Marie, modèle parfait des époux

           Lorsque les saints nous voient pratiquer les vertus qu’ils ont pratiquées eux-mêmes, ils sont portés davantage à prier pour nous. Si donc nous voulons nous assurer de leur part une protection plus sûre et plus abondante, efforçons-nous d’imiter leurs vertus.

 

           Celui qui aime, s’il n’est pas semblable à la personne aimée, cherche à le devenir. « Ô vous donc, nous dit saint Jérôme, qui aimez et honorez Marie, sachez-le bien, c’est en vous efforçant de l’imiter que vous l’aimerez vraiment, et le plus bel hommage que vous puissiez lui offrir, c’est l’imitation de ses vertus. » Marie est la reine des saints ; elle veut que notre âme s’applique à l’imiter. Autrement elle ne pourrait, comme elle le voudrait, enrichir des grâces du ciel une âme dont la conduite est opposée à la sienne : « Mes enfants, nous dit-elle, écoutez-moi : bienheureux ceux qui marchent sur mes pas » (Prov., VIII, 32)

En l’appelant « pleine de grâce » les évangélistes nous font assez entendre qu’elle eut toutes les vertus, et toutes à un degré héroïque. La bienheureuse Vierge Marie a excellé dans toutes les vertus à la fois, et elle s’offre à nous comme le parfait modèle de toutes les vertus. Essayons d’en observer quelques-unes, et de voir comment nous pouvons les mettre en application dans notre vie d’époux.

 

Humilité de Marie

  « L’humilité est le fondement et la gardienne des vertus » (Saint Bernard), sans humilité, en effet, aucune autre vertu ne peut exister, et combien fut grande l’humilité de Marie, première et plus excellente imitatrice de son divin Fils. « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » nous dit-Il. C’est par cette vertu qu’elle mérita d’être exaltée au-dessus de toutes les créatures.

Le premier acte de l’humilité de cœur, c’est d’avoir une basse opinion de soi-même. Marie ne se préféra jamais à personne. Non pas qu’elle se crût une pécheresse, car l’humilité est vérité et Marie savait bien qu’elle n’avait jamais offensé Dieu. Un cœur humble sait reconnaître les faveurs de Dieu afin de s’en humilier davantage. Plus elle se voyait comblée de grâces, plus elle s’humiliait, se rappelant que tout en elle était de Dieu. C’est encore un acte d’humilité de repousser les compliments, les louanges et de les rapporter à Dieu qui a eu la bonté de se servir de nous comme instrument de sa volonté. C’est aussi le propre des humbles d’aimer servir les autres, comme le fit Marie en s’empressant d’aller aider sa cousine Elisabeth pendant trois mois. Les personnes humbles prennent également soin de se tenir à l’écart, comme l’a fait Marie au Cénacle en se tenant en retrait des apôtres. Enfin, l’humilité fait aimer le mépris, et Marie n’a pas craint de paraître sur le Calvaire, devant tous, pour partager le déshonneur de son Fils ; elle n’avait d’autre pensée que de plaire seulement à son Fils !

« Viens, ma fille, dit un jour la Sainte Vierge Marie à sainte Brigitte, et cache-toi sous mon manteau ; ce manteau, c’est mon humilité […] Un manteau ne réchauffe pas si on ne le porte pas ; ainsi, pour tirer avantage de mon humilité, il faut qu’on la porte, non seulement dans ses pensées, mais encore dans ses œuvres. Par conséquent, ma fille, revêts-toi de mon humilité. »

 

Charité de Marie envers le prochain

  « Que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère. » Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais personne qui surpasse Marie en amour pour Dieu ; de même il n’y aura jamais personne qui la surpasse en charité envers le prochain. Le Christ qui est la charité même, a rempli sa sainte Mère d’une immense charité envers tous ceux qui recourent à elle. Pendant sa vie sur la terre, elle était si débordante de charité qu’elle secourait les nécessiteux sans en être sollicitée. C’est ce qu’elle fit aux noces de Cana, et en se rendant en toute hâte chez sa cousine Elisabeth, mais la preuve la plus grande qu’elle nous a donnée de sa charité, ce fut d’offrir son Fils à la mort pour notre salut.

