Ecologie

 

Quand la Nature devient toute une histoire…

Un jour, la riante rivière de mon enfance, honteusement draguée et nivelée en aval d’une usine chimique, se mua pour jamais en un morne, gris et navrant canal. J’avais une dizaine d’années. Familier de ses moindres lacets, courants, trous d’eaux, j’avais tiré de la limpidité de ses eaux maints goujons, brochets, tanches et poissons-chats. Si l’industrie humaine avait pu ruiner à ce point « ma rivière », je comprenais qu’elle ne se priverait guère d’agir partout avec une même insolence. Les Anciens, me racontait-on au collège, considéraient la Nature comme un domaine enchanté. C’est en son sein mystérieusement peuplé de dieux immortels que se déroulait l’Histoire édifiante d’hommes prosaïquement mortels. Le dieu de « ma » rivière, hélas, pas mieux que moi, n’avait su la protéger de l’action toxique de ces derniers… Pire ! De marées noires en déforestation sauvage, une génération d’hommes, plus irréligieux encore que les païens de l’Antiquité, instrumentalisait impunément une Création, à leurs yeux devenue au mieux un objet d’étude, au pire un simple produit. La dévastation allait prendre un tour planétaire.

Après Hiroshima et Nagasaki, le monde entier avait admis que la fin historique de la planète et celle de l’humanité pouvaient devenir soudainement concomitantes, au gré de la folie de quelques dirigeants. Ainsi, l’antique et raisonnable distinction établie entre la force d’une Nature immortelle et la précarité d’une humanité mortelle volait en éclat. Et la philosophe Hannah Arendt pouvait écrire : « Nous avons commencé par agir à l’intérieur de la Nature, comme nous agissions à l’intérieur de l’Histoire (…). Dès le moment où nous avons commencé à déclencher des processus naturels de notre cru, et la fission de l’atome est précisément un tel processus naturel engendré par l’homme, nous avons capté la nature dans le monde humain en tant que tel, nous avons manifestement commencé à transporter l’imprévisibilité qui nous est propre dans le domaine même que nous pensions régi par des lois inexorables1.» En s’engouffrant dans notre histoire, la planète s’est mise à développer aussi une forme d’existence idéologique, et à devoir affronter l’éventualité de sa propre mort.

Quand la planète devient une personne…

La décennie des années soixante vit proliférer dans les campus universitaires la contestation anti-nucléaire. Quoi d’étonnant à ça ? Ainsi posée dans la champ intellectuel occidental, la question de l’environnement prenait une dimension à la fois plus conceptuelle et globale : on pensa la terre comme un macro-organisme individuel doté d’un statut de personne morale, et l’humanité tout entière comme « une seule famille ». La préservation de la planète, conçue telle une victime de l’activisme humain et une idole à vénérer, s’imposa dans le champ politique et sociétal, à travers la mode, la musique, le cinéma et la vie associative. Créée en 1970, Les Amis de la Terre d’Alain Hervé2 devint en quelques années la succursale hexagonale de la très influente Friends of the Earth du californien David Brower3. Le situationniste Guy Debord fut l’un des premiers à mettre en rapport la question de la pollution avec celle de la révolution. Dans ce qu’il appelle le Spectacle, c’est-à-dire la mise à distance idéologique d’avec le réel ordinaire des gens, la dimension collective de l’une comme de l’autre fait qu’elles échappent autant à l’action individuelle qu’à la gouvernance des nations, pour devenir, entre les mains de ceux qui intriguent, un moyen de contrôle des sociétés et de conditionnement des individus aussi efficace que redoutable4. Dès lors que « Dieu est mort », la terre, n’est-ce pas la seule chose que « nous ayons en commun » ? Sauver la planète devient ainsi le mot d’ordre idéal sur lequel asseoir la cause révolutionnaire d’une écologie qui prétend organiser les conditions de l’existence heureuse des masses, à un niveau à la fois globalisé et communautarisé…

