Nos parents dans la vieillesse et la maladie

Nos père et mère sont ceux qui nous ont transmis la vie. C’est d’eux que Dieu s’est servi pour nous donner une âme et une intelligence, et nous leur devons la vie de la grâce par les sacrements, l’instruction de la religion et l’éducation de la vraie vie chrétienne.

L’honneur et les égards que nous témoignons à nos père et mère procèdent de l’amour que nous avons pour eux, c’est-à-dire un sentiment sincère et profond de l’âme. Nous les honorons lorsque nous prions pour eux et que nous mettons tout en œuvre pour qu’ils soient aimés de Dieu.

Aimer nos parents d’un amour de charité

Durant notre enfance, nos parents nous ont appris à les respecter, à leur obéir, exactement selon le modèle de l’amour de tout baptisé pour Dieu le Père. Cela nous est devenu naturel, même si notre pauvre nature humaine se cabre parfois, nous aimons nos parents et leur obéissons. Aimer celui qui nous aime est facile.

Parlons plus précisément de nos parents vieillissants, que nos yeux d’adultes découvrent sous un jour plus réaliste qu’au temps de l’enfance, avec leurs qualités, mais aussi quelques défauts de caractère ou de mauvaises habitudes acquises avec le temps. Qui peut se vanter d’être parfait ? N’ai-je pas, moi-même, un certain poids d’imperfections à tirer quotidiennement ? Mais Dieu commande que l’on aime en toute circonstance. Il y a une différence entre l’amour qui est un acte de la nature, et la charité qui est le fait de la grâce. Or ce n’est pas le simple amour que nous commande la loi évangélique, mais l’amour de charité. Et ce n’est que l’amour de charité qui nous mène vers notre fin dernière ; nous pouvons, si nous le voulons, aimer tous les hommes de cet amour qui provient de la nature, mais nous n’en retirerions aucun avantage pour la vie éternelle.

Pour pratiquer l’amour de charité, il nous faut discerner l’homme de ses défauts, aimer l’homme et détester le péché qui est en lui, un peu comme le médecin aime le malade et hait la maladie. L’amour de charité nous demande d’aimer l’autre comme Dieu l’aime.

Grâce à Dieu, nous gardons cet attachement de l’amour naturel pour nos parents, mais avons à enrichir cet amour en les entourant de toute notre affection, de tous nos soins, sans perdre de vue leur bien supérieur en toute chose, à savoir le bonheur du Ciel.

Nos devoirs d’enfants adultes, vis-à-vis de nos parents âgés, sont à la fois affectifs, matériels et spirituels.

Devoirs affectifs 

Où qu’ils soient, nos parents auront besoin d’être visités, entourés très régulièrement, et cela d’autant plus s’il ne reste qu’un seul parent. Vieillir n’est pas toujours chose simple, ni pour nos parents qui perdent peu à peu leurs forces, ni pour nous qui devons composer entre leurs sautes d’humeur et leur entêtement. Parfois nos parents sont mieux enclins à écouter d’autres que leurs propres enfants. Il nous faut alors avoir recours à un peu d’humour, de gentilles taquineries pour désamorcer les tensions, dédramatiser une situation, sans se moquer ni minimiser leurs inquiétudes.

L’âge et la maladie accentuent souvent les traits de personnalité de manière désagréable. Par exemple, une personne irritable se mettra facilement en colère, tandis qu’une personne impatiente deviendra autoritaire et impossible à satisfaire. Malheureusement, les principales victimes des personnes âgées sont leurs proches.

Essayons alors d’identifier la cause de leur agacement : douleurs chroniques, pertes d’amis, troubles de la mémoire… Tâchons de ne pas prendre la colère personnellement, de voir le côté positif des choses tout en prenant du recul sur l’aspect négatif. Prenons quelques instants pour nous aérer, ou pour nous défouler en faisant quelque chose d’autre. Parfois les parents s’en prennent à l’enfant adulte qui leur témoigne le plus de douceur, car ils se sentent en sécurité pour le faire. Ils ne maltraitent pas leur fils ou leur fille, mais expriment plutôt leur frustration en s’en prenant à eux. Essayons alors de leur expliquer gentiment la peine que cela nous fait, et éloignons-nous de la situation pour faire comprendre que certains comportements ne sont pas  acceptables. Souvent, il est efficace de pratiquer la vertu opposée au défaut : colère/douceur, paresse/courage, tristesse/joie.

