Soyez patients, fermes et doux, encouragez et complimentez, reprenez s’il le faut, mais surtout, aimez vos filles et votre femme ! Elles valent mieux que toutes celles qui malheureusement errent dans les ténèbres de la luxure.

 

  Enfin, une dernière chose : l’habit est le reflet de l’âme. Une belle âme mettra de beaux vêtements, une âme sèche et sans profondeur ira plus facilement se réfugier dans les artifices du monde, et cela se verra dans le vêtement. Alors nourrissez les âmes de vos enfants, garçons et filles. Nourrissez-les de grands idéaux, de belles histoires, d’activités saines, de passions incarnées et réelles, de moments familiaux riches et simples, promenades, veillées, chants, pêche, potager, randonnées en montagne. Nourrissez les âmes de vos enfants ! Alors, ils auront faim et soif de beauté, et ils iront se désaltérer à la source de toute beauté : Dieu. Ils seront les saints et les croisés de notre temps. Et qui sait ? Peut-être Dieu les appellera-t-Il à son service pour sa plus grande gloire. Prêtre, moine, religieuse : la plus grande et la plus belle des aventures. Sursum corda !

 

Louis d’Henriques

 

Les rhinites saisonnières

           Avec la venue de l’automne, arrivent aussi les premières manifestations du froid : obstruction nasale, enrouement, douleurs de gorge, toux, fièvre, pour ne citer que les signes les plus courants. Il me paraît intéressant de faire un petit tour d’horizon des principales affections que nous pouvons rencontrer en cette saison en commençant tout d’abord par un organe des sens qui nous est particulièrement indispensable : le nez.

 

  Les premières consultations médicales de la saison, commencent par cette question du nez bouché.

Le nez bouché est l’obstruction des fosses nasales par une muqueuse qui est inflammatoire : c’est la congestion nasale qui est due à une inflammation de la muqueuse des fosses nasales.

 

Tout d’abord, un petit rappel d’anatomie :

  Les fosses nasales sont les cavités situées au-dessus du plafond de la bouche (palais) et entourées d’autres cavités appelées sinus : sinus frontaux, sinus maxillaires. Elles communiquent avec le nasopharynx qui est la partie supérieure de la gorge (pharynx) à l’arrière de la bouche.

 

Quelles en sont les causes ?

  Les fosses nasales et les sinus sont recouverts d’une muqueuse qui sécrète continuellement du liquide. Ce liquide humidifie l’air inspiré, piège les poussières et contribue à lutter contre les agents infectieux.

Lorsque cette muqueuse est irritée, elle gonfle et sa sécrétion augmente, de sorte que le nez coule : c’est le Rhume, encore appelé Rhinite ou Coryza.  Les virus qui en sont responsables se transmettent d’une personne à une autre, le plus souvent par les mains ou des objets contaminés. Après la contamination, le rhume se déclenche plus facilement en fonction de divers facteurs tels que des défenses immunitaires affaiblies (période de stress ou de fatigue) ou des conditions environnementales (froid, humidité, fumée de tabac).

 

Comment prévenir le rhume ?

– S’habiller chaudement pendant la saison froide.

– Aérer régulièrement les chambres, même en hiver et humidifier l’air ambiant si nécessaire.

– Entretenir sa forme physique avec une activité physique régulière.

– Utiliser des vitamines comme la vitamine C, naturelle de préférence, que l’on trouve dans les fruits : oranges, citrons, kiwis, pamplemousses, acérola.

 

Si le rhume est déclenché, comment le traiter ?

  Si le nez coule ou bien s’il est bouché, il y a plusieurs choses à faire :

– On peut d’abord utiliser des huiles essentielles (Thym, Eucalyptus, Pin sylvestre, entre autres) et en mettre quelques gouttes sur un mouchoir que l’on respire régulièrement au cours de la journée.