Quand les gens ordinaires menacent la maison commune…

Pour conditionner le plus grand nombre au programme de cette doxa verte, il restait à démontrer que non seulement un éventuel recours à l’arme atomique, mais surtout la simple vie ordinaire des gens manifeste en soi une atteinte à la survie de la planète : la propagande pour le réchauffement climatique et toutes les conséquences absurdes sur le quotidien qu’elle justifiait fut mise en place en quelques décennies. Telle fut la mission d’organismes internationaux comme le GIEC et ses multiples relais ou ramifications dans les gouvernements, les think tanks et les médias. Grâce à de prétendues expertises, l’oligarchie développa nombre de moyens technologiques et législatifs pour imposer sa conception d’une nouvelle citoyenneté mondiale fondée sur ses préceptes et réussir ainsi une sorte d’OPA sur le droit légitime que les hommes ont de posséder la nature et d’y organiser leur destin. Ainsi réduite à la simple cause de l’environnement, la question du respect de la Création de Dieu ne se pose plus aux jeunes générations, hélas, qu’en termes de recommandations, procédures, normes, chartes et réglementations internationales : le pape François lui-même évoqua étrangement à ce propos la nécessaire sauvegarde de la « maison commune », expression dont nul n’ignore les connotations maçonniques5. Il s’agit de placer le comportement de chacun en adéquation avec le projet idolâtre de cette prétendue préservation, institué par les agents du Nouvel Ordre Mondial. Au nom de ce dogme totalitaire, une simple promenade en forêt vous sera interdite sous prétexte de canicule, tout comme au titre d’une prétendue pandémie, on vous ferma l’accès aux plages. On règlementera votre consommation d’énergie, on remodèlera votre habitat, on vous fera insidieusement manger des insectes, on redéfinira pour vous de nouveaux principes éthiques qui s’énonceront dans une nouvelle rhétorique à laquelle il vous sera de plus en plus difficile d’échapper. En un mot, le gouvernement utopique que le communisme, dans ses débordements les plus caricaturaux, avait rêvé d’établir, on le mettra en place. Le paradoxe de cette construction écologique est que l’agent prédateur le plus puissant dont il dispose pour séduire les foules n’est désormais même plus un dictateur bêtement humain au masque aboyeur et grimaçant, mais un monstre cybernétique déployant partout ses informations, dont les tentacules éparses couvrent toutes les terres connues, jusqu’au fin fond des océans.

Pour finir sur une note d’espérance, concluons par une anecdote de la vie de saint Louis : alors que son embarcation se trouvait en pleine nuit dans une Méditerranée déchaînée, le roi qui fonda à Vauvert la Chartreuse de Paris s’enquit de l’heure. Et comme un prud’homme lui répondit qu’il était deux heures du matin, il répondit, joyeux : « Nous sommes sauvés ! Les Chartreux se lèvent pour prier. »

G. Guindon

1 Hannah Arendt, La Crise de la Culture, 1961

2 Alain Hervé (1932-2019), journaliste et bourlingueur, fonde le 11 juillet 1970 les Amis de la Terre-France.

3 David Brower, 1912-2002, fonde en 1969 l’ONG Friends of the Earth

4 La planète malade, Debord, 1971, p1063

5 Pape François, Encyclique Laudato si’ sur « la sauvegarde de la maison commune », mai 2015. Rappelons que l’expression désigne depuis la Révolution Française ce qu’on appelait auparavant Maisonde-Ville.  L’article 6 du décret du 20 septembre 1792 stipule que tout nouveau-né doit y être présenté : « L’enfant sera porté à la maison commune ou autres lieux publics servant aux séances de la commune ; il sera présenté à l’officier public. » Baptêmes, mariages et décès étaient auparavant inscrits sur les registres paroissiaux de l’Église catholique.

 

Révolution et contre-révolution

Une grande famille française a pour devise ; « Si omnes, ego non » ; « Si tous, moi pas » ! Si tous choisissent le mal, si tous choisissent la médiocrité, moi, non. C’est admirable. Je crois que, pour la jeunesse, rien n’est plus exaltant, au fond, de pouvoir se dire quelquefois : si tous, moi pas ; si tous y consentent, moi+ non ; si tous capitulent, moi non. (…) La vraie révolution, maintenant c’est de défendre l’ordre ! Nous pouvons nous permettre d’être « révolutionnaires » dans le bon sens, si on peut dire, car le bon sens est devenu le paradoxe, précisément, on n’en veut plus. 

Gustave Thibon – Congrès de Lausanne – L’éducation des hommes

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La contre-révolution doit être le contraire de la Révolution. Non une révolution contraire. C’est dire qu’il lui faut renouer les liens sociaux au lieu de les briser, qu’elle doit exercer une action coordinatrice au sens inverse de l’action désorganisatrice de la Révolution. 

Joseph de Maistre

 

Première station du Chemin de Croix

           « Bien vivre n’est rien d’autre qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit, » et comment aimer Dieu si nous ne le connaissons pas ? Aimer Dieu ! Vaste programme ! Et l’aimerons-nous jamais assez ?