  Sommes-nous capables, nous-mêmes, de tant aimer Dieu que nous pourrions nous donner sans compter à notre prochain, qu’il soit pauvre, malade, connu ou inconnu, proche ou lointain, au détriment de notre petit emploi du temps bien réglé ? Irions-nous jusqu’à offrir à Dieu, de tout notre cœur, un de nos enfants, notre époux s’Il nous demandait le sacrifice de leur vie ? Ou même s’Il voulait en prendre un à son service dans les ordres ou au couvent ? Il est certain que la charité dont nous aurons usé envers Dieu et le prochain sera la mesure dont Notre Seigneur et Notre Dame useront envers nous.

 

Chasteté de Marie

  Depuis que les sens, par suite du péché d’Adam, sont en état de révolte contre la raison, la chasteté est pour les hommes la vertu la plus difficile. Dieu nous a donné en Marie le plus parfait modèle de chasteté. La première qui, sans le conseil et l’exemple de personne, a offert sa virginité au Seigneur. « Comme le lys entre les épines, ainsi est celle que j’aime entre les filles de Sion. » « La beauté de Marie animait tous ceux qui la contemplaient à l’amour et à la pratique de la vertu » dit saint Thomas. Et saint Jérôme pense que si saint Joseph demeura vierge, il le dut à la compagnie de Marie. Si l’on ne prend Marie pour modèle et protectrice, rares sont les victoires sur ce vice, car on ne prend pas les moyens de triompher (le jeûne, la fuite des occasions, la prière). La bienheureuse Vierge révéla elle-même à sainte Elisabeth de Hongrie qu’elle n’eut aucune vertu sans beaucoup de travail et sans une oraison continuelle. Marie qui est toute pure aime la pureté, aussi ne peut-elle souffrir les impudiques. Réfugions-nous dans la pensée de Notre-Dame en choisissant notre « garde-robe », si je pense être correcte pour moi-même, le suis-je également pour les autres lorsque je marche, me penche ou m’assois ?

 

Patience de Marie

  On appelle cette terre « vallée de larmes » parce qu’elle est un lieu de mérite. Nous y sommes placés pour souffrir, afin de mériter, par la patience, le bonheur du Ciel. Marie est le modèle de toutes les vertus, mais particulièrement de celle de la patience. Sa vie ne fut qu’un constant exercice de patience. La compassion qu’elle éprouva des souffrances du Sauveur, dès l’instant où elle devint sa mère, suffit de faire de Marie une martyre de patience : « la Mère crucifiée du divin Crucifié ». Sa présence sur le Calvaire nous fait assez comprendre combien grande et sublime fut la patience de la Sainte Vierge. C’est par les mérites de sa patience qu’elle devint notre mère, en nous enfantant à la vie de la grâce. Efforçons-nous donc à imiter la patience de Marie, c’est elle qui fait les saints en nous faisant supporter en paix les croix qui nous viennent directement de Dieu, comme la maladie, la pauvreté, et celles qui nous viennent des hommes : les injures, les persécutions… Quel trésor nous vaudra dans le ciel toute peine supportée pour Dieu !

 

  On pourrait encore parler infiniment de bien d’autres vertus de Marie : sa Foi, sa pauvreté, son obéissance, son espérance… Disons avec saint Ambroise que « la vie de Marie fut si parfaite, qu’elle renferme à elle seule la règle de toutes les vies. Que la vie de Marie soit donc devant nos yeux comme un tableau où resplendit la perfection de la vertu. Elle nous offre l’exemple à suivre en toute notre conduite. Nous y apprendrons ce que nous devons corriger, ce que nous devons faire, ce à quoi il faut nous attacher1.    

                    Sophie de Lédinghen

 

1 « Les gloires de Marie » de saint Alphonse de Liguori.

 

Notre-Dame de tous les jours

Notre Dame, l’Evangile ne relate aucune action d’éclat au cours de votre vie. Vous avez mené la vie des simples femmes de votre époque, sans que rien ne trahisse votre si belle mission : porter, élever et souffrir avec l’Enfant Dieu.

Dès la lumière du matin et jusqu’à la paix du soir, vos journées étaient semblables aux nôtres, avec le soin d’un foyer et ses humbles tâches quotidiennes, aussi êtes-vous

Notre Dame de tous les jours.