Devoirs matériels 

Tant que notre parent peut rester seul chez lui, nous veillerons à ses différents besoins matériels (aspects pratiques du logement et des objets, confort, ménage, courses, soutien financier, administratif, rendez-vous médicaux, transport…). Le mieux est, sans aucun doute, de le laisser le plus longtemps possible dans son cadre habituel, avec ses affaires personnelles et ses repères. Mais viendra bien assez vite le manque d’autonomie.

S’il ne peut plus rester seul chez lui, il faudra l’aider à envisager d’autres solutions qui pourraient lui convenir autant qu’au reste de la famille (accueil chez l’un de ses enfants, maison de retraite, hospitalisation…), en s’organisant pour qu’il y ait des visites familiales régulières et pas trop fatigantes, car se sentir entouré des siens est surtout ce qu’il reste comme joie pour le parent âgé.

Devoir spirituel 

La plus grande des charités est, autant que cela nous est possible, le salut de l’âme de nos parents en leur offrant les meilleures conditions en vue d’atteindre leur salut éternel. L’amour du prochain doit toujours avoir pour motif l’amour de Dieu. La joie, la générosité et la paix sont trois moyens pour préparer les âmes.

La bonne humeur est source de joie profonde. Mais la bonne entente est difficile s’il n’y a pas quelqu’un qui répande ou entretienne un climat de bonne humeur, particulièrement quand surviennent les frictions. Il semble que la joie touche l’âme et la prédispose mieux à se tourner vers Dieu. Commençons donc par sourire, par donner nous-mêmes de notre joie chrétienne pour élever l’âme de nos parents âgés, car la joie est contagieuse ! Dans l’épreuve de la maladie ou de la vieillesse, donnons-leur la joie courageuse de l’acceptation dans l’offrande. « Ce que veut l’homme, ce n’est pas une attention vague ; c’est un amour qui le renouvelle1. »

La générosité dont l’effort essentiel est de sortir de soi pour être aux autres. Il y a un arrachement à faire de tout ce qui, dans notre vie, peut nous replier sur nous-même. Donnons donc cet exemple du don de nous-même, sans compter nos heures, pour redresser ou maintenir cette âme qui, bientôt peut-être, se présentera au Tribunal divin ; conduisons-la au prêtre pour une confession régulière, une extrême onction qui redonne force et courage à l’âme autant qu’au corps (même sans être à l’article de la mort). Disons notre chapelet ensemble, ou faisons de temps à autre une petite lecture simple qui stimulera des élans du cœur. « La générosité chrétienne, appuyée sur la vertu de force et s’épanouissant dans la charité, nous porte, dans les grandes et petites circonstances, à rechercher sans éclat, sans retour sur nous-même, avec ardeur et persévérance, le bien et le bonheur des autres2. »  

« La générosité est l’inspiratrice de la délicatesse, des égards et prévenances. Elle est génératrice de confiance, de joie. Rien de grand, ni de fécond ne se réalise sans elle1. »

La paix que l’on surnomme « porte du Ciel » !

Aidons nos parents à gagner cette paix qui apporte la sérénité aux âmes saintes. Il nous faut tout mettre en œuvre pour que leur âme soit dans les meilleures dispositions possibles au moment de paraître devant Dieu. Que tout soit non seulement en ordre par le sacrement de pénitence et une contrition aussi parfaite que possible (et cela se prépare doucement, sérieusement, avant la venue du prêtre), mais aussi par le pardon. Comment pourrait entrer au ciel une âme qui n’a pas pardonné, qui n’a pas fait la paix avec ses semblables ? Il faut absolument encourager nos parents à pardonner tout grief, toute injustice ou insulte, qu’ils en soient auteurs ou victimes. On pourra proposer une visite ou un appel téléphonique pour encourager à un pardon mutuel sincère et définitif, tout parti s’en sortira bien soulagé ! Disposons-les enfin avec douceur à sacrifier à l’amour de Dieu leurs attaches, leurs défauts de caractère, leur amour propre et toutes leurs passions passées.