– Ensuite, les inhalations : elles se font avec un grand bol d’eau chaude mais non bouillante dont on va approcher sa tête recouverte d’un linge comme une grande serviette et dont on va respirer les vapeurs. Mais respirer des vapeurs d’eau chaude seule, n’a pas grand intérêt ; il faut y ajouter quelques gouttes d’huiles essentielles (déjà citées) en mélange, ou bien utiliser des préparations toutes prêtes comme le Vicks Vaporub ou le Pérubore (il y a bien d’autres produits).

– Pour ceux qui ne sont pas des fervents des inhalations, il y a les sprays nasaux qui s’utilisent en pulvérisations dans le nez, deux à trois fois par jour (attention aux abus qui entraînent souvent des effets contraires). Ce sont des sprays nasaux à la Propolis ou à l’eau de mer qui ont une bonne efficacité et que l’on peut se procurer sans ordonnance, en magasin bio ou en pharmacie.

Il y a également toute une gamme de sprays nasaux à base de vasoconstricteurs et de corticoïdes, sur prescription médicale, dont l’efficacité est reconnue mais qui nécessitent quelques précautions d’utilisation.

 

  Pour les tout-petits, le nettoyage des fosses nasales est recommandé avec du sérum physiologique sans utiliser d’autres produits (même des huiles essentielles) qui seraient trop agressifs pour ces muqueuses fragiles. Les mouche bébés sont aussi bien utiles.

 

  Il ne faut pas oublier également la place de l’homéopathie dans la prévention de ces rhinites avec un produit simple : Influenzinum 9 CH, une dose (soit 10 granules) par mois, pendant les mois d’hiver jusqu’au printemps.

 

  Ces quelques considérations sur les rhumes ne sont pas exhaustives. Il existe bien des produits, des baumes, des tisanes, des formules, connues par certaines familles et transmises au cours des générations qui ont su faire la preuve de leur utilité et de leur efficacité et que chacun est libre d’utiliser comme par le passé.

 

Dr Rémy

 

Actualités culturelles

  France

           Dans le cadre d’une donation, la fille de Pablo Picasso, répondant au nom de Maya, a fait don à la France de huit œuvres de son père. C’est à partir du mois d’avril 2022 que le Musée Picasso exposera ces six peintures ainsi qu’une sculpture et un carnet de dessins venus enrichir les collections nationales. Il sera intéressant de suivre cet évènement pour savoir s’ils sont issus de sa « première époque », de la période bleue ou de la période rose …

 

 

¨ France (Saint Malo)

  Le fameux site de Rothéneuf, près de Saint-Malo, a été créé entre 1894 et 1907 par l’abbé Fouré : on y distingue environ 300 figures sculptées à même la roche par le prêtre lui-même à partir de récits historiques ou légendaires. Ces rochers sculptés suscitent aujourd’hui de nombreux débats car l’érosion les menace de plus en plus : quand disparaîtront-ils totalement ? A défaut de pouvoir protéger efficacement le site, un musée a été mis en place cet été pour promouvoir l’œuvre et en offrir une visite virtuelle.

 

¨ France (Paris)

C’est en septembre dernier que Daniel Buren, auteur des célèbres colonnes rayées du Palais Royal, a installé l’une de ses nouvelles œuvres au palais de l’Elysée. La verrière du jardin d’hiver de l’hôtel particulier est désormais colorée aux couleurs de la France ; l’œuvre, intitulée Pavoisé, comporte également des espaces rayés, signature de Buren. L’auteur espère fortement que cette installation, actuellement provisoire, demeure définitivement sur place… Verdict en février 2022 !

 

 

¨ France (Paris)

  Plus de deux ans après le terrible incendie de Notre-Dame de Paris, le chantier est enfin entièrement sécurisé. Les travaux de restauration de la cathédrale vont donc pouvoir débuter, avec une réouverture prévue en 2024.