 

Dans le devoir d’état, avec sa lassitude qui parfois nous décourage, ou les petites joies que nous semons autour de nous,

Pour nos efforts que personne ne remarque et qui, sans cesse, sont à reprendre, ou la parole blessante un peu moqueuse,

Pour notre nature faible et rebelle, pour nos misères morales, la déception que parfois nous avons de nous-même, l’amour propre qui nous ne quitte pas et va se glisser subtilement partout,

Pour nos péchés et nos lâchetés, et pour savoir demander pardon,

Notre Dame de tous les jours, priez pour nous.

 

Pour les jours, mois et années qui passent si vite, pour tous les âges de la vie,

Pour la décision, petite ou grande, à bien prendre pour faire la volonté du Père, pour l’acte de charité à accomplir avec délicatesse et discrétion,

Pour s’oublier lorsque le cœur est lourd et s’unir, malgré notre faiblesse, à la croix, de toutes nos pauvres forces,

Pour ce qui doit nous guider sans cesse sur le chemin du Royaume, le cœur tourné vers le Seigneur comme une boussole,

Notre Dame de tous les jours, priez pour nous.

 

Dans les grandes peines qui fondent sur nous sans prévenir, quand tout s’écroule autour de nous, que nous pleurons devant le berceau vide ou que les espoirs de maternité sont déçus,

Pour cet enfant qui fait fausse route ou ces amis qui nous abandonnent ou nous trahissent, pour l’incompréhension de nos intentions,

Lorsqu’il faut quitter à regret ceux que nous aimons car l’heure du départ a sonné ou que nos rêves les plus généreux ne se réalisent pas,

Notre Dame de tous les jours, priez pour nous.

 

Pour la beauté de la Création, qui nous émeut et nous transporte le cœur, pour les petites joies quotidiennes ou les grandes grâces, toutes données par la main divine,

Pour rester fidèle à chaque instant et digne dans notre foi, solide dans les difficultés, confiante en vivant pleinement l’instant présent,

Pour ne pas s’inquiéter du lendemain et être heureuse de ce qui nous est retranché puisque Dieu le veut ainsi,

Pour vos statues dans les églises, ou dans un simple oratoire, au détour d’un chemin,

Pour vos vocables si divers mais qui veulent dire toujours « Mère »

Pour arriver à bon port après vous avoir tenu la main comme celle d’une maman,

Notre Dame de tous les jours, priez pour nous.

                  Jeanne de Thuringe

 

Mousse au mascarpone – Gâteau aux glands ou « noisettes du pauvre »

 

La crème au beurre vous paraît un peu écœurante pour garnir votre moka ? Vous recherchez un dessert rapide à faire ? Voici la solution !

 Ingrédients pour 6 coupes :

– 250 g de mascarpone

– 25 cl de crème liquide entière

– 100 g de sucre en poudre

– 2 cuillères à café d’extrait de café

 

Préparation :

– Monter la crème en chantilly ferme en incorporant le sucre dès que la crème commence à prendre.

– Incorporer le mascarpone et l’extrait de café en mélangeant au fouet. Réserver au frais.

– N’hésitez pas à remplacer le café par des framboises fraîches ou décongelées et vous aurez un dessert léger et original !

– Vous pouvez aussi garnir de belles meringues Pavlova (Cf. FA n°3) pour vos repas de Noël ; c’est un dessert toujours apprécié !

 

Gâteau aux glands ou « noisettes du pauvre »

Cette recette nous a été offerte par les sœurs clarisses de Morgon. N’oubliez pas que nos clarisses prient volontiers pour nous aider à obtenir des grâces ; elles peuvent procurer les graines de Sainte Colette, le scapulaire de Saint Joseph et ne vivent que de dons.

Ingrédients pour 6 personnes :

– 140 g de sucre

– 140 g de beurre ou 150 ml d’huile

– 150 g de glands en poudre ou de noix hachées

– 70 g de farine

– 3 blancs battus en neige (on pourra utiliser les jaunes pour faire une crème d’accompagnement)

 

Préchauffez le four à 180°C (ou à 160°C pour un four à chaleur tournante)

– Battre vigoureusement le sucre et le beurre fondu

– Mélanger les glands en poudre et la farine et ajouter ce mélange au premier

– Incorporer délicatement les blancs au mélange obtenu

– Mettre dans un moule beurré et fariné et enfourner 35 minutes

On peut accompagner d’une crème et/ou un glaçage au chocolat

Surtout ne pas oublier la bonne dose d’amour du Bon Dieu !