Et nous, encore loin du grand âge, quels vieux parents serons-nous pour nos enfants ou notre entourage ?

La vie conjugale a, pour nous, époux catholiques, le grand avantage d’avoir à travailler quotidiennement les vertus chrétiennes. Pour l’amour de Dieu, et l’un pour l’autre, nous combattons pour désherber nos défauts, éradiquer nos germes de vices afin de plaire à Dieu en favorisant l’humilité, la patience, le respect, nous rendant plus agréables l’un à l’autre. Nous essayons, chaque jour, de travailler sur nous-mêmes pour progresser ensemble, avec certes quelques chutes régulières, mais, nous encourageant l’un l’autre, nous nous relevons inlassablement pour avancer encore.

Autre chose qui nous motive aussi, c’est l’exemple que nous donnons à nos enfants. Évitons de râler, de critiquer notre prochain. Tâchons de traiter les autres comme nous aimerions qu’ils nous traitent, faisons preuve de discrétion, d’humilité ou de courage persévérant selon les situations. Prions ensemble, acceptons la volonté de la Providence avec patience et résignation… Le Bon Dieu ne nous demande rien d’impossible, acceptons de voir vieillir nos parents en leur apportant tout ce que nous pouvons jusqu’au bout de leur vie terrestre, et travaillons à être des vieillards les moins pénibles possible pour le bien supérieur de tous.

A notre fin sur terre, du haut du Ciel, nos parents sauront nous encourager dans les difficultés, et nous remercier de toute l’affection et des attentions dont nous les aurons honorés.

Sophie de Lédinghen

 

1 Etienne du Bus de Warnaffe

2 M. Migneaux – Pour faire de nos garçons des hommes de caractère

 

 

L’épluchage des marrons (châtaignes), une corvée ?

 Vous rentrez de forêt, ravie, avec une belle moisson de châtaignes, destinées à de succulents desserts… mais vous savez aussi le travail que représente l’épluchage, et le temps que cela prendra…

Afin de faciliter ce travail :

– Fendez la coque de la châtaigne ;

– Mettez de l’eau à bouillir dans une marmite à l’échelle de la quantité de châtaignes à faire cuire ;

– Placez vos châtaignes dans un sac à congélation et ensuite au congélateur. Le temps passé au congélateur est à calculer avec soin, il s’agit de laisser le sac jusqu’à l’extrême limite qui précède la congélation réelle (c’est-à-dire refroidir très fortement les châtaignes sans les congeler…)

– Pendant ce temps, l’eau est devenue bouillante et vous allez alors retirer les châtaignes du sac et les plonger dans cette eau ;

– Vous pourrez constater alors que la coque, les filaments et le duvet de la châtaigne se détachent naturellement. Le tour est joué !

N’hésitez surtout pas à partager vos astuces en écrivant au journal !

Actualités culturelles

  • Alès (France, Gard)

De février à juin dernier, en vue de la construction de nouvelles habitations, l’Inrap a mené des fouilles préventives sur le versant de la colline de l’Ermitage dominant Alès. Ces recherches n’ont pas été vaines puisqu’elles ont permis de déceler une occupation dense et continue du site entre le IIe et le VIe siècle. Mais la découverte la plus importante est celle d’une mosaïque polychrome de 4,50 m sur 3,80 m, remarquablement bien conservée. On y discerne encore nettement des traces de peinture, ce qui est exceptionnel : alternant les tesselles blanches, noires, jaunes et rouges, cette œuvre semble orner la salle d’apparat d’un bâtiment de 750 m: vaste « domus » d’une riche famille romaine ou bâtiment public ou religieux,  la question reste entière pour le moment ! Quoi qu’il en soit, la présence d’une couleur rouge très particulière – probablement le luxueux rouge cinabre ou pompéien – semblerait dater la mosaïque du Ier siècle avant Jésus-Christ. En 2008, le même site avait révélé la présence de la plus grande mosaïque de France datant de Jules César ; un nouvel espace d’exposition sera donc prochainement aménagé à Alès pour accueillir ces œuvres inestimables.