 

 

¨ Belgique (Anvers)

  Peinte en 1628, l’œuvre de Willem van Haecht, intitulée Cabinet d’art de Cornelis Van der Geest, constitue l’un des tableaux flamands les plus réputés de la Maison Rubens à Anvers. Cette peinture était malheureusement dans un état critique depuis de nombreuses années puisque la jointure centrale avait cédé dès le XVIIIème siècle. Des tentatives de consolidation de la structure du tableau en avaient malheureusement aggravé l’état à plusieurs reprises. La solution a enfin été trouvée grâce au recours à une technique jusque-là réservée à l’aéronautique, à savoir les « lattes taraudées » qui permettent d’obtenir une structure solide mais souple.

 

« Le meilleur poignard pour frapper l’Église, c’est la corruption »

           Ce propos est tiré d’une correspondance entre deux chefs de la Haute Vente italienne (lettre datée du 9 août 1838, tombée entre les mains du pape Grégoire XVI). Pour bien comprendre cette assertion, il faut citer tout le passage, où apparaît au grand jour la méthode choisie par la Franc-Maçonnerie pour en finir avec l’Église : « Le Catholicisme n’a pas plus peur d’un stylet bien acéré que les monarchies. Mais ces deux bases de l’ordre social peuvent crouler sous la corruption : ne nous lassons donc jamais de corrompre. Tertullien disait avec raison que le sang des martyrs enfantait des chrétiens. Il est décidé dans nos conseils que nous ne voulons plus de chrétiens ; ne faisons donc plus de martyrs : mais popularisons le vice dans les multitudes ; qu’elles le respirent par les cinq sens, qu’elles le boivent, qu’elles s’en saturent. Faites des cœurs vicieux et vous n’aurez plus de catholiques. C’est la corruption en grand que nous avons entreprise, [c’est elle] qui doit nous conduire un jour à mettre l’Église au tombeau. »

 

  Ce projet démoniaque est, à notre époque, déjà bien avancé. C’est à se demander si l’on peut tomber plus bas ! N’est-ce pas en effet le « carnaval » partout (selon l’étymologie, le mot signifie : « Chair, porte-toi bien ! ») : dans les rues et à l’école, sur internet et à la télévision, dans les lois et dans les mœurs ? Ce déluge d’impureté envahit tout et pénètre bien sûr, insensiblement peut-être, mais très réellement, dans nos maisons et nos foyers. Bon nombre de chrétiens préfèrent fermer les yeux pour ne pas l’admettre ; cependant le fait est là, et pour ne pas se laisser emporter par le mouvement général, il faut une vertu peu commune. « Puisse-t-il nous être donné à tous de comprendre, disait déjà à son époque le cardinal Pie, que les vertus ordinaires ne suffisent plus ni pour nous sauver, ni pour sauver les autres ! ». A quel gigantesque combat nous sommes appelés ! Ayons bien conscience que nous n’en sortirons victorieux que dans la mesure où nous aurons vaillamment combattu : « Le Royaume des Cieux souffre violence, et ce sont les violents qui le ravissent ! » (Matt 11,12). Rappelons donc brièvement les moyens à employer pour pouvoir remporter la victoire. D’abord, la fuite généreuse des occasions volontaires, car, selon le proverbe : « Celui qui aime le danger y périra. » Ensuite, une certaine ascèse de vie : rien, en effet, ne prépare mieux les chutes ni n’entretient mieux dans le vice que la mollesse et le laisser-aller. Enfin, la fréquentation des sacrements et la prière régulière, car, selon la parole de Notre Seigneur : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire ! » (Jean 15,5).

 