La maman pourra ainsi lire ou simplement s’inspirer de ces pensées pour entretenir un dialogue avec ses enfants ; elle l’adaptera à l’âge de chacun mais y trouvera l’inspiration nécessaire pour rendre la présence de Dieu réelle dans le quotidien matériel et froid qui nous entoure. Elle apprendra ainsi à ses enfants, petit à petit, à méditer ; point n’est besoin pour cela de développer tous les points de ce texte si un seul nourrit l’âme de l’enfant lors de ce moment privilégié.

Ainsi, quand les difficultés surgiront, que les épreuves inévitables surviendront, chacun aura acquis l’habitude de retrouver au fond de son cœur Celui qui ne déçoit jamais !

 

  Après la contemplation du Notre Père et de la Salutation angélique, nous vous proposons celle du Chemin de Croix. En effet, sa méditation, source de nombreuses grâces, est un exercice souvent négligé hors du temps du Carême, elle est pourtant source de nombreuses grâces. Une illustration facilitera le recueillement des plus jeunes.

 

Avant de commencer cette méditation, je veux me mettre en votre présence, ô mon Dieu ! Je crois que vous êtes là, tout près de moi, et que vous voulez parler à mon cœur. Je vous adore, présent dans le tabernacle, et je veux m’unir à tous les Saints Sacrifices de la messe célébrés dans le monde, afin d’en recueillir les fruits, c’est-à-dire les grâces pour arriver un jour au Ciel près de vous.

 

Première station : Jésus est condamné à mort

Composition de lieu

Jésus est devant Pilate, épuisé par une nuit d’agonie, blessé dans son corps et dans son âme par la méchanceté des Juifs qui l’ont emprisonné et interrogé toute la nuit. Le voilà revêtu d’un manteau pourpre, la marque des fous, et coiffé d’une horrible couronne d’épines. « Voici l’homme, » dit le gouverneur !

 

Corps de la méditation

Pauvre Pilate ! Il a bien vu que Jésus est innocent ! Il ne comprend pas la haine des Juifs pour cet homme, et cherche à le sauver à plusieurs reprises. Son épouse elle-même lui fait dire : « Qu’il n’y ait rien entre toi et ce juste, car j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. » Matthieu (XXVII-19). Mais à l’extérieur du prétoire, une clameur monte : elle réclame votre mort, ô mon doux Sauveur ! Et Pilate prend peur : « Si tu le délivres, tu n’es point ami de César ! » Jean (XIX-12)

Pilate, que vous avez voulu toucher par votre grâce, et qui préfère se laver les mains sans écouter la réponse à la question qu’il vous a posée : « Qu’est-ce que la Vérité ? » Pourtant, quelle douceur dans >>> >>> vos paroles et votre regard quand vous lui expliquez que votre royaume n’est pas de ce monde, quelle tendresse vous anime, malgré la  souffrance immense que vous ressentez, en entendant la foule qui vocifère : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » Votre peuple ! Celui-là même qui vous a acclamé dimanche dernier et s’apprêtait à vous couronner !

Comme je veux la connaître, cette vérité que vous êtes venue nous révéler, et qui nous a valu le rachat par la Croix ! Comme vous nous aimez ! C’est cela le secret de votre venue parmi nous, et de votre mort inique : votre amour infini pour la pauvre créature que je suis ! Oui, pour moi, rien que pour moi. Et vous m’avez montré comment vous aimer en retour.  Je sais bien ce que j’aurais fait à votre place ! J’aurais clamé haut et fort mon innocence, rendu insulte pour insulte,  et répondu par un coup de poing, ou des hurlements, à la gifle reçue…

Colloque

O mon Jésus, injustement condamné à cause de mes fautes, laissez-moi vous redire combien je regrette tout le mal que je vous ai fait ! Je veux réparer pour mes lâchetés et mes manquements, pour toutes ces fois où je cherche à me justifier avec plus ou moins de raison. Je vous remercie de vous laisser ainsi condamner, pour m’épargner la condamnation éternelle, qui me priverait de vous pour toujours. Non, votre sang n’aura pas coulé en vain, je vais m’attacher aux pas de Marie sur la route du Calvaire, et avec elle je trouverai la Vérité et la Vie !