 

  • Alexandrie (Egypte)

En 1995, des chercheurs du Centre National de Recherches Scientifiques (CNRS) découvraient les restes sous-marins du monumental Phare d’Alexandrie. Construit sur la pointe de l’île de Pharos (nom d’où est issu le mot « phare »), le Phare d’Alexandrie, construit dès 297 avant Jésus-Christ. sur les ordres de Ptolémée Ier, fait partie des sept merveilles du monde (il sera achevé une quinzaine d’années plus tard). Sa hauteur est estimée à plus de 130 mètres et il constitue le premier exemple de grand phare monumental. Trente ans plus tard, en juillet 2025, 22 des plus gros blocs ont été sortis de l’eau en vue de réaliser une reconstitution 3D du monument ; parmi ces morceaux, on trouve les linteaux et les jambages de la gigantesque porte (70-80 tonnes chacun), ainsi qu’un pilier de style égyptien et une porte de technique grecque. Cette initiative prend place dans le projet Pharos mis en place par le CNRS sous l’autorité du ministère du tourisme et des antiquités égyptiennes ; les blocs seront analysés et scannés par une équipe d’ingénieurs bénévoles de la Fondation Dassault Systèmes. Depuis dix ans, plus de cent fragments architecturaux avaient déjà été numérisés sous l’eau. Les données historiques et techniques seront étudiées en parallèle afin d’obtenir une connaissance la plus complète possible du phare, de son apparence et de sa fonction depuis le IVe siècle jusqu’à son déclin au XIVe siècle (un tremblement de terre particulièrement violent l’a rendu inutilisable en 1303 ou 1323, ce qui explique son démantèlement au XVe siècle).

  • Carnac (France, Morbihan)

Le 12 juillet dernier, les mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan ont été inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, pour la première fois en Bretagne. Cet événement est l’aboutissement de plusieurs années de préparation, notamment avec la création de l’association « Paysages de mégalithes de Carnac et du Sud Morbihan ». L’inscription concerne plus de 550 sites (pour un total d’environ 3 000 monolithes) répartis sur 27 communes du département, dont 179 sur la seule commune de Carnac ! Il s’agit donc du plus grand ensemble mégalithique du monde, devenu un véritable symbole du Morbihan qui >>> >>> y voit défiler de nombreux visiteurs. Les recherches des archéologues permettent de dater ces mégalithes de 4800 à 3500 avant J.-C., c’est-à-dire de la période néolithique (âge de la pierre polie).

 

  • Peñico (Pérou)

Après huit ans de fouilles et de restaurations, la cité de Peñico, à 182 kilomètres au nord de Lima, a enfin été ouverte au public. Les recherches ont permis de mettre au jour les vestiges de 18 structures, parmi lesquelles des temples cérémoniels, des complexes résidentiels, mais aussi une place centrale circulaire. Au sein d’un vaste bâtiment, on trouve une importante salle cérémoniale ornée de bas-reliefs sculptés dont les plus frappants sont les représentations des « pututus » ; sorte de trompe en coquillage, le pututu – ou pututo – était utilisé pour communiquer sur de longues distances, permettant d’annoncer les réunions ou événements importants de la cité. D’après les spécialistes, Peñico aurait été construite entre 1800 et 1500 avant Jésus-Christ, c’est-à-dire dans la continuité de la civilisation Caral (3000 – 1800 av. Jésus-Christ), disparue en raison d’un violent changement climatique. L’étude de la cité de Peñico va donc permettre une meilleure compréhension de la transition entre la plus ancienne civilisation des Amériques (Caral) et les civilisations andines postérieures.  Important carrefour commercial entre la côte pacifique (ressources marines), la cordillère des Andes (minéraux) et la région amazonienne (produits forestiers), la cité de Peñico jouait un rôle stratégique majeur.