 

Pour la préparation des glands :

– Faites bouillir une première fois les glands dans l’eau. Jetez tous ceux qui remontent à la surface car ils sont sans doute véreux. Ecossez les glands sains qui n’ont pas été piqués par les insectes.

– Coupez-les en gros morceaux et faites-les bouillir pendant 15 minutes. Changez l’eau et recommencez l’opération jusqu’à ce que l’eau soit claire afin de bien éliminer le tanin.

– Faire sécher les morceaux à four doux quelques minutes puis moudre jusqu’à l’obtention de la farine.

 

Finies les multiprises rétives !

PLUS RAPIDE, PLUS EFFICACE …

 

Les 1001 astuces qui facilitent la vie quotidienne !

Une rubrique qui tente de vous aider dans vos aléas domestiques.

           Les prises, multiprises, les rallonges ou prolongateurs électriques sont faits pour nous faciliter la vie ! Néanmoins, leur sécurisation de plus en plus poussée (pour les enfants notamment) les rend parfois difficiles d’utilisation. Qui ne s’est jamais acharné à brancher une prise sur une rallonge sans y parvenir (avec un énervement grandissant…) alors que la solution est archi-simple : la douceur et le calme !

  Eh oui, il ne faut surtout pas forcer, il s’agit simplement d’enfoncer tout doucement la prise en effectuant de petits mouvements de rotation jusqu’au fameux « clac » qui aura fait céder la résistance de sécurisation. Vous allez être bien surpris de la facilité avec laquelle vous effectuerez désormais vos branchements. Je parie sur un large sourire de satisfaction !

 

Je le redis : que les championnes de l’organisation n’hésitent pas à partager leurs trésors d’organisation en écrivant au journal. Partageons nos talents …

 

Les femmes

           Il est très courant d’entendre des réflexions étonnantes qui laissent penser que la femme n’a été reconnue qu’après la révolution, que l’Eglise catholique les a rabaissées ou brimées…

C’est mal connaître l’histoire ! Voici comment répond le philosophe et historien W. J. Slattery, dans son dernier livre1 :

 

  « Une pratique subtile mais efficace de l’Eglise, dans ses efforts pour atténuer le « machisme » des hommes, fut l’habitude qu’elle prit, dès les premiers temps, d’élever des femmes autant que des hommes au plus haut rang de sa hiérarchie : les saints canonisés. En effet, des figures féminines comme Marie-Madeleine, Agnès, Cécile, Anastasie, Agathe et Lucie, étaient souvent plus vénérées que beaucoup de saints masculins. Comme le remarqua l’auteur américain Flannery O’Connor : « L’Eglise canonisait les femmes aussi rapidement que les hommes et je suppose qu’elle a fait plus pour libérer les femmes qu’aucune autre force dans l’Histoire. »

 

  Dans l’Empire romain, les femmes de la haute société reconnurent l’impulsion révolutionnaire donnée par le christianisme pour la dignité des femmes, et cela renforça la décision de beaucoup d’entre elles de se convertir à la nouvelle religion, malgré l’ostracisme social que cela impliquait. Certaines d’entre elles eurent très tôt une influence notable dans l’Eglise, se transformant même en directeurs spirituels de quelques-uns des hommes les plus importants de la Chrétienté des premiers siècles. L’Eglise catholique donna également aux femmes une nouvelle liberté dans la recherche de l’accomplissement de soi hors du mariage, quand elle proclama que la consécration virginale était supérieure en dignité à la maternité physique. De cette façon, les femmes acquirent une autonomie qu’aucune autre culture ne connaissait, car elles pouvaient former et gouverner elles-mêmes leurs propres communautés, et jouer un rôle majeur dans le développement de la culture occidentale.