Germaine Thionville

 

Ma bibliothèque

ENFANTS :

Dès 3 ans : Le petit théâtre du Père Castor – Flammarion – 2022

– A lire aux enfants dès 6 ans : Le beau chardon d’Aliboron – Flammarion – May d’Alençon – 2022

A partir de 8 ans : Le général Louis-Gaston de Sonis – Une âme de feu  – Cl. de Sonis – Téqui – 2022

– Dès 12/13 ans : Dix mille brasses de courage – Y. Pelerin – Bulle d’or – 2023

 

ADULTES (à partir de 16 ans)

– Histoire : Béchir Gemayel – Qui suis-je ? – Y Baly – Ed. Pardes – 2022

– Spiritualité : L’enfer – Mgr de Ségur  – Editions Sainte Jeanne d’Arc – 2022

Formation :  Communisme et conscience de l’Occident – Mgr F. Sheen – Editions Saint Rémi

– Culture chrétienne : Ecologie et Mondialisme – Amiral Berger, Michel Desclos – A.F.S. Coll. Repères

– Vie quotidienne : Le guide des plantes sauvages (pour découvrir les vertus bienfaisantes des plantes et les utiliser dans la pharmacie familiale) – Dr Carole Minker – Tana éditions – 2023

 

Pour compléter cette liste, vous pouvez vous renseigner sur les cercles de lecture René Bazin :

cercleReneBazin@gmail.com  (à partir de 16 ans – Culture, Formation)

 

La Revue « Plaisir de lire » propose un choix de nouveautés pour toute la famille (distraction, histoire, activités manuelles). Envoi d’un numéro gratuit à feuilleter sur écran, à demander à :

PlaisirdeLire75@gmail.com 

 

Ecolo avant l’heure

Il est amusant de remarquer que nombre de saints et de religieux ont été des écolos avant l’heure. Et comment s’en étonner, quand on se souvient des préceptes du Créateur dans la Genèse qui créa la Terre et l’univers, et tout ce qui les compose, afin que la vie de l’homme soit harmonieuse au paradis terrestre, et qu’il puisse soumettre la Création dans le respect des lois divines. « Croissez et multipliez. »

N’est-ce pas ce que se sont acharnés à faire tous ces moines bénédictins qui ont façonné le paysage français pendant des siècles en défrichant de vastes zones et en les transformant en terres cultivables pour les paysans des environs ? Ils ne se posaient pas la question de savoir s’ils respectaient l’environnement, car ils savaient qu’ils participaient à faire fructifier un bien que le Bon Dieu leur avait donné. Il n’était pas question de décroissance à l’époque, ni de respect de la forêt primaire, car c’était une question de survie alimentaire pour les populations environnantes.

Nous avons également les exemples de tous ces saints ermites qui, dans leur lieu d’ermitage, étaient soutenus au jour le jour par un animal familier : une biche pour saint Gilles, un chien pour saint Roch, ou le chien gris de Don Bosco, qui leur était providentiellement envoyé pour leur procurer le ravitaillement ou les soins et la protection que leur dénuement volontaire ne pouvait leur fournir. Dieu se servait de ces animaux pour soutenir ces saints qui lui avaient tout abandonné. On voit bien ici l’étroite connivence entre les créatures et leur Créateur, ainsi que le soin paternel que le Bon Dieu prodigue aux âmes qui lui sont consacrées. Il leur fournit à la fois des biens spirituels, mais également les moyens naturels de poursuivre leur vie d’adoration. Pourquoi ? Parce que tout lui a été abandonné.

Pas de planification, ni de sommet sur le climat, ni même de météorologie là-dedans. Ces hommes ne prévoyaient rien, mais ils avaient ce qu’il leur fallait, pour peu (!) qu’ils vivent dans l’amour du Bon Dieu. C’est également le cas des communautés qui, encore aujourd’hui, ne vivent que des largesses des donateurs, et ne se nourrissent que grâce à leur générosité.

Que dire encore de la relation qu’un saint François d’Assise avait avec la Nature ! Elle ferait pâlir de jalousie nos Verts modernes. Cette intimité fraternelle avec Dame Nature, Frère Soleil, Frère Loup ou ces oiseaux pour lesquels il prêchait, est vraiment surprenante. C’est un reflet de ce qui pouvait se passer au Paradis terrestre avant le péché originel.

 

 

Alors, « l’écologie chrétienne » a toujours existé, mais avec une dimension bien supérieure aux pauvres vues humaines qui président ce retour à la Nature, actuel. Ses fondements datent des premiers jours de l’Homme, du temps de sa dilection et de l’osmose entre la Création et Adam et Eve au Paradis terrestre. Elle est toujours un corollaire de la relation d’amour qui existe entre Dieu et les hommes, pour peu qu’ils se soumettent à ses commandements, véritable mode d’emploi de la Création, et qu’ils lui abandonnent leurs intérêts matériels.

Ce n’est pas en voulant tout contrôler et se mettre à la place du Créateur que l’homme moderne va retrouver cette innocence et cette juvénilité de la Nature,  ainsi que l’harmonie perdue du Paradis terrestre, qu’il recherche toujours avec tant de nostalgie.