 

Honneur et fidélité

La famille passe à table chez les grands-parents. La conversation s’alimente avec des taquineries de plus en plus acides sur les occupations des uns ou les tics des autres, les tempéraments des convives, l’influence de la belle famille ou des amis… Paul aime bien prendre des positions provocatrices – c’est, soi-disant, pour montrer son indépendance d’esprit – à moins que Marine, son épouse, n’arrive à faire diversion en parlant de la pluie et du beau temps…

Ressortirez-vous heureux d’un tel repas manquant non seulement à l’harmonie et à la paix familiale, mais aussi au respect dû aux parents présents ?

Il est vrai que les dissensions ne sont souvent que le fruit de l’inadvertance, mais à force d’en répéter les actes, on en prend la mauvaise habitude, qui conduit au vice et on perd celle de la vertu.

Honorer son père et sa mère, vaste programme !

Le dictionnaire donne plusieurs sens au verbe « honorer ». Tous sont applicables pour nos parents.

Marquer son respect et célébrer : c’est parler en bien des parents, les respecter visiblement et vivre en paix avec eux autant qu’il est en notre pouvoir. Nous préférons mettre en valeur les qualités des parents plutôt que leurs inévitables défauts.

Tenir en estime : il s’agit de les écouter, les faire parler sur leur histoire et celle de la famille, s’adapter à leurs centres d’intérêts, tant que la Foi et la morale sont respectées.

Accorder de l’attention : donnons des égards de politesse, soignons notre vocabulaire et rendons service. 

S’acquitter d’une dette : nous devons aux parents le don de la vie et la satisfaction des besoins matériels dans notre jeunesse, sans oublier souvent une bonne éducation spirituelle et morale. Que donnerons-nous en échange de ces bienfaits ? Prenons donc soin de nos parents.

Saint Paul nous avertit1 : « Si quelqu’un n’a pas soin des siens, surtout de ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu’un infidèle. » Le sujet est donc grave !

Le père de famille donne le ton

Le père de famille commencera par honorer son épouse, la mère de ses enfants, devant ses enfants et en public. Lorsqu’un père et une mère se critiquent ou se disputent devant les enfants, comment peuvent-ils ensuite prêcher l’honneur de celui dont ils viennent de montrer des défauts, réels ou supposés ? Comment seront-ils eux-mêmes respectés ?

L’autorité de la mère, s’usant naturellement lorsqu’elle est fatiguée ou lorsque les enfants arrivent à l’adolescence, a besoin du soutien du père pour être respectée. Concrètement, le père de famille devra surveiller et si besoin reprendre la manière dont les enfants parlent à leur mère, s’assurer de leur obéissance et même, dès l’âge de raison, leur apprendre à rendre service spontanément : lorsque maman est à la cuisine, on ne la laisse pas seule !

L’exemple du père de famille devra aller au-delà de ces deux points élémentaires. Le père favorisera la paix dans la famille et autour d’elle, montrera des vertus de force, de prudence et de piété de manière à être lui-même respectable.

Le père exercera en outre une influence très bénéfique s’il s’intéresse à transmettre l’histoire de la famille, les racines du pays et de sa région, les traditions familiales ou locales, et bien sûr la foi et la culture chrétienne : honorer ses père et mère, c’est aussi honorer ses ancêtres et tous ceux dont nous sommes les héritiers par le sang, par la foi ou par adoption.

Que faire si les relations avec les parents sont compliquées ?

En cas de désaccord visible et important sur la Foi ou la morale, la priorité sera la protection des enfants et de leur éducation, et celle de notre propre ménage. Il faudra expliquer calmement aux grands-parents que ces sujets de Foi ou de morale sont essentiels pour nous et que nous souhaitons la cohérence dans l’éducation de nos enfants. Si les grands-parents jouent le jeu, la situation sera plus facile que dans le cas contraire où il faudra prendre quelques distances.

S’il s’agit de désaccords de tempérament ou d’habitudes de vie, des gâteries excessives envers les enfants par exemple, une communication paisible et positive sera importante. En reconnaissant l’intention positive des parents mais en rappelant nos souhaits d’éducation, nous chercherons à trouver un compromis acceptable pour les moments où nous côtoierons les grands-parents. 