 

  Combien de millions de vies dans le monde ont été transformées par ces religieuses ! Combien d’hôpitaux, d’orphelinats, d’écoles, d’universités, de centres d’accueil des pauvres, des malades et des mourants sont nés des cœurs héroïques de femmes telles que Scholastique, Claire d’Assise, Angèle Mérici, Louise de Marillac, Catherine Macaulay […] ! Et, à la fin de l’histoire, nous saurons quelle puissance surnaturelle a été libérée grâce aux prières et aux pénitences de tant d’héroïnes cloîtrées.

 

  Vers le XIIème siècle, il fut évident qu’au foyer, dans la loi et dans la politique, malgré les faiblesses de la nature humaine blessée, des progrès colossaux avaient été faits. A la maison, les femmes dirigeaient aux côtés de leur mari, à la fois leur famille et leur propriété, et conservaient ce qui leur avait appartenu avant le mariage. Elles étaient également libres de faire un métier, et pratiquaient régulièrement la médecine, s’engageaient dans le commerce et s’impliquèrent dans la politique. D’après l’étude commandée par le roi Louis IX au XIIIème siècle, nous savons que les femmes exerçaient les métiers de professeur, de docteur, de pharmacien, de plâtrier, de teinturier, de copiste, de marchand de sel, de coiffeur, de meunier… et de croisé !

 

  Beaucoup étaient tout aussi cultivées que les hommes, grâce à l’Eglise et à ses abbayes. Quelques unes firent partie des étoiles intellectuelles de l’Europe médiévale : la chanoinesse Hrotsvita, dont l’œuvre écrite influença le développement de la langue et du théâtre allemands ; l’abbesse Herrade de Landsberg, qui rédigea l’encyclopédie Hortus Deliciarum au XIIème siècle ; la compositrice et érudite Hildegarde de Bingen.

  Politiquement entre les XIème et XIIIème siècles, des femmes, telles que Blanche de Castille, ont même gouverné des royaumes en tant que régentes. D’autres, comme Héloïse, abbesse du monastère du Paraclet en France, ont gouverné des régions étendues, comprenant villages et paroisses. Il y eut même des domaines monastiques où les hommes et les femmes vivaient dans des monastères séparés dont chacun était dirigé par une femme ; c’était le cas de l’abbaye de Fontevrault. Durant l’ère médiévale, les plus puissants des hommes eux-mêmes pouvaient désirer être guidés par une femme, se fondant sur l’éthos catholique selon lequel les hommes, tout comme les femmes, pouvaient être les instruments de Dieu dans l’histoire. Quand le pape Grégoire XI décida de transférer le gouvernement de l’Eglise de la cité bien protégée d’Avignon vers la sordide et dangereuse ville de Rome, en 1376, ce fut entièrement du fait des exhortations extrêmement directes de Catherine de Sienne, alors âgée de vingt-neuf ans. Et n’oublions pas comment tous les chefs militaires de France s’engagèrent dans la bataille derrière un commandant en chef féminin de dix-sept ans, Jeanne d’Arc. Il était même très fréquent, dans la France médiévale, et ailleurs, que les femmes votent lors des élections : on a gardé la trace d’une femme, Gaillardine de Fréchou qui, lors d’un vote dans sa région des Pyrénées, fut la seule à voter contre une proposition !

 

  Tout au long de l’Antiquité tardive, parallèlement à son [attention pour les] femmes, l’Eglise, toute surnaturelle mais toute terrestre, se soucia également des hommes, notamment de la classe dirigeante, pour mieux les former au mariage. En particulier, en exhortant les chevaliers à une authentique virilité qui requiert la conquête de soi, le catholicisme donna aux hommes une pédagogie destinée à acquérir la force intérieure nécessaire au mariage, par laquelle ils puissent être mieux préparés à aimer les femmes, ardemment et durablement, en les considérant leur égale en dignité.

 

  Enfin, il y avait cette aura de révérence surnaturelle dont l’Eglise entourait la féminité, à travers cette dimension essentielle du catholicisme : la vénération de la Sainte Vierge Marie. En enseignant aux hommes de s’agenouiller en sa présence, l’Eglise les entraînait implicitement à s’agenouiller devant la féminité. Au cours de ces siècles sombres, des hommes ardents, dans les églises romanes, chantaient au coucher du soleil des hymnes d’une magnifique élévation à la Reine du Ciel. »