  Mais venons-en maintenant à un point plus particulier. S’il est vrai que la corruption peut employer différents moyens pour se répandre, un de ses principaux fers de lance est évidemment ce qu’il est convenu d’appeler : la mode. Celle-ci, en effet, a un impact public qui lui permet d’agir efficacement sur les mœurs générales, en bien comme en mal. C’est ce que soulignait Pie XII, lorsqu’il disait : « La société parle par le vêtement qu’elle porte. » Si donc les modes sont indécentes et scandaleuses, il est bien évident que les conséquences pour les mœurs sociales seront désastreuses. Aussi le même pape rappelle cette vérité, que beaucoup, même parmi les chrétiens, ne veulent pas voir : « Tant que la modestie chrétienne ne sera pas pratiquée, la société continuera à s’avilir. » Notre Dame de Fatima avait révélé déjà à la petite Jacinthe, comment la mode entraînerait les masses dans l’impureté. Celle-ci, après s’être entretenue avec la Reine du Ciel, disait : « Les péchés qui jettent le plus d’âmes en enfer sont les péchés d’impureté », et elle ajoutait tristement, comme pour en manifester la cause : « On lancera des modes qui offenseront beaucoup Notre Seigneur. » Quant à nous, une fois que nous aurons compris l’importance de la mode et de son impact, nous comprendrons aussi la résolution qu’il nous faut prendre à son égard, que l’Apôtre nous répète inlassablement depuis vingt siècles : « Ne vous conformez pas au monde ! » (Rom 12,2). Ce que Notre Dame exprime ainsi : « Les personnes qui servent Dieu ne doivent pas suivre les modes [sous-entendu : mondaines et indécentes].» En effet, si les chrétiens, qui sont censés être « le sel de la terre », font eux-mêmes le jeu du monde, qui donc empêchera la corruption de se répandre partout victorieusement ?

 

  Il importe que chacun d’entre nous, face à un tel assaut de l’enfer et de ses suppôts, réagisse fortement selon ce principe du combat spirituel : « Agere contra » (agir en sens inverse). Commençons d’abord par ouvrir notre cœur aux paroles du prêtre, lorsqu’il a le courage de nous rappeler à l’ordre sur ce point, car c’est là son devoir, comme l’explique le cardinal Pie : « Malheur à moi et à vous, prêtres de Jésus-Christ, si nous ne luttons pas d’exemple et de paroles contre l’envahissement des maximes et des vanités d’un monde ennemi de la croix de notre Maître ! » Et ensuite, tâchons de faire en sorte que notre habillement et notre tenue respirent toujours, non l’esprit du monde et des trois concupiscences, mais le plus authentique esprit chrétien. Et pour ne pas rester dans des généralités, je donnerai, d’abord aux hommes puis aux dames, quelques conseils propres à chacun.

 

  Messieurs, vous devez donner l’exemple à tous les membres de votre famille d’un habillement toujours digne, qui inspire le respect. Aujourd’hui, bon nombre de chrétiens se laissent aller à des tenues négligées et désinvoltes. Les vêtements de sport, ou vulgaires, sont portés presque continuellement, et on perd en particulier l’habitude de venir à l’église « endimanché ». Comment s’étonner, dès lors, de voir débarquer dans les sacristies, pour servir la messe, des enfants ou des jeunes gens en short, en T-shirt et en baskets ? Vous me direz : cela n’a pas de conséquences directes sur la moralité, du moins du point de vue de la pureté. C’est peut-être vite dit, étant donné que souvent, ces vêtements sont légers ou moulants, ce qui n’est pas forcément très édifiant pour l’entourage, surtout féminin. Mais, quoiqu’il en soit, ce qui est certain, c’est qu’il n’y a plus de respect de soi ni des autres dans ces attitudes désinvoltes ; or le respect, qui s’oppose à la familiarité et à la vulgarité, est un des remparts principaux de l’honnêteté et de la pureté des mœurs. La négligence et le laisser-aller ouvrent la porte à la corruption. Encore faut-il, pour résister à ces tendances, avoir la force de ne pas céder au respect humain, qui nous incite à faire comme tout le monde. Lorsque j’étais encore lycéen, il était de règle, les jours de sortie, de quitter l’école en uniforme, car on cherchait à nous inculquer une certaine éducation dans ce domaine, qui a, soulignons-le à nouveau, son importance. J’ai toujours été dégoûté de voir plusieurs de mes camarades s’enfermer dans les toilettes du train pour en ressortir avec des tenues… conformes au monde. Messieurs, donnez donc l’exemple à tous les membres de votre famille, et apprenez-leur à ne pas rougir d’être chrétiens dans un monde qui ne l’est plus, en usant, au besoin, de cette autorité que Dieu vous a confiée. Notre Seigneur n’a-t-Il pas dit : « Celui qui aura rougi de Moi devant les hommes, je rougirai de lui devant mon Père » (Mc 8, 38) ?