Dans tous les cas, la règle d’or est que chacun des conjoints règle ces sujets en direct et en privé avec sa propre famille. Se mêler de sujets sensibles avec sa belle-famille est le meilleur moyen de compliquer les situations !

Quelles que soient nos relations et même dans les situations compliquées, il est toujours possible d’honorer ses parents de multiples manières :

1 : Pardonner leurs erreurs du fond du cœur. Même si les parents sont morts, pardonner réduira la peine de Purgatoire qu’ils auront à souffrir.

2 : Remarquer et apprécier ce qu’ils ont fait de bien.

3 : Garder le contact : donner des nouvelles de notre famille, envoyer quelques photos même si nous n’avons pas de retour, écrire ou téléphoner, les écouter ou poser des questions, nous manifester pour un anniversaire ou une fête…

4 : Accomplir des actes de bonté, sans chercher de retour : ménage, bricolage ou petites courses, assistance dans leurs besoins. Si la santé physique ou psychologique des parents décline, s’ils sont en grande difficulté financière, nous ne pourrons pas toujours assurer le soutien nous-mêmes, mais au moins, nous pouvons trouver des aides, solliciter l’assistante sociale ou la commune, la conférence Saint-Vincent de Paul…

5 : Prier pour eux, vivants ou morts. Ce n’est jamais du temps perdu !

6 : Se soucier de leur santé spirituelle avec délicatesse : parler de la Foi, de la prière à la Sainte Vierge, de la vie éternelle, des sacrements lorsque l’occasion se présente. A l’approche de la mort, la dévotion au scapulaire vert peut aider dans les cas difficiles.

7 : Apprendre aux enfants à honorer leurs grands-parents : leur faire envoyer des dessins ou des lettres, témoigner leur affection et leur politesse lorsqu’ils les voient….

Saint Thomas d’Aquin nous enseigne que « la prudence veut que nous ayons pour règle ordinaire de diriger nos bienfaits non vers les hommes qui sont plus vertueux, mais vers nos proches ». Nos amis tiennent la première place, mais après nos parents !

Hervé Lepère

1 Timothée 5,8

 

Le quatrième commandement de Dieu

 « Honore ton père et ta mère afin que tu vives longuement1 » arrive à la quatrième place dans l’énumération des commandements de Dieu. Il est utile de s’arrêter sur cette place que Dieu lui a faite. Nous découvrons qu’il s’agit en réalité d’un emplacement « charnière » entre la première et la seconde Table (I). Le quatrième commandement ainsi placé nous apparaît alors comme la première application ou conséquence que l’on doit tirer de la première (II) et le principe qui ouvre à la mise en pratique des commandements de la seconde (III).

I) Le quatrième commandement, charnière entre les deux Tables

« Or, le Seigneur ayant achevé les discours de cette sorte sur la montagne du Sinaï, donna à Moïse les deux tables de pierre du témoignage, écrites du doigt de Dieu2.» La Bible nous révèle donc que les commandements figuraient sur deux Tables. Sur la première, étaient écrits les trois premiers commandements qui règlent les rapports des hommes avec Dieu. Sur la seconde, se trouvaient gravés les sept autres qui expriment les rapports des hommes entre eux.

  • Les trois premiers nous disent ce que les hommes doivent à Dieu :

– la fidélité : « Tu n’auras pas de dieux étrangers devant moi. »

– le respect : « Tu ne prononceras pas en vain le nom du Seigneur. »

– le service : « Souviens-toi de sanctifier le jour du sabbat.»

  • Les sept autres nous apprennent ce que les hommes se doivent les uns aux autres :

– les enfants doivent honorer leurs parents et par suite, les inférieurs, leurs supérieurs (cinquième commandement),

– on ne doit nuire au prochain par action ni dans sa propre personne (5e commandement), ni dans la personne qui lui est unie par le mariage (6e), ni dans sa propriété (7e), ni par de faux témoignages et des mensonges (8e).

– On ne doit pas nuire au prochain même par désir :

  – ni dans la personne qui lui est unie par le mariage (9e commandement),

  – ni dans ses biens (10e commandement).

On voit donc que le commandement qui enjoint d’honorer ses parents est le tout premier de la seconde Table et il y a lieu de s’interroger maintenant sur cette place que Dieu lui a faite.