 

  Quant à vous, mesdames, il est bien évident que votre tenue a un impact beaucoup plus direct sur la moralité publique. Écoutez sur ce point, ce qu’écrivait le franc-maçon cité plus haut : « J’entendais dernièrement un de nos amis rire d’une manière philosophique de nos projets, et nous dire : pour abattre le Catholicisme, il faut commencer par supprimer la femme. Le mot est vrai, dans un sens ; mais puisque nous ne pouvons pas la supprimer, corrompons-la… ». Vous voyez combien les ennemis de l’Église ont bien compris ce que les papes ont répété à plusieurs reprises, à savoir, que c’est vous, surtout, qui êtes les gardiennes des mœurs chrétiennes : c’est là votre mission, et c’est là votre gloire. La prolifération des modes indécentes est voulue par la Franc-Maçonnerie de longue date, pour vous détourner de cet impérieux devoir. On peut lire dans un article de « La Vie Spirituelle », de juillet-août 1926 : « Si la mode a été corruptrice, c’est parce que la femme chrétienne, gardienne du foyer et de ses mœurs, était le rempart qui empêchait le mal de déborder et de chasser Dieu de la société. La mode a été faite corruptrice parce que les agents de démoralisation l’ont voulu ainsi, et, si humiliant que ce soit, il faut bien le reconnaître, la femme chrétienne de tous les pays du monde a été, dans ses écarts de la mode, le jouet et l’instrument de ceux qui avaient intérêt à la pervertir. » Puisqu’il est évident que l’on veut se servir de vous pour, sinon répandre, du moins laisser passer la corruption, je ne peux que vous inciter à faire tout l’inverse : par la pratique fidèle et constante d’une parfaite modestie, inspirez la pureté, prêchez les bonnes mœurs !

 

  Pour cela, commencez par connaître ce que l’Église réprouve. Voici les précisions que n’a pas dédaigné de donner la Sacrée Congrégation du Concile, le 23 août 1928 ; elles ont d’ailleurs été répétées par le cardinal Pompili, vicaire de Pie XI, en 1938, puis par les épiscopats de différents pays du monde : « On ne peut considérer comme étant décent un vêtement dont le décolletage dépasse la largeur de deux doigts au-dessous de la naissance du cou ; un vêtement dont les manches ne descendent pas au moins jusqu’aux coudes, et qui descend à peine au-dessous des genoux. Indécents sont également les vêtements d’étoffes transparentes [ou fendus, évidement !]. » Plus récemment, au début des années 2000, Mgr Fellay (FSSPX) rappelait avec bon sens que : « Ne peut certainement pas être appelée décente une robe qui ne couvre pas [entièrement] les genoux quand la personne est assise. » Remarquez que ces précisions soulignent les limites à ne pas franchir pour éviter les scandales, elles ne décrivent pas l’idéal de la modestie chrétienne ; et pourtant, force vous est de constater que les limites de la décence sont aujourd’hui allègrement franchies par de nombreuses chrétiennes, qui portent, même à l’église, des tenues bien légères. Si plusieurs n’osent pas adopter des vêtements franchement scandaleux, la grande majorité se contente manifestement de ce qu’on appelle la « jupe aux genoux », laquelle est impuissante à inspirer le respect et la vertu, et ne répond d’ailleurs pas, à y regarder de près, aux demandes et aux désirs de l’Église… N’oublions pas également que le pantalon ne convient pas aux femmes, comme le rappelaient, entre autres, les évêques du Canada, en 1946 : « Le port du pantalon sous le moindre prétexte, ou, ce qui est pire, dans le but de s’exhiber en public, n’est pas digne d’une vraie chrétienne. » Cela parce que, dans la majorité des cas, il ne voile pas les formes, mais aussi parce qu’il fait adopter par celles qui le porte des attitudes masculines qui vont à l’encontre de la nature et des qualités propres de la femme. Enfin, n’oublions pas de signaler que saint Paul demande aux chrétiennes, par humilité et respect, de ne pas paraître sans voile aux assemblées liturgiques ; c’est pourquoi l’Église leur prescrit, dans le Droit Canon, de ne pas pénétrer dans les lieux saints la tête découverte. Et ce précepte ne se présente pas comme étant facultatif.

 

  Connaître précisément ces différentes directives de l’Église enseignante n’est cependant pas suffisant. Il faut encore les aimer et avoir à cœur de les observer par amour pour Notre Seigneur. Lorsqu’une chrétienne en a saisi l’esprit, au-delà de la lettre, la modestie ne lui coûte plus, et sa parfaite tenue non seulement ne cause aucun scandale, mais elle répand la bonne odeur des vertus et prêche ainsi les bonnes mœurs. « La modestie, disait une sainte religieuse du début du XXème siècle, qu’est-ce donc ? C’est le parfum très suave de deux sublimes vertus qui, insensiblement, se répand dans les cœurs, les attire et les transforme. C’est l’odeur très douce de la pureté et de l’humilité. » (Mère Louise-Marguerite Claret de la Touche). Elle est, selon l’heureuse expression de Benoît XV, « le plus bel ornement de la femme chrétienne », car elle relève sa dignité et sa beauté, et lui permet de rayonner. Que l’on ne s’y trompe donc pas : quoi qu’en dise le monde, les femmes les plus modestes sont aussi, et de loin, les plus belles, parce qu’elles sont plus semblables à Notre Dame. Alors, mesdames, aimez la modestie, et faites-la aimer par vos filles dès leur plus tendre enfance, car une vertu n’est vraiment possédée que lorsqu’elle est aimée et pratiquée avec constance. Que la transmission fidèle de cette valeur chrétienne, qui n’est pas accessoire au dépôt de la foi (lequel inclut de façon nécessaire les bonnes mœurs), soit un des principaux objectifs de l’éducation de vos enfants, afin que l’on puisse graver à votre honneur sur votre tombe, comme sur celle d’un grand évêque (Mgr Lefebvre) : « Tradidi quod et accepi ! J’ai transmis ce que j’ai reçu (ou du moins, ce que j’aurais dû recevoir) !»

 

  Mais il est clair que ce « bon combat » vous demande, à vous plus encore qu’aux hommes, une force particulière, car vous êtes plus sensibles qu’eux aux regards et aux jugements que l’on porte sur vous, d’où la tendance au « conformisme » facile. Un jour que je prenais le train, des lycéennes d’une école catholique, dont l’habillement très modeste m’édifiait beaucoup, montèrent à bord. Mais quel ne fut pas mon étonnement de voir qu’elles avaient le même courage que mes camarades, dont je vous parlais plus haut : s’enfermant dans les toilettes, elles en ressortaient en pantalon ! C’est ici le lieu de citer ces fortes paroles du père Calmel : « On ne refera des chrétiennes et une France que si un certain nombre de filles sont farouches et acceptent de passer « pour imbéciles » en matière de costume [NB : C’est un véritable honneur que de passer pour imbéciles aux yeux des imbéciles]. Il faut avoir le courage de résister à la mode, à certains avantages pratiques, pour ne pas donner sa caution à un état d’esprit laïque, contre Dieu et contre sa loi inscrite en nos cœurs. Si les femmes chrétiennes, les jeunes filles chrétiennes ne sont pas les premières à porter témoignage de valeurs authentiquement chrétiennes, sur qui peut-on compter ? »

 

  Demandez donc, mesdames, à la très Sainte Vierge, victorieuse de toutes les batailles de Dieu, de vous communiquer sa force, cette vertu des martyrs, sans laquelle il vous sera impossible de remplir votre mission. « Qui trouvera une femme forte ? Son prix dépasse tous les trésors du monde ! » (Prov 31,10). Ne laissez pas les ennemis de la Religion profiter de votre faiblesse, car, comme le disait Saint Pie X « De nos jours, plus que jamais, la force des mauvais, c’est la lâcheté et la faiblesse des bons, et tout le nerf de Satan réside dans la mollesse des chrétiens ». Il faut du cran pour faire barrage à la corruption : « Mortifiez-vous dans votre habillement, disait l’abbé Edouard Poppe, ne soyez pas de ces demi-chrétiennes qui, tout en n’osant pas suivre la mode dans toutes ses audaces, la suivent malgré tout de loin ! Soyez courageuses, et habillez-vous décemment, chastement ! Allongez votre robe comme il convient, dussiez-vous être les seules de votre paroisse à le faire ! C’est de la mortification que viennent les forces secrètes, les consolations inattendues… Nous avons tous besoin de cela pour devenir bons, nous-mêmes, et pour rendre les autres meilleurs. »

   En guise de conclusion, mesdames et messieurs, je me permettrais de vous signaler deux moyens pour trouver la force de conserver un habillement et un comportement vraiment chrétiens malgré les pressions du monde. D’abord une piété profonde, non purement sentimentale, qui soit source d’un ardent amour de Notre Seigneur, qui trempe votre volonté et l’affermisse dans le bien de façon inébranlable. Ensuite, les pieuses associations, car évidemment l’union fait la force. J’en veux pour preuve ce témoignage d’une jeune tertiaire de saint François qui avouait que sans le soutien du Tiers-Ordre et de sa règle, qui prescrit la modestie de l’habillement, elle ferait comme toutes les autres. Serrons-nous donc les coudes dans cette lutte contre l’esprit du monde, et il n’y aura plus de brèche dans ce rempart que nous devons opposer au débordement de corruption dans lequel Satan voudrait noyer l’Église. La mode n’a rien d’irréversible : à nous, chrétiens, de la faire et non de la subir. Comme le disait sainte Jeanne d’Arc : « Combattons généreusement et Dieu donnera la victoire ».

 

RP Paul-Marie, capucin

 

 

  

 

Notre-Dame, les femmes et la chevalerie

           C’est sous l’inspiration du Saint-Esprit que la très sainte Vierge Marie a voué à Dieu sa virginité. Essayons de réaliser la portée de cet évènement inédit dans toute l’histoire de l’humanité. Dieu inspire à une jeune fille de prendre librement la décision d’un état de vie inconnu de l’antiquité et cette jeune fille lui consacre pour toujours sa virginité dans le secret de son cœur.

  Aujourd’hui, après deux millénaires de christianisme, nous pourrions considérer ce fait comme banal. Mais, il nous faut en réalité avoir conscience que Notre-Dame est une pionnière. Bien qu’il existe une grande diversité de la condition féminine chez les peuples de l’Antiquité, aucun n’admettait – et n’aurait pu comprendre – le choix qu’aurait fait une jeune fille de ne pas se marier. La question, d’ailleurs, ne se posait même pas. On ne peut opposer à cette règle universelle l’exemple des quatre ou six vestales de Rome. S’il est bien vrai que leur mystérieuse consécration virginale pour une fin religieuse exprime que l’âme de l’homme pressentait des affinités entre ce sacrifice de la maternité et l’adoration de Dieu, il faut aussi se rappeler que cette obligation leur était imposée et s’arrêtait lorsqu’elles atteignaient l’âge de quarante ans.

  Aussi, faut-il vraiment proclamer que le choix inspiré, mais libre, d’une jeune juive, de consacrer sa virginité, se dresse contre tous les canons des civilisations qui se sont jusque là succédées sur la terre et doit être salué comme l’aurore de temps nouveaux. Pour la première fois dans l’histoire du monde, une petite fille, sans s’embarrasser d’obtenir quelque autorisation humaine que ce soit, décide pour les plus hauts motifs spirituels qui existent, de se vouer à Dieu, corps et âme. C’est la religion de son Fils qu’elle a commencé de pratiquer avant même de l’avoir conçu.

En et par cette nouvelle Eve, la condition de la femme sur la terre subit un changement radical. Soumise à l’homme dans le mariage, elle est son égale devant Dieu, appelée tout comme lui à la plus haute imitation du Christ et jouit de la même liberté que lui pour répondre avec ardeur à tout ce que lui inspirera l’appel divin. Que rien ni personne ne vienne faire obstacle aux élans de l’amour, qu’il s’agisse de la quête passionnée du divin Pasteur en faveur de ses brebis perdues ou de la course aimante de ces dernières qui ont découvert la divine charité. L’invitation est lancée à tous, hommes ou femmes, car « il n’y a plus ni homme ni femme. Vous n’êtes tous qu’un en Jésus-Christ1 ». Aux cœurs les plus aimants d’y répondre ! Qu’on y prenne garde : une nouvelle noblesse est créée et c’est celle de l’amour. Les hommes comme les femmes sont invités à en être ni les uns plus que les autres, ni les uns moins que les autres.

  Sur les traces de la Vierge Marie qui a frayé le chemin et qui tient le flambeau qui l’éclaire, se faufilent déjà, dès les pages de l’Evangile, et la Samaritaine et la Chananéenne, et la femme adultère et la Madeleine, touchantes prémices de ces bataillons de femmes conquises par le Christ et qui s’élanceront après elles à travers les siècles et les continents. C’est Jésus-Christ et lui seul -personne avant lui et personne après lui – qui leur a octroyé la liberté pour que s’épanouisse toute leur stature intérieure et pour que se déploient ces virtualités et ces virtuosités de l’amour féminin. Elles susciteront l’admiration du monde chrétien ; elles changeront le monde et elles donneront naissance à une nouvelle race d’hommes, la race des chevaliers, la plus belle qu’on ait vu sur la terre.

  Les femmes façonnent le cœur des hommes dans leur sein et sur leurs genoux. Ce sont les femmes chrétiennes du Moyen Age à qui nous devons la génération des chevaliers. Il n’y a point, en cette évocation, la nostalgie stérile d’une époque à jamais révolue mais la croyance ferme et tranquille de l’intemporalité de l’esprit chevaleresque et l’espérance qu’on y reviendra. Affirmons-le avec vigueur : la chevalerie, contemporaine de ces centaines de cathédrales qui ont jailli du sol européen, est dans son esprit ce que ces édifices sont dans la pierre : un sommet. Sommet de qualité humaine et chrétienne qui n’a jamais été dépassé.

  C’est à y revenir qu’on retrouvera aussi les notions vraies de masculinité et de féminité, les rôles harmonieusement complémentaires de l’homme et de la femme dans la société et la très tendre vénération de la virilité qui, s’agenouillant devant la très Sainte Vierge Marie, s’incline doucement devant la féminité. Loin du machisme comme du féminisme, voilà l’époque qui nous découvre la plus fine intelligence que les sexes eurent l’un de l’autre. On n’y trouve point trace d’une absurde rivalité mais on y admire toute la grâce d’un temps qui sut donner à la femme sa place rayonnante. Voilà l’apogée de la beauté à laquelle a conduit le « fiat » de la jeune fille de Nazareth.

  Cessons de nous faire du mal et de désespérer. Ce que la très Sainte Vierge Marie a inspiré une fois dans l’histoire, elle peut le recommencer. C’est vers elle qu’il faut nous tourner, c’est elle qu’il nous faut invoquer. Demandons-lui de délivrer les femmes de l’esclavage de la libération de la femme. Demandons-lui de mettre un terme à cette lutte folle qui a dressé les sexes l’un contre l’autre. Demandons-lui de ramener les hommes qui ne savent plus quitter l’âge d’une éternelle adolescence à celui de leur maturité, de leur virilité, à l’âge des chevaliers.

Père Joseph