II) Le principe d’autorité, clef de voûte de toute société

Le doigt de Dieu grave d’abord dans la pierre les trois premiers commandements, ceux qui définissent les devoirs des hommes à son égard. Il est évident, en effet, que la première préoccupation des êtres raisonnables doit être de rendre à leur Créateur et à leur Rédempteur ce qu’ils lui doivent, du moins autant que c’est possible. Et il n’est pas moins évident que rien ne peut se passer convenablement dans les sociétés terrestres si le culte qui est dû à Dieu se trouve négligé, comme l’avaient parfaitement compris les Anciens. Plutarque affirme, par exemple, qu’ « il est plus facile de bâtir une ville dans les airs que de constituer une société sans la croyance aux dieux3 ».

Cependant, Dieu a voulu être représenté sur la terre par des chefs. Il dirige les sociétés par des hommes à qui Il délègue son autorité et qui exercent le pouvoir en Son nom. Cette origine divine de l’autorité se prouve tant par la Sainte Ecriture que par la raison.

Dans la Sainte Ecriture, nous lisons au Livre des Proverbes : « C’est par Moi que règnent les rois (…) et qui gouvernent les chefs et les grands4.»  Et nous connaissons la magnifique réponse de Notre-Seigneur Jésus-Christ à Pilate : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il ne t’avait pas été donné d’en-haut5

Quant à la raison, elle nous dit que le commandement suppose une supériorité qui ne peut venir ni du chef qui commande, ni de la société qui l’a choisi comme chef, car ni l’homme, ni la société n’ont le pouvoir de prescrire des actes sous peine de péché. Pour qu’un supérieur ait droit à l’obéissance, il faut qu’il ait reçu une délégation de Dieu, il faut qu’il représente Dieu auprès de ses inférieurs6.

Étant ainsi établi que Dieu gouverne sur la terre par l’intermédiaire d’hommes, il est alors requis que le principe d’obéissance aux autorités ainsi constituées par Dieu soit manifesté en tout premier lieu comme la condition sine qua non de l’ordre qui existera dans les sociétés terrestres.

III) Les représentants de Dieu 

La grandeur des autorités qui se trouvent à la tête des sociétés terrestres est donc d’être investie d’un pouvoir divin. Ce pouvoir que Dieu délègue aux hommes aura pour mission de faire respecter parmi eux la loi divine. En aucune manière, Dieu ne livre les inférieurs, les subordonnés, les enfants à l’arbitraire d’une autorité despotique.

Voilà pourquoi, après le quatrième commandement, se succèdent les six derniers commandements qui précisent les devoirs des hommes les uns à l’égard des autres. Il appartiendra aux parents et, indirectement à toutes les autorités constituées, dans le domaine qui leur est confié, de veiller à ce que les rapports ainsi définis par Dieu soient respectés. Pareillement, il leur appartiendra aussi que les commandements de la première Table soient en tout premier lieu mis à l’honneur et mis en pratique.

Comme on le voit, le quatrième commandement joue un rôle charnière entre les deux Tables tant parce qu’il légitime auprès des hommes les parents et les supérieurs comme représentants de Dieu que parce qu’il les fait responsables du respect des commandements divins dans les sociétés dont ils ont la charge.

Dieu a voulu appuyer le quatrième commandement par une double sanction. D’un côté, il a adressé des menaces à ceux qui le transgressent : « Maudit soit celui qui traite avec mépris son père et sa mère7.». De l’autre, il a fait les plus belles promesses à ceux qui y sont fidèles : « Honore ton père et ta mère afin que tes jours soient longs8.» Il nous faut savoir le dire, l’expliquer, le rappeler.

Avec ma bénédiction.

Dans le Cœur Douloureux et Immaculé de Marie,

R.P. Joseph

1 Dt 5, 16.

2 Ex 31,18.

3 Plutarque, Contra Colotès

4 Prov. 8, 15-16.

5 Jn, 19-11.

6 Boulenger, La Doctrine Catholique, Vitte, 1923, p. 327.

7 Deut. 27, 16.

8 Ex. 20